Conférence de presse du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. John Holmes
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
C ONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES HUMANITAIRES ET COORDONNATEUR DES SECOURS D’URGENCE, M. JOHN HOLMES
De retour d’une visite au Tchad et au Soudan, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. John Holmes, a dressé, cet après-midi, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies à New York, un bilan de la situation humanitaire, toujours aussi préoccupante, dans ces deux pays, et aggravée par l’insécurité et la sécheresse.
Par ailleurs, sur le raid militaire israélien contre une flottille d’aide humanitaire en route vers Gaza, lundi dernier, M. Holmes s’est dit favorable à une enquête ainsi que l’a demandé le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon. Interrogé sur la mise en place d’un éventuel mécanisme visant à faciliter le passage de l’aide humanitaire vers Gaza, il a souligné la nécessité d’obtenir, au préalable, l’accord d’Israël, du Hamas, des autorités palestiniennes et de la communauté internationale.
Le Secrétaire général adjoint a estimé que cette crise était l’occasion d’examiner les moyens de lever le blocus imposé à la population palestinienne. « Le Bureau des affaires humanitaires est prêt à jouer un rôle de facilitateur si on le lui demandait », a-t-il ajouté.
Concernant sa visite au Tchad, du 23 au 26 mai, M. Holmes a expliqué que la situation au cours des derniers mois « n’a pas beaucoup changé au cours des derniers mois, même si elle s’est stabilisée un peu d’un point de vue général ». Dans l’est du pays, 170 000 personnes déplacées vivent toujours dans des camps, a-t-il dit, précisant que la majorité venait du Darfour et une partie (56 000 réfugiés) de la République centrafricaine.
Pour M. Holmes, qui a noté en particulier l’amélioration des relations entre le Soudan et le Tchad et le déploiement d’une force conjointe le long de la frontière entre les deux pays, « les réfugiés n’ont pas beaucoup d’espoir de revenir au Darfour tant que la situation n’est pas réglée là-bas ». Quant aux Tchadiens déplacés à l’intérieur du pays, ils « peuvent espérer un retour chez eux, à condition que nous puissions leur assurer des conditions de sécurité et de vie décentes dans leurs villages d’origine ». « Il faut notamment s’assurer de la fourniture de services de base comme l’éducation et la santé », a-t-il ajouté.
La sécurité du personnel humanitaire est un autre sujet de préoccupation, a poursuivi M. Holmes, soulignant qu’une organisation non gouvernementale (ONG) avait été attaquée dans l’est du Tchad, juste avant son arrivée. Ce souci, a-t-il dit, est accentué par le fait que nombre d’ONG redoutent le retrait de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), prévu à la fin de 2010. « Nous devrons nous adapter à la nouvelle situation », a-t-il déclaré, demandant en contrepartie que le Gouvernement du Tchad respecte ses engagements à tous les niveaux.
« Lors de ma visite, le Gouvernement s’est en particulier engagé publiquement à assurer la sécurité non seulement des personnes locales, des personnes déplacées et des réfugiés, mais aussi des acteurs humanitaires présents sur le terrain », a-t-il affirmé, mettant notamment l’accent sur la nécessité de discuter avec lui plus en détails du rôle que doit jouer le Détachement intégré de sécurité (DIS) chargé de protéger les civils.
Le Secrétaire général adjoint a également fait état d’une autre crise humanitaire au Tchad, résultant de l’absence de pluies fin 2009 sur la ceinture sahélienne. Il a ainsi déploré l’insécurité alimentaire dans l’ouest du pays qui affecte tant la population que le bétail. Afin d’éviter une catastrophe, cette situation dramatique doit attirer l’attention des donateurs, a-t-il ajouté.
Au Soudan, où il s’est rendu du 26 au 30 mai, M. Holmes a constaté une détérioration de la situation humanitaire dans le sud. L’insécurité alimentaire y touche 40% de la population, a-t-il précisé. Elle est, a-t-il expliqué, le résultat de la sécheresse de ces dernières années et des violences entre groupes tribaux qui ont fait 700 morts et provoqué le déplacement de 90 000 personnes au cours des derniers mois.
Le Secrétaire général adjoint a également relevé le manque d’investissements du Gouvernement dans les domaines de l’agriculture, de la santé et de l’éducation. « Nous devons veiller à éviter une véritable catastrophe qui causerait de nombreux décès », a-t-il dit, soulignant également la faiblesse des ressources en ce qui concerne l’aide humanitaire. « Nous avons reçu seulement 26% des 530 millions de dollars demandés au début de l’année et nous ne disposons pas de capacités suffisantes sur le terrain », a-t-il déploré.
S’agissant du Darfour, M. Holmes a noté que « la situation humanitaire n’a pas beaucoup changé » et que les deux millions de personnes déplacées « se trouvent toujours dans les camps ». « Il n’y a pas de règlement en vue dans l’immédiat », a-t-il ajouté, malgré les négociations en cours à Doha, au Qatar.
Il s’est en outre dit préoccupé par la reprise des combats impliquant le Gouvernement et les mouvements rebelles, comme l’Armée de libération du Soudan (SLA) et le Mouvement justice et égalité (JEM) au Nord et au Sud Darfour. Ces combats engendrent des déplacements de populations supplémentaires, « mais nous n’avons pas accès à ces régions », le Gouvernement ne donnant pas les autorisations nécessaires, a-t-il précisé.
« L’insécurité reste un grand défi à relever pour la communauté internationale », a-t-il déclaré, évoquant également les prises d’otages du personnel des ONG. Il a espérer voir la situation s’améliorer, avec l’aide du Gouvernement qui collabore pour résoudre chaque cas. Mais, a-t-il dit, aucun preneur d’otage n’a été interpellé jusqu’à présent, et « il faut absolument combattre l’impunité ».
L’autre défi au Darfour est, selon M. Holmes, de susciter la coopération du Gouvernement pour faciliter les opérations humanitaires. « Le mécanisme mis en place n’a pas bien fonctionné jusqu’à présent », a-t-il regretté. « L’objectif est d’autonomiser la population afin de ne pas la laisser dans les camps indéfiniment », a-t-il rappelé.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel