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CS/9907

Le Conseil de sécurité lance les discussions sur l’amélioration des stratégies de consolidation de la paix

16/04/2010
Conseil de sécuritéCS/9907
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6299e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ LANCE LES DISCUSSIONS SUR L’AMÉLIORATION DES STRATÉGIES DE CONSOLIDATION DE LA PAIX


À la veille du processus de réexamen de la Commission de consolidation de la paix, le Conseil de sécurité a lancé aujourd’hui les discussions sur l’amélioration des stratégies liées à l’ancrage de la stabilité politique et du développement durable dans les pays sortant d’un conflit.


Le Conseil a ainsi réaffirmé, dans une déclaration présidentielle, que la consolidation de la paix durable doit être menée de façon intégrée, « en renforçant la cohérence entre les activités relatives à la politique, à la sécurité, au développement, aux droits de l’homme et à l’état de droit ». 


La déclaration a été lue après qu’une cinquantaine d’orateurs ont participé à un débat de haut niveau sur la consolidation de la paix, organisée par le Ministre des affaires étrangères du Japon, Katsuya Okada, dont le pays assume la présidence du Conseil de sécurité pour le mois d’avril.


Au cours du débat, les délégations se sont employées à répondre aux questions qui se posent à l’approche du réexamen de la Commission de consolidation de la paix (CCP), plus tard cette année.  En 2010, une évaluation des progrès réalisés par la CCP, organe subsidiaire de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, sera menée de même que seront identifiées les orientations futures. 


Pour le représentant de la France, la Commission n’a pas donné des résultats pleinement satisfaisants dans l’harmonisation des acteurs et des ressources.  Ses propos ont trouvé un écho chez son homologue des États-Unis qui a mis l’accent sur le manque d’expertise de l’ONU en la matière. 


À l’ouverture du débat, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a annoncé qu’il avait demandé au Bureau d’appui à la consolidation de la paix de faire une évaluation des capacités civiles en matière de consolidation de la paix et nommé un Groupe consultatif présidé par l’ancien Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno.


Dans la déclaration présidentielle, le Conseil constate le rôle important que les Nations Unies peuvent jouer en apportant un appui aux autorités nationales en vue d’élaborer des stratégies répondant aux besoins prioritaires.  Il encourage les partenaires internationaux à « aligner leur appui sur ces stratégies aux niveaux international, régional, national et local », ce qui n’est pas toujours le cas, ont relevé plusieurs délégations.


Le Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan a ainsi rappelé que l’élément central de la Stratégie de Londres, présentée le 28 janvier dernier, est le rôle incontournable de son gouvernement dans la coordination et la conduite des efforts de reconstruction.  Il est temps, a dit Zalmai Rassoul, d’« afghaniser » les priorités.


Le Conseil réaffirme en effet dans sa déclaration, l’importance de l’appropriation nationale et du renforcement des capacités nationales et souligne que les stratégies de consolidation de la paix devraient être envisagées dans le contexte de chaque pays.  Si la Sierra Leone a souvent été citée aujourd’hui comme un modèle et un « laboratoire d’essais », il n’en reste pas moins qu’elle continue de se heurter à un manque cruel de financement. 


Tout juste de retour de ce pays, le représentant de la République de Corée s’est dit étonné de constater qu’à l’exception notable du Canada, aucun donateur n’avait contribué au Fonds d’affectation ouvert en faveur de la Sierra Leone.


Dans sa déclaration, le Conseil souligne que les mécanismes de financement visant à répondre aux besoins immédiats après les conflits, en particulier le Fonds pour la consolidation de la paix, devraient jouer un rôle de catalyseur puis faire place dès que possible à un financement substantiel à plus long terme dans le cadre des efforts de relèvement et de reconstruction. 


Plaçant aussi l’accent sur l’importance d’une aide appropriée, la Ministre de la justice du Timor-Leste, Lucia Maria Lobato, a mis en garde contre les solutions à court terme, susceptibles de faire « replonger » les pays émergeant d’un conflit.


Le Secrétaire général a rappelé que l’intérêt du Fonds pour la consolidation de la paix, étant avant tout d’identifier les domaines d’action prioritaires des pays éligibles et de les aider à canaliser les ressources, il ne peut répondre aux besoins financiers des situations postconflit. 


La République démocratique du Congo, a estimé le représentant du Royaume-Uni, sera un véritable test de la capacité de la communauté internationale à passer du maintien de la paix à la consolidation de la paix.  L’histoire, a-t-il rappelé, est pleine de cas d’effondrement des processus de paix dû à des problèmes de gouvernance et d’état de droit non résolus.


Le Conseil doit être capable d’agir rapidement, a conclu le représentant, en réclamant plus d’exemples de réaction rapide comme celle que l’on a vue pendant lors des derniers évènements en Guinée-Bissau.


Jugeant « essentielle » la réforme du secteur de la sécurité, le Conseil estime, dans sa déclaration, que les pays concernés doivent se l’approprier.  Il juge indispensable de rechercher parallèlement le développement socioéconomique pour éviter le danger pour la consolidation de la paix que pourraient constituer un chômage élevé chez les jeunes, le trafic de drogues, la criminalité organisée, le terrorisme, le trafic d’armes et la traite des personnes. 


CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS


Déclarations


Pourquoi les conflits réapparaissent même après un accord de cessez-le-feu?  Pourquoi la paix ne prend-elle pas racine dans les pays postconflit?  Telles sont les questions auxquelles M. KATSUYA OKADA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a invité les participants au débat à réfléchir.  Comment installer en même temps la sécurité et la stabilité politique, d’une part, et la stabilité sociale, de l’autre, a-t-il encore demandé.  Comment les pays peuvent-ils créer une stratégie globale de consolidation de la paix avec l’aide de la communauté internationale?


Lorsque l’on parle de consolidation de la paix, a estimé le Ministre, il faut d’abord s’interroger sur la réelle détermination des leaders politiques à mettre en œuvre les accords de paix.  Il faut aussi que les fruits des élections démocratiques, dont la stabilité politique, soient partagés par tous, y compris les perdants, a-t-il souligné.  Cela exige, a-t-il dit, l’instauration d’une coexistence pacifique et une réconciliation entre les parties.  Le Ministre a aussi souligné l’importance du renforcement des capacités des polices nationales. 


Afin de sortir du cercle vicieux de l’instabilité sociale et de la résurgence des conflits, a-t-il poursuivi, il est important que les personnes concernées aient accès aux services de base et bénéficient ainsi des dividendes de la paix.  Dans ce cadre, il faut protéger et émanciper les gens.  Les réfugiés, les personnes déplacées et les ex-combattants doivent être réintégrés dans la société.  Le chômage des jeunes, a-t-il prévenu, est une question sérieuse, en l’occurrence.


Rétablir une paix durable exige une coopération soutenue entre le pays postconflit et la communauté internationale, a estimé le Ministre en soulignant trois points.  D’abord, a-t-il dit, il faut réfléchir à la manière dont les efforts de consolidation de la paix pourraient être menés de manière intégrée.  Il a cité le cas de la Sierra Leone où le Gouvernement et la Commission de consolidation de la paix ont établi un « Cadre de coopération ».  Un tel cadre devrait s’ériger en modèle, a affirmé le Ministre.


Il a ensuite reconnu que l’assistance et la participation de la communauté internationale peuvent avoir un effet contradictoire sur l’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix.  L’aide alimentaire est-elle vraiment favorable à la production agricole locale?, s’est-il par exemple demandé.  La justice internationale sert-elle vraiment les efforts de réconciliation nationale?, s’est-il encore interrogé.  Le recrutement par les programmes internationaux des personnels locaux n’affecte-t-il pas les initiatives nationales de renforcement des capacités?  Si, a prévenu le Ministre, l’on ne réfléchit sérieusement à ces questions, l’objectif ultime de mener un pays postconflit à l’autosuffisance ne saurait être réalisé.


Enfin, le Ministre a rappelé que la consolidation de la paix requiert un engagement et des ressources financières à long terme, qu’elles soient bilatérales et multilatérales.  Il a également jugé essentiel de renforcer l’expertise nécessaire à la consolidation de la paix, y compris dans les domaines de la gouvernance et de l’état de droit.  À cet égard, le Ministre a dit attendre d’en savoir un peu plus sur le travail du Groupe consultatif sur les capacités civiles internationales, créé le mois dernier par le Secrétaire général. 


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que, lors des réunions précédentes, un consensus avait émergé sur certains des facteurs indispensables au succès de la consolidation de la paix.  « Nous devons saisir l’opportunité critique qui se présente au lendemain immédiat d’un conflit majeur; nous devons répondre rapidement et de manière robuste; et nous devons rester impliqués sur le long terme », a-t-il expliqué, avant d’ajouter que les efforts de la communauté internationale devaient répondre aux besoins spécifiques de chaque pays. 


Soulignant ensuite trois points, le Secrétaire général s’est d’abord attardé sur la nécessité d’« inscrire la paix dans les cœurs et l’esprit des peuples », c’est-à-dire que les populations doivent percevoir les dividendes et que l’action doit être guidée par le principe de l’appropriation nationale. 


Deuxièmement, la paix ne pourra durer qu’à condition que les gouvernements des pays sortant d’un conflit soient capables d’assurer les fonctions de base de l’État et de garantir une sécurité durable.  Enfin, nous devons envisager une approche globale intégrant les dimensions sécuritaire, politique, économique et sociale. Il faut donc un engagement des acteurs nationaux, bilatéraux, régionaux et internationaux et une cohérence, une coordination et une vision commune. 


Les Nations Unies continuent à affiner leur travail, a affirmé M. Ban.  Nous établissons, a expliqué le Secrétaire général, des partenariats et des synergies dans le système des Nations Unies et avec les acteurs régionaux et internationaux, en mettant l’accent sur un engagement précoce.  Ceci suppose un renforcement des liens avec la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales. 


Nous renforçons aussi notre capacité à appuyer des processus de paix viables, a assuré le Secrétaire général.  Les Nations Unies s’efforcent en outre d’améliorer leurs outils de déploiement et de soutien aux opérations de maintien de la paix, aux bureaux intégrés de consolidation de la paix et aux autres opérations sur le terrain dont le mandat recouvre des activités de consolidation de la paix.  Et nous accordons davantage d’attention au lien entre maintien et consolidation de la paix.  Les Casques bleus sont, en un sens, les premiers « consolidateurs » de la paix. 


Le Secrétariat, a poursuivi le Secrétaire général, œuvre actuellement à l’établissement d’une stratégie visant à faire en sorte que les premières tâches cruciales de consolidation de la paix, menées par les Casques bleus et autres,  contribuent au développement à long terme.  À cette fin, les Nations Unies veulent s’appuyer sur les ressources de tous nos partenaires, en particulier ceux du Sud. 


« J’ai donc demandé au Bureau d’appui à la consolidation de la paix de faire une évaluation des capacités civiles de la consolidation de la paix et nommé un Groupe consultatif présidé par l’ancien Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno », a-t-il précisé.


Le Secrétaire général a enfin rappelé à quel point la question du financement était importante.  Se félicitant que le Fonds pour la consolidation de la paix atteindrait ce mois-ci le seuil des 200 millions de dollars, il a cependant rappelé que l’intérêt du Fonds est avant tout d’identifier les domaines d’action prioritaires des pays éligibles et de les aider à canaliser les ressources dans cette direction.  En lui-même, le Fonds ne peut répondre aux besoins financiers des pays émergeant d’un conflit, a rappelé le Secrétaire général.  Aussi a-t-il demandé aux pays donateurs de renforcer leur aide à tous les niveaux, bilatéral et multilatéral.


Le réexamen des arrangements liés à la consolidation de la paix est l’occasion d’améliorer le travail dans ce domaine important, a conclu le Secrétaire général.  Et l’occurrence, l’outil le plus important que l’on puisse déployer est l’engagement politique des acteurs nationaux et internationaux, et en cela, le Conseil de sécurité à un rôle central à jouer. 


M. ZALMAI RASSOUL, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, a salué les résultats « incroyables » engrangés en neuf ans, avant de reconnaître « les défis énormes » qu’il doit encore relever, et en premier lieu l’insécurité.  Tout doit être fait pour protéger la population civile, a-t-il dit, en soulignant les nécessaires « attention et précision » qu’il faut privilégier pendant les opérations militaires.  Il est essentiel, a-t-il insisté, que les forces internationales accomplissent leur tâche en respectant strictement les sensibilités culturelles locales et en étroite coordination avec les Forces de sécurité afghanes.  En matière de sécurité, le Ministre afghan a aussi insisté sur la lutte contre le terrorisme et la coopération régionale.


Nous devons, a-t-il poursuivi, assurer la viabilité des progrès accomplis sur les plans politique, économique et social.  Nous devons améliorer la gouvernance et renforcer la lutte contre la corruption.  Il y a quelques mois, le Président Karzai a proposé une stratégie qui a été entérinée à Londres, et qui prévoit les mesures à prendre pour les 3 à 5 années à venir, a rappelé M. Rassoul.  Le Ministre est revenu sur quatre points et d’abord, l’importance pour la consolidation de la paix que les Afghans soient impliqués dans leur propre sécurité.  Deuxièmement, le Ministre a reconnu la nécessité pour le Gouvernement afghan de s’engager davantage avec les Afghans et de répondre à leurs préoccupations pour renforcer l’unité nationale et la stabilité sociale.  Il a poursuivi en réitérant le fait que son gouvernement offrira aux anciens combattants et à ceux qui veulent rejoindre le processus de paix, la chance d’une vie pacifique et un avenir décent, grâce à un processus de réintégration et de réconciliation.  Enfin, le Ministre a insisté sur l’importance du développement socioéconomique. 


L’élément central de la Stratégie de Londres est le rôle incontournable du Gouvernement afghan dans la coordination et la conduite des efforts, a dit le Ministre, avant d’en venir aux lacunes de l’aide publique au développement (APD).  À ce jour, a-t-il dit, seul 20% de l’aide est allée à l’appui budgétaire alors que 80% ont été débloqués sur une base bilatérale.  Il est temps, a-t-il dit, d’« afghaniser » les priorités en matière de développement.  Naturellement, a-t-il conclu, entre nous et la communauté internationale, les attentes, les calendriers et les priorités sont différents.  Mais on peut éviter la fragmentation des efforts et la confusion par une meilleure compréhension, une communication ouverte et une reconnaissance des buts partagés.  Les efforts prendront du temps et il faut prendre ce temps, a-t-il prévenu.  


M. ALFRED PALO CONTEH, Ministre de la défense de la Sierra Leone, a noté qu’au cours des 10 dernières années, son pays avait été un véritable « laboratoire d’essais » pour les stratégies de consolidation de la paix.  L’expérience a montré que compte tenu de la fragilité des pays sortant de crise, toute paix durable dépend d’une approche globale et intégrée qui aille au-delà de la stabilité et de la sécurité politiques.  Il faut un lien entre démocratie et développement.  Jusqu’ici, le règlement des conflits se concentraient sur la gestion des crises, créant ainsi un fossé entre politique et sécurité, d’une part, et reconstruction et développement, de l’autre, avec les risques de résurgence des conflits que cela suppose.  La consolidation de la paix exige aussi que l’on s’attaque aux causes profondes des conflits, en renforçant les institutions publiques et la participation politique de tous.


Après avoir passé en revue les progrès et les défis qui restent à relever dans son pays, le Ministre a estimé que si la consolidation de la paix est un impératif national, il faut une approche holistique pour concevoir et gérer des efforts de consolidation de la paix et de prévention, en reconnaissant l’importance de l’appropriation locale, y compris les acteurs régionaux et sous-régionaux.  Il a aussi regretté le manque de ressources financières dont souffrent toujours ces efforts.  Comme ils se débattent toujours avec la crise financière, les donateurs, a préconisé le Ministre, doivent envisager de toute urgence de nouvelles approches et méthodologies pour allouer les fonds nécessaires.  


Mme LUCIA MARIA LOBATO, Ministre de la justice du Timor-Leste, a indiqué que son pays avait coprésidé le Dialogue international de Dili sur la consolidation de la paix et l’édification de l’État, qui a débouché sur l’adoption, il y a cinq jours, de la Déclaration de Dili.  Elle a insisté sur un élément qui a été clairement articulé dans la Déclaration, à savoir la nécessité de maintenir le dialogue politique.  Au Timor-Leste, a affirmé Mme Lobato, l’opposition est régulièrement incluse dans le débat public pour forger un consensus réellement national sur des questions d’intérêt commun et par exemple, la série de lois sur la sécurité adoptée le mois denier. 


La Ministre a aussi insisté sur la nécessité d’identifier les bonnes priorités nationales dans une vision souple et à long terme, en attirant l’attention sur le Plan stratégique de développement pour 2011-2030, qui met l’accent sur la relance économique maintenant que les questions de sécurité sont moins prioritaires.  Tournant ensuite son attention vers l’importance de la justice et de l’état de droit, Mme Lobato a indiqué que le Conseil des ministres du Timor-Leste avait adopté, il y a 15 jours, un plan stratégique, élaboré après un processus hautement participatif.  Elle a notamment expliqué que ce plan mettait l’accent sur le développement des institutions, la finalisation du cadre juridique, le développement des ressources humaines, la création d’infrastructures et le recours aux technologies de l’information et de la communication, et l’accès à la justice.  La justice est un élément fondamental pour la consolidation de la paix et la prévention des conflits, a-t-elle insisté. 


La Ministre a conclu en mettant en garde contre les solutions à court terme au détriment de la qualité.  Elle a, à son tour, souligné l’importance de l’aide financière et du principe d’appropriation nationale.  Après être revenue sur le caractère essentiel du dialogue national, la Ministre a particulièrement insisté sur la nécessité de renforcer les partenariats entre le Gouvernement et la société civile.


Mme NGOZI OKONJO-IWEALA, Directrice exécutive de la Banque mondiale, a indiqué qu’à l’approche de 2015, aucun État fragile n’avait réalisé l’un des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et que d’ici cette échéance, seuls 10% de ces pays parviendraient à atteindre l’Objectif relatif à la réduction de moitié de la faim et la pauvreté.  Or, a-t-elle expliqué, les conflits violents sont l’un des plus grands obstacles au développement: en effet, en l’absence de la paix et de la sécurité, il ne peut y avoir de développement.  Consciente que l’action humanitaire, le maintien de la paix, la consolidation de la paix, le renforcement des capacités de l’État et le développement sont des activités étroitement liées entre elles, voire empiètent l’une sur l’autre, la communauté internationale doit maintenant mettre l’accent sur la coopération et la cohérence entre les acteurs, a dit Mme Ngozi Okonjo-Iweala.  La Directrice exécutive de la banque mondiale a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur trois domaines prioritaires: le contexte du pays, le partenariat et la responsabilité.


S’agissant du contexte national de chaque pays, elle a estimé qu’il fallait tirer les leçons du passé en renonçant à appliquer de manière systématique des recettes qui ont fait leurs preuves ailleurs.  À cet égard, la Banque mondiale a apporté son soutien au Programme « Justice pour les pauvres », qui œuvre à la mise en place d’approches spécifiques en matière d’accès à la justice dans les pays d’Asie du Sud-Est, d’Afrique et du Pacifique.  En Sierra Leone, par exemple, ce Programme a permis, en coopération avec d’autres acteurs nationaux et internationaux, de développer des services judiciaires au niveau communautaire.  S’agissant des partenariats, a-t-elle poursuivi, nous devons reconnaître qu’une paix et un développement durables sont en dernière instance les produits du travail d’un État et de ses citoyens.  Le seul coordonnateur crédible d’un processus d’édification de l’État est un gouvernement souverain légitime, a insisté Mme Okonjo-Iweala.  Notre assistance doit donc se mettre au service des pays concernés, a-t-elle ajouté.  C’est la raison pour laquelle la Banque mondiale a récemment dépêché un Envoyé spécial en Haïti, et en enverra prochainement un autre au Soudan, afin de renforcer les partenariats sur le terrain.


En ce qui concerne la responsabilité collective, la Directrice exécutive de la Banque mondiale a noté que si les gouvernements étaient en dernière instance responsables devant leurs citoyens, il fallait cependant tout mettre en œuvre pour renforcer ce sens des responsabilités.  Lancer parallèlement aux efforts d’un État un programme de services peut avoir des résultats de court terme, mais cela pourrait aussi remettre en question, les efforts déployés pour forger le pacte social inscrit dans le projet de création d’un État pleinement opérationnel.  Ainsi, a indiqué Mme Okonjo-Iweala, en Afghanistan, face à un système de soins de santé mal coordonné et peu efficace, le Ministère afghan de la santé a mis au point avec succès un ensemble de services de base que fournissent les personnels de santé des communautés locales.


M. SVEN ALKALAJ, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a déclaré que les opérations de consolidation de la paix devaient être établies sur la base d’une approche intégrée, coordonnée et détaillée afin d’établir une bonne gouvernance, l’état de droit et la promotion des droits de l’homme, ainsi que le renforcement des institutions, la réforme du secteur sécuritaire et le développement économique.  Il a estimé que le retour et la réintégration des réfugiés et des personnes déplacées devaient être une des composantes intégrales de toute stratégie de consolidation de la paix. 


Ma délégation, a-t-il ajouté, estime de plus que la volonté politique du pays hôte et l’appropriation nationale sont les conditions sine qua non pour garantir la réussite des opérations de consolidation de la paix, le processus de consolidation de la paix étant à la fois un défi et une responsabilité nationale pour les États post-conflits. M. Alkalaj a également évoqué l’importance de promouvoir le dialogue entre les parties au conflit, notamment entre les décideurs et la société civile, et de tenir des élections « libres et transparentes ».


« La Bosnie-Herzégovine », a poursuivi  le Ministre de la justice, « souligne que la restructuration du secteur sécuritaire exige un équilibre entre l’appui international et l’appropriation nationale ».  Il a notamment évoqué l’importance de renforcer les institutions et le processus institutionnel et d’assurer la bonne gouvernance du secteur sécuritaire.  M. Alkalaj s’est ensuite penché sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants, « éléments indispensables » à toute opération de consolidation de la paix.


Les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration doivent devenir une partie plus importante de la planification en matière de développement et de reconstruction, a-t-il estimé.  Le Ministre a également réclamé des mesures susceptibles de favoriser la création d’emploi et la formation professionnelle des personnes les plus vulnérables, notamment les rapatriés, les jeunes, les minorités nationales et les anciens combattants.  Des activités destinées à assurer l’émancipation des femmes doivent également être mises en place, a-t-il ajouté.


Poursuivant, M. Alkalaj a estimé que le rôle des différents fonds, programmes et agences méritait d’être mieux défini et coordonné.  Selon lui, les acteurs externes ne doivent pas prescrire mais se limiter à conseiller.  Une approche cohérente et intégrée est essentielle pour non seulement lutter contre les menaces à la paix et à la sécurité, mais également pour assurer la réconciliation, la coexistence, la confiance et la stabilité au niveau régional, a affirmé le Ministre de la justice bosniaque.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a appelé le Conseil de sécurité à adopter une approche globale dans la consolidation de la paix, afin d’obtenir une paix durable.  Nous sommes convaincus que l’activité de consolidation de la paix doit se baser sur le principe de la responsabilité nationale, a-t-il dit.  Par conséquent, toute aide de la communauté internationale doit se baser sur l’apport des gouvernements nationaux, dans le respect de la souveraineté nationale et du potentiel du pays sortant d’un conflit, a préconisé le représentant.  Cela nécessite des efforts concertés de la part des Nations Unies, des institutions financières internationales et d’autres partenaires internationaux, a-t-il ajouté.  Une grande part des efforts doit être consacrée au maintien de la sécurité, a-t-il relevé, soulignant à cet égard le rôle essentiel des forces de maintien de la paix pour préparer le terrain.  Il faudrait donc conférer à ces forces des pouvoirs de première intervention, avant l’entrée en scène des autres acteurs internationaux dans la phase de consolidation de la paix.  L’activité de la Commission de consolidation de la paix doit s’intégrer dans les efforts de partenariat déployés à cet égard, a ajouté le représentant de la Fédération de Russie.  Il a jugé essentielle la stratégie de coordination entre l’ONU et la Banque mondiale, celle-ci étant un partenaire de premier plan.  Il a aussi souhaité la mise en place d’un mécanisme de financement d’urgence.  « Nous estimons que la Déclaration présidentielle qui sera adoptée permettra de renforcer un partenariat entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC », a-t-il conclu.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a indiqué qu’au cours des travaux de la configuration Guinée-Bissau de la Commission de la consolidation de la paix, que préside le Brésil, il est apparu essentiel de suivre une approche intégrée pour traiter en même temps les trois dimensions de la consolidation de la paix: la stabilité politique, la sécurité et le développement économique.  L’implication et l’appropriation nationale est une autre condition cruciale de la consolidation de la paix, a-t-elle ajouté.  Cependant, dans un pays sortant d’un conflit, c’est un grand défi à relever.  Le gouvernement doit mener le processus de consolidation de la paix, tout en laissant les groupes civils se renforcer sur le terrain, mais sans pour autant que ceux-ci se substituent aux capacités locales, a noté Mme Ribeiro Viotti.  La représentante a rappelé que le maintien de la paix et la consolidation de la paix ne doivent pas être conçus comme des phases successives d’un même processus, mais plutôt comme un engagement continu.  Elle s’est à cet égard félicitée du rôle de la Commission de la consolidation de la paix dans les pays sortant de conflit et qui sont encore à un stade précoce de leur redressement.  Elle a aussi appelé à renforcer la coordination entre la Commission et le Conseil de sécurité.


Mme Ribeiro Viotti a ensuite souligné les caractères collectif et multidimensionnel des efforts de consolidation de la paix, en engageant les acteurs sur le terrain à partager les informations sur les activités à entreprendre.  Cela permet de mieux répartir le travail et d’assurer la cohérence des actions menées, a estimé la représentante du Brésil.  Elle a invité les donateurs et les partenaires à participer à cet exercice de coordination.  Il faut aussi, selon elle, développer les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, et également obtenir l’engagement des institutions financières internationales.  Les efforts de consolidation de la paix ne donneront pas de résultats sans le soutien de mécanismes de financement efficaces, a-t-elle averti, saluant à cet égard le rôle du Fonds pour la consolidation de la paix.  Enfin, Mme Viotti a dit attendre beaucoup de l’examen qui sera fait concernant la Commission de la consolidation de la paix cette année, et elle a émis l’espoir que cet organe serait placé davantage au cœur de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies. 


Mme U. JOY OGWU (Nigéria) s’est dit convaincue que ce débat pourrait contribuer à renforcer l’architecture internationale de la consolidation de la paix.  Elle a déclaré que la question des capacités nationales et de la prise en charge par l’État concerné de ses priorités était d’une importance cruciale.  Selon la représentante, une démarche globale est indispensable, qui garantisse la cohérence et la coordination des différents acteurs, en particulier des institutions financières internationales et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Par ailleurs, les menaces pesant sur la paix ayant souvent des répercussions sur les pays voisins, la délégation a souligné la nécessité de prêter attention à la dimension régionale de la consolidation de la paix.  Celle-ci, a indiqué le Nigéria, exige une stratégie intégrée répondant aux besoins de tous les acteurs, que ce soit au niveau national ou régional.  Enfin, la Commission de consolidation de la paix doit jouer un rôle renforcé dans l’assistance apportée au pays, a conclu la représentante.


M. GÉRARD ARAUD (France) a rappelé le rôle central que doivent jouer les Nations Unies dans la consolidation de la paix.  Les stratégies de consolidation de la paix doivent être d’abord définies sur le terrain en accord avec les autorités locales, a-t-il estimé.  L’appropriation nationale est d’ailleurs un aspect fondamental de la réussite des stratégies de consolidation de la paix, selon lui.  M. Araud a rappelé que la Conférence de Londres sur l’Afghanistan, en janvier dernier, a ainsi réaffirmé l’engagement à long terme de la communauté internationale aux côtés du peuple et des autorités afghans, sur la base d’une feuille de route prévoyant l’accélération de la prise en main de leurs responsabilités souveraines par les Afghans. 


L’instauration d’une paix durable dans un pays sortant de conflit passe par une meilleure cohérence des stratégies appliquées et par la participation de tous les acteurs de la consolidation de la paix, a poursuivi le représentant.  Ce rôle de coordination revient en premier lieu à la Commission de consolidation de la paix (CCP), a-t-il estimé, appelant à le renforcer.  Créé il y a cinq ans, cet organe n’a pas donné des résultats pleinement satisfaisants dans l’harmonisation des acteurs et des ressources, a-t-il constaté.  Il a souhaité que la CCP devienne un élément central et reconnu.


En ce qui concerne le Fonds de consolidation de la paix, M. Araud a souligné l’importance de bien le financer, de manière à répondre aux besoins immédiats et aux besoins à plus long terme.  Nous devons être capables à la fois d’anticiper, d’agir et de faire évoluer nos stratégies de manière à éviter qu’un pays ne retombe dans le conflit, a-t-il averti. 


Le représentant a ensuite invité à réfléchir à de nouveaux outils adaptés, comme les cadres stratégiques intégrés, afin de coordonner l’action de l’ensemble des acteurs.  Enfin, il a souligné que la consolidation de la paix doit être comprise comme une dimension du maintien de la paix, rappelant le débat tenu le 12 février dernier qui a montré l’importance d’intégrer cette dimension dès le lancement d’une opération de maintien de la paix.


M. RUHAKANA RUGNUDA (Ouganda) a appelé de ses vœux une démarche globale pour éviter aux pays sortant d’un conflit d’y retomber après le retrait des opérations de maintien de la paix.  Pour qu’une telle approche aboutisse, des stratégies adaptées aux besoins spécifiques des pays concernés doivent être mises au point, a—t-il plaidé, en gardant à l’esprit la question de l’appropriation nationale, des causes profondes des conflits et de la coordination des ressources disponibles et des dividendes de la paix, y compris des services de base.  Pour l’Ouganda, une des leçons apprises porte sur l’importance d’identifier les priorités nationales en fonction des caractéristiques uniques de chaque pays.  En outre, a conclu le représentant, pour garantir la viabilité des activités de consolidation de la paix, le renforcement des institutions nationales et des capacités locales représentent une condition préalable. 


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a rappelé que l’objectif ultime de la consolidation de la paix est de renforcer les capacités des pays sortant de conflit, à travailler à leur relever les défis difficiles de la gouvernance, de la sécurité et du développement.  La transition entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix n’est pas linéaire, a-t-il souligné.  Les pays risquant de retomber dans un conflit doivent être capable de raffermir la sécurité, de donner accès à la justice et de résoudre les conflits de façon pacifique, afin de permettre le départ des Casques bleus. 


L’appui international ne se résume pas « aux casernes et aux bottes ».  L’intégration des anciens combattants, la discipline et le placement de l’armée sous une autorité civile peuvent être des tâches énormes pour un nouveau Gouvernement confronté à un processus de paix fragile.  Et encore cela ne suffit pas, a poursuivi le représentant, en s’attardant sur la capacité de fournir des services de base et d’assurer le développement économique qui doit être là dès la signature des accords de paix.  Il faut du leadership et de la vision de la part des pays concernés mais aussi de la part des Nation Unies.


Comment la communauté internationale dans son ensemble peut-elle être plus efficace, s’est-il demandé, en proposant trois pistes de solutions.  Il a tout d’abord souligné la nécessité d’améliorer la vitesse de déploiement et la qualité des experts civils du renforcement des capacités nationales.  Il faut aussi préciser les rôles et les responsabilités au sein des Nations Unies, ainsi que le partenariat avec la Banque mondiale.  Il faut également une Commission de consolidation de la paix (CCP) qui ait un véritable impact sur le terrain. 


La République démocratique du Congo sera un véritable test de la capacité de la communauté internationale à passer du maintien de la paix à la consolidation de la paix.  L’histoire est pleine de cas d’effondrement des processus de paix dû à des problèmes de gouvernance et d’état de droit non résolus.  Le Conseil doit être capable d’agir rapidement, a conclu le représentant en réclamant plus d’exemples de la réaction rapide du Conseil face aux derniers évènements en Guinée-Bissau.


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a déclaré que l’établissement d’un nouvel agenda pour la consolidation de la paix exigeait d’abord et avant tout la reconnaissance, non théorique mais pratique, des liens « substantiels et inhérents » entre paix, sécurité, stabilité, développement, droits de l’homme et état de droit.  La reconnaissance de ces liens conduit inévitablement, a-t-il estimé, à la nécessité d’une stratégie détaillée et d’une « boussole » politico-stratégique pour assurer la viabilité du processus ainsi que la stabilité politique, sociale et économique.  L’expérience a montré, a dit le représentant, que là où une telle stratégique manque, les activités internationales deviennent incohérentes voire contradictoires sinon carrément contreproductives. 


Dans ce cadre, l’appropriation nationale prend toute son importance, a dit le représentant.  Tout mécanisme destiné à consolider une paix et une justice durables doit être mis en œuvre avec la participation active des acteurs nationaux, dont la société civile, les groupes marginalisés, les anciens combattants, les associations de professionnels et les organisations féminines, a-t-il insisté.  Il a de plus estimé que les pays voisins et les facteurs régionaux devaient également être pris en compte, les conflits comportant également une dimension transfrontalière.  Cependant, a-t-il mis en œuvre, le concept d’appropriation nationale demeurera abstrait s’il n’est pas assorti dès le début d’un appui au renforcement des capacités. 


Enfin, M. Apakan a souligné le rôle « unique » de l’ONU qui peut en effet fusionner les approches centrées sur l’État et l’être humain et coordonner le travail des différentes parties prenantes.  L’ONU peut aussi jouer le rôle de « point focal » pour l’assistance technique et financière où les partenaires bilatéraux et multilatéraux pourraient parler de leurs projets et programmes.  Le Conseil de sécurité peut aussi jouer un rôle important en initiant le processus de consolidation de la paix.


M. GUILLERMO PUENTE-ORDORICA (Mexique) a souligné l’importance, dans la consolidation de la paix, de faire le lien entre les efforts en matière de sécurité et ceux concernant le développement.  Le Conseil de sécurité a reconnu lui-même la nécessité de mener la consolidation de la paix de façon cohérente et intégrée, a relevé le représentant qui s’est dit favorable à l’intégration des mesures de consolidation de la paix dans les mandats de maintien de la paix.  Il est tout aussi important d’arriver à la paix que d’assurer sa durabilité, a-t-il ajouté, avant de reconnaître le caractère prioritaire de la réforme du secteur de la sécurité dans un pays sortant d’un conflit.  Le représentant du Mexique a aussi mis l’accent sur l’importance d’une justice qui ne laisse aucun crime impuni, ce qui implique de mettre en place des mécanismes d’enquête sur les violations du droit international commises par toutes les parties au conflit.  Outre la sécurité et la justice, il faut aussi déployer des efforts sur le plan politique en vue de la tenue d’élections, efforts que le Mexique soutient au Liban, au Timor-Leste, en Haïti, en Iraq et en Bosnie-Herzégovine.  M. Puente-Ordorica a aussi mis en évidence les obstacles à la consolidation de la paix que constituent la pauvreté et les inégalités sociales d’un pays, ce qui exige une aide particulière dans les domaines des besoins de base comme le logement, l’éducation, la santé, l’alimentation et l’emploi.  Il a conclu en soulignant l’importance de la responsabilité principale du pays concerné dans la consolidation de la paix, la communauté internationale ayant quant à elle un rôle crucial à jouer dans les premières étapes.


Pour M. NAWAF SALAM (Liban) a, à son tour, souligné l’importance d’une approche intégrée et coordonnée définissant clairement les priorités, forgées au niveau du pays concerné et financées de manière adéquate.  La stratégie, a-t-il dit, doit pouvoir être réexaminée en fonction de l’évolution sur le terrain.  Rejetant, en la matière, toute solution à taille unique, le représentant a prôné une cohérence entre les différents objectifs.  La reforme du secteur de la sécurité, a-t-il poursuivi, est essentielle et doit être du ressort des autorités nationales.  La volonté et l’engagement politiques de ces autorités est une condition essentielle au succès de la consolidation de la paix, a dit le représentant, en insistant sur la réconciliation par un dialogue inclusif.  Il est essentiel d’appuyer l’instauration d’une gouvernance démocrate, transparente et comptable de ses actes.  Le représentant a ensuite insisté sur le renforcement des capacités nationales, le rôle de la société civile, la mise à disposition des fonds nécessaires et sur la coopération internationale et régionale.


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) s’est lui aussi déclaré favorable à des mesures préliminaires de consolidation de la paix sur la base de l’appropriation nationale.  Cet appui permettra à la stabilité sociale de s’installer plus sûrement que si les activités de consolidation de la paix débutaient au lendemain du retrait des opérations de maintien de la paix.  La délégation s’est dite convaincue que de telles activités ne pourraient aboutir sans la participation de la société civile et tous les acteurs concernés, y compris les femmes, dont le rôle dans la consolidation de la paix a été démontré à maintes reprises par le passé.  La coordination aux niveaux national, régional et international est également indispensable et les organisations telles que l’Union européenne et l’Union africaine doivent continuer de s’impliquer, a jugé l’Autriche.  Le représentant a estimé en conclusion que la Sierra Leone constituait l’exemple même du pays qui a décidé de pleinement s’engager dans le redressement et la reconstruction postconflit.


M.ALEJANDRO WOLFF (États-Unis) a estimé que le succès de la consolidation de la paix repose sur les épaules des autorités nationales et du peuple.  Ces autorités doivent cependant relever de « formidables défis » tout en travaillant avec leurs anciens ennemis dans des situations où l’impunité a été la norme ou en essayant d’obtenir d’un personnel sous-payé qu’il travaille à la fourniture des services sociaux de base.  La consolidation de la paix doit être le fait des autorités nationales mais une réponse plus rapide et plus efficace de la communauté internationale est nécessaire.


Le représentant a voulu que le personnel international de consolidation de la paix ait les bonnes compétences, arrive quand il faut et reste aussi longtemps que nécessaire.  Les autorités nationales doivent pouvoir compter sur lui, en matière de développement économique, par exemple.  Les Nations Unies ont une bonne expertise dans plusieurs domaines mais pas suffisamment.  Le système de recrutement de l’ONU n’a pas été en mesure de corriger ces faiblesses. 


Les mécanismes de réponse comme ceux qui sont développés en ce moment par les États-Unis et d’autres pays doivent être harmonisés.  Le représentant a souhaité que le réexamen de la Commission de consolidation de la paix s’inscrive dans les conclusions du Groupe consultatif du Secrétaire général et de la réforme des politiques liées à la gestion des ressources humaines.


Quand les autorités nationales demandent une aide extérieure, c’est dans l’objectif de parvenir à l’autosuffisance, a rappelé le représentant.  Il faut donc mieux tirer les enseignements du passé pour améliorer la cohérence de la réponse collective.  Enfin, le représentant américain a estimé que les Casques bleus seraient mieux soutenus s’ils comprenaient mieux le contexte national où tout peut devenir un difficile exercice politique.  On peut être tenté de considérer la réforme institutionnelle comme un exercice purement technique, mais on peut alors manquer l’objectif recherché, a-t-il averti, et provoquer des conflits locaux.


La communauté internationale doit avoir le courage d’exprimer ses préoccupations sur la manière dont ses actions peuvent compromettre un processus de paix.  Il faut accorder davantage d’attention aux dimensions politiques de la consolidation de la paix, a conclu le représentant. 


M. EMMANUEL ISSOZE NGONDET (Gabon) a estimé qu’il était judicieux de repenser la stratégie globale de consolidation de la paix sur la base d’une approche intégrée, coordonnée et cohérente dans le cadre de la phase de réforme de la Commission de consolidation de la paix.  S’inspirant de l’expérience de sortie de conflit de plusieurs pays africains, M. Ngondet a proposé quelques pistes de réflexion.  Pour lui une condition essentielle de la transition d’une situation de guerre vers la paix est de permettre aux pays sortant d’un conflit de s’approprier leur propre destin dans les domaines politiques, juridico-institutionnel, sécuritaire, économique et social.  Cela suppose la promotion du dialogue et de la réconciliation entre les différents acteurs politiques.  Soulignant qu’il faut également pouvoir disposer des moyens nécessaires à la paix, le représentant a affirmé que c’est à ce niveau que les bons offices et l’aide de la communauté internationale, et particulièrement des Nations Unies et des organisations régionales s’avèrent nécessaires.  D’ailleurs, a-t-il noté, il faut saluer l’appui considérable apporté par les Nations Unies au processus de rétablissement de la paix dans plusieurs pays africains, comme le Libéria.


M. Ngondet a également rappelé que l’Union africaine était sur le point de se doter d’un cadre pour la reconstruction et le développement postconflit.  Signalant que la signature des accords de paix entre parties prenantes à un conflit n’est pas une condition suffisante pour assurer la pérennité de la paix, le représentant du Gabon a insisté sur la nécessité de veiller à l’application effective et de bonne foi desdits accords.  À cet égard il s’est félicité de la mise en place du Fonds pour la consolidation de la paix des Nations Unies, institué pour soutenir les efforts des pays sortant de crises pour répondre aux menaces immédiates à la consolidation de la paix.  Compte tenu des tensions ethniques qui caractérisent l’Afrique, il a également mis l’accent sur la nécessité d’engager un dialogue avec les différents groupes ethniques pour préserver à la fois la cohésion nationale et l’unité territoriale des pays.  De plus, il faut que les processus de paix prennent compte des préoccupations sécuritaires et prévoient des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, de même qu’il faut assurer des contrôles réguliers aux frontières devenues, à cause de leur perméabilité, le théâtre d’activités illicites qui peuvent être sources de conflits.  « Comme nous avons coutume de le dire, le développement est une autre manière de désigner la paix et la stabilité.  La stratégie globale de consolidation de la paix doit s’attaquer à la cause principale des conflits qu’est la pauvreté », a conclu M. Ngondet


M. LI BOADONG (Chine) a déclaré que la communauté internationale reconnaissait que la consolidation de la paix était un projet complexe nécessitant une approche holistique.  Mais ce faisant, il est indispensable de respecter les priorités établies par les pays concernées, a souligné le représentant, pour qui il faut en outre se garder d’appliquer à tout prix des stratégies toutes faites à des situations spécifiques.  Selon lui, une transition sans heurt du maintien à la consolidation de la paix exige du Conseil de sécurité qu’il se penche sur les activités de consolidation de la paix dès la phase de déploiement des opérations de maintien de la paix.  Par ailleurs, lorsque nous discutons d’une stratégie globale de consolidation de la paix, nous devons également tenir compte de l’aspect fondamental du développement, sans lequel la paix sociale ne saurait être gagnée, a assuré la délégation.  Enfin, a estimé la Chine, il faut renforcer la coordination entre organisations multilatérales et pays donateurs pour parvenir à une aide plus efficace.


M. PETER WITTIG (Allemagne), Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a invité le Conseil de sécurité à mieux utiliser le rôle consultatif de la CCP, en établissant un lien plus fort, plus « organique » et plus dynamique avec la Commission.  L’avis de la CCP sur l’introduction des éléments de consolidation de la paix dès la phase de maintien de la paix pourrait très franchement aider le Conseil à mieux suivre les progrès dans la mise en œuvre des mandats qu’ils confèrent aux opérations de l’ONU. 


Le Conseil serait ainsi en mesure de se concentrer sur les menaces les plus pressantes à la paix et à la sécurité internationales, tout en maintenant son attention sur les pays qui ont déjà progressé dans la voie d’une paix durable.  Le Conseil pourrait aussi capitaliser sur la souplesse des méthodes de travail de la CCP, a-t-il estimé, et atteindre plus largement les acteurs pertinents au niveau du pays. 


Le Président de la Commission a ensuite partagé certaines conclusions auxquelles est parvenue la CCP.  La démarche de consolidation de la paix doit se baser sur une vision commune entre les différents acteurs engagés dans une situation postconflit.  La CCP met l’accent sur le développement des partenariats avec les institutions financières internationales et les principaux acteurs régionaux, ce qui permet de renforcer la cohérence. 


Nous devons promouvoir un appui politique et financier à long terme pour faire le lien entre sécurité et développement.  Nous devons, a poursuivi le Président, dès le tout début, appuyer l’appropriation nationale, en particulier s’agissant des fonctions gouvernementales.  Nous devons approfondir l’analyse des défis que pose la consolidation de la paix et identifier constamment les menaces.  Nous devons aussi consacrer de l’attention aux défis régionaux complexes comme le trafic de stupéfiants et d’armes. 


Notre action doit se fonder non pas sur l’offre mais sur la « demande » des pays dans lesquels on opère qui doivent s’approprier les résultats.  La CCP continuera d’explorer les mesures concrètes possibles pour renforcer la collaboration entre l’ONU et les principaux acteurs au niveau national, a-t-il indiqué, en soulignant que cela nécessitera un appui visible et durable du Conseil de sécurité. 


M. JAIRO HERNANDEZ-MILIAN (Costa Rica) a déclaré qu’il fallait continuer de promouvoir une approche synchronisée et intégrée du maintien et de la consolidation de la paix.  Le Réseau de sécurité humaine, que préside M. Hernandez-Milian, est convaincu de l’importance de renforcer la capacité des autorités locales pour répondre aux besoins fondamentaux des populations.  A cet égard, la réforme du secteur de la sécurité est indispensable au processus de stabilisation et de reconstruction.  Le représentant a encouragé les efforts déployés par le Groupe de travail interagences des Nations Unies établi à cette fin.  En outre, dans des sociétés se relevant d’un conflit, les élections sont souvent considérées comme un élément central de l’appropriation nationale des États.  Aussi, une assistance électorale est-elle bienvenue lorsque nécessaire, a souligné le représentant.  Il a également souhaité que des fonds supplémentaires soient versés à l’appui des programmes de réintégration des personnes déplacées et des réfugiés.


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a estimé que les opérations de maintien de la paix ont un rôle important à jouer dans les premières phases des efforts de consolidation de la paix, pour créer un environnement favorable au développement durable, à l’état de droit et à la bonne gouvernance.  La consolidation et le maintien de la paix ne doivent donc pas être vus comme des processus linéaires ou séquentiels.  Ce qu’il faut c’est une approche intégrée.  L’expérience sud-africaine dans les missions de la paix en Afrique, comme en République démocratique du Congo, au Burundi et en Côte d’Ivoire, a  montré que les accords de paix ne sont pas suffisants pour apporter la stabilité dans un pays.  Il faut un dialogue inclusif entre les autorités nationales et la population.


Les priorités doivent être l’amélioration de la sécurité, le développement socioéconomique, la justice, la réconciliation, la bonne gouvernance et les systèmes participatifs.  La consolidation de la paix ne peut réussir qu’avec la participation des gouvernements concernés, a insisté M. Mashabane qui a plaidé, à son tour, pour le respect du principe d’appropriation nationale.  Concluant sur la question du financement, il a appelé la communauté internationale à éviter aux pays concernés de passer d’opérations de maintien de la paix bien financées à des processus de consolidation de la paix sous-financés.  La faculté des institutions financières internationales à reconnaître les besoins particuliers d’un pays postconflit et à enclencher des mécanismes de financement souples ne peut être sous-estimée, a conclu le représentant.


M. PARK IN-KOOK (République de Corée) a rappelé les difficultés auxquelles la Commission de consolidation de la paix (CCP) a été confrontée depuis sa création, en raison notamment d’un manque de ressources financières et humaines, mais aussi de l’absence d’un mandat global et d’un modus operandi intégré.  Le représentant a estimé que la première chose à faire était de s’assurer que les ressources financières nécessaires étaient effectivement réunies pour permettre à la Commission de faire son travail.  De retour d’un voyage en Sierra Leone, l’un des pays éligibles à une intervention de la Commission de consolidation de la paix, le représentant a fait état de progrès encourageants mais s’est dit étonné de constater qu’à l’exception notable du Canada, aucun donateur n’avait contribué au Fonds d’affectation ouvert en faveur de la Sierra Leone.  Cette situation, a-t-il expliqué, vaut pour d’autres pays aidés par la Commission, qui ne disposent pas de fonds d’affectation en leur faveur, en dehors du Fonds pour la consolidation de la paix.  D’une manière plus générale, les ressources à l’appui de la consolidation de la paix sont très limitées, en comparaison de celles allouées au Département des opérations de maintien de la paix, a relevé le représentant de la République de Corée.  M. Park a également estimé que les processus de maintien et de consolidation de la paix devraient être poursuivis de manière parallèle plutôt que « séquentielle ».  Il a enfin estimé que le mandat de la CCP devait être précisé et la coopération régionale renforcée, par exemple au travers de groupes de travail conjoints.


M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte) a estimé que la consolidation de la paix exige d’abord et avant tout l’engagement « inconditionnel et constant » en faveur du principe d’appropriation nationale en vertu duquel les autorités nationales ont les pleins pouvoirs s’agissant de la définition, de la planification et de la mise en œuvre des stratégies.  Il faut ensuite, a-t-il poursuivi, faire en sorte que la CCP puisse continuer à fournir des conseils et à faire des propositions sur la formulation et la mise en œuvre de stratégies globales et intégrées pour le développement.  Troisièmement, il faut établir des relations claires, définies, équilibrées, synchronisées et égales entre la CCP, d’une part, et l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC).


Quatrièmement, a encore préconisé le représentant, il faut faire en sorte que la CCP soit activement impliquée dans les premières phases des processus de consolidation de la paix, qui peuvent coïncider avec les opérations de maintien de la paix.  Cinquièmement, il est nécessaire d’avoir les capacités civiles et techniques nécessaires ainsi que des ressources adéquates.  Il faut enfin créer un mécanisme de suivi pour assurer la pleine mise en œuvre des stratégies par les acteurs nationaux et internationaux et garantir une cohérence entre les priorités des mécanismes internationaux de financement et celles des autorités nationales.  Dans ce contexte, le représentant a demandé le renforcement du Fonds pour la consolidation de la paix. 


M. JOSE ALBERTO BRIZ GUTIERREZ (Guatemala) a rappelé qu’après avoir subi un conflit interne de plus de 40 ans, son pays a conclu un accord de paix en décembre 1996. Tout le processus qui a conduit à la paix et celui de sa consolidation a laissé des blessures, a-t-il indiqué.  Il a souligné tout d’abord combien est unique chaque processus de consolidation de la paix.  Les acteurs nationaux sont particulièrement importants dans le processus, a-t-il poursuivi, notamment les parties au conflit.  Le représentant a aussi expliqué que s’il existe un certain niveau d’appropriation nationale, le pays sera davantage disposé à accepter une participation importante de la communauté internationale dans les prises de décisions. 


C’est l’exemple du Guatemala, a-t-il indiqué, pour lequel les Nations Unies ont joué un rôle fondamental à chaque étape du maintien et de la consolidation de la paix.  Le représentant a ensuite souligné l’importance cruciale de la coopération internationale, donnant l’exemple du financement externe que son pays a reçu dans les premières années d’application de l’accord de paix.  Il a encore évoqué le caractère holistique de la consolidation de la paix, avant d’admettre que le Guatemala souffre encore de certains aspects du conflit antérieur, comme la culture de l’impunité qui entraîne encore aujourd’hui des comportements délictuels.


M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) s’est souvenu qu’après être sortis d’un conflit, plusieurs pays étaient retombés dans la violence ou n’avaient pas réussi à rester sur la voie du développement durable.  C’est la confirmation, selon lui, de la nécessité de faire le lien entre, d’un côté, la sécurité et, de l’autre, l’intégration sociale, la lutte contre la pauvreté, le renforcement institutionnel et la promotion des droits de l’homme.  Dans les efforts de consolidation de la paix, il a aussi souligné l’utilité de renforcer le tissu social et d’inciter à l’édification d’une conscience politique. 


En ce qui concerne la relance économique, il a signalé le caractère essentiel de la participation du secteur privé.  Dans ce contexte, il est important que la Commission de consolidation de la paix (CCP) agisse de manière coordonnée avec les institutions financières internationales et les organisations régionales, a déclaré M. Gutiérrez.  Il a aussi jugé essentiel que la CCP joue un rôle dans les phases de maintien de la paix, en coordination avec les organes pertinents des Nations Unies qui ont une responsabilité directe en termes de développement économique et social, comme le Conseil économique et social (ECOSOC).


M. HUSSAIN HAROON (Pakistan) a estimé que les risques pour un pays de retomber dans un conflit peuvent être évités par une évaluation et une planification mieux coordonnées des activités de maintien et de consolidation de la paix.  Transsectorielles par nature, ces deux disciplines pourraient travailler ensemble en explorant des partenariats efficaces, grâce à une dynamique entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, les institutions financières internationales, les pays contributeurs de troupes et les Départements pertinents du Secrétariat des Nations Unies.  Soulignant à son tour, la nécessité de respecter le principe d’appropriation nationale, le représentant a aussi insisté sur les valeurs de responsabilité et de bonne gouvernance.  Les efforts de consolidation de la paix nécessitent aussi un financement et une affectation durable de ressources qui exige une coopération accrue des pays donateurs et des institutions financières internationales.


Mme KIRSTY GRAHAM (Nouvelle-Zélande) a noté qu’alors que tout le monde s’accorde sur l’importance de l’appropriation nationale, la réalité n’est pas toujours celle-là sur le terrain.  Elle a donc voulu que l’on accorde toute l’attention nécessaire à ce principe.  Le cadre de partenariat adopté l’année dernière entre les Îles Salomon et la Mission d’assistance régionale, a-t-elle poursuivi, est un exemple de la manière dont on peut faire les choses, en matière d’appropriation nationale.  Il s’agit d’un document dynamique qui peut être adapté en fonction de l’évolution des choses.  L’appropriation nationale n’est jamais aussi importante que dans le renforcement des capacités institutionnelles, a-t-elle insisté. 


L’efficacité de l’aide au renforcement des capacités doit faire partie d’une stratégie cohérente élaborée selon une bonne évaluation des priorités et des objectifs réalistes reflétant le contexte local.  Dans ce contexte, la représentante a salué la création du Groupe de travail sur les capacités internationales civiles, qui permettra d’évaluer les compétences qui peuvent être déployées.  Elle a alerté sur la pénurie de personnel compétent dans le domaine de l’état de droit, alors que c’est une question importante dans la consolidation de la paix.


M. ZACHARY D. MUBURI MUITA (Kenya) a reconnu le rôle pivot que joue la Commission de consolidation de la paix dans les pays se relevant d’un conflit.  Mais nous devons l’aider à mieux s’acquitter de son mandat et à s’impliquer dès les phases préliminaires de la consolidation de la paix.  Pour veiller à ce que les pays émergeant d’un conflit n’y retombent pas, les stratégies doivent inclure des activités de promotion du développement durable et de renforcement des institutions démocratiques et inclure les femmes dans ce processus.  Le réexamen de la CCP devrait avoir pour objectif d’en exploiter pleinement le potentiel, a affirmé M. Muita.  Membre de la « Formation Burundi » de la Commission, le Kenya a souligné l’importance du redressement économique, de l’intégration socioéconomique et de la dimension développement dans le processus de consolidation de la paix, a rappelé le représentant, qui a plaidé en faveur d’une assistance aux pays sortant d’un conflit axée sur leur intégration à l’économie régionale.


M. JOHN MCNEE (Canada) a, après avoir fait part des efforts de son pays en Afghanistan, en Sierra Leone, modèle qui mérite d’être repris, et au Timor-Leste, admis qu’il reste beaucoup à faire.  Cependant, quelques grands principes se dessinent, a-t-il dit, en citant d’abord la nécessité de lancer très rapidement la consolidation de la paix qui est complémentaire au maintien de la paix et qui nécessite des ressources considérables et un engagement soutenu.  De même, l’appui international doit être plus global, plus intégré et mieux adapté au contexte local.  Une coordination accrue entre les acteurs de la sécurité, de l’aide humanitaire et du développement est également essentielle, a-t-il ajouté.


Il a enfin souligné que la consolidation de la paix doit avant tout renforcer la prise en charge au niveau national.  En mettant à profit les compétences locales, régionales et internationales, la communauté internationale peut non seulement, mais doit aussi réussir à mieux mobiliser les compétences civiles nécessaires pour aider les autorités nationales, y compris par une coopération renforcée entre les pays du Sud. 


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) s’est dit convaincu que la mise en œuvre effective du mandat de la Commission de consolidation de la paix par toutes les parties prenantes est l’un des meilleurs moyens de réaliser les trois piliers des Nations Unies qui sont la sécurité, le développement et la protection des droits de l’homme.  S’appuyant sur son expérience de pays où a été déployée l’une des opérations de maintien de la paix les plus convaincantes, la Croatie a déclaré qu’elle soutenait l’intention du Conseil de renforcer davantage la cohérence entre les activités de maintien et de consolidation de la paix et de transformer d’anciennes missions de maintien de la paix en bureaux intégrés de consolidation de la paix.  Mais on peut encore améliorer les choses, a-t-il dit, en soulignant la réelle contribution que la CCP peut apporter aux délibérations du Conseil, s’agissant des pays inscrits à son ordre du jour.  Dans ce contexte, il a appelé le système de l’ONU à renforcer son programme « Unis dans l’action ».  Le représentant a lui aussi souligné l’importance de l’appropriation nationale, avant d’appuyer l’idée d’une liste régionale de personnel civil prêt à se déployer.  Il a aussi encouragé la CCP à développer des partenariats avec les organisations régionales. 


M. GARY QUINLAN (Australie) a signalé les défis qu’a rencontrés son pays dans les efforts de consolidation de la paix au Timor-Leste, en Afghanistan, aux Îles Salomon, à Bougainville et, plus récemment par le biais de la Commission de consolidation de la paix (CCP) en Sierra Leone.  Il a d’abord jugé essentiel d’examiner les besoins en consolidation de la paix dès la conception des missions de maintien de la paix.  Il a aussi souligné que la transition entre une situation postconflit et le retour à la normalité prend beaucoup de temps et qu’il faut donc équilibrer les réactions rapides à court terme et les efforts sur le plus long terme.  Enfin, le représentant a estimé que tout s’attachant à la paix et à la sécurité, il faut aussi déployer des efforts pour l’édification de l’État, ce qui nécessite l’implication de tous les acteurs internationaux du domaine de la politique, de la sécurité, de l’humanitaire et du développement.  Le représentant a conclu en reconnaissant la nécessité de développer un pool d’experts civils internationaux, y compris des pays en développement.  Il a attiré l’attention sur la création en 2009, du Corps civil australien. 


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. PEDRO SERRANO (Espagne) a rappelé que la communauté internationale avait déjà été témoin de trop nombreuses « rechutes » de pays dans des conflits dont ils venaient de sortir: 30% d’entre eux en moins de 5 ans, a souligné le représentant, pour qui ce chiffre est inacceptable.  Inverser cette tendance est une responsabilité collective que nous devons aux peuples les plus touchés par des conflits, a-t-il affirmé.  Nous avons appris, a-t-il dit, qu’aucune recette toute faite ne peut être appliquée à des situations complexes.  Aussi, l’Union européenne estime-t-elle qu’il faut mettre à l’avenir l’accent sur une plus grande appropriation nationale, sur l’identification de priorités crédibles, sur des stratégies cohérentes, sur un soutien financier prévisible, souple et rapide et enfin sur des partenariats efficaces aux niveaux national, régionale et international.  Pour sa part, l’Union européenne est actuellement engagée dans 12 opérations militaires et civiles à travers le monde, a rappelé M. Serrano.  Les nouvelles structures de gestion des relations extérieures de l’Union visent à lui permettre de faire le meilleur usage possible de tous les instruments à sa disposition, a précisé le représentant, en conclusion, en ajoutant que tout cela vise à assurer une approche intégrée.


M. JARMO VIINANEN (Finlande), au nom des pays nordiques, a expliqué qu’une paix durable exige la réhabilitation des fondations d’une société pacifique et le retour d’un État comptable de ses actes auprès de la population, à savoir le respect des droits fondamentaux des personnes, le retour à l’état de droit et la mise en place d’un contrat social.  Or, l’approche actuelle de la consolidation de la paix est loin de répondre à ces exigences, a estimé le représentant, en prônant une vision holistique à long terme.  Le représentant a, à son tour, indiqué que l’appropriation nationale représente la base de la consolidation de la paix.  Le rôle de la communauté internationale doit être non seulement d’assurer la prise en charge nationale mais aussi d’inculquer aux autorités nationales le devoir de rendre des comptes à leur population.  La coordination, a-t-il conclu, est un autre pilier de la responsabilisation mutuelle.  


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a lui aussi mis l’accent sur la nécessité d’une approche holistique qui tienne compte des spécificités économique, social et politique du pays concerné. Cela signifie, a-t-il dit, que même dans les cas où il s’avère difficile de « localiser » l’appropriation nationale, les efforts internationaux de consolidation de la paix doivent être dirigés vers le renforcement des capacités de l’État.  Après avoir rappelé l’importance d’un financement adéquat, le représentant a estimé que, compte tenu de la nature « sensible » des tâches de consolidation de la paix comme la réforme du secteur de la sécurité et la gestion du développement, il faut un degré élevé de coordination au sein du système des Nations Unies.  En l’occurrence, la Commission aurait tout intérêt à consulter les principaux contributeurs de troupes et d’agents de police.  En conclusion, il a appuyé l’établissement par le Secrétaire général d’un Groupe consultatif sur les capacités civiles internationales.


M. COLLIN BECK (Îles Salomon) a expliqué comment son pays a reçu une assistance internationale par le biais de la Mission d’assistance régionale aux îles Salomon (RAMSI).  Il a indiqué que son pays compte 500 000 personnes parlant 87 langues, avec une majorité de la population vivant dans les zones rurales.  Après des conflits entre deux groupes ethniques en 1998, le pays était sorti affaibli, a-t-il rappelé, mais la Mission RAMSI a été mise en place en 2003, sur demande du Gouvernement.  La consolidation de la paix passe par la sécurité, qui doit être la priorité de la première année, puis par des investissements dans le développement, a poursuivi le représentant.  La Commission de consolidation de la paix (CCP) doit donc bien comprendre l’environnement dans lequel elle se place.  M. Beck a ensuite souligné l’importance de la confiance dans les institutions de l’État pour pouvoir mener une réforme du secteur de la sécurité.  L’ONU peut aider à édifier cette confiance en faisant participer la police locale à ses opérations.  En ce qui concerne la gouvernance et les investissements, il a invité les acteurs pertinents à s’intéresser davantage aux structures communautaires. 


Le représentant a tenu à mettre l’accent sur un élément qui n’est pas souvent cité à savoir le partenariat entre la CCP et les pays bénéficiaires. Les Îles Salomon ont connu la stabilité grâce à la Mission RAMSI, mais les tensions sporadiques ont permis aux deux protagonistes d’affiner leur coopération.  Il a appelé à un partenariat qui vise le renforcement des capacités de l’État récipiendaire, qui appuie la fourniture des services sociaux de base, qui traite des causes sous-jacentes du conflit et qui évite une coordination ad hoc en dehors de la machine étatique ou une aide déséquilibrée qui affaiblisse encore l’État, faisant de lui le « spectateur d’une assistance pérennisée ».  Le partenariat doit aussi veiller à mobiliser les ressources domestiques, par des investissements dans des secteurs cibles.  


Mme CARMEN MARIA GALLARDO HERNANDEZ (El Salvador) a souligné l’importance des enseignements tirés de l’expérience du passé, en demandant de tenir compte des spécificités de chaque pays et de chaque situation.  Elle a appelé de ses vœux un renforcement des synergies entre les acteurs sur le terrain et la Commission de consolidation de la paix.  La représentante a également souhaité que la Commission examine les éléments d’une stratégie de sortie dès que possible; l’expérience réussie d’El Salvador a démontré que c’est possible, a-t-elle affirmé.


M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka) a invité le Conseil à se rappeler les nombreux cas où les stratégies de développement sur la base de l’expérience nationale ont bien mieux réussi que celles prescrites par des institutions académiques lointaines.  Il n’y a pas de solution générique, a-t-il dit, en insistant sur la spécificité de chaque situation.  Il faut écouter les gouvernementaux nationaux et les communautés qui comprennent mieux que quiconque les priorités de leur pays.  Notre expérience, a dit le représentant, a montré que certains, dans la communauté internationale, imposent des étapes à franchir en fonction de calendriers superficiels et croient que la pression extérieure peut contribuer à accélérer le processus au mépris des sensibilités nationales  complexes et de la réalité sur le terrain. 


Bien souvent, on met l’accent sur la réconciliation politique, en oubliant l’importance tout aussi vitale du redressement économique, a-t-il aussi noté, en disant que c’est alors qu’on se montre prompt à qualifier d’ethnique ou de religieux, un conflit qui trouve ses sources dans les problèmes sociaux.  La consolidation de la paix est une tâche multidimensionnelle qui nécessite une approche globale.  Sans perspective économique, il n’y aura pas de paix, a-t-il insisté.  S’agissant de la réconciliation nationale, le représentant a opposé la culture de la justice et de la vengeance à celle du pardon, à laquelle adhère son peuple.  Il a aussi souligné que le processus politique ne devrait jamais précéder le ferme établissement du processus démocratique et de consultations.  Le représentant a conclu sur la nécessité d’assurer des ressources adéquates.


M. LESLIE KOJO CHRITIAN (Ghana) a indiqué que la Commission de consolidation de la paix devrait être en mesure de pouvoir conseiller le Conseil de sécurité sur les questions inscrites à son ordre du jour et sur la base des leçons apprises.  La Commission doit également accorder une grande attention au besoin de mobiliser les parties prenantes nationales, car il n’est pas possible d’asseoir la paix sans le soutien des « consolidateurs » de la paix locaux.  Le Ghana salue donc la volonté de mettre l’accent sur l’appropriation nationale.  La délégation a ensuite exhorté la Commission de consolidation de la paix à réfléchir à des stratégies appropriées pour faire en sorte que les organisations régionales et sous-régionales renforcent la coordination avec la société civile et les donateurs.


M. ALFRED NDABARASA (Rwanda) a rappelé que chaque situation est unique dans un contexte historique spécifique.  Il a insisté sur la prise en charge nationale et demandé que les efforts de consolidation de la paix reçoivent un appui adéquat en termes de ressources humaines et financières.  Le mécanisme de responsabilisation mutuelle doit permettre de suivre l’engagement de tous les acteurs dans le processus de consolidation de la paix, a-t-il noté.  Pour assurer le succès des efforts, il faut une bonne coordination entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social de l’ONU, a-t-il dit, à son tour.  Il faut aussi prévoir une stratégie de sortie, pour éviter une dépendance indéfinie, a-t-il ajouté avant d’attirer l’attention sur l’expérience de la reconstruction du Rwanda, qui peut servir d’exemple aux efforts de consolidation de la paix. 


M. TETE ANTONIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a déclaré qu’il n’était pas possible de promouvoir la consolidation de la paix sans s’attaquer aux causes profondes des conflits.  L’Union et la Commission de consolidation de la paix se sont déjà rencontrées par le passé, a-t-il indiqué, et il faudra voir comment ce partenariat pourrait être renforcé, de même qu’avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  L’Union africaine a salué le fait que la dimension régionale de la consolidation de la paix ait été soulignée par tant d’orateurs.  M. Antonio a, pour sa part, attiré l’attention sur la nécessité de donner un avenir aux jeunes, sans lesquels la paix ne peut s’installer durablement.


M. JAKKRIT SRIVALI (Thaïlande) a, à son tour, prôné l’appropriation nationale qui doit s’accompagner du renforcement des capacités nationales.  Cela nécessite un dialogue constant entre les autorités nationales et leur population, dont la société civile et les minorités, a-t-il averti.  Il a aussi prôné une plus grande participation des femmes et des jeunes au processus de consolidation de la paix, leur émancipation économique pouvant prévenir les causes potentielles des conflits.  M. Srivali a également mis l’accent sur la nécessité d’une transition fluide entre le maintien de la paix, la consolidation de la paix et le développement durable.  En l’occurrence, elle a préconisé une coopération plus étroite entre la Commission, d’une part, et l’ECOSOC et les agences de l’ONU, d’autre part.  Une bonne coopération avec les institutions financières internationales et les fondations privées pourraient aussi contribuer à résoudre la question des ressources, de l’efficacité de l’aide, du chevauchement et de la cohérence.  


M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a souligné l’importance qu’il y a à appuyer les processus de démocratisation et de développement institutionnel comme mesures essentielles pour prévenir les conflits et jeter les bases d’un développement économique durable.  Il faut, a-t-il poursuivi, une coordination plus efficace entre les Nations Unies, le gouvernement bénéficiaire, les donateurs bilatéraux et la société civile.  Il s’est dit également convaincu que la reconstruction et la réhabilitation des infrastructures physiques, ainsi que les investissements dans les programmes sociaux et économiques, étaient des dimensions essentielles de la reconstruction postconflit, en particulier s’il s’agit de répondre aux besoins des groupes vulnérables.  Pour le représentant, l’appropriation nationale représente enfin une priorité non seulement pour les activités de reconstruction, mais aussi pour la définition des priorités en matière de développement pour lesquelles l’assistance internationale est nécessaire.


M. GUSTAVO ÁLVAREZ(Uruguay) a signalé que la complexité des opérations de consolidation de la paix exige une bonne coordination de nombreux acteurs.  L’ONU étant l’actrice la plus importante qui apporte en outre la plus grande contribution financière, il a souligné le rôle central qu’elle doit jouer.  Malgré les contributions de poids qu’a apportées la Commission de consolidation de la paix depuis sa création, la place qu’elle occupe et les ressources dont elle dispose sont insuffisantes pour que le potentiel de cet organe soit pleinement exploité, a estimé le représentant.  Il a indiqué avoir confiance dans son Comité d’organisation pour que le processus d’examen de la Commission aboutisse à la proposition de solutions acceptables.  On ne peut pas avoir de paix durable à la fin des conflits armés si on ne s’attaque pas aux causes mêmes des conflits, a ensuite rappelé M. Álvarez.  Il a demandé à ce que soient fournies des ressources financières suffisantes à la consolidation de la paix et que des experts civils des pays en développement soient déployés dans les zones où le besoin se fait sentir.  Il a aussi appelé le Conseil de sécurité à faire en sorte que la présence des Casques bleus sur le terrain soit pleinement mise à profit en les faisant participer au maximum aux tâches de consolidation de la paix.  M. Álvarez a enfin averti qu’il est impossible de trouver des consensus larges dans des pays dévastés par les conflits, ce qui veut dire que l’appropriation nationale n’est pas toujours possible dans un premier temps. 


S’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, M. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a estimé que le potentiel de la Commission de consolidation de la paix était loin d’être utilisé.  Il a préconisé une pleine exploitation du processus de réexamen de la Commission pour renforcer cet organe subsidiaire de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité; une réflexion sur la manière dont la CCP peut encourager une meilleure coordination entre tous les acteurs, y compris les Nations Unies et les institutions financières internationales, le secteur privé et la société civile; une meilleure prévisibilité des ressources; la prise en compte de la perspective sexospécifique dans tous les efforts et le strict respect du principe d’appropriation nationale. 


M. ROBERT AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a invité à une réflexion sur l’expérience tragique de son pays lors du conflit à Bougainville.  Il a donc estimé qu’aux côtés de l’accent mis sur l’idée de partenariat, il faut aussi souligner l’importance de l’Article 52 de la Charte sur le rôle des arrangements régionaux dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant s’est aussi attardé sur la nécessité de renforcer les capacités civiles et de donner plus de pouvoir aux femmes et aux jeunes.


M. GAREN NAZARIAN (Arménie) a regretté qu’il n’ait pas été possible de pleinement utiliser une ressource essentielle au service de la paix dans le Caucase, à savoir le développement économique durable, qui aurait pu créer des opportunités sur le plan régional pour le commerce, l’investissement et l’emploi et donner lieu à des solutions politiques.  Le Sud-Caucase en particulier nécessite la mise en œuvre d’initiatives et de programmes divers financés par la communauté des donateurs.  Selon le représentant, la région a désespérément besoin de leadership de la part de la communauté des investisseurs pour l’aider à se concentrer sur son avenir plutôt que sur son passé.


M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a appelé le Conseil de sécurité à adopter une démarche cohérente favorisant l’appropriation nationale.  Nous sommes conscients de la précarité des situations de transition dans les pays sortant de conflit où il faut consolider en premier lieu la sécurité, a dit M. Acharya.  Il faut ensuite arriver à une distribution rapide des dividendes de la paix et à un développement réel, a-t-il préconisé.  Il a estimé que la CCP devait encore s’affirmer pour s’approprier le mandat qui lui a été octroyé.  Il a aussi souhaité que les ressources nécessaires à la consolidation de la paix soient disponibles rapidement sur le terrain, ce qui permettrait de donner plus de poids aux actions menées par la CCP.  Les Nations Unies doivent alimenter l’espoir de millions de peuples dont les vies ont été ravagées par la guerre, a-t-il souhaité, et permettre ainsi que soient jetés les fondements du développement durable.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité, rappelant les déclarations de son président (S/PRST/2010/2, S/PRST/2009/23 et S/PRST/2008/16), souligne l’importance cruciale que revêt la consolidation de la paix s’agissant de jeter les bases d’une paix et d’un développement durables au lendemain de tout conflit.  Il souligne qu’il faut disposer de stratégies de consolidation de la paix efficaces pour assurer une paix et un développement durables.


Le Conseil considère que la consolidation de la paix durable doit être menée de façon intégrée, en renforçant la cohérence entre les activités relatives à la politique, à la sécurité, au développement, aux droits de l’homme et à l’état de droit.  Il constate le rôle important que l’Organisation des Nations Unies peut jouer en apportant un appui aux autorités nationales en vue d’élaborer des stratégies de consolidation de la paix qui répondent aux besoins prioritaires de façon progressive et globale.  Il encourage les partenaires internationaux à aligner leur appui sur ces stratégies aux niveaux international, régional, national et local.


Le Conseil réaffirme l’importance de l’appropriation nationale et du renforcement des capacités nationales et souligne que les stratégies de consolidation de la paix devraient être envisagées dans le contexte de chaque pays.  À ce propos, il estime nécessaire que les autorités nationales assument dès que possible la responsabilité de reconstituer les institutions de l’État et les fonctions de gouvernement en vue de répondre à tous les besoins essentiels liés à la consolidation de la paix.  Il souligne que l’appui à une gouvernance démocratique, transparente et responsable est essentiel pour instaurer une paix durable.


Le Conseil souligne qu’il importe de régler pacifiquement les différends politiques dans les États sortant d’un conflit et d’aborder les sources de conflit violent en tant qu’éléments essentiels pour l’instauration d’une paix durable.  Il estime important de faire progresser le processus de paix et la coexistence pacifique par la concertation entre toutes les parties, la réconciliation et la réinsertion.  Il réaffirme qu’il faut absolument mettre fin à l’impunité pour que les sociétés se relevant d’un conflit tirent les leçons des exactions commises contre les civils touchés par les conflits armés et pour que de tels actes ne se reproduisent pas.  Il souligne qu’il importe de tenir des élections libres, régulières et transparentes pour instaurer une paix durable.


Le Conseil constate que la réforme du secteur de la sécurité est essentielle pour le processus de consolidation de la paix et affirme que le pays doit s’approprier cette réforme.  Pour que cette réforme soit effective, elle doit tendre à mettre en place un secteur de la sécurité qui soit professionnel, efficace et responsable, en particulier des capacités nationales militaires et de police sous la supervision civile d’un gouvernement démocratique.  Il souligne qu’il importe ce faisant d’adopter une approche sectorielle qui renforce l’état de droit, notamment en établissant des systèmes judiciaire et pénitentiaire indépendants.  Il prie le Secrétaire général, s’il y a lieu et s’il y est invité, de rendre compte dans ses rapports sur les différentes missions des progrès accomplis au niveau de l’appui apporté aux autorités nationales afin que les programmes de réforme du secteur de la sécurité menés sous contrôle national soient soutenus de manière coordonnée et globale.


Le Conseil estime indispensable de rechercher la stabilité politique et la sécurité, parallèlement au développement socioéconomique, en vue de consolider la paix.  Il souligne qu’il est important de distribuer rapidement les premiers dividendes de la paix, notamment en assurant les services de base, afin de contribuer à susciter la confiance et l’engagement en faveur du processus de paix.  Le Conseil estime que la réinsertion des réfugiés, des déplacés et des ex-combattants, assurée en coordination avec la réforme du secteur de la sécurité et le désarmement, la démobilisation et la réintégration, ne devrait pas être considérée isolément mais s’inscrire dans le contexte plus large de la recherche de la paix, de la stabilité et du développement, avec un accent spécial sur la relance des activités économiques.  Il note à ce propos que le taux de chômage élevé des jeunes peut faire sérieusement obstacle à la consolidation durable de la paix.


Tout en estimant crucial de développer la capacité de l’État, le Conseil souligne aussi qu’une attention accrue et des politiques cohérentes s’imposent pour relever les communautés touchées par le conflit et autonomiser les personnes touchées, en particulier les civils vulnérables, tels que les enfants, les personnes âgées, les réfugiés et les déplacés. Il note qu’il faut fournir une assistance aux victimes. Conformément à ses résolutions 1325 (2000) et 1820 (2008), il souligne que les femmes et les jeunes peuvent jouer un rôle clef dans la reconstitution du tissu social et doivent être associés à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies de relèvement après les conflits pour que leurs perspectives et leurs besoins soient pris en compte.


Le Conseil note que le trafic de drogues, la criminalité organisée, le terrorisme, le trafic d’armes et la traite des personnes pourraient constituer des menaces transnationales ayant des incidences sur la consolidation de la paix dans les pays qui sortent d’un conflit et souligne qu’il importe de renforcer la coopération internationale et régionale sur la base d’une responsabilité commune et partagée pour y faire face de façon efficace.


Le Conseil réaffirme qu’il importe de soutenir le plus tôt possible la consolidation de la paix.  Il constate le rôle fondamental que joue la Commission de consolidation de la paix dans la prise en compte des priorités liées à la consolidation de la paix, en particulier en mobilisant un appui et des ressources et en améliorant la planification et la coordination des activités de consolidation de la paix.  Il estime également nécessaire d’accroître la coordination avec la Commission et attend avec intérêt les résultats de l’examen de 2010 des activités de la Commission et les recommandations sur les moyens de continuer à renforcer son rôle.


Le Conseil estime important de renforcer la coordination entre les donateurs bilatéraux et multilatéraux concernés en vue d’apporter en temps voulu un appui financier prévisible et cohérent à la consolidation de la paix après les conflits.  Il souligne que les mécanismes de financement visant à répondre aux besoins immédiats après les conflits, en particulier le Fonds pour la consolidation de la paix, devraient jouer un rôle de catalyseur puis faire place dès que possible à un financement substantiel à plus long terme dans le cadre des efforts de relèvement et de reconstruction.  Il préconise une synergie accrue entre le Fonds pour la consolidation de la paix et la Commission.


Le Conseil estime nécessaire d’élargir et d’étoffer la réserve d’experts civils, en particulier originaires de pays en développement et de sexe féminin, pour aider à développer les capacités nationales et il encourage les États Membres, l’Organisation des Nations Unies et les autres partenaires concernés à renforcer la coopération et la coordination visant à renforcer ces capacités.  Il attend avec intérêt les recommandations issues de l’examen des capacités civiles figurant dans le rapport complémentaire au rapport du Secrétaire général sur la question (S/2009/304).


Le Conseil souligne qu’il faut que le système des Nations Unies renforce le partenariat stratégique avec les autres organisations internationales, régionales et sous-régionales ainsi qu’avec les institutions financières, en particulier en encourageant la cohérence et la coordination entre leurs plans et programmes.  À ce propos, il attend avec intérêt que la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Banque mondiale continue d’être renforcée au siège comme sur le terrain et que le Secrétaire général lui donne dans le rapport complémentaire précité les précisions qu’il lui a demandées sur les mesures prises pour susciter une intervention plus rapide, prévisible et responsable dans les secteurs clefs de la consolidation de la paix.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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