De retour du Moyen-Orient, Ban Ki-moon présente au Conseil de sécurité un état des lieux de la situation sur le terrain
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Conseil de sécurité
6292e séance – matin
DE RETOUR DU MOYEN-ORIENT, BAN KI-MOON PRÉSENTE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ UN ÉTAT DES LIEUX DE LA SITUATION SUR LE TERRAIN
De retour d’Israël et des territoires palestiniens occupés, le Secrétaire général des Nations Unies est venu, ce matin, présenter au Conseil de sécurité les conclusions de son déplacement dans la région, ainsi que de la réunion du Quatuor qui s’est tenue à Moscou, vendredi dernier.
M. Ban Ki-moon a également annoncé son départ pour Syrte, en Libye, où il devrait participer au Sommet de la Ligue des États arabes. Ces missions, a-t-il précisé, s’inscrivent dans le cadre des efforts visant à initier des pourparlers indirects entre les parties israélienne et palestinienne, au moment où une « crise de confiance » a été provoquée par l’annonce faite par le Gouvernement d’Israël de construire 1 600 nouveaux logements à Jérusalem-Est.
La déclaration du Quatuor, adoptée vendredi, reflète l’accord de ses membres sur plusieurs points essentiels, a assuré le Secrétaire général. Le Quatuor – composé des États-Unis, de la Fédération de Russie, de l’ONU et de l’Union européenne - a notamment souligné la nécessité de lancer des pourparlers indirects, en vue d’aboutir à des négociations directes le plus rapidement possible, et ce, afin de régler toutes les questions en suspens concernant le statut final dans les 24 prochains mois.
Par ailleurs, le Quatuor a rappelé aux parties concernées l’importance de respecter les conditions préalables à la tenue de pourparlers indirects et d’agir conformément au droit international et à la Feuille de route. Ces conditions prévoient le gel de toutes les activités liées à l’implantation de colonies de peuplement et le respect par la partie palestinienne de ses obligations en matière de sécurité.
Le Quatuor a condamné l’annonce faite récemment par le Gouvernement israélien de procéder à de nouvelles implantations de colonies de peuplement et réaffirmé la position de la communauté internationale sur Jérusalem. Il a également indiqué qu’il suivrait de près l’évolution de la situation sur le terrain. Dans sa déclaration, le Quatuor a exhorté les deux parties à s’abstenir de toute action provocatrice et de rhétorique susceptible d’envenimer la situation actuelle.
Le Quatuor a exprimé son ferme appui au projet de création d’un État, lancé en août 2009 par l’Autorité palestinienne, avec pour objectif de finaliser les préparatifs en ce sens dans les prochains 24 mois. Il a souligné la nécessité de lever immédiatement les restrictions d’accès à la bande de Gaza et a réaffirmé son engagement en faveur d’une solution durable sur les questions de sécurité, d’unité et de points de passage, conformément à la résolution 1860 du Conseil de sécurité.
Le Secrétaire général a indiqué qu’il avait transmis ces messages importants du Quatuor aux dirigeants israéliens et palestiniens, ainsi qu’à leur peuple respectif. À Ramallah, a-t-il souligné, il s’est notamment entretenu avec le Premier Ministre Salam Fayyad, et rencontrera à Syrte le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, qui se remet en ce moment même d’une chute.
M. Ban a été assuré à cette occasion de la volonté du Président Abbas de parvenir à des pourparlers indirects et à un règlement durable de toutes les questions en suspens, même si celui-ci a également exprimé ses préoccupations devant des actions susceptibles de remettre en question les négociations et de saper la confiance.
Le Secrétaire général a pris note des difficultés faites aux Palestiniens pour avoir accès à leurs terres et assurer leur propre développement économique et social. Le Secrétaire général a indiqué aux membres du Conseil qu’il avait vivement encouragé les Israéliens à trouver le moyen de garantir leur sécurité tout en levant les restrictions de mouvement imposées aux Palestiniens, au risque de remettre en question la viabilité d’un éventuel État palestinien.
M. Ban s’est cependant déclaré impressionné par les efforts déployés par l’Autorité palestinienne pour assurer une plus grande transparence et assumer sa responsabilité, ainsi que par sa détermination à appuyer le processus politique.
Condamnant les incidents au cours desquels quatre Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité israéliennes, le Secrétaire général a affirmé avoir obtenu du Ministre israélien de la défense, M. Ehud Barak, l’ouverture d’une enquête à ce sujet.
Concernant la bande de Gaza, M. Ban a indiqué que la situation qui prévaut actuellement dans le territoire est marquée par « la pauvreté et les ruines des logements détruits, les zones industrielles et agricoles abandonnées, ainsi qu’une présence sécuritaire évidente des autorités de facto. »
Qualifiant cette situation de « moralement inacceptable et contre-productive », un Palestinien lui a confié: « Nous ne vivons pas, nous survivons ». Le Secrétaire général s’est dit particulièrement frappé par la détresse des jeunes Gazaouites, dont les moins de 18 ans représentent plus de la moitié de la population locale.
M. Ban a rappelé que le seul ciment disponible pour la reconstruction, acheminé illégalement par les tunnels reliant Gaza à l’Égypte, ne peut être utilisé par les Nations Unies. Il a cependant noté la décision israélienne de rouvrir le point de passage de Khan Younis, fermé pendant trois ans, afin de permettre le transport de matériaux nécessaires, notamment à la construction de 151 logements dans cette localité. Relevant que ce chiffre équivaut à seulement 1% des besoins en matière de logements, le Secrétaire général a demandé à Israël d’envisager de faire davantage.
Côté israélien, les dirigeants - dont le Président, M. Shimon Peres, le Premier Ministre, M. Benyamin Netanyahu, et le Ministre de la défense, M. Ehud Barak, ont insisté sur le fait que le seul moyen de parvenir à de pourparlers directs était de résoudre toutes les questions en suspens.
Le Premier Ministre israélien, tout en rappelant au Secrétaire général les mesures positives prises par Israël, dont un appel aux négociations directes, un engagement en faveur de la solution à deux États et la promesse de modérer les activités de peuplement, a réitéré qu’il n’y aurait pas de gel des colonies de peuplement à Jérusalem-Est.
Tout en reconnaissant les progrès accomplis en Cisjordanie par l’Autorité palestinienne, les dirigeants israéliens se sont dits préoccupés par le risque que des manifestations pacifiques cèdent le pas à la violence, et l’importance de faire preuve de retenue des deux côtés. « Mes interlocuteurs ont également exprimé leur frustration vis-à-vis de la situation dans le Sud-Liban où, selon eux, le Hezbollah assure son réarmement à un rythme alarmant », a fait observer le Secrétaire général. La question du nucléaire iranien, a-t-il ajouté, préoccupe également les Israéliens.
Au Sommet de la Ligue des États arabes, M. Ban a l’intention d’informer les dirigeants présents des conclusions de la réunion du Quatuor pour le Moyen-Orient et de son déplacement dans la région. Il saisira l’occasion pour exhorter les pays arabes à appuyer l’idée de pourparlers indirects.
Au terme de son exposé, le Secrétaire général a souligné à nouveau les quatre messages fondamentaux qui ressortent de sa visite en Israël et dans les territoires palestiniens occupés: l’absence d’alternative aux négociations, qui doivent démarrer dans les meilleurs délais; le rejet de toute provocation susceptible de compromettre ce processus; la nécessité d’une amélioration de la situation à Gaza et en Cisjordanie; le soutien de la communauté internationale aux parties, même si ce sont elles qui détiennent les clefs de la paix. Les Nations Unies ne ménageront pas leur peine à cet égard, a assuré le Secrétaire général.
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