Troisième Commission: les États dénoncent les effets néfastes de la criminalité transnationale organisée sur le développement durable
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Troisième Commission
7e séance-matin
TROISIÈME COMMISSION: LES ÉTATS DÉNONCENT LES EFFETS NÉFASTES DE LA CRIMINALITÉ TRANSNATIONALE ORGANISÉE SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Plusieurs délégations réaffirment l’importance de contrer les nouvelles routes du trafic de drogues
En dépit des progrès réalisés dans toutes les régions du monde, le problème de la drogue reste une grave menace à la sécurité et à la stabilité qui nécessite une action collective, ont souligné les différentes délégations qui clôturaient, ce matin, le débat général de la Troisième Commission sur la prévention du crime et justice pénale et sur le contrôle international des drogues.
Les pays d’Amérique latine ont mis en exergue les succès enregistrés dans la lutte contre les trafiquants, tout en expliquant que la région subissait depuis longtemps les conséquences tragiques des activités criminelles liées au trafic de substances illicites et des barons de la drogue.
Le Venezuela, embarqué dans une politique de « lutte ouverte et frontale contre le trafic international des stupéfiants », a pointé du doigt les menaces nouvelles auxquelles il fait face dans cette lutte « souveraine » contre la criminalité, en particulier les moyens hautement sophistiqués dont se sont dotés les trafiquants.
Aux prises depuis plus de 30 années avec les magnats du trafic de stupéfiants, la Colombie, qui a 2 219 kilomètres de frontière commune avec le Venezuela, a fait part de la baisse récente de sa production, qui ne lui vaut plus désormais le titre de plus grand producteur mondial de cocaïne.
Son ambassadrice a attribué ce résultat aux efforts du Gouvernement qui a mené des opérations de pulvérisation, d’élimination à la main, de contrôle chimique, ainsi que des projets de développement alternatifs.
Elle a, en revanche, relevé que l’efficacité des efforts nationaux était limitée par un « manque de coopération de la part des autres États, alors qu’il existe une responsabilité partagée en ce qui concerne la prévention des réseaux criminels ».
Le représentant d’El Salvador s’est longuement arrêté sur le phénomène des bandes organisées « Maras » dans son pays et a mis en garde contre leur prolifération potentielle à l’échelle mondiale. La carte de la migration correspond à la carte du crime à grande échelle, du blanchiment d’argent, du trafic de drogues et des êtres humains, a-t-il fait remarquer.
Il existe, selon le délégué salvadorien, « un prisme que la communauté internationale n’a pas abordé jusqu’à présent, à savoir le lien extrêmement sophistiqué et pervers qui peut s’établir entre la criminalité et la migration internationale ».
L’observatrice de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a, elle, constaté que depuis les attentats du 11 septembre, les migrations étaient devenues une question de sécurité et que les mesures antiterroristes étaient souvent liées aux politiques d’immigration.
Plusieurs pays africains ont exprimé leur préoccupation face aux nouvelles routes du trafic de drogues en Afrique. L’Éthiopie, située au carrefour de l’Afrique et du Moyen-Orient, a souligné sa vulnérabilité à cet égard, tandis que le Nigéria a marqué sa volonté de ne pas être « une plaque tournante pour les barons de la drogue ». L’Afrique du Sud et le Maroc ont, quant à eux, reconnu que la culture de cannabis posait un problème particulier sur le continent.
En Asie, en République démocratique populaire lao, par exemple, avec un prix moyen de 1 300 dollars par kilo d’opium, la « culture du pavot peut être très tentante pour les agriculteurs », a observé le représentant de ce pays, qui a mis l’accent sur le lien étroit entre la production d’opium, la toxicodépendance et la pauvreté.
Le Myanmar, affichant son engagement ferme dans la lutte contre la drogue et évoquant sa politique de coopération régionale, qui implique la Chine, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la Thaïlande, le Cambodge, le Viet Nam et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), a proposé que soient élargis le soutien et l’assistance de la communauté internationale « pour aller plus loin dans l’éradication ».
La pêche illégale, le trafic international de biens forestiers, d’animaux, de plantes et d’autres ressources biologiques ont été cités par l’Indonésie parmi des activités délictueuses qu’il serait opportun d’inclure également sur la liste des questions émergentes identifiées par la communauté internationale dans le cadre de la criminalité transnationale organisée. « Ces activités contribuent aussi à entraver les efforts mondiaux vers la réalisation de la justice sociale et l’élimination de la pauvreté », a estimé son représentant.
Les drogues ont une incidence négative sur l’environnement, avec la déforestation et l’appauvrissement des sols, a également noté son homologue du Pérou, qui a insisté sur la prévention et l’élaboration de projets de développement alternatifs.
La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, reprendra ses travaux le lundi 11 octobre, à 10 heures, dans la salle de conférence 1. Elle procédera à l’examen des questions relatives à la promotion de la femme, qui sera introduit par la Secrétaire générale adjointe nommée à la tête de la nouvelle entité « ONU-Femmes », Mme Michelle Bachelet.
PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE (A/65/114, E/2010/30 (Supp.10), A/65/91, A/65/116, A/65/113, A/65/92, A/65/89, A/C.3/65/L.2, A/C.3/65/L.4, A/C.3/65/L.5 ET A/C.3/65/L.6)
CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES (A/65/93, A/65/89 ET A/C.3/65/L.3)
Suite et fin du débat général
M. K.C. VENUGOPAL (Inde) a estimé que l’élément central du contrôle de drogues était l’élaboration de stratégies de réduction de l’offre. Il a notamment prôné la création de programmes alternatifs de développement durable pour les cultivateurs, le développement économique des régions concernées, ainsi que des mesures de sensibilisation sur les effets adverses de la consommation de drogues, à l’intention des jeunes notamment. Après avoir passé en revue les efforts déployés par l’Inde en matière de prévention de l’alcoolisme et d’abus de drogues, le représentant a affirmé que la lutte contre la menace que posaient les drogues illicites exigeait l’adoption par les États Membres d’une démarche cohérente, équilibrée et intégrée.
S’agissant du terrorisme, M. Venugopal a engagé les États Membres à donner un élan politique pour voir aboutir l’adoption de la convention générale sur le terrorisme international. Il a également insisté sur la nécessité de renforcer la coopération bilatérale, régionale et internationale afin de développer des stratégies de lutte contre la menace du « réseau tenace » de financement du terrorisme qui relie les mafias de la drogue, les trafiquants d’armes et les blanchisseurs d’argent. À l’instar du représentant de la Jamaïque, il a appelé l’UNODC à revenir sur sa décision de fermer son bureau régional de la Barbade. Le représentant a ensuite annoncé que l’Inde avait décidé de ratifier la Convention contre la criminalité transnationale organisée et ses trois Protocoles. M. Venugopal a par ailleurs estimé que davantage d’attention devait être accordée à la criminalité cybernétique, à la fraude économique et éducative ainsi qu’aux crimes liés à l’identité.
Mme KANIKA PHOMMACHANHRépublique démocratique populaire lao) a rappelé que son pays avait déclaré en 2006 que la culture du pavot avait diminué de 90%. Toutefois, elle a connu en 2009 une hausse inquiétante de 19% par rapport à 2008. Avec un prix moyen de 1 300 dollars par kilo d’opium, la culture du pavot peut être très tentante pour les agriculteurs. Parallèlement, le trafic de l’héroïne et des amphétamines ou assimilés a crû de manière alarmante, ce qui veut dire davantage de consommateurs.
Dans la République démocratique populaire lao, la production d’opium, la toxicodépendance et la pauvreté sont étroitement liées. « Nous restons une plaque tournante vers d’autres pays », a déploré Mme Phommachanh. Pour lutter contre ce phénomène, un comité directeur du contrôle des drogues a été créé sous l’égide du Premier Ministre. Le Gouvernement a en outre mis au point un Plan quinquennal 2019-2013 de 72 millions de dollars pour le contrôle des drogues, qui s’intègre dans son plan de développement socioéconomique 2011-2015.
M. CARLOS ENRIQUE GARCÍA GONZÁLEZ (El Salvador) a déclaré que son pays accordait une importance particulière à la question de la prévention du crime et à la justice pénale car elle était étroitement liée à l’un des défis majeurs auxquels la région de l’Amérique latine et des Caraïbes en général, et la société salvadorienne, en particulier, étaient confrontées, notamment la violence issue des activités illégales de la criminalité transnationale organisée, le narcotrafic et les activités des bandes organisées dites « Maras ». Le massacre récent de 72 candidats à la migration, dont 14 Salvadoriens d’ores et déjà identifiés, à Tamaulipas, au Mexique, montre clairement la cruauté et la lâcheté avec lesquelles opèrent les groupes criminels au service des cartels de drogues et du trafic illite d’armes et de personnes, a-t-il dit. Ce massacre ignominieux dévoile également un prisme que la communauté internationale n’avait pas abordé jusqu’à présent, à savoir le lien extrêmement sophistiqué et pervers qui peut s’établir entre la criminalité et la migration internationale, surtout dans une région extrêmement vulnérable comme l’Amérique centrale.
Le représentant a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle trouve des solutions efficaces et durables visant à lutter contre ce fléau qui fait son lit au sein de populations très vulnérables en raison de leur pauvreté extrême. Les bandes organisées ne se limitent pas à l’Amérique latine, a-t-il prévenu en précisant qu’elles pouvaient s’étendre à d’autres régions et au monde entier comme la tendance actuelle le montre. Citant le Président salvadorien, il a fait remarquer que la carte de la migration correspondait à la carte du crime à grande échelle, du blanchiment d’argent, du trafic de drogues et de personnes. La Convention contre la criminalité transnationale organisée constitue un cadre très important et ne devrait pas rester un puits sans fonds, a-t-il estimé. Il faut des actions politiques très courageuses pour faire face à ces questions fortement imbriquées, et ce avec l’appui technique de l’ONU. Il a dit sa gratitude aux pays donateurs qui offrent des financements et de l’aide pour appuyer les efforts d’El Salvador dans sa lutte contre les activités illicites des mafias du trafic.
M. GHAFOOR MOHAMED (Maldives) a souligné que son pays, qui a entrepris sa transition vers la démocratie il y a deux ans, vit une dangereuse période d’instabilité. La corruption entrave ses efforts pour corriger les erreurs du passé et ne fait que retarder l’évolution des institutions qui sont là pour servir et protéger le peuple. Les Maldives sont devenues partie à la Convention contre la corruption en 2007.
M. Mohamed a regretté que son pays ait été mis sur le deuxième niveau de la liste rouge sur la traite des êtres humains publiée par les États-Unis. Pour remédier à cet affront fait à la dignité humaine, les Maldives ont amélioré la formation de la police et une commission des droits de l’homme indépendante contient des recommandations. Le Gouvernement n’a pas les ressources pour mener des enquêtes et aider les victimes mais il souhaite renforcer ses capacités. Par ailleurs, il a déployé des mesures pour identifier et traiter les sources d’abus de drogues au niveau national et mis au point un plan de contrôle des drogues en 2006, grâce à l’aide des partenaires des Nations Unies.
M. GRUM ABAY (Éthiopie) a affirmé que l’abus des drogues avait un effet nuisible sur la vie et le développement des jeunes. Il est de l’obligation des États Membres de trouver des solutions, de mettre en place l’infrastructure adéquate et de former les ressources humaines nécessaires pour faire face à la criminalité transnationale organisée. Comme l’Éthiopie jouit d’une position géographique stratégique dans la corne de l’Afrique et se situe au carrefour de l’Afrique et du Proche-Orient, elle est hautement vulnérable au trafic des stupéfiants, a-t-il dit. Le problème est aggravé par le fait qu’Addis-Abeba sert de nœud de transit à travers son aéroport. Le Gouvernement a donc mis en place une politique nationale de dissuasion de la consommation et promulgué des lois contre le stockage, la distribution et la vente des drogues.
Le représentant a également remercié l’UNODC pour son assistance technique et la conception du plan national de contrôle et de prévention de l’abus des drogues 2010-2014. Un comité national interministériel de coordination a été lancé en mai, a-t-il dit. Il a jugé impératif de redoubler d’efforts pour œuvrer collectivement à l’élimination de ce fléau mondial qui exige, selon lui, une collaboration plus étroite ainsi qu’un engagement ferme des gouvernements, des organisations internationales, des sociétés civiles et des populations en général.
M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) a estimé que les résultats obtenus dans la réduction des cultures illicites devaient encourager à aller plus loin. La drogue est un problème névralgique qui met à mal la stabilité socioéconomique et politique et le développement durable des pays. La drogue est associée à d’autres crimes, tels que le terrorisme ou le blanchiment d’argent, qui vont à l’encontre des droits des peuples. Elle a en outre une incidence négative sur l’environnement avec la déforestation et l’appauvrissement des sols. La Stratégie nationale de lutte contre les drogues 2007-2011 du Pérou favorise une approche sur plusieurs fronts, a-t-il expliqué. Parallèlement à l’éradication des cultures, il faut, selon lui, mettre l’accent sur la prévention et sur des projets de développement alternatif. En 2009, 3 849 hectares de culture de feuilles de coca ont été arrachés, 84 laboratoires de cocaïne ont été détruits et 7 276 personnes ont été arrêtées pour possession ou usage illicite de drogues, a ajouté M. Gutiérrez.
Le représentant a mis l’accent sur le besoin d’élever le niveau de la coopération internationale qui, hélas, diminue depuis ces dernières années. Le crime de trafic illicite, de production et de consommation de drogues dépasse les capacités d’intervention de l’État, a-t-il dit. L’une des clefs du succès sera, selon lui, l’échange d’informations et l’intelligence sur le plan international. Le Secrétaire général lui-même souligne dans son rapport la nécessité d’offrir davantage d’assistance au développement aux pays vulnérables au problème, car les trafiquants profitent de l’instabilité, de la pauvreté et de la corruption pour fonctionner. Il a demandé à l’UNODC de travailler à un rapport avec des chiffres sur le niveau de coopération internationale dans la lutte contre les drogues.
Mme ALYA AHMED S. AL-THANI (Qatar) a énuméré les différentes initiatives prises par son pays face au phénomème de la traite des personnes. A ainsi été mis en place un Bureau national de lutte contre ce fléau, lequel est en passe de devenir un bureau régional au profit du monde arabe. Pour ce qui est de la lutte contre le trafic des stupéfiants, le pays a lancé une stratégie responsabilisant davantage les institutions étatiques.
M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) a considéré que le narcotrafic était une activité criminelle aux conséquences tragiques. Il génère des millions de dollars de profit pour les cartels de drogues d’une part, et détruit, d’autre part, physiquement et moralement des millions d’êtres humains. Le Venezuela est devenu une référence mondiale dans sa stratégie et politique de lutte, ouverte et frontale, contre le trafic international des stupéfiants, a-t-il dit. Il a été démontré que ses politiques souveraines antidrogues avaient été couronnées de succès. La frontière commune avec la Colombie de 2 219 kilomètres constitue un défi immense pour son pays dans le contexte des politiques de lutte contre le trafic des stupéfiants. Le Gouvernement prend des mesures audacieuses pour que son territoire ne serve pas de sanctuaire aux puissants cartels de drogues dans leur trafic illicite à destination de leurs principaux marchés, les États-Unis et l’Europe, d’où provient la principale demande mondiale en matière de stupéfiants, a-t-il expliqué.
Le représentant a souligné que le Venezuela connaissait des menaces nouvelles avec l’utilisation de moyens très sophistiqués pour le transport de drogues, par exemple les « embarcations semi-submersibles » qui peuvent transporter jusqu’à 10 tonnes de cocaïne sans être détectées par un radar. Le Venezuela est aussi le quatrième pays au monde en termes de saisie de drogues. D’autre part, le pays a dépassé les normes internationales agréées pour la poursuite et les sentences des auteurs de crimes organisés. Ainsi, à la date de septembre 2010, 16 barons de la drogue ont été arrêtés et immédiatement extradés vers leurs pays, notamment aux États-Unis, en Colombie et en Europe. Il a par ailleurs dénoncé les activités d’espionnage de l’agence américaine antidrogue (DEA), laquelle, a-t-il dit, utilise des moyens d’interception téléphonique pour appuyer les efforts déstabilisateurs des secteurs antidémocratiques au Venezuela.
M. WAHEED ABDULWAHAB AHMED AL-SHAMI (Yémen) a estimé que la corruption constituait un fléau qui menaçait dangereusement les sociétés. C’est pour cela, a-t-il dit, que le Yémen a fait figure de pionnier en, ratifiant, dès 2005, la Convention contre la corruption. Le pays a créé une agence et une stratégie nationales pour combattre la corruption et organisé, à Sana, en juillet dernier, la deuxième Conférence régionale du réseau arabe pour combattre la corruption.
Le Yémen a aussi ratifié un grand nombre d’instruments pertinents pour faire face au crime organisé. Il a arrêté et traduit en justice des trafiquants de stupéfiants. Le représentant a ajouté que, pour son pays, la traite des êtres humains était « un crime odieux ». Des mesures préventives ont été prises et des campagnes de sensibilisation organisées pour le combattre. Le Yémen croit que la meilleure façon de faire face à ce problème est de traiter ses causes profondes comme la pauvreté, la guerre et le chômage. Quant au terrorisme, il s’agit d’un « fléau international qui n’a ni foi ni patrie ». Les services de sécurité yéménites ont remporté d’importantes victoires en appréhendant des éléments terroristes et en déjouant des complots, a souligné le représentant.
M. AGUS SARDJANA (Indonésie) a recommandé, au cours de cet examen, d’identifier plus précisément les grandes questions émergentes comme la cybercriminalité, l’usurpation de biens culturels, qui sont, a-t-il dit, des activités délictueuses étroitement liées à la criminalité internationale organisée. Il a suggéré d’ajouter à cette liste d’autres problèmes comme les activités criminelles ayant un impact sur l’environnement et préjudiciables à l’écosystème. Ces activités contribuent aussi à entraver les efforts mondiaux vers la réalisation de la justice sociale et l’élimination de la pauvreté. Elles incluent la pêche illégale, le trafic international des biens forestiers, des animaux, des plantes et d’autres ressources biologiques. Ces activités sont dangereuses pour l’environnement et l’espèce humaine en particulier, a-t-il insisté, en recommandant l’application de la Déclaration de Salvador adoptée par le douzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et justice pénale. Il a ensuite décrit les mesures prises par le Gouvernement indonésien en vue de lutter contre la criminalité transnationale organisée dans ses différentes manifestations, y compris contre la corruption qui demeure une des grandes priorités du Gouvernement indonésien.
Le représentant a exhorté à bénéficier de l’échange d’informations et des meilleures pratiques entre pays et régions, avant de se féliciter des efforts internationaux contre la traite de personnes et de l’adoption du Plan d’action mondial des Nations Unies contre la traite de personnes, adopté fin juillet à New York. En tant que pays qui a été très gravement affecté par les actes terroristes, l’Indonésie reste au front du combat contre ce phénomène. La lutte doit se faire dans le plein respect des droits de l’homme et du droit international, a-t-il affirmé. Il faut davantage de coopération régionale pour contrecarrer les activités terroristes à caractère transnational et le Centre de recueil des données de Jakarta est un outil important à cet égard, a-t-il expliqué. S’agissant de la drogue, il a jugé important de donner des possibilités de substitution tant aux anciens trafiquants qu’aux toxicomanes.
M. AHMADU GIADE, Directeur exécutif de l’Agence nationale de contrôle des drogues du Nigéria, a fait valoir que la lutte contre la drogue constituait l’un des premiers programmes du Gouvernement nigérian. Le Nigéria a ainsi réussi à se faire rayer de la liste des principaux pays producteurs établie par plusieurs pays, dont les États-Unis. Ses efforts illustrent sa « volonté de ne pas être une plaque tournante pour les barons de la drogue », a dit M. Giade. Le fait que le cannabis soit devenu la culture numéro un pour beaucoup d’agriculteurs a, en outre, des conséquences évidentes sur la sécurité alimentaire de ce pays. La prise de conscience publique du danger que représente la drogue est un travail mené par l’Agence de contrôle des drogues du Nigéria, a poursuivi son Directeur exécutif. Une autre agence nationale complémentaire s’occupe du problème de l’abus de drogues, notamment chimiques, et procède à des contrôles pour surveiller la demande et faire en sorte que l’utilisation des médicaments n’aille pas dans le sens d’une utilisation illicite.
M. Giade a fait remarquer qu’aucun pays ne pourrait mener seul la lutte contre la drogue, indépendamment de ses richesses. Il a insisté sur l’importance d’échanger des données et d’organiser des programmes d’information. La coopération régionale, au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en particulier, représente un avantage comparatif pour les agences nationales pour déloger les trafiquants, a-t-il ajouté citant en exemple le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest.
M. XOLISA MABHONGO (Afrique du Sud) a indiqué que son gouvernement avait adopté une série de mesures pour s’attaquer à la criminalité et à la corruption, notamment par le biais de partenariats avec la société civile et le monde des affaires. En outre, avec d’autres membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), le Gouvernement met en œuvre des programmes sous-régionaux de lutte contre la criminalité. M. Mabhongo a notamment cité la coopération policière menée sous l’égide de l’Organisation de coopération régionale des chefs de police de l’Afrique australe. Conscient des défis posés par la criminalité transnationale organisée, il a émis l’espoir que la communauté internationale parviendrait à un engagement politique plus fort lors de la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, qui se tiendra à Vienne du 18 au 22 octobre prochain. Il a aussi souhaité que l’Assemblée générale prenne des mesures par rapport aux résultats du douzième Congrès des Nations Unies sur ce sujet, qui s’est tenu au Brésil en avril dernier, et qui a identifié des domaines d’action comme la cybercriminalité et les crimes qui affectent l’environnement.
Le représentant a ensuite appelé tous les pays à jouer leur rôle dans la lutte contre ces problèmes, tant ceux qui produisent la drogue que les pays de transit et les pays de destination. Il a, à cet égard, soutenu les travaux menés par l’UNODC et appelé à augmenter ses ressources financières et autres. Au niveau de l’Afrique du Sud, ce sont le cannabis et la cocaïne qui posent le plus de problèmes, au niveau de la consommation et de la contrebande vers d’autres pays, a expliqué M. Mabhongo, avant de mentionner les programmes suivis pour y remédier qui visent en particulier les jeunes.
Mme MARINA IVANOVIĆ (Serbie) a affirmé que l’accord bilatéral signé en juin dernier entre son pays et la Croatie sur l’extradition de personnes coupables de crime organisé ou de corruption représentait un pas en avant dans la lutte contre la criminalité organisée dans la région. Elle a exprimé le souhait de son pays de signer d’autres accords avec des pays de la région afin que les frontières nationales ne servent pas de havre pour les criminels. Elle a évoqué une Conférence ministérielle qui a eu lieu il y a deux jours à Belgrade sur la coopération régionale pour mieux lutter contre la criminalité transnationale organisée en Europe du Sud. Au cours de celle-ci, a-t-elle dit, les participants ont partagé leurs expériences et ont discuté de l’idée de mandats d’arrêt régionaux afin de faciliter les arrestations et le jugement des auteurs de crimes en rapport avec la drogue, la traite des personnes et les migrations illégales.
Neuf pays ont signé un mémorandum de coopération dans la lutte contre la criminalité organisée à l’issue de la Conférence, a-t-elle expliqué. Ce mémorandum contient des dispositions concernant la prévention, l’échange d’information, la conduite d’enquêtes par des équipes conjointes et l’harmonisation des législations des pays de la région. La représentante a enfin considéré que le nouveau Plan mondial de lutte contre la traite des personnes représentait un instrument supplémentaire dans la lutte contre ce crime grave. Elle a indiqué qu’en avril 2009, son gouvernement avait adopté une Stratégie contre les migrations illégales pour la période 2009-2014, assortie d’un plan d’action éponyme.
M. MUBARAK MOHAMMED (Émirats arabes unis) a souligné que les États devaient respecter les résolutions et décisions de l’ONU, du Conseil économique et social (ECOSOC) et d’autres grandes conférences et apporter leur plein appui à l’UNODC. Les Émirats arabes unis n’ont pas épargné d’efforts dans ce sens, notamment par la ratification de la Convention sur la criminalité transnationale organisée et ses Protocoles facultatifs. En tant que membre du Groupe d’amis unis contre la traite des êtres humains, les Émirats arabes unis ont activement participé au processus préparatoire qui a permis à l’Assemblée générale d’adopter par consensus un Plan d’action mondial pour la lutte contre la traite des personnes.
Le représentant a indiqué que son pays avait fondé sa politique dans ce domaine sur quatre axes majeurs et créé une Commission nationale qui traite du problème sous tous ses angles. La Commission aide les autorités compétentes à formuler les mesures et programmes dans cette optique. Elle contribue à la sensibilisation du personnel des organismes publics et de la population en général et veille à la formation du personnel s’occupant des victimes, en particulier de la thérapie psychologique. Les Émirats arabes unis ont d’autre part conclu une série de mémorandums d’entente avec d’autres pays contre le blanchiment des capitaux. Dans la lutte contre la drogue, un plan national a aidé à réduire la demande, à traiter les nombreux toxicomanes et aider à la réhabilitation. Les prisons ont également été décrétées centres de réforme. Il a enfin appelé les États à appuyer les efforts collectifs déployés par les Nations Unies aux fins du renforcement de la coopération internationale dans ce domaine.
M. SULJUK MUSTANSAR TARAR (Pakistan) a affirmé que dans les pays en développement, la criminalité tirait son origine des environnements les plus pauvres et moins privilégiés du point de vue socioéconomique. Les conditions de pauvreté, de chômage et la faiblesse du contexte socioéconomique sont des catalyseurs de la criminalité organisée locale et internationale, a-t-il dit. Leurs partenaires dans les pays développés exploitent l’accès aux technologies de pointe et des ressources disponibles, a-t-il ajouté, mettant l’accent sur le fait que la demande accrue en matière de drogues, de main-d’œuvre de bon marché et de transfert illégal de capitaux dans le monde développé, avait donné lieu à un accroissement de l’approvisionnement à partir des pays en développement. Le problème international des drogues nécessite une coopération internationale efficace et renforcée, a-t-il estimé.
Le représentant a indiqué que son pays avait appliqué une politique à plusieurs volets incluant en particulier des mesures d’application strictes des lois et des plans alternatifs de développement, qui a permis l’élimination des cultures illicites de drogues. Il a rappelé que le Pakistan participait à la Stratégie arc-en-ciel de l’UNODC et à l’Initiative de coopération triangulaire avec l’Afghanistan et la République islamique d’Iran de lutte contre le trafic de drogues. Il a salué l’adoption du Plan mondial de lutte contre la traite de personnes et annoncé que son pays avait promulgué une ordonnance sur le contrôle de la traite humaine, qui incorpore le rôle de la société civile dans le travail réalisé avec les agences d’application des lois pour la réhabilitation des victimes. Une unité spéciale a été mise sur pied pour s’attaquer aux criminels, tandis qu’en matière de blanchiment d’argent, le Pakistan a établi une unité de contrôle financier.
M. IQBAL AHMED (Bangladesh) a assuré que son pays prenait toutes les mesures nécessaires, dans la limite de ses ressources et de ses capacités limitées, pour lutter contre l’abus de drogues et les nouvelles variétés de drogues qui arrivent via sa frontière poreuse. Compte tenu des dégâts considérables causés à la jeunesse, le Bangladesh dispose de peines strictes, et même de la peine de mort, pour les trafiquants. S’agissant des toxicomanes, M. Hamed est d’avis qu’ils doivent être envoyés dans des centres de traitement et non pas en prison. Les crimes organisés ont un lien direct avec l’argent illicite, a estimé M. Ahmed. Le Bangladesh renforce ses efforts pour lutter contre le blanchiment d’argent, en consultation avec les agences internationales et ses partenaires de développement. Il procède cette année à l’examen de la Convention contre la corruption.
Le représentant a également indiqué que son pays était partie à la Convention régionale de l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR)contre le terrorisme et à son protocole. En novembre 2009, un atelier régional pour les forces de police et les procureurs en Asie du Sud a été organisé à Dhaka. « Maintenant, c’est à nous, États Membres, de mettre en œuvre le Plan d’action mondial contre la traite des personnes » via le partage d’informations et de données, l’assistance mutuelle et la coopération globale », a conclu M. Ahmed. Il s’agit d’une « tâche dantesque » pour toutes les sociétés, mais les pays les moins avancés (PMA) ont particulièrement besoin de la coopération internationale, a-t-il ajouté.
M. MASOOD BIN ALI AL ARABI LA HARTI (Arabie saoudite) a indiqué que son pays avait connu des changements au cours des dernières années dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale, particulièrement dans les enquêtes du Procureur général, les réquisitoires et plaidoyers. Le représentant a également fait état d’un amendement de la législation aggravant les peines contre les crimes liés au trafic de drogues.
Le Programme national saoudien de lutte s’articule autour de la sensibilisation par des campagnes d’information du public, la prévention et le traitement des toxicomanes, la distribution de publications et la prévention dans les établissements scolaires. Le pays s’est également attaché à ne pas laisser de répit aux bandes organisées, à tous les égards, plus spécialement par un renforcement de la sécurité et en faisant en sorte de ne pas leur offrir de paradis fiscaux. Dans ce cadre, d’importantes quantités de drogues illicites ont pu être saisies. Parallèlement, des politiques ont été adoptées pour améliorer les infrastructures d’éducation et de loisirs pour les jeunes, a ajouté le représentant.
M. U SOE LYNN HAN (Myanmar) a noté avec plaisir que la culture du pavot et la production d’opium étaient en baisse à l’échelle mondiale. Le Myanmar lutte contre le problème de la drogue par le biais d’un cadre complet avec des lois nationales, un engagement très fort et une coopération bilatérale régionale qui implique la Chine, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la Thaïlande, le Cambodge, le Vietnam et l’UNODC.
La pauvreté étant la principale cause de ce problème, le Gouvernement du Myanmar et ses voisins ont mis sur pied une stratégie pour éliminer les drogues illicites, a expliqué le représentant. Ils travaillent à améliorer le niveau de vie des peuples en éliminant la demande et l’offre et en appliquant des programmes pour les zones rurales des frontières afin d’éradiquer la culture du pavot et la production d’opium. M. Han a proposé d’élargir le soutien et l’assistance de la communauté internationale pour aller plus loin dans l’éradication.
M. HASSAN EL MKHANTAR (Maroc) a déclaré que son pays s’était engagé dans un processus d’harmonisation des lois et des règlements internes avec les dispositions de la Convention sur la criminalité transnationale organisée. Le Maroc a activement participé au douzième Congrès des Nations Unies sur la prévention du crime et la justice pénale. « Aucun pays ne peut prétendre pouvoir faire face seul aux menaces d’une criminalité internationale conjuguée aux trafics de drogues et des armes et à la traite des êtres humains », a ajouté le représentant.
Tout en luttant contre le trafic et la consommation de drogues dures, le Maroc est préoccupé par les nouvelles tendances de consommation et les nouvelles routes de trafic en Afrique. Le représentant s’est également inquiété de la connexion entre le trafic de drogues, le terrorisme, le crime organisé et le trafic des personnes dans la région subsaharienne. Le Maroc dispose d’une Commission nationale des stupéfiants, d’une unité de coordination de la lutte antidrogue et d’une agence pour la promotion et le développement des provinces du Nord, en vue notamment d’éradiquer la culture du cannabis. L’adhésion du Maroc au Centre de coordination de lutte antidrogue dans le bassin occidental de la Méditerranée et au Centre des opérations et analyses maritimes-drogues, établi au Portugal, constitue un signal fort de son engagement en faveur de la lutte contre la drogue, a poursuivi le représentant.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a indiqué que son pays luttait depuis 30 ans contre le trafic de drogues et la criminalité organisée liée à ce trafic, grâce à une stratégie complète visant la réduction de l’offre et de la demande. Il en résulte que la production et le trafic de drogues sont en baisse en Colombie, pays qui n’est plus maintenant le plus grand producteur de cocaïne. Elle a précisé que 165 000 hectares de culture de coca avaient été éliminés en 2009 et que la production de cocaïne avait été réduite de 9% par rapport à 2008. La réduction de 5% de la culture mondiale de coca, que mentionne le Rapport mondial sur la drogue pour 2010, est due en grande partie à la diminution de cette culture en Colombie, a-t-elle expliqué. C’est le résultat des efforts du Gouvernement qui a mené des opérations de pulvérisation, d’élimination à la main, de contrôle chimique, ainsi que des projets de développement alternatifs.
Si les efforts en vue de parvenir à un environnement durable et de générer un développement économique et social pour ceux qui ont choisi d’abandonner les cultures illicites sont principalement financés par le Gouvernement, il faudrait que les pays donateurs s’engagent davantage dans ces projets de développement alternatif, a souhaité Mme Blum. Elle a relevé que l’efficacité des efforts menés au niveau national pour régler le problème du trafic de drogues était limitée par le manque de coopération de la part des autres États, alors qu’il existe une responsabilité partagée en ce qui concerne la prévention des réseaux criminels. De son côté, la Colombie partage son expérience et ses compétences par le biais de divers réseaux de coopération. Elle a ainsi apporté une assistance technique à des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, de l’Afrique centrale et de l’Ouest, ainsi qu’à des pays d’Asie.
Mme VICTORIA SULIMANI (Sierra Leone) a réitéré l’engagement de son pays dans le combat contre le crime transnational organisé et le trafic de drogues, qui ne sont plus l’affaire d’un seul État. En collaboration avec l’UNODC et l’Initiative Côte de l’Afrique de l’Ouest, la Sierra Leone, elle-même, a renforcé ces capacités de répression avec l’aide du Département des opérations de maintien de la paix, du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et d’Interpol. Elle se réjouit qu’une assistance similaire ait été fournie à la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau et le Libéria et espère que cette Initiative sera appliquée dans le reste de la CEDEAO.
Mme Sulimani a exprimé l’inquiétude de son gouvernement face à la prolifération des armes légères et a fait noter que la Sierra Leone avait établi, par acte du Parlement, une commission nationale afin de mettre en place des mesures de contrôle. La mise en place de tels mécanismes est cruciale pour le développement durable non seulement de la Sierra Leone mais aussi de l’Afrique de l’Ouest, qui a au cours des années essuyé bien des guerres, des coups d’Etat et autres désordres attisés par ces armes légères.
Mme Michele Klein SoloMON, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a rappelé que l’OIM avait travaillé activement contre le trafic d’êtres humains depuis plus de 15 ans, offrant une assistance à plus de 15 000 victimes. Elle a estimé que la coopération entre les gouvernements et la société civile était indispensable dans ces domaines. Mme Solomon a aussi évoqué la question du terrorisme. Rappelant que les attentats du 11 septembre 2001 avaient eut des effets à travers le monde, elle a constaté que les migrations étaient devenues une question de sécurité et que les mesures antiterroristes étaient souvent liées aux politiques d’immigration.
L’OIM, qui vient de mettre à jour son rapport sur ce thème, a émis plusieurs remarques. Tout d’abord, au sujet du contrôle des frontières, il s’agit de faciliter les migrations légales et mieux contrôler les migrations illégales, a-t-elle expliqué. D’autre part, l’OIM encourage une utilisation des systèmes d’identification et de la biométrie, ainsi que l’échange d’informations et la coopération transfrontalière. L’OIM veut aussi aider les gouvernements à adopter des politiques d’intégration contribuant à une société plus stable. Comme les migrations vont augmenter dans les prochaines décennies, il est essentiel de renforcer la coopération internationale, pour améliorer la lutte contre l’immigration illégale et fermer la porte au terrorisme, a-t-elle conclu.
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