En cours au Siège de l'ONU

CS/9972

Le Conseil de sécurité entend le Président de la Serbie et M. Skender Hyseni, du Kosovo, à la suite de l’incident survenu à Mitrovica-nord le 2 juillet

06/07/2010
Conseil de sécuritéCS/9972
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6353e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ENTEND LE PRÉSIDENT DE LA SERBIE ET M. SKENDER HYSENI, DU KOSOVO, À LA SUITE DE L’INCIDENT SURVENU À MITROVICA-NORD LE 2 JUILLET


Les membres du Conseil rappellent aux Serbes et Albanais du Kosovo qu’il est nécessaire d’œuvrer en faveur de la réconciliation dans le cadre de la MINUK


Réuni d’urgence à la demande* du Représentant permanent de la Serbie auprès de l’ONU, à la suite de la détérioration de l’état de la sécurité dans la partie nord du Kosovo, le Conseil de sécurité a entendu ce matin, d’une part, l’exposé du Président de la République de la Serbie, M. Boris Tadić, et d’autre part, celui de M. Skender Hyseni, du Kosovo, qui ont tous deux expliqué l’incident survenu, le vendredi 2 juillet, dans la localité de Mitrovica-Nord, située au nord du Kosovo.


Pour M. Tadić, l’attaque à la grenade dont ont été victimes les 3 000 Serbes du Kosovo qui étaient venus protester « pacifiquement » contre l’ouverture d’un « soi-disant bureau du Gouvernement du Kosovo » dans cette ville, est incontestablement un acte « flagrant » de terrorisme imputable aux « sécessionnistes albanais de Pristina ». 


Le Président serbe s’est dit convaincu que cet incident, qui a coûté la vie à une personne et blessé une dizaine d’autres, était la conséquence des provocations orchestrées par « les institutions parallèles de Pristina pour déstabiliser le nord du Kosovo ».  « Cette attaque a été perpétrée délibérément pour aggraver les tensions entre les différentes communautés ethniques et compromettre les efforts visant à instaurer une paix complète », a-t-il martelé.


« Les sécessionnistes continuent d’agir en violation flagrante du droit international en ignorant les principes énoncés par la Charte de l’ONU », a également déclaré le Chef de l’État serbe.  Estimant que « la communauté serbe du Kosovo est la communauté la plus vulnérable en Europe », il a demandé à la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) de restaurer le cadre juridique de la province et à la Mission « EULEX » d’exercer son autorité pour traduire en justice les auteurs de crimes dont sont victimes les Serbes du Kosovo.


Aux yeux du Président Tadić, seuls des militants albanais du Kosovo sont capables de commettre de telles horreurs, a regretté M. Hyseni, qui a cependant suggéré que les grenades avaient peut-être été lancées depuis la foule des manifestants serbes.  Le Conseil de sécurité doit demander au Gouvernement de la Serbie de cesser son ingérence obstructive dans les affaires du Gouvernement du Kosovo, dont le bureau de Mitrovica est un centre de services communautaires destiné uniquement à répondre aux besoins et doléances de sa population serbe ».


« Laissez les Serbes du Kosovo en paix », a-t-il lancé en direction de M. Tadić.  « Laissez-les travailler pour leur propre bien et travaillez avec nous sur les questions pratiques qui permettront d’améliorer les relations entre nos deux pays! »


Les deux hommes ont évoqué l’avis consultatif que rendra prochainement la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la légalité de la déclaration d’indépendance du Kosovo.


« Nous nous attendons à ce que la Cour ne reconnaisse pas la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo », a indiqué à ce sujet le Président Tadić, qui a estimé qu’« un avis contraire de la Cour signifierait qu’aucune frontière, nulle part dans le monde, n’est protégée contre des ambitions séparatistes ». 


M. Hyseni a, quant à lui, assuré qu’il avait confiance dans la capacité de la justice internationale de rendre un avis « équilibré et objectif » en faveur de la restauration de l’état de droit dans l’ensemble du territoire du Kosovo.


De leur côté, le Chef de la MINUK, M. Lamberto Zannier, et celui de la Mission « EULEX », M. Yves de Kermabon, ont relevé qu’en dépit de l’incident du vendredi 2 juillet, la situation en matière de sécurité au Kosovo était sous contrôle.  Ils ont assuré que tous les moyens nécessaires avaient été mis en œuvre pour arrêter les auteurs de cet incident et souligné que les événements de ces derniers jours, y compris une tentative d’assassinat, hier, d’un membre serbe de l’Assemblée du Kosovo, montraient « qu’il est urgent de relancer le dialogue entre Serbes et Albanais du Kosovo », comme le demande la résolution 1244 du Conseil de sécurité.


Les membres du Conseil ont pris la parole pour exhorter les parties à faire preuve de retenue afin d’empêcher toute provocation qui contribuerait à une escalade des tensions dans la région des Balkans.  La Fédération de Russie et les États-Unis ont exprimé des vues divergentes. 


Le représentant de la Fédération de Russie a ainsi fait remarquer que, lors de la dernière réunion du Conseil sur la question, son pays avait averti la communauté internationale que la situation au Kosovo « était loin d’être stable ».  Il a fustigé les visées de Pristina pour réaliser la stratégie pour le nord du Kosovo, une ambition qui, selon lui, est contraire aux dispositions de la résolution 1244.  L’unilatéralisme, a-t-il affirmé, ne peut que saper les efforts internationaux de stabilisation dans la région. 


Pour sa part, le représentant des États-Unis a considéré que « de toute évidence, les incidents de vendredi dernier constituaient un acte isolé et non un acte planifié de terrorisme ».  Tout en s’interrogeant sur la pertinence d’une telle réunion d’urgence du Conseil de sécurité, il a souligné qu’il était nécessaire de renforcer l’état de droit dans le nord du Kosovo et de protéger l’ensemble des communautés de la région.  « Les Gouvernements de la Serbie et du Kosovo doivent coopérer en tant que pays voisins pour promouvoir la stabilité régionale et prévenir d’autres actes de violence », a-t-il dit.


* S/2010/355


RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Lettre datée du 2 juillet 2010, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Représentant permanent de la Serbie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2010/355)


Déclarations


M. BORIS TADIĆ, Président de la République de Serbie, rappelant tout d’abord les incidents survenus, vendredi dernier, « dans la ville serbe de Mitrovica-Nord », a indiqué que 3 000 Serbes du Kosovo s’étaient rassemblés pour protester contre l’établissement de ce qui a été désigné comme « un Bureau du Gouvernement du Kosovo » dans cette ville. 


Il a qualifié cette tentative « des sécessionnistes albanais de Pristina » de violation flagrante de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.  M. Tadić a indiqué que les Serbes, « qui étaient venus en paix », ont été attaqués avec des explosifs, précisant que cet « acte flagrant de terrorisme » avait fait une dizaine de blessés du côté serbe et un mort parmi la population musulmane.


Cet incident, a déclaré le Président serbe, est la conséquence directe des provocations orchestrées par « les institutions parallèles de Pristina pour déstabiliser le nord du Kosovo ».  Il s’est dit convaincu que cette attaque avait été perpétrée délibérément pour aggraver les tensions entre les différentes communautés ethniques et compromettre les efforts visant à instaurer une paix complète.  M. Tadić s’en est pris directement au Bureau civil international dirigé par l’Envoyé de l’Union européenne, M. Peter Feith, qu’il a accusé « d’appuyer le sinistre plan visant à imposer un régime illégal et non voulu dans cette partie de notre province ».  « Les sécessionnistes continuent d’agir en violation flagrante du droit international en ignorant les principes énoncés par la Charte de l’ONU », a-t-il poursuivi, exhortant la communauté internationale à « prendre les mesures nécessaires pour empêcher que des événements comme ceux de vendredi dernier ne se reproduisent plus et que le bureau illégal de Mitrovica-Nord soit fermé ».


M. Tadić a appelé, d’une part, la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) à restaurer le cadre juridique de la province que les sécessionnistes ont rejeté et, d’autre part, l’Union européenne à obliger EULEX à exercer son autorité pour traduire en justice les auteurs de tous les crimes dont sont victimes les Serbes du Kosovo.  « La communauté serbe du Kosovo est la communauté la plus vulnérable en Europe », a-t-il fait observer. 


Le Président serbe a estimé que le seul moyen de stabiliser le Kosovo était de mettre pleinement en œuvre le plan en six points du Secrétaire général.  Ce plan, a-t-il rappelé, avait été approuvé par la totalité des membres du Conseil en novembre 2008 et contient des mesures concrètes dans les domaines de l’état de droit, de la protection des sites sacrés serbes, de la santé, de l’éducation ou encore des télécommunications.  M. Tadić a souligné que la priorité numéro un doit être de préparer le terrain à un processus de paix entre Serbes et Albanais du Kosovo en vue de parvenir à un accord acceptable par tous. 


Évoquant l’examen de la légalité de la « déclaration unilatérale d’indépendance » du Kosovo par la Cour internationale de Justice (CIJ), le Président serbe a insisté sur le fait que les conclusions de la Cour, qui seront transmises prochainement à l’Assemblée générale, auront des conséquences directes sur l’ensemble du système des Nations Unies.  « Nous nous attendons à ce que le Cour ne reconnaisse pas la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo », a-t-il dit, soulignant qu’un avis contraire de la Cour signifierait qu’aucune frontière, nulle part dans le monde, n’est protégée contre des ambitions séparatistes ». 


Le Président de la Serbie a conclu en estimant qu’il ne faudrait pas se leurrer.  Toute question relative au Kosovo porte, a-t-il dit, de près ou de loin sur celle du statut.  « Nous ne devons pas nier cette réalité et c’est pourquoi nous devons saisir cette occasion sans précédent qui nous est offerte de parvenir à un accord mutuellement acceptable entre Serbes et Albanais du Kosovo », a-t-il insisté.


M. LAMBERTO ZANNIER, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a tout d’abord apporté des précisions sur l’incident qui s’est produit  vendredi, 2 juillet, dans la partie nord de Mitrovica.  La soirée du 2 juillet était calme et aucun nouveau incident n’a été enregistré, a-t-il assuré, en ajoutant que les funérailles de la victime se sont déroulées le lendemain, également pacifiquement.  M. Zannier a cependant fait remarquer que depuis l’incident, la situation est plus tendue que d’habitude dans le nord du Kosovo.  Hier matin, a-t-il précisé, un membre serbe de l’Assemblée du Kosovo, M. Petar Miletic, a été blessé par balles.  Le Chef de la MINUK a appelé d’une part toutes les parties à éviter toute déclaration provocatrice et à demeurer calmes, et d’autre part, toutes les autorités juridiques compétentes à prendre les mesures nécessaires pour traduire en justice les auteurs de ces actes.  Il a également demandé aux membres du Conseil de sécurité de soutenir ces messages à l’adresse de la famille de la victime, des communautés au Kosovo et des autorités de Pristina et de Belgrade afin d’empêcher toute dégradation de la situation dans le nord du Kosovo.


M. Zannier a rappelé les préoccupations exprimées par le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans son dernier rapport concernant les risques de tensions qui pourraient naître d’une mise en œuvre sans transparence et sans dialogue avec les communautés locales et les parties prenantes pertinentes des politiques et des stratégies pour le nord du Kosovo.  Il a réitéré l’appel au dialogue que le Secrétaire général a lancé à toutes les parties, soulignant que ce processus était nécessaire pour surmonter les défis dans le nord du Kosovo.  Les événements de ces derniers jours montrent qu’il est urgent de lancer ce dialogue, a-t-il conclu. 


M. YVES DE KERMABON, Chef de la Mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX), a déploré les incidents, survenus le vendredi 2 juillet à Mitrovica-Nord, et surtout la perte d’une vie humaine.  M. de Kermabon, qui a rappelé le détail des faits, a affirmé que l’explosion était celle d’une grenade et qu’elle avait créé une certaine confusion forçant la Mission « EULEX » à interdire l’accès à la rue qui mène aux bureaux.  La situation s’est rapidement calmée et les funérailles de la victime se sont déroulées le lendemain sans incident, a-t-il assuré.  Le Chef de la Mission « EULEX » a cependant regretté qu’un Kosovar serbe, M. Petar Miletic, Secrétaire général du parti libéral indépendant et membre du Parlement du Kosovo, ait été blessé par balles. 


M. de Kermabon a précisé que le personnel de la Mission « EULEX » avait fait l’objet de menaces lancées par des éléments radicaux dans le nord du Kosovo.  Ces menaces, a-t-il dit, mettent l’accent sur les risques encourus par ceux qui coopèrent avec la Mission.  Elles sont inacceptables, a-t-il déclaré, en les condamnant avec la plus grande fermeté.  Le Chef de la Mission « EULEX » a indiqué que tous les moyens nécessaires avaient été mis en œuvre pour arrêter les auteurs des actes commis le 2 juillet, le plus rapidement possible.  Il a conclu en assurant que la ville de Mitrovica n’avait jamais connu auparavant d’incident qui risquait d’aggraver la situation en matière de sécurité et, a fortiori, dans le reste du Kosovo.  À tout moment, a-t-il dit, la Mission « EULEX » a agi dans le cadre strict de son mandat.


M. SKENDER HYSENI (Kosovo) a estimé qu’il était crucial de réagir à certaines affirmations du Président Tadić.  Le Kosovo est un État indépendant déterminé à exercer son autorité sur tout le pays et à être aussi proche que possible de tous ses citoyens, nonobstant leur origine ethnique et religieuse, a-t-il réaffirmé.  C’est dans cet esprit, a-t-il ajouté, que son Gouvernement avait créé un bureau à Mitrovica, afin de faire bénéficier tous les Kosovars de services communautaires.  « Le bureau de mon Gouvernement, qui n’a rien d’illégal, ne représente aucune menace pour qui que ce soit « , a-t-il assuré.  M. Hyseni a qualifié de « jusqu’au-boutistes » les éléments qui ont organisé « la protestation violente à Mitrovica avec l’appui regrettable mais évident de Belgrade ».  « Mon Gouvernement fera tout ce qu’il peut pour traduire en justice les auteurs des violences de vendredi 2 juillet, et nous travaillerons à cette fin main dans la main avec la présence internationale déployée dans cette partie du Kosovo », a-t-il dit. 


Aux yeux du Président Tadić, a-t-il fait remarquer, ces auteurs sont nécessairement Albanais, car personne d’autre n’aurait pu commettre de telles horreurs.  Il a estimé que le Président de la Serbie aurait dû plutôt évoquer les 15 000 Albanais du Kosovo massacrés en 1999 et la découverte récente d’un charnier avec 300 corps d’Albanais du Kosovo tués pendant la guerre.  M. Hyseni a rappelé que le bureau de Mitrovica  est un centre de services communautaires et un bureau du Gouvernement du Kosovo, qui continuera de travailler de manière inlassable pour répondre aux besoins et doléances de sa population serbe.  Le Conseil de sécurité, a-t-il insisté, doit demander à Belgrade de cesser son ingérence dans les affaires du Kosovo.  « Les Serbes du Kosovo, a-t-il rappelé, ne veulent rien d’autre que participer au développement de notre jeune État », a assuré M. Hyseni.  Les grenades de vendredi dernier, a-t-il suggéré, ont peut-être été lancées depuis la foule et non « par de soi-disant militants albanais du Kosovo ».  « Laissez les Serbes du Kosovo en paix, a-t-il lancé en direction de M. Tadić.  Laissez-les travailler pour leur propre bien et travaillez avec nous sur les questions pratiques qui permettront d’améliorer les relations entre nos deux pays! »


M. Hyseni a assuré que le Kosovo ne veut pas que la violence soit récompensée.  Il a ainsi demandé que l’on mette fin aux histoires inventées « d’anges et de démons ».  Concernant l’avis consultatif de la CIJ sur la légalité de la déclaration d’indépendance du Kosovo, M. Hyseni a assuré qu’il avait toute confiance dans la capacité de la justice internationale de rendre un avis équilibré et objectif.  « La Serbie doit cesser son ingérence obstructive car ce comportement sape les efforts communs visant à rétablir l’état de droit dans l’ensemble du territoire du Kosovo », a-t-il souligné à nouveau, avant de conclure.


M. DAVID QUARREY (Royaume-Uni) a déploré les actes de violence commis à Mitrovica, le 2 juillet.  Il s’est félicité de l’action rapide de la Mission « EULEX » et de la police du Kosovo et a demandé qu’une enquête sur cet incident soit menée.  Cette enquête, a-t-il dit, doit avoir une marge de manœuvre suffisante pour établir les faits.  Les parties doivent, pour leur part, éviter de prendre des mesures provocatrices, a-t-il ajouté.  Le représentant a souligné qu’il était important que le Gouvernement de la Serbie puisse continuer de coopérer étroitement avec la Mission « EULEX ».  Il a également réaffirmé le droit de tous les citoyens du Kosovo à manifester pacifiquement.  Le représentant a exhorté l’ensemble des parties à concentrer leurs efforts sur le dialogue et la coopération.  Il a également estimé que toute discrimination ne contribuerait qu’à éloigner la Serbie et le Kosovo de l’objectif d’intégrer l’Union européenne.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que son pays partageait la version des faits présentée par le Président de la Serbie, M. Boris Tadić.  « Nous avions averti la communauté internationale lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité que la situation au Kosovo était loin d’être stable », a-t-il ajouté.  Il a ensuite fustigé les visées de Pristina pour réaliser la stratégie pour le nord du Kosovo, une ambition qui, selon lui, est contraire aux dispositions de la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Pour le représentant, l’unilatéralisme ne peut que saper les efforts internationaux de stabilisation dans la région.  M. Churkin a ensuite regretté que l’Envoyé spécial de l’Union européenne ait encouragé l’ouverture d’un bureau à Mitrovica, qu’il a qualifié de « provocation flagrante visant à déstabiliser les zones peuplées de Serbes au Kosovo ».  Il faudrait traduire en justice non seulement les auteurs des actes criminels inhumains commis vendredi, 2 juillet, mais aussi ceux qui appuient la stratégie de Pristina, a-t-il souligné.  La Mission « EULEX » doit agir strictement dans l’intérêt des deux parties, a-t-il rappelé.  La situation au Kosovo est explosive et c’est pourquoi le Conseil de sécurité doit continuer à assurer le maintien de la paix et de la sécurité dans la province, a-t-il insisté. 


M. GÉRARD ARAUD (France) a affirmé que son pays condamnait l’explosion qui a eu lieu, le vendredi, 2 juillet, à Mitrovica-Nord.  Il a demandé que les autorités du Kosovo fassent le nécessaire pour déterminer les responsabilités et faire en sorte que les auteurs de cet acte soient jugés.  Le représentant a salué l’efficacité manifestée à cette occasion par la Mission « EULEX » et la Police du Kosovo.  Cet événement reste isolé et la situation au Kosovo demeure stable, a-t-il dit, avant de souligner le rôle de la Mission « EULEX » à cet égard.  La Mission « EULEX », qui agit strictement dans le cadre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité, doit continuer à déployer des efforts en matière d’état de droit.  L’utilisation politique de ces incidents doit être évitée, a-t-il estimé, notant qu’elle ne contribuait pas à la paix.  M. Araud a souhaité que la Serbie et le Kosovo fassent tous deux parties de l’Union européenne, rappelant que la réalisation de cet objectif se prépare dès aujourd’hui.  Leurs négations ne mènent nulle part, a-t-il déclaré.


M. LI BAODONG (Chine) a condamné les actes de violence, commis vendredi 2 juillet à Mitrovica-Nord, et appelé les parties concernées à mener une enquête et à traduire en justice les auteurs de ces actes.  La situation au Kosovo reste complexe et pourrait avoir, en cas de détérioration, des conséquences sur l’ensemble de l’Europe, a-t-il prévenu.  La Chine demeure convaincue que la meilleure façon de régler la question du Kosovo est la conclusion d’un accord négocié mutuellement acceptable par les deux parties concernées, a-t-il souligné, rappelant que la résolution 1244 du Conseil de sécurité reste la base juridique à toute solution concernant le Kosovo. 


M. ALEJANDRO WOLFF (États-Unis) a lancé un appel au calme et à la retenue, en condamnant tout acte de violence.  Le représentant a exhorté toutes les parties à éviter une escalade des tensions.  De toute évidence, a-t-il dit, il s’agit d’un acte isolé et non d’un acte planifié de terrorisme.  Le représentant des États-Unis a appelé la Police du Kosovo à poursuivre son enquête et les autres autorités compétentes du Kosovo à faire en sorte que les auteurs soient tenus pour responsables.  M. Wolff a estimé qu’il ne comprenait pas la raison pour laquelle un acte isolé donne lieu à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.  Il serait souhaitable, a-t-il estimé, d’entendre le Président de la Serbie, M. Boris Tadić, dénoncer l’incident du 2 juillet et les déclarations extrémistes d’un des membres de son Gouvernement.  Il a affirmé que le Gouvernement serbe avait été informé, au préalable, de l’ouverture du bureau à Mitrovica.  Toute provocation à l’égard des manifestants est inacceptable, a-t-il dit.  M. Wolff a mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’état de droit dans le nord du Kosovo et de protéger l’ensemble des communautés de la région.  Le représentant a exhorté les Gouvernements de la Serbie et du Kosovo à coopérer en tant que voisins pour promouvoir la stabilité régionale et prévenir d’autres actes de violence.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a prévenu que la récurrence d’incidents, comme celui qui s’est produit le 2 juillet à Mitrovica-Nord, pourrait déstabiliser la région et entraver la recherche d’une solution concernant le Kosovo.  Ce problème passe par la réconciliation des communautés locales, conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité, a-t-il souligné, rappelant que cette résolution constitue le cadre juridique pertinent pour parvenir à un règlement de la question du Kosovo.  Le représentant a appelé les parties à éviter toute déclaration ou mesure de provocation en attendant que la Cour rende son avis sur la légalité de la déclaration d’indépendance du Kosovo.  « Nous suivrons de près cet avis consultatif, qui sera utile pour parvenir à un accord sur le statut définitif du Kosovo, dans le respect des droits de l’homme de l’ensemble de sa population », a indiqué M. Heller.


Mme MIRSADA ČOLAKOVIC (Bosnie-Herzégovine) a condamné les événements tragiques survenus à Mitrovica le 2 juillet.  La représentante a demandé à ce qu’une enquête soit menée et à ce que les auteurs de ces faits soient traduits en justice.  Elle a lancé un appel à toutes les parties pour qu’elles agissent de façon responsable et s’abstiennent de prendre des mesures qui contribuent à mettre en péril la paix.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a souhaité qu’une enquête sur l’incident de vendredi 2 juillet à Mitrovica-Nord soit menée afin de traduire en justice des auteurs des actes de violence qui ont été commis.  La résolution 1244 du Conseil de sécurité reste en vigueur et doit continuer de servir de base pour les efforts visant à parvenir à un accord négocié mutuellement acceptable par les parties serbe et albanaise, a souligné la représentante.  En attendant que la CIJ rende son avis consultatif, la MINUK doit continuer à promouvoir le dialogue entre Pristina et Belgrade afin de prévenir toute escalade de violence et assurer la protection des communautés locales, a-t-elle souligné.


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a condamné les faits survenus le 2 juillet à Mitrovica et a appelé les autorités du Kosovo à faire en sorte que les auteurs de ces actes soient traduits devant la justice.  Il a appelé les parties à coopérer.  Le représentant a estimé que cet incident ne constituait pas une menace à paix et à la sécurité internationales.  L’Autriche, a-t-il déclaré, appuie pleinement les efforts de la Mission « EULEX », y compris dans le nord du Kosovo, dans le cadre du mandat défini par la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Le représentant a appelé les parties à éviter une escalade des tensions et à chercher, plutôt, à les apaiser.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’établir un dialogue visant à renforcer la coopération entre la Mission « EULEX » et tous les acteurs du Kosovo. 


M. NAWAF SALAM (Liban) a condamné l’incident du vendredi 2 juillet, qui, a-t-il dit, « est contraire à nos attentes ».  Le représentant a, à son tour, appelé les parties au calme et à la retenue pour éviter tout acte pouvant contribuer à une escalade de la violence et des tensions dans la région.  Il est nécessaire et urgent d’encourager de manière active le dialogue direct entre Belgrade et Pristina sur les questions pratiques, a-t-il souligné avant de conclure.


M. ALFRED ALEXIS MOUNGARA MOUSSOTSI (Gabon) a condamné fermement les actes de violence qui ont été commis à Mitrovica, le 2 juillet.  Il s’est félicité que cet incident ait été condamné de manière unanime et qu’une enquête nécessaire ait été engagée.  Il a rappelé le ferme attachement de son pays à un règlement fondé sur la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Il a plaidé en faveur du dialogue et de la concertation, seul moyen, a-t-il estimé, de régler la question du Kosovo.  Le plan en six points du Secrétaire général constitue également une importante contribution à la recherche d’une solution négociée du problème du Kosovo, a-t-il conclu. 


M. PATRICK S. MUGOYA (Ouganda) a, lui aussi, condamné l’attaque perpétrée à Mitrovica-Nord, le 2 juillet.  Il a également appelé les parties à faire preuve de retenue dans l’intérêt de la paix dans la région des Balkans.  La présence internationale sur place doit assurer la protection des personnes et des biens des communautés minoritaires au Kosovo, a-t-il ajouté, soulignant que les parties concernées doivent s’engager d’urgence en faveur du dialogue et de la mise en œuvre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité. 


M. FAZLI ÇORMAN (Turquie) a condamné les actes de violence commis au Kosovo, vendredi dernier.  Il a demandé à toutes les parties d’éviter toute déclaration de provocation susceptible d’entraîner de nouvelles violences.  Il est essentiel, a-t-il déclaré, d’éclaircir ce qui s’est passé le 2 juillet et d’identifier les auteurs de ces actes.  Le représentant a ajouté que son pays accordait une très grande importance à la sécurité et au bien-être de toutes les communautés au Kosovo. 


M. YUKIO TAKASU (Japon) a déploré l’incident de vendredi 2 juillet « qui sape, selon lui, les efforts pour renforcer l’état de droit avec l’aide de la communauté internationale ».  Le Gouvernement du Kosovo doit poursuivre ses efforts à cette fin aux côtés de l’EULEX et de la MINUK, a-t-il ajouté.  Il a estimé que les défis auxquels sont confrontées les parties doivent être relevés par le biais du dialogue et de la coopération en vue d’assurer une vie stable à tous les habitants du Kosovo, indépendamment de leur appartenance ethnique et religieuse.


Mme JOY OGWU (Nigéria) a regretté l’incident du 2 juillet, exhortant toutes les parties à éviter toute provocation ou déclaration provocatrice.  Les questions liées au nord du Kosovo et au Kosovo en général doivent être traitées par des moyens pacifiques et en coordination avec tous les acteurs, a-t-elle estimé.  La représentante a exhorté toutes les parties et la communauté internationale à s’engager en faveur d’un règlement pacifique de la question du Kosovo.


Reprenant la parole, le Président de la Serbie a rappelé à M. Hyseni que « depuis des siècles, de nombreuses communautés vivent en paix dans la région des Balkans».  L’identité kosovare est une invention récente, a-t-il fait remarquer.  N’en déplaise à M. Hyseni, il existe des citoyens serbes qui vivent au Kosovo et qui ne reconnaissent pas la déclaration unilatérale d’indépendance, a ajouté M. Tadić.  La résolution 1244 qui établit le cadre juridique pour le Kosovo doit continuer à nous guider, a rappelé M. Tadić, avant de rappeler que le Kosovo n’est pas un État.  Ce n’est pas seulement le point de vue de la Serbie mais également celui de la majorité des États Membres de l’ONU et de ce Conseil de sécurité, a-t-il affirmé.  « Nous avons appris au cours de cette réunion que les États-Unis appuient un « soi-disant bureau du Gouvernement du Kosovo à Mitrovica-Nord », a noté avec étonnement M. Tadić.  Il s’est dit déçu par une telle déclaration, faisant observer que chacun sait que ce bureau n’a jamais été souhaité par les Serbes du Kosovo et qu’il ne contribue pas à la stabilité sur le terrain.  Il a réaffirmé que la création d’un centre de services communautaires dans le nord du Kosovo « contre la volonté de la communauté locale elle-même était un acte illégal».


Intervenant à nouveau, M. SKENDER HYSENI a expliqué que le Kosovo était composé de groupes ethniques différents, appelés parfois Kosovars, en raison de la terre du Kosovo à laquelle ils appartiennent et non pas en raison du nom de leur groupe ethnique.  Le centre de services communautaires a été ouvert à Mitrovica-Nord après de très longues délibérations et une évaluation approfondie des besoins afin d’assurer aux citoyens dans le nord du Kosovo les services nécessaires.  Il n’est dirigé contre personne et vise à servir tous les citoyens de cette partie du Kosovo, a-t-il précisé.  L’incident de vendredi 2 juillet est un acte criminel isolé qui a eu lieu en marge d’une manifestation, a assuré M. Hyseni, appelant à attendre les résultats de l’enquête en cours.  Cet acte visait à saper tout règlement pacifique positif dans cette partie du Kosovo, a-t-il dit.  La Serbie est la bienvenue pour coopérer avec le Kosovo en tant que deux États voisins, a-t-il ajouté, évoquant leur aspiration à une adhésion à l’Union européenne.  M. Hyseni a appelé les membres du Conseil de sécurité à  exercer leur influence pour que le Kosovo puisse être reconnu comme un État souverain et indépendant. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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