Crise du Darfour: le Chef de la MINUAD, Ibrahim Gambari, appelle les parties à cesser les violences et à reprendre les négociations de paix à Doha
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Conseil de sécurité
6318e séance – matin
CRISE DU DARFOUR: LE CHEF DE LA MINUAD, IBRAHIM GAMBARI, APPELLE LES PARTIES
À CESSER LES VIOLENCES ET À REPRENDRE LES NÉGOCIATIONS DE PAIX À DOHA
« La crise du Darfour ne peut pas être réglée par des moyens militaires mais uniquement à travers des négociations et un processus politique. » C’est ce qu’a déclaré ce matin devant le Conseil de sécurité le Représentant spécial conjoint de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), M. Ibrahim Gambari.
M. Gambari, présentant le rapport du Secrétaire général sur la MINUAD, a souligné que les parties à la crise devraient faciliter l’accès de la MINUAD et de la communauté humanitaire dans les zones récemment affectées par les combats, comme Jebel Marra et Jebel Moon, afin d’assister les populations touchées. « Les parties doivent cesser les combats, abandonner la violence et s’engager dans le dialogue », a-t-il répété.
Entre le 1er février et le 30 avril 2010, l’Opération a été la cible d’attaques et d’actes criminels, a rappelé M. Gambari, précisant que plusieurs Casques bleus avaient été tués et, plus récemment, le 18 mai, trois membres d’une ONG avaient été enlevés près de Nyala.
M. Gambari a assuré avoir donné des instructions aux troupes de la MINUAD, qui a poursuivi son déploiement intégral, et aux contingents de police de répondre de manière musclée à ces attaques. Ces attaques, a-t-il dit, « constituent des crimes de guerre ». « Leurs auteurs doivent être arrêtés et jugés, a-t-il insisté, en rappelant que l’inviolabilité, l’impartialité et la neutralité du personnel de la MINUAD doivent être respectées par tous.
Concernant le processus de paix, le Représentant spécial conjoint a reconnu la persistance de nombreux défis, comme l’insécurité, le manque de cohésion et de confiance entre mouvements armés, le refus de la faction Abdul Wahid de l’Armée de libération du Soudan de participer aux pourparlers de paix et les faibles progrès réalisés en vue d’un cessez-le-feu et de l’établissement d’un accord global. Sur ce dernier point, M. Gambari a indiqué que le Médiateur en chef conjoint Union africaine-ONU pour le Darfour avait invité toutes les parties au Qatar pour reprendre, à partir du début juin, les négociations du processus de paix de Doha, qui avaient été interrompues pendant les élections générales des 11 et 15 avril dernier.
M. Gambari a salué le déroulement dans le calme de ce scrutin dans les trois États du Darfour. Il a mis l’accent sur la nécessité de refléter les vues des élus darfouriens et celles des personnes déplacées et des réfugiés à la fois dans le processus électoral et dans le processus de paix. À cette fin, a-t-il dit, la MINUAD devrait initier des stratégies pour associer de manière systématique les nouveaux élus, les personnes déplacées et les réfugiés mais aussi les tribus arabes, les dirigeants traditionnels, les femmes, les jeunes et la société civile au règlement des questions les plus importantes pour la stabilité et l’avenir du Darfour.
« Le rapprochement entre les Gouvernements du Tchad et du Soudan est en train de se renforcer », a ensuite déclaré le Représentant spécial conjoint. Il s’est réjoui de ce que, au cours de la période considérée, la MINUAD n’a enregistré aucune activité militaire ou attaque le long de la frontière entre les deux pays.
« Conformément à l’Accord du 15 janvier 2010, le Tchad et le Soudan ont déployé une force commune de 3 000 hommes pour intensifier la sécurité de la zone », a-t-il précisé, ajoutant que, le 10 avril dernier, le principal point de passage entre les deux pays, situé au Darfour-Ouest, a été rouvert.
Pour ce qui est du sort des personnes déplacées et des réfugiés, M. Gambari a jugé que la rétention de 2,3 millions d’habitants dans les camps du Darfour représente « une bombe à retardement ». Pour éviter une situation similaire à celle qui s’est développée au Liban et à Gaza, il est crucial de mettre en place des programmes encourageant le retour des personnes déplacées et des réfugiés, sur une base volontaire et dans la paix et la sécurité, a-t-il estimé.
Le Représentant spécial conjoint a également souligné l’importance pour la communauté internationale d’appuyer la réalisation de projets de développement, de reconstruction et de relèvement pour relancer l’économie du Darfour et faire en sorte que les Darfouriens puissent bénéficier des dividendes de la paix. À cet égard, il a notamment salué les résultats de la Conférence internationale des donateurs, qui s’est tenue au Caire le 21 mars, à l’issue de laquelle les participants s’étaient engagés à consacrer 850 millions de dollars à divers projets de construction.
Avant de conclure, M. Gambari a assuré qu’en dépit de nombreux défis auxquels elle continue de faire face, la MINUAD œuvre sans relâche et sur tous les fronts pour promouvoir la stabilité et la paix au Darfour. « Nous sommes déterminés à contribuer à la stabilisation de la situation en matière de sécurité et à mettre fin à un conflit qui a causé des souffrances indescriptibles aux populations du Darfour », a-t-il dit.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN
Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) (S/2010/213)
Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, fait le point, dans cerapport, qui porte sur la période allant du 1er février au 30 avril 2010, sur les progrès réalisés dans l’exécution du mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) dans l’ensemble du Darfour, ainsi que sur les progrès concernant le processus politique, les conditions de sécurité et la situation humanitaire, et le respect par toutes les parties de leurs obligations internationales.
Plusieurs avancées notables ont été enregistrées dans le processus de paix au Darfour, souligne le Secrétaire général, précisant que le 23 février 2010, un accord-cadre pour le règlement du conflit au Darfour a été signé à Doha entre le Gouvernement soudanais et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE).
Dans ce bilan plutôt positif pour le Darfour, M. Ban cite également l’amélioration des relations entre le Tchad et le Soudan et le processus électoral qui a eu lieu pratiquement sans violence.
Dans ce contexte, écrit-il, la poursuite du déploiement de la MINUAD et le renforcement de ses capacités opérationnelles, en particulier dans les zones éloignées, ont contribué à l’amélioration de la sécurité de la population du Darfour, notamment grâce à la multiplication des patrouilles, à la création de centres de police de proximité et à l’amélioration de la collaboration avec les autorités soudanaises.
Toutefois, il reste, a-t-il fait remarquer, de sérieuses difficultés à surmonter pour instaurer une paix durable dans la région, parmi lesquelles les violences continues signalées dans de nombreuses régions du Darfour, le manque de participation de parties prenantes clefs au processus politique et le fait que le processus électoral ait exclu d’importants groupes de population du Darfour.
Le Secrétaire général juge extrêmement préoccupants les rapports continus faisant état d’affrontements entre les forces gouvernementales et la faction Abdul Wahid de l’Armée de libération du Soudan car, souligne-t-il, ils mettent en danger la vie des civils et provoquent des déplacements importants. Il se dit en outre très inquiet des violences qui déchirent les communautés du Darfour et qui ont fait le plus grand nombre de victimes jamais signalé dans un rapport périodique depuis la création de la MINUAD.
M. Ban condamne fermement l’enlèvement, le 11 avril 2010, de quatre conseillers de la police de la MINUAD et exhorte toutes les parties au Darfour à assurer la sécurité de tout le personnel des Nations Unies et du personnel associé. C’est au gouvernement hôte qu’il incombe au premier chef d’agir à cet égard, et la MINUAD continuera à travailler avec le Gouvernement soudanais pour assurer la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé, assure-t-il.
M. Ban prend également acte avec satisfaction du déroulement sans incidents majeurs des élections au Darfour. L’élection des dirigeants par la population du Darfour est une étape importante du processus visant à mettre fin à la marginalisation de la région. Toutefois, il importe, a-t-il dit, de rappeler que les processus de recensement et de délimitation des circonscriptions électorales ont été vivement contestés au Darfour.
Sur le plan humanitaire, l’opération menée au Darfour a réussi à stabiliser la situation en ce qui concerne la sécurité alimentaire, la santé, la nutrition et l’approvisionnement en eau. Elle doit néanmoins se poursuivre dans la mesure où la situation générale demeure fragile. Il lance un appel aux donateurs pour qu’ils continuent à financer généreusement l’aide humanitaire.
Au 15 avril 2010, l’effectif du personnel militaire de la MINUAD était de 17 157 hommes (16 558 soldats, 333 officiers d’état-major, 61 officiers de liaison et 205 observateurs militaires), soit 87% de l’effectif autorisé (19 555 hommes).
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