Session de fond 2010 de l’ECOSOC: le Forum pour la coopération en matière de développement achève ses travaux
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Conseil économique et social
Session de fond de 2010
15e et 16e séances – matin & après-midi
SESSION DE FOND 2010 DE L’ECOSOC: LE FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT ACHÈVE SES TRAVAUX
La Namibie, la France et les États-Unis ont présenté des exposés facultatifs dans le cadre de l’Examen ministériel annuel
Les débats du Forum pour la coopération en matière de développement tenus dans le cadre de la session de fond de l’ECOSOC se sont achevés aujourd’hui avec la tenue de deux nouvelles concertations, consacrées respectivement à « l’impact des crises multiples: concurrence entre les besoins pour l’allocation de ressources » et à la « réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015: programme permettant de renforcer et d’améliorer la coopération pour le développement ». À la clôture du Forum, M. Hamidon Ali, Président du Conseil économique et social, a estimé que celui-ci avait apporté une contribution importante au prochain Sommet de septembre sur la réalisation des OMD. Il a insisté sur la nécessité tant d’augmenter l’aide publique au développement que de trouver des méthodes innovantes de financement des programmes. Il a par ailleurs exhorté la communauté internationale à exploiter pleinement les opportunités de la coopération Sud-Sud et a invité le Forum à identifier les meilleures pratiques permettant, au delà de l’aide, de garantir un meilleur financement du développement.
Le Conseil a par ailleurs poursuivi son Examen ministériel annuel et entendu dans ce cadre les exposés nationaux facultatifs de la Namibie, de la France et des États-Unis. Il a aussi tenu un débat thématique consacré aux « tendances et difficultés mondiales et nationales actuelles et leurs incidences sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ».
Animée par M. Nitin Desai, Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet mondial sur la société de l’information, la concertation sur l’impact des crises multiples et la concurrence entre les besoins a permis de rappeler qu’aux défis identifiés il y a 10 ans s’en étaient ajoutés de nouveaux, comme l’insécurité croissante, les changements climatiques ou encore les migrations. De ce fait, l’aide publique au développement (APD), qui a un rôle très important à jouer, ne peut à elle seule résoudre tous les défis, ont relevé de nombreux intervenants. Il a été conseillé de concentrer l’APD sur le soutien aux États les plus fragiles, et d’agir notamment dans les domaines de la sexospécificité et des changements climatiques.
La concertation consacrée aux programmes permettant de renforcer et d’améliorer la coopération pour le développement pour réaliser les OMD, qu’animait la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement et Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement, Mme Helen Clark, a permis de mettre l’accent sur la responsabilité partagée des partenaires au développement, bailleurs de fonds et bénéficiaires. Les intervenants ont également rappelé que le Sommet de haut niveau qui aura lieu en septembre prochain à l’Assemblée générale et qui sera consacré aux OMD, sera une occasion unique d’évaluer ce qui est fait, notamment dans le contexte des crises multiples que le monde a subies. Des millions de vies dépendent des résultats de cette réunion, a fait remarquer un des experts prenant part aux travaux.
Dans le cadre des exposés nationaux facultatifs, la délégation de la Namibie a présenté les efforts accomplis pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et ceux de la « Vision 2030 », un programme national dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la pauvreté en relation avec la recherche de la parité.
La délégation de la France a mis l’accent sur l’engagement de son pays sur la scène internationale en faveur de la prise en compte des droits des femmes, y compris dans le cadre de la coopération en matière de développement ou de partenariats avec UNIFEM. Elle a reconnu qu’au plan national, les résultats supérieurs obtenus par les filles à l’école ne se reflétaient pas sur le marché du travail et que les écarts de salaire entre hommes et femmes restaient importants.
L’exposé des États-Unis a été présenté principalement par Mme Melanne Verveer, Ambassadrice itinérante pour les questions concernant les femmes au niveau mondial des États-Unis, qui a expliqué que son poste, nouvellement créé, reflétait la volonté de son pays de placer les femmes et les filles « au cœur de sa stratégie de développement et de sa politique étrangère ». Elle a présenté l’Initiative de santé globale lancée par le Président des États-Unis, puis l’Initiative « Feed the Future », qui se concentre sur la lutte contre la faim par le biais de l’amélioration de la productivité agricole. « Les pays sont plus en paix et prospères quand les femmes se voient accorder des droits égaux et une égalité des chances », a-t-elle affirmé.
Parallèlement, le Conseil a tenu ce matin un débat thématique consacré aux « tendances et difficultés mondiales et nationales actuelles et leurs incidences sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ». Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur cette question, a réclamé des engagements politiques fermes et un leadership fort avant de rappeler l’effet multiplicateur de l’investissement dans les femmes.
Dans le cadre du débat thématique, était organisée une concertation spéciale sur « le rôle des femmes dans des pays en situation particulière »,animée parMme Carla Koppell, Directrice de l’Initiative pour une sécurité inclusive. Le délégué du Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement a regretté que, malgré toutes les mesures adoptées, les femmes restent peu associées aux processus de paix et de reconstruction, ajoutant que les discriminations à l’égard des femmes retardaient la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Les experts invités ont ensuite souligné comment les femmes peuvent apporter un « plus » lorsqu’elles participent aux prises de décisions. Encore faudrait-il que se concrétisent les discours en faveur de la promotion de la femme, ce qui n’est guère le cas, comme en témoigne le rôle limité laissé aux femmes dans la reconstruction postconflit en Afrique de l’Ouest ou dans la région des Grands Lacs, a-t-il été noté.
Le Conseil économique et social poursuivra les travaux de sa session de fonddemain, jeudi 1er juillet, à 10 heures.
EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL
M. GERT ROSENTHAL, Représentant permanent du Guatemala auprès des Nations Unies, était l’animateur de la séance consacrée ce matin à la présentation d’exposés nationaux facultatifs.
Exposé national facultatif de la Namibie (E/2010/61)
Introduisant le rapport national de son pays, Mme DOREEN SIOKA, Membre du Parlement, Ministère de l’égalité des sexes et de la protection de l’enfance et de la Namibie, a assuré que de nombreux efforts ont été accomplis pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et ceux de la « Vision 2030 », un programme national adopté pour la Namibie dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la pauvreté en relation avec la recherche de la parité. La santé primaire est le premier de nos objectifs, a-t-elle indiqué, insistant sur ce qui est fait en matière de prévention du VIH/sida.
Poursuivant cette présentation, M. TAPERA CHIRAWU, Professeur à l’Université en Namibie, a expliqué que son pays, indépendant depuis 1990, a une économie mixte et une population en majorité rurale. Il a ensuite expliqué ce qui est fait par le biais de la stratégie concernant la promotion de la santé primaire, qui vise la santé des enfants et des mères, ainsi que la santé reproductive et l’établissement de mesures de prévention contre les maladies infectieuses. La Namibie met aussi en œuvre une stratégie permettant d’assurer une gestion intégrée des maladies touchant les adolescents et les adultes et de dispenser notamment les traitements antirétroviraux. M. Chirawu a aussi indiqué qu’il existe maintenant 38 hôpitaux dans le pays, 44 centres de santé et 267 cliniques de soins primaires, contre seulement un hôpital en 1990. Le Gouvernement veille aussi à assurer une bonne formation au personnel de santé, a-t-il ajouté. Pour la période 2006 à 2012, nous avons fixé différents objectifs, comme la réduction de la mortalité infantile et l’amélioration de la santé maternelle. Pour ce qui est du VIH/sida, nous sommes parvenus à un certain nombre de résultats par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés au plan national, mais il reste des défis à relever comme ceux qui se posent en matière de disponibilité de fonds et de savoir-faire.
Passant au chapitre « éducation et parité », le représentant a expliqué que les femmes ont, depuis toujours, été privées de possibilités d’atteindre les compétences nécessaires pour participer au développement du pays. Le Gouvernement namibien mobilise des fonds pour améliorer cette situation, notamment pour rémunérer les enseignants, dans l’objectif ultime de l’accès universel à l’enseignement. Un programme d’enseignement et de formation appelé « Education and Training Sector Improvement Programme » (ETSIP) a été mis en place pour atteindre les objectifs fixés dans « Vision 2030 » en matière de scolarisation, ainsi qu’une stratégie dénommée « Namibia College of Open Learning » (NAMCOL) qui vise à donner aux jeunes filles et aux femmes de tous les âges la possibilité de suivre un enseignement supérieur. M. Chirawu s’est félicité des résultats atteints grâce à NAMCOL, tout en reconnaissant qu’il faut continuer à s’attaquer aux stéréotypes concernant l’éducation des femmes et combler le manque de matériel d’enseignement. Enfin, sur le plan de la pauvreté, le professeur a indiqué que ce phénomène touche 28% de la population. Il a parlé des politiques menées pour lutter contre la pauvreté, comme les programmes de création d’emploi et les efforts menés pour améliorer les conditions de travail des femmes. Nous œuvrons aussi pour une égalité des chances et une meilleure répartition des terres, a-t-il indiqué.
Débat interactif
Les représentants de la Finlande, de l’Espagne et de l’Afrique du Sud ont félicité la Namibie pour les progrès accomplis en matière d’éducation primaire, ainsi que dans la formation des adultes, dans la formation professionnelle, ainsi qu’en matière de santé et d’autonomisation des femmes.
La représentante de la Finlande a dit qu’il semblait que ce pays de niveau économique moyen devrait réaliser une bonne partie de ses OMD d’ici 2015, notamment en ce qui concerne les soins de santé et les services sociaux. Elle a regretté que des moyens plus importants soient encore accordés au Ministère de la défense qu’au Ministère de la santé, et que des problèmes subsistent en matière de parité entre les sexes en raison du poids des traditions. Alors que la représentante de la Finlande a invité le Gouvernement namibien à aider le secteur privé à créer plus d’emplois, le représentant de l’Espagne s’est quant à lui inquiété que le secteur privé absorbe une bonne partie de la main-d’œuvre spécialisée, ce qui a une influence négative sur le secteur public. Il a jugé important que les autorités compétentes se dotent d’indicateurs sur les politiques à mettre en place. Il a invité la Namibie à continuer d’avancer dans son processus de décentralisation pour réduire les différences entre les différentes régions du pays. Il a salué la feuille de route namibienne visant à réduire la morbidité maternelle et infantile, mais a regretté les difficultés d’accès au crédit pour les communautés rurales et les femmes.
La représentante de l’Afrique du Sud s’est félicitée que la Namibie ait mis l’accent sur la parité entre hommes et femmes dans les postes de prise de décisions, conformément au protocole de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) sur la question. Elle s’est félicitée des efforts déployés par la Namibie pour encourager l’autonomie de la femme en suggérant néanmoins la mise en place d’arrangements institutionnels pour encourager encore la réalisation des objectifs concernant la promotion de l’égalité entre les sexes.
Répondant à ces premières remarques, Mme SIOKA a indiqué que l’importance du budget de la défense était liée à la récente histoire tumultueuse de la Namibie, dont l’indépendance a été obtenue après une longue lutte. La classification de l’économie namibienne au niveau des économies des pays à revenu moyen pose des difficultés à la Namibie parce qu’elle limite le niveau des aides dont elle peut bénéficier, a dit la Ministre, en rappelant que la plupart des terres arables namibiennes sont inexploitables car elles appartiennent à des gens qui ne vivent pas dans le pays. Elle a mis l’accent sur les aides fournies par le Gouvernement aux adultes qui n’ont pas eu la chance d’être scolarisés et qui souhaitent recevoir une formation. Parce que la Namibie a toujours considéré la santé comme l’un des piliers de son développement, elle a inclus la réalisation des OMD nos 3, 4, 5 et 6 dans tous ses programmes et stratégies de développement, en mettant un accent particulier sur les problèmes de la sous-alimentation, de la mortalité et de la morbidité maternelles.
Exposé national facultatif de la France (E/2010/81)
M. FABRICE HEYRIES, Directeur général, Droits des femmes et égalité hommes-femmes de la France, a parlé tout d’abord de l’engagement de la France sur la scène internationale en faveur de la prise en compte des droits des femmes. La France et les Pays-Bas ont été à l’origine, en 2006, d’une résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies qui engage la communauté internationale à intensifier la lutte pour l’élimination de toutes les formes de violence faites aux femmes, a indiqué M. Heyries. Il faut que la communauté internationale poursuive sa mobilisation dans ce domaine, dans la lignée des travaux du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Pour compléter les dispositifs existants, le représentant a suggéré de créer pour le Conseil des droits de l’homme un mandat sur les discriminations à l’égard des femmes. M. Heyries a ensuite expliqué que l’action de la France dans le cadre de la coopération en matière de développement poursuit des objectifs de parité. Il a aussi parlé d’un plan d’action intitulé « femmes actrices du développement », lancé en 2008, qui met en place des moyens humains et financiers pour mener des actions dédiées aux femmes et des politiques transversales favorisant l’égalité des sexes.
À l’échelon régional, M. Heyries a rappelé le programme « Accompagnement de l’évolution du droit des femmes et de la famille dans le monde arabe », mis en œuvre en 2004-2008, qui a soutenu 6 projets en partenariat avec le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM). Ainsi, un réseau national de centres d’écoute des femmes victimes de la violence a été créé au Maroc, et une stratégie nationale pour combattre les violences à l’égard des femmes a été lancée en Algérie, a-t-il indiqué. Il a aussi mentionné une réunion, qui a eu lieu en novembre dernier, à Marrakech, et à laquelle ont pris part des Ministres chargés des droits des femmes des 43 pays de l’Union pour la Méditerranée. Il a en outre salué l’adoption par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) d’une déclaration politique forte sur la lutte contre les violences faites aux femmes, lors de la session de la Commission de la condition de la femme, à l’ONU, en mars dernier.
Au niveau national, M. Heyries a relevé que si les filles obtiennent globalement de meilleurs résultats que les garçons à l’école, ces performances ne sont pas reflétées sur le marché du travail. Il en découle notamment des écarts de salaire importants entre hommes et femmes et une faible participation des femmes aux instances décisionnelles des entreprises. Pour corriger ces inégalités, le Gouvernement français agit au niveau de l’éducation pour favoriser le respect entre les filles et les garçons et, au niveau professionnel, en renforçant les obligations des entreprises en vue de les voir assurer l’égalité salariale. M. Heyries a aussi évoqué le projet de réforme des retraites qui favorisera cette égalité et mettra fin à un système qui pénalisait les femmes. Nous avons aussi une proposition de loi visant à assurer une meilleure représentation des femmes dans les conseils d’administration ou de surveillance des sociétés, a-t-il dit. Il a aussi précisé ce qui est fait pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, notamment par le biais d’une nouvelle loi qui crée un « délit de violence psychologique ou morale » et qui permet à un juge d’ordonner l’éviction de l’auteur des violences du domicile familial.
Débat interactif
La Ministre du développement social du Maroc a salué l’approche intégrée de la France en matière d’égalité entre les sexes, en demandant si la budgétisation française était sensible au genre. S’agissant des objectifs de parité hommes-femmes, elle a souhaité avoir des précisions sur les difficultés, obstacles et perspectives de la mise en œuvre de ces objectifs de parité. Elle a demandé à avoir des informations plus détaillées sur la mise en place de quotas et d’une discrimination positive en France en rappelant qu’au Maroc de telles mesures ont permis d’augmenter de 0,5% à 12,38% le pourcentage des femmes élues au niveau local. Elle a demandé ce que la France comptait mettre en œuvre afin que les femmes ne soient pas les premières victimes de la crise. Elle a aussi demandé des précisions sur l’existence de structures d’accueil pour les femmes victimes de violences et sur les actions menées pour sensibiliser les hommes à la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Quels sont les instruments pertinents pour lutter contre les stéréotypes?
Le représentant des Pays-Bas a estimé que la France a très bien su conjuguer la vie de famille et la vie professionnelle de ses citoyens, en notant qu’il y a dans ce pays autant de femmes que d’hommes dans la vie active. Il a demandé des précisions sur les incidences de la loi du 4 avril 2006 sur la prévention de la violence conjugale, ainsi que des détails sur la mise en œuvre d’un plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325 du conseil de sécurité de l’ONU.
Répondant à ces questions, le Directeur général, Droits des femmes et égalité hommes-femmes de la France a dit qu’en France, chaque ministère avait la responsabilité de vérifier la bonne mise en œuvre des objectifs de parité. Il a dit que l’approche intégrée était un gage d’efficacité et permettait de donner une visibilité maximale aux objectifs recherchés dans chaque ministère. « Nous conduisons une réforme de la collectivité locale qui pose la question de la parité sous un genre nouveau », a-t-il dit, en estimant qu’une réponse peut consister à imposer une parité et des sanctions financières pour les partis politiques qui ne respecteraient pas la parité. S’agissant des quotas dans les entreprises, aucune règle n’existe, ce qui explique que seuls 10% des membres du conseil d’administration des grandes entreprises sont des femmes, a-t-il ajouté. De nombreuses femmes étaient défavorables à ce quota, car elles ont estimé qu’il donnait un signal négatif concernant la nomination d’une femme à un poste à responsabilité.
Si la crise fragilise encore plus les personnes les plus fragiles, dont les femmes jeunes ou âgées, la France a des stratégies qui couvrent différents aspects de la situation des femmes. M. Heyries a jugé fondamentale la question des écarts de salaires en confiant aux partenaires sociaux la responsabilité de négocier sur ces questions pour pouvoir parvenir à une réelle égalité. Nous réussissons à concilier en France un taux d’activité élevé des femmes et en même temps un taux de fécondité de presque deux enfants par femme, parce que nous consacrons des moyens considérables à un ensemble de modes de garde d’enfants, puisque le Gouvernement finance des crèches publiques et autres solutions. D’ici à 2012, a dit le représentant, un nouveau plan nous permettra de créer 200 000 solutions de garde d’enfants allant dans des directions innovantes tout en permettant d’assurer ces prestations dans des lieux et sur des créneaux horaires où cela n’était pas possible avant. En ce qui concerne les violences faites aux femmes, M. Heyries a cité une succession de lois qui ont durci les peines encourues par les coupables, mais qui ont aussi aidé à définir des solutions intelligentes pour les femmes victimes de violences. Parmi ces solutions figure la création de plusieurs milliers de places dans des structures d’hébergement destinées aux femmes victimes de violences. Sensibiliser, informer, communiquer sont les priorités du troisième axe de notre action, a-t-il ajouté.
Intervenant après M. Heyries, une autre représentante de la délégation de la France a apporté des précisions sur la mise en œuvre de la loi sur la féminisation, qui présente encore certaines difficultés à être acceptée. Si les sénatrices et députées ont bien accepté cette féminisation, elle n’a pas reçu le soutien de certains milieux, a-t-elle dit en citant l’opposition de l’Académie française à cette féminisation.
La Vice-Présidente de la coordination française du lobby européen pour les femmes a mis l’accent sur les violences psychologiques et physiques dont sont victimes les femmes à tous les niveaux de la société. La parité entre les sexes n’est pas un luxe réservé aux pays développés en période de croissance, mais aussi une nécessité qui pourrait permettre aux pays en développement de réaliser les OMD, a-t-elle insisté. Mettant l’accent sur l’importance du principe de la laïcité comme garantie de liberté, elle a demandé comment la France protège les femmes, dont les femmes immigrées, qui subissent des violences au nom de la tradition.
Le représentant d’une ONG de l’Inde a demandé des précisions sur les moyens employés pour changer les mentalités, la représentante d’Israël a demandé comment la France organisait la réinsertion des femmes licenciées de leur emploi.
Répondant à cette série de questions, M. HEYRIES (France) a évoqué des réformes en cours tout en indiquant que la France souffrait d’une insuffisance de statistiques sur la situation des immigrés. Si un immigré est identifié à son arrivée, il n’est cependant pas suivi dans la durée, a-t-il précisé. Pour mieux les suivre, il faudrait pouvoir disposer de statistiques à caractère sexospécifique, a-t-il estimé. Il a cité certaines initiatives mises en œuvre pour développer des modalités d’accueil des personnes arrivant en France qui permettraient aux femmes immigrées de mieux s’insérer dans la société française. Nous avons progressivement durci le droit face aux problèmes de mutilations sexuelles et autres violences, a-t-il dit. Si la polygamie n’existe pas en France, elle n’est cependant pas clairement définie, a-t-il ajouté. S’agissant de la réinsertion des femmes licenciées, il a parlé des mesures classiques mises en place par le Ministère de l’emploi, qui s’adressent à la fois aux hommes et aux femmes. Il a aussi mentionné la mise en place d’un revenu minimum pour les femmes qui reste très incitatif pour la reprise d’un emploi.
Exposé national facultatif des États-Unis d’Amérique (E/2010/58)
Mme MELANNE VERVEER, Ambassadrice itinérante pour les questions concernant les femmes au niveau mondial des États-Unis, a regretté la sous-représentation des femmes dans la vie sociale à travers le monde, alors qu’elles peuvent apporter leur expérience et leurs talents à la vie politique, ce qui a des répercussions bénéfiques sur les familles et les communautés. En outre, lorsqu’elles sont bien représentées au niveau des gouvernements, on constate une diminution de la corruption, a-t-elle noté. Les États-Unis ont donc placé les femmes et les filles au cœur de leur stratégie de développement et de leur politique étrangère, a dit l’Ambassadrice. Mme Verveer a signalé que son poste est une nouveauté dans le Gouvernement américain, ainsi que la création d’un nouveau Conseil de la Maison Blanche sur les femmes et les filles, et la nomination d’un Conseiller à la Maison Blanche sur la violence à l’égard des femmes.
L’Initiative de santé globale lancée par le Président des États-Unis, avec un budget de 63 milliards de dollars, vise à améliorer la santé des individus et en particulier des personnes dont la santé a le plus gros impact sur les familles et les communautés, c’est-à-dire les femmes et les filles. Les efforts portent donc sur les programmes de santé maternelle et infantile, de planification familiale et de nutrition, a indiqué Mme Verveer. Nous nous attaquons aussi à la violence basée sur le sexe, aux pratiques traditionnelles nuisibles à la santé et aux mariages forcés. L’Initiative sur la santé renforce aussi les engagements des États-Unis dans la lutte contre le VIH/sida dans le monde, en parallèle avec le programme PEPFAR (President’s Emergency Plan for AIDS Relief), a ajouté l’Ambassadrice. Nous améliorons notamment le traitement des mères séropositives pour diminuer la transmission du VIH à l’enfant.
Mme Verveer a ensuite parlé de l’Initiative « Feed the Future », dont le budget est de 3,5 milliards de dollars, et qui se concentre sur la lutte contre la faim par le biais de l’amélioration de la productivité agricole. Cette initiative reconnait la contribution des femmes à la production agricole et la nécessité de leur donner une bonne formation, et un accès aux marchés et aux services financiers. La réforme foncière et des lois successorales permet aussi d’aider les femmes à réussir dans le domaine agricole, a-t-elle noté. L’Ambassadrice a aussi relevé que les femmes peuvent être actives dans la lutte contre les changements climatiques et qu’elles assurent déjà un certain leadership dans ce domaine. Enfin, citant la stratégie de sécurité nationale du Président Barack Obama, elle a expliqué que « les pays sont plus en paix et prospères quand les femmes se voient accorder des droits égaux et une égalité des chances ». Mme Verveer a rappelé à cet égard que les États-Unis sont engagés à travailler de façon bilatérale et multilatérale pour accélérer la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix et la sécurité ».
Complétant cette présentation sur l’aide au développement des États-Unis qui vise spécifiquement les femmes, M. ALONZO FULGHAM, Secrétaire exécutif d’USAID (United States Agency for International Development), a appelé à favoriser l’innovation et à appliquer les nouvelles technologies pour combler les besoins en développement. Il faut être « entrepreneur du développement », a-t-il précisé, prendre des risques et corriger le tir, lorsque cela s’avère nécessaire. Il faut aussi investir dans la pérennité, avoir des bonnes institutions et des systèmes de développement durables. En outre, il a invité à bien évaluer les résultats des efforts de développement et à renforcer les systèmes de reddition de comptes. Nous lançons une initiative sur la transparence de l’aide, a-t-il indiqué à cet égard. Il a aussi expliqué que, par le biais de l’initiative de santé globale des États-Unis, le Gouvernement américain investit pour aider les pays partenaires à améliorer la santé, cela dans 80 pays. Trois millions de vies d’enfants devraient ainsi être sauvées, a-t-il notamment signalé. Passant à l’Initiative « Feed the Future », M. Fulgham a précisé qu’elle doit bénéficier à 25 à 30 millions de personnes dans le monde. Nous travaillons aussi avec la Banque mondiale et la Fondation Bill et Melinda Gates pour améliorer la situation des agricultrices, en leur fournissant par exemple des services financiers, a-t-il ajouté.
Débat interactif
Le Conseiller du Premier Ministre du Bangladesh a salué l’approche d’ensemble adoptée par les États-Unis. Il a souhaité que l’aide destinée à la promotion de la parité hommes-femmes s’adapte aux spécificités locales en mettant l’accent sur l’importance des normes de bonne gouvernance.
Le représentant du Danemark a souhaité que les États-Unis précisent leur approche de la parité et du développement. Il a demandé comment les États-Unis souhaitaient favoriser dans les pays en développement la participation politique de la femme en notant que l’autonomisation économique des femmes est un moyen de favoriser aussi l’accès des femmes à la gouvernance. Il a reconnu l’énorme
effort entrepris par USAID et l’accent mis par l’Administration Obama sur l’initiative mondiale sur la santé. Il a demandé quelle était la position des États-Unis en matière de droits reproductifs et sexuels, et pourquoi il semblait difficile dans ce pays de parler des droits sexuels et reproductifs des femmes.
Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a estimé que la condition de la femme ne devait pas être liée au niveau du développement, en rappelant que les droits de la femme devaient être garantis quels que soient les niveaux de développement. Il faut veiller à donner plus d’opportunités économiques aux femmes, a-t-il insisté. Il a noté que la mise en œuvre des stratégies de lutte contre le VIH/sida était très largement tributaire du renforcement des capacités nécessaires à cette mise en œuvre. A-t-on les outils nécessaires pour déterminer quelles sont les aides les plus appropriées dont aurait besoin tel ou tel autre pays?
Dans des remarques, M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé que les différentes présentations entendues ce matin démontraient que quelles que soient les différentes expériences, il y a avait toujours une solution disponible quand on est vraiment déterminé à assurer la promotion de l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes.
Répondant aux remarques de ces intervenants, l’Ambassadrice VERVEER, des États-Unis, a jugé qu’il fallait se concentrer davantage sur l’inclusion des femmes dans les circuits financiers et s’assurer que les pauvres puissent être couverts par des assurances pour les empêcher de perdre ce qu’ils ont. Elle a dit que les petites et moyennes entreprises (PME) étaient essentielles à la croissance économique. Ce type d’entreprises permet aussi à la société de trouver les moyens nécessaires pour surmonter les obstacles qui subsistent à la parité des sexes et à l’autonomisation des femmes dans le monde du travail. Il faut d’autre part pouvoir garantir aux femmes un accès au crédit et des prêts pour des montants plus importants que ce qu’offrent les structures de microcrédit, a-t-elle dit, dans le souci de leur permettre de jouer un rôle économique. Les hommes et les femmes ont besoin d’outils différents pour accroître la production agricole, a-t-elle aussi noté. Elle a aussi cité l’importance pour une société de disposer de structures et de moyens permettant aux femmes de participer à la vie politique. Elle a dit que la pratique de la planification familiale était une pierre angulaire des politiques de développement.
DÉBAT THÉMATIQUE SUR LE THÈME « TENDANCES ET DIFFICULTÉS MONDIALES ET NATIONALES ACTUELLES ET LEURS INCIDENCES SUR L’ÉGALITÉ DES SEXES ET L’AUTONOMISATION DES FEMMES »
Rapport du Secrétaire général sur les Tendances et difficultés mondiales et nationales actuelles et leurs incidences sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (E/2010/49)
Dans ce rapport analytique, le Secrétaire général constate que les femmes sont généralement plus touchées par les crises, les situations précaires et les changements climatiques et disposent généralement de systèmes de protection économique et sociale moins nombreux et moins efficaces. Toutefois, les périodes de transition et les crises sont l’occasion de rénover les politiques socioéconomiques et les institutions et de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
Le Secrétaire général estime que les politiques des États devraient être conçues de manière à accorder la priorité à des dépenses sociales susceptibles d’accroître les chances et les choix des femmes. Les politiques monétaire et budgétaire devraient tenir compte de la problématique hommes-femmes et viser à améliorer la quantité et la qualité des emplois disponibles pour les femmes.
Le Secrétaire général estime qu’en rendant viable et durable l’agriculture, on contribue également à la promotion de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, car les femmes constituent la plus grande partie de la main-d’œuvre agricole du monde et sont les premières à souffrir de l’insécurité alimentaire. Il décrit une série de moyens d’action importants qui devraient tenir compte de la problématique hommes-femmes. Il juge par ailleurs crucial d’investir dans l’infrastructure matérielle et sociale pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
Le Secrétaire général affirme qu’il est nécessaire d’assurer la participation pleine et égale des femmes à la prise de décisions politiques et économiques à tous les niveaux, y compris à celles qui concernent l’affectation des ressources, notamment dans des situations d’après conflit ou de déplacements forcés lorsque les besoins, droits et priorités des femmes risquent d’être négligés. Il préconise des politiques s’appuyant sur un dialogue continu avec les femmes susceptibles d’être affectées.
Le Secrétaire général estime que les budgets gouvernementaux actuels consacrés à la santé ne suffisent généralement pas pour répondre correctement aux besoins médicaux des femmes et demande l’élimination des obstacles financiers qui entravent l’accès universel à des soins de santé de qualité.
Enfin, pour le Secrétaire général, le cadre des OMD reste insuffisant pour réaliser pleinement les droits des femmes, car ses cibles et indicateurs ne prennent pas en compte des questions clefs telles que la violence à leur encontre et le droit à la terre, à la propriété et au logement, éléments essentiels à l’autonomisation des femmes.
Déclaration liminaire
Présentant le rapport du Secrétaire général (E/2010/49) sur ce thème, M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que, depuis la Conférence de Beijing, on avait pu observer d’importants changements dans le statut des femmes. Leur accès à l’emploi a progressé certes lentement, de même que leur accès à l’éducation, au microcrédit ou encore à la santé, notamment la santé reproductive, alors que les violences contre elles sont davantage stigmatisées. Le rôle des femmes dans la vie politique s’est accru, comme en témoigne la hausse de leur représentation dans les parlements.
Il faut néanmoins faire beaucoup plus, a reconnu le Secrétaire général adjoint qui a insisté sur la nécessité d’éduquer les hommes et les garçons à l’égalité des sexes. Il s’est dit préoccupé par le très grand nombre de femmes qui occupent des postes fragiles et mal rémunérés et par le fait que leur place dans la population active a davantage été affectée par la crise, en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes.
En novembre 2009, on ne comptait que 18,9% de femmes dans les assemblées législatives. Il s’agit là d’un progrès par rapport aux 11,3% de 1995 mais on est encore loin de l’objectif de 30%, fixé dans les années 1990, qui n’a été atteint que dans 24 pays. Aujourd’hui dans le monde, un quart des parlements nationaux comptent encore moins de 10% de femmes et neuf n’en comptent aucune.
Ces chiffres sont inacceptables, s’est impatienté le Secrétaire général adjoint, car la représentation politique est essentielle pour assurer des progrès dans la jouissance par les femmes de leurs droits des femmes. Il faut faire des progrès le plus rapidement possible, d’autant plus qu’il apparaît clairement que c’est dans les pays où les femmes ont le moins de pouvoir que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) est la plus menacée.
Le Secrétaire général adjoint a encore estimé que les femmes souffraient toujours des faiblesses systémiques de l’économie mondiale. Il a demandé à la communauté internationale de réfléchir à des mesures économiques favorables aux femmes. Il a rappelé que les agricultrices, qui produisent plus de la moitié de la production alimentaire mondiale, comptent pourtant parmi les plus pauvres.
De même, les femmes sont davantage affectées par les effets négatifs des changements climatiques. Quant aux crises humanitaires, elles intensifient les inégalités entre les sexes et sont en outre marquées par un surcroît de violence domestique et sexuelle.
La communauté internationale doit absolument surmonter tous ces obstacles par l’action politique, a prévenu le Secrétaire général adjoint, qui a réclamé des engagements politiques fermes et un leadership fort, avant de rappeler l’effet multiplicateur de l’investissement dans les femmes.
CONCERTATION SPECIALE SUR LE THÈME « LE RÔLE DES FEMMES DANS DES PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE »
Déclarations
Le délégué du Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEIDS) s’est félicité de la mise en place d’une entité unique au sein de l’ONU qui rassemblera tous les services et programmes sur la promotion de la femme. Il a rappelé qu’à travers le monde, trop de femmes vivent dans la crainte de la violence, en particulier dans les situations de conflits armés ou postconflit.
Il a regretté que, malgré les mesures adoptées, y compris les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, les femmes restent peu associées aux processus de paix et de reconstruction. La discrimination à l’égard des femmes retarde la réalisation des OMD, a-t-il affirmé, à son tour. Le délégué a ensuite rendu compte des diverses mesures dont des campagnes de sensibilisation en Afrique ou dans les pays de la région Pacifique. Il a applaudi tous les pays qui mettent en œuvre un plan national sur la résolution 1325 du Conseil de sécurité.
Dans le cadre de cette concertation, la discussion était animée par Mme Carla Koppell, Directrice de l’Initiative pour une sécurité inclusive, qui est également intervenue en tant que panéliste aux côtés de Mme Leymah Gbowee, Directrice exécutive du Réseau Paix et Sécurité pour les femmes en Afrique, Mme Frances Stewart, Directrice du Centre de recherche sur les inégalités, la sécurité humaine et l’ethnicité au Département du développement international de l’Université d’Oxford, M. Jan Egeland, Directeur de l’Institut norvégien des affaires internationales, et Mme Graciana del Castillo, Maître de recherche à l’Université Columbia.
Mme CARLA KOPPELL, Directrice de l’Initiative pour une sécurité inclusive, a estimé que les femmes étant le plus souvent les grandes victimes des conflits armés, il était normal qu’elles soient associées au processus de paix. Des textes régionaux ou internationaux, y compris la résolution 1325 du Conseil de sécurité, vont dans ce sens, a-t-elle rappelé, avant de souligner que les femmes peuvent apporter un « plus » dans quatre domaines.
Lorsqu’elles exercent le pouvoir, les femmes accordent une grande importance à des thèmes économiques et sociaux chers à l’ECOSOC, comme l’éducation, la santé, la lutte contre les discriminations et contre la violence, s’est expliquée la Directrice. Les femmes, a-t-elle affirmé, sont considérées comme moins corrompues par les conflits et mieux à même de contribuer à la paix. Citant les exemples du Rwanda ou du Cambodge, Mme Koppell a argué que les femmes peuvent aussi considérablement contribuer à la reconstruction postconflit, dans des domaines comme la démobilisation, la réhabilitation et la réinsertion ou encore la justice transitionnelle.
Les femmes, qui représentent la majorité des travailleurs pauvres, n’en ont pas moins le plus grand potentiel économique et de croissance. Elles ont en outre tendance à investir une plus grande part de leurs revenus au profit de leur famille.
Mme Koppell a ensuite fait plusieurs recommandations, estimant notamment qu’il fallait coupler les mesures législatives en faveur des femmes avec des campagnes de sensibilisation ou encore reconnaître et traiter les défis particuliers que les femmes doivent relever.
Pour apporter tous ces changements, a-t-elle préconisé, il faudrait faire preuve d’une véritable volonté politique car les discours sont trop souvent teintés d’opportunisme. Mme Koppell a répété que les situations postconflit offraient des espaces de changements propres à promouvoir les femmes. Il ne s’agit en aucun cas d’une question de conflits entre hommes et femmes, a-t-elle tenu à préciser.
Mme LEYMAH GBOWEE, Directrice exécutive du Réseau Paix et Sécurité pour les femmes en Afrique, a évoqué le rôle des femmes dans la reconstruction postconflit en Afrique de l’Ouest. La réalité est que, malgré toutes les résolutions et tous les textes adoptés, la participation des femmes aux processus de prise de décisions reste relativement faible, a-t-elle affirmé.
Elle a tout de même cité deux succès, l’un au Libéria qui a placé une femme à sa tête et l’autre au Rwanda, seul pays au monde qui compte une majorité de femmes au parlement. Mais ailleurs, a-t-elle regretté, la situation est beaucoup moins brillante.
Bien souvent, quand les femmes tentent d’occuper des postes de direction, les restrictions économiques ou les réticences culturelles viennent se poser en obstacle. La représentation des femmes reste très faible dans le secteur de la sécurité et dans les postes à responsabilité des secteurs de l’éducation ou de la justice. Mme Gbowee a rappelé qu’après les conflits, les hommes ne souhaitent qu’une chose; revenir à la situation antérieure et renvoyer les femmes dans leur foyer. Elle a indiqué qu’au Libéria, malgré une femme présidente, les femmes ont toujours du mal à accéder à des postes à responsabilités.
Mme FRANCES STEWART, Directrice du Centre de recherche sur l’inégalité, la sécurité humaine et l’ethnicité au Département du développement international à l’Université d’Oxford, a estimé que les femmes n’étaient trop souvent présentées que comme les victimes des conflits. Elles le sont souvent, mais elles sont aussi des agents actifs de la guerre.
Après avoir rappelé les violences sexuelles et autres dont les femmes sont victimes pendant et après les conflits, elle a ajouté que, de l’Algérie au Salvador ou au Sri Lanka, les femmes peuvent représenter de 10% à un tiers des effectifs des forces combattantes, parfois comme messagères ou dans des tâches plus annexes, mais parfois aussi les armes à la main.
Parfois, les femmes ont des motifs différents pour rejoindre des forces combattantes. Elles peuvent par exemple le faire pour fuir la structure patriarcale de leur famille, comme c’était le cas au Guatemala. C’est un mythe, a tranché Mme Stewart, de penser que femme et paix vont main dans la main. Elle a cité le patriotisme des femmes serbes ou le rôle des femmes combattantes au Cachemire.
En même temps, a-t-elle reconnu, à son tour, les femmes jouent souvent un rôle extrêmement actif en faveur de la paix. On l’a vu au Rwanda, dans la région du fleuve Mano ou en Irlande du Nord. Toutefois, quand on atteint le stade des négociations formelles, les femmes redeviennent invisibles.
Le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) a ainsi calculé qu’on ne retrouvait en moyenne que 10% de femmes dans les équipes de négociateurs, et 1 ou 2% parmi les signataires des accords de paix. De même, dans les programmes économiques ou de reconstruction postconflit, les femmes sont souvent ignorées.
Les programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) concernent essentiellement les hommes, a-t-elle regretté, parce qu’on néglige les femmes combattantes ou qu’on considère que les anciens combattants au chômage représentent un danger plus grand que les femmes. Mme Stewart a enfin mis l’accent sur le sort particulièrement défavorable des femmes des groupes défavorisés, comme les minorités ethniques. Elle a ajouté que ces femmes-là aussi pouvaient aussi contribuer aux conflits.
M. JAN EGELAND, Directeur de l’Institut norvégien des affaires internationales, a rappelé la vulnérabilité mais aussi le potentiel des femmes en situation de conflit armé. Il s’est félicité qu’il existe aujourd’hui des textes, y compris des résolutions du Conseil de sécurité, consacrés au rôle des femmes dans la paix. Il faut, a-t-il dit, reconnaître un certain nombre de succès dans l’application de ces textes et accords, comme au Burundi ou au Népal. Durant les 10 dernières années, la plupart des femmes et des filles ont eu un meilleur accès à la santé et à l’éducation.
Ancien Chef du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), M. Egeland a rappelé que le Bureau avait créé un groupe d’experts permanent sur les questions des droits des femmes et de leur protection. Toutefois, les mauvaises nouvelles sont plus nombreuses que les bonnes.
Le fait est que, dans les situations postconflit, les femmes et les filles sont le plus souvent totalement marginalisées et victimes de violations très graves de leurs droits. La réalité est que les conflits et les catastrophes accroissent les inégalités entre les sexes, alors que la résilience des femmes et leur rôle dans la reconstruction est souvent sous-estimée.
En outre, l’intégration d’une perspective sexospécifique est encore très loin d’être systématique dans les politiques et programmes humanitaires, alors qu’une telle intégration est, a estimé M. Egeland, une condition de l’efficacité humanitaire.
Les femmes devraient être beaucoup mieux associées aux processus de paix et aucun accord ne devrait être signé en leur absence ou sans une prise en compte de leurs intérêts. Il faudrait que les normes deviennent une réalité pour les femmes et les jeunes filles autant que pour les hommes, a conclu M. Egeland.
Mme GRACIANA DEL CASTILLO, Maître de recherche à la Columbia University, a estimé que la distinction faite entre pays sortant d’un conflit et les autres est une grave erreur, y compris pour ce qui est de la situation des femmes. Elle a rappelé que, pendant les conflits, les femmes s’émancipent et se placent dans une situation très différente des femmes d’autres pays lorsque le conflit s’achève.
Il faut alors créer des économies opérationnelles des conditions très difficiles qui ne sont pas celles du développement classique et dans lesquelles les femmes ont un rôle très important à jouer, tout comme dans la réconciliation nationale ou les programmes DDR. Mettant en garde contre les effets négatifs que pourrait avoir l’aide sur les femmes, elle a parlé des femmes haïtiennes très mal salariées. Il faut donc éviter, dans le cadre de la reconstruction, inverser cette tendance et offrir aux femmes des conditions de travail plus décentes ainsi que de meilleures perspectives d’avenir.
Débat interactif
Plusieurs délégations ont relayé les appels des intervenants. La représentante de l’UNIFEM, qui a rappelé que le Fonds s’attache à la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, a prévenu que la mise à l’écart des femmes dans les processus de paix et de reconstruction ne peut que contribuer à l’impunité des auteurs de violence sexuelle ainsi qu’à l’absence d’une analyse des politiques à mener dans les pays en situation postconflit, sous l’angle de la sexospécificité.
Comment la communauté internationale peut-elle concrètement faire avancer les choses? a demandé le représentant des États-Unis. La représentante de l’Union européenne a suggéré que la Commission de consolidation de la paix adopte systématiquement une approche intégrant la dimension sexospécifique. Elle a indiqué que l’Union européenne cherchait à définir des indicateurs en ce sens.
Pays en situation postconflit, le Népal, par la voix de son représentant, s’est dit bien conscient des enjeux. Des mesures ont été prises pour tenir compte des besoins des femmes dans la situation actuelle, ce qui a permis au pays de faire d’importants progrès, ces trois dernières années et d’espérer atteindre, dans les délais impartis, les OMD, notamment en matière de mortalité infantile et de santé.
Ayant constaté qu’on se limitait trop au rôle des femmes dans les situations postconflit, la représentante de l’Indonésie s’est inquiétée du renforcement de ce rôle dans la prévention des conflits. Il faut tenir compte de l’égalité entre les sexes dans tout effort consenti pour sortir d’une crise, y compris des crises économiques et sociales, a suggéré la représentante de l’Argentine. La promotion de la femme, y compris dans le secteur économique, fait progresser la société en général et est donc de l’intérêt de tous, a-t-elle ajouté, tout en déplorant que la lutte contre les inégalités hommes et femmes exige toujours autant d’efforts.
La représentante de « International Presentation association of the sisters of the Presentation of the Virgin Mary » a exhorté les dirigeants du monde à reconnaître l’importance d’un accès universel à une éducation qui promeut la dignité humaine, les droits des femmes et des fillettes et la représentation de ces dernières à tous les niveaux de la société démocratique. Elle a invité les dirigeants à suivre l’exemple de l’Équateur, premier pays à avoir ratifié le Protocole facultatif au Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels, qui institue un mécanisme de dépôts de plaintes.
Ont également participé à la discussion, les représentants de l’Australie, au nom du Forum des Îles du Pacifique, de la République de Corée et de « International Planned Parenthood Federation ».
FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT
Quatrième concertation sur le thème: « Impact des crises multiples: concurrence entre les besoins pour l’allocation de ressources »
Modérée par M. Nitin Desai, Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet mondial sur la société de l’information, cette concertation a été animée par les interventions de Mme Marie-Josée Jacobs, Ministre de la coopération au développement et des affaires humanitaires du Luxembourg; M. Masihur Rahman, Conseiller économique auprès du Premier Ministre du Bangladesh; M. Alonzo Fulgham, Chef des opérations de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), et M. Carlos A. Primo Braga, Vice-Président par intérim et Secrétaire général du Groupe de la Banque mondiale.
Dans une intervention liminaire, M. NITIN DESAI, Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet mondial sur la société de l’information, a souhaité que ce dialogue permette d’apporter des éclairages sur les moyens de gérer la concurrence entre les différents besoins et demandes qui existent en matière d’allocation des ressources face à l’impact des crises multiples qui affectent le monde.
Mme MARIE-JOSÉE JACOBS, Ministre de la coopération au développement et des affaires humanitaires, du Luxembourg, a rappelé que l’aide publique au développement versée par son pays a atteint le seuil de 1% du PIB du Luxembourg en 2009. Au-delà de l’aspect quantitatif, le Luxembourg attache une grande importance à la qualité de l’aide en focalisant ses programmes sur 10 pays partenaires, avec une concertation sectorielle qui privilégie notamment la promotion des infrastructures, de l’éducation et de la santé. Les synergies entre aides multilatérale et bilatérale sont recherchées de manière systématique, a-t-elle dit, avant de préciser que le Luxembourg avait fait siens les principes de l’appropriation, de l’alignement et de la responsabilité mutuelle. Elle a dit qu’il fallait garder à l’esprit que même si tous les OMD sont réalisés d’ici à 2015, cela ne fera baisser le niveau de la pauvreté absolue que de moitié.
Aux défis identifiés il y a 10 ans, se sont depuis ajoutés d’autres, tels que l’insécurité croissante, les changements climatiques, ou encore les migrations, a-t-elle noté. Elle a mis l’accent sur les liens entre migrations et développement en soulignant le rôle positif qu’une diaspora peut jouer en matière d’envois de fonds vers son pays d’origine. S’agissant de l’impact de la crise sur le versement de l’APD, elle a noté que l’APD de l’Union européenne est de 21 milliards d’euros inférieure à ce qu’elle était prévue pour 2010, mais que seuls 4 de ces 21 milliards sont dus à la baisse de revenus liés à la crise. Les autres 17 milliards sont dus à des promesses non tenues, a-t-elle ajouté. Elle s’est félicitée que le 17 juin dernier les chefs d’État de l’Union européenne aient confirmé la volonté politique de l’Union d’atteindre collectivement une APD qui représenterait 0,7% du revenu national des différents européens en 2015. Parce que nous savons que l’APD ne suffira pas pour atteindre les objectifs de développement, le Luxembourg appuie l’importance du microcrédit, qui est un des outils les plus rentables et efficaces en matière économique et social aux fins du développement.
M. MASIHUR RAHMAN, Conseiller économique auprès du Premier Ministre du Bangladesh, a mis l’accent sur l’importance de promouvoir, en faveur des pays qui sont dans le besoin, un appui sous forme d’intrants agricoles, pour stimuler la productivité de l’agriculture dans un pays comme le Bangladesh, où 96% des exploitations agricoles sont petites ou marginales. Il s’est inquiété de l’impact de la volatilité des prix du riz. Nous avons un programme à destination des groupes les plus vulnérables qui ne peuvent acheter la nourriture au prix du marché. Nous avons également un programme basé sur le concept « aliment contre travail », qui permet de protéger les revenus des foyers pauvres contre l’inflation des prix des produits alimentaires, a ajouté M. Rahman. « Notre politique de sécurité alimentaire, qui s’appuie sur des subventions, a un impact important sur la balance des paiements du Bangladesh qui ne s’équilibre que grâce à l’envoi des fonds de nos migrants, a-t-il dit. Nous avons obtenu 51 millions dollars de la Banque mondiale en reconnaissance du succès de notre modèle de politique agricole, a-t-il dit. Il a insisté sur le fait que pour son gouvernement, une subvention est un investissement et non pas une dépense. Il s’est inquiété de l’impact des changements climatiques et de la montée du niveau de la mer qui affecte le Bangladesh. Ce phénomène crée des infiltrations d’eau salée qui mettent de plus en plus longtemps à connaitre un reflux après des tempêtes. Pour faire face à ce problème, le Bangladesh travaille actuellement à l’utilisation de deux variétés de riz qui sont résistantes à la présence de sel dans les sols, a-t-il ajouté.
M. ALONZO FULGHAM, Chef des opérations de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a rappelé que l’augmentation des prix des produits alimentaires et des carburants, ainsi que la crise financière mondiale, ont eu des répercussions négatives sur les pays à faible revenu. L’économie mondiale doit pourtant réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015, suivant les buts fixés dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il relevé. Seule une réponse politique coordonnée au niveau international pourra permettre de rétablir un certain ordre dans les marchés mondiaux, a-t-il estimé. Il a aussi constaté qu’au début de la crise, les pays qui avaient une bonne protection sociale ont pu mieux réagir aux effets de la récession économique. M. Fulgham a donc préconisé, en priorité, d’inciter les pays en développement à renforcer leurs filets de sécurité sociale. Il a ensuite noté que les programmes existants d’aide publique au développement (APD) se concentraient sur le long terme et ne pouvaient donc être utiles pour réagir à une crise. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’appuyer sur l’APD, a-t-il ajouté, en appelant les pays donateurs à tenir les promesses faites à ce titre.
En ce qui concerne l’augmentation des prix des denrées alimentaires, M. Fulgham a souligné qu’elle avait accentué la pauvreté. Le budget des États-Unis consacré à l’agriculture est donc plus important cette année par rapport aux précédentes. En outre, l’appui au développement fourni par les États-Unis reste très élevé et nous voulons continuer nos efforts pour participer à la promotion du développement, notamment en renforçant la coordination stratégique, a-t-il assuré. Il a aussi indiqué que les États-Unis se sont joints au Canada, à l’Espagne, à la République de Corée et à la Fondation Bill et Melinda Gates pour créer un fonds consacré au renforcement de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. Les premiers dons effectués grâce à ce fonds ont été versés notamment au Bangladesh, à Haïti, à la Sierra Leone et au Togo, a-t-il précisé.
M. CARLOS PRIMO BRAGA, Vice-Président par intérim et Secrétaire général du Groupe de la Banque mondiale, s’est interrogé sur les moyens de faire face aux défis actuels, qui sont de plus en plus grands, comme ceux posés par les changements climatiques, tout en renforçant la protection sociale pour mieux réagir aux crises et aux chocs extérieurs. L’aide publique au développement (APD) a un rôle très important à jouer, mais elle ne suffit pas, car elle ne peut à elle seule résoudre tous les défis, a-t-il constaté. En 2009, selon les données de l’OCDE, nous avons tenu environ 80% de nos engagements en ce qui concerne l’accroissement de l’aide étrangère, a noté M. Braga. Cependant, bien qu’il y ait des pays qui honorent leurs engagements, l’APD diminue de façon générale, a-t-il averti. Il a indiqué qu’il y aura probablement, en 2015, 53 millions de personnes de plus vivant dans la pauvreté extrême, uniquement à cause de l’impact de la crise. M. Braga a donc conseillé de se concentrer sur le soutien aux États les plus fragiles, en termes d’aide au développement. Il faut notamment agir dans les domaines de la sexospécificité et des changements climatiques, a-t-il préconisé. Il a également prédit que les taux d’intérêt allaient augmenter dans les prochaines années, ce qui va rendre encore plus difficile l’application des programmes d’aide au développement.
Débat interactif
Le représentant du Brésil a souligné qu’il est important de disposer de mécanismes spécifiques pour permettre aux pays en développement de se relever de la crise. Cela passe par la réforme des systèmes commerciaux et financiers internationaux et l’affirmation d’un rôle plus fort de l’ONU dans les discussions financières et commerciales, a-t-il dit. Il a rappelé que le commerce était un domaine clef de la croissance et de la lutte contre la pauvreté. Il faut agir d’autant plus vite, qu’il semble évident que les taux d’intérêt vont augmenter dans les années à venir, a-t-il préconisé.
Le représentant de l’Indonésie a noté que la crise financière qui a suivi les crises alimentaire et énergétique a affecté l’aptitude des pays à financer le développement. Il faut assurer un financement suffisant pour la mise en place d’un système de filet de sécurité social efficace et assurer la création d’emplois durables, a-t-il dit. Il a également souligné l’importance de favoriser le développement d’un secteur privé fort pour financer le développement social.
La représentante du Maroc a souhaité que le Cycle de négociations commerciales de Doha ainsi que les Sommets du G-8 et G-20 aboutissent à des mesures concrètes dans l’intérêt de l’aide au développement. Il est nécessaire de disposer de nouvelles sources et méthodes de mobilisation de fonds pour parvenir à mettre en place des sources stables et suffisantes de financement du développement. Tout recul constituera un frein sérieux aux efforts de relance et de rattrapage que déploient les pays en développement et qui bénéficieront à l’ensemble de l’économie mondiale, a-t-elle dit.
Tout en notant un niveau record d’afflux d’aide étrangère en Iraq depuis 2003, le représentant de l’Iraq s’est dit déçu de l’impact de cette aide en citant notamment la crise causée par la mauvaise distribution de l’électricité en Iraq. Il a cité le manque de capacités nationales iraquiennes, lié au fait que les bailleurs de fonds mettent en avant leur propre agenda. Soulignant l’importance de l’appropriation des programmes par le pays qui en est récipiendaire, il a fustigé les problèmes liés au lancement de politiques et de programmes qui ne tiennent pas compte des spécificités locales. Pour la gestion de l’aide, il a suggéré la formation d’un comité rassemblant tous les ministères et les bailleurs de fonds, et qui serait placé sous la présidence du Premier Ministre et aurait pour mission de coordonner l’aide et d’évaluer l’efficacité des projets de développement. Ce comité pourrait se réunir de manière mensuelle ou trimestrielle.
Le représentant du Népal a mis l’accent sur l’impact dévastateur des récentes crises sur les pays les moins avancés (PMA). Il faut développer les infrastructures agricoles et l’accès aux marchés pour nos produits agricoles, a-t-il dit. Étant donné que les PMA sont les pays les plus vulnérables, il faut leur apporter un appui prioritaire, notamment en matière de transfert de technologie et de renforcement des capacités, a-t-il insisté.
Le représentant du Japon a estimé qu’il ne s’agissait pas seulement de lutter contre la pauvreté, mais aussi d’autonomiser les populations pour leur permettre de faire face elles-mêmes aux futures crises. En tant que Président du Groupe pour le financement innovant du développement, il a dit que le Japon exhortait tous les gouvernements à faire preuve des innovations qui sont nécessaires pour compléter les ressources de l’APD par d’autres sources de financement.
Le représentant de la France a déclaré que la crise montrait l’importance du rôle contre-cyclique de l’aide. En 2009 et 2010, l’augmentation de l’APD française est largement justifiée par la nécessité d’apporter une réponse à la crise, a-t-il indiqué. En collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD), la France a mis en place un fonds pour l’investissement dans l’agriculture en Afrique, a-t-il indiqué à titre d’illustration. « Nous réfléchissons également à la mise en place d’une taxe sur les transactions financières et sur les moyens de mesurer les performances sociales de nos programmes d’aide au développement », a-t-il ajouté.
Le représentant du Cap-Vert a rappelé que les PMA sont les pays les plus frappés par une crise dont ils ne sont pas responsables. Il a salué le succès de la coopération luxembourgeoise, dont le grand mérite, selon lui, est de se préoccuper des spécificités et des attentes locales. « Est-ce parce que le Luxembourg est un petit pays qu’il sait mieux écouter? » s’est-il demandé. Il a salué une compréhension qui permet de créer la confiance à un niveau remarquable, ce qui est le meilleur garant d’assurer une bonne appropriation de l’aide. Il a souhaité que le reste du monde prenne en exemple la qualité de l’action luxembourgeoise dans ce domaine, ce qui va dans l’intérêt de la stabilité future du monde. Il a mis l’accent sur l’importance de la migration comme source de mobilisation de revenus pour les pays les plus démunis.
La représentante de la Fédération internationale des syndicats (Confederation of free Trade Union) a jugé indispensable de nouvelles voies qui permettraient de mieux surmonter les écarts de développement entre pays et à l’intérieur des pays. Elle a indiqué que la Fédération au nom de laquelle elle prenait la parole représentait plus de 100 millions de travailleurs vivant dans 135 pays.
Le représentant d’« Action Aid » a estimé qu’on ne se concentrait pas assez à la lutte contre la pauvreté. Il a exhorté les États Membres à tenir le plus grand compte des recommandations de ce Forum, en ce qui concerne la coopération en matière de développement.
Le représentant de la République de Corée a déclaré que son pays accordait une priorité au versement d’une aide au développement aux PMA, aux pays sans littoral et petits États insulaires en développement. Il a précisé que l’aide coréenne se concentrait sur la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation, l’eau et l’assainissement, les questions sexospécifiques et les infrastructures. Il a indiqué que la République de Corée souhaitait doubler son APD à destination de l’Afrique subsaharienne d’ici à 2012.
Le représentant de la République du Congo a parlé de la spécificité de son pays, dont le territoire s’étend sur une région forestière qui représente le deuxième « poumon » de la planète après l’Amazonie. Face aux exigences du développement durable, nous sommes appelés à préserver nos forêts et à priver nos agriculteurs de certains potentiels en matière d’agriculture, a-t-il indiqué. Si toute coopération s’inscrit dans une dynamique du « donner et du recevoir », a-t-il dit, la République du Congo a fait sa part « en matière de donner », et en ce qui concerne la préservation de sa faune. C’est pourquoi, a-t-il indiqué, son pays souhaite recevoir une aide pour faire face à une sécurité alimentaire qui est menacée en raison des objectifs de protection des forêts du bassin du Congo.
Le représentant du Nicaragua a relevé que seuls cinq pays avaient atteint les objectifs agréés en matière d’APD en notant que de 40 à 50 milliards de dollars additionnels seraient nécessaires chaque année pour atteindre les OMD d’ici à 2015. C’est pourquoi, il a jugé nécessaire d’examiner des mécanismes novateurs de financement, tels que cela a été approuvé et recommandé par l'Assemblée générale. Il a particulièrement appuyé la proposition française de créer de nouvelles taxes en mettant l’accent sur la possibilité d’une taxe carbone qui serait payée par les pollueurs.
Répondant à ces interventions, M. PRIMA BRAGA, Vice-Président par intérim et Secrétaire général du Groupe de la Banque mondiale, a appelé à la prudence. On ne peut pas tout mettre sur le dos des politiques de développement qui ont été préconisées, a-t-il dit, en indiquant qu’elles n’étaient peut-être pas les seules responsables de certains échecs. M. FULGHAM, Chef des opérations à l’USAID, a estimé qu’il était indispensable de trouver de nouvelles sources de financement du développement en coordonnant la mobilisation des ressources. M. RAHMAN, Conseiller auprès du Premier Ministre du Bangladesh, a dit que l’adoption d’une politique et sa mise en œuvre se font toujours avec un certain degré d’incertitude. On ne dispose d’aucun paradigme qui permette de garantir à 100% que ce que nous entreprenons aboutira forcément à un succès, a-t-il souligné.
Dans ses remarques de clôture, Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet mondial sur la société de l’information s’est dit étonné de l’incapacité de la communauté internationale à prévoir les crises et d’en tirer des leçons. Plus la croissance est rapide, plus il y a de possibilités d’accidents, a-t-il dit, en rappelant que les vulnérabilités font partie du développement et sont amplifiées par la mondialisation. La résilience doit être un objectif du développement et doit faire partie des stratégies de développement et d’aide, a-t-il insisté, en mettant l’accent sur l’importance des transferts de technologie et de la promotion d’une couverture sociale. Investir dans la résilience est essentiel pour la réalisation des OMD, a-t-il insisté, en invitant à penser la durabilité comme un concept plus large que la seule durabilité environnementale.
Cinquième concertation, sur le thème « Réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015: programme permettant de renforcer et d’améliorer la coopération pour le développement »
Cette table ronde était animée par Mme HELEN CLARK, Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement et Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement, qui a émis l’espoir de voir le Forum aboutir sur des objectifs orientés vers l’action.
M. SAMURA KAMARA, Ministre des finances et du développement de la Sierra Leone, a mentionné la responsabilité partagée des partenaires au développement. Il s’agit d’aider les sociétés marginalisées à participer à la richesse mondiale, a-t-il expliqué. Il a cependant noté que la coopération en matière de développement connait des lacunes qu’il faut maintenant examiner, après 10 années d’application des programmes d’aide. Il a aussi constaté que les crises mondiales et les changements climatiques représentent de graves menaces pour l’aide qui voit ainsi ses flux diminuer. Les partenariats mondiaux doivent toutefois honorer les engagements déjà pris, a-t-il demandé. Comme beaucoup d’autres pays fragiles, la Sierra Leone a besoin de recevoir plus de dons.
Dans nos efforts de développement, nous avons développé un programme dans les domaines de l’éducation et de l’agriculture, a indiqué le Ministre. Nous voulons pouvoir acheter des médicaments et mettre en place des filets protecteurs pour prévenir le paludisme. Nous avons aussi mis l’accent sur la formation et avons pu former des femmes ingénieures, a-t-il signalé. Comme autres progrès, il s’est félicité d’une meilleure fourniture d’eau potable dans son pays, ceci grâce à l’aide de la Chine. À cet égard, M. Kamara a salué la coopération Sud-Sud. Il a aussi souhaité que la priorité soit accordée à l’Afrique subsaharienne, région où les pays restent à la traîne dans la recherche de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Passant à la question des changements climatiques, le Ministre a demandé d’examiner le mécanisme de compensation qu’il faut mettre en place. Il a enfin mentionné le Conclave africain qui se tiendra cet été, avec la participation du PNUD et de la Banque africaine de développement, afin d’examiner notamment les programmes et initiatives régionales de développement, ainsi que les stratégies de sortie de la dépendance de l’aide. .
M. ROBERT MCMULLAN, Secrétaire parlementaire chargé du Service de l’aide au développement international de l’Australie, a souhaité qu’un débat se tienne dans chaque pays développé, pour montrer l’engagement de chacun de ces pays dans l’aide au développement et renforcer le désir de réussite dans ce domaine. Expliquant l’engagement de son pays, il a signalé qu’en Australie le budget de l’aide a augmenté de 14% cette année, alors que dans le même temps les dépenses publiques n’ont augmenté que de 2%. Nous devons nous concentrer sur les subventions en matière d’agriculture, a-t-il indiqué. Il a aussi précisé que son pays est le plus grand donateur pour le développement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’aide australienne représentant 5% des revenus dont ce pays a besoin. Il faut donc nous assurer que ce voisin reçoive les 95% restants, a-t-il dit.
M. McMullan a aussi expliqué que son pays voulait négocier avec ses voisins un modèle de partenariat du Pacifique pour le développement. Nous avons déjà développé un modèle dans cette région, le « Pacte de Cairns », qui coordonne l’activité des donateurs pour utiliser au maximum leurs ressources combinées. Dans tous les pays en développement, les plus pauvres sont les personnes handicapées, a-t-il enfin remarqué, regrettant qu’elles ne soient pas mentionnées dans les OMD. En Australie, nous les plaçons au cœur de nos efforts de développement, a-t-il cependant assuré, se félicitant des bons résultats obtenus à travers ces efforts.
M. CARSTEN STAUR, Représentant permanent du Danemark auprès de l’ONU, a rappelé que le Sommet de septembre de l'Assemblée générale sur les OMD était une occasion unique d’évaluer ce qui est fait, notamment dans le contexte des crises multiples que le monde a subies. Notant l’apparition de nouveaux acteurs du développement et de nouveaux modèles de coopération, il a cité en exemple l’examen de l’évaluation menée sur cette question par le PNUD il y a quelques jours. Les analyses du système de l’ONU ont mis en évidence la nécessité d’une approche multisectorielle pour réaliser les OMD, a-t-il dit, en mettant l’accent sur la nécessité de créer 500 000 nouveaux emplois dans le monde dans les 10 prochaines années. L’aide au développement devra jouer un rôle catalyseur pour renforcer la parité entre les sexes, a ajouté M. Staur. Pour ce qui est des partenariats mondiaux, il faut continuer de faire participer tous les acteurs et ce n’est qu’en utilisant de nouvelles ressources que nos efforts pourront être couronnés de succès.
M. DAVID LANE, Président-Directeur général de « ONE », a estimé que des millions de vies dépendaient des résultats du Sommet de septembre de l'Assemblée générale sur la mise en œuvre des OMD. Il s’est dit préoccupé, en jugeant important que le Sommet débouche sur un plan d’action collectif et responsable. Il faut éviter de faire de simples déclarations classiques, a-t-il dit en estimant que l’adoption d’une déclaration finale sur une base consensuelle à la fin du Sommet, comme cela se fait traditionnellement, ne sera pas suffisante. Il a souhaité que ceux qui veulent aller plus loin puissent le faire. M. Lane a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir la bonne gouvernance et des stratégies favorables à la croissance et à la création d’emplois. Il a insisté sur l’importance de l’autonomisation des populations des pays en développement en insistant sur le potentiel que représente la promotion de la femme dans la mise en œuvre du processus du développement.
Débat interactif
Lors du débat sur les programmes visant le renforcement et l’amélioration de la coopération pour le développement, plusieurs délégations ont expliqué ce que faisait leur pays dans ce domaine et les besoins encore à combler. Les Principes de Paris, la Déclaration d’Accra, la responsabilité mutuelle, le financement prévisible de l’aide et la coopération Sud-Sud ont été quelques-uns des principes que les intervenants ont appelé à suivre.
La représentante de la Mongolie a assuré que son gouvernement ne ménage aucun effort pour réduire la pauvreté, grâce notamment à des programmes destinés aux femmes et aux enfants. Mais les catastrophes naturelles qui touchent la Mongolie, comme les « zuds » qui entrainent des froids très rigoureux, ont de graves conséquences comme la destruction d’une partie du bétail et donc des moyens de subsistance des éleveurs. Ces personnes n’ont souvent d’autre choix que de migrer vers les villes, ce qui a encore d’autres conséquences économiques. Le Gouvernement a donc été amené à lancer un appel à la communauté internationale pour une coopération au développement, en mai dernier, mais à ce jour la réponse n’est que de 8%. La représentante a donc exprimé le désir de son pays de coopérer avec les donateurs, sur la base de la responsabilité commune.
Le Ministre des finances de la Gambie a aussi appelé à la responsabilisation, à condition qu’elle soit à la charge tant des récipiendaires que des donateurs. Il a rappelé que son pays figure parmi les 20 pays susceptibles d’atteindre les OMD. Cependant, si les précipitations ne sont pas suffisantes l’année prochaine, cela compromettra ses chances de les atteindre, a-t-il prévenu. Pour garantir un développement durable, a-t-il expliqué, il faut arriver à deux ou trois récoltes par an, grâce à l’irrigation. Avec 70% de la population employée dans l’agriculture, il faut donc mettre l’accent sur ce secteur.
De son côté, le représentant du Pakistan a demandé que la coopération pour le développement suive une approche axée sur les stratégies nationales de développement. Il a aussi appelé à assurer un financement prévisible, pour permettre de mieux amortir les chocs. La coopération Sud-Sud n’est pas un ersatz de coopération, mais elle reste restreinte dans sa portée, a-t-il par ailleurs constaté. Le système des Nations Unies peut jouer un rôle clef pour promouvoir les initiatives Sud-Sud, a quant à lui déclaré le représentant du Brésil.
La représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a indiqué que l’OIT a travaillé pour le Programme « Unis dans l’action » en tant que membre de la famille des Nations Unies. Il s’agit aussi de garantir une cohésion des actions menées avec les Principes de Paris et d’Accra. Le seul moyen d’arriver à une croissance durable est de placer l’emploi au cœur de nos préoccupations et des stratégies de relèvement, a-t-elle averti, en promouvant le dialogue social et le travail décent. Elle a aussi indiqué travailler avec le PNUD pour renforcer leur coopération en vue de renforcer le Pacte sur l’emploi. Un représentant de l’Union interparlementaire a aussi fait valoir le rôle des parlements, qui doivent être suffisamment dotés des capacités leur permettant d’exercer leurs fonctions de contrôle des actions de l’exécutif.
Tout en notant les progrès accomplis en matière de développement, le représentant de l’organisation LDC Watch a constaté le recul de beaucoup de pays par rapport aux objectifs à atteindre. Les services sociaux n’ont pas été suffisamment soutenus par les pays partenaires, a-t-il notamment expliqué. Parmi ses suggestions, il a proposé d’appliquer une taxe de 0,1% de leurs montants sur les transactions financières internationales, ce qui permettrait de débloquer 3 milliards de dollars par jour, somme dont l’accumulation des montants, au bout d’une année, représenterait beaucoup plus que l’APD en 2008. Il a lui aussi appelé à respecter les Principes de Paris et la Déclaration d’Accra.
De son côté, le Ministre de la planification du Nicaragua a demandé de tirer parti des droits de tirage spéciaux (DTS) pour financer la coopération au développement. Le Président de la Conférence des organisations non gouvernementales a aussi appelé à développer de nouveaux mécanismes pour améliorer la coopération en matière de développement.
Pour sa part, la Secrétaire d’État du Ministère des affaires étrangères de la Slovaquie a appelé à une meilleure reddition de comptes. Elle a soutenu le Plan d’action en 12 points adopté par l’Union européenne en matière de coopération au développement. La représentante de l’Union européenne a quant à elle souligné l’importance de mobiliser une volonté politique, assurant que l’Union est elle-même déterminée à contribuer à l’atteinte des OMD. Ses priorités sont l’Afrique subsaharienne et les pays les moins avancés (PMA), a-t-elle indiqué, ainsi que la question de la parité entre les sexes.
Pour le Japon, qui a lui-même une dette publique considérable, il est difficile de faire comprendre à la population qu’il faut augmenter l’APD, a remarqué le représentant de ce pays.
Le représentant de l’Indonésie a souhaité que le financement des OMD se base sur le Consensus de Monterrey et le processus de Doha. Les efforts mondiaux entrepris depuis 2000 vont dans la bonne direction, a-t-il déclaré, avant de miser sur le Sommet de septembre sur les OMD pour aboutir à un document final orienté vers l’action et notamment le microcrédit.
Conclusion du Forum pour la coopération en matière de développement
M. HAMIDON ALI (Malaisie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que le Forum pour la coopération en matière de développement a apporté une contribution importante au prochain Sommet sur la réalisation des OMD qui aura lieu au mois de septembre, en mettant l’accent sur l’importance d’améliorer la coopération internationale pour le développement. Tout en soulignant la nécessité de mettre davantage d’APD à la disposition des programmes nationaux de développement et de réalisation des OMD, M. Ali a souligné l’importance de mettre en place des méthodes innovantes de financement. Pour ce qui est de la répartition de l’aide, les donateurs sont invités à s’entendre lors du Sommet de septembre, et à se fixer des objectifs annuels à concrétiser au cours de la période 2011-2015. Il a mentionné la nécessité d’un système d’évaluation des programmes nationaux de développement. La responsabilité mutuelle s’exerce mieux avec la pleine participation des parlements, des organisations civiles, des gouvernements locaux et des autres acteurs de la société, a-t-il insisté, en mettant l’accent sur l’importance du partage des bonnes expériences, a dit M. Ali. Il a exhorté le système international à exploiter pleinement les opportunités de la coopération Sud-Sud et a invité le Forum à identifier les meilleures pratiques au-delà de l’aide, ceci afin de garantir un meilleur financement du développement.
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