Les patrons du Pacte mondial se séparent « convaincus » que la solution aux crises économique et financière actuelles passe par l’émergence d’un marché responsable fondé sur des principes
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Sommet 2010 des dirigeants du Pacte mondial
3e séance plénière - matin
LES PATRONS DU PACTE MONDIAL SE SÉPARENT « CONVAINCUS » QUE LA SOLUTION AUX CRISES ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE
ACTUELLES PASSE PAR L’ÉMERGENCE D’UN MARCHÉ RESPONSABLE FONDÉ SUR DES PRINCIPES
« Nous, participants au Sommet des dirigeants du Pacte mondial, sommes convaincus, qu’en cette période critique de l’histoire de l’économie mondiale, l’émergence d’un marché responsable fondé sur des principes est un élément essentiel de la solution aux problèmes actuels. »
C’est par ces mots, contenus dans la « Déclaration de New York », que se sont séparés aujourd’hui les 1 200 patrons, réunis depuis hier dans la ville américaine, pour tenir leur troisième Sommet et célébrer le dixième anniversaire d’un Pacte imaginé, au Forum économique de Davos, par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, pour « promouvoir le rôle positif de l’entreprise dans l’essor d’une société ».
Au nombre de 8 000, réparties dans 140 pays, ces entreprises, représentées, cette année à New York, par les PDG d’AREVA, d’AngloGold Ashanti, de Siemens AG, de Schneider Electric ou encore d’Unilever, se sont engagées à adopter, soutenir et appliquer 10 valeurs fondamentales dans les domaines des droits de l’homme, des normes du travail, de l’environnement et de la lutte contre la corruption.
Ayant placé leur Sommet sous le signe de la « durabilité », à savoir les trois piliers du développement durable que sont la croissance économique, le bien-être social et la protection de l’environnement, les patrons du Pacte mondial ont accueilli avec satisfaction la « feuille de route du leadership durable ».
Présenté pendant le Sommet, ce document offre un cadre de gestion fondé sur les politiques et pratiques les plus efficaces en matière de promotion des changements organisationnels et de politiques d’appui aux quatre domaines prioritaires du Pacte mondial. Le document contient aussi un éventail de ressources et d’instruments nouveaux liés à la protection de l’environnement, à la transparence financière, aux droits de l’homme, à l’émancipation de la femme, aux relations sur le lieu de travail, à la gestion durable des chaines d’approvisionnement, à la responsabilité et aux investissements du monde des affaires dans les pays touchés par les conflits ou à hauts risques.
Dans la « Déclaration de New York », les patrons promettent aussi de renforcer leur appui aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et s’engagent à renforcer leur dialogue avec la société civile et les syndicats. Ils se fixent le but d’atteindre d’ici à 2020 le chiffre de 20 000 adhérents au Pacte mondial.
Toutefois, préviennent-ils, le succès du marché et le leadership politique vont main dans la main. Ils appellent donc les gouvernements à cultiver un environnement favorable à l’entreprenariat et à l’innovation; à appuyer un système commercial international ouvert et exempt de discrimination; et à arrêter des mesures d’incitation à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la promotion de l’énergie propre.
C’est parce que les gouvernements ne peuvent réaliser seuls le développement durable, qu’il faut une alliance aussi large que possible pour protéger notre environnement, a tout de même rappelé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales. Sha Zukang a invité les patrons au Sommet sur le développement durable, dit Rio +20, prévu en 2012 au Brésil.
Inauguré par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et le Maire de la ville de New York, Michael Bloomberg, lui-même patron de la puissante « Bloomberg L.P. Ltd », le Sommet a été divisé en séances plénières, manifestations parallèles et tables rondes sur le changement requis pour faire avancer le développement durable.
SOMMET DES DIRIGEANTS DU PACTE MONDIAL
Réaliser le développement
Déclarations
Dans sa déclaration liminaire, M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial auprès du Secrétaire général pour les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et Directeur de « The Earth Institute » de la Columbia University, a jugé que ce Sommet était l’événement le plus important, de ces dernières années, sur la question du développement durable. Il a souhaité que cette rencontre soit l’occasion pour le monde des affaires de s’entendre sur une stratégie pour faire face aux défis en matière de développement. Ce serait formidable, s’est-il enthousiasmé, si nous sortons d’ici en nous entendant sur la façon dont le secteur privé peut mieux contribuer au défi de la durabilité. Le défi est de s’assurer que les technologies modernes nous permettent de travailler, de produire, de consommer sans menacer la planète, alors qu’1 à 2 milliards de personnes, dans le monde, se battent tous les jours pour survivre, a-t-il estimé.
Vous les entreprises, vous avez les moyens de mettre fin à toutes ses souffrances, a-t-il aussi estimé, en soulignant l’habitude des marchés d’ignorer les plus pauvres parce que ce ne sont pas leurs clients. Or, les millions de gens qui meurent de faim, de malnutrition et de maladie peuvent être soignées facilement. Prenant l’exemple de la puissance américaine et de la conviction de ses compatriotes que son armée peut régler, il a prévenu: « nous nous trompons, car l’armée américaine ne peut rien contre les changements climatiques, contre la faim et contre les crises ».
M. Sachs a appelé les hommes d’affaires à se forger une vision « qui couvre une, voire deux générations ». Il les a exhortés à bien saisir l’ampleur des défis. Les hommes politiques ne peuvent pas régler tous ces problèmes sans les multinationales qui présentent l’avantage d’être présentes dans une centaine de pays. Vous devez réfléchir à la manière de mettre la puissance de vos entreprises au service du développement et des services de base comme l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’électricité, a insisté le Conseiller spécial du Secrétaire général.
M. TOMMY HILFIGER, Président de « Tommy Hilfiger Group » et de la Fondation « Tommy Hilfiger », a raconté qu’en revenant d’un séjour en Afrique son sentiment était partagé entre la frayeur et l’optimisme. Le niveau de pauvreté des familles est terrifiant, mais la détermination des populations à s’en sortir nous empêche de renoncer. Il a évoqué son engagement dans le « Millenium Promise » et les « Villages du Millénaire ». Dans les régions où les villages sont implantés, les femmes n’ont plus à parcourir 80 kilomètres à pied par jour pour chercher de l’eau. Sur place, la synergie a contribué à autonomiser les communautés et à améliorer l’éducation et la santé des enfants, a indiqué l’homme d’affaires.
Ce qu’il faut c’est de « casser le cercle vicieux de la faim, de la pauvreté et du sous-développement, a-t-il ajouté. M. Hilfiger a annoncé que sa Fondation venait de faire un don de 2 millions de dollars à « Millenium Promise ». Nous vous invitons à nous rejoindre dans cette croisade contre la pauvreté extrême, à donner, à tendre la main et à mettre vos objectifs d’entrepreneur au service des OMD, a conclu Tommy Hilfiger.
M. PAOLO SCARONI, Président de « ENI », a expliqué que sa société d’exploitation de pétrole et de gaz mettait en œuvre des projets de développement communautaires. Au niveau local en Afrique, cette action est décisive pour assurer au plus grand nombre l’accès à l’électricité. Notre modèle nous a permis d’assurer la fourniture de 5% de l’électricité en Algérie, au Congo, au Ghana et en Angola, en particulier dans les zones rurales reculées, a-t-il souligné. « ENI » mise de plus en plus sur la coopération avec les gouvernements pour mettre en valeur les compétences locales. Sans électricité, il ne peut pas y avoir de développement possible, a-t-il souligné, en rappelant que deux milliards de personnes dans le monde en sont toujours privées.
M. ZHOU ZHONGSHU, Président de « China Minmetals Corporation », a indiqué, par exemple, que grâce à la promotion d’un développement économique inspiré des OMD, les activités de son entreprise en République démocratique populaire lao avaient permis, en moins de 10 ans, de faire passer le revenu moyen par habitant de 60 à 500 dollars. Dans des pays où les industries minière et pétrolière sont les secteurs les plus importants, les investissements doivent aussi être sociaux et l’ONU peut servir de guide dans ce domaine, a estimé M. Zhongshu.
M. JEREMY HOBBES, Directeur exécutif d’« Oxfam international », a souligné qu’il manque toujours 22 milliards de dollars pour poursuivre la mise en œuvre des OMD. On ne peut pas soutenir politiquement un tel chantier et couper les fonds au motif que nous vivons une crise financière, a-t-il plaidé. Pour appuyer les OMD, il faut créer des emplois stables synonymes de création des richesses, d’autonomie des populations et de renforcement des secteurs clefs de la santé et de l’éducation, a déclaré M. Hobbes.
Nous le savons, il faut faire participer les personnes les plus défavorisées aux processus de prise de décisions et les aider à se sortir de la pauvreté, a-t-il résumé. C’est en travaillant ensemble que les acteurs du développement ont réussi à scolariser 33 millions d’enfants de plus en 10 ans, a-t-il souligné.
Mme ANNE LAUVERGEON, Présidente-Directrice générale d’AREVA, a mis l’accent sur l’aspect « promotion de l’égalité entre les sexes » du Pacte Mondial. À AREVA, nous avons essayé de changer les choses parce que nous sommes persuadés que la parité est un élément fondamental de l’efficacité, a-t-elle affirmé. Comment fournir des services à la société si nous ne la représentons pas fidèlement. Elle a précisé que le pourcentage de femmes cadres dans son entreprise est passé de 14% à 23% entre 2004 et 2010; 35% des ingénieurs étant des femmes. Nous avons créé une section sur la diversité au sein d’AREVA et avons initié plusieurs actions dans le monde pour promouvoir l’éducation des filles.
Dans ses remarques sur cette question, M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial du Secrétaire général sur les OMD, a rappelé que les femmes et les filles représentaient 50% de la population mondiale et que leur exclusion des filles signifiait l’exclusion d’une moitié de l’humanité.
M. SARHAD HAFFARD, Président de « Emaar Syria », a souligné les efforts de mise en œuvre du Pacte mondial au niveau national, dont la mise en place d’un Centre de recherche sur le cancer, des projets touristiques ou encore des programmes de formation professionnelle.
M. EMEKA WOGU, Ministre du travail et de la productivité du Nigéria, a dit la détermination de son pays de promulguer des lois qui favorisent l’investissement et le développement du secteur privé pour accélérer la mise en œuvre des OMD. En attendant, il a cité les programmes visant à favoriser l’accès des femmes au microfinancement. Le Ministre n’a pas oublié de mettre l’accent sur la lutte contre la corruption.
Après que le Ministre eut remercié la Chine pour sa contribution à l’électrification de son pays, le Conseiller spécial du Secrétaire général a salué un projet en ce sens dans 113 communautés au Nigéria. L’accès à l’électricité est une condition incontournable à la réalisation des OMD, a-t-il dit.
M. AJIT GULABCHAND, Président de « Hindustan Construction Company Ltd », Inde, a mis l’accent sur l’importance de l’accès de l’eau, une question transversale qui a des ramifications dans les domaines de l’environnement et de l’énergie. Il a précisé que son entreprise participait, avec 75 entreprises dans 23 pays, à un projet visant à faciliter l’accès à l’eau et à améliorer l’interaction entre les entreprises et le secteur public dans le domaine de la gestion de l’eau. Il est urgent de régler la question de cette gestion, a-t-il dit, en invitant les entreprises à rejoindre le « groupe des 75 ».
M. JEAN-PASCAL TRICOIRE, Président de « Schneider Electric », France, a, à son tour, souligné que l’électricité est fondamentale dans tous les aspects d’une société, qu’il s’agisse de l’accès à l’eau, de l’éducation ou de la sécurité. En moyenne, les gens dépensent 20% de leur pouvoir d’achat dans l’électricité, a-t-il indiqué, avant de préciser que son entreprise conçoit d’abord l’innovation comme un moyen d’améliorer les conditions de vie des gens, en particulier ceux qui évoluent « au plus bas de la pyramide sociale ».
En Inde, a-t-il poursuivi, nous nous efforçons d’adapter des solutions globales éprouvées ailleurs à l’échelle des villages et des communautés. Soulignant l’importance de former les personnels locaux aux technologies actuelles, il a estimé que l’alignement des stratégies d’entreprises aux OMD ne relevait aucunement de la charité. Le fait est que sans durabilité, nos sociétés globales ne fonctionnent pas, a-t-il reconnu, concluant que le secteur privé doit devenir partie intégrante de l’« écosystème local ».
M. HAMADOUN I. TOURÉ, Secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a souligné que les efforts de l’Union visaient à assurer l’implication du monde des affaires dans la réalisation des OMD. Dans le cadre du projet « Se connecter au monde », destiné à informatiser l’Afrique, nous avons, a-t-il affirmé, réussi à attirer 55 milliards de dollars d’investissement en 10 ans. Aujourd’hui, ce sont quelque 250 millions d’Africains qui sont abonnés à un portable et qui donc peuvent faire partie du nouvel environnement commercial, a fait savoir M. Touré.
M. GUSTAVO PEREZ BERLANGA, Membre du Comité directeur de « Cafeterias Toks S.A. de C.V. », a souhaité rappeler que80% des entreprises d’Amérique latine sont engagées dans un effort de durabilité et sont conscientes de la pertinence des OMD. À travers le Pacte mondial, nous donnons l’exemple aux autres compagnies, en ajoutant de la valeur sociale à nos activités, en étant plus responsables auprès des populations pour qui les droits de l’homme, les normes du travail, la protection de l’environnement et la lutte contre la corruption ne sont pas des coquilles vides. Nos entreprises se sont engagées à bâtir un monde meilleur et à le léguer à nos enfants et nos petits-enfants, a promis M. Berlanga.
M. YOSHIMASA TAKAO, Directeur de « Sumitomo Chemicals Co, Ltd », a expliqué que sa compagnie était leader sur le marché de la fabrication des moustiquaires en Afrique. Notre usine en Tanzanie en fabrique près de 40 millions par an; notre produit étant le seul à permettre de contrôler la propagation du paludisme sur le long terme, a-t-il précisé. Nous avons créé 7 000 emplois sur le continent, occupés en majorité par des femmes, a encore souligné M. Takao, pour qui l’accent doit être mis sur le lien entre maladie et chômage.
Le secteur privé a un rôle déterminant à jouer mais les États doivent faire leur part aux côtés de l’ONU pour favoriser les investissements étrangers directs (IED) et fournir une formation spécialisée à sa population, a-t-il poursuivi, avant de conclure qu’un tel effort économique est « un pari sur la paix et la prospérité ».
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