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CS/10032

Conseil de sécurité: à moins d’un an de la fin de la période de transition, la Somalie est toujours en proie à l’instabilité

16/09/2010
Conseil de sécuritéCS/10032
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6386e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: À MOINS D’UN AN DE LA FIN DE LA PÉRIODE DE TRANSITION, LA SOMALIE EST TOUJOURS EN PROIE À L’INSTABILITÉ


L’Union africaine plaide pour une réforme du mode de financement de l’AMISOM


À 11 mois de la fin de la période de transition, la communauté internationale doit se mobiliser à nouveau pour soutenir le processus politique en Somalie et les efforts de la Mission de l’Union africaine dans ce pays (AMISOM), menacés par une instabilité qui risque de gagner toute la corne de l’Afrique, ont insisté, ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général et le Ministre des affaires étrangères du Kenya devant le Conseil de sécurité.


Au cours d’un débat, plus d’une vingtaine d’intervenants ont dénoncé les actes terroristes perpétrés par le groupe Al-Shaabab que l’Érythrée soutiendrait selon les accusations de l’Éthiopie.


Dans le rapport* présenté au Conseil par son Représentant spécial et Chef du Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie, M. Augustine P. Mahiga, le Secrétaire général estime que les objectifs qui ont été fixés pour la période de transition n’ont pas été atteints en grande partie.  « Les attentats-suicides effroyables, perpétrés à Kampala le 11 juillet dernier, nous rappellent que les insurgés représentent un danger pour la Somalie, les pays de la sous-région et les autres pays », souligne-t-il.


Tout en félicitant les institutions fédérales de transition pour les « progrès notables » qu’elles ont réalisés dans l’élaboration du projet de constitution, ainsi que pour le dialogue engagé avec le groupe Ahlu Sunna Wal Jama’a, les orateurs les ont encouragées à inclure tous les groupes d’opposition au processus politique, sous peine de voir celui-ci échouer, et à fournir des services de base à la population somalienne.


Le Gouvernement fédéral de transition ne parviendra pas à rétablir la sécurité sur l’ensemble de son territoire et de son espace maritime sans les capacités militaires qui lui font cruellement défaut, a prévenu le Représentant spécial du Secrétaire général.  Il a estimé que la décision de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’Union africaine de déployer à Mogadiscio 2 000 troupes supplémentaires pour rapprocher l’AMISOM de son plafond autorisé de 8 000 soldats devait être rapidement mise en œuvre.


Même si ce plafond était atteint, ces effectifs restent insuffisants, a déclaré, pour sa part, le Ministre des affaires étrangères du Kenya.  De l’avis de M. Wetang’Ula, le chiffre de 20 000 à 22 000 soldats est plus réaliste pour répondre à la situation actuelle en Somalie et à la frontière avec les pays voisins.  Tous deux ont cependant reconnu qu’une stratégie militaire ne serait couronnée de succès que si elle s’inscrivait dans une « stratégie politique globale ».


L’Observateur permanent de l’Union africaine, M. Téte António, a rappelé que la résolution 1863 (2009) du Conseil de sécurité autorisait un « dispositif d’appui logistique à l’AMISOM, notamment en matériel et services ».  Les aspects fonctionnels de ce dispositif seraient financés à partir des contributions régulières des États Membres, alors que les autres mesures d’appui des Nations Unies à l’AMISOM, telles que le remboursement du matériel des contingents, seraient financées par le biais du Fonds d’affectation spéciale de soutien à l’AMISOM.


Le Royaume-Uni a ainsi rappelé, par la voix de son représentant, que son pays avait versé en début d’année 1,5 million de dollars à l’AMISOM, qui s’ajoute aux 15 millions versés au Fonds d’affectation spéciale, tandis que son homologue des États-Unis a indiqué que son propre pays avait dépensé, à ce jour, plus de 185 millions de dollars.  L’Union européenne a, quant à elle, versé tout récemment 47 autres millions au profit de la Mission.


Cependant, si les États Membres contribuent généreusement au Fonds d’affectation spéciale, ils ont posé des conditions en interdisant l’utilisation des ressources dans des domaines critiques, a fait observer M. António.  « Sauf pour de rares exceptions », a-t-il dit, les restrictions imposées ont entravé les dépenses de la composante militaire de l’AMISOM, empêchant cette dernière de s’acquitter efficacement de son mandat.


« Il est indispensable que le financement de l’AMISOM soit non seulement suffisant, mais aussi largement prévisible et durable », a ajouté M. António, soulignant que l’AMISOM devrait être considérée au même titre que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Cela ne peut être garanti que si les ressources fournies par les Nations Unies couvrent « tous les aspects clefs des activités de l’AMISOM », a fait remarquer M. António.


Plusieurs délégations ont évoqué le problème récurrent de la piraterie dans les eaux territoriales somaliennes.  Le représentant de la Somalie, appuyé en ce sens par d’autres intervenants, a affirmé qu’il existait « un lien clair » entre la piraterie au large des côtes somaliennes et la multiplication du nombre d’actes de terrorisme sur terre.  Dès lors, a indiqué le représentant somalien, il n’est plus possible de traiter séparément ces deux phénomènes.


Tandis que l’Union européenne a rappelé son engagement dans le cadre de l’opération « Atalante », les États-Unis ont indiqué qu’ils venaient de publier un rapport qui ne porte pas seulement sur la question de la répression des actes de piraterie, mais aussi sur celles des poursuites judiciaires et de l’incarcération des auteurs de tels actes.


* S/2010/447


LA SITUATION EN SOMALIE


Rapport du Secrétaire général sur la Somalie (S/2010/447)


Le présent rapport présente les principaux faits nouveaux intervenus en Somalie depuis le 11 mai 2010, ainsi qu’une évaluation de la situation politique, de la situation sur les plans de la sécurité et des droits de l’homme et de la situation humanitaire, et les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la stratégie de l’ONU pour la Somalie.  Le rapport traite également des activités opérationnelles menées par l’ONU et la communauté internationale et des faits nouveaux intervenus dans le cadre de leurs activités de lutte contre la piraterie.


La période considérée a été marquée par des tensions internes au sein du Gouvernement fédéral de transition somalien et des autres institutions fédérales, qui ont détourné l’attention des tâches essentielles à accomplir durant la période de transition, analyse le rapport.  Le Secrétaire général engage le Gouvernement et le Parlement somaliens à résoudre les divergences politiques en vue de tenir les engagements qu’ils ont pris en les assortissant de critères et d’un calendrier précis, tout en ayant recours à un processus de consultation et de dialogue systématique et authentique.


Il importe, poursuit le rapport, que le Gouvernement fédéral de transition mette en place des structures gouvernementales crédibles pour assurer les services voulus à la population du pays et le Conseil des ministres doit continuer de se concentrer sur les tâches primordiales qui restent à accomplir avant la fin de la période de transition, en août 2011.


M. Ban Ki-moon lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse d’urgence au Gouvernement fédéral de transition un appui sur les plans militaire et financier et des ressources dans d’autres domaines.  Alors que le terme de la phase de transition en Somalie se rapproche, il s’inquiète de constater que les objectifs qui ont été fixés pour cette période n’ont pas été atteints en grande partie.  La cohésion au sein des institutions fédérales de transition continue de revêtir une importance capitale pour le renforcement de la confiance parmi les Somaliens et au sein de la communauté internationale.  Notant avec satisfaction que des progrès notables ont été réalisés dans l’élaboration du projet de constitution, le Secrétaire général invite les Institutions fédérales de transition à engager un processus de consultation ouvert à toutes les parties et à utiliser tous les moyens possibles pour l’accomplissement de cette tâche essentielle de la période de transition.


M. Ban exhorte la communauté internationale à renforcer son appui pour la formation, l’équipement et l’entretien des personnels de la police somalienne et des Forces de sécurité nationales, notamment en établissant des mécanismes coordonnés pour assurer le versement régulier des soldes et contrôler les paiements effectués.  « Les attentats-suicides effroyables perpétrés à Kampala nous rappellent que les insurgés représentent un danger pour la Somalie, les pays de la sous-région et les autres pays », souligne-t-il.


Saluant le rôle décisif que l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) jouent dans l’appui au processus de paix en Somalie, le Secrétaire général prend note avec satisfaction du renforcement de la coordination entre l’ONU et ces importantes organisations régionales.  Il rend un hommage particulier à l’AMISOM, qui doit continuer à travailler dans des conditions très difficiles.  À cet égard, il tient à inviter de nouveau la communauté internationale à apporter d’urgence à la Mission l’appui dont elle a besoin pour pouvoir s’acquitter efficacement de son mandat.


Dix-huit mois après la mise en place des arrangements financiers existants élaborés par l’Organisation des Nations Unies pour l’AMISOM, les importants déficits enregistrés continuent de nuire au fonctionnement de cette dernière et, peut-être, de décourager des pays qui seraient susceptibles de fournir des contingents, indique le Secrétaire général.  Il estime que le dispositif d’appui à la Mission devrait être identique à celui qui est prévu pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et considère qu’il faudrait agir rapidement pour assurer une parité entre les taux de remboursement applicables aux membres des contingents de l’AMISOM et aux membres des contingents des Nations Unies.


Les organisations humanitaires déploient des efforts considérables pour fournir une assistance vitale à 3,2 millions de personnes en Somalie, y compris des déplacés, rappelle M. Ban.  Les ressources affectées à des secteurs clefs tels que ceux de l’eau, de la santé et de la nutrition sont financées à hauteur de moins de 40 %.  Il demande à la communauté des donateurs de maintenir son appui indispensable au peuple somalien et à toutes les parties au conflit de respecter les principes humanitaires et d’autoriser l’acheminement de l’aide vers les populations qui en ont le plus besoin.


Profondément préoccupé par les répercussions dévastatrices du conflit sur la population civile et par les atteintes au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire, le Secrétaire général indique que son nouveau Représentant spécial poursuivra les entretiens avec le Gouvernement fédéral de transition, l’Autorité intergouvernementale pour le développement et l’AMISOM sur la question de la protection des civils.  Il rappelle à toutes les parties au conflit que les auteurs de crimes de guerre seront traduits en justice.  À ce propos, le Secrétaire général appuie la proposition de rassembler des informations sur les violations les plus graves qui auront été commises.  « Il s’agit là d’une étape essentielle dans la lutte contre l’impunité et pour la création de mécanismes de justice et de réconciliation », précise-t-il dans le rapport.  Enfin, le Secrétaire général indique qu’il entend « préparer la mise en place d’une présence intégrée des Nations Unies en Somalie ».


Déclarations


M. AUGUSTINE P. MAHIGA, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau politique des Nations Unies en Somalie, a indiqué qu’au cours des deux derniers mois, il avait poursuivi ses consultations avec toutes les parties prenantes somaliennes, notamment le Gouvernement fédéral de transition somalien et le groupe Ahlu Sunna Wal Jama’a (ASWJ), ainsi qu’avec les organisations régionales et internationales et la société civile.  Les dirigeants de la région ont exprimé des préoccupations concernant le manque de cohésion au sein des institutions fédérales de transition qui encourage les insurgés à intensifier leurs campagnes militaires et de propagande contre le Gouvernement et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), a-t-il dit.  Aujourd’hui même, le Parlement somalien a adopté une résolution qui demande au Premier Ministre de s’adresser devant le Parlement pour obtenir un vote de confiance.   Dans ce contexte, le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait souligner le besoin d’unité et de cohésion au sein du Gouvernement de transition en s’attaquant à la question de l’insurrection et à celle de la promotion du processus de paix, a suggéré M. Mahiga.


Alors que les tâches s’accumulent à l’approche de la fin de la phase de transition, le Représentant spécial a exhorté le Gouvernement de transition à tendre la main à d’autres groupes d’opposition, à élargir le processus politique et à s’efforcer de fournir des services de base à la population.  Il s’est ensuite dit inquiet de la situation sécuritaire dans le pays et de son impact potentiel sur la corne de l’Afrique.  Les attaques-suicides, perpétrées à Kampala le 11 juillet dernier, portent les marques opérationnelles et politiques du terrorisme international, qui menace toute la sous-région.  Cette menace exige le renforcement de la sécurité maritime et aérienne pour mettre fin au trafic de matériaux qui sont utilisés contre les locaux du Gouvernement de transition et les installations de l’AMISOM, comme cela a été le cas lors de l’attentat commis contre l’hôtel Muna de Mogadiscio pendant la période du ramadan, a estimé le Représentant spécial.


À 11 mois de la fin de la période de transition, les capacités militaires du Gouvernement fédéral de transition devraient être soutenues et renforcées pour lui permettre de rétablir l’ordre sur l’ensemble de son territoire et pour élargir l’espace politique sur lequel asseoir son autorité, a insisté le Représentant spécial.  À cette fin, la décision de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et celle de l’Union africaine de déployer à Mogadiscio 2 000 troupes supplémentaires pour rapprocher l’AMISOM de son plafond autorisé de 8 000 soldats doivent être rapidement mises en œuvre, a souligné M. Mahiga.  Par ailleurs, si le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine soumettra bientôt au Conseil de sécurité une demande pour augmenter les effectifs autorisés de l’AMISOM, une telle stratégie militaire, a-t-il estimé, doit s’inscrire avant tout dans le cadre d’une stratégie politique globale.  C’est pourquoi, il a vivement encouragé les États Membres à entreprendre davantage d’actions concrètes, notamment pour doter l’AMISOM des ressources financières et matérielles dont elle manque cruellement pour s’acquitter de son mandat, en particulier des hélicoptères devant être utilisés pour transporter et évacuer les troupes.


M. ELMI AHMED DUALE (Somalie) a rappelé que la Somalie est confrontée à des difficultés depuis l’effondrement du Gouvernement central en 1991 et c’est à la suite de cette situation que la question de la Somalie est inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  La situation en Somalie est, assurément, une menace pour la paix et la sécurité régionales.  M. DUALE a ensuite remercié le Représentant spécial du Secrétaire général, M. AUGUSTINE P. MAHIGA, pour son « exposé lucide, franc et sincère » sur la situation en Somalie et a dit souscrire pleinement aux propositions qu’il a faites.  Il faut agir avec l’urgence qu’exige la situation, a-t-il affirmé.  Le représentant a regretté que l’AMISOM, qui « défend de façon héroïque une situation critique et sans qui le Gouvernement fédéral de transition somalien se serait effondré depuis longtemps », soit « sous-financée » et a demandé qu’elle bénéficie de tout le soutien nécessaire.


Le représentant a, par ailleurs, dit voir « un lien clair » entre l’augmentation du nombre d’actes de terrorisme sur terre et la piraterie au large des côtes somaliennes.  On ne peut plus traiter séparément la situation sur la terre ferme somalienne et la piraterie, a-t-il insisté.  Il s’est dit en outre inquiet de la « couverture médiatique hostile, négative » de l’action de l’AMISOM et des Nations Unies.  Cette hostilité, a-t-il déclaré, est le fruit d’une stratégie de propagande de la part des milices Al-Shaabab.  C’est pourquoi, il a souhaité que les médias coopèrent et soutiennent les efforts des Nations Unies de l’AMISOM et du Gouvernement fédéral de transition.


M. MOSES WETANG’ULA, Ministre des affaires étrangères du Kenya, a rappelé que la Somalie était sans gouvernement depuis maintenant 20 ans.  À travers des initiatives régionales déployées dans le cadre de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, il a été cependant possible de mettre sur pied plusieurs institutions de transition qui fonctionnent, même faiblement.  À 11 mois de la fin de la période de transition, on constate que le pays est en proie à une insécurité grandissante et à une fragilité politique, a-t-il souligné, avant d’assurer qu’en l’absence de l’AMISOM, les milices radicales Al-Shabaab auraient renversé le Gouvernement de transition depuis longtemps.  Le Ministre des affaires étrangères du Kenya a prévenu des risques de débordement qui pouvaient se poser en Somalie et qui auraient un impact sur tous les pays limitrophes.  Ces risques sont d’autant plus sérieux que les milices Al-Shabaab ont prévenu qu’après Kampala, les prochaines cibles d’attentat seraient Nairobi et Addis-Abeba.


Il est nécessaire de reconnaître le rôle central que joue l’IGAD pour résoudre les problèmes de la Somalie, a jugé le Ministre kényen des affaires étrangères.  Par son intermédiaire, une Charte négociée a été signée, permettant l’établissement des institutions fédérales de transition.  « Mais parfois, en tant que région, nous sommes inquiets de voir la prolifération de réunions, d’initiatives et de sommets débouchant sur des consultations souvent inefficaces », a regretté M. Wetang’Ula.  Après la réunion d’Istanbul, nous avons eu à Addis-Abeba une autre réunion pour affirmer que l’IGAD devrait être plus dynamique et aider les pays de la sous-région.  Même si le plafond des effectifs militaires autorisés de 8 000 soldats pour l’AMISOM était atteint, ces effectifs restent insuffisants, a-t-il estimé.  De l’avis du Ministre, le chiffre de 20 000 à 22 000 est plus réaliste pour répondre à la situation actuelle en Somalie et aux frontières avec ses voisins.


Mais la solution à la crise somalienne n’est pas simplement militaire, a poursuivi le Ministre, elle est avant tout liée à la formation d’un gouvernement légitime.  Les institutions fédérales doivent donc impérativement inclure dans le processus politique l’ensemble des groupes d’opposition du pays pour réaliser cet objectif.  M. Wetang’Ula a estimé que c’était non seulement le manque de volonté politique, mais aussi le manque de coordination au niveau international, qui étaient les causes de l’impasse dans laquelle se trouve actuellement la Somalie.  Il a souhaité en conclusion que les mesures prévues contre l’Érythrée, qu’il a accusée d’être un des plus grands soutiens du groupe de milices Al-Shabaab, soient appliquées.


M. MARK LYALL-GRANT (Royaume-Uni) a jugé la situation en Somalie très préoccupante, malgré quelques bonnes nouvelles mentionnées dans le rapport du Secrétaire général, rappelant notamment les attentats de Kampala et les menaces qui pèsent sur le Kenya.  Il a condamné toute attaque menée contre l’AMISOM.  Il a appelé toutes les parties à appuyer le processus de Djibouti, faisant remarquer qu’il ne reste que 11 mois pour compléter la transition prévue dans l’Accord de Djibouti.  Le représentant  s’est félicité du travail du Secrétaire général pour réexaminer les efforts des Nations Unies en Somalie et améliorer leur travail.  Si les Nations Unies veulent assumer leur rôle de chef de file dans le pays, il faudrait adopter une approche mieux intégrée, a-t-il ajouté. M. Lyall-Grant a dit attendre avec impatience la présentation d’un rapport du Secrétaire général sur les modalités d’une plus grande présence de Nations Unies dans le pays.


Le représentant a toutefois averti que les efforts des Nations Unies seraient vains en l’absence d’une participation plus importante de Gouvernement fédéral de transition somalien, qui doit renforcer la sécurité et relancer le processus de dialogue.  Le Gouvernement fédéral de transition doit aussi résoudre ses divergences de vue internes qui sont très dommageables, a insisté le représentant britannique, qui a estimé qu’il ne peut y avoir de stratégie militaire victorieuse dans un vide politique.  Le représentant a aussi dénoncé le « rôle déstabilisateur très grave » des milices Al-Shabaab.  Il a estimé que l’AMISOM continue de jouer un rôle vital pour assurer la sécurité et il s’est félicité des mesures prises pour augmenter ses effectifs.  Le Royaume-Uni est d’accord pour dire que l’AMISOM mérite un appui plus solide, a indiqué le représentant, qui a rappelé que son pays avait fourni en début d’année 1,5 million de dollars à l’AMISOM, qui s’ajoutent aux 15 millions versés au Fonds  d’affectation spéciale.  La communauté internationale doit en outre poursuivre ses efforts pour lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes, a souligné le représentant.  Il a jugé que la situation humanitaire était très préoccupante et a émis l’espoir que le Programme alimentaire mondial (PAM) soit en mesure de remettre rapidement en place ses programmes dans le centre et le sud de la Somalie.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a appelé les pays contributeurs de troupes à renforcer les effectifs à l’AMISOM et les autres pays à mettre à la disposition de la Mission des ressources additionnelles, rappelant que son propre pays avait dépensé plus de 185 millions de dollars pour équiper la Mission de l’Union africaine.  Condamnant l’escalade de la violence en Somalie, notamment la multiplication des attentats terroristes, elle s’est également dite préoccupée par les actes de piraterie au large des côtes somaliennes.  Désireux de réagir et de relever les défis que pose ce phénomène, la représentante a indiqué que le Gouvernement américain venait de publier un rapport à cette fin, qui porte non seulement sur la question de la répression, mais traite aussi de celles des poursuites judiciaires et de l’incarcération.  Par ailleurs, a souligné Mme Rice, les États-Unis condamnent l’utilisation d’enfants soldats: « C’est la tolérance zéro qui doit s’appliquer en la matière », a-t-elle martelé.  En conclusion, elle a réitéré l’engagement de l’Administration américaine en faveur du rétablissement de la paix et de la sécurité dans la région.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a estimé que des progrès avaient été enregistrés en Somalie, notamment le maintien du Gouvernement fédéral de transition et la reprise des activités parlementaires.  En même temps, les défis à relever restent considérables, comme le montrent les récents attentats sanglants, a poursuivi la représentante, qui a regretté que l’AMISOM n’ait pas encore réussi à aller au-delà de son plan de stabilisation initiale du pays.  Elle a jugé très positif que le Gouvernement fédéral de transition ait été capable de conclure des accords avec les institutions régionales, mais a regretté qu’elles se soient « perdues dans des divergences internes » durant les derniers mois.  L’unité des institutions fédérales de transition est indispensable, a affirmé Mme Cordeiro.


La représentante a félicité l’AMISOM pour avoir aidé le Gouvernement fédéral de transition somalien à se maintenir et pour avoir préservé les infrastructures permettant l’acheminement de l’aide humanitaire.  Elle s’est félicitée de la décision de l’IGAD de fournir 2 000 soldats de plus à l’AMISOM.  Toutefois, il est clair que l’AMISOM a besoin d’une aide accrue de notre part, a affirmé Mme Cordeiro Dunlop, qui s’est dite inquiète du manque de ressources financières disponibles pour la force de la Mission.  Un an et demi après les promesses faites lors de la Conférence de Bruxelles, la plupart des fonds n’ont toujours pas été décaissés, a-t-elle fait remarquer.  La représentante a demandé aux bailleurs de fonds de lever leurs restrictions.  Elle a rappelé en particulier qu’il était important de disposer des fonds pour payer les soldes des soldats, à défaut de quoi ils risquent de déserter et de rejoindre des groupes qui payent mieux. Mme Cordeiro Dunlop s’est également félicitée des efforts des Nations Unies pour renforcer leur présence et s’est réjouie d’avance des futures propositions du Secrétaire général pour une présence renforcée des Nations Unies sur le terrain.   La représentante a ensuite rappelé la dimension humaine du conflit.  Elle a dénoncé les châtiments cruels et humiliants imposés par le groupe Al-Shaabab et l’utilisation par ce groupe d’enfants soldats, parfois âgés de 9 ans.  Elle a rappelé que des activités humanitaires clefs en matière de nutrition, de soins de santé ou d’accès à l’eau sont victimes d’un important sous-financement et a conclu en rappelant la contribution volontaire de 300 000 dollars que son pays a récemment versée au PAM pour ses activités en Somalie.


M. TSUNEO NISHIBA (Japon) a estimé que pour assurer la stabilité de la situation politique et sécuritaire dans le pays, le Gouvernement fédéral de transition somalien devrait œuvrer pour son unité politique, améliorer son leadership et coopérer pleinement avec la Mission de l’Union africaine en Somalie et avec les Nations Unies.  Il a également dit espérer que le prochain minisommet sur la Somalie, qui se tiendra la semaine prochaine en marge des travaux de l’Assemblée générale, permettrait aux États Membres de renforcer davantage leur coopération pour appuyer la Somalie.  Évoquant, par ailleurs, le processus de Djibouti, le représentant du Japon a noté que « peu de progrès » avaient été réalisés lors du dialogue politique avec les groupes modérés de l’opposition, et a engagé le Gouvernement fédéral de transition à intensifier ses efforts afin de bénéficier de l’appui de ces derniers.


M. Nishiba, saluant l’engagement du Burundi et de l’Ouganda, pays contributeurs de troupe à l’AMISOM, a espéré que le déploiement des contingents militaires promis par d’autres États Membres se concrétisera prochainement.  Il a également estimé que les pourparlers sur la question du matériel appartenant aux troupes de l’AMISOM devraient relever d’une stratégie intégrée qui permettrait à l’AMISOM de contribuer au processus politique en Somalie.  Le représentant s’est ensuite félicité de la présence allégée de l’ONU à Mogadiscio.  Avant de conclure, M. Nishiba a rappelé que depuis 2007, le Japon avait versé 124,4 millions de dollars pour appuyer, d’une part, l’aide humanitaire et le rétablissement de l’infrastructure et, d’autre part, renforcer la sécurité en Somalie.


M. MARTIN BRIENS (France) a indiqué que son pays contribuait activement aux efforts de la communauté internationale en Somalie: en 2009, la France a formé 500 soldats du Gouvernement fédéral de transition et elle est actuellement engagée avec l’Union européenne dans la formation de 2 000 autres.  La France, a poursuivi le représentant, a également formé, au cours des trois dernières années, 5 600 soldats de l’AMISOM, dont elle assure, en coopération avec ses partenaires européens, le financement, tout en contribuant au paquet des Nations Unies pour le soutien logistique de l’AMISOM.  La France, a-t-il ajouté, est en outre engagée dans l’opération Atalante pour lutter contre la piraterie aux larges des côtes somaliennes.


Le représentant a cependant reconnu que l’appui aux forces gouvernementales et à l’AMISOM ne peut se faire en l’absence d’une véritable stratégie coordonnée avec l’action politique menée par le Gouvernement fédéral de transition somalien.  Le rapprochement de celui-ci avec le groupe Ahlu Sunna Wal Jama’a, comme les progrès réalisés dans l’élaboration de la Constitution, constituent un pas important, mais nous attendons davantage, a-t-il souligné.  Dans ce contexte, les Nations Unies peuvent rendre leur soutien auprès des institutions fédérales plus efficace, a estimé le représentant.  La France soutient une intégration accrue des actions entreprises en Somalie par le biais de 25 organes différents afin de les rendre plus cohérentes, a assuré le représentant.  La France, a-t-il poursuivi, encourage également l’implantation d’un bureau des Nations Unies à Mogadiscio afin de marquer la continuité et l’implication de l’action de l’ONU et en Somalie.  S’agissant enfin de la piraterie, le représentant a préconisé la recherche d’une solution à la fois efficace et équitable, pour les États de la région comme pour les États engagés dans la lutte contre la piraterie en mer.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a exprimé la reconnaissance de sa délégation au Burundi et au Rwanda pour avoir fourni de nouveaux contingents à l’AMISOM.   Tous les pays de la région, a-t-il souligné, doivent appuyer le processus de paix et y contribuent en facilitant la stabilité en Somalie et la sécurité dans la région.  Il s’est félicité, à cet égard, de la décision de l’IGAD et de l’Union africaine visant à faciliter le déploiement de 2 000 hommes de plus, afin  de compléter les effectifs de l’AMISOM tels qu’autorisés par le Conseil de sécurité.  Il a souhaité que ce renforcement permette d’améliorer la sécurité à Mogadiscio et d’autoriser ainsi le déploiement sur le terrain d’une présence des Nations Unies, conformément avec le concept de démarche progressive approuvée par le Conseil de sécurité dans le passé.


En même temps, M. Heller a uni sa voix à celle du Secrétaire général pour demander au Gouvernement fédéral de transition de résoudre ses divergences internes et d’accélérer le processus d’approbation de la constitution, avant la fin de la période de transition en août 2011.  L’unité politique du Gouvernement est indispensable  pour garantir la sécurité des autorités et renforcer la crédibilité et la légitimité des autorités dans le pays comme à l’extérieur.  Il faut, en outre, profiter des progrès apportés dans le secteur de la sécurité, a déclaré M. Heller, qui a rendu hommage aux efforts de l’Ouganda, de Djibouti et de l’Éthiopie pour former des officiers somaliens


Le représentant a dénoncé l’escalade de la violence dont les civils sont les principales victimes.  Il a appelé les parties à mettre fin aux attaques qui ciblent la population civile et à faciliter l’accès de l’aide humanitaire.  Il a demandé aux parties concernées de libérer les enfants utilisés comme soldats et a appuyé la décision du Président Sharif d’engager une enquête sur la présence d’enfants soldats dans l’armée régulière. Il a estimé nécessaire de rappeler aux auteurs de violences en Somalie qu’ils encourent des poursuites au plan international.  M. Heller a souhaité que la Réunion de haut niveau sur la Somalie, convoquée le 23 septembre prochain par le Secrétaire général, permette de réaffirmer l’engagement des Nations Unies en faveur de la paix et de la sécurité en Somalie.  La solution doit être trouvée en Somalie, avec un soutien international qui requiert une direction cohérente et une vision stratégique à long terme, a-t-il conclu.


Mme JOY OGWU (Nigéria) a estimé que le rapport du Secrétaire général dressait un tableau mitigé de la situation en Somalie.  Si on peut se féliciter qu’un nouvel élan politique a été généré, la situation dans le pays sur le plan sécuritaire a été fragilisée par les attentats perpétrés par le groupe  Al-Shabaab et leurs affrontements avec les forces gouvernementales.  Le Nigéria a estimé que la mise en œuvre des recommandations du Secrétaire général pourrait permettre à la Somalie de faire des progrès spectaculaires.  La représentante a donc estimé que la communauté internationale devrait se remobiliser pour doter l’AMISOM des ressources financières et matérielles nécessaires.  Mme Ogwu a dénoncé les attaques « ignobles » perpétrées à Kampala, qui nous rappellent que la situation en Somalie risque de s’étendre aux autres pays de la région.


M. NAWAF SALAM (Liban) a déclaré qu’il est nécessaire d’adopter une stratégie globale pour la paix en Somalie qui inclut l’aspect sécuritaire, mais aussi les volets développement économique et promotion des institutions.  Il faut aussi prendre les mesures nécessaires pour faire face aux groupes armés en Somalie, en particulier la milice Al-Shabaab qui, a-t-il affirmé, constituent une menace non seulement pour la Somalie mais aussi pour tous les musulmans.  Il faut aider le Gouvernement fédéral de transition à créer des emplois pour sa population, a déclaré M. Salam, qui a demandé au Gouvernement fédéral de transition somalien de mettre fin aux divergences de vues, d’élargir sa base et de se concentrer sur ses tâches prioritaires, notamment en fournissant des services de base à la population civile.  Il faudrait en outre appuyer rapidement les Forces de sécurité somaliennes et assurer la rémunération des soldats.  Le représentant a condamné les attaques perpétrées contre les journalistes et les travailleurs humanitaires et a regretté que le Programme alimentaire mondial (PAM) n’ait pu fournir d’assistance dans les zones contrôlées par le groupe Al-Shabaab.   Le représentant a souligné la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la stratégie de déploiement graduel pour renforcer la présence des Nations Unies en Somalie.  Il a demandé aux pays contributeurs d’accroître leur financement à l’AMISOM et a rendu hommage à l’Ouganda et au Rwanda pour les contingents qu’ils lui fournissent. 


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) s’est rallié aux déclarations faites par le Ministre kényen des affaires étrangères et du Représentant spécial du Secrétaire général, soulignant que les soldats de l’AMISOM doivent être traités de la même manière que ceux qui servent dans le Cadre des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  La situation sécuritaire en Somalie reste fragile, comme en témoignent les attaques perpétrées par le groupe Al-Shabaab au cours du mois sacré du ramadan.  Bénéficiant d’appuis extérieurs, le groupe Al-Shabaab prend les Somaliens en otage, détourne l’aide humanitaire et commet des attentats-suicides, a-t-il accusé.  Si la responsabilité de la paix et de la sécurité en Somalie incombe aux institutions fédérales de transition, celles-ci ne pourront pas le faire sans des ressources et un appui adéquats.  Le Représentant spécial du Secrétaire général doit maintenant veiller à assurer la plus grande cohérence possible des actions menées par les Nations Unies dans le pays, a ajouté le représentant, qui s’est félicité de la tenue d’un minisommet sur la Somalie la semaine prochaine, à l’initiative du Secrétaire général.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré partager l’évaluation faite par le Secrétaire général sur la situation en Somalie et s’est dit inquiet des récentes flambées de violences à Mogadiscio, qui ont encore aggravé une situation déjà instable.  Il a rappelé l’importance de respecter de manière très rigoureuse les résolutions du Conseil de sécurité.  Il importe particulièrement de garantir l’unité et la cohésion des structures fédérales de transition, a-t-il dit, en soulignant que le Gouvernement fédéral de transition doit élargir sa base au sein de la société.


Le seul vrai facteur de stabilité en Somalie est l’AMISOM qu’il faut appuyer, a déclaré M. Churkin.  Il a pris note des propositions du Secrétariat en ce sens mais a estimé qu’il faudrait les compléter.  Il a jugé que l’approche graduelle, utilisée pour renforcer la présence des Nations Unies dans le pays, était justifiée.  Le problème de la piraterie est toujours aigu et la solution à long terme à ce problème est liée au relèvement de la Somalie, a déclaré M. Churkin.  Il a estimé que les efforts mondiaux de lutte contre la piraterie sont insuffisants et attribué cette insuffisance aux mesures faibles visant à traduire en justice les pirates interceptés.  Il a suggéré d’inscrire les pirates somaliens sur les listes de sanctions du Conseil de sécurité.


M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) a condamné les attaques perpétrées ces derniers mois en Somalie, qui démontrent la fragilité de la situation dans le pays.  Alors que nous parvenons au terme de la période de transition, il importe que tous les acteurs concernés manifestent leur volonté de mener à bien le processus politique, a souligné le représentant.  Préoccupé par la situation humanitaire, il a également pointé le problème du détournement de l’aide et de l’enrôlement d’enfants soldats.  M. Barbalić a donc demandé à la communauté internationale de continuer d’appuyer l’AMISOM pour qu’elle puisse s’acquitter efficacement de son mandat et veiller à ce que tous les efforts soient déployés pour garantir que la transition s’achève dans les meilleures conditions possibles.


M. LI BAODONG (Chine) a déclaré que la situation en Somalie reste un défi considérable pour la paix et la sécurité internationales.  Il a invité les pays de la région à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie et à soutenir le Gouvernement fédéral de transition.  Il a demandé que les divergences au sein du Gouvernement fédéral de transition soient rapidement réglées et a souhaité que les différentes factions somaliennes mettent de côté leurs divergences  pour œuvrer en faveur de leur pays.  Il a condamné les attentats contre les civils et l’AMISOM, à laquelle il a rendu hommage.  


Les Forces somaliennes de sécurité et l’AMISOM ont de vrais problèmes financiers, a déclaré le représentant, qui a demandé à la communauté internationale d’aider à résoudre le problème et, en particulier, aux pays qui ont fait des promesses de financement d’honorer, dans les temps, leurs engagements.  La Chine est prête à envoyer des Casques bleus en Somalie quand la communauté internationale le décidera, a-t-il assuré.  Il a demandé que la communauté internationale affine mieux son sens des responsabilités et a répété que son pays était prêt à apporter sa propre contribution à une solution en Somalie.


M. ALFRED MOUNGARA-MOUSSOTSI (Gabon) a estimé que la résolution de la crise somalienne doit être envisagée sous le triple angle sécuritaire, institutionnel et humanitaire.  Il a aussi souligné que l’amélioration de la situation sécuritaire reste liée et au renforcement des capacités de l’AMISOM et des Forces de sécurité nationales.  Notant que le niveau des effectifs de ces forces a été sensiblement élevé pour atteindre les 8 000 hommes prévus, il a toutefois jugé urgent de leur faire bénéficier de moyens financiers, logistiques et techniques additionnels.  Cela renforcerait l’autorité du Gouvernement fédéral de transition somalien, surtout à un moment où les milices islamistes passent à l’offensive, a-t-il dit, rappelant le double attentat de Kampala, le 11 juillet dernier, et l’avancée progressive du groupe Al-Shabaab vers Mogadiscio.  M. Moungara-Moussotsi a salué, à cet égard, l’appui logistique déjà fourni par les Nations Unies pour renforcer les capacités opérationnelles de l’AMISOM, ainsi que le soutien qu’apporte l’Union européenne dans la formation de 2 000 soldats de l’armée somalienne.


Le représentant a ensuite rendu hommage à l’Ouganda et au Burundi pour leur engagement en faveur du rétablissement de la paix et de la stabilité en Somalie, citant en outre les efforts de la Guinée qui va contribuer aux troupes de l’AMISOM.  Concernant la question de la circulation illicite des armes, il a insisté sur la nécessité de veiller à l’application effective des sanctions imposées par le Conseil de sécurité.  Relevant aussi l’importance du renforcement de l’autorité du Gouvernement fédéral de transition, il a appuyé l’appel que le Secrétaire général a lancé à la communauté internationale pour fournir l’aide militaire et financière nécessaire.  Il a aussi jugé importante l’entrée, en son sein, de trois nouveaux membres du mouvement Ahlu Sunna wal Jama’a et les progrès enregistrés dans l’élaboration d’une nouvelle constitution.  Le représentant s’est enfin inquiété de la situation humanitaire et appelé à veiller au bon acheminement de l’aide alimentaire.


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) a réitéré son soutien au Gouvernement fédéral de transition et rappelé l’importance d’une stratégie claire avant l’échéance d’août 2011, date qui marquera la période de transition.  Il a ensuite condamné le recrutement d’enfants dans les groupes armés et encouragé toutes les parties prenantes à coopérer avec le Groupe spécial du Conseil de sécurité sur les enfants soldats, qui entamera ses travaux le mois prochain.  M. Mayr-Harting a également félicité les pays contributeurs de troupes pour leur soutien à l’AMISOM et souhaité que le Sommet du 23 septembre soit l’occasion d’un réengagement en faveur de la Somalie


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a déclaré que les défis en Somalie sont impressionnants. C’est pourquoi, il est nécessaire que le Gouvernement fédéral de transition fonctionne bien et soit déterminé et qu’il fasse taire ses divergences. Le représentant a rendu hommage au travail de l’AMISOM et a salué les efforts de l’IGAD. L’AMISOM doit recevoir un plein appui pour être en mesure de remplir son mandat, a ajouté M. Apakan, qui a estimé que ce soutien doit être comparable à celui apporté aux opérations de maintien de la paix menées par les Nations Unies.  En outre, il faut aussi renforcer les institutions somaliennes de sécurité. 


La solution durable ne peut pas être seulement militaire, elle doit également être politique, a souligné M. Apakan, en appelant le Gouvernement fédéral de transition à contrer les efforts de la propagande extrémiste.  Condamnant les attentats terroristes, le représentant a ajouté qu’il faudrait appuyer les activités politiques par des activités de reconstruction du pays.  Il a rappelé à cet égard la tenue récente de la Conférence d’Istanbul sur la Somalie et l’importance des relations de bon voisinage avec les pays de la région.  Avant de conclure, M. Apakan a estimé que la perspective d’une présence accrue des Nations Unies en Somalie était encouragée par l’engagement du Secrétaire général et a jugé tout à fait opportune la Réunion de haut niveau sur la Somalie, convoquée la semaine prochaine par le Secrétaire général.  Il a en outre dit attendre la publication du Rapport du Secrétaire général sur la piraterie au large des côtes de la Somalie, en octobre prochain.


M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a déclaré que les évolutions politiques en Somalie, mais aussi la poursuite de l’insécurité et la dégradation de la situation humanitaire, avaient reçu la plus haute attention politique  aussi bien au niveau de la région, avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et à celui du continent.  Il a rappelé que la quinzième Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, qui s’était tenue à Kampala du 25 au 27 juillet, avait réaffirmé son plein soutien au Gouvernement fédéral de transition et, condamné fermement les attaques et autres violences perpétrées par le groupe Al-Shabaab et autres groupes terroristes contre la population civile somalienne et l’AMISOM ainsi que les attentats de Kampala du 11 juillet dernier.  En outre, la Conférence a endossé les décisions du communiqué de la quinzième session extraordinaire de l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’IGAD, tenue le 5 juillet à Addis-Abeba, qui visent à permettre à l’AMISOM d’atteindre le niveau des effectifs autorisés par le Conseil de sécurité, soit 8 100 hommes.  La Commission de l’Union africaine procède actuellement au déploiement de nouveaux contingents, a déclaré M. António.


L’Observateur permanent a toutefois attiré l’attention du Conseil sur « un certain nombre de défis ».  Il a ainsi rappelé que la résolution 1863 (2009) du Conseil de sécurité, du 16 janvier 2009, autorisait un « dispositif d’appui logistique à l’AMISOM, notamment en matériel et services », ajoutant que les aspects fonctionnels de ce dispositif seraient financés sur les contributions régulières des États Membres, alors que les autres mesures d’appui des Nations Unies à l’AMISOM, y compris le remboursement du matériel des contingents, seraient effectués à travers le Fonds d’affectation spéciale de soutien à l’AMISOM.


Si les États Membres ont apporté des contributions généreuses au Fonds, ils ont posé des conditions qui interdisent l’utilisation des fonds dans des domaines critiques, a fait remarquer M. António, qui a estimé qu’« à de rares exceptions près », les restrictions imposées ont entravé les dépenses dans la composante militaire de l’AMISOM, ce qui empêche cette dernière de s’acquitter efficacement de son mandat.  Il est indispensable que le financement de l’AMISOM soit non seulement suffisant, mais aussi largement prévisible et durable, a ajouté M. António.  Cela ne peut être garanti que si le budget ordinaire des Nations Unies est utilisé pour couvrir tous les éléments clefs des opérations de l’AMISOM, y compris les effectifs militaires et le matériel de guerre déployés, a-t-il dit.


De toute évidence, la situation en Somalie pose une menace à la paix et à la sécurité internationales, a affirmé M. António, qui a exhorté le Conseil de sécurité « à envisager d’autoriser toute coopération et collaboration possibles entre l’AMISOM et les opérations de l’ONU en cours dans la région en vue d’apporter un soutien en personnel, un appui logistique aérien et maritime à l’AMISOM ».


M. António a ensuite observé que la communauté humanitaire exprime de plus en plus ses préoccupations face au nombre élevé de victimes civiles des combats à Mogadiscio entre insurgés et forces gouvernementales soutenues par l’AMISOM.  Certaines institutions humanitaires et organisations des droits de l’homme ont maintes fois accusé l’AMISOM de pilonnages aveugles sur des zones de la capitale peuplées de civils en réponse à des attaques du groupe Al-Shaabab perpétrées dans ces zones, a-t-il précisé.  Il a déclaré que l’AMISOM travaillait avec ses partenaires, y compris le Bureau d’appui de l’ONU, pour mettre au point une « stratégie de communication active et adaptée » afin de contrer ce qu’il a qualifié d’« accusations attisées par la machine de propagande d’Al-Shaabab ».


L’Union africaine est déterminée à « assumer sa juste part » de la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a affirmé M. António, mais il a conclu en répétant que l’AMISOM avait pour cela besoin de « ressources suffisantes, prévisibles et durables », sans lesquelles elle ne peut garantir les conditions de sécurité nécessaires pour permettre au Gouvernement fédéral de transition de s’acquitter de son mandat, y compris la formation de Forces de sécurité somaliennes et la création de conditions propices pour la stabilité et le développement de la Somalie.


M. PEDRO SERRANO, Chef de la délégation de l’Union européenne, a fermement condamné les attaques meurtrières perpétrées par le groupe par Al-Shabaab contre l’aéroport de Mogadiscio le 9 septembre dernier, au cours desquelles huit personnes, dont des Casques bleus de l’Union africaine ont été tués.  Il s’est inquiété d’une situation sécuritaire qui reste fragile, malgré les efforts de l’AMISOM et de la communauté internationale, alors que le Gouvernement fédéral de transition demeure confronté à de sérieux défis pour améliorer la sécurité, renforcer le processus politique et les institutions et assurer des services de base à sa population.  Il a jugé essentiel que le Gouvernement fédéral de transition somalien se concentre sur les tâches prioritaires qui restent à accomplir avant la fin de la période de transition, en août 2011, rappelant qu’il reste à assurer la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djibouti.  Il a déclaré que l’Union européenne appuyait les efforts de stabilisation de la Somalie par la formation de la police, la formation de personnel militaire, l’assistance humanitaire et le renforcement des capacités.  Il a également mis l’accent sur la contribution de l’Union européenne à la lutte contre la piraterie par le biais de sa force « Navfor Atalanta ».  Il a fait remarquer que l’Union européenne ne jouait qu’un rôle d’assistance, convaincu que les initiatives du Gouvernement fédéral de transition somalien seront décisives pour l’avenir de la Somalie. 


Il a rappelé que l’Union européenne avait versé 95 millions d’euros à l’AMISOM depuis 2007, auxquels 47 autres millions ont été récemment ajoutés.  Il a invité la communauté internationale à faire plus pour soutenir les capacités de sécurité de la Somalie et l’AMISOM.  C’est pourquoi, il a appelé à une utilisation plus efficace des mécanismes de coordination entre la communauté internationale et le Gouvernement fédéral de transition, comme le Comité de haut niveau et le Comité mixte de sécurité.  En matière de lutte contre la piraterie, il a salué la contribution du Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes en invitant l’ONU à une coordination accrue de la lutte contre la piraterie au sol.  En conclusion, il a réitéré l’engagement de l’Union européenne d’améliorer les conditions de vie, la dignité et la sécurité de la population somalienne.  Il a exhorté le Gouvernement fédéral de transition à faire des efforts pour mieux répondre aux défis politiques, économiques et sécuritaires considérables.


Mme TINE MORCH SMITH (Norvège) a constaté qu’en dépit des efforts de la Mission de l’Union africaine en Somalie, qui sont menés dans des circonstances très difficiles, la situation humanitaire à Mogadiscio reste un défi à relever.  Elle a aussi souligné que les groupes extrémistes constituent une menace pour d’autres pays de la région.  Il est important maintenant que le Conseil de sécurité prenne des mesures afin de renforcer les capacités opérationnelles de l’AMISOM, a estimé la représentante.  La guerre d’usure à Mogadiscio et ailleurs en Somalie fait des victimes principalement au sein de la population, a-t-elle dit, soulignant les difficultés d’accès auxquelles est confrontée la Norvège pour fournir une aide humanitaire à la population civile.


En ce qui concerne la piraterie, Mme Morch Smith a remercié les pays qui contribuent aux capacités navales dans le golfe d’Aden et l’océan Indien.  Elle s’est cependant inquiétée de ce que les pirates capturés ne soient pas poursuivis en justice.  Avant de conclure, la représentante a appelé à trouver une solution politique à long terme en Somalie, soutenant le processus de Djibouti et les efforts menés pour atteindre et intégrer les groupes qui ne sont pas encore partis au processus de paix.  Dans le même temps, le Gouvernement fédéral de transition doit faire preuve de détermination et d’unité, a-t-elle estimé.  La Norvège continuera de le soutenir, a-t-elle ajouté, avant de rappeler qu’à 11 mois de la fin de la période de transition, il est nécessaire de parvenir à une solution à long terme.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a affirmé que son pays avait  toujours été très attaché à une solution globale et durable  à la situation en Somalie, fondée sur les principes de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du pays.  Il a rappelé que l’Algérie avait fourni un pont aérien pour les troupes de l’AMISOM et qu’à la Conférence d’Istanbul du 21 au 23 mai 2010, une délégation algérienne de haut niveau avait renouvelé l’engagement de son pays en faveur de la paix et de la reconstruction en Somalie.  De même, l’Algérie appuie les décisions du Sommet de l’Union africaine de Kampala de déployer de nouvelles troupes pour renforcer l’AMISOM.


Le représentant a demandé au Gouvernement fédéral de transition somalien de faire davantage d’efforts pour mettre en œuvre l’Accord de Djibouti, qui, a-t-il déclaré,  doit rester ouvert à tous les Somaliens qui recherchent la paix, la réconciliation et le développement.  Il a aussi dit partager les préoccupations du Secrétaire général sur le manque de financement de l’AMISOM, qui continue de nuire à l’efficacité de la Mission.  Le représentant a appuyé l’appel lancé par le Secrétaire général à la communauté internationale pour fournir une aide militaire et financière d’urgence au Gouvernement fédéral de transition.  Il s’est dit favorable à l’approche cohérente et intégrée des Nations Unies face aux défis auxquels la Somalie est confrontée et s’est félicité de l’intention du Secrétaire général de prendre de nouvelles mesures pour établir une présence intégrée des Nations Unies en Somalie.  Il a jugé impératif que la communauté internationale apporte à la Somalie un soutien politique, économique et financier adapté à la mesure des défis auxquels elle est confrontée.  Il a estimé que le Conseil de sécurité avait un rôle essentiel à jouer dans le pays.  Les Nations Unies doivent, a-t-il dit, accorder un mandat fort et des ressources à ceux qui aident la Somalie, en particulier l’Union africaine.


M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie) a rappelé que l’Autorité intergouvernementale pour le développement avait mis l’accent sur la nécessité d’un soutien financier et logistique permettant à l’AMISOM d’atteindre le niveau autorisé de 8 100 soldats.  Il a également rappelé la décision, prise par l’IGAD en juillet dernier, de déployer 2 000 soldats supplémentaires avec effet immédiat.  Il a souhaité que les institutions fédérales de transition renforcent la cohésion interne et préviennent les tensions qui entravent la mise en œuvre de la Stratégie pour la Somalie, adoptée au niveau international.  Il a salué les consultations constructives entre le Gouvernement fédéral de transition et le groupe l’Ahlu Sunnah Wal Jama’a qui s’est engagé à rejeter l’extrémisme et la violence.  Néanmoins, il a estimé que la Somalie restait le lieu le plus dangereux pour la sécurité régionale et internationale en raison de l’incapacité de la communauté internationale de prendre des mesures concrètes, alors que le groupe Al-Shabaab a parallèlement galvanisé ses troupes et trouvé des soutiens.


Par ailleurs, le représentant a déclaré que le Conseil de sécurité était conscient de l’appui apporté par l’Érythrée aux groupes extrémistes Al-Shabaab et Hizbul Islam, qui continuaient de profiter du soutien militaire et logistique de ce pays.  Il a précisé qu’il existait des preuves établissant l’implication persistante de l’Érythrée dans le transfert d’armes vers la Somalie et de son soutien à des groupes terroristes qui cherchent à déstabiliser les pays de la région.  En outre, il a souhaité que les enquêtes sur les violations des droits de l’homme en Somalie soient menées dans le cadre du mandat du Conseil des droits de l’homme et, en particulier, de l’Expert indépendant chargé de la situation des droits de l’homme en Somalie.  Il a également souligné l’importance pour la Somalie d’assurer elle-même la lutte contre l’impunité dans le cadre du processus de l’Accord de paix de Djibouti.       


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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