Avec l’ONU-Femmes, l’égalité des sexes « a la priorité », affirme Mme Michelle Bachelet devant la Troisième Commission
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Troisième Commission
8e et 9e séances - matin et après-midi
AVEC L’ONU-FEMMES, L’ÉGALITÉ DES SEXES « A LA PRIORITÉ », AFFIRME MME MICHELLE BACHELET DEVANT LA TROISIÈME COMMISSION
La Secrétaire générale adjointe à l’égalité des sexes et à l’autonomisation de la femme demande un financement substantiel pour la nouvelle entité
La Secrétaire générale adjointe à l’égalité des sexes et à l’autonomisation de la femme, Mme Michelle Bachelet, qui dirige l’entité ONU-Femmes, nouvellement créée par l’Assemblée générale, a affirmé aujourd’hui devant la Troisième Commission que les « investissements financiers dans l’égalité des sexes » devaient être « à la hauteur de notre vision pour le changement ».
« En élevant la direction de l’ONU-Femmes au rang de Secrétaire générale adjointe, l’Assemblée générale a signifié que l’égalité entre les sexes avait la priorité », a déclaré l’ancienne Présidente chilienne, qui s’exprimait ainsi pour la première fois à ce poste devant la Troisième Commission, au premier jour de l’examen par celle-ci des questions relatives à la promotion de la femme.
Il faut, a-t-elle dit, « inverser la tendance de décennies pendant lesquelles on acceptait des ressources minimales pour le travail en matière d’égalité des sexes ». En conséquence, la priorité accordée à l’ONU-Femmes, chargée de renforcer les mécanismes institutionnels en faveur de la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, « doit aller de pair avec un soutien financier », a-t-elle ajouté. Elle a rappelé que les estimations du Secrétaire général avaient fixé à 500 millions de dollars les besoins approximatifs de la phase de démarrage de la nouvelle entité qui sera opérationnelle dès le 1er janvier 2011.
Mme Bachelet a, par ailleurs, formé l’espoir que l’Assemblée générale approuvera, en novembre, les modalités de fonctionnement de l’ONU-Femmes et l’élection par le Conseil économique et social (ECOSOC) du Conseil d’administration de cette entité.
Créé le 2 juillet 2010 par l’Assemblée générale, le mandat de l’entité composite regroupe ceux du Bureau de la Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, de la Division de la promotion de la femme du Secrétariat, du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW).
Mme Bachelet, qui a présenté les grandes lignes de son approche à la tête de l’ONU-Femmes, a aussi fait part de son intention de « travailler en étroite collaboration avec les autres entités chargées de l’égalité hommes-femmes dans le système et d’éviter les doublons », tâche qui selon elle, équivaudra à « un gigantesque effort de coordination ».
La Secrétaire générale adjointe à l’égalité des sexes et à l’autonomisation de la femme, qui a terminé son dialogue avec les États Membres sous une pluie d’applaudissements, a également encouragé à « combler l’écart entre la volonté d’agir et les activités concrètes pour que les femmes puissent participer à toutes les activités du développement sur un pied d’égalité totale ».
La Troisième Commission a également eu des échanges de vues avec des hauts responsables du système des Nations Unies et des Rapporteures spéciales dans le cadre de la suite donnée aux textes issus de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale.
La Commission a aussi discuté avec la Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population (FNUAP), Mme Purnima Mane, qui a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’élimination de la fistule obstétricale.
La Rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, Mme Rashida Manjoo, a également fait un exposé présentant son rapport sur les réparations faites aux femmes victimes de violence. Elle a constaté que la mise en œuvre de l’obligation de verser des indemnités demeurait « gravement sous-développée » et a souligné la nécessité de mesures de redressement précises « au potentiel transformateur ».
Enfin, la Vice-Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), Mme Xiaoqiao Zou, a notamment abordé la question de l’harmonisation des méthodes de travail dans le système de surveillance des traités. Elle a fait état des déclarations adoptées par le Comité en rapport avec des événements particuliers, comme la nécessité de protéger les droits des femmes dans le cadre de l’assistance humanitaire en Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, ou d’inclure les femmes afghanes dans le processus de consolidation de la paix et de reconstruction de leur pays.
Au cours du débat général auquel ont participé 19 délégations, le Yémen, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait remarquer que les femmes étaient plus nombreuses que les hommes dans les pays pauvres, et que, de ce fait, elles étaient « nettement plus affectées » par les crises économique et financière, les crises alimentaire et énergétique ainsi que les nombreux défis posés par les effets des changements climatiques.
Ces crises auront un « impact négatif sur l’autonomisation des femmes », a renchéri la Guyane, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).
Le Chili, au nom du Groupe de Rio, a justement préconisé une consolidation de la coopération régionale afin de répondre efficacement aux défis posés par la conjonction des crises, qui fragilise la situation des femmes.
La représentante des Pays-Bas a, pour sa part, appelé tous les États Membres à la pleine mise en œuvre de la résolution historique 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. De nombreux autres pays ont évoqué cette résolution ainsi que les résolutions 1888 (2009) et 1889 (2009) du Conseil de sécurité.
La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain à 10 heures. Elle entendra notamment la présentation de cinq projets de résolution relatifs au développement social.
PROMOTION DE LA FEMME (A/65/336)
a) Promotion de la femme (A/65/38, A/65/208, A/65/209, A/65/268, A/65/218 et A/65/334)
b) Suite donnée aux textes issus de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/65/204 et A/C.3/65/L.7)
Mise en œuvre des conclusions de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale
Déclarations liminaires
Mme MICHELLE BACHELET, Secrétaire générale adjointe de l’entité des Nations Unies chargée de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation « ONU-Femmes », a indiqué que les objectifs fixés pour cette entité devaient être une réalité ressentie par les femmes, les hommes, les filles et les garçons de tous les pays.
En créant l’ONU-Femmes, l’Assemblée générale a envoyé un message clair à savoir qu’elle comprenait la nécessité de faire bien davantage, a-t-elle dit. Premièrement, en élevant la direction de l’ONU-Femmes au rang de Secrétaire générale adjointe, l’Assemblée, a-t-elle précisé, a signifié que l’égalité des sexes avait la priorité. Deuxièmement, il s’agit d’un pas important vers la cohérence, une composante clef de la réforme des Nations Unies. Troisièmement, en établissant cette entité, l’Assemblée a reconnu que les investissements financiers dans l’égalité des sexes devaient être à la hauteur de l’ambition de la vision des Nations Unies en faveur du changement. « Il faut inverser des décennies pendant lesquelles on acceptait des ressources minimales pour le travail en matière d’égalité des sexes », a-t-elle affirmé.
Mme Bachelet a estimé que la route qui a conduit à l’établissement de l’ONU-Femmes avait été longue et que ce processus avait placé la barre très haut. « Les attentes sont énormes et on ne peut que tâcher d’y répondre », a-t-elle dit. Le message est clair, selon elle: l’égalité hommes-femmes doit être une priorité partout, mais également sur le terrain, ce qui incitera les organismes nationaux à revoir leur système.
Désormais, « nous sommes en mesure de relier les aspects opérationnels et normatifs de l’ONU à l’égard des États Membres », a expliqué Mme Bachelet, qui a remercié les quatre grandes entités chargées jusque-là des questions de la femme (le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW); Bureau de la Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme (OSAGI); Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW) et le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM)), lesquelles seront regroupées sous sa direction. L’ancienne Présidente du Chili a toutefois ajouté que l’investissement financier devait être proportionnel aux changements et aux programmes établis. À l’échelle internationale, a-t-elle dit, il est très rare que plus de 6% du budget soit alloué au développement des femmes. Cette situation doit changer, a-t-elle déclaré.
Mme Bachelet a aussi salué l’initiative de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la Stratégie mondiale pour la santé des femmes et des enfants, annoncée lors de la Réunion plénière de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Elle a ensuite évoqué les politiques engagées par les États Membres pour s’en féliciter, exhortant à davantage d’efforts, et en faisant remarquer que la lenteur des progrès réalisés en matière de parité avait été longuement abordée par les États Membres lors de la réunion d’évaluation des OMD.
Mme Bachelet a encouragé à combler l’écart entre la volonté d’agir et les activités concrètes pour que les femmes puissent participer à toutes les activités du développement sur un pied d’égalité totale. Au cours des trois mois à venir, elle se propose d’articuler ses activités autour de tâches majeures. Aucun effort ne sera ménagé, a-t-elle dit, pour que l’ONU-Femmes devienne opérationnelle dès le 1er janvier 2011 et pour renforcer les capacités de l’ONU-Femmes sur le terrain. Elle s’engage également à renforcer la capacité de réponse de tout le système, notamment sur la façon dont les Nations Unies réagissent à la violence à l’encontre des femmes. D’autre part, elle apportera un soutien aux pays qui mettent en œuvre la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, notamment en s’inspirant des bonnes pratiques. La troisième priorité consiste à renouer avec les différents groupes qui avaient soutenu la création de l’ONU-Femmes.
S’agissant des besoins financiers, elle a rappelé que les estimations du Secrétaire général les avaient fixés à 500 millions de dollars pour la phase de démarrage de l’ONU-Femmes. Elle a mis l’accent sur la sensibilisation à la parité en collaboration avec les États Membres et sur la création de partenariats innovants pour concrétiser le changement pour les femmes et les filles. La priorité accordée à l’ONU-Femmes doit aller de pair avec un soutien financier, a-t-elle dit. Elle espère que l’Assemblée générale approuvera une modalité de fonctionnement de l’ONU-Femmes et l’élection par le Conseil économique et social (ECOSOC) du Conseil d’administration de l’ONU-Femmes en novembre.
Mme Bachelet a également présenté des rapports des différents organes et fonds des Nations Unies sur les femmes, dont deux rapports sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes et sur la traite des femmes et des filles. Elle a lancé un appel à la Commission pour qu’elle poursuive ses travaux dans tous ces domaines et l’a assurée du futur soutien de l’ONU-Femmes. La Commission doit continuer à jouer le rôle de chef de file à cet égard, a-t-elle affirmé.
Échanges de vues
Le représentant du Chili s’est félicité de la création de l’ONU-Femmes qui permettra, selon lui, de répondre aux demandes des femmes dans le monde. Il a souhaité savoir comment Mme Bachelet pouvait être assistée dans cette tâche.
Le délégué chilien, comme ses homologues des États-Unis et du Mexique l’ont assurée de la coopération de leurs pays pour le bon développement de ses travaux.
Les représentants de la Belgique, au nom de l’Union européenne, du Japon, de l’Australie et du Brésil ont demandé à Mme Bachelet qu’elles étaient les priorités de la nouvelle entité au cours des prochains mois. Le délégué belge, espérant que l’entité ONU-Femmes jouerait le rôle de chef de file dans le domaine de l’égalité des sexes, a précisé que les attentes de l’Union européenne étaient très élevées. Il a souhaité que Mme Bachelet dise comment elle envisageait sa coopération avec les autres agences du système des Nations Unies.
La représentante de la Syrie a insisté sur le fait que des efforts considérables avaient été déployés pour mettre sur pied cette entité. Elle a proposé de nommer un point focal chargé d’étudier la situation des femmes dans les pays sous occupation.
Le représentant de la Malaisie a souligné que son pays avait pris la tête du processus visant à composer le Conseil d’administration de l’entité. Il a demandé à Mme Bachelet quelles étaient ses idées pour s’assurer de l’efficacité des équipes de pays soit efficace. Le délégué du Pakistan lui a demandé comment elle comptait intégrer les perspectives actuelles des différentes régions du monde pour une vision cohérente.
Mme Bachelet a remercié les États Membres pour leur appui sur lequel elle compte afin de véritablement répondre aux attentes placées en elle et de s’acquitter de la tâche de grande ampleur qui l’attend. Les quatre entités ont d’ores et déjà fait un travail extraordinaire, a-t-elle dit. Cependant, la mise en œuvre n’est pas aussi efficace que la rhétorique politique et il est évident qu’il faut consacrer davantage d’efforts à la réponse aux problèmes. Afin de répondre à des attentes très diverses sur les plans culturel, politique et religieux et d’inclure la perspective des organisations féminines de base, un plan stratégique sera élaboré au cours des prochains mois et des premiers mois de l’année à venir, a-t-elle ajouté. L’ONU-Femmes ne remplace pas ce que fait le reste du système en matière de parité entre les sexes, a-t-elle souligné, précisant que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance(UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population (FNUAP) et d’autres organisations continueraient à travailler sur ces thèmes.
L’ONU-Femmes travaillera aussi sur la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité et sur les questions relatives aux femmes dans les territoires occupés, a-t-elle indiqué. Il s’agira de renforcer la coordination au Siège et sur le terrain. Des lignes directrices seront établies et des synergies seront développées au sein du système, ce qui est de la plus haute importance pour obtenir des résultats tangibles. Elle entend favoriser une participation accrue des femmes en tenant compte des spécificités et de la diversité.
Pour Mme Bachelet, il s’agira de voir quelles mesures il convient de prendre en matière d’égalité des chances, également pour les migrants, les femmes rurales, les femmes autochtones, y compris dans les pays développés. Une autre situation urgente mentionnée lors du Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement est la santé des femmes, a-t-elle dit. Malgré les efforts, a déclaré Mme Bachelet, les causes des décès des mères ne sont pas inconnues, mais il faut faire des progrès dans l’approche. Il en est de même pour la mortalité infantile. Elle espère recevoir beaucoup d’appui de la part des États Membres, notamment la possibilité de l’établissement d’un mécanisme de financement pour renforcer les capacités de l’ONU-Femmes sur le terrain et répondre aux besoins des États Membres.
La représentante du Cameroun a souhaité qu’une attention spéciale soit accordée aux femmes rurales, une catégorie parfois invisible et laissée pour compte, a-t-elle dit. Son homologue du Pérou a demandé comment elle comptait renforcer sur le terrain le rôle de l’ONU-Femmes, tandis que la déléguée de l’Inde a souhaité savoir comment Mme Bachelet pensait améliorer la coordination entre des agences et le rôle des femmes au sein du système des Nations Unies. La représentante de l’Indonésie a, elle, demandé comment serait renforcée la coopération entre l’ONU-Femmes et les organisations régionales, comme l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).
Mme Bachelet a espéré que son expérience lui servirait à l’heure de relever les défis. Elle a reconnu que peu de ressources étaient allouées à la promotion des femmes dans de nombreux domaines. Elle a indiqué qu’elle se rendrait dans les pays en s’efforçant de renforcer les capacités des femmes dans le domaine rural et d’autres domaines prioritaires. « Nous allons travailler sur le terrain mais nous n’allons pas construire l’ONU-Femmes en parallèle des Nations Unies », a-t-elle assuré. « Nous allons travailler en étroite collaboration avec les autres entités chargées de l’égalité hommes-femmes dans le système et éviter les doublons. Ce sera un gigantesque effort de coordination », a-t-elle ajouté
Mme PURNIMA MANE, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a, présentant le rapport sur les activités du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme(A/65/218), souligné que les facteurs qui entourent le problème de la fistule obstétricale sont les mêmes que ceux qui empêchent la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement relatif à la mortalité maternelle.
La représentante du Chili a voulu en savoir plus sur les pratiques optimales, par exemple l’expérience au Malawi avec les agents de santé. Elle s’est aussi inquiétée de l’impact qu’aura la nouvelle Stratégie mondiale pour la santé des femmes et des enfants sur le problème de la fistule obstétricale qui reste invisible, alors que les femmes concernées subissent exclusion et discrimination.
La Directrice exécutive adjointe du FNUAP a d’abord attiré l’attention sur la publication d’une recherche détaillée que son Fonds a pris soin de distribuer dans la salle. Elle a souligné que le problème de la fistule est dûment pris en compte dans la Stratégie mondiale et que, pour sa part, le FNUAP continue de lutter contre le mariage précoce. Les obstacles les plus difficiles à surmonter, a-t-elle avoué, sont les tabous, la discrimination et l’exclusion. On peut soigner les patientes mais surmonter ces obstacles-là restent difficile, a insisté la représentante du FNUAP.
Mme RASHIDA MANJOO, Rapporteure spéciale sur les violences faites aux femmes, a tout d’abord dressé les grandes lignes du rapport qu’elle a présenté au Conseil des droits de l’homme et qui portait sur les réparations faites aux femmes victimes de violence. Elle a indiqué que la mise en œuvre de l’obligation de verser des indemnités demeurait gravement sous-développée. Au vu de l’impact disproportionné que les effets de la violence ont sur les femmes et sur différents groupes de femmes, a indiqué Mme Manjoo, des mesures de redressement précises sont nécessaires afin de répondre à leurs besoins précis. La Rapporteure spéciale a également estimé que les réparations devaient avoir un « potentiel transformateur », en ayant pour ambition de subvertir plutôt que de renforcer les modes préexistants de subordination structurelle transversale, de hiérarchies du genre, de marginalisation systémique et d’inégalité sociale qui, a-t-elle affirmé, pourraient être la racine de la violence faite aux femmes.
Mme Manjoo a ensuite passé en revue les conclusions de ses récentes missions effectuées au Kirghizistan, en 2009, et à El Salvador, en 2010. Elle a expliqué que le Gouvernement du Kirghizistan avait adopté des cadres politiques et juridiques qui avaient le potentiel de garantir la protection des femmes et des fillettes. Elle a notamment évoqué le Plan d’action national pour l’égalité entre les sexes ainsi qu’une loi sur la protection contre la violence domestique qui compterait parmi les plus progressives de la région. La Rapporteure a cependant signalé que de nombreuses formes de violence demeuraient impunies, comme la violence domestique, l’enlèvement des futures épouses, la traite, la violence sexuelle, ainsi que le harcèlement des lesbiennes et des transsexuels. Mme Manjoo a indiqué que ces phénomènes étaient exacerbés par la féminisation de la pauvreté et la résurgence de certaines pratiques patriarcales.
S’agissant d’El Salvador, Mme Manjoo s’est félicitée des propositions de réforme juridique sur les violences faites aux femmes et de la poursuite des pourparlers sur la ratification du Protocole facultatif de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Elle a cependant dit être « gravement préoccupée » par la hausse « alarmante » du nombre de meurtres de femmes et de fillettes et de la brutalité infligée à leurs corps. Elle a également évoqué le problème du harcèlement sexuel sur le lieu du travail, ainsi que celui de la violence policière. Mme Manjoo a ensuite annoncé qu’elle se rendrait en Algérie et en Zambie avant la fin de l’année et qu’elle espérait effectuer des missions prochainement aux États-Unis, en Jordanie, en Somalie, au Zimbabwe, au Turkménistan, en Ouzbékistan, au Népal et au Bangladesh.
Mme Manjoo a par ailleurs dénoncé les actes de violence sexuelle perpétrés dans le territoire de Walikale en République démocratique du Congo (RDC) au mois d’août. Elle a évoqué sa participation, au mois de mai, à une Conférence sur le phénomène de meurtres de femmes en Amérique latine, laquelle était organisée par le Parlement européen, et, au mois de juillet, à une Table ronde sur les droits de l’homme et les activités humanitaires d’urgence organisée par le Conseil économique et social. Mme Manjoo a également fait état des efforts qu’elle menait dans le cadre des consultations régionales avec la société civile, notamment en Afrique, en Amérique centrale et au Népal.
Questions
Le représentant de la Suisse a noté que le rapport du Secrétaire général soulignait la nécessité de renforcer les programmes nationaux centrés sur la prévention de la violence. Quelles sont les possibilités pour soutenir les États Membres de l’ONU en vue du renforcement de leur lutte contre cette forme de violence, a-t-il demandé. Il a également demandé quels seraient les domaines d’interaction entre le mandat de la Rapporteure spéciale et cette entité.
De son côté, la représentante du Swaziland a déclaré que son pays accordait une grande importance au rôle de la famille et s’est demandée comment créer ou renforcer des programmes d’appui à la structure familiale grâce à la prévention et l’éducation.
La déléguée de l’Australie a salué les efforts louables de la Rapporteure spéciale et a voulu savoir si celle-ci avait des moyens de mesurer les impacts de succès de certaines stratégies et de plans de lutte contre la violence à l’égard des femmes.
Le représentant de la Belgique, au nom de l’Union européenne, a affirmé que celle-ci était en train d’élaborer une stratégie globale pour intensifier ses efforts à l’intérieur de ses frontières où seulement 19% des Européens sont réellement conscients de cette réalité. Évoquant les différents projets sur la violence, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’ONU, il a demandé comment améliorer la coordination pour que tous ces efforts soient plus efficaces dans leur ensemble. Il a demandé également comment elle comptait coopérer avec la nouvelle entité ONU-Femmes.
La représentante de Cuba a estimé qu’il n’y avait pas assez d’informations sur les activités et les impacts sur la prévention de la violence à l’égard des femmes. Quel rôle peut jouer le système d’enseignement national pour prévenir cette forme de violence, a-t-il demandé. Son homologue du Canada a félicité la Rapporteure spéciale pour ses visites de pays, partie importante de son mandat, et l’a invitée à se rendre dans son propre pays.
Réponse de la Rapporteure spéciale
Mme Manjoo a affirmé qu’il existait de bonnes pratiques dans le monde, mais que ces informations n’étaient pas suffisamment reprises. Une réunion aura aussi lieu sur la manière de préparer les États Membres à mieux prévenir et à protéger de cette forme de violence, a-t-elle dit. Elle a déploré le fait que les États Membres ne répondent pas aux questionnaires qu’elle a envoyés.
Les femmes défenseurs des droits des femmes sont exposées à des représailles, a-t-elle également remarqué, en citant l’exemple des femmes népalaises qui réclamaient une meilleure participation politique et ont été l’objet de violences. Elle a exprimé son souhait de collaborer avec l’ONU-Femmes.
Échanges de vues
Le délégué de l’Algérie s’est félicité de la prochaine visite de la Rapporteure spéciale dans son pays d’ici à la fin de l’année. Existe-t-il des statistiques et des indicateurs sur le nombre de femmes dépendant totalement de sources juridiques, a-t-il demandé. Quelles sont les ressources dont elle dispose pour lutter contre la violence à l’égard des femmes?
Le représentant de la Norvège a posé une question sur les mesures à prendre pour que les hommes et les garçons puissent se sentir concernés par la violence à l’encontre des femmes.
Son homologue du Chili a signalé que de nombreuses femmes étaient tuées par leur époux libéré sous caution. Peut-on appliquer des garanties juridiques pour éviter que ces hommes récidivent, a-t-elle demandé.
Le représentant du Nigéria a demandé à quel moment dans la formation on pouvait parler du rôle exact des garçons et des hommes. Les pratiques optimales sont importantes pour aider à changer les mentalités, a-t-il dit. Il faut trouver des moyens innovants en matière de participation des femmes dans la vie politique des pays, comme c’est le cas actuellement au Nigeria.
Réponse de la Rapporteure spéciale
Mme Manjoo a affirmé que la question des indicateurs n’avançait pas. Les indicateurs présentent des chiffres et bien souvent on oublie les êtres humains derrière les statistiques, a-t-elle dit. Une seule femme violentée est une de trop, a-t-elle insisté. Il faut relier ces chiffres à des solutions et des mesures, notamment à une augmentation des budgets pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Selon Mme Manjoo, les initiatives de la société civile ne sont pas suffisantes car les systèmes éducatifs doivent intégrer l’éducation au respect de la femme et les droits fondamentaux de toutes les personnes. C’est une question socioéconomique, culturelle, religieuse et politique, d’où sa complexité, a encore affirmé la Rapporteure spéciale. La Rapporteure spéciale a également souligné que l’État échouait dans son rôle de diligence à prévenir et à lutter contre la violence à l’égard des femmes. Elle a soutenu la participation politique des femmes et noté que la réalité sur le terrain exigeait une révision des législations et des politiques. « On sait qu’une femme sera désavantagée si on organise une réunion à 18 heures alors qu’elle doit être chez elle à s’occuper de sa famille ou préparer le dîner », a-t-elle conclu, en fournissant des exemples concrets de la vie de tous les jours.
Mme XIAOQIAO ZOU, Vice-Présidente du Comité sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, s’est félicitée que la prolongation de la durée de ses sessions, autorisée par l’Assemblée générale, ait permis au Comité de rattraper le retard pris dans l’examen des rapports des États parties. Le Comité reconnaît que l’examen ponctuel des rapports incite les États à soumettre leur rapport conformément aux termes de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et il recherche en permanence des moyens de simplifier ses méthodes de travail pour faire en sorte que les retards pris dans l’examen des rapports ne s’accumulent pas. La traduction des documents nécessaires à leur examen revêt une importance capitale et est essentielle à cet égard.
La prolongation de la durée des temps de réunion supplémentaire a également permis au Comité de surveiller la mise en œuvre de la Convention dans les États parties dont les rapports sont dus de longue date, a poursuivi Mme Zou. À cette fin, le Comité rappelle systématiquement aux États se trouvant dans cette situation qu’ils doivent respecter les délais prévus. Dans certains cas, les États sont informés que l’examen aura lieu en l’absence de leur rapport.
Mme Zou a souligné l’importance de l’harmonisation des méthodes de travail dans le système de surveillance des traités. Pour améliorer ses méthodes de travail, le Comité a notamment adopté une procédure de suivi par laquelle il demande aux États de l’informer, dans un délai de deux ans après la soumission de leur rapport, sur l’action qu’ils ont prise dans deux domaines d’action jugés prioritaires. Le Comité est également en train de réviser le format, le contenu et la longueur des observations finales pour en améliorer l’efficacité et l’impact.
Par ailleurs, le Comité a cherché à élargir le nombre d’acteurs avec lesquels il travaille dans la mise en œuvre de la Convention. La responsabilité première incombe aux États parties mais d’autres acteurs, comme les organisations non gouvernementales, les institutions nationales des droits de l’homme, les parlementaires ou les agences des Nations Unies, jouent aussi un rôle important.
Le Comité travaille actuellement sur quatre projets de recommandations relatifs à l’interprétation de l’article 2 de la Convention: la protection des droits des femmes âgées, les conséquences économiques du mariage, des relations familiales et de leur dissolution, les pratiques traditionnelles délétères, en coopération avec le Comité des droits de l’enfant.
Mme Zou a indiqué que le Comité continuait à adopter des déclarations en rapport avec des évènements particuliers, qu’il s’agisse par exemple de protéger les droits des femmes dans le cadre de l’assistance humanitaire en Haïti après le tremblement de terre de janvier 2010, ou d’inclure les femmes afghanes dans le processus de consolidation de la paix et de reconstruction de leur pays.
Le représentant de la Suisse a demandé à Mme Zou comment le Comité pourrait renforcer la présentation des informations réclamées aux pays après la présentation de leur rapport et comment l’ONU-Femmes pourrait aider, au mieux, les États à s’acquitter de la présentation de leur rapport.
La déléguée de l’Australie a demandé quel domaine de la législation nationale les États parties devraient-ils adopter en priorité pour respecter leur engagement à améliorer la situation des femmes, notamment leur sécurité économique.
La représentante du Canada a demandé quelles mesures pourraient être prises pour améliorer la collaboration entre les institutions internationales et nationales dans les travaux des comités et pour améliorer la mise en œuvre de ses recommandations.
Le délégué de la Belgique, au nom de l’Union européenne, a souhaité en savoir plus sur les travaux menés avec le Comité des droits de l’enfant dans des domaines de préoccupation commune. En outre, comment le Comité pourra-t-il collaborer avec l’ONU-Femmes pour améliorer l’égalité des sexes?
La représentante de l’Indonésie a souhaité obtenir des informations sur les efforts déployés par les pays pour lutter contre la discrimination et la violence contre les femmes migrantes.
Son homologue du Nigéria a demandé comment le Comité pouvait appuyer les efforts entrepris par les États pour intégrer les dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dans leur législation nationale.
Répondant à ces questions, Mme Zou a souligné que le Comité avait également besoin que l’ONU-Femmes l’appuie dans ses travaux. Le Comité ne dispose pas de fonds spécifiques et il a besoin de ressources. La Présidente du Comité a déjà invité Mme Bachelet à sa prochaine session pour discuter de leur coopération.
Il y a de nombreux domaines dans lesquels le Comité peut coopérer avec les États parties, a expliqué Mme Zou. Elle a indiqué que six pays avaient déjà fourni des informations de suivi. Au 1er octobre, il restait encore dix pays qui n’avaient pas fourni les informations de suivi. Par ailleurs, les questions prioritaires sont différentes, vu que chaque pays dispose de situations spécifiques. Dans de nombreux pays toutefois, les stéréotypes sont un facteur clef qui empêche les femmes de jouir de leurs droits humains.
Le Comité apprécie tout particulièrement le rôle joué par les organisations non gouvernementales et les encourage à fournir des rapports parallèles sur la mise en œuvre de la Convention dans les États parties. En ce qui concerne la violence à l’encontre des travailleuses migrantes, Mme Zou ne connaît pas d’exemples de pays qui aient mis sur pied un mécanisme adéquat pour traiter de cette question importante. Pour aider les États à intégrer les dispositions de la Convention, le Comité souhaiterait apporter son plein soutien aux États et travailler avec d’autres instances avec les ressources financières qui lui permettraient de fournir des suggestions plus détaillées sur le type de mesures et d’activités à prendre.
M. WAHEED AL-SHAMI (Yémen), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait référence à la Déclaration et au Programme d’action de Beijing adoptés en 1995 et à la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale en 2000. Malgré les progrès réalisés en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes, il a estimé qu’il restait beaucoup d’obstacles à franchir dans certains pays et certaines régions du monde. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans les pays pauvres, a-t-il poursuivi. Depuis 20 ans, les deux tiers des adultes analphabètes sont des femmes. Les violences contre les femmes persistent à travers le monde. Les femmes restent sous-représentées dans les processus de prise de décisions politique et économique, a-t-il ajouté, rappelant que les femmes étaient nettement plus affectées par les crises économique et financière, ainsi que par les crises alimentaire et énergétique.
M. Waheed Al-Shami a déclaré que le Groupe des 77 et la Chine, avec le Mouvement des non-alignés et la Commission civile mixte s’étaient engagés à établir un nouveau conseil d’administration reflétant une distribution géographique équitable et l’égalité hommes-femmes. Il s’est aussi félicité de la nomination de Mme Michelle Bachelet, une femme venant d’un pays du Sud, comme Secrétaire générale adjointe à l’égalité des sexes et à l’autonomisation de la femme. Il a considéré que l’intégration du mandat de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW) dans l’ONU-Femmes constituait un progrès important. Cependant, le Groupe des 77 et la Chine a marqué sa préoccupation face aux souffrances des femmes vivant sous occupation étrangère, soulignant l’urgence ce respecter le droit international. Dans ce contexte, la coopération internationale est la condition sine qua non pour atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, a-t-il conclu.
M. NICOLAS BURNIAT (Belgique), au nom de l’Union européenne (UE), a déclaré que 2010 était une année essentielle pour la promotion de la femme et de l’égalité des sexes car elle coïncidait avec le quinzième anniversaire de la Conférence de Beijing de 1995, auquel le Conseil économique et social (ECOSOC) a consacré un segment ministériel en juillet. C’est avec une grande satisfaction que l’UE a appuyé la décision de l’Assemblée générale de renforcer l’architecture de l’ONU relative aux femmes et, ce, avec la création de l’ONU-Femmes qui va jouer un rôle de chef de file en réduisant l’écart entre le travail normatif et opérationnel dans le travail de l’ONU en matière de parité des sexes et d’autonomisation des femmes. L’Organisation n’en sera que plus forte pour répondre aux demandes d’assistance des États Membres.
Il a décrit la modification de l’approche de l’Union européenne et les dernières innovations dans la problématique liée à la femme. Il a jugé que la garantie des droits de santé reproductive des femmes était essentielle pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et a dénoncé les mutilations génitales féminines. À cet égard, il s’est félicité du nouveau mandat du Groupe de travail du Conseil des droits de l’homme sur le sujet qui aidera les États Membres à mettre en œuvre leurs engagements dans ce domaine. Il a fait état d’une nouvelle stratégie d’égalité entre les hommes et les femmes adoptée le 21 septembre par l’Union européenne.
M. Burniat a aussi appuyé la campagne du Secrétaire général « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » ainsi que le travail de la Rapporteure spéciale sur la violence à l’égard des femmes. Il a exhorté tous les États à signer et à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). Dans son Plan d’action sur l’égalité hommes-femmes, l’Union européenne a l’intention d’appuyer les pays partenaires dans la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. Cette année marquera aussi le dixième anniversaire de cette résolution avec un débat ministériel ouvert du Conseil de sécurité prévu le 26 octobre prochain. L’UE se félicite aussi du travail du Groupe des amis des femmes de la paix et de la sécurité du Conseil de sécurité. Il a souligné les lacunes dans la mise en œuvre de cette résolution, notamment comme les cas de violence sauvage le rappellent, la prévention n’est pas du tout adéquate, a dit l’orateur. Quinze ans après Beijing, les défis restent redoutables et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes offre des objectifs que tous les États peuvent atteindre.
M. GEORGE TALBOT (Guyana), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que la question de l’égalité des sexes était au centre des efforts de développement des États des Caraïbes. La région a mis l’accent sur l’élimination de la violence sexuelle ainsi que sur la pauvreté et l’exclusion sociale, particulièrement quand ce sont les femmes et les jeunes filles qui sont touchées. À cet égard, l’adoption du Plan mondial d’action sur la traite des personnes vient compléter les mécanismes régionaux, a-t-il dit. Le Plan promeut le dialogue, le renforcement des partenariats et des actions multilatérales, que la CARICOM juge essentiels pour relever ces défis multidimensionnels.
Les crises économique et financière mondiales ont eu des effets dévastateurs dans un grand nombre de pays, y compris dans la région, et elles auront un impact négatif sur l’autonomisation des femmes, a poursuivi M. Talbot. Il est clair que la vulnérabilité des femmes s’accroît quant elles se trouvent au chômage ou sous-employées. Lors de sa onzième session à Brasilia, en juillet dernier, la Conférence régionale sur les femmes en Amérique latine et dans les Caraïbes a considéré que les mesures adoptées pour garantir la stabilité macroéconomique n’avaient pas réduit les inégalités fondées sur le sexe. Toutefois, a souligné le représentant, certains États de la CARICOM avaient déjà ou étaient sur le point d’atteindre l’objectif, fixé par l’ECOSOC, de voir 30% des postes décisionnels occupés par des femmes.
Les ministres des affaires étrangères de la CARICOM soutiennent la candidature de la Grenade et de Saint-Vincent-et-les Grenadines au Conseil d’administration de l’ONU-Femmes, pour deux des six sièges alloués à leur Groupe régional.
La santé et le développement étant étroitement liés, le représentant a souligné que les femmes étaient affectées de manière disproportionnée par les maladies non transmissibles, de plus en plus nombreuses. La CARICOM a lancé une initiative visant à organiser, en septembre 2011, une réunion de haut niveau sur la prévention et le contrôle de ces maladies. Les femmes représentent également 50% des personnes vivant avec le VIH/sida dans le monde, avec des conséquences qui vont bien au-delà de leur santé, a rappelé le représentant.
M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili), qui s’exprimait au nom du Groupe de Rio, a salué l’adoption de la résolution 64/289 de l’Assemblée générale portant création de la nouvelle entité ONU-Femmes et la nomination à sa tête de l’ancienne présidente chilienne, Mme Michelle Bachelet. Après avoir souhaité que l’ONU-Femmes contribue à renforcer la capacité des Nations Unies à accompagner l’autonomisation des femmes partout dans le monde, le représentant s’est penché sur son financement et la formation du personnel. Pour M. Errázuriz, l’allocation de ressources à l’ONU-Femmes doit reposer sur des indicateurs spécifiques conçus pour répondre aux besoins en matière d’émancipation des femmes, et les États Membres doivent continuer de soutenir les programmes de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme, dont le mandat a été intégré à la nouvelle entité. Le représentant a en outre mis l’accent sur l’importance de consolider la coopération régionale afin de répondre efficacement aux défis posés par la conjonction des crises, qui fragilise la situation des femmes.
M. Errázuriz a ensuite fait état du Consensus de Brasilia, un document adopté pendant la onzième Conférence régionale sur l’intégration de la femme au développement économique et social de l’Amérique latine et des Caraïbes, qui s’est tenue en juillet dernier. Il a expliqué que ce texte demandait, entre autres, la prise de mesures de prévention et de protection contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes, et que les victimes puissent avoir accès à la justice ainsi qu’à une aide légale gratuite. Le représentant chilien a également réaffirmé l’engagement du Groupe de Rio à éradiquer la violence contre les femmes par le biais de la pleine mise en œuvre de la résolution 63/155 de l’Assemblée générale, relative à l’intensification de l’action menée pour éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes, et de l’adoption de stratégies nationales davantage systématiques et multisectorielles.
Le représentant a par ailleurs appuyé la résolution 54/4 de la Commission de la condition de la femme sur l’autonomisation économique des femmes. Sur la situation particulière des femmes rurales, il a noté que, dans de nombreux pays de la région, les femmes autochtones contribuaient de manière significative à l’essor des communautés. « Toutefois, de manière générale, les femmes rurales font face à de trop nombreux défis », a-t-il constaté, exhortant la communauté internationale à redoubler d’efforts pour lever les barrières qui freinent encore leur autonomisation.
Mme JANET ZEENAT KARIM (Malawi), au nom du Groupe africain, a affirmé que les droits de la femme africaine bénéficiaient d’une attention accrue depuis l’entrée en vigueur, en 2005, du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique. Elle a indiqué que certaines avancées avaient été réalisées, notamment en matière d’emploi, mais que l’élan nécessaire pour faire avancer le développement en Afrique faisait encore défaut.
La représentante a annoncé qu’afin de renforcer la participation économique des femmes et leur autonomisation, la douzième session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine avait déclaré la décennie 2010-2020 la Décennie de la femme africaine. Elle a expliqué que cette Décennie, qui sera officiellement lancée le 15 octobre 2010, porterait une attention particulière sur la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’autonomisation économique des femmes, ainsi que sur la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation, la lutte contre la violence faite aux femmes, la gouvernance et la protection juridique, la budgétisation sexospécifique et les organisations de jeunes femmes, entre autres. Elle a précisé que le Fonds africain pour les femmes appuierait la mise en œuvre des différentes initiatives lancées en la matière ainsi que les protocoles ratifiés par les États africains.
M. OMBENI SEFUE (République-unie de Tanzanie), s’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a déclaré que les États de la SADC reconnaissaient que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes, la jouissance par les femmes de tous leurs droits fondamentaux et l’élimination de la pauvreté étaient indispensables au développement économique et social et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Ces États réaffirment en outre la nécessité de mettre en œuvre la Déclaration et Programme d’action de Beijing. Les niveaux élevés et disproportionnés de pauvreté parmi les femmes et les filles restent des obstacles importants à l’égalité des sexes.
Les États de l’Afrique australe sont préoccupés par le fait qu’ils ne peuvent atteindre certains des OMD, en particulier les Objectifs nº4 sur la mortalité infantile, nº5 sur la santé maternelle et nº6 sur le VIH/sida, le paludisme et autres maladies. À cet égard, la SADC a développé une stratégie régionale 2006-2015 pour la santé sexuelle reproductive, a poursuivi M. Sefue. Il a rappelé que la SADC avait parrainé, à l’Assemblée générale, la résolution relative au problème de la fistule obstétricale chez les jeunes filles.
Le représentant a espéré que l’ONU-Femmes aurait une forte présence sur le terrain et qu’elle bénéficierait d’un financement adéquat pour exécuter son mandat. Il a fait remarquer que le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) avait été un partenaire essentiel des États de la SADC et de l’unité de parité de la SADC. Tous ces États, qui condamnent la violence contre les femmes sous toutes ses formes, ont préparé un plan national d’action pour éliminer la violence contre les femmes.
Mme CAECILIA J. VAN PESKI (Pays-Bas) s’est félicitée de la création de l’ONU Femmes, en juillet dernier, estimant qu’il s’agissait là d’une avancée historique. Elle a notamment salué les paragraphes de la résolution qui rappellent la nécessité d’une participation de la société civile à cette nouvelle entité. Mme van Peski a raconté qu’elle s’est rendue cet été en Ouganda et en République démocratique du Congo où elle a rencontré des femmes victimes de violences sexuelles et souffrant des conséquences physiques et sociales de ces atrocités comme la contamination au VIH/sida ou l’exclusion. Pourtant, a-t-elle dit, ces femmes ont eu la force de créer des ONG locales ou nationales afin d’améliorer leurs conditions et surmonter le statu quo qui régnait dans leur communauté. En leur nom, la représentante a appelé tous les États Membres à la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de Sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.
Les femmes apportent une contribution unique et considérable à la résolution des conflits mais elles sont encore trop peu souvent invitées à la table des négociations de paix ou sur la reconstruction, tout comme l’on est encore loin de la zone de parité 40-60% dans les processus décisionnels comme le prône le Conseil économique et social. La représentante a appelé la communauté internationale à prendre toutes les mesures nécessaires en faveur de l’autonomisation des femmes et de leur participation à la société sur un pied d’égalité.
M. JEAN-DANIEL VIGNY (Suisse) a affirmé que l’autonomisation des femmes, au sens large, était désormais considérée comme la condition sine qua non pour venir à bout des violations continues des droits des femmes. La Suisse, a-t-il poursuivi, estime que les droits garantis par la Convention sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes et par les autres instruments internationaux de défense des droits fondamentaux devaient faire l’objet de davantage d’attention. Il est indispensable que les gouvernements les inscrivent au nombre de leurs priorités en matière de développement économique et social. Il a ensuite concentré son intervention sur la violence à l’encontre des femmes et sur la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité. Citant les recommandations du Secrétaire général dans son rapport sur l’intensification de l’action menée pour éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes, surtout pour ce qui a trait à la mise en place, ces 10 dernières années, de cadres normatifs par les gouvernements, il a mis l’accent sur l’importance de la prévention de la violence contre les femmes, qu’il a jugée « cruciale ». Sans mesures qui s’attaquent au problème à la racine, la loi elle-même ne constitue qu’une étape vers l’élimination d’un type de violation des droits fondamentaux, a souligné M. Vigny, en citant l’exemple de l’élimination de la pratique de l’excision et celui de la violence domestique dans son pays.
Le représentant a cité quelques mesures importantes qui, à terme, pourraient favoriser l’efficacité de l’application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, notamment celles formulées dans les résolutions 1888 et 1889 sur les femmes la paix et la sécurité. Il a rappelé que, suite à cette dernière résolution, Mme Margot Wallström avait été nommée Représentante spéciale du Secrétaire général et s’était rendue en République démocratique du Congo (RDC), où les violences graves contre les femmes ont mis son nouveau mandat à l’épreuve. Il a salué à cet égard l’ajout d’indicateurs de la santé en matière de sexualité et de procréation des femmes et des filles dans le rapport au Conseil de sécurité du Secrétaire général sur les femmes, la paix et la sécurité. Il a indiqué que son pays avait introduit certains de ces indicateurs dans son plan d’action national révisé pour la mise en œuvre de la résolution 1325.
Mme BARBARA STEFAN (Liechtenstein) a souligné que les statistiques montraient que deux femmes sur trois dans le monde subissaient, durant leur existence, une forme de violence physique de la part de proches. La représentante a précisé qu’elle avait été elle-même victime de cette violence de la part de son époux, lequel a été condamné. Le processus qui a abouti au verdict a pris deux années, y compris un procès en première instance, a-t-elle dit. Selon la représentante, un petit nombre de femmes victimes en parlent et, dans les cas de dénonciation, très peu d’auteurs comparaissent devant la justice. C’est dire à quel point cette violence est partout, banalisée et tolérée, a-t-elle ajouté.
Selon Mme Stefan, il existe un fossé considérable entre les engagements et l’action en matière des droits de l’homme. Elle a indiqué qu’en République démocratique du Congo (RDC), les agressions contre les femmes et les jeunes filles atteignaient des degrés effrayants. L’ampleur et la gravité de la violence sexuelle sont essentiellement le résultat du manque d’accès des femmes à la justice et à l’impunité quasi-totale. Au cours des cinq dernières années, a-t-elle dit, quatre femmes sur cinq ont été violées dans certains villages de la partie orientale de ce pays. Même si la situation en RDC a été déférée devant la Cour pénale internationale (CPI) par ce pays même en mars 2004, il est clair que celle-ci ne dispose pas de la capacité de traiter de tous les crimes commis, a-t-elle estimé. Il importe donc de renforcer le système judiciaire national, en accord avec le principe de complémentarité contenu dans le Statut de Rome, a-t-elle suggéré. « Le moment est venu de passer de la rhétorique à l’action et de mettre sur pied un système global et transparent d’application de l’agenda », a conclu la représentante.
Mme SOHA GENDI (Égypte) a rappelé que son pays avait joué un rôle important dans la négociation et l’adoption de la résolution 64/289, portant création d’ONU-Femmes, « un pas de géant dans le long processus de réforme des Nations Unies ».
Cette année, nous célébrons aussi le dixième anniversaire de la fameuse résolution 1325 du Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix et la sécurité ». À cet égard, la représentante a indiqué que le « Mouvement international des femmes pour la paix Suzanne Mubarak (SMWIPM) » sensibilise aux dangers auxquels les femmes sont exposées dans les conflits armés. L’Égypte est toutefois d’avis que c’est à l’Assemblée générale, et non au Conseil de sécurité, qu’il appartient de suivre la mise en œuvre de la résolution 1325, grâce à ses indicateurs universels. Les méthodes utilisées par le Secrétariat pour résoudre les difficultés relatives à la création de ces indicateurs exigent un examen approfondi, a estimé la représentante.
Le Gouvernement égyptien, a-t-elle poursuivi, s’est lancé dans une politique ambitieuse pour promouvoir l’égalité des sexes, éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, leur fournir les services nécessaires, y compris en matière de santé et d’éducation notamment dans les zones rurales, et pour renforcer leur participation à la vie politique et dans les efforts de développement. En juillet dernier, l’Égypte a adopté une loi pour lutter contre la traite des personnes qui, prévoyant la création d’un fonds social d’aide aux victimes, se trouve être l’une des lois les plus exhaustives du monde arabe pour la protection de la femme et de l’enfant contre ce danger, a expliqué Mme GENDI. « l’Initiative pour l’éducation des filles » joue également un rôle de pionnier dans le monde arabe pour ce qui est de la lutte contre le décrochage scolaire des jeunes filles et à encourager leur éducation.
L’Égypte, a encore indiqué la représentante, accueillera le bureau du Mouvement des non-alignés pour la promotion des femmes en Afrique et dans le monde arabe, ainsi que le Centre pour la promotion des femmes des États membres de l’Organisation de la Conférence islamique.
M. GANG(Chine) a souligné que la crise financière, les troubles sociaux et les catastrophes naturelles ont une incidence directe sur l’émancipation des femmes. Il s’est félicité de la création de l’ONU-Femmes et a espéré qu’elle basera son travail sur la Déclaration et le Programme d’action de Beijing et que, s’agissant de son personnel, elle respectera le principe de la représentation géographique et de la parité. Il a indiqué que comptant près d’1 450 milliard d’habitants dont une bonne partie est composée de femmes, la Chine a mis en place des politiques préférentielles pour assurer la promotion des femmes dans des secteurs de pointe. À la lumière des grandes mutations dans la société chinoise, des aides juridiques et à la formation sont octroyées aux femmes qui sont devenus des forces majeures dans la vie politique. La forme de pensée patriarcale et féodale n’a pas encore tout à fait disparu mais le Gouvernement chinois travaille aux progrès de la société dans son ensemble, a affirmé le représentant.
M. MOHAMMAD ALI AL NSOUR (Jordanie) a indiqué que le système législatif jordanien avait connu des développements extraordinaires ces dernières années, avec, en particulier, le retrait de certaines des réserves faites à la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. La Jordanie a aussi révisé la loi électorale et doublé, de 6 à 12, le quota minimal des sièges réservés aux femmes au sein du Parlement. Il a assuré que son pays continuerait cette tâche afin de permettre à la femme de prendre ses propres décisions sur la base des valeurs culturelles et religieuses du pays. Certaines dispositions du Code de la famille ont été amendées, notamment sur le droit de la femme à demander le divorce sans que cela affecte ses droits économiques qui en découlent, ainsi que sur le droit de garde des enfants. En outre, l’âge du mariage a été élevé à 18 ans au moins pour la fille.
La loi sur la traite des personnes a également été révisée, a poursuivi le représentant. Un comité chargé de la question a adopté une stratégie multidimensionnelle pour lutter contre le trafic des femmes et des enfants. Un centre de refuge pour les victimes de la traite et de la violence domestique a été ouvert et un mécanisme de plainte a également été créé. Le Gouvernement jordanien prend avec beaucoup de sérieux le phénomène des crimes d’honneur et a mis sur pied une cour spéciale à cet égard. La création de l’ONU-Femmes est un grand pas vers le renforcement des organismes d’égalité des sexes et de consolidation de l’architecture onusienne à ce propos, a-t-il encore indiqué. Il a d’autre part souligné que la résolution 1325 du Conseil de sécurité signifiait le refus de voir se répéter les tragédies humaines sciemment dirigées contre les femmes et les enfants dans les conflits armés. Il a dénoncé l’occupation étrangère et ses conséquences engendrant le désespoir. Il a émis l’espoir que l’ONU-Femmes prendrait aussi en compte la situation particulière des femmes sous occupation étrangère.
Mme NAJLA A. H. ABDELRAHMAN (Soudan) a souligné les progrès enregistrés par son pays dans la promotion de la femme. L’État a accordé une place importante aux femmes qui représentent la moitié de sa population. Le Soudan compte 79 femmes juges et 42 femmes diplomates, et des femmes occupant des postes de haut niveau dans les rangs de l’armée et de la police. La femme soudanaise a, en outre, gagné 28 sièges au Parlement cette année, portant à 300 le nombre de femmes au Parlement, « un précédent inégalé dans le monde », a-t-elle assuré.
Le Soudan a créé un plan d’action national pour combattre la violence dirigée contre les femmes et établi une unité de police de proximité pour protéger la femme et l’enfant, a poursuivi la déléguée soudanaise. En outre, le pays a mis au point en 2008 une stratégie pour lutter contre l’excision et amendé le Code pénal pour lutter contre le viol. La femme soudanaise contribuant à hauteur de 80% à l’économie rurale, une circulaire de la Banque centrale permet des microprojets préparés par des femmes. Grâce à la politique d’éducation, le nombre des filles a augmenté à l’école primaire. Dans le domaine de la santé procréative, le Soudan a fourni une assistance médicale prénatale à 43% des femmes. Enfin, a conclu la représentante, le Soudan rejette les projets de sanction et de blocus qui entravent le développement des femmes.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) a estimé que l’expérience et les talents de l’ancienne Présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, lui permettront de donner un élan à la tête de l’ONU-Femmes lors de sa phase initiale. Il a rappelé que son pays avait présenté sa candidature pour siéger au futur conseil d’administration de cette entité. Dans le cadre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, il a présenté six rapports nationaux, dont un très récent. Le Gouvernement a créé une Commission nationale de prévention de la violence à l’égard des femmes ainsi qu’une loi de prévention et de sanction de la traite des personnes. Le Mexique et la Colombie ont présenté une résolution qui a fait porter la création, par le Conseil des droits de l’homme, d’un Groupe d’experts sur la violence à l’égard des femmes.
Le représentant a particulièrement dénoncé les nombreux défis et problèmes auxquels étaient confrontées les femmes et les filles de par le monde et a exhorté à accorder une attention urgente aux situations où se perpétue la violence sexuelle contre les femmes et les enfants dans les conflits. Les femmes sont des acteurs importants dans la prévention et la résolution des conflits et représentent le moteur de la reconstruction. Bien que les femmes et les enfants soient les principales victimes de la violence, elles ont, en elles, une force et un courage tels qu’elles deviennent des agents de changement dans leurs communautés et promeuvent à la réconciliation nationale, a-t-il constaté. Les femmes sont une partie de la solution aux problèmes structurels et aux conflits, mais le fait qu’il n’y ait pas de mécanismes effectifs et d’instruments pour garantir leur participation perpétue les inégalités et la spirale de la violence, tout en retardant la solution même des conflits. La participation des femmes est fondamentale pour arriver à des sociétés plus stables, plus prospères et plus démocratiques, a-t-il conclu.
Mme LISANDRA ASTIASARÁN ARIAS (Cuba) a jugé la féminisation croissante de la pauvreté dans le monde « gravement préoccupante ». Les pays en développement font face à plusieurs obstacles dans la réalisation du Programme d’action de Beijing et des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Elle a souligné qu’il n’y aurait pas de progrès dans l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sans développement durable et sans un ordre international juste et équitable. La représentante a réaffirmé que le blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba constituait « un acte de génocide et la principale forme de violence dont souffrent les femmes et les filles cubaines ».
Cuba œuvre pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes depuis longtemps, a-t-elle dit. Les femmes cubaines ont à la naissance une espérance de vie de plus de 79 ans. Elles représentent 67% des diplômés universitaires, 65,7% des professionnels et des techniciens, plus de 70% des professionnels de la santé et de l’éducation et 56% des juges. Les femmes cubaines représentent également 43,32% des membres du Parlement, a ajouté la représentante.
Mme AL HAJERI(Bahreïn) a affirmé que le développement ne pouvait être réalisé sans l’autonomisation des femmes. Bahreïn a fait de l’autonomisation des femmes l’une de ses priorités en tenant compte des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-elle ajouté. Le processus de réforme lancé dans le royaume se concentre sur la parité et l’autonomisation des femmes.
La Reine a toujours voulu appuyer la candidature des femmes au Parlement, qui se prépare à de nouvelles élections ce mois-ci, et leur accès à des postes clés, a ajouté la représentante. Le Haut Conseil des femmes présidé par le Roi est le point de référence pour les politiques de protection des femmes dans la société. Le Bahreïn est arrivé à l’égalité dans le primaire où il y a plus de filles que de garçons, a précisé la représentante.
Mme DANA KURSH (Israël) a déclaré que cette année incitait à l’optimisme, surtout depuis la création de l’ONU-Femmes. Elle a félicité Mme Michelle Bachelet, nommée à la tête de cette entité, et a formé l’espoir que la fusion des quatre institutions qui la constituent favorisera plus de coordination et d’efficacité dans les activités liées aux femmes dans le système des Nations Unies. Elle a aussi rappelé les dates clefs de deux jalons importants en matière de parité et de violence sexuelle dans les conflits, avec la célébration cette année du dixième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité et du quinzième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.
L’augmentation de recrues femmes au sein des forces de police au Liberia, par exemple, a été inspirée par le déploiement d’une unité entièrement composée de femmes policiers de l’Inde par la Mission des Nations Unies dans ce pays. La représentante a ensuite procédé à une description de divers exemples de coopération entre son pays et d’autres en matière de développement.
M. ALAN COELHO DE SELLOS (Brésil) a déclaré que l’année 2010 avait été de bon augure pour les femmes et les filles. À la cinquante-quatrième session de la Commission de la condition de la femme, celle-ci a identifié les domaines qui nécessitaient davantage d’efforts et a jeté les bases de la création de l’ONU-Femmes, a-t-il rappelé. En juillet dernier, le Brésil a accueilli la Conférence régionale sur les femmes d’Amérique latine et des Caraïbes qui a adopté un document contenant la marche à suivre pour accroître la participation des femmes dans l’exercice du pouvoir, améliorer leur accès aux nouvelles technologies et faire respecter leurs droits à tous les niveaux.
Le représentant a souligné que son pays avait atteint plusieurs Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avant la date butoir, en particulier par le biais du Programme « Bolsa familia » qui donne une certaine autonomie à la femme et garantit la scolarisation des enfants ainsi que leur nourriture au moins une fois par jour. L’élimination de stéréotypes a aussi été au centre d’un programme destiné aux écoles publiques visant à éliminer les images négatives des hommes et des femmes qui existent dans la salle de classe et, d’une manière plus générale, dans la vie publique. Il a mis en exergue le rôle d’une politique de planification familiale positive. Pour faire face à la féminisation du VIH/sida, le Brésil a en particulier fait campagne en vue de l’utilisation du préservatif féminin. Le délégué a en outre souhaité que l’ONU-Femmes soit fortement représentée sur le terrain et dispose des ressources financières nécessaires pour s’acquitter de sa tâche.
DOCUMENTATION
Rapport du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (A/65/38)
Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, créé en application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979), transmet à l’Assemblée générale les rapports sur les travaux de sa quarante-quatrième session qui s’est tenue du 20 juillet au 7 août 2009, au Siège de l’ONU, et de sa quarante-cinquième session, qui s’est tenue du 18 janvier au 5 février 2010, à l’Office des Nations Unies à Genève.
Au 7 août 2009, 186 États étaient parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, entrée en vigueur en 1981. À la même date, 97 États étaient parties au Protocole facultatif se rapportant à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1999).
Rapport du Secrétaire général sur les mesures prises et progrès réalisés dans le suivi de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/65/204)
L’année 2010 marque le quinzième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, tenue à Beijing, en 1995, que l’Assemblée générale a célébré en organisant une cérémonie de commémoration le 2 mars 2010. Le Secrétaire général, dans ce rapport, évalue les progrès accomplis par les organes intergouvernementaux dans l’intégration d’une démarche sexospécifique et des recommandations portant sur de nouvelles mesures visant à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes.
Des progrès importants ont été réalisés dans la formulation de politiques aux niveaux mondial, régional et national et l’amélioration de l’accès des femmes et des filles à l’éducation à tous les niveaux, est-il stipulé dans le rapport, qui indique également que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a servi de cadre à l’action menée en vue de la promotion des droits fondamentaux des femmes.
Des disparités subsistent néanmoins, en raison de facteurs tels que l’âge, la situation économique, l’origine ethnique ou les handicaps, est-il souligné.
Le Secrétaire général explique que la création de la nouvelle entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, l’ONU-Femmes, par l’Assemblée générale en juillet 2010, marque une étape importante. Cette entité s’attachera à l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et des filles et à la réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes en tant que partenaires et bénéficiaires, qu’il s’agisse du développement, des droits de l’homme, de l’action humanitaire ou de la paix et de la sécurité.
Rapport du Secrétaire général sur l’intensification de l’action menée pour éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes (A/65/208)
Le Secrétaire général, dans ce rapport, donne un aperçu des mesures communiquées par les États Membres en vue de l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes, notamment en ce qui concerne lesinstruments internationaux, la législation et le système de justice pénale, les stratégies, plans d’action et dispositifs nationaux de coordination.
Il présente aussi les mesures de prévention, de sensibilisation et de renforcement des capacités, la protection, l’assistance et les services en faveur des victimes, la poursuite et la pénalisation des auteurs ainsi que la collecte et l’analyse de données.
Au 27 mai 2010, 54 États Membres avaient donné suite à la demande d’information du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 63/155 de l’Assemblée générale sur l’intensification de l’action menée pour éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes.
Le Secrétaire général relève en particulier une tendance notable qui réside dans l’adoption de lois sur la répression de pratiques nocives. Le Cameroun, Djibouti, l’Islande et la Norvège ont ainsi adopté, ou sont en passe d’adopter, des lois sur l’interdiction des mutilations génitales féminines. L’Islande a renforcé les sanctions contre les circonstances aggravantes dans les mutilations génitales féminines, et la République arabe syrienne a abrogé la défense des crimes d’honneur dans son Code pénal.
Dans ce pays ainsi qu’à Bahreïn, au Mexique, au Paraguay et en République dominicaine, les journalistes ont bénéficié d’une formation à la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Des commissions et organes spéciaux chargés de suivre les conséquences des stéréotypes sexistes sur la violence à l’égard des femmes dans les médias ont également été mis en place en Espagne et en France.
Le Secrétaire général conclut que l’application de toutes les mesures prises, notamment l’accès à des ressources adéquates, conjuguée au suivi et à l’évaluation des conséquences de ces mesures, doit constituer l’axe principal des activités futures. Il recommande aux États de veiller à ce que le personnel chargé du maintien de l’ordre, le personnel judiciaire et d’autres personnels compétents soient systématiquement formés à la lutte contre la violence à l’égard des femmes et que les processus et procédures de justice pénale tiennent compte des sexospécificités et qu’ils protègent les droits des victimes et renforcent leur sécurité.
Rapport du Secrétaire général intitulé la « traite des femmes et des filles » (A/65/209)
Le Secrétaire général recense, dans ce rapport, les interventions et les stratégies ayant donné de bons résultats dans le traitement sexospécifique du problème de la traite des personnes, ainsi que les lacunes à combler.
Il y formule des recommandations quant aux moyens de renforcer les démarches adaptées au sexe et à l’âge des victimes dans les différents volets de l’action contre la traite des personnes, en particulier celle des femmes et des filles, qui demeure une question peu étudiée. Le rapport a été établi à partir des renseignements communiqués par 55 États Membres (au 27 mai 2010), les entités du système des Nations Unies et d’autres organisations.
D’autre part, 11 entités du système des Nations Unies, dont l’Initiative mondiale des Nations Unies contre la traite des personnes (UN.GIFT), facilitée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), avaient répondu à la demande d’informations du Secrétaire général.
La ratification des instruments internationaux, la consolidation des cadres juridiques et politiques, la coordination accrue des interventions et la coopération avec les différentes parties prenantes, figurent parmi les mesures prises. La prévention, la criminalisation des auteurs et l’assistance et la protection des victimes et des survivantes font également partie des efforts déployés aux niveaux national, régional et international.
L’engagement politique à tous les niveaux est essentiel dans la lutte contre la traite des femmes et des filles, est-il souligné.
L’action future devrait en priorité garantir l’adoption par toutes les parties prenantes d’une approche globale, coordonnée, cohérente et soucieuse d’équité entre les sexes, préconise le Secrétaire général en conclusion. Il considère également d’une importance cruciale la création de partenariats stratégiques entre acteurs gouvernementaux, organisations non gouvernementales, secteur privé et autres parties prenantes.
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