Le Pacte mondial passe d’un contrat fondé sur la moralité à un engagement reposant sur le socle des principes et du profit, affirment le Secrétaire général et le secteur privé
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Sommet 2010 des dirigeants du Pacte mondial
1re et 2e séances plénières
Matin & après-midi
LE PACTE MONDIAL PASSE D’UN CONTRAT FONDÉ SUR LA MORALITÉ À UN ENGAGEMENT REPOSANT SUR LE SOCLE
DES PRINCIPES ET DU PROFIT, AFFIRMENT LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET LE SECTEUR PRIVÉ
Le Pacte mondial est devenu « l’initiative la plus importante et la plus ambitieuse du genre », s’est réjoui aujourd’hui le Secrétaire général de l’ONU, en rappelant qu’au début, cet engagement avait comme force motrice la moralité à laquelle s’est ajoutée désormais la conviction que principes et profits sont les deux côtés d’une même pièce.
Ban Ki-moon inaugurait ainsi le troisième Sommet des dirigeants du Pacte mondial qui a coïncidé, cette année, avec le dixième anniversaire de ce contrat imaginé par Kofi Annan, au Forum économique mondial de Davos, pour « promouvoir le rôle positif de l’entreprise dans l’essor d’une société ».
Réunis à l’hôtel « Marriot » les 1 000 participants du secteur privé dont les patrons d’Accenture, d’AngloGold Ashanti, de Petrobras, de Siemens AG et d’Unliver, ont été invités à réfléchir à la contribution de leur entreprise à la « durabilité », soit à la préservation du lien entre croissance économique, bien-être social et protection de l’environnement, les trois piliers du développement durable.
Devenu opérationnel en 2000, le Pacte mondial rassemble aujourd’hui, dans 140 pays, 8 000 entreprises qui se sont engagées à adopter, soutenir et appliquer 10 valeurs fondamentales dans les domaines des droits de l’homme, des normes du travail, de l’environnement et de la lutte contre la corruption. Selon les estimations, le Pacte devrait regrouper d’ici à 2020, quelque 20 000 adhérents.
Aux côtés de Michael Bloomberg, Maire de la ville de New York et Fondateur de « Bloomberg L.P. », société de services et d’informations financières, le Secrétaire général a d’abord rendu hommage aux qualités de ce « visionnaire, source d’inspiration qui a su montrer que des investissements intelligents peuvent stimuler les progrès sociaux ».
Ban Ki-moon a identifié quatre priorités pour le monde des affaires et d’abord le leadership. Au prochain Sommet du G-20, ce week-end à Toronto, a-t-il pronostiqué, nous allons entendre les dirigeants du monde mettre l’accent sur les politiques de rigueur et d’austérité budgétaire, compte tenu de la crise.
C’est exactement le contraire que je vais prôner, a-t-il prévenu, car « nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas investir dans le monde en développement parce que nous savons que c’est là que sont les besoins les plus grands mais aussi là qu’est le dynamisme le plus grand ».
Le Secrétaire général a aussi cité comme priorités la nécessité de tirer les leçons de la crise financière, l’importance pour le secteur privé de soutenir les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le devoir d’adopter des stratégies et instruments nouveaux, pour cette nouvelle ère du Pacte mondial.
Le Sommet devrait s’achever avec l’adoption d’une « feuille de route » proposant aux entreprises « 50 manières de se distinguer ».
D’emblée, le Président-Directeur général de l’Unilever, Paul Polman, a affirmé que 93% des PDG estimaient que la « durabilité » était un critère essentiel de la croissance à long terme. « Le consommateur est en avance sur nous », a-t-il averti, avant d’appeler ses collègues à « coller à ces évolutions ».
Les entreprises qui s’engagent à intégrer et à respecter les principes du Pacte mondial seront celles que l’on retrouvera au sommet de la pyramide, dans 10 ans, a parié Mary Robinson, Présidente de « Realizing Rights: The Ethical Globalization Initiative ».
La crise économique exige de toute façon l’instauration d’une éthique mondiale, a estimé Hans Küng, Président de « Global Ethic Foundation », qui a vu dans cette crise « un échec moral plutôt que le résultat d’un dysfonctionnement institutionnel ». « On a confondu marché et casino géant », a-t-il tranché.
Il ne suffit pas de s’autoproclamer entreprises citoyennes, il faut encore trouver un cadre de gestion adapté, a mis en garde Robert Greenhill, du Forum économique mondial de Davos. Justement, Mark Moody-Stuart, Président de la Fondation pour le Pacte Mondial, a décrit la « feuille de route » que le Sommet devrait adopter, comme « un modèle de gestion ».
« Trouver un équilibre entre profit et intérêt public » peut être difficile, a reconnu le Président de l’Organisation internationale des employeurs et membre du Conseil d’administration d’AngoGold Ashanti. « Mais nous aimons les défis », a conclu Wiseman Lumkile Nkhlu.
Le Sommet achèvera ses travaux demain, vendredi 25 juin. La première réunion est prévue à 9 heures à l’hôtel « Marriot ».
SOMMET DES DIRIGEANTS DU PACTE MONDIAL
Déclarations liminaires
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a inauguré le troisième Sommet des dirigeants du Pacte mondial en rendant hommage aux qualités de « visionnaire » du Maire du New York, M. Michael Bloomberg. « M. Bloomberg est une source d’inspiration, il a montré que des investissements intelligents peuvent stimuler les progrès sociaux », a-t-il ajouté.
Indiquant que le Pacte mondial est devenu « l’initiative la plus importante et la plus ambitieuse de ce type », le Secrétaire général a rappelé qu’au début cet engagement avait comme force motrice la moralité à laquelle s’est ajoutée désormais la reconnaissance du fait que principes et profits sont les deux côtés d’une même pièce.
Cette reconnaissance ne pouvait mieux tomber, a-t-il dit, en parlant d’une époque où la puissance économique se déplace vers des pays émergents, où les crises économique et financière continuent de secouer le monde des affaires, et où, après plusieurs scandales, la confiance dans les entreprises doit être rétablie.
Dans ce cadre, le Secrétaire général a dit avoir identifié quatre priorités et d’abord le leadership. Vous êtes, a-t-il dit, au front de la mondialisation et vous devez jouer un rôle central dans l’ouverture dont dépendent le développement et la prospérité. Au prochain Sommet du G-20, prévu ce week-end à Toronto, a-t-il poursuivi, nous allons entendre les dirigeants du monde mettre l’accent sur la nécessité des politiques de rigueur et d’austérité budgétaire en temps de crise.
C’est exactement le contraire que je vais prôner, a-t-il prévenu, en arguant que « nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas investir dans le monde en développement car nous savons tous que c’est là où sont les besoins les plus grands mais aussi là où est le plus grand dynamisme ».
En deuxième lieu, M. Ban a parlé de la nécessité de tirer les leçons de la crise financière. Les entreprises doivent renoncer au court terme au profit du long terme, a-t-il dit, en ajoutant qu’une culture de l’éthique doit être intégrée dans la pratique des affaires.
Le Secrétaire général a cité comme troisième priorité, la nécessité pour le secteur privé de soutenir les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a rappelé que l’ONU a identifié 15 étapes pour aller de l’avant qui vont de la faim à la lutte contre la violence sexuelle en passant par les maladies et l’énergie verte. Il a aussi attiré l’attention sur le Plan d’action sur la santé maternelle et infantile.
Tous ces éléments, a-t-il insisté, ont un effet multiplicateur très puissant. Rappelons-nous, a-t-il dit, que les investissements dans le monde en développement sont des investissements dans la croissance mondiale.
En dernier lieu, le Secrétaire général a mis l’accent sur la nécessité d’adopter des stratégies et instruments nouveaux pour cette nouvelle ère du Pacte mondial. Il s’est félicité de la feuille de route que doit adopter le Sommet, avant de rappeler les nouveaux cadres développés par l’ONU en matière de lutte contre la corruption, de protection de l’environnement, d’émancipation des femmes, d’investissements sociaux, des droits de l’enfant, de durabilité dans les chaînes de distribution et de pratiques responsables dans les zones de conflit.
Il y a 10 ans, a-t-il conclu, le Pacte mondial réunissait à peine quelques entreprises. Aujourd’hui, les estimations prédisent 20 000 adhérents en 2020. Notre engagement est de maintenir l’intégrité du Pacte, a-t-il promis, en rappelant que depuis son lancement, 1 300 entreprises ont été radiées. Ce n’est pas parce que c’est une initiative volontaire que nous n’avons pas la hargne de la défendre, a averti le Secrétaire général.
M. MICHAEL BLOOMBERG, Maire de New York, a déclaré que sa ville était la plus verte de l’ensemble des États-Unis. Nous avons, s’est-il expliqué, baissé notre empreinte carbonique à un tiers inférieure de l’empreinte du pays. La ville de New York s’efforce chaque jour de mettre en œuvre les principes du Pacte mondial, a-t-il assuré. Il a cité une loi qui impose à l’industrie du bâtiment et du transport la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec un objectif ambitieux à réaliser d’ici à 2017.
Plus que jamais notre avenir et nos travaux sont liés, a-t-il dit, en appelant gouvernements et entreprises à se fixer des objectifs communs. Nous devons échanger des idées et des stratégies pour atteindre nos objectifs et surmonter nos défis. Nous avons, a-t-il poursuivi, rassemblé des leaders municipaux pour travailler sur les changements climatiques et le leadership des gouvernements est essentiel. Les chefs d’entreprise, a-t-il aussi lancé, doivent intégrer les principes de durabilité, de transparence et des droits de l’homme dans leurs stratégies de croissance.
Les pratiques environnementales sont les seules viables pour stimuler la croissance économique à long terme. Dans un monde où les gens talentueux se déplacent plus facilement qu’avant, l’avenir appartient aux entreprises qui garantissent la dignité, a-t-il affirmé. En tant qu’homme d’affaires, il a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir non seulement l’environnement mais aussi la santé des citoyens.
À lui seul, a-t-il rappelé, le tabac pourrait être la cause d’un milliard de morts prématurées au cours de ce siècle. Il a également rappelé que les accidents de la route sont devenus la cinquième cause de mortalité dans le monde. Nous savons que le progrès et la prospérité dépendent de la prospérité de chacun d’entre nous. L’avenir du monde est vraiment entre nos mains, a-t-il insisté, en souhaitant que « nous fassions ce qui est attendu de nous pour laisser une meilleure planète à nos enfants et petits-enfants ».
- Fixer l’agenda de la durabilité
Présentation
M. MARK FOSTER, Président du groupe « Accenture », a présenté une Étude sur l’utilité du Pacte mondial, menée auprès des chefs de grandes entreprises. Il ressort de ce travail que les exigences du développement durable et la responsabilité sociale sont des principes largement acceptés et défendus par le secteur privé, a-t-il assuré. Les principes moraux qui sous-tendent le Pacte sont perçus comme un moyen de restaurer la confiance dans le monde des affaires, alors qu’il affronte, dans son ensemble, un moment de doute, a encore noté M. Foster. Il a souligné que les défis des changements climatiques, notamment, doivent être relevés, « dans un souci d’efficacité et de façon à faire évoluer le rôle des PDG ».
La culture d’entreprise doit opérer une véritable mue pour faire du développement durable une réalité palpable sur le terrain », a-t-il ainsi jugé, ajoutant que le monde des affaires doit « retrouver toute sa place au cœur même des sociétés ». L’Étude montre que ce monde est conscient des défis du XXIe siècle, où les nouveaux périls pèsent comme jamais auparavant sur le devenir des populations des pays en développement, a ensuite indiqué le conférencier.
L’inaction ayant un coût supérieur aux investissements à risque, les PDG, aux côtés des États et des organisations syndicales, doivent œuvrer ensemble pour instaurer une nouvelle ère dont les bénéfices s’apprécieront à long terme », a déclaré Mark Foster, qui a plaidé pour des politiques économiques claires dans un cadre régulateur transparent. « Nous devons créer une économie mondiale où les forces du marché avancent au même rythme que la société », a-t-il conclu.
Déclarations
M. PAUL POLMAN, Président-Directeur général d’Unilever, s’est félicité que 93% des PDG estimaient que la durabilité était un critère essentiel de la croissance à long terme. En effet, a-t-il expliqué, aujourd’hui, les consommateurs se soucient plus que jamais que de l’impact sur l’environnement des produits qu’ils consomment. Le Président d’Unilever a indiqué qu’il venait de participer à un Forum mondial des consommateurs, organisé à l’initiative des grands réseaux de distribution comme Wal-Mart. Un réseau de distributeurs, a-t-il précisé, qui a un chiffre d’affaires de 2,5 milliards et qui touche 95% des consommateurs. Nous devons, a-t-il conclu de ce Forum, procéder à des changements radicaux en faisant un compromis en faveur de l’environnement.
Le consommateur est en avance sur nous. Il contrôle directement nos activités. Il se veut plus responsables et est désireux d’agir de manière citoyenne, en contribuant à la recherche de solutions aux défis sociaux dans le monde, a-t-il encore dit. Les entreprises se doivent de coller à ces évolutions, en proposant des marques socialement responsables et en phase avec les aspirations profondes du consommateur.
M. DONALD MACDONALD, Président des « Principes pour un investissement responsable», a admis que la communauté des investisseurs, qui sous-estime encore les changements en cours, a encore un long chemin à faire. Les six principes pour un investissement responsable arrêtés, il y a cinq ans, rassemblent aujourd’hui 750 signataires dans 40 pays. C’est une force, a-t-il dit, en reconnaissant les défis.
Mme MARY ROBINSON, Présidente de « Realizing Rights: The Ethical Globalization Initiative », a jugé essentiel que le Conseil des droits de l’homme s’intéresse aux abus commis par des acteurs non étatiques, dont les entreprises. Nous touchons de plus en plus de gens et nous nous dirigeons dans la bonne direction en ce qui concerne les principes du Pacte mondial, a-t-elle cependant affirmé.
Les entreprises qui s’engagent à intégrer et à respecter les principes du Pacte seront celles que l’on retrouvera au sommet de la pyramide économique, dans 10 ans, a–t-elle parié. Ce sont elles, qui, en tant que locomotives de la mondialisation, peuvent faire la différence, en incitant leurs semblables du secteur privé à agir de manière durable et responsable.
M. PHILIP JENNINGS, Secrétaire général d’« UNI GLOBAL UNION », a déclaré que le monde du travail ne peut ignorer le message du Pacte mondial alors que 93% des PDG se disent conscients de la nécessité de mettre en place des politiques respectueuses des normes du travail et de l’environnement. Nous devons être pragmatiques et faire en sorte que les efforts pour sortir de cette crise soient l’occasion de changer notre façon de faire. Nous représentons 100 syndicats, nous avons négocié 300 accords et sommes en train de négocier avec 35 nouvelles entreprises, a-t-il dit. Nous avons, a-t-il dit, la structure pour emmener le Pacte mondial plus loin. « Nous savons que nous pouvons faire partie de la solution. »
Il faut passer des principes à la pratique, a-t-il dit. Nous sommes encore dans les tranchées. Comme 70% des chefs d entreprises estiment qu’il est très important de travailler avec toutes les parties prenantes, nous avons un rôle actif à jouer dans la formulation d’un message constructif, a-t-il dit.
Mme CAROLYN WOO, Doyenne du « Mendoza College of Business, University of Notre Dame », a estimé que le secteur de l’éducation ne pourra pas changer les choses sans le soutien de l’ONU et du secteur privé. Nous avons besoin de votre travail de plaidoyer, a-t-elle lancé aux entreprises, en exhortant ces dernières à balayer le scepticisme. Vous devez faire en sorte que les gens que vous embauchez soient à la hauteur de vos ambitions vis-à-vis du Pacte mondial, a-t-elle insisté.
Parlant du milieu universitaire, elle a estimé que les intervenants les plus importants sont les entreprises car elles ont l’influence nécessaire pour modifier le contenu des cours des écoles de gestion. Dites nous quelles sont vos normes et n’hésitez pas à nous bousculer, a-t-elle dit, car les jeunes accordent moins d’attention à ce qui s’apprend dans les écoles qu’à ce qu’ils observent sur le terrain. C’est pourquoi, a-t-elle insisté, les questions d’éthique doivent faire partie des entretiens d’embauche.
M. ARUN MAIRA, Membre de la Commission du plan de l’Inde, a salué le fait qu’une majorité aussi forte de chefs d’entreprise soutiennent le Pacte mondial et reconnaissent, ce faisant, l’importance de lier profit et progrès social dans le monde en développement. Cela suppose des partenariats qui regroupent secteur privé, gouvernements, société civile et universités, a-t-il ajouté. M. Maira a souligné que les États ont la responsabilité de créer un environnement favorable à l’investissement. Croyez-moi, a-t-il affirmé, les PDG sont demandeurs d’une intervention accrue de l’État à ce niveau. Il a insisté sur la nécessité de créer des institutions pour faciliter le rapprochement entre pouvoir public et monde des affaires, seul moyen, selon lui, de pérenniser les efforts de responsabilisation des entreprises et de les encadrer juridiquement.
M. HANS KÜNG, Président de « Global Ethic Foundation », a affirmé que la crise économique mondiale exigeait l’instauration d’une éthique elle-même mondiale. Plaidant pour l’élaboration d’un manifeste économique pour responsabiliser le monde des affaires, il a répété que la crise était d’abord un échec moral avant d’être le résultat d’un dysfonctionnement institutionnel. « On a confondu le marché avec un casino géant », a-t-il tranché. Pour lui, le Pacte mondial offre une base solide avec ses 10 principes « imprégnés d’humanisme ». L’éthique mondiale que nous appelons de nos vœux serait complémentaire des codes de conduite des entreprises engagées dans les efforts de développement durable, a-t-il imaginé.
Dans des remarques de clôture, Mme ROBINSON a exhorté le secteur privé à respecter les droits de l’homme, l’environnement et les principes de lutte contre la corruption comme des composantes essentielles de la durabilité. Le secteur privé doit examiner toute la chaine des valeurs associées à la création d’emploi, conformément aux normes de l’Organisation internationale du Travail (OIT).
- Un leadership pour le changement
Déclarations
M. MARK MOODY-STUART, Président de la Fondation pour le Pacte Mondial, a, souhaitant passer de 8 000 à 20 000 adhérents dans les meilleurs délais, présenté la feuille de route de la durabilité qui décrit un modèle de gestion et montre comment mettre en pratique les 10 principes du Pacte mondial. L’objectif est de stimuler les leaders et de faire avancer le Pacte mondial en tant qu’opportunité pour tous. La feuille de route développée en concertation avec les entreprises n’entraine pas de nouvelles obligations, mais apporte une définition de ce que constitue un véritable leadership pour la mise en œuvre des 10 principes, a-t-il souligné. Ce texte offre aussi des pistes sur les moyens d’intégrer ces principes dans les efforts visant à améliorer les performances.
Commentant le contenu de la feuille de route, M JOSE SERGIO GABRIELLI DE AZEVEDO, Président de « Petrobras », a estimé qu’elle arrivait à point nommé. Il faut que nous travaillions avec plus de gens tout en évaluant ce que nous faisons, a-t-il estimé. Nous ne devons pas nous limiter à notre propre production mais aussi encourager nos réseaux de distribution et d’approvisionnement à s’adapter aux 10 principes du Pacte mondial.
M. JOHN RUGGIE, Représentant spécial du Secrétaire général pour la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales, a insisté sur le fait que la durabilité n’est pas une solution technocratique mais bien une volonté de mettre les gens au centre de ce que nous faisons, en tenant compte de leurs attentes. Si le secteur privé n’a pas pour vocation de se mêler de tout, il ne doit en aucun cas aggraver les choses, a-t-il plaidé.
M. ASHOK VEMURI, Conseil exécutif de « Infosys Technologies Limited », a reconnu la nécessité pour les entreprises d’ancrer leur action dans « une réalité en constante mutation ». On s’en rend compte sur le terrain, il ne s’agit plus d’éviter de faire du mal aux populations mais d’améliorer concrètement leur bien-être, en appuyant les activités éducatives auprès des plus jeunes ou encore en construisant des dispensaires ou en ouvrant l’accès des zones reculées aux nouvelles technologies d’information et de communication, a-t-il dit. Pour M. Vemuri, le potentiel de la durabilité se mesure désormais à la qualité des partenariats mis en œuvre sous l’égide du Pacte mondial.
M. PETER Y. SOLMSSEN, Membre du Comité directeur de « Siemens AG », a mis en exergue les efforts de lutte contre la corruption déployés par sa compagnie. Cette action primordiale visant à assurer une « rentabilité propre » suppose un maximum de transparence dans la communication, a-t-il souligné. Il a appelé à la définition de normes de fonctionnement dans des forums « où on joue franc jeu, où on s’ouvre à la société civile et où on tient compte des réalités dans les pays du monde où on opère ».
M. WISEMAN LUKILE NKHULU, Membre du Conseil d’administration d’« AngloGold Ashanti » et Président de l’Organisation internationale des employeurs, a expliqué que les 140 fédérations que son organisation regroupe travaillent à la promotion des principes du Pacte mondial, en particulier, le droit du travail. Nous fournissons des outils aux entreprises qui comprennent qu’il y va de la confiance en elles et de leur notoriété. « Être durable, c’est privilégier des relations saines avec les partenaires sociaux, en répondant à leurs besoins et aspirations », s’est-il dit convaincu. « Contribuer au respect des droits et renforcer la sécurité des travailleurs, c’est aussi un investissement, une manière de miser sur une force de travail efficace », a renchéri M. Nkhulu.
S’agissant de la mise en œuvre, M. JOHN RUGGIE, Représentant spécial du Secrétaire général sur la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales, a jugé important de passer au-delà des engagements verbaux et d’intégrer les 10 principes dans les stratégies de développement des entreprises. Pour ce qui est des droits de l’homme en particulier, l’entreprise doit être consciente de son impact sur la société qui l’entoure. Une bonne interaction entre la communauté et l’entreprise exige la mise en place par les entreprises de systèmes leur permettant de recevoir et de donner suite aux plaintes. Si une plate-forme pétrolière explose, il faut prévoir des mécanismes de gestion et de réponse dans un souci de transparence, a-t-il dit pour illustrer ses propos.
M. HANS SKOY CHRISTENSEN, Président de la Confédération des industries danoises, a aussi mis l’accent sur la nécessité d’évaluer ce qui se fait dans le domaine des normes du travail. Il faut être plus pratique et moins universitaire, a-t-il encouragé. Toutes les personnes à tous les niveaux de l’entreprise doivent s’engager à respecter les principes du Pacte Mondial, a renchéri M. JOSE SERGIO GABRIELLI DE AZEVEDO, Président de « Petrobras ».
Mesurons les progrès réalisés dans la promotion de la technologie verte et la lutte contre l’empreinte carbonique, a poursuivi M. PETER SOLMSSEN, Membre du Comité directeur de « SIEMENS AG », avant que le Président de l’Organisation internationale des employeurs, M. WISEMAN KUMSILE NKUHLU, n’ajoute la nécessité d’avoir de bonnes directives et de bons critères sur des questions comme la lutte contre la corruption.
M. LEE SEUNG-HAN, « Président de Homeplus Group », a cité l’exemple de son entreprise dont le slogan est « aimer sa communauté, aimer ses voisins, aimer sa famille ». Il a indiqué que son groupe avait lancé 29 initiatives d’énergie propres et de changement des modes de consommation. Nous avons en outre des contacts avec 98 établissements scolaires, a-t-il ajouté.
Mme MARTHA TILAAR a mis en avant la spécificité de son entreprise de cosmétiques en Indonésie. Créée il y a 40 ans, elle n’utilise que des produits naturels, a-t-elle précisé en citant à son tour son slogan qui est le « respect des vies et des âmes, en harmonie avec Dieu et l’environnement ».
M. ROBERT GREENHILL, du Forum économique mondial, a voulu qu’alors que la Pacte mondial s’engage vers une nouvelle étape, le rôle positif des entreprises dans l’essor des sociétés, « l’idée initiale lancée par Kofi Annan », soit réaffirmé. Mais le contexte actuel exige que les entreprises voient au-delà des 10 principes, afin de contribuer plus profondément aux réponses aux enjeux auxquels fait face l’ONU, a-t-il ajouté. Il ne suffit pas de s’autoproclamer entreprises citoyennes, car cela peut n’être qu’un slogan publicitaire. Il faut surtout, a-t-il prévenu, trouver le cadre de gestion adapté, a renchéri M. Greenhill.
Pour conclure, le Représentant spécial du Secrétaire général a résumé le sentiment général, en disant que plus les entreprises sont transparentes et saines, plus elles ont de chance de pratiquer un leadership efficace, car « les gens veulent avoir confiance dans le secteur privé ». En poussant les entreprises à adopter des méthodes holistiques, a estimé le Président de l’Organisation internationale des employeurs, le Pacte rend difficile la traduction en actes concrets des engagements pris. Mais nous aimons le défi, s’est-il amusé. Trouver un équilibre entre profit et intérêt public est un effort dont les retombées seront favorables à toutes les parties, États, entreprises et société civile, a-t-il dit plus sérieusement.
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À l’intention des organes d’information • Document non officiel