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CS/10021

Conseil de sécurité: de retour de RDC, le Sous-Secrétaire général au maintien de la paix, Atul Khare, dénonce les viols perpétrés dans les Kivus

07/09/2010
Conseil de sécuritéCS/10021
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Conseil de sécurité

6378e séance – après-midi


CONSEIL DE SÉCURITÉ: DE RETOUR DE RDC, LE SOUS-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU MAINTIEN DE LA PAIX, ATUL KHARE, DÉNONCE LES VIOLS PERPÉTRÉS DANS LES KIVUS


« Même si la responsabilité première de la protection des civils incombe à l’État congolais, à son armée et à ses forces de police, nous avons aussi échoué.  Nos actions n’ont pas été adéquates, ceci conduisant à des brutalités inacceptables contre la population du Nord-Kivu », a déclaré cet après-midi le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Atul Khare, devant le Conseil de sécurité.


Tout juste de retour d’un déplacement en République démocratique du Congo (RDC), où il s’est rendu du 28 août au 2 septembre, M. Khare a fait état de chiffres « terrifiants » qui attestent de l’ampleur des violences sexuelles perpétrées dans l’est du pays, dans le Nord-Kivu, entre le 30 juillet et le 2 août: 242 personnes au moins, dont 28 mineures, ont été violées dans le triangle formé par les villages de Bunyampuri, Kibua et Mpofi, après que cette zone soit tombée sous le contrôle du groupe armé des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).


Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a également fait état de 10 viols perpétrés les 17 et 18 août par des éléments des forces congolaises à Katakulu, dans le Sud-Kivu.  Il semble que de nombreux autres viols aient été également recensés à Shabunda et Mwenga, toujours dans le Sud-Kivu.  Dans le village de Miki, 74 cas d’actes de violences sexuelles ont été établis, dont 21 sur des personnes mineures, certaines étant des filles âgées de 7 à 15 ans, et sur six hommes.


Enfin, selon des informations en date du 31 août, 130 viols auraient été commis dans une dizaine de villages du territoire Shabunda.  Certaines informations vont même jusqu’à indiquer que dans la seule localité de Kiluma, toutes les femmes du village auraient été violées, a ajouté M. Khare.


Une équipe d’experts des droits de l’homme a été déployée, entre le 25 août et le 2 septembre, pour enquêter sur ces viols, tandis qu’une assistance médicale et psychosociale était fournie aux victimes par l’entremise de l’International Medical Corps et de Heal Africa, avec l’appui logistique de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), a expliqué le Sous-Secrétaire général.


Par ailleurs, le 1er septembre, la MONUSCO a lancé l’opération « Shop Window », composée de 750 Casques bleus, et qui vise à sécuriser la région et protéger les civils de Pinga, Kibua et Walikale.  Les premières informations font état de la reddition de 27 cadres des FDLR et de l’arrestation de quatre autres à Luvingi.


L’opération se poursuivra jusqu’au 10 septembre et au-delà, selon les résultats de l’enquête.  Il a également été décidé de déployer davantage de patrouilles, jour et nuit, et de trouver le moyen d’améliorer la couverture radiophonique et du réseau téléphonique sans fil dans l’est de la RDC.


Tout en appelant le Gouvernement congolais à lutter contre l’impunité, le Sous-Secrétaire général a recommandé au Conseil de sécurité d’envisager d’adopter des sanctions ciblées contre les dirigeants des FDLR, si la chaîne de commandement est clairement établie.  Cette recommandation a été vigoureusement soutenue par la Représentante spéciale du Secrétaire général sur les violences sexuelles dans les conflits.


Relayant la détresse des femmes congolaises, Margot Wallström a rappelé aux membres du Conseil que le viol était utilisé en RDC comme « tactique de guerre et de terreur ».  Le sentiment d’échec évoqué par M. Khare, a été repris à son propre compte par Mme Wallström, qui a affirmé que « nous sommes aujourd’hui contraints de faire face à notre responsabilité collective pour avoir été incapables de prévenir des viols massifs dans le district de Kibua ».


Si elle a souligné la nécessité pour la MONUSCO d’améliorer sa réactivité et ses capacités de réaction rapide, elle a cependant précisé que le rôle des Nations Unies en RDC était de soutenir, et non de remplacer, le Gouvernement congolais dans son rôle primordial de protection à l’égard de ses citoyens.


Tout en expliquant son « dégoût des viols massifs », le Représentant permanent de la RDC, M. Ileka Atoki, a rappelé que ces actes avaient été commis par des hommes qui ne sont que « le produit d’une guerre qui n’a que trop duré ».  Il a ajouté qu’« un crime étant un crime », il fallait engager à leur encontre une action robuste, comme l’ont demandé M. Khare et Mme Wallström.


Réagissant à leur propos, il a fait observer que si la RDC pouvait assurer la protection de ses civils et la sécurité de son territoire, elle n’aurait pas besoin de la MONUSCO.  « De même, si le Conseil de sécurité estime que la MONUSCO ne peut aider en ce domaine, alors la présence de cette Mission serait tout à fait inutile et il vous reviendra d’en tirer toutes les conséquences », a prévenu le représentant.


À la suite des recommandations émises par le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix et la Représentante spéciale sur les violences sexuelles dans les conflits, M. Atoki a suggéré de former et équiper la police nationale et la police de proximité congolaises pour mieux assurer la protection des populations pendant que l’armée s’attèle au rétablissement de l’ordre républicain.  « Mon Gouvernement avait déjà formulé une demande en ce sens, il n’a reçu pour réponse qu’un silence assourdissant », a fait remarquer le représentant de la RDC.


Il nous faut en outre appuyer la justice nationale, a-t-il poursuivi, en permettant à celle-ci de mettre fin à l’impunité et d’attribuer des réparations aux victimes.  « Il est urgent de doter la RDC de structures nationales solides de protection des droits de l’homme et d’un cadre institutionnel adéquat au sein duquel les criminels doivent répondre de leurs actes », a-t-il également affirmé.


Enfin, alors que le viol est aussi un stigmate en RDC, M. Atoki a jugé essentiel de créer un espace de dialogue impliquant les chefs locaux, les églises, les réseaux communautaires « en vue de préserver un tant soit peu le tissu familial ».

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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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