ECOSOC/6432

Session de fond 2010 de l’ECOSOC: le forum pour la coopération en matière de développement a ouvert ses travaux ce matin

29/06/2010
Conseil économique et socialECOSOC/6432
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2010

13e et 14e séances – matin & après-midi


SESSION DE FOND 2010 DE L’ECOSOC: LE FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE

DE DÉVELOPPEMENT A OUVERT SES TRAVAUX CE MATIN


L’aide au développement n’est pas une fin en soi, et elle doit s’accompagner

de transparence, de responsabilité, d’appropriation nationale, soulignent des délégations


Après avoir ouvert hier le débat de haut niveau de sa session de fond 2010, le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu aujourd’hui les débats du Forum pour la coopération en matière de développement, mécanisme créé lors du Sommet mondial de 2005 et dont les assises se sont pour la première fois tenues en 2008.  Les travaux du Forum, qui se poursuivront demain dans l’après-midi, sont « une occasion à ne pas rater », a déclaré aux délégations le Président de l’ECOSOC, M. Hamidon Ali de la Malaisie, en émettant l’espoir que le Forum puisse présenter des plans d’action concrets et des recommandations sur les politiques à mettre en œuvre.


Malgré les difficultés de l’économie mondiale, il semble que, malgré l’austérité créée par la crise, de nombreux pays donateurs ont respecté leurs promesses, puisque les montants de l’aide au développement ont connu une hausse en 2009 et que les objectifs que les donateurs se sont fixés pour 2010 devraient être atteints, a indiqué ce matin le Secrétaire général aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, en présentant le rapport du Secrétaire général sur les tendances et progrès en matière de coopération internationale pour le développement.


Le Commissaire européen au développement, Andris Piebalgs, a précisé que l’assistance au développement de l’Union européenne a été doublée depuis la mise en place des programmes destinés à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  L’APD européenne a atteint 49 milliards d’euros en 2009, soit 60% de l’APD mondiale.  L’Union européenne et les États-Unis fournissent 80% de l’APD et 85% de l’assistance humanitaire mondiales, a pour sa part relevé Paavo Väyrynen, Ministre du commerce extérieur et du développement de la Finlande.


Certains donateurs ont néanmoins des difficultés à atteindre des objectifs qu’ils s’étaient pourtant fixés volontairement, a constaté M. Zukang.  Il a à cet égard noté que certains d’entre eux semblaient de plus en plus être enclins à ne pas tenir les engagements qu’ils avaient pris envers les pays d’Afrique subsaharienne.  Reprenant les termes et recommandations du rapport du Secrétaire général, il a donc fortement encouragé les pays donateurs à respecter les promesses faites.


En outre, en vue de son efficacité, l’aide financière étrangère doit s’accompagner de politiques nationales cohérentes et d’institutions nationales fortes et responsables, ont souligné les intervenants de la première table ronde de la journée, qui examinaient la question de « la promotion d’une plus grande cohérence » dans la coopération en matière de développement.


Pour la Secrétaire permanente au Trésor au Ministère des finances et de la planification économique du Rwanda, il appartient aux pays récipiendaires de l’aide de déterminer ce à quoi ils veulent parvenir en se servant de l’aide internationale.  L’aide n’étant pas en elle-même une fin, il est nécessaire pour les récipiendaires de faire preuve d’initiatives endogènes.  La représentante rwandaise a illustré ce propos en évoquant l’expérience du Rwanda, qui s’est doté d’un plan de santé national dont le grand succès est dû au fait qu’il a été conçu et mis en œuvre par le pays lui-même.


Parmi les intervenants à l’ouverture du Forum, le Vice-Ministre du commerce de la Chine a donné des exemples de ce qu’une bonne aide au développement permet d’accomplir, non seulement dans son propre pays mais aussi dans d’autres pays en développement, grâce à la coopération Sud-Sud à laquelle la Chine participe activement.  L’aide ne doit pas être perçue comme une finalité, ni être créatrice de dépendance, a dit le Vice-Ministre de la Chine.


De même, le Vice-Ministre de la planification et de l’investissement du Viet Nam a expliqué comment son pays a réussi à mettre en œuvre son Plan de développement économique quinquennal grâce à l’aide de la communauté internationale.


Au niveau des institutions, estimant que la Commission pour le développement durable de l’ONU n’a pas joué le rôle de chef de file qui devrait être le sien dans l’élaboration des politiques de développement mondial, le Ministre finlandais du commerce extérieur et du développement a proposé un G-20 réformé, composé des acteurs clefs du développement mondial, qui deviendrait un Conseil de l’ONU pour le développement durable chargé des politiques de développement économique, de l’environnement et du développement durable.


Au cours de la deuxième table ronde, les participants ont discuté de la « responsabilité » et de la « transparence » dans la coopération pour le développement, s’interrogeant sur les moyens de former des partenariats plus équilibrés.  Le Ministre des finances et des affaires économiques de la République-Unie de Tanzanie a souligné l’importance de réformer la gestion des finances publiques pour mieux suivre les efforts de développement, tandis que le Secrétaire général de l’Union interparlementaire et la représentante de l’Autriche ont mis l’accent sur le rôle crucial des parlements dans la mise en œuvre des principes de responsabilité mutuelle.


La troisième table ronde, organisée en fin d’après-midi, a mis en évidence l’intérêt de la coopération triangulaire Sud-Sud et de la coopération pour le développement décentralisée.  Les déclarations liminaires ont été faites par le Directeur général de l’Agence allemande de coopération technique (GTZ); le Gouverneur adjoint de la Banque centrale du Brésil; le Directeur de la coopération internationale au Ministère des affaires étrangères de la Colombie; et la Secrétaire générale de l’organisation « Cités et Gouvernements locaux unis ».


Le Conseil économique et social poursuivra les travaux de sa session de fond demain, mercredi 30 juin, à 10 heures. 



FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT (E/2010/93, E/2010/15, E/2010/15Add.1, E/2010/33, E/2010/47, E/2010/92, E/2010/CRP.2, E/2010/NGO1, E/2010/NGO4, E/2010/NGO7, E/2010/NGO9, E/2010/NGO21, E/2010/NGO60 ET E/2010/NGO62)


Documentation


Rapport du Secrétaire général sur les tendances et progrès en matière de coopération internationale pour le développement (E/2010/93)


Dans ce rapport, le Secrétaire général rappelle que, depuis la tenue du précédent Forum pour la coopération en matière+ de développement, une crise économique et financière profonde, la montée de l’insécurité alimentaire, la volatilité des prix du pétrole et le changement climatique ont bouleversé l’environnement économique mondial.  Certaines avancées fondamentales réalisées en matière de développement ces 10 dernières années et même auparavant commencent à s’éroder, rendant encore plus cruciale l’efficacité de la coopération pour le développement, souligne le Secrétaire général.


Dans ce rapport, Ban Ki-moon résume les progrès accomplis dans la mise en œuvre de certains aspects du partenariat mondial pour le développement et examine la cohérence des politiques dans les pays développés et les pays en développement.  Il analyse également les tendances concernant l’exécution des engagements en matière de volume de l’aide, l’impact des récentes crises internationales, les pratiques d’allocation de l’aide, le cadre relatif à l’efficacité de l’aide, le partage des responsabilités en matière de coopération pour le développement, ainsi que le rôle de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire.  Il conclu cette analyse en énonçant une série de messages et de recommandations visant à renforcer la coopération pour le développement.


Le Secrétaire général souligne que la prise en main des programmes nationaux de développement par les pays ainsi que la mise en place de partenariats transparents, équilibrés, responsables et fondés sur la confiance entre pays bénéficiaires et pays donateurs sont fondamentales pour accroître l’impact de la coopération pour le développement sur le terrain.  Il met l’accent sur l’importance que revêt l’intégration de toutes les parties prenantes, notamment les organisations de la société civile, le secteur privé, les parlementaires, les fondations et les autorités locales, pour renforcer l’efficacité de la coopération pour le développement.


Rapport sur les travaux de la douzième session (22-26 mars 2010) du Comité des politiques de développement (E/2010/33)


Les travaux du Comité des politiques de développement, lors de sa dernière session, ont porté sur les thèmes suivants: l’incidence des crises mondiales sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes; les mesures internationales d’appui spécifiquement destinées aux pays les moins avancés (PMA); l’appui accordé par le système des Nations Unies aux petits États insulaires en développement; et la cohérence du programme relatif aux changements climatiques du point de vue de son architecture financière et par rapport aux autres politiques de développement.  Le Comité a également suivi les progrès en matière de développement des pays admis au retrait de la liste des pays les moins avancés, à savoir la Guinée équatoriale, les Maldives et le Samoa.


En ce qui concerne l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, le rapport souligne que les femmes sont particulièrement touchées par les crises en raison de leur position d’infériorité dans les domaines économique, juridique, politique et socioculturel.  Les crises financière et alimentaire qui surviennent alors que menacent la crise des changements climatiques et celle des droits de l’homme et de la sécurité, risquent d’inverser certains des progrès réalisés depuis la quatrième Conférence sur les femmes en 1995.


S’agissant de l’efficacité des mesures internationales d’appui adoptées dans le cadre des programmes d’action en faveur des pays les moins avancés, le Comité appelle l’attention sur le fait que leurs résultats ont été limités.  Il considère nécessaire d’examiner comment on pourrait améliorer ces mesures et éventuellement les compléter par des mesures nationales et internationales supplémentaires.


Le Comité a examiné les récents progrès en matière de développement de la Guinée équatoriale, des Maldives et du Samoa.  L’actuelle crise économique ne semble pas avoir écarté les Maldives et la Guinée équatoriale de leur transition sans heurt de la catégorie des PMA vers un statut supérieur après leur gradation de la liste des PMA.  En revanche, Samoa a enregistré des pertes économiques et humaines du fait du tsunami de septembre 2009, et ses perspectives économiques demeureront extrêmement incertaines, en l’absence d’un appui adéquat de la communauté internationale.


Lors de son examen de l’appui accordé par le système des Nations Unies aux petits États insulaires en développement, le Comité a constaté que la conception de la stratégie internationale relative au développement durable de ces pays laissait à désirer, ce qui en compliquait le suivi et en compromettait l’efficacité.


Enfin, s’agissant de la cohérence des politiques relatives aux changements climatiques après la Conférence de Copenhague, le Comité a prévenu que le report des mesures d’atténuation des changements climatiques entraînerait un renchérissement des coûts d’adaptation.  Il note que le financement des mesures d’adaptation et d’atténuation est nettement insuffisant, en dépit de la prolifération des mécanismes de financement. Il propose que le régime de l’architecture financière en matière de changements climatiques relève de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques et que les politiques relatives au climat facilitent le développement économique durable.


Résumé, établi par le Président de la Commission du développement social, du débat mené au titre du point intitulé « Nouvelles questions: mesures prises par les pouvoirs publics pour remédier aux problèmes d’emploi et aux conséquences sociales de la crise financière et économique, y compris ses aspects liés à la problématique hommes-femmes » (E/2010/47)


Dans une lettre adressée au Président du Conseil économique et social par le Représentant permanent du Ghana auprès de l’Organisation des Nations Unies, ce dernier transmet le résumé établi par le Président de la Commission du développement social à l’issue de la quarante-huitième session du débat mené au titre du point 3 c) intitulé « Nouvelles questions: mesures prises par les pouvoirs publics pour remédier aux problèmes d’emploi et aux conséquences sociales de la crise financière et économique, y compris ses aspects liés à la problématique hommes-femmes ».  Ce débat faisait suite à la résolution 2008/29 du Conseil économique et social, par laquelle le Conseil avait demandé que ses commissions techniques contribuent à l’Examen ministériel annuel et au Forum pour la coopération en matière de développement. Il a essentiellement porté sur les répercussions de la crise financière sur les efforts déployés pour éliminer la pauvreté, sur l’intégration sociale, l’emploi, les femmes et les jeunes, ainsi que sur la protection sociale.


Résumé par la Présidente de la séance spéciale sur la problématique hommes-femmes et la science et la technique, tenue à la treizième session de la Commission de la science et de la technique au service du développement (E/2010/92)


Ce document présente le résumé, par la Présidente, de la séance spéciale sur la problématique hommes-femmes et la science et la technique.  Cette séance a eu lieu lors de la treizième session de la Commission de la science et de la technique au service du développement, qui s’est tenue du 17 au 21 mai 2010 à Genève.  Cette séance spéciale était destinée à contribuer à l’examen ministériel annuel de 2010 du Conseil économique et social consacré au thème « Mise en œuvre des objectifs arrêtés et des engagements pris sur le plan international en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation de la femme ».  Elle a stimulé la réflexion sur les stratégies et méthodes visant à faire participer les femmes au progrès technique, à promouvoir leur participation accrue aux décisions intéressant la science et la technique et à incorporer systématiquement leurs perspectives dans le système établi en la matière.


Documents établis par des organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif auprès de l’ECOSOC.


Le document E/2010/NGO1 contient une déclaration intitulée « Intégrer le financement du développement et de la justice climatique »  présentée par l’Association internationale de recherche sur la paix.


Le document E/2010/NGO4 contient une déclaration intitulée « Développer les services d’intérêt général dans le domaine de l’éducation, du logement et de la santé en période de crise, présentéepar le Comité français pour l’Afrique du Sud.


Le document E/2010/NGO7 contient une déclaration intitulée « Recommandations pour un plan d’action en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement dans la prochaine décennie » présentée par laAll India Shah Behram Baug Society for Scientific and Educational Research.


Le document E/2010/NGO9contient une déclaration intitulée « Imposition sur les transactions financières: coopération pour le développement en période de crises » présentée parSalesian Missions.


Le document E/2010/NGO21contient une déclarationprésentée parl’Institut du développement social international, et comportant une série de recommandations destinées à garantir la mise en œuvre et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ainsi que l’instauration d’un monde meilleur. 


Le document E/2010/NGO60 contient une déclaration présentée parChristian Blind Mission International,relative aux personnes handicapées dans la perspective de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Le document E/2010/NGO62 contient une déclaration intitulée « Sources innovantes de financement du développement » présentée parUNANIMA International.



Déclarations liminaires


Ouvrant le Forum pour la coopération en matière de développement, M. HAMIDON ALI, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a noté que, depuis le premier Forum qui a eu lieu en 2008, l’architecture économique mondiale a beaucoup évolué.  Aujourd’hui, il faut une véritable dynamique politique et faire preuve de volonté pour passer des promesses à leur mise en œuvre, a-t-il indiqué.  Il a souhaité que tous les acteurs du développement joignent leurs forces pour faire progresser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le Forum établi en 2005 joue un rôle unique du fait de son universalité, a-t-il assuré.  Les fruits de ce Forum sont nombreux, a-t-il dit, en mentionnant tout d’abord que le Forum pour la coopération en matière de développement est devenu une plate-forme multilatérale où se déroule un dialogue ouvert sur les défis principaux qui se posent à cette forme de coopération.  Il a également souligné l’impact du Forum sur le débat mondial sur cette coopération, car il soulève des questions clefs comme, par exemple, l’allocation de l’aide et sa prévisibilité sur plusieurs années.


Le Forum est en outre un point focal pour l’examen de la coopération en matière de développement au sein des Nations Unies, a ajouté Hamidon Ali.  Grâce à l’engagement des parties prenantes du Forum et des experts sur le terrain, cet organe a également permis de faciliter l’élaboration de principes ayant un plus grand impact sur le développement.  Le Département des affaires économiques et sociales (DESA), a par exemple réalisé une étude sur le statut et les progrès des mécanismes qui garantissent la reddition des comptes des acteurs de la coopération en matière de développement en ce qui concerne leurs engagements au niveau national.  Enfin, le Forum invite à partager les enseignements tirés dans la formulation et la mise en œuvre des stratégies nationales de développement.  Le Forum travaille ainsi avec toute une série d’organisations pour garantir ces échanges, a précisé le Président de l’ECOSOC.


Il appartient aux parties prenantes de tirer parti des avantages que présente le Forum, a conclu M. Ali.  Nous devons traduire la quantité de l’aide en action et nous assurer que la baisse qu’a connue le produit national brut (PNB) des pays donateurs n’ait pas d’incidence négative sur l’aide publique au développement (APD), a-t-il ajouté.  Le Président de l’ECOSOC a souligné combien le Forum permet de renforcer l’efficacité et la cohérence de la coopération en matière de développement.  Les deux jours de discussion qui vont suivre présentent une occasion à ne pas rater, a-t-il averti, en émettant l’espoir que le Forum puisse présenter des plans d’action concrets et des recommandations sur les politiques à mettre en œuvre.


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que, dans un environnement économique si fragile et avec l’échéance approchante des Objectifs du Millénaire pour le développement, le travail du Forum pour la coopération en matière de développement était plus important que jamais.


M. Sha a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général sur les tendances et progrès en matière de coopération internationale pour le développement (E/2010/93 FAIT) dont il a rappelé l’ampleur.  Il a remercié les délégations pour les contributions qu’elles ont apportées au rapport et pour le temps qu’elles ont consacré au Forum.  M. Sha a estimé que le rapport du Secrétaire général montrait que, malgré l’atmosphère d’anxiété et d’austérité de l’économie mondiale, de nombreux pays donateurs avaient respecté leurs promesses, puisque l’aide au développement a augmenté en 2009 et que les objectifs que les donateurs se sont fixés pour 2010 devraient être atteints.  M. Sha s’est également félicité que des pays non-membres du Comité d’aide au développement jouent un rôle essentiel dans l’aide apportée à certains des pays les plus pauvres.  Beaucoup sont des pays en développement qui apportent leur aide dans un esprit de solidarité à d’autres pays dont ils connaissant les difficultés, a-t-il fait remarquer.


M. Sha a toutefois rappelé que, malgré des signes certains de progrès, certains donateurs étaient encore très loin de s’acquitter de leurs engagements conclus au niveau mondial et ont des difficultés à atteindre des objectifs qu’ils s’étaient pourtant fixés volontairement.  Beaucoup d’entre eux risquent même de renier les engagements pris au profit de l’Afrique subsaharienne, a relevé le Secrétaire général adjoint.  C’est pourquoi il nous faut nous engager davantage, a-t-il souligné.  Nous ne pouvons pas contrôler l’austérité et l’anxiété de la période actuelle; mais en revanche, nous pouvons fortement encourager au respect des promesses faites et nous pouvons travailler de concert pour renforcer les éléments cruciaux de la coopération au développement, a ajouté le Secrétaire général adjoint.


Mais l’aide financière seule ne peut vaincre la pauvreté, sauver les enfants ou améliorer la santé des mères, a rappelé M. Sha.  Il faut aussi des politiques cohérentes et des institutions nationales fortes et redevables.  Or, le rapport montre que, dans les pays développés comme dans les pays en développement, les politiques agricole, industrielle, commerciale, d’investissement, migratoire, de sécurité ou de technologie sont souvent en contradiction avec les politiques d’assistance.  M. Sha Zukang a toutefois indiqué qu’il y avait des exemples de mécanismes mis en place pour veiller à assurer une meilleure cohérence entre les différentes politiques, notamment au sein de l’Union européenne.  Pourtant, a-t-il tempéré, seul un nombre restreint de membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont fait de réels progrès dans ce domaine.  Ces politiques doivent aussi soutenir la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, dont l’échéance approche, a rappelé M. Sha.  Les bailleurs de fonds doivent pour leur part pouvoir disposer d’informations plus fiables sur l’utilisation et l’efficacité de l’aide, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  En même temps, les pays qui bénéficient de l’aide ont besoin d’assistance technique de la part des donateurs pour améliorer leur capacité à rendre des comptes, ce qui ne peut se faire du jour au lendemain, a-t-il noté.


Le rapport du Secrétaire général suggère des mesures pour améliorer cette évaluation et les bonnes pratiques, a fait remarquer M. Sha.  Mais, pour les deux jours à venir, il a demandé aux participants au Forum de se consacrer à la préparation de la réunion de haut niveau qui aura lieu en septembre à New York pour le deuxième examen complet de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Depuis 2000, nous avons constaté d’importants progrès mais aussi de lourds revers et du terrain a même parfois été perdu du fait des récentes crises mondiales, a ajouté M. Sha.  C’est pourquoi, à ce stade critique, la participation de chacun est si importante, a-t-il ajouté, en demandant à chaque participant de présenter des idées concrètes et réalistes, afin de contribuer à regagner le terrain perdu.  Nous pouvons encore atteindre les objectifs que nous nous étions fixés.  Que chacun nous aide à faire en sorte que cela soit possible, a-t-il conclu.


M. ANDRIS PIEBALGS, Commissaire européen pour le développement, a précisé que l’Union européenne (UE) s’est dotée de nouvelles bases de coopération internationale qui sont conformes aux termes du Traité de Lisbonne.  La réduction de la pauvreté est un objectif essentiel de la politique de coopération aux fins du développement de l’Union européenne, a-t-il dit.  La solidarité de l’Union européenne dépasse les frontières de l’Europe, a-t-il ajouté en soulignant les liens qui existent entre la politique étrangère et la politique aux fins du développement de l’UE.  Il faut un engagement politique des politiciens afin que les idées puissent se transformer en réalité pratique.  Il faut établir des échéances claires et une date butoir pour la réalisation de nos objectifs, a-t-il insisté.  L’assistance au développement de l’UE a été doublée depuis la mise en place des OMD, avec une aide totale atteignant 49 milliards d’euros en 2009, soit 60% de l’APD mondiale, a dit M. Piebalgs.  Les chefs d’État de l’Union européenne ont décidé de procéder à des évaluations annuelles de l’aide dispensée, pour s’assurer que l’APD puisse avoir un effet maximum dans le domaine de l’amélioration de la qualité de vie des plus pauvres.  La semaine dernière, l’UE et les pays des Caraïbes et du Pacifique ont signé un accord pour travailler ensemble à une meilleure réalisation des OMD dans l’esprit de l’Accord de Cotonou.  Il s’agit de considérer la politique de développement comme un catalyseur du renforcement de l’emploi, a insisté le Commissaire européen au développement.  


L’APD à elle seule ne permettra pas de parvenir à des résultats tangibles tant que l’aide reste considérée comme un « cadeau », a-t-il insisté en ajoutant qu’une augmentation de 1% de son PIB est beaucoup plus importante que l’APD pour un pays en développement.  Il a rappelé que la bonne gouvernance est une condition préalable à toute adhésion à l’UE.  « Des défis plus grands nous attendent, si nous ne sommes pas capables d’établir des paramètres clairs en ce qui concerne la gestion des intrants de l’aide au développement », a ensuite estimé M. Piebalgs.  Il faut établir un partenariat très fort entre les donateurs et les récipiendaires, a ajouté le Commissaire européen, en mettant l’accent sur la nécessité de choisir des options novatrices comme la coopération triangulaire qui implique la participation des États émergents.       


M. YI XIAOZHUN, Vice-Ministre du commerce de la Chine, a expliqué le processus de développement de son pays et donné des détails sur l’aide qu’offre la Chine, depuis longtemps, aux pays en développement par le biais de la coopération Sud-Sud.  Avec la cent-sixième position dans le monde en termes de développement, la Chine connait de grands défis dans ce domaine, notamment en ce qui concerne l’énergie et les changements climatiques, a dit M. Yi.  Depuis 30 ans, la communauté internationale, y compris les Nations Unies, a fourni une assistance à la Chine, ce qui lui a permis de s’intégrer dans le monde, a-t-il reconnu.  Dans les années 80, par exemple, grâce à l’appui du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la Chine a atteint l’objectif de procéder à l’immunisation de 75% de ses enfants.  La Chine a aussi coopéré avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour des projets de microcrédit qui ont bénéficié à un million de personnes pauvres.  Les efforts déployés par la Chine lui ont permis de bien profiter de la coopération internationale, a-t-il souligné.


En ce qui concerne la coopération Sud-Sud, le Vice-Ministre a noté que les pays en développement comprennent mieux les besoins en développement des autres pays de même niveau.  La Chine appuie l’initiative appelée « au-delà de l’aide », proposée par le Secrétaire général, qui invite à aider les pays en développement à installer un système viable à long terme, au lieu de trop dépendre de l’aide étrangère.  Au fil des ans, la Chine s’est efforcée de promouvoir la coopération Sud-Sud, qui a permis de procéder à la mise en œuvre de bon projets et d’acquérir de bonnes expériences, a indiqué M. Yi.  La Chine a ainsi mis en œuvre des programmes qui ont renforcé la productivité d’autres pays en développement et amélioré le niveau de vie des populations locales, a-t-il assuré, citant notamment la création d’une ligne de chemin de fer entre la Tanzanie et la Zambie, dans les années  60 et 70.  La Chine offre également des prêts à taux préférentiels à hauteur de 10 milliards de dollars, a jouté le Vice-Ministre chinois.


Ouvrir les marchés permet de renforcer la productivité des pays les moins avancés (PMA), a-t-il poursuivi, avant de signaler que 95% des produits qui viennent des PMA sont exemptés de taxes à l’importation en Chine.  La Chine estime qu’il faut accroître les investissements dans les pays en développement, afin de participer à leur croissance économique.  En 2008, sur 20 investissements promus par la Chine, 12 vont vers les pays en développement, a-t-il indiqué.  Nous attachons aussi une grande importance au renforcement des capacités dans des domaines aussi divers que la diplomatie, la santé, les télécommunications, la finance, ou encore la protection de l’environnement, a dit M. Yi.  Le Vice-Ministre a indiqué que la Chine a ainsi donné 4 000 cours de formation destinés à 120 000 personnes, dont des cours de formation à la culture du riz et des légumes qui ont été dispensés dans des pays africains.


Il a terminé son intervention par des recommandations à l’adresse de la communauté internationale qu’il a invitée à tenir ses engagements en termes d’aide publique au développement.  Il a aussi demandé aux pays industrialisés de s’acquitter de leurs responsabilités en matière de financement du développement, notamment par le biais du Processus de Monterrey.  Il faut aussi accorder un accès aux marchés aux produits des PMA, et il faut que les pays développés réduisent leurs subventions aux produits agricoles, a souligné M. Yi.  Enfin, il a appelé à renforcer le transfert des capacités et des technologies.


M. PAAVO VÄYRYNEN, Ministre du commerce extérieur et du développement de la Finlande, a déclaré que la politique de développement de la Finlande était basée sur une vision d’ensemble du développement durable.  Cette approche, a-t-il ajouté, s’appuie sur les recommandations de la Conférence de Rio de 1992 sur l’environnement et le développement et sur les engagements internationaux relatifs à la réduction de la pauvreté et à la promotion du développement dans ses trois dimensions: économique, sociale et écologique.  Dans un souci d’efficacité il est essentiel d’améliorer la coordination entre les principaux donateurs, a dit le Ministre en parlant de la coopération internationale pour le développement.


Le Sommet de Copenhague qui a demandé la réduction des émissions de gaz à effet de serre et un appui aux efforts d’atténuation des pays en développement, n’est que le début d’autres mesures à venir, a-t-il assuré.  Il s’est félicité que l’Union européenne et les États-Unis aient décidé lors de leur sommet de novembre 2009 de renforcer leur coopération aux fins de la réduction de la pauvreté et de la promotion du développement durable.  Il a rappelé que ces deux entités fournissaient 80% de l’APD et 85% de l’assistance humanitaire mondiales. Il a précisé que ce partenariat transatlantique entre les États-Unis et l’Union européenne a été initié par la Finlande en janvier 2009.   


Le Ministre finlandais a indiqué que la cohérence politique aux fins de la promotion du développement a été une des plus importantes questions des récentes réunions sur les politiques de développement.  « Lors du Symposium d’Helsinki », a-t-il dit, « nous avons décidé que la cohérence politique aux fins du développement devait être renforcée aux niveaux national et international entre toutes les parties prenantes ».  « Les ministres du développement de l’UE ont discuté de la cohérence politique lors de leur dernière réunion, il y a quelques semaines, pour préparer ce Forum pour la coopération en matière de développement et le Sommet pour les OMD de septembre 2010 », a ensuite indiqué Paavo Väyrynen.  Il a dit qu’il avait proposé la création, par l’Union européenne, d’une stratégie mondiale pour sa politique extérieure qui devrait établir des liens entre les politiques de développement et les autres politiques comme la politique commerciale, les politiques climatique et environnementale, les politiques financières, et les politiques de sécurité.  La stratégie mondiale devrait se fonder sur l’approche exhaustive du développement adoptée lors de la Conférence de Rio de 1992.  Elle devrait promouvoir le développement économique, la protection de l’environnement et le développement durable dans le monde entier, a recommandé le Ministre finlandais. 


Fondée sur les valeurs communes de l’humanité, une stratégie mondiale en faveur du développement pourrait être mise en œuvre par un G-20 réformé composé des acteurs clefs du développement mondial, a dit M. Väyrynen.  Il a estimé que la Commission pour le développement durable de l’ONU n’a pas joué le rôle de chef de file qui devrait être le sien dans l’élaboration des politiques de développement mondial.  Depuis Rio, nous avons perdu cette vision large du développement, et les politiques environnementales sont de plus en plus divisées en plusieurs programmes distincts.  La Finlande propose par conséquent que le
G-20 soit transformé en un Conseil de l’ONU pour le développement durable chargé des politiques de développement économique, de l’environnement et du développement durable, a indiqué le Ministre.  Il a espéré que ce Forum permettra aux États de poursuivre un dialogue franc en gardant la réduction de la pauvreté comme objectif.


Première concertation sur le thème « Promotion d’une plus grande cohérence: Comment orienter l’ensemble des politiques vers des objectifs de développement? »


La première table ronde du Forum pour la coopération en matière de développement, portant sur la cohérence des politiques de développement, était animée par M. MARTIN DAHINDEN, Directeur général de la Direction suisse du développement et de la coopération, qui a espéré entendre davantage les voix des pays en développement et des représentants de la société civile.


M. NGYUEN THE PHUONG, Vice-Ministre de la planification et de l’investissement du Viet Nam, a expliqué comment son pays a réussi à mettre en œuvre son Plan de développement économique quinquennal 2005-2010, malgré un contexte international instable, grâce à l’aide de la communauté internationale.  Pour 2006-2007, le Viet Nam a connu un taux de croissance assez élevé, de 8,23% de son PNB, a-t-il signalé.  Lorsqu’est intervenue la crise financière internationale, en 2008, le Gouvernement vietnamien est intervenu pour mobiliser les ressources nationales et internationales nécessaires pour continuer à mettre en œuvre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), tout en mettant en place des politiques sociales, a dit M. Phuong.  Le Gouvernement a aussi réformé l’administration publique et lutté contre la corruption, a-t-il dit.  L’aide publique au développement (APD) dont a bénéficié le Viet Nam a représenté 23 milliards de dollars entre 2006 et 2009, et est cette année de 8,1 milliards de dollars, a-t-il précisé.  Cela montre que la communauté internationale a confiance dans notre système, s’est réjoui le Vice-Ministre.  Le Viet Nam a ainsi pu surmonter toutes les difficultés et les défis de la crise financière et économique.  Il a également pu atteindre certains des OMD, comme l’objectif de scolarisation universelle.


Mme KAMPETA SAYINZOGA, Secrétaire permanente et Secrétaire au Trésor au Ministère des finances et de la planification économique du Rwanda, a commencé son intervention en posant plusieurs questions, s’interrogeant notamment sur la bonne compréhension de ce que recouvre le concept de coopération en matière de développement.  Est-ce que les pays bénéficiaires de l’aide parlent bien de la même chose?  « Parlons-nous la même langue? », a-t-elle insisté.  Elle a noté l’importance pour ces pays de s’approprier les programmes d’aide au développement et demandé s’ils réfléchissaient suffisamment à ce qui est bon pour eux. Combien de fois avons-nous réfléchi, par exemple, à l’importance d’avoir un bon plan de santé?  Quand le Rwanda a envisagé de se doter d’un système de sécurité sociale, on nous a avertis que c’était difficile à mettre en place dans un pays d’Afrique, a-t-elle indiqué.  Nous avons persisté et, aujourd’hui, la sécurité sociale au Rwanda couvre 85% de la population, ce qui représente un succès considérable, a-t-elle souligné.  La Secrétaire d’État a expliqué que le succès de ce plan est dû au fait qu’il a été conçu par le pays lui-même.  Au Rwanda, a-t-elle ajouté, nous avons aussi amélioré la gestion des finances publiques, en éliminant la corruption et en rendant l’exécutif redevable devant le Parlement.


M. ECKHARD DEUTSCHER, Président du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a déclaré que la cohérence des politiques était une question essentielle dans le processus de développement.  Il a rappelé qu’il y a 30 ans déjà, un ministre allemand du développement notait que l’Union européenne souhaitait renforcer les marchés des pays africains, alors que dans le même temps l’Union européenne y déversait ses produits, comme la viande, ce qui a détruit ces marchés qu’on prétendait vouloir construire.  Nous avons besoin d’une meilleure évaluation de toutes nos initiatives, avec un leadership plus fort pour assurer la cohésion entre la politique de développement et les autres politiques, a-t-il insisté.  Nous avons besoin d’une bonne coordination de toutes les politiques, avec des mécanismes et solutions qui s’adaptent aux réalités respectives des pays et des gouvernements impliqués.  S’agissant de l’évaluation de ce qui se passe, il faut s’assurer que les objectifs que l’on s’assigne sont atteints, a préconisé M. Deutscher.  Je sais que la complexité du système sur lequel s’appuie l’action des donateurs peut représenter un obstacle et peut être une source de manque d’efficacité, a-t-il dit en mettant l’accent sur l’importance de la reddition des comptes.  Tout en notant une croissance dans l’efficacité de l’aide, il s’est cependant demandé si la mise en œuvre des déclarations de Paris et d’Accra était vraiment effective.


M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Professeur à l’Université Columbia de New York, a jugé nécessaire la mise en place d’une architecture internationale économique qui soit cohérente avec les perspectives de développement.  Il a à cet égard mis l’accent sur l’importance de la migration, du commerce et de la finance.  Il a jugé essentiel de créer au sein de l’ECOSOC une commission sur la migration et le développement.  Pour ce qui est du commerce, il a souhaité qu’outre le Cycle de Doha, soit abordée de manière prioritaire la question de l’effondrement du caractère multilatéral du système de commerce international en raison de la multiplication d’accords bilatéraux de différents types.  Du fait de la multiplication d’accords commerciaux bilatéraux, a-t-il dit, « il faudrait transformer la clause de la nation la plus favorisée en clause de la nation la moins favorisée ».  M. Ocampo a invité les pays en développement à s’appuyer sur le commerce Sud-Sud, dont la nature et la composition seront essentielles dans les années à venir en matière de promotion du développement. 


En ce qui concerne la réforme financière, a-t-il dit, nous espérons que des lois américaines et européennes verront le jour prochainement sur la question.  Les pays en développement ont pris de vitesse les pays développés en procédant à leurs propres réformes financières suite aux crises asiatique et d’Amérique latine, a rappelé M. Ocampo.  Il a regretté que les flux de capitaux transfrontaliers ne fassent l’objet d’aucune discussion de fond, alors que les pays en développement ont beaucoup souffert de la volatilité de ces capitaux.  Il a souhaité l’établissement d’un cadre financier international fondé sur les droits de tirage spéciaux (DTS) et qu’un nom soit donné à cette nouvelle forme de monnaie de réserve émise par le Fonds monétaire international (FMI).  Il faut faire des DTS la principale monnaie de réserve conformément à l’accord formant la base de la création et du fonctionnement du FMI, a-t-il ajouté en estimant également nécessaire de donner aux banques de développement les moyens d’agir très vite pour pouvoir faire face aux crises à venir.  


Débat interactif


Les intervenants au débat interactif ont soulevé les questions qui se posent en ce qui concerne la cohérence de l’aide au développement, soulignant notamment combien la cohérence peut contribuer à l’efficacité de l’aide.  Ils ont aussi reconnu qu’il fallait encore en faire davantage pour améliorer cette efficacité.


Pour le représentant du Yémen, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la coopération en matière de développement ne devrait pas servir d’autres projets que ceux conçus dans le cadre des Nations Unies.  L’ONU doit en effet jouer un rôle de chef de file pour s’attaquer aux problèmes économiques et financiers internationaux, a-t-il estimé. 


Le représentant de l’Argentine a estimé que les Nations Unies progressent vers l’objectif du renforcement de la cohérence de l’aide au développement.  On a compris qu’il n’y a pas de système universel en matière de coopération au développement, a-t-il aussi noté.  Il a fait part de l’expérience de son pays, l’Argentine, qui a adopté une approche permettant de mieux définir ses besoins, en se basant sur les priorités fixées par le Gouvernement.


Une absence de cohérence dans les politiques d’aide au développement risque de rendre les pays bénéficiaires dépendants de cette aide étrangère, a prévenu le Vice-Ministre de la Fédération de Russie.  La représentante de l’Union européenne (UE), reconnaissant que les politiques d’aide ne peuvent pas être élaborées sans cohérence, a donné en exemple le modèle adopté par l’UE en la matière.  Elle a notamment indiqué qu’une conférence sur le développement entre l’Union européenne et l’Asie se tient en ce moment même.  « L’UE souhaite en outre organiser un forum de haut niveau sur la cohérence des politiques, dans l’objectif de coordonner nos efforts à l’avenir », a annoncé la représentante.  De son côté, le représentant de l’Union interparlementaire (UIP) a invité l’ECOSOC et la communauté internationale à faire davantage appel aux parlements pour assurer la cohérence de l’aide au développement.


Plusieurs intervenants, comme les représentants de l’Indonésie et de la Belgique, ont cependant souhaité qu’on évite de créer de nouveaux mécanismes pour assurer la cohérence de l’aide.  De son côté, le représentant du Brésil a souhaité que la cohérence ne soit pas une fin en soi et ne se limite pas aux projets.  Il a demandé que l’on aille au-delà des orientations données aux programmes et que l’on prenne en compte toutes les conséquences de leur mise en œuvre sur le terrain.


Pour sa part, le représentant de la France, tout en reconnaissant qu’il faut avancer dans la mise en œuvre du Programme d’action de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement, a évoqué les avantages que peut offrir une certaine concurrence entre les donateurs.  En outre, il a estimé que la préservation des biens publics mondiaux, qui, a-t-il rappelé, fait partie des trois objectifs de l’aide au développement, pouvait justifier qu’on utilise des ressources de façon « moins concessionnelle » avec les pays émergeants.


Les autres délégations participant à ce débat étaient les représentants du Nicaragua, de la Chine, du Bangladesh, d’Israël, de l’Espagne, du Népal, du Guatemala, du Maroc et du Venezuela.


Deuxième concertation sur le thème « Responsabilité et transparence dans la coopération pour le développement: comment former des partenariats plus équilibrés? »


Animée par M. ANDERS JOHNSSON, Secrétaire général de l’Union interparlementaire (UIP), cette deuxième concertation a vu des interventions préalables de M. Mustafa Mkulo, Ministre des finances et des affaires économiques de la République-Unie de Tanzanie; Mme Irene Freudenschuss-Reichl, Directrice générale de la coopération pour le développement au Ministère fédéral des affaires européennes et internationales de l’Autriche; M. Michael Anderson, Directeur général du Département du développement international du Royaume-Uni, et de Mme Ingrid Srinath, Secrétaire générale de l’Alliance mondiale pour la participation des citoyens (CIVICUS).


M. ANDERS JOHNSSON, Secrétaire général de l’Union interparlementaire, a mis l’accent sur le rôle crucial des parlements dans la réforme de l’architecture de l’aide, surtout quant il s’agit de promouvoir la transparence.  Il a regretté que la plupart des pays n’aient pas clairement défini leur politique d’aide au développement.  Il a dit que des politiques mutuellement acceptées devraient être la première étape d’une bonne aide au développement, tout en regrettant l’insuffisance de progrès nécessaires pour modifier les comportements des pays.  


M. MUSTAFA MKULO, Ministre des finances et des affaires économiques (République-Unie de Tanzanie), a estimé qu’il restait de nombreuses préoccupations relatives à l’efficacité de l’aide et à la responsabilisation des pays donateurs.  Nous sommes face à de grandes faiblesses en ce qui concerne le leadership de certains pays en développement, a-t-il ajouté en regrettant également un manque de transparence dans l’attribution de l’aide.  Nous nous sommes engagés dans des réformes du système de gestion des finances publiques dans un souci de suivi interne des efforts de développement avec nos partenaires, a ajouté le Ministre tanzanien.  Cela renforce l’action que nous menons et place aussi nos partenaires du développement sous la même exigence de contrôle et de reddition de compte qui est imposée au gouvernement récipiendaire de l’aide, a dit M. Mkulo.  Il a mis l’accent sur l’importance de la société civile en matière de responsabilité et d’établissement de la transparence dans la coopération pour le développement.  Il a indiqué que la plate-forme de gestion de l’aide a été lancée récemment dans le souci de mettre l’accent sur la réduction de la pauvreté. 


Mme IRENE FREUDENSCHUSS-REICHL, Directrice générale de la coopération pour le développement au Ministère fédéral des affaires européennes et internationales (Autriche), a rappelé que le récent colloque de Vienne sur la coopération aux fins du développement a mis l’accent sur le rôle crucial des parlements en ce qui concerne la mise en œuvre des principes de responsabilité mutuelle.  Le développement des capacités doit se voir accorder l’attention et le financement qui lui sont nécessaires, a-t-elle dit en mettant l’accent sur la promotion de l’échange d’expérience et sur la conduite du concept de l’examen par les pairs.  L’Autriche a mis en place un plan étalé sur la période 2009-2001 pour mettre en œuvre le Programme d’action d’Accra, a dit la représentante.  Nous avons mis au point un système pour gérer et mesurer les résultats, a-t-elle précisé, en indiquant que l’Autriche commençait à mettre en place un mode de gestion axée sur la recherche du résultat dans tous les programmes de développement. 


M. MICHAEL ANDERSON, Directeur général du Département du développement international (DFID, du Royaume-Uni), a estimé que la responsabilité et la transparence représentaient l’avenir de l’aide et de la coopération au développement et a affirmé que l’établissement de la transparence était une des priorités du gouvernement britannique.  En effet, les principes ci-dessus évoqués permettront d’améliorer les résultats, en même temps qu’ils donnent davantage de pouvoir aux citoyens et changent la dynamique du pouvoir, a estimé M. Anderson.  Il a cité en exemple le cas d’hôpitaux en Ouganda où la transparence a conduit à une meilleure gestion et à un meilleur fonctionnement des structures, permettant ainsi de sauver des vies.  La transparence permet aussi aux medias de mieux informer le public, dont les citoyens contribuables des pays donateurs et les citoyens des pays bénéficiaires de l’aide, et elle incite les responsables à mieux travailler.  Cette volonté de transparence du Gouvernement britannique ne concerne pas seulement l’aide au développement, a expliqué M. Anderson, qui a déclaré qu’à partir du 1er janvier 2011, tous les marchés passés au Royaume-Uni seraient publiés sur l’Internet, ainsi que les dépenses de tous les hauts fonctionnaires et membres du Gouvernement britannique.


Mme INGRID SRINATH, Secrétaire générale de l’Alliance mondiale pour la participation des citoyens (CIVICUS), a déclaré que le Forum pour la coopération en matière de développement était l’une des rares enceintes où la société civile pouvait s’exprimer et s’en est dite très reconnaissante.  Elle a ensuite exprimé sa surprise et sa perplexité: s’il y a un accord général sur les notions de transparence, de responsabilité publique et de cohérence des politiques, si nous sommes tous d’accord, pourquoi en sommes-nous encore au point actuel?  Pourquoi cette différence entre les annonces faites et la réalité de terrain?  Pour Mme Srinath, on cherche en fait à trouver des solutions technocratiques à un problème qui est essentiellement politique.  « Ce qu’il faut, c’est renforcer le rôle de la société civile dans tous les domaines de la coopération pour le développement », a-t-elle dit.  Or, trop souvent, la société civile est considérée comme un acteur marginal, alors qu’il faudrait la considérer comme un facteur de compensation qui comble un déficit de démocratie.  Il faut assurer la participation de la société civile à l’élaboration des politiques nationales et des plans, et établir des liens entre la société civile et la société internationale, a-t-elle préconisé.  Pour Mme Srinath, il est possible, si on associe la société civile à toutes les prises de décisions, d’atteindre les objectifs que la communauté internationale s’est fixés en matière de développement.  Or, ce n’est pas la tendance actuelle, a-t-elle affirmé, ajoutant que c’est dans les pays où la participation de la société civile serait la plus nécessaire qu’elle est justement la plus réduite.


Débat interactif


Le représentant de l’Indonésie a déclaré que le concept de l’efficacité de l’aide est devenu un outil important de l’aide au développement avec la baisse de l’APD, et depuis que l’Indonésie est devenue un pays à revenu intermédiaire.  L’engagement de djakarta vise à renforcer la responsabilité et la transparence dans la coopération pour le développement, notamment en alignant les programmes des donateurs sur la planification de nos objectifs de développement, a-t-il dit. Intégrer le principe d’efficacité a été un jalon important dans l’édification de partenariats en Indonésie et a permis au Gouvernement de devenir plus transparent.  Si l’Indonésie a longtemps bénéficié de l’APD, elle souhaite devenir un pays donateur dans le cadre de la coopération Sud-Sud.


Intervenant au nom de l’Union européenne, le représentant de l’Espagne a regretté la lenteur des progrès en matière d’intégration des notions de responsabilité et de transparence dans la coopération pour le développement.  Il a jugé essentiel l’établissement d’un mécanisme de responsabilisation qui pourra aider les pays à respecter leurs engagements au niveau mondial.  Il a suggéré de transformer l’accord du Consensus de Monterrey en un modèle de responsabilisation des États en matière de financement du développement.


Reprenant la parole au nom de l’Espagne, il a dit que son pays proposait l’établissement d’un « registre mondial des engagements pris », ceci dans le souci d’en assurer un suivi


Le représentant de l’organisation « Nord-Sud 21 » a insisté sur la nécessité de mettre l’accent sur le soutien aux populations les plus vulnérables.  Il a souhaité que tout effort de développement s’appuie sur le respect des promesses de financement des programmes.  La réalisation des programmes de développement dépend en effet du respect des principes et de celui des engagements pris, a-t-il dit.


Le représentant du Nicaragua a souhaité la conception d’une nouvelle forme de développement dont le financement devrait inclure l’imposition des taxes sur les transactions financières et les émissions de gaz à effet de serre.  Celui de la Sierra Leone a jugé essentiel que la société civile joue un rôle pour  assurer la promotion de la responsabilisation et de la transparence. 


Répondant à cette première série de remarques et de questions, Mme SRINATH a estimé que la société civile apportait la plus grande valeur ajoutée en termes de responsabilisation et de transparence.  C’est pourquoi, elle a jugé essentiel de protéger les droits de la société civile.  De son côté Mme FREUDENSCHUSS-REICHL a rappelé que les ONG ne pouvaient fonctionner au mieux que dans des situations où les populations peuvent jouir pleinement de leurs droits et libertés fondamentales. 


« Bien que nous soyons toujours d’accord sur la nécessité de la responsabilité mutuelle, nous ne sommes pas toujours d’accord sur les cadres de responsabilisation existants », a dit le représentant du Brésil en souhaitant l’adoption d’un cadre de développement mesurable par des résultats tangibles. De son côté, le représentant de l’Irlande a estimé prioritaire de répondre aux lacunes et au manque de capacités des pays en développement.


Le représentant de « Finnish Kepa » a indiqué que 56 acteurs de la société civile ont convenu en 2008 de la création d’un forum ouvert dont les débats leur permettraient de s’accorder sur les mécanismes qui permettront d’améliorer l’efficacité de la contribution de la société civile. 


Le représentant de l’Argentine a estimé que l’APD n’était efficace que si elle appuyait de politiques nationales.  Il a jugé essentiel d’adapter les mesures anticorruption aux conditions locales afin de s’assurer que ces mesures ne viennent pas faire obstacles aux politiques de développement. Le représentant de l’Union interparlementaire a déclaré qu’il était indispensable que les gouvernements puissent s’appuyer sur un parlement compétent en matière de politique de développement.


Répondant aux remarques des délégations la Directrice générale de la coopération pour le développement de l’Autriche a estimé qu’il fallait un paradigme du développement qui fonctionne pour l’ensemble de la planète pour garantir une efficacité de l’aide.  Et ce paradigme ne peut être que le paradigme du développement durable tel que défini à Rio en 1992, a-t-elle insisté.


Répondant à une question du représentant du Fonds monétaire international (FMI) sur les moyens de corriger les déséquilibres qui existent entre les ONG internationales et celles d’obédience nationale, Mme SRINATH a indiqué que CIVICUS a souligné l’importance de fédérer ces différentes organisations dans le souci d’établir un équilibre entre les grandes ONG du Nord et les petites ONG du Sud. 


Répondant à une question de la représentante de la Mongolie qui portait sur la différence entre efficacité de l’aide et efficacité du développement, le représentant du Canada a estimé qu’il ne fallait pas seulement tenir compte de la quantité des flux officiels d’APD, mais aussi d’autres éléments, comme les envois des migrants et l’investissement privé.


Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général de l’Union interparlementaire a exhorté les parlementaires à prendre des initiatives en rappelant que l’APD était gérée par leurs gouvernements.


Troisième concertation sur le thème « La coopération triangulaire Sud-Sud et la coopération pour le développement décentralisée »


La troisième concertation du Forum pour la coopération en matière de développement, portant sur la coopération triangulaire Sud-Sud et la coopération pour le développement décentralisée, était animée par M. HARDEEP SINGH PURI, Représentant permanent de l’Inde auprès des Nations Unies.  Les déclarations liminaires ont été faites par MM. Christoph Beier, Directeur général de l’Agence allemande de coopération technique (GTZ); Luiz Pereira, Gouverneur adjoint de la Banque centrale du Brésil; Enrique Maduri Londoño, Directeur de la coopération internationale au Ministère des affaires étrangères (Colombie), et par Mme Elisabeth Gateau, Secrétaire générale de Cités et Gouvernements locaux unis. 


M. HARDEEP SINGH PURI a rappelé que les années récentes ont été marquées par l’émergence de nouveaux acteurs de la coopération au développement, comme la philanthropie, dont les ressources et la participation atteignent 17% de l’ensemble de la coopération au développement; les financements du secteur privé; ou encore la coopération Sud-Sud, qui représentait fin 2008 environ 10% de la coopération au développement mais qui n’a pas été épargnée par la crise mondiale, qui a entraîné notamment une contraction de 13% du commerce mondial et la chute dans la pauvreté de 70 millions de personnes supplémentaires.  La coopération Sud-Sud est au goût du jour car elle présente des avantages évidents, a poursuivi le modérateur.  Elle diffère à beaucoup d’égards de la coopération Nord-Sud et présente souvent des avantages mais, en termes de moyens, est encore loin de pouvoir se substituer à la coopération Nord-Sud, a-t-il toutefois estimé. 


M. CHRISTOPH BEIER, Directeur général de l’Agence allemande de coopération technique (GTZ), qui a déclaré s’exprimer non en tant que responsable gouvernemental mais sur la base de son expérience pratique, a expliqué que la coopération Sud-Sud n’était pas le résultat d’une étude scientifique sur l’efficacité relative des différentes formes de coopération, mais la conséquence des changements qui s’opèrent dans le monde, et en particulier des changements dans les demandes d’apprentissage des connaissances.  Ce n’est pas toujours la meilleure façon de coopérer, a-t-il affirmé, mais, dans certains domaines, c’est une forme « fantastique » de coopération.  Il faut donc identifier les domaines dans lesquels la coopération Sud-Sud est la plus utile et la plus efficace.  Pour M. Beier, elle est toujours intéressante dans le cas de solutions déjà appliquées avec succès dans d’autres pays du Sud.  Il a cité en exemple l’Alliance pour l’inclusion financière, financée par la Fondation Bill et Melinda Gates, et qui concerne des opérations de microfinance.  Pour M. Beier, les acteurs plus traditionnels de la coopération internationale au développement devraient être moins hésitants face aux nouveaux acteurs et au contraire examiner leur agenda, leurs réflexions, leurs approches, pour en tirer des enseignements.


M. LUIZ PEREIRA, Gouverneur adjoint de la Banque centrale du Brésil, a  rappelé qu’il restait encore à appréhender les conséquences de la crise financière sur la coopération internationale au développement classique.  Nous devons nous attendre à une diminution des flux d’aide publique et privée de certains États du Nord vers les pays en développement, a-t-il ajouté.  En revanche, même pendant la crise, certaines économies de pays émergents continuent de croître.  C’est le cas de celle du Brésil, qui a pu renforcer sa coopération Sud-Sud en essayant de trouver des créneaux porteurs, notamment avec les pays qui sont ses partenaires en Afrique.  M. Pereira a estimé que certains des besoins spécifiques de tels partenaires pouvaient être satisfaits par la coopération au développement d’un pays comme le Brésil.  Il a cité en exemple les techniques de développement agricole, notamment d’amélioration de la qualité des sols, la lutte contre le VIH/sida, ou encore le système efficace de prélèvement des impôts du Brésil.  Nous avons de bonnes équipes qui coûtent relativement peu cher par rapport à d’autres, a-t-il affirmé.  Toutefois, les pays émergents comme le Brésil ont des ressources encore limitées pour la coopération au développement. D’où l’intérêt d’obtenir du Nord, ou d’institutions internationales ou encore privées, des financements pour la coopération Sud-Sud, d’autant que l’aide internationale sera sans doute plus instable à l’avenir, a dit M. Pereira.


M. ENRIQUE MARURI LONDOÑO, Directeur de la coopération internationale au Ministère des affaires étrangères (Colombie), a déclaré que la multiplication des relations politiques, économiques et commerciales ne se limitait pas aux pays du Groupe du BRIC, mais qu’elle atteignait aussi des pays comme la Colombie.  Il a jugé essentiel de « développer des relations avec des pays avec lesquels on ne coopérait pas d’habitude », comme notamment les pays en développement très peuplés dotés d’un secteur économique dynamique et d’institutions assez stables, dont l’Indonésie, le Viet Nam, la Turquie, l’Égypte ou encore l’Afrique du Sud.  Il a mis l’accent sur l’importance de la conservation des biens publics.  Pour la Colombie, la biodiversité et la protection des forêts sont deux chapitres très importants, a dit M. Londoño, en soulignant la nécessité de se doter au niveau national de services qui vont rechercher des partenariats stratégiques.  Le multilatéralisme doit assumer un rôle différent pour passer du rôle de coordonnateur à celui de cadre qui favorise les échanges, a dit le représentant.  Par ailleurs, il a insisté sur le rôle de la société civile et du secteur privé pour favoriser l’échange de connaissances et la collaboration entre personnes et institutions.  Illustrant la contribution de la Colombie à la coopération triangulaire Sud-Sud, il a précisé que son pays avait des relations avec 40 pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire.  S’agissant du groupe de travail sur la coopération Sud-Sud qui rassemble 400 personnes originaires de 45 pays et 26 ONG, il a rappelé qu’il avait pour but de préparer le Forum sur l’efficacité de l’aide, dont les travaux auront lieu à Seoul en 2011.  Il faut encourager des mécanismes plus souples qui favorisent un développement rapide notamment par l’échange de connaissances, a-t-il insisté.


Mme ELISABETH GATEAU, Secrétaire générale de Cités et Gouvernements locaux unis, a rappelé que son ONG était le fruit d’une fusion de réseaux de grandes organisations de villes dont l’une des missions est de modifier la relation avec les institutions onusiennes.  Elle a regretté que l’impact et la contribution des gouvernements locaux soient souvent sous-estimés.  Elle a mis l’accent sur l’importance des villes moyennes d’Afrique qui vont faire face à une explosion démographique dans les décennies à venir sans avoir les moyens d’y faire face.  Elle a regretté l’insuffisance de réflexion à l’ONU sur les capacités des gouvernements locaux « qui sont ceux qui, en dernière instance, délivrent les services essentiels dans nos rues et nos quartiers et luttent contre la pauvreté ».  Les gouvernements locaux sont de très bons partenaires si l’on veut atteindre les OMD, a-t-elle dit, car ils sont des éléments essentiels de la transparence grâce à leur proximité.  Ils sont les vecteurs d’une aide qui prend très bien en compte la demande des partenaires et sont ceux qui inventent des stratégies de développement, de planification de stratégies urbaines, et qui inventent la ville telle qu’elle sera dans 20 ans.  Une des causes de l’inefficacité de l’aide est certainement que ses bénéfices ne se font pas sentir le terrain, a-t-elle estimé en souhaitant que 25% de l’aide internationale soit dirigée vers le niveau local, et non pas moins de 10%, comme c’est le cas  aujourd’hui.  Elle a souhaité que le Secrétaire général réexamine son rapport et notamment l’affirmation selon laquelle « il ne serait pas démontré que la bonne gouvernance est un facteur d’efficacité de l’aide ».  Elle a cité en exemple « ce qui se passe dans les pays qui prennent leurs villes au sérieux, comme c’est le cas au Brésil ».  


Débat interactif


Les intervenants au débat interactif ont très souvent insisté sur le fait que la coopération Sud-Sud n’avait pas vocation à remplacer la coopération Nord-Sud, mais plutôt à la compléter.  Le représentant du Mexique a estimé que la coopération Sud-Sud pouvait apporter des éléments novateurs et des synergies positives à la coopération Nord-Sud.


Parmi les avantages de la coopération Sud-Sud, le représentant de la Chine a cité sa rapidité et sa meilleure adaptation aux pays bénéficiaires.  Plusieurs orateurs, à l’image des représentants du Nicaragua ou encore du Brésil, ont notamment insisté sur le caractère inconditionnel de cette coopération, alors que la conditionnalité a été identifiée, y compris par le modérateur et représentant de l’Inde comme typique de la coopération Nord-Sud.


La représentante du Portugal, qui a estimé que la coopération Sud-Sud n’était ni meilleure ni pire que les autres formes de coopération, et que tout devait être évalué au cas par cas, a jugé essentiel de collecter des données pour mieux connaître ces nouveaux flux d’aide, qui sont appelés à augmenter.  Elle a en outre remis en question le concept Nord-Sud, dans un monde de plus en plus multipolaire, dont témoigne le rôle croissant du G-20.  M. LONDOÑO a appuyé cette position en suggérant de parler de coopération transversale.


Quant au représentant de la France, qui a rappelé que l’Union européenne fournit au total 60% de l’APD mondiale alors qu’elle représente 30% du PIB mondial, il a vu l’émergence des nouveaux bailleurs de fonds comme un moyen de renouveler les paradigmes de la coopération au développement, et a souhaité qu’on discute de la coopération Sud-Sud dans tous les forums, comme dans le cadre du Forum pour la coopération en matière de développement, mais aussi au G-20.


Plusieurs intervenants ont fait remarquer que la coopération Sud-Sud disposait de ressources encore limitées.  Le représentant du Brésil y a vu une obligation supplémentaire de faire preuve d’efficacité.  Le représentant de l’Espagne a estimé qu’il fallait appliquer à la coopération Sud-Sud ou à la coopération triangulaire, comme ailleurs, de la rigueur, et mettre en place des indicateurs de succès et repérer et faire connaître les bonnes pratiques.  Les donateurs traditionnels ont sans doute mis beaucoup trop de temps pour adopter de telles mesures, a-t-il observé.


Pour la représentante de l’Uruguay la coopération Sud-Sud doit permettre de mettre en avant le développement humain, et son succès dépend avant tout du renforcement des capacités nationales des pays et de la mise en place de mécanismes de validation et d’évaluation des critères de la coopération Sud-Sud, qui doivent être fixés.


Toutefois, comme l’a fait remarquer le représentant du Japon, il semble y avoir un conflit verbal entre le Nord et le Sud: le Nord insiste sur l’imposition de règles pour évaluer l’efficacité de la coopération Sud-Sud, alors que les pays du Sud insistent sur le fait que cette coopération est plutôt une manifestation de solidarité qui n’a pas à appliquer les critères du Nord. 


De fait, la représentante du Venezuela a estimé que des programmes de coopération comme ALBA ou la Banque du Sud représentaient des formes de solidarité entre peuples et des formes d’engagement d’indemnisation réciproque et non pas des mécanismes commerciaux.


Le Vice-Ministre de la Fédération de Russie a, pour sa part, souhaité une utilisation rationnelle des différentes formes de coopération.


Le représentant de la Banque mondiale a mis en avant l’échange de savoir-faire et l’apprentissage dans le cadre de la coopération Sud-Sud.  Ces échanges sont particulièrement fructueux lorsque qu’ils se font entre praticiens et quand on s’intéresse à ce qui fonctionne ou pas, a-t-il estimé, avant de préconiser un cadre plus systématique pour ces échanges et apprentissages.


Le représentant de l’Union interparlementaire a mis l’accent sur la coopération transfrontalière, qui permet de décloisonner des régions.  Il a ajouté que l’intégration régionale favorise la cohérence des politiques et contribue à la paix.  Constatant par ailleurs que la coopération Sud-Sud prenait de plus en plus la forme de mécanismes de troc, il a souhaité que l’on veille à ce que les termes de l’échange soient équitables et il a suggéré que des agences de l’ONU, en particulier la CNUCED, étudient l’équité des termes de cet échange. 


Mais plusieurs orateurs, dont le représentant de l’Inde, ont contesté que la coopération Sud-Sud soit composée essentiellement de trocs.


Le représentant du Népal a souhaité que la coopération Sud-Sud puisse fonctionner notamment dans le domaine du commerce.


La représentante d’Israël a demandé s’il y avait une interaction entre l’organisation « Cités et Gouvernements locaux unis » et Habitat, et ce que devaient faire les gouvernements locaux pour que l’aide réponde efficacement aux besoins du terrain.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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