ECOSOC/6430

Le Conseil économique et social entame les travaux de sa session de fond de 2010, axée sur l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes

28/06/2010
Conseil économique et socialECOSOC/6430
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fonds de 2010

11e et 12e séances – Matin & après-midi


L E CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ENTAME LES TRAVAUX DE SA SESSION DE FOND DE 2010, AXÉE SUR L'ÉGALITE ENTRE LES SEXES ET L'AUTONOMISATION DES FEMMES


« Tant que les femmes et les filles ne seront pas à l’abri de la pauvreté et de l’injustice, nos objectifs de paix, de sécurité et de développement durable seront menacés », a déclaré ce matin M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies à l’ouverture de la session de fond de 2010 du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), qui se tient au Siège, à New York, du lundi 28 juin au vendredi 23 juillet.


L’autonomisation des femmes est un impératif économique et social, a encore insisté M. Ban à l’ouverture de cette session de fond de 2010 consacrée à l’examen de la réalisation des objectifs et engagements internationaux dans le domaine de l'égalité entre les sexes et de l'autonomisation des femmes.  Il est inacceptable que des mères continuent de mourir au moment où elles donnent naissance, a souligné le Secrétaire général, en rappelant que 10 à 15 millions de femmes souffrent et sont chaque année frappées d’incapacités à long terme du fait de complications liées à la grossesse.


Intervenant par vidéoconférence depuis Johannesburg, Mme Michelle Bachelet, ancienne Présidente du Chili, a exhorté la communauté internationale à transformer les principes de Beijing en actions concrètes et à se concentrer sur la lutte contre une inégalité et des discriminations contre les femmes qui sont très souvent ancrées dans des justifications culturelles et religieuses.  « Une meilleure éducation des femmes permettra un grand essor de nos économies », a, de son côté estimé, M. Andrew Mitchell, Secrétaire d’État au développement international du Royaume-Uni, en souhaitant que l’on se concentre sur l’éducation des filles pour pouvoir un jour mettre les femmes au centre des processus de décision.


Rappelant que cette session de fond de l’ECOSOC représente le plus important événement du Conseil, son Président, M. Hamidon Ali de la Malaisie, a souhaité que le débat de haut niveau permette aux délégations de renforcer les liens entre égalité des sexes, droits des femmes et non-discrimination afin d’en faire les piliers de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Le Président de l’ECOSOC a émis l’espoir qu’au terme de son Examen ministériel et de son débat de haut niveau, cette session de fond du Conseil économique et social adopte une déclaration ministérielle courte et tournée vers l’action.  Cette Déclaration devra « pouvoir être perçue par l’homme de la rue comme étant l’expression de la volonté de la communauté internationale », a insisté M. Ali.


En début de journée et dans l’après-midi, le Conseil a également entendu les présentations, suivies de débats interactifs, des exposés nationaux facultatifs sur l’autonomisation des femmes, du Brésil, du  Guatemala, des Pays-Bas et de la République de Moldova.

L’ECOSOC a également entendu des comptes-rendus des réunions préparatoires qui sont tenues en vue du déroulement de l’Examen ministériel annuel, à savoir la Réunion régionale africaine, qui a eu lieu à Dakar, au Sénégal, sur le thème « Les femmes et la santé »(1); la Réunion préparatoire mondiale, tenue à New York sur le thème: « Qui nourrit le monde en 2010 et au-delà? Les femmes rurales en tant qu’agentes du changement et championnes de la sécurité alimentaire mondiale »; et la Manifestation spéciale organisée à New York sur le thème: « La philanthropie au service de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes ».


En début de journée, les 54 membres de l’ECOSOC ont adopté l’ordre du jour provisoire annoté de cette session de fond(2), ainsi que le projet de programme de travail(3), et ils ont pris note de l’état de la documentation prévue pour la session(4) ainsi que de la liste des organisations non gouvernementales (ONG) qui souhaitent être entendues par l’ECOSOC(5).

Les quatre semaines de travaux de la session de fond de l’ECOSOC seront consacrées respectivement aux questions de coordination (6-8 juillet), aux activités opérationnelles (9-13 juillet), aux affaires humanitaires (14-15 juillet), et aux questions diverses (16-22 juillet).  Le débat sur les questions de coordination sera axé sur le suivi de la Déclaration ministérielle de 2009, qui portait sur la « mise en œuvre des objectifs arrêtés et des engagements pris sur le plan international en matière de développement durable, sous l’angle de la santé publique mondiale », et sur la « suite donnée à la Conférence internationale sur le financement du développement ».  Le débat consacré aux activités opérationnelles sera quant à lui axé sur la « suite donnée aux recommandations de politique générale de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social ».  Ce débat fournira aux États Membres une occasion d’orienter les préparatifs de l’« Examen quadriennal complet », en s’appuyant sur une analyse des progrès accomplis ces deux dernières années dans la réalisation des recommandations de l’« Examen triennal complet de 2007 des activités opérationnelles de développement du système de l’ONU ».

Le débat que l’ECOSOC consacrera aux affaires humanitaires, abordera les activités liées au renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence du système de l’ONU.  Enfin le segment de la session de fond de l’ECOSOC qui sera consacré aux questions diversessera l’occasion pour les États Membres de se pencher sur l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés (PMA), la mise en œuvre coordonnée du Programme pour l’habitat, et l’intégration d’une perspective sexospécifique dans toutes les politiques.


Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux demain, mardi 29 juin, à 10 heures.  Pour plus d’information sur le programme de la session de fond, on peut consulter les documents accessibles sur le lien électronique www.un.org/fr/ecosoc/substantivesession/.


(1)      contenu au document E/2010/75

(2)      contenu au document E/2010/100

(3)      contenu au document E/2010/L.5

(4)      contenu au document E/2010/L.6

(5)      liste d’ONG contenue au document E/2010/97


DÉBAT DE HAUT NIVEAU


Discours d’ouverture du Président du Conseil économique et social


M. HAMIDON ALI (Malaisie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que la session de fond de l’ECOSOC dans son ensemble, et son Segment de haut niveau en particulier, représentaient le plus important événement du calendrier annuel du Conseil économique et social.  Cette session joue donc un rôle important dans la revitalisation du Conseil, a dit Hamidon Ali.  Le Segment de haut niveau doit donc produire des résultats dans le domaine de l’orientation politique et de la promotion de la cohérence, qui doivent être à la fois tangibles et compréhensibles, non seulement en ce qui concerne les membres du Conseil mais aussi le grand public.  En ce sens, M. Ali a recommandé l’adoption d’une déclaration ministérielle qui soit à la fois courte et tournée vers l’action, et qui « puisse être perçue par l’homme de la rue comme l’expression de la volonté de la communauté internationale ».  Rappelant qu’il n’avait pas été possible pour les États, pour des raisons de calendrier, de se mettre d’accord sur cette déclaration finale avant l’ouverture de la présente session, M. Ali a néanmoins indiqué que de très grands progrès avaient été accomplis pour parvenir à un consensus sur le texte.


Le Président de l’ECOSOC a ensuite rappelé ses souhaits personnels concernant le travail du Conseil.  Il a ainsi souhaité l’adoption d’un ordre du jour proactif et constructif et a demandé que le Conseil adopte des textes plus courts et mieux ciblés; plutôt que de discourir et de se contenter d’une avalanche de mots qui nous engloutit, nous devons produire des résultats, a-t-il déclaré.  Il s’est prononcé pour une plus grande transparence et un dialogue honnête qui permettent d’améliorer le climat entourant l’ECOSOC.  Il a souhaité que le Conseil puisse aller au-delà des positions de principe et se conformer au mandat et au rôle qui sont les siens au sein du système des Nations Unies.


M. Ali a estimé que le thème choisi pour l’Examen ministériel annuel, « Mise en œuvre des objectifs arrêtés et des engagements pris sur le plan international en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation de la femme », est particulièrement opportun dans la mesure où les femmes restent trop souvent les plus pauvres et les plus marginalisées.  La discussion nous permettra de renforcer les liens entre égalité des sexes, droits des femmes et non-discrimination comme éléments de progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a dit Hamidon Ali.  Il a rappelé que, malgré la généralisation de la sensibilisation, la discrimination sexuelle qui s’exerce aux dépens des femmes et des fillettes se poursuit.  Il a ensuite rappelé le travail de préparation accompli avant cet Examen ministériel, en précisant notamment que la Réunion préparatoire mondiale avait adressé un message clair aux participants à la présente session de l’ECOSOC, à savoir que les femmes rurales avaient un rôle essentiel à jouer dans la réduction de la pauvreté et de la faim, et donc dans le développement durable.


Le Président du Conseil a par ailleurs rappelé que le deuxième Forum de coopération pour le développement sera l’occasion, cette année, d’accélérer le partenariat mondial pour le développement.  Il a rappelé que, malgré le maintien de l’aide à un niveau constant, ce niveau restait inférieur aux engagements pris lors des Sommets des Nations Unies ou encore ceux du G-8.  Il a estimé que le Forum avait le potentiel nécessaire pour devenir le lieu principal d’un dialogue mondial et celui de l’examen des politiques de coopération internationale dans des domaines essentiels pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  L’efficacité et le potentiel du Forum sont cependant limités par le fait que cet organe ne se réunit qu’une fois tous les deux ans, qu’il ne produit qu’un résumé fait par sa présidence, et qu’il n’est pas lié institutionnellement à « d’autres processus de la coopération pour le développement », a regretté Hamidon Ali.  Il a estimé que cette question devrait être débattue lors de la prochaine session de l’Assemblée générale.


Allocution du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), a déclaré que le monde vit à l’ombre d’incertitudes économiques et financières sans précédent, alors que les crises financière, alimentaire et climatique ont mis en péril la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il s’est inquiété que des dizaines de millions de personnes supplémentaires aient été réduites à la pauvreté absolue en raison des récentes crises et qu’un fossé énorme continue de se creuser entre riches et pauvres, ainsi qu’entre les populations rurales et les populations urbaines, et entre les femmes et les hommes.  Néanmoins, le Secrétaire général s’est dit confiant, car des signes encourageants montrent que des progrès ont été accomplis dans la mise en œuvre des OMD dans de nombreux pays.  Plus d’enfants que jamais auparavant ont accès à l’éducation, avec 85% des enfants scolarisés au niveau primaire à travers le monde.  Nous avons vu aussi une augmentation très forte de l’accès aux médicaments antirétroviraux, et des dizaines de millions de vies ont pu être sauvées grâce à l’action conjuguée de l’ONU, des gouvernements et de la société civile.


Il a mis en garde contre une réalisation très inégale des OMD qui ne seront certainement pas atteints dans les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement (PEID), les pays enclavés ou les pays qui émergent de conflits.  Les changements climatiques deviennent une menace pour la sécurité alimentaire, alors que la vaste majorité des populations dans le monde ont encore besoin d’une amélioration drastique de leur qualité de vie, a-t-il dit, en souhaitant que les bénéfices du développement soient mieux partagés.  Ban Ki-moon s’est dit encouragé par le récent engagement des dirigeants du G-20 d’accélérer la mise en œuvre des OMD, en notant que le prochain Sommet du G-20, qui se tiendra à Séoul, en République de Corée, en novembre prochain, aura pour la première fois le développement à son ordre du jour.  Il a exhorté les gouvernements à s’entendre sur un plan d’action concret pour réaliser les OMD à la date de 2015, et a rappelé que le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) était le forum international central des questions économiques et sociales.


M. Ban a exhorté l’ECOSOC à se concentrer sur trois domaines urgents que sont l’emploi, la sécurité alimentaire et l’autonomisation des femmes.  S’agissant de l’emploi, il a noté que 211 millions de personnes étaient au chômage et qu’il faut créer 470 millions de nouveaux emplois dans les 10 prochaines années en investissant de façon sensible dans les emplois verts.  En ce qui concerne la sécurité alimentaire, il a précisé qu’un milliard de personnes souffraient de faim, en souhaitant que l’investissement en faveur des petits agriculteurs, qui sont un pilier du développement des économies des pays en développement, soit renforcé.  Le Secrétaire général a mis l’accent sur l’importance de l’engagement pris à Aquila par le G-8 pour la lutte contre la faim.  Pour ce qui est de l’autonomisation des femmes, il a dit que l’égalité sociale, politique et économique des femmes était une partie intégrante de la réalisation des OMD.  Tant que les femmes et les filles ne seront pas à l’abri de la pauvreté et de l’injustice, a dit le Secrétaire général, « nos objectifs de paix, de sécurité et de développement durable seront menacés ».


L’autonomisation des femmes est un impératif économique et social, a insisté M. Ban, en notant que deux tiers des 72 millions des enfants qui n’ont pas accès à l’éducation sont des filles.  Les femmes n’occupent que 18% des sièges de parlementaires à travers le monde, et trop de femmes souffrent quotidiennement de la violence.  Dix à 15 millions de femmes souffrent d’incapacité à long terme à cause de complications liées a la grossesse et un million d’enfants se retrouvent orphelins chaque année.  Au XXIème siècle, il est inacceptable que des mères continuent de mourir au moment où elles donnent naissance à une nouvelle vie, a dit Ban Ki-moon, en exhortant l’ECOSOC à générer tout l’appui nécessaire à la mise en œuvre du Plan d’action conjoint de l’ONU pour la santé des femmes et des enfants.


« Vous avez un rôle crucial à jouer pour que les femmes se retrouvent au cœur des négociations économiques et sociales de demain », a-t-il insisté, en mettant l’accent sur la nécessité de mettre un terme à l’inégalité et à la discrimination, et de faire prendre conscience aux femmes et aux filles de leurs droits.  Il s’est félicité de la décision de la soixante-troisièmesession de l'Assemblée générale de fusionner les quatre entités de l’ONU consacrées à la parité homme-femme en un seul organe.  Les femmes doivent être incluses à tous les niveaux de la prise de décision politique, a-t-il dit, en notant que l’amélioration de la place de la femme est essentielle pour améliorer la sécurité alimentaire.  « Concentrons-nous sur l’autonomisation des femmes au cours de nos débats », a-t-il conclu, en citant les débats relatifs à l’Examen ministériel annuel et au Forum sur la coopération aux fins du développement.


Discours liminaires


M. ANDREW MITCHELL, Secrétaire d’État au développement international du Gouvernement du Royaume-Uni, a mis l’accent sur le caractère indispensable de la promotion des femmes pour la réalisation des OMD.  Une meilleure éducation des femmes permettra un grand essor de nos économies, a-t-il dit.  Il faut se concentrer sur l’éducation des filles pour mettre les femmes au centre des processus de décision.  « Cette session de l’ECOSOC doit nous permettre de mettre les femmes au centre de nos préoccupations », a-t-il poursuivi, en rappelant que le monde fêtera bientôt le dixième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur la question des femmes et de la sécurité.


« La violence sexuelle doit être abolie, et je salue l’ONU pour les efforts qu’elle déploie pour aider les femmes à jouer leur rôle dans la recherche et l’établissement de la paix.  Il faut autonomiser les femmes, assurer leurs droits et garantir leur sécurité », a insisté M. Mitchell, en souhaitant que la nouvelle entité de l’ONU sur la question de la parité s’attèle à la tâche le plus rapidement possible.  Alors qu’il reste 5 ans pour la réalisation des OMD, il faut mettre un accent plus fort sur l’autonomisation des femmes, mais aussi sur la promotion de la santé génésique et maternelle qui est un des domaines connaissant un grand retard dans la réalisation des OMD.  Les filles âgées de 15 à 19 ans ont deux fois plus de chance de mourir dans les pays en développement que les femmes plus âgées, a-t-il noté.  Il a dit le souci du Gouvernement du Royaume-Uni de réduire de manière significative la mortalité infantile et maternelle des pays en développement.  Il a précisé que le Premier Ministre David Cameroun a appelé le G-8 à fournir une aide conséquente à ces pays en ce sens.  Le Secrétaire d’État au développement international du Royaume-Uni a ensuite salué le leadership dont fait preuve le Secrétaire général pour renforcer les efforts de la communauté internationale en faveur de la promotion de la santé des femmes et des enfants.


Avec la société civile nous pouvons réaliser nos objectifs liés à la santé des femmes, a-t-il estimé.  Il faut aussi donner aux femmes la possibilité de choisir le moment où elles veulent avoir des enfants et leur donner accès aux méthodes modernes de planification familiale.  Soixante-quinze millions de grossesses non voulues entraînent souvent des avortements qui causent la mort de nombreuses  femmes, a relevé M. Mitchell.  Nous ne pourrons réaliser les OMD si nous ne mettons pas l’accent sur la question des femmes et des filles, a-t-il ajouté.


M. MOUSHIRA KHATTAB, Ministre de la famille et de la population de l’Égypte, a affirmé que tout observateur honnête ne pouvait que reconnaître les progrès réalisés dans de nombreux domaines essentiels en faveur de l’autonomisation des femmes et de la jouissance égale de leurs droits.  Le système de protection des droits de l’homme a créé un environnement favorable dans lequel le respect des droits est surveillé de manière transparente et responsable grâce à un système de rapport remis par les États à des organes de traités avec lesquels ils engagent un dialogue constructif.  Grâce aux efforts incessants déployés par les États parties pour respecter leurs engagements, les moyennes statistiques ne sont plus acceptées comme un moyen de dissimuler les disparités qui privent les plus vulnérables de la jouissance de leurs droits. Cette nouvelle transparence nous a permis de nous concentrer sur les droits des groupes les plus vulnérables et notamment des femmes et des enfants, a estimé le Ministre, qui a cité comme jalons du processus les Conférences du Caire et de Beijing, ainsi que les sessions spéciales de l’Assemblée générale et leur suivi.


Le Ministre a rappelé que les États avaient été incités à renforcer leur cadre juridique pour protéger les droits des femmes et des enfants, tandis que des plans d’action nationaux étaient mis en place pour mettre en œuvre les droits, et que des institutions nationales dotées de mandats et de ressources appropriés veillaient à leur respect.  M. Khattab a ensuite mis en avant l’action de l’Égypte, insistant sur les mesures prises au plan national et sur le rôle dirigeant et exemplaire de son pays au plan international.  Il a insisté sur le rôle de la famille pour renforcer le pouvoir des femmes et pour veiller aux respects égaux des droits des fillettes et des garçons, qualifiant la famille « d’institution la plus importante pour insuffler l’esprit de la démocratie et de la dignité dans les esprits et les cœurs des femmes comme des hommes ».  Il est important de faire comprendre que la relation entre les sexes n’est pas un jeu à somme nulle et que les femmes ne regagnent pas leurs droits aux dépens de ceux des hommes, a affirmé le Ministre.


M. Khattab a également rappelé le rôle de la société civile et des communautés locales pour briser les silences et tabous entourant les violations des droits des femmes et les pratiques nuisibles comme les mutilations génitales, les mariages précoces et le refus d’éduquer les fillettes.  Il a affirmé que l’adoption de la loi égyptienne interdisant les mutilations génitales féminines avait représenté l’accomplissement d’un rêve pour les défenseurs des droits des fillettes.  Il a également insisté sur le fait que les discriminations ou violences à l’encontre des femmes et des fillettes étaient des pratiques culturelles et n’avaient pas de lien avec les enseignements de l’une ou l’autre religion monothéiste.


Le Ministre a affirmé que son pays attache une grande importance à la nouvelle architecture chargée de renforcer la promotion de l’égalité de genre au sein du système des Nations Unies, et la soutient activement.  Il a jugé nécessaire de faire des organes des traités, y compris de la CEDAW et de la Convention des droits de l’enfant, une composante intégrale des efforts des Nations Unies pour favoriser l’autonomisation des femmes et la mise en œuvre de leurs droits, ainsi que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  M. Khattab a notamment souhaité une plus forte interaction entre les sièges de New York et de Genève sur la question des droits de l’homme, ainsi qu’un renforcement du rôle du Conseil des droits de l'homme dans la surveillance des droits des femmes et des enfants, et une coordination plus grande entre les différentes agences des Nations Unies.


Mme MICHELLE BACHELET, ancienne Présidente du Chili, qui s’exprimait depuis Johannesburg en direct par vidéoconférence, a appelé la communauté internationale à transformer les principes définis à Beijing en actions concrètes, pour assurer une égalité entre les sexes qui soit réelle et dont pourront bénéficier les femmes de toutes les nations.  Nous devons nous concentrer en particulier sur la lutte contre une inégalité qui est ancrée dans des justifications culturelles et religieuses.  Il n’y a aucune raison, philosophique ou autre, qui peut justifier la violence envers les femmes, a-t-elle insisté.  La communauté internationale doit réaliser un effort constant pour arriver à une plus grande justice, et il lui faut réellement « déplacer des montagnes », a averti Mme Bachelet.  Beaucoup de progrès ont été accomplis depuis Beijing, notamment dans l’égalité entre les sexes, même s’ils sont loin d’être uniformes.  Dans certains pays, certaines femmes ont atteint des postes de très haut niveau alors que, dans d’autres, elles n’ont pas accès aux prises de décision, a-t-elle remarqué.  Il faut donc arriver à une égalité de jure et de facto et, pour cela, les femmes doivent devenir les actrices de leur propre émancipation.  Il faut laisser derrière nous les préjugés sexistes et les coutumes archaïques, a-t-elle ajouté.


« J’ai l’honneur d’avoir été élue la première femme Présidente du Chili, en 2006 », a rappelé Mme Bachelet.  Le jour où je suis entrée en fonction, des milliers de femmes dans le pays ont porté une ceinture présidentielle comme la mienne, pour signifier qu’elles accédaient aussi au pouvoir.  L’ancienne Présidente du Chili a ensuite rappelé que son gouvernement a adopté des mesures en matière d’éducation et de santé qui ont bénéficié à toutes les femmes.  Dans beaucoup de pays, les femmes sont invisibles, a-t-elle noté, et nous avons voulu donner autant de postes de ministres aux femmes qu’aux hommes.  J’ai aussi donné des postes de responsabilité au niveau local à des femmes, mais cela n’a pas toujours été bien accueilli, a-t-elle précisé.  Mme Bachelet a aussi expliqué avoir élargi la participation de la société civile dans la vie politique, en créant des commissions consultatives composées de représentants et d’experts d’organisations de la société civile.


« Nous avons aussi donné aux femmes un plus grand accès à l’emploi, renforcé leurs capacités et facilité leur accès au crédit », a assuré Mme Bachelet.  « Pendant mon mandat, j’ai établi le principe d’égalité des salaires entre les hommes et les femmes exerçant les mêmes fonctions », a-t-elle ajouté.  Le système de subventions a aussi été réformé et 60% des femmes se voient garantir une pension mensuelle après 65 ans, qu’elles aient travaillé chez elles ou dans un emploi à l’extérieur.  En outre, étant elle-même médecin, Mme Bachelet a indiqué qu’elle s’est attachée à améliorer l’accès des femmes aux droits reproductifs et à élargir le contrôle des naissances et la contraception.  Constatant que les inégalités commencent dès le berceau, elle a indiqué avoir mis en place un plan destiné à la petite enfance, qui a entraîné, par exemple, la création de nombreuses crèches.  « Dans la vie politique, nous devons faire beaucoup plus pour augmenter la participation des femmes dans la prise de décisions, au niveau le plus élevé possible », a conclu Mme Bachelet.  « Les femmes ont encore un accès inégal aux chances, mais elles peuvent se faire entendre et avoir un impact plus grand », a-t-elle souligné.


Mme FRANCES STEWART, Présidente du Comité des politiques de développement et professeur à l’Université d’Oxford, a souligné que, si des progrès ont été constatés dans la réalisation des objectifs de la réduction de l’inégalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes, il reste encore beaucoup à faire dans ces domaines.  Les progrès ont été particulièrement importants dans le domaine du renforcement des capacités, a-t-elle poursuivi, signalant l’augmentation partout dans le monde du ratio de scolarisation des filles par rapport aux garçons entre 1970 et maintenant.  Elle a cependant regretté des écarts encore importants, comme au Pakistan où seulement 40% des femmes sont alphabétisées par rapport à 77% des hommes.  L’éducation des femmes doit donc rester une priorité, a exigé Mme Stewart.


Dans le domaine de l’accès à la terre et à la propriété, elle a remarqué que les progrès accomplis grâce à des réformes restent souvent théoriques.  Même si on leur reconnaît des droits égaux, les femmes ne peuvent pas toujours les exercer à cause de la coutume et de la hiérarchie suivie dans leur communauté ou pays.  Elle a signalé l’utilité du microcrédit comme instrument d’autonomisation des femmes, qui doit être accompagné d’un meilleur accès aux technologies de production de biens et aux marchés.  Mme Stewart a aussi rappelé que les femmes ne représentaient en 2009 que 40,5% de la main-d’œuvre dans le monde, et qu’elles sont employées dans des tâches moins bien payées.  Elle a donc appelé à s’attaquer au problème de discrimination envers les femmes sur le marché du travail.  Il faut également apporter un plus grand soutien aux femmes dans les tâches qu’elles accomplissent pour s’occuper des enfants et des personnes âgées, a-t-elle noté.


En ce qui concerne le domaine de la sécurité, c’est celui où on constate le moins de progrès, a regretté Mme Stewart, signalant notamment une montée en puissance des réseaux internationaux de criminalité, notamment dans le trafic de personnes et de drogues.  La traite des femmes pour leur exploitation sexuelle produit environ 3 milliards de dollars par an, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi signalé que la violence au foyer touche entre 16% et 50% des femmes.  S’agissant de la participation des femmes aux processus de prises de décision, Mme Stewart a noté une amélioration dans toutes les régions du monde, ce qui a conduit à une meilleure représentation des femmes dans les parlements notamment.


Elle a ensuite signalé les problèmes particuliers que subissent les femmes les plus vulnérables, comme les filles autochtones du Guatemala, qui ne vont à l’école qu’en moyenne 1,3 année au cours de leur vie.  Les femmes sont en outre plus vulnérables par rapport aux crises, a-t-elle poursuivi.  Ces crises accentuent les inégalités existantes, et, par exemple, les coupes effectuées dans les dépenses sociales diminuent les chances qu’auraient les femmes de participer à des formations.  Mme Stewart a aussi rappelé que la contribution des femmes aux travaux ménagers est sous-évaluée.  Elles représentent en outre la majorité des personnes travaillant dans le secteur informel.  Mme Stewart a ensuite signalé que les crises ont eu un impact différent selon les pays, certains ayant, par exemple, récupéré rapidement grâce à des mesures d’incitation fiscale et économique.  Mais ces mesures ont été dirigées vers le secteur financier, a-t-elle noté, et non vers l’investissement ou l’emploi.  D’un autre côté, certaines économies avaient une bonne protection sociale avant la crise, ce qui a notamment permis aux femmes de la traverser en continuant de bénéficier d’une aide.  Elle a enfin appelé les gouvernements et la communauté internationale à continuer à œuvrer en faveur des femmes, afin qu’elles aient davantage accès aux terres et à la propriété.


Orientations générales ressortant des réunions préparatoires de l’Examen ministériel annuel


Présentant par vidéoconférence les conclusions de la Réunion régionale africaine sur le thème « Les femmes et la santé »,qui a eu lieu à Dakar, au Sénégal, les 12 et 13 janvier 2010, (E/2010/75), Mme NDEYE KHADY DIOP, Ministre d’État chargée de la famille, de la sécurité alimentaire, de l’égalité des sexes et de la protection de l’enfance du Sénégal, a dégagé les grandes lignes de ces échanges qui ont duré deux jours.  Elle s’est félicitée de la participation d’une centaine de personnes aux travaux, dont plusieurs ministres en charge de la question des femmes, de nombreux fonctionnaires gouvernementaux, des experts de l’ONU, et des représentants de la société civile et du secteur privé.  Elle a dit que cette réunion organisée en quatre sessions a été l’occasion d’aborder la question d’une approche intégrée de la réduction de la mortalité maternelle et infantile en Afrique; du renforcement de la lutte contre le VIH/sida en Afrique  en mettant l’accent sur les femmes et les filles; et de l’autonomisation des femmes dans le souci d’améliorer leur santé.


La réalisation des OMD 4, 5 et 6 se fera à condition de pouvoir maintenir le niveau des dépenses sociales ou leur accroissement pour les plus défavorisés; d’améliorer la situation sanitaire des pays avec un personnel compétent; et de mettre en place un plan intégré de l’ONU susceptible d’aider les femmes à briser le cercle vicieux d’un manque d’autonomisation.  Il faut promouvoir l’accès à la planification des femmes, promouvoir les droits juridiques des femmes et renforcer les synergies entre les secteurs de la santé et les autres secteurs, a-t-elle insisté.


S’agissant des actions spécifiques, elle a précisé que cette rencontre a recommandé 15 mesures, parmi lesquelles l’amélioration des soins prénataux, dont la promotion d’accouchements de qualité, le renforcement du statut des sages-femmes; la mise en place d’un système intégré de services concernant la santé procréative.  La rencontre a aussi recommandé de remédier au décalage entre les hommes et femmes pour ce qui est des mesures relatives au VIH/sida, et assurer mise en place de cadres juridiques permettant de lutter contre la discrimination des femmes; d’intégrer la problématique homme-femme dans les politiques de santé; de promouvoir la participation sur un pied d’égalité des hommes et des femmes à toutes les décisions politiques; d’investir dans les campagnes d’éducation sanitaire; d’intensifier les efforts de financement en consacrant 15% du budget national à la promotion de la santé (Objectif d’Abuja).


Réunion préparatoire mondiale sur le thème: « Qui nourrit le monde en 2010 et au-delà? Les femmes rurales en tant qu’agentes du changement et championnes de la sécurité alimentaire mondiale » (New York, 22 avril 2010)


« On a tendance à considérer les femmes comme des groupes vulnérables au lieu de les voir comme des contributeurs clefs du développement », a constaté Mme FLORENCE CHENOWETH, Ministre de l’agriculture du Libéria, avant de faire état des conclusions de la Réunion préparatoire mondiale, une réunion de ministres de l’agriculture qui a permis de voir plus clairement le rôle des agricultrices dans les pays du Sud.  Le dialogue pendant cette Réunion préparatoire mondiale a été encourageant, a-t-elle indiqué, se réjouissant de voir que les institutions des Nations Unies sont prêtes à appuyer les mesures visant la sécurité alimentaire et la valorisation du rôle des femmes dans l’agriculture.  Au cours du dialogue, on a reconnu qu’il faut continuer à autonomiser les femmes dans les zones rurales et dans les petites exploitations agricoles, a indiqué Mme Chenoweth.  Nous avons ainsi pu répondre à la question de savoir qui nourrit le monde en 2010: ce sont les femmes.


Nous avons également avancé 11 recommandations pratiques, la première étant qu’il nous faut investir dans l’agriculture et dans les femmes vivant dans les zones rurales, en passant par une augmentation des investissements dans ces domaines.  Par ailleurs, il nous faut reconnaître les femmes comme parties prenantes et non comme bénéficiaires, car elles gèrent les ressources naturelles et participent au développement rural, a dit Mme Chenoweth.  Troisième recommandation, il faut que les femmes soient visibles et nous devons pouvoir mieux déterminer le travail qu’elles effectuent dans les zones rurales.  Une autre recommandation invite à investir dans l’agriculture et le développement en fonction des contributions des hommes et des femmes dans l’agriculture, a ajouté la Ministre libérienne.


La cinquième recommandation invite à prévoir des filets de sécurité pour les femmes et prévenir la violence sexiste, a-t-elle poursuivi.  Nous devons aussi augmenter la responsabilisation, grâce à des programmes par lesquels l’agriculture permet le développement et autonomise les femmes.  Nous devons donner aux femmes les moyens d’agir, en tant que productrices.  La Réunion préparatoire mondiale a aussi recommandé de considérer l’autonomisation comme un outil important pour permettre aux femmes de jouer leur rôle dans la société.  Autre recommandation, les hommes doivent promouvoir les droits des femmes et la parité.  En outre, celles-ci doivent pouvoir accéder de façon égale aux crédits, aux terres, à la technologie et à la formation.


Par ailleurs, il est temps que les femmes disposent d’outils nouveaux qui soient plus appropriés, a expliqué Mme Chenoweth.  Les femmes doivent en outre être écoutées et pouvoir participer aux instances locales, régionales, nationales et internationales où sont abordées les questions relatives à l’agriculture et aux changements climatiques.  Enfin, nous devons permettre aux femmes d’être fortes par leur nombre.  Il faut pour cela soutenir les organisations de femmes et le leadership des femmes dans les organisations agricoles, a dit Mme Chenoweth.  La Ministre a enfin demandé que le message de la Réunion préparatoire mondiale soit reflété dans le document final qui sera adopté.


Manifestation spéciale sur le thème: « La philanthropie au service de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes » (New York, 22 avril 2010)


Mme GEENA DAVIS, actrice et fondatrice de l’association See Jane, a présenté le rapport final sur la manifestation spéciale organisée par le Conseil économique et social le 22 février sur le thème « Associer la philanthropie à la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ».  Elle a expliqué que le rapport reflète les principaux éléments de la discussion sur les deux principaux thèmes de la manifestation -mettre fin à la violence à l’encontre des femmes et promouvoir l’autonomisation économique des femmes- et qu’il présente d’importantes recommandations pour agir.


Mme Davis a rappelé l’importance d’un partenariat de tous les acteurs – gouvernements, Nations Unies, associations philanthropiques, secteur privé, organisations de la société civile et personnalités individuelles – pour mettre fin aux violences à l’encontre des femmes et promouvoir leur autonomisation économique.  Elle a mis l’accent sur la nécessité d’un rôle renforcé des dirigeants d’entreprises dans la promotion des femmes.  Ainsi, dans le secteur privé, les PDG devraient promouvoir et inculquer une culture de respect pour les femmes et encourager le développement de leur potentiel en tant que leaders, a dit Geena Davis.  Elle a souhaité que davantage de ressources soient consacrées au soutien des bonnes pratiques, citant notamment les « centres multifonctionnels », et plus précisément ceux créés par Hasbro en Afghanistan et au Soudan.


Mme Davis a rappelé qu’il est essentiel d’investir dans les fillettes comme agents du changement, mais aussi sur le rôle des hommes et des garçons dans les campagnes visant à changer l’image traditionnelle du rôle des femmes.  En ce sens, la campagne « Ruban blanc », qui incite les hommes et les garçons à combattre les violences sexistes, a été considérée comme un excellent exemple.  Mme Davis a encore mis l’accent sur la nécessité de renforcer le pouvoir économique des femmes, et sur le rôle de l’éducation et de la formation des femmes, afin que les opportunités économiques qui leurs sont offertes puissent être viables.  Alors que des femmes, toujours plus nombreuses, sont intégrées dans le monde du travail, il faut redoubler d’efforts pour rendre plus décentes leurs conditions de travail et pour lutter contre toutes les formes de harcèlement, a-t-elle recommandé.  Mme Davis a enfin expliqué qu’elle avait eu l’occasion de discuter, lors de la manifestation de février, du rôle de la télévision dans la construction de la représentation du rôle des femmes.  Elle a ajouté qu’il était donc très important de donner une représentation valorisante du rôle des femmes et des filles afin d’aider à modifier les comportements, en particulier dans les médias et programmes destinés aux enfants, au moment où ceux-ci commencent à se forger une idée du rôle des deux sexes au sein de la société.


EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL


M. HAMIDON ALI, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a indiqué que l’Examen ministériel annuel était l’occasion d’entendre les rapports nationaux des pays et de mesurer les progrès accomplis dans la mise en œuvre des objectifs convenus au niveau international, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en vue du débat de haut niveau de la session de fond de 2010 du Conseil économique et social.  La présentation de ces rapports, a-t-il dit, est la manifestation d’un partenariat de plus en plus fort entre les pays développés et les pays en développement ou émergents.


Exposé national facultatif: Brésil (E/2010/65)


Présentant le rapport national du Brésil sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre des objectifs convenus au niveau international (E/2010/65), Mme NILCÉA FREIRE, Ministre du Secrétariat brésilien chargé des politiques de la femme, a souligné les efforts déployés par le Brésil depuis 2003 en matière de promotion de l’égalité entre hommes et femmes.  Elle a indiqué que le Brésil était conscient que l’autonomisation des femmes est la clef de la promotion et de la réussite du processus de développement, qui se fonde sur la justice sociale.  Le développement est un processus inclusif auquel doivent participer toutes les personnes sur un pied d’égalité, a-t-elle insisté, en rappelant que le Président Lula a, dès son arrivée au pouvoir en 2002, décidé de créer un ministère spécialement consacré à la promotion de la femme.


Le Secrétariat spécial chargé des politiques de la femme, qui relève de la présidence de la République et est dirigé par une femme ayant rang de Ministre d'État, a pour mandat de coordonner, avec les autres secteurs de l'État, l'effort de prise en considération dans les politiques publiques, des revendications, des besoins et des potentialités des femmes dans tout le processus d'élaboration, de mise en œuvre et d'exécution des politiques et des programmes de développement, a dit Mme Freire.  Elle a précisé que l'intégration des divers secteurs est explicitement reflétée dans les deux Plans nationaux sur les politiques en faveur des femmes (PNPM), issus des Conférences nationales de politiques en faveur des femmes (CNPM), tenues en juillet 2004 et août 2007.  Ces deux CNPM ont impliqué directement plus de 300 000 Brésiliennes qui, dans le cadre de conférences municipales et provinciales, ont défini les principes et directives des plans nationaux sur les politiques en faveur des femmes, conjointement avec le Gouvernement.


La Ministre a cité l’adoption et la mise en place de politiques prioritaires, dont la lutte contre la violence à l’égard des femmes, en précisant que le Brésil a adopté et lancé l’implantation d’un Pacte national contre la violence à l’égard des femmes.  « Nous avons mis en place une ligne de communication ouverte à tous les citoyens du Brésil, jour et nuit, pour permettre à toutes les personnes de dénoncer les violences à l’égard des femmes », a dit Mme Freire.  En 2006, une nouvelle loi a été promulguée.  Elle comprend des mesures de prévention, de protection et de sanction à l’égard de ceux qui commettent des violences et des agressions contre les femmes, a-t-elle indiqué.  Elle a rappelé que le Brésil était un pays fédéral disposant de 22 services fédéraux intégrés.


Une des principales mesures adoptées par le Gouvernement brésilien pour éradiquer la pauvreté est le programme « Bolsa Familia », qui est un programme de transferts monétaires directs versés, sous certaines conditions, aux foyers et aux personnes les plus pauvres.  La mise en œuvre de ce programme et des autres politiques sociales s'est traduite, entre 2003 et 2008, par un recul de la pauvreté, dont le taux est passé de 12% à 4,8% de la population.


Depuis 2003, l'élaboration et la mise en œuvre de la Politique nationale de lutte contre la violence faite aux femmes a permis d'appliquer des mesures de prévention, d'assistance et de garantie des droits de la femme dans différents domaines, a poursuivi Nilcéa Freire en notant l’importance de la loi sur la lutte contre la violence conjugale et familiale du 7 août 2006.  En août 2007, le Gouvernement du Brésil a lancé le Pacte national de lutte contre la violence à l'égard des femmes comprenant plusieurs mesures qui devront être appliquées durant la période 2008–2011, a-t-elle précisé.  Elle s’est félicitée des progrès accomplis dans le cadre de la législation électorale, qui précise depuis 2009 que chaque partie ou coalition politique doivent présenter un minimum de 30% de femmes parmi ses candidats à un scrutin.  C’est un objectif qui pourra devenir bientôt une réalité, avec la tenue des prochaines élections présidentielles législatives et locales d’octobre 2010.


Débat interactif


Le représentant du Guatemala, M. GERT ROSENTHAL, qui assurait le rôle de modérateur du débat interactif, a donné la parole tout d’abord aux deux délégations chargées d’examiner le rapport national volontaire du Brésil, et qui étaient les délégations du Mexique et des États-Unis.


Mme MARIA DEL ROCIO GARCIA GAYTÁN, Présidente de l’Institut national des femmes au Mexique, a noté qu’il existe au Brésil 23 Conseils d’État pour la femme dans un pays qui compte 26 États fédérés et un district national (Brasilia).  Les quatre États qui n’ont pas signé l’Accord sur la promotion de la femme appliquent-ils les directives du Gouvernement en faveur des femmes, a-t-elle demandé.  Elle a aussi voulu savoir comment les femmes ont accès aux avantages du programme Bolsa Familia, qui vise les familles vivant dans la pauvreté extrême, ainsi que les résultats atteints à travers ce programme.  Nous avons un programme similaire au Mexique, a-t-elle signalé.  Comment est mis en œuvre le Pacte national en ce qui concerne la réduction de la mortalité maternelle, a-t-elle aussi demandé.


S’agissant de la violence à l’égard des femmes, la représentante du Mexique a voulu savoir si la loi prend également en compte la violence sur le lieu du travail ou dans les institutions et les établissements scolaires.  Le Brésil a-t-il des stratégies pour un appui social visant les femmes en situation de réfugiées?  En ce qui concerne la traite des femmes, elle a demandé que des précisions lui soient fournies sur le programme pilote d’aide aux femmes qui en sont victimes et sur les mesures de prévention.  Enfin, elle a voulu avoir plus d’informations sur ce qui est fait pour arriver à la parité et à la participation des femmes dans les prises de décision.


À son tour, M. RICK BARTON (États-Unis) s’est réjoui des progrès considérables accomplis par le Brésil, citant notamment la réduction de la mortalité maternelle et de la violence à l’égard des femmes.  Il a voulu savoir dans quelle mesure les hommes sont engagés dans le renforcement des mesures en faveur des femmes.  Il a aussi voulu savoir s’il existe des groupes où la situation des femmes est encore source d’inquiétude, aussi bien dans les zones rurales qu’urbaines.  En ce qui concerne les femmes noires et autochtones, qui sont tenues un peu à l’écart des activités de la société brésilienne, il a demandé des précisions sur leur situation dans le monde du travail.  Le représentant a également demandé des explications sur le transfert direct aux femmes de l’aide sociale.


Répondant à cette série de question, la Ministre chargée des politiques des femmes du Brésil a expliqué la raison d’être du Programme Bolsa Familia, programme de transfert direct de l’aide sociale.  Aux familles et aux gens dans le besoin.  On sait que les femmes qui ont à nourrir leur famille ne vont pas dépenser inutilement les aides financières qui leur sont fournies, a-t-elle dit, ajoutant qu’« en donnant l’argent aux femmes, on change le mode de consommation » de la famille.  Les femmes qui ont bénéficié de ce programme ont indiqué qu’elles ne paniquaient plus, si elles avaient un enfant malade, à l’idée qu’elles n’auraient pas les moyens d’acheter les médicaments qui lui sont nécessaires.  Ce programme donne donc confiance aux femmes, s’est félicitée la Ministre.


Nous n’excluons pas les hommes dans l’élaboration et la mise en œuvre de mesures visant l’autonomisation des femmes, et nous travaillons à les convaincre de façon directe de l’importance de ces mesures, a poursuivi la Ministre brésilienne.  En ce qui concerne l’éducation, au Brésil les femmes ont un niveau moyen supérieur à celui des hommes, même si certaines professions sont plus masculines (génie civil, informatique, économie), a précisé Mme Freire.  La Ministre a en outre évoqué un programme appelé « diversité à l’école » qui forme les enseignants à aborder dans les programmes scolaires la question des inégalités sociales, sexuelles ou autres.


Passant aux questions ayant trait à la santé des femmes, Mme Freire a parlé du Pacte national pour la réduction de la mortalité maternelle, qui est mis en œuvre avec la participation de la société civile.  Nous avons réussi à réduire le taux de mortalité maternelle, qui est passé de 140 pour 100 000 naissances à 75 pour 100 000 naissances, ce qui nous rapproche du taux visé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a-t-elle dit.  La loi sur la violence à l’égard des femmes concerne également la violence au foyer, a-t-elle poursuivi.  En ce qui concerne la parité, elle a signalé la résistance énorme dont font preuve les hommes, « qui ne veulent pas céder leur place au pouvoir ».  Les femmes doivent donc le conquérir, ce qui se fera alors aux dépens des hommes, a-t-elle prévenu.  La Ministre a enfin mentionné le programme de coopération Sud-Sud qui a beaucoup aidé le Brésil à progresser dans la recherche de l’objectif de l’égalité entre les sexes.


L’examen du rapport national du Brésil a permis à plusieurs délégations, dont celles de l’Angola, de l’Argentine et du Maroc de poser des questions sur les politiques visant spécifiquement l’amélioration du sort des femmes noires dans ce pays, ainsi que sur la réponse à apporter à la traite transfrontalière des femmes ou encore sur la résistance opposée par certains hommes à la lutte contre la violence à l’égard des femmes.


Mme NILCÉA FREIRE, Ministre au Secrétariat chargé des politiques de la femme, du Brésil, a précisé que les femmes rurales avaient beaucoup gagné en autonomisation ces dernières années, notamment avec la mise en place d’un accès au crédit destiné spécialement aux femmes agricultrices.  Elle a cité l’existence de services administratifs itinérants qui viennent délivrer des actes civils et des extraits d’actes de naissance aux nombreuses femmes qui n’en ont pas.  S’agissant des politiques mises en place à destination des femmes noires, elle a déclaré que le Brésil a trop longtemps vécu dans le mythe qu’il n’y avait pas de racisme dans la société brésilienne.  L’écart entre Noirs et Blancs dans l’éducation commence pour la première fois à diminuer, a-t-elle indiqué, en saluant l’action positive de politiques destinées spécifiquement aux Noirs, comme un plan national de la santé de la femme noire.  L’inégalité sexuelle et raciale formait la base de l’exclusion sociale au Brésil, a-t-elle dit.  Par ailleurs, elle a cité la création du premier centre d’accueil des femmes victimes de la traite transfrontalière.  Enfin, elle a évoqué l’importance d’avoir des hommes qui soient des exemples dans la société en matière de promotion de la parité entre les sexes.


Exposé national facultatif: Pays-Bas (E/2010/62)


M. HERMAN SCHAPER (Pays-Bas) a commencé son exposé par une brève présentation vidéo sur le thème « investir dans les femmes et les fillettes pour un monde meilleur », avant de rappeler qu’il y a encore 55 ans aux Pays-Bas, les femmes mariées étaient considérées comme incapables devant la loi et frappées d’incapacité juridique, et que les jeunes femmes fonctionnaires ou enseignantes qui se mariaient devaient quitter leur poste car on considérait que leur place était à la maison à s’occuper du foyer.  Les Pays-Bas ont fortement progressé depuis mais il y reste, comme ailleurs, un certain nombre de défis à relever, a poursuivi le représentant.


Le premier de ces défis est celui de considérer les femmes en tant qu’agents du changement.  Nous devons reconnaître le pouvoir de la diversité et nous avons besoin des points de vue de tous, hommes et femmes, pour résoudre tous nos problèmes, a déclaré M. Schaper.  Or, la réalité est que, souvent, le point de vue des femmes reste ignoré car il existe des barrières culturelles à leur participation active, qui doivent être abattues.  M. Schaper a rappelé que de nombreuses organisations et entreprises néerlandaises avait signé la Charte « Talent to the top » mise en place en 2008, par laquelle elles s’engagent à augmenter le pourcentage de femmes dans leurs instances dirigeantes.  À l’étranger, les Pays-Bas et des ONG ont établi le fonds OMD-3 qui soutient la participation et l’expression des femmes dans les débats publics.  Rappelant que plus d’un tiers des fonds accordés au plan international aux organisations de femmes le sont par les Pays-Bas, il a souhaité qu’augmente le nombre d’acteurs - gouvernements, société civile, et entreprises– qui reconnaissent les avantages de la diversité et pour soutenir le progrès des femmes.


Les femmes représentent en outre un potentiel économique énorme qui reste inexploité, a affirmé M. Schaper.  Il a rappelé que le déclin démographique des Pays-Bas rendait encore plus nécessaire la participation des femmes à la vie économique, ce qui leur permet en contrepartie de s’autonomiser.  Le Gouvernement néerlandais a donc pris des mesures pour encourager les femmes néerlandaises à travailler plus et à ne pas quitter leur emploi quand elles ont des enfants, a dit le représentant.  Il a insisté sur l’intérêt que les femmes ont à pouvoir contrôler leur corps et leur désir d’enfant, et a rappelé l’importance de l’éducation en ce sens.  Les femmes restent trop souvent victimes de violences sexuelles, a rappelé le représentant, qui a expliqué que les violences à caractère sexospécifique étaient dans son pays punissables par la loi. Toutefois, il faudrait avant tout empêcher que de telles violences surviennent, a-t-il affirmé.  Il a estimé que ces violences sexospécifiques étaient liées à l’image que les hommes ont de leur pouvoir mais aussi à l’image donnée de la femme.  Le Gouvernement néerlandais estime que c’est une responsabilité parentale que de donner une éducation sexuelle aux enfants, mais que l’école a aussi un rôle à y jouer.


M. Schaper a expliqué que les Pays-Bas ont adopté un plan d’action national sur la base de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Il a insisté sur le rôle crucial des femmes dans la recherche et l’établissement de la paix, affirmant que la paix n’aurait pu revenir au Libéria sans elles, et qu’elles jouaient aussi un rôle important dans le sud du Soudan.  M. Schaper a enfin estimé qu’il faudrait une grande volonté politique pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment les Objectifs 3 et 5.  « Mais si nous parvenons à améliorer le sort des femmes dans la société, nous pourrons améliorer la société tout entière », a conclu le représentant.


Débat interactif


La Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement et Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Mme HELEN CLARK, qui jouait cet après-midi le rôle de modérateur des débats interactifs suivant les exposés nationaux facultatifs, a donné tout d’abord la parole aux trois délégations chargées d’examiner le rapport national volontaire des Pays-Bas, et qui étaient les délégations du Guatemala, de la France et des États-Unis.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a estimé que le rapport des Pays-Bas révèle leur attachement à l’égalité entre les sexes.  Ce pays est la preuve même de la façon dont les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) peuvent se réaliser s’il y a une volonté politique, un leadership et un financement de haut niveau, a-t-il remarqué.  Les Pays-Bas ont fait de l’égalité entre les sexes un objectif fondamental, ce qui a permis d’y réaliser des progrès significatifs.  C’est un exemple de bonnes pratiques dont nous souhaitons nous inspirer, a-t-il reconnu.  Il s’est cependant dit surpris que les femmes ne parviennent toujours pas à l’égalité des chances dans ce pays, citant le cas des femmes appartenant aux groupes minoritaires et de celles qui travaillent à temps partiel.  Il a donc voulu savoir quelles mesures le Gouvernement entendait mettre en œuvre dans ce domaine.  Il a aussi demandé quelles recommandations pratiques les Pays-Bas pouvaient formuler pour favoriser, dans des pays en développement, la présence et la participation des femmes dans les parlements.


Remarquant elle aussi que beaucoup de femmes travaillent à temps partiel aux Pays-Bas, Mme SPORTIS (France) a demandé quelles mesures ont été prises pour augmenter la durée de travail des femmes qui le souhaiteraient et quelles mesures permettent de mieux concilier la vie professionnelle et la vie familiale.  Elle a dit qu’elle aurait aussi aimé savoir quelles mesures ont pu être prises pour permettre aux femmes immigrées de ne pas subir une double discrimination.  Mme Sportis a aussi noté la persistance des violences basées sur le sexe, notamment dans le cadre scolaire.  Elle a donc demandé si des études avaient été menées dans ce domaine.  Sur le sujet « femmes, paix et sécurité », elle a apprécié que les femmes soient impliquées dans la résolution des conflits et demandé comment a été élaboré le plan en vigueur dans ce domaine.  Enfin, en ce qui concerne l’approche intégrée de l’égalité entre les sexes, elle a noté, comme la délégation néerlandaise l’a reconnu elle-même, que cette méthode risque d’aboutir à l’effet inverse de celui recherché.  « Comment relever ce défi? », a-t-elle donc demandé.


De son côté, M. RICK BARTON (États-Unis) a demandé comment le Gouvernement des Pays-Bas a obtenu un soutien concernant sa politique en faveur des femmes.  Il a aussi voulu connaître les enseignements tirés des actions menées dans ce domaine.  Aux Nations Unies elles-mêmes, a-t-il noté, il y a un nombre limité de femmes aux postes de secrétaire général adjoint, a-t-il remarqué.  « Quelles sont vos initiatives les plus prometteuses aux niveaux national et international qui ont permis de prolonger les horaires de travail ou d’intégrer les femmes des minorités ethniques? », a aussi demandé le représentant des États-Unis.


Répondant à ces questions, le représentant des Pays-Bas a rappelé que, dans son pays, la position des femmes dans la société n’a pas évolué très rapidement car, a-t-il expliqué, comme les Pays-Bas n’ont pas activement participé à la Seconde Guerre mondiale, les femmes n’ont pas eu à remplacer les hommes partis au front comme cela s’est fait dans les pays voisins.  Une autre explication réside dans une réaction erronée à l’émancipation des femmes, qui laissait penser il y a quelques années que tout avait déjà été fait en leur faveur.


M. ROBERT DIJKSTERHUIS, chef de la Division du genre au Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, a ensuite répondu aux questions sur les femmes travaillant à temps partiel.  D’après une enquête, a-t-il indiqué, ces femmes ne souhaitent pas travailler à plein temps, mais voudraient néanmoins travailler quelques heures de plus, soit 20 à 27 heures par semaine.  Nous cherchons donc à intégrer plus de souplesse dans les horaires de travail en modifiant par exemple les heures d’ouverture des bureaux.  Le développement des technologies de l’information a permis le travail à distance, et cela peut améliorer la participation de la main-d’œuvre féminine, a-t-il ajouté.  Nous avons aussi établi des plans concrets avec des organisations du travail pour que les femmes puissent arriver à des postes de cadres supérieurs.  En outre, nous avons diminué les impôts sur les ménages dont un seul membre est salarié.  Pour favoriser l’évolution des mentalités, nous devons passer d’un modèle basé sur le mari qui travaille à temps plein et la femme qui travaille à mi-temps, à un modèle où chacun dans le couple travaille quatre jours par semaine.


En ce qui concerne les femmes faisant partie d’une minorité ethnique, nous leur offrons des cours d’intégration et la possibilité de travailler bénévolement, par exemple.  Cela leur ouvre ensuite des perspectives d’emploi, a-t-il expliqué.  Il a aussi mentionné les projets mis en place à l’égard des jeunes hommes afin de les sensibiliser sur l’égalité entre les sexes.  Les écoles doivent dispenser des cours d’éducation sexuelle, a-t-il aussi indiqué.  Enfin, répondant à la question du Guatemala sur la participation politique des femmes, il a rappelé un accord datant de 1990 qui demandait aux partis politiques d’inscrire des femmes éligibles sur la liste de leurs candidats aux différentes élections.


Pour répondre à la question sur les femmes, la paix et la sécurité, il a indiqué avoir étudié la situation des femmes en Afghanistan qui se sentent marginalisées par les forces de l’OTAN.  Nous avons commencé à parler avec elles afin qu’elles fassent connaître leur idée de la paix dans leur pays.  C’est ainsi que, récemment, 25% des participants à une « jirga » de recherche de la paix étaient des femmes.  Dans un pays comme la République démocratique du Congo (RDC), où les Pays-Bas participent beaucoup à la lutte contre la violence sexuelle, il a remarqué qu’il était parfois très difficile de parler de la question du viol et de la violence sexuelle contre les femmes.


Des observations ont ensuite été formulées par d’autres délégations, dont celle d’une organisation non gouvernementale indienne, sur la violence à l’égard des femmes, et celle d’Israël, dont la question a porté sur l’implication des hommes dans le processus d’autonomisation des femmes.


Exposé national facultatif: Guatemala (E/2010/60)


Mme KARIN SLOWING, Ministre de la planification familiale du Guatemala, a déclaré que les progrès réalisés par son pays dans la promotion de l’égalité des sexes restaient mitigés.  Le Guatemala a de fortes chances d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement en matière d’éducation et de santé, mais il reste des progrès importants à réaliser dans le domaine de la participation politique des femmes, leur rôle économique ou encore dans la réduction de la mortalité maternelle, ce qui en dit long sur l’état des services de santé.  Le pays fait de gros efforts pour progresser, mais il reconnaît que les succès obtenus ne se traduisent pas encore par une autonomisation suffisante des femmes.  Il y persiste aussi un fossé alarmant entre hommes et femmes dans le domaine de la prévalence du VIH/sida où, en quelques années, la prévalence est devenue plus forte chez les femmes.  En outre, il demeure très difficile, malgré des progrès, aux femmes d’intégrer le monde du travail, et les disparités de salaires restent très importantes, a dit Mme Slowing.


En matière d’autonomisation des femmes aussi, de nombreux défis demeurent, a déclaré la Ministre, qui a notamment mentionné comme élément inquiétant l’augmentation du nombre de femmes victimes de morts violentes.  En matière de participation politique, des progrès ont été réalisés depuis le retour du pays à la démocratie en 1986 mais il reste encore beaucoup à faire, et ceci est encore plus vrai pour les femmes autochtones.  Pourtant, le Guatemala avance dans la bonne direction, a ajouté Mme Slowing, qui a mentionné plusieurs institutions nationales de promotion des droits de la femme, ainsi que la mise en place d’un cadre législatif de plus en plus favorable qui permet la mise en place de politiques publiques intégrant des éléments d’égalité entre les sexes ainsi que d’égalité ethnique.  Parmi les obstacles à la progression des femmes, la Ministre a cité une réticence historique à augmenter le niveau de la fiscalité, qui limite les revenus de l’État et donc la mise en place de programmes, ainsi que les mentalités, qui continuent de s’opposer à l’autonomisation des femmes.  Par ailleurs, l’État doit encore progresser dans l’efficacité de sa gestion du développement.  La Ministre a par ailleurs fait observer que le Guatemala est de plus en plus soumis à des catastrophes naturelles et environnementales, dont les effets dévastateurs retardent la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et représentent un défi supplémentaire pour les politiques publiques.


Mme MIRNA MONTENEGRO, Directrice technique de l’observatoire de la santé reproductive du Guatemala, a ensuite a déclaré que parler des femmes et de leur autonomisation, c’était parler de 51% de la population du Guatemala, soit de 6,5 millions de personnes appartenant aux quatre peuples qui habitent le Guatemala.  Il faut avoir cette vision quand on parle de la pertinence culturelle  des services, de l’éducation ou de la santé, a-t-elle expliqué.  En même temps, ces femmes différentes connaissent des conditions de vie qui leur sont communes: la pauvreté, la malnutrition, la mortalité maternelle, le manque d’information sur l’éducation sexuelle, la violence liée au sexe, dont l’expression la plus violente est le meurtre commis contre une femme du seul fait du genre.  Les femmes rurales ou autochtones se trouvent dans des conditions plus difficiles encore.  Mme Montenegro a fait état de neuf cas de fillettes de 10 ans devenues mères sans l’avoir souhaité suite à des abus sexuels commis le plus souvent avec la complicité de la famille, et du fait que le système judiciaire ne considère pas que les droits sexuels et reproductifs fassent réellement partie de son domaine d’action.  Il existe certes des lois pour protéger les fillettes et les femmes et pour favoriser leur autonomisation, mais il est difficile de les faire passer dans la réalité, a affirmé Mme Montenegro.  On continue de trouver surprenant que des femmes siègent au Parlement, et on se soucie davantage des vêtements qu’elles y portent plutôt que des discours qu’elles y prononcent, a-t-elle ajouté, avant de conclure que le pays fait toutefois des efforts dans le bon sens.


Mme MARIA SILIVIA PINEDA, Directice exécutive de l’organisation « FUNDAYUCAR » et Directrice de la responsabilité sociale d’entreprise, a pour sa part insisté sur les changements nécessaires pour permettre l’autonomisation économique des femmes guatémaltèques, ajoutant que celle-ci était passée progressivement du domaine de la philanthropie à celui de la responsabilité sociale des entreprises.  Elle a expliqué que les politiques publiques pouvaient aller dans le bon sens mais ne sauraient suffire, et a plaidé pour une alliance entre les secteurs public et privé pour garantir à chaque fillette l’accès à l’éducation formelle et à la santé préventive.  Car il est démontré que les femmes éduquées et en bonne santé bénéficient de meilleures conditions économiques pour elles-mêmes et pour leur entourage, a-t-elle indiqué.


Débat interactif


Mme HELEN CLARK, modératrice des débats, a invité les deux délégations chargées d’examiner le rapport national volontaire du Guatemala, qui étaient les délégations de l’Allemagne et du Mexique, à présenter leurs observations et poser leurs questions.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a indiqué que son pays et le Guatemala sont associés depuis longtemps en termes de coopération pour le développement et que les programmes qui en découlent tiennent compte des exigences de l’autonomisation des femmes.  Il a reconnu les efforts importants menés par le Guatemala dans ce domaine, en particulier dans le milieu rural, même s’il reste des progrès à faire, notamment en ce qui concerne la situation des autochtones.  Pour cela, il a invité le Gouvernement du Guatemala à assurer une meilleure planification et à une bonne coordination interministérielle dans la mise en œuvre de ses politiques.  M. Wittig a aussi salué la volonté exprimée par le Gouvernement du Guatemala de mener une réforme fiscale, qui permettrait la collecte d’impôts progressifs et directs.  La violence à l’égard des femmes est selon nous un autre obstacle important à l’égalité entre les sexes au Guatemala, a ajouté le représentant, avant de demander quelle alliance pouvait être formée avec la société civile, qui joue un rôle important dans ce domaine.


Mme MARIA DEL ROCIO GARCIA GAYTÁN, Présidente de l’Institut national des femmes au Mexique, a relevé les mesures prises par le Gouvernement guatémaltèque pour adapter le cadre institutionnel et législatif en vue de renforcer la lutte contre la violence envers les femmes et la discrimination à leur égard.  Le Forum national des femmes est une belle réalisation, a-t-elle estimé, saluant aussi la politique de promotion et de développement intégral des femmes.  Elle a également apprécié le programme d’éradication de la violence au sein des familles.  Une autre réalisation principale du Guatemala est la mise en œuvre de projets destinés aux femmes, notamment dans les zones rurales, qui permet de dynamiser les communautés.  Il est maintenant fondamental de préparer des indicateurs sur la sexospécificité, a-t-elle suggéré.  Elle a enfin demandé quelles stratégies supplémentaires le Gouvernement guatémaltèque envisageait de prendre pour atteindre les OMD.  Elle a aussi voulu savoir quelles mesures étaient prises pour encourager la participation des femmes aux processus de prises de décision au niveau politique.


La Ministre de la planification familiale du Guatemala a répondu à ces questions en indiquant que le Secrétariat présidentiel chargé des questions de la femme était en train de finaliser les politiques qui seront suivies dans tout le pays.  Nous encourageons aussi les efforts en vue de la réalisation des OMD au niveau local.  Nous voulons en outre renforcer les nombreux bureaux des femmes qui œuvrent sur le terrain, a-t-elle ajouté.


La représentante d’Israël est ensuite intervenue pour demander s’il y avait une interaction entre le Gouvernement, la société civile et la diaspora sur les questions intéressant les femmes.


« Un Conseil national pour les migrants, créé il y a un an, établit un plan de travail afin d’utiliser au mieux les expériences des Guatémaltèques à l’étranger », a répondu la délégation guatémaltèque.


Pour répondre à une autre question, posée par le représentant des Pays-Bas, sur la vulnérabilité des femmes par rapport aux changements climatiques, la délégation a reconnu que les tempêtes tropicales font des dégâts importants et que les femmes sont les premières touchées par leurs effets.


Une question a été posée par la délégation de la République du Congo sur ce qui est fait pour prévenir les maternités précoces et pour aider les filles-mères.  La délégation du Guatemala a répondu en mentionnant la loi sur la planification familiale, qui vise à faire diminuer le nombre de grossesses chez les adolescentes.


Enfin, répondant à la délégation du Burundi sur l’éducation des jeunes gens de sexe masculin et le changement des mentalités, elle a indiqué que le cursus scolaire intègre le principe de paternité responsable.


Exposé national facultatif: Moldova (E/2010/67)


M. VICTOR BODIU, Ministre d’État de la République de Moldova, a rappelé que son pays s’est fixé, pour la première fois en 2004, 27 objectifs pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, objectifs qui ont ensuite été révisés en 2007.  Au moins 21 de ces cibles devraient être atteintes en 2015, a-t-il estimé, tout en reconnaissant que les résultats actuels étaient mitigés.  Il a reconnu que certains des programmes destinés à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement n’étaient pas encore financés.  Il a cité des progrès dans la réduction de la pauvreté et la mortalité infantile, mais a reconnu des retards en matière d’éducation, de lutte contre la tuberculose, ou encore dans l’accès de la population moldave à des structures sanitaires adéquates.


M. Bodiu a expliqué que, depuis 2006, la réduction des inégalités entre les sexes est une priorité du Gouvernement moldave, et il a cité diverses mesures prises, dont l’adoption d’un Programme national quinquennal 2010-2015 pour l’égalité des sexes, et d’un Plan d’action 2010-2012 pour le mettre en œuvre.  Il a en outre expliqué que, pour la première fois, la dimension sexospécifique était intégrée dans le programme de travail du Gouvernement.  Le Ministre a par ailleurs rappelé qu’une femme sur quatre dans la tranche d’âge située entre 16 et 35 souffre de violences domestiques, alors que la République de Moldova reste aussi l’un des pays les plus affectés par la traite des femmes.  Il a en outre expliqué que 70% des victimes de la traite qui ont reçu une assistance vivaient dans la pauvreté, et que 90% des femmes et fillettes victimes avaient d’abord subi des violences domestiques.  Il a expliqué qu’il existait un système national d’assistance et de protection mis en œuvre à travers un partenariat entre le Gouvernement et des ONG et organisations internationales.


En matière d’éducation, malgré une augmentation constante des dépenses, les progrès restent faibles, a reconnu le Ministre, qui a en outre reconnu que les salaires aussi sont bas dans l’enseignement et n’atteignent que 70% du salaire moyen.  Or, c’est un secteur où les femmes sont très majoritaires.  Ceci explique peut-être en partie l’important écart moyen de salaire entre hommes et femmes au plan national: 73,3%, a relevé M. Bodiu.  Le Gouvernement a cependant récemment adopté un plan de réforme pour améliorer l’efficacité de l’éducation obligatoire, a précisé le Ministre d’État.  Au titre des défis, le Ministre a également mentionné ceux à relever dans l’agriculture, qui bénéficie de subventions qui ont été multipliées par 20 entre 2004 et 2008, mais reste peu productive et peu compétitive.  Il a précisé que le Gouvernement moldave avait adopté cette année un programme d’incitation à la production de produits à forte valeur ajoutée.  M. Bodiu a ensuite insisté sur les conséquences de la crise mondiale, tout en estimant que celle-ci était aussi l’occasion de promouvoir les réformes nécessaires.


Si la part des femmes dans la vie politique a augmenté, avec 30% de femmes au Parlement, elles restent défavorisées dans le monde du travail, où elles occupent souvent les postes les moins qualifiés et les moins rémunérés, a ensuite reconnu le Ministre d’État, qui a ajouté qu’il existait une tendance à l’engagement des femmes dans des activités informelles, alors que dans le même temps, le pourcentage de femmes qui renoncent à chercher du travail augmente.  Il a toutefois conclu que le Gouvernement était décidé à réduire la pauvreté et à faire avancer le pays sur la voie de l’intégration européenne.


Débat interactif


Les trois délégations de l’Azerbaïdjan, de la Roumanie et des États-Unis, qui étaient chargées d’examiner le rapport national facultatif de la République de Moldova ont fait quelques observations et posé des questions à la délégation de ce pays.


M. ASIF GARAYEV (Azerbaïdjan) a reconnu les défis à relever par la République de Moldova qui est en train d’opérer une transition vers une économie de marché tout en mettant en place une stratégie de développement.  Il a noté le lancement d’initiatives en ce qui concerne la planification familiale, ainsi que les efforts menés pour lutter contre la traite des femmes.  Il a souhaité plein de succès à un « pays ami » dans la poursuite de son développement.


Le rapport national reflète l’engagement du pays dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a noté quant à elle Mme SIMONA MIRELA MICULESCU (Roumanie).  Elle a également apprécié l’accent mis sur le troisième OMD, qui vise la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  Elle s’est félicitée de l’attention qu’accorde le Gouvernement moldave aux droits de l’homme et salué son intention de mettre en œuvre les mécanismes nécessaires à l’application des plans d’action dans le domaine de l’égalité entre les sexes.  La traite des personnes reste une préoccupation majeure, a-t-elle poursuivi, soulignant que les situations de conflit s’ajoutent à ce problème.  Elle a aussi apprécié que la République de Moldova ait placé l’intégration européenne au sein de sa politique étrangère.  La Roumanie a toujours appuyé la République de Moldova dans ses efforts en vue d’établir une véritable démocratie, a-t-elle enfin déclaré.


« C’est une des auto-évaluations les plus honnêtes que nous ayons entendue jusqu’à présent », a relevé à son tour M. RICK BARTON (États-Unis).  Les années passées ont été marquées par de grands défis mondiaux, politiques et culturels pour le pays, a-t-il relevé, et c’est dans ce cadre que le Gouvernement moldave a réussi à poursuivre l’objectif d’égalité entre les sexes.  Les États-Unis appuient ces efforts ainsi que ceux menés en vue de l’intégration européenne de la République de Moldova.  Le représentant américain s’est ensuite interrogé sur les disparités existant entre le cadre juridique actuel et la réalité sur le terrain en ce qui concerne les droits des femmes.  Il a aussi demandé si le pays envisageait de combler ses lacunes juridiques pour lutter plus efficacement contre la traite des êtres humains.


Répondant à ces questions, le Vice-Ministre moldave pour la protection sociale et la famille a assuré que son pays disposait d’un bon cadre juridique national pour lutter contre la traite et la violence contre les femmes.  « Nous renforçons aussi les communautés locales pour qu’elles participent à cette lutte », a-t-il dit.  Il a également précisé que le nombre de victimes de la traite a été diminué par trois.  Il a néanmoins reconnu l’existence de problèmes liés à la réforme de la justice, tout en annonçant un train d’amendements qui est en cours d’examen au Parlement.  « Nous comprenons très bien que l’état de droit doit être rétabli dans le pays », a-t-il ajouté.


Mme KAARINA IMMONEN, Coordonnatrice résidente du PNUD en République de Moldova, a ensuite félicité le gouvernement pour avoir réussi à transformer la crise en occasion permettant d’engager des réformes, grâce à des mesures prises très rapidement.  Les femmes et les enfants n’ont pas été laissés de côté, a-t-elle en outre noté.  Elle a salué l’adoption de lois et de plans d’action en vue de promouvoir l’égalité entre les sexes, ainsi que le renforcement du système judiciaire.  Tous les efforts doivent se concentrer maintenant sur la mise en œuvre des réformes en cours, a-t-elle dit sur un ton encourageant, indiquant que le pays peut compter sur le système des Nations Unies pour l’épauler dans ses efforts.


Réagissant à cette intervention, le Vice-Ministremoldave a jugé important de faire le lien entre les services sociaux et un nouveau système de prestations sociales.  Au cours des prochaines années, nous allons consolider cette approche intégrée de protection sociale, a-t-il annoncé.


Enfin, Mme VALENTINA BODRUG-LUNGU, société civile moldave,a salué l’appui apporté à son pays par le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et le PNUD, ainsi que par d’autres organisations et donateurs internationaux.  Elle a aussi remercié le Gouvernement de la République de Moldova pour avoir introduit la dimension du genre dans tous les OMD.  Il est important de garantir la participation des organisations non gouvernementales (ONG) et de la société civile pour le suivi de tous les programmes nationaux de lutte pour l’égalité entre les sexes et contre la traite des personnes, a-t-elle aussi souligné.  Réagissant à cette intervention, le Vice-Ministre moldave a mentionné la mise en place récente d’un Conseil de participation qui englobe les 30 ONG les plus dynamiques du pays et permet ainsi une bonne synergie avec ces organisations.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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