AG/PKO/204

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix achève son débat général sur l’architecture du maintien de la paix

23/02/2010
Assemblée généraleAG/PKO/204
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial des opérations

de maintien de la paix

Session de fond de 2010                                    

214e & 215e séances – matin & après-midi


LE COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ACHÈVE

SON DÉBAT GÉNÉRAL SUR L’ARCHITECTURE DU MAINTIEN DE LA PAIX


Les délégations mettent l’accent sur la protection des civils, la robustesse dans la conduite

du maintien de la paix, et les premiers efforts de consolidation de la paix


Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) a achevé aujourd’hui le débat général qu’il a entamé hier, à l’ouverture de sa session de fond de 2010.  Dans un contexte marqué par la complexité croissante des mandats attribués aux missions de maintien de la paix, le Comité spécial a entendu aujourd’hui de nombreux États Membres, notamment les quatre principaux fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix onusiennes que sont l’Inde, le Pakistan, le Népal et le Bangladesh, insister sur l’importance de donner des orientations et des directives claires aux acteurs du maintien de la paix, surtout dans les domaines de la protection des civils, de la robustesse dans la conduite des opérations de maintien de la paix, et des premiers efforts de consolidation de la paix. 


Le représentant du Liban, pays hôte d’une opération de maintien de la paix (OMP), a estimé que le maintien de la paix ne devait pas être une fin en soi, mais qu’il devait s’inscrire plus largement dans le cadre de la recherche d’une solution politique aux conflits.  Attirant l’attention du Comité sur les liens entre maintien et consolidation de la paix, il a jugé indispensable la mise en place d’un cadre de coordination régulier avec la Commission de consolidation de la paix (CCP), de même qu’avec les organisations régionales et sous-régionales.  Le représentant du Soudan, pays qui accueille sur son territoire deux OMP, a jugé insuffisant le rôle joué par les Nations Unies (ONU) dans le traitement des causes économiques et sociales des conflits que vit le Soudan, et a prévenu que toutes tentatives d’interventions étrangères sous prétexte d’assurer la protection des civils aura des conséquences négatives sur le processus de paix.  Citant les efforts de son pays et l’importance de la coopération régionale, il a cité la signature aujourd’hui d’un Accord de paix à Doha, qui va permettre à des milliers de refugiés de retourner dans leurs foyers au Darfour.    


Si le représentant de la République de Coréea estimé qu’il fallait s’attaquer de manière prioritaire, dans les mois à venir, à la question de la protection des civils, celui de l’Inde a pour sa part appelé à la prudence en citant les incidences des discussions que tient le Comité des 34 sur le droit international et la souveraineté des États.  Il a, de ce fait, appelé le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités et à éviter des raccourcis consistant à emprunter la voie facile et réductrice du recours à la force pour essayer de résoudre les conflits.


De son coté, le représentant du Pakistan, pays qui compte actuellement 11 000 soldats déployés dans les missions de maintien de la paix, a jugé qu’il fallait distinguer la question de la protection des civils de celle du maintien de la paix de manière robuste.  Celui du Népal -dont le pays a fourni 81 000 Casques bleus à 35 OMP depuis 1985- a suggéré que le Conseil de sécurité mette en place un mécanisme pour s’assurer que les mandats qu’il attribue aux opérations soient en phase avec les capacités et les ressources disponibles.  Précisant que son pays venait cette année de déployer en République démocratique du Congo son premier bataillon dans une mission de maintien de la paix, le représentant de la Tanzanie a cité une récente étude qui relève des lacunes en matière de protection des civils sur toute la chaine des opérations allant du Conseil de sécurité au déploiement sur le terrain.  


Mettant l’accent sur le respect des trois principes de consentement du gouvernement hôte, de l’impartialité, et de non-recours à l’emploi de la force, sauf en cas de légitime défense, le représentant de Cuba a déclaré qu’on avait l’impression que les Nations Unies se préparent à imposer la paix dans certains pays sans se donner les moyens de la maintenir ailleurs.  C’est pourquoi, il a souhaité plus de clarté en ce qui concerne l’utilisation de termes comme « consensus stratégique ». 


Deux ans après la création du Département de l’appui aux missions, une nouvelle stratégie globale d’appui aux missions a été mise au point pour modifier les prestations de services aux missions au cours des cinq prochaines années.  Selon le rapport du Secrétaire général sur la question*, dont les délégations étaient saisies, il faudra améliorer la gestion financière et la gestion des ressources humaines, mettre en place plusieurs gammes de services et garantir une prestation optimale.  Compte tenu des difficultés associées à la mise en œuvre des changements tant au niveau des procédures qu’au niveau culturel, une période de mise en œuvre de cinq ans est envisagée.


Ont pris la parole aujourd’hui les représentants des pays suivants: Philippines, Népal, Bangladesh, Cuba, Pérou, République de Corée, Indonésie, Jordanie, Inde, Pakistan, Venezuela, Bolivie, République dominicaine, Turquie, Jamaïque (au nom de la CARICOM), Serbie, République-Unie de Tanzanie, Iran, Chine, Liban, Zambie, Sri Lanka, Niger, Tunisie, El Salvador, Éthiopie, Qatar, Soudan, et Israël.  Les délégations de la Syrie et du Liban ont fait usage de leur droit de réponse.


Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix tiendra sa prochaine séance plénière à une date qui sera annoncée dans le Journal des Nations Unies. 


*     A/64/573


Suite du débat général


Tout en se félicitant d’apprendre que plusieurs missions, particulièrement celles déployées au Burundi, au Libéria, en Côte d’Ivoire et en Haïti, avaient accompli des progrès en termes des processus de paix et de sécurité, M. HILARIO DAVIDE (Philippines) s’est cependant déclaré préoccupé par les difficultés auxquelles sont confrontées d’autres opérations de maintien de la paix.  Ainsi, la pénurie d’hélicoptères et plus généralement de moyens aériens empêche le bon déroulement des opérations des Nations Unies en République démocratique du Congo (RDC), au Darfour et au Soudan, a-t-il déploré.  Le représentant a ensuite salué le document informel « Nouvel horizon », qui met l’accent à juste titre sur le rôle crucial de la coopération triangulaire entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat.  La délégation des Philippines soutient le cadre proposé par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Département de l’appui aux missions de maintien de la paix (DAM) pour « conceptualiser » le rôle des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans la protection des civils, ainsi que la définition « intérimaire » à laquelle ces deux Départements sont parvenus s’agissant de la robustesse du maintien de la paix.  Les Philippines se sont par ailleurs déclarées favorables au transfert de responsabilités aux acteurs nationaux dès la phase préliminaire de la consolidation de la paix, a indiqué M. Davide.


M. SHANKER D. BAIRAGI (Népal) a estimé que la demande croissante en matière de maintien de la paix ne fait que refléter la confiance accrue que les États ressentent envers les Nations Unies.  Il a dit qu’une approche robuste du maintien de la paix devait se traduire par des opérations de maintien de la paix (OMP) plus efficaces et plus crédibles.  Afin de parvenir à cet objectif, il a fait plusieurs recommandations.  Il a d’abord suggéré que le Conseil de sécurité mette en place un mécanisme pour s’assurer que les mandats attribués aux OMP soient en phase avec les capacités et les ressources disponibles.  Ce mécanisme, a-t-il dit, doit constamment recevoir des informations du terrain.  Il a également jugé essentiel un appui du Conseil de sécurité à chaque étape de la mise en œuvre du mandat pour consacrer l’autonomisation politique des missions. 


Il faut que les Casques bleus soient dotés de directives claires en ce qui concerne les missions qui leur sont confiées, a dit M. Bairagi.  Il a souhaité que la sécurité des agents de maintien de la paix fasse l’objet de la plus grande attention.  En outre, il a dit qu’une stratégie de formation pragmatique était essentielle, tout comme la mise à disposition de ressources en tant voulu pour le déploiement des OMP et la mise en œuvre de leurs mandats.  Enfin, il a jugé indispensable une implication à long terme des pays contributeurs de forces militaires et de police à tous les niveaux et étapes de conduite de la mission.  S’agissant de la protection des civils, si elle incombe avant tout au pays hôte, M. Bairagi a reconnu que les OMP devaient tout mettre en œuvre pour que celle-ci devienne une réalité.  Il a salué la mise en place d’une stratégie d’appui globale sur le terrain qui permette de mieux relever les défis qui se posent dans le domaine de la logistique et de l’administration.  Précisant que son pays participait à des OMP depuis 1958, le représentant du Népal a indiqué que son pays avait fourni 81 000 Casques bleus à 35 OMP.  Il a précisé que 64 Casques bleus népalais ont perdu la vie au service de la paix à travers le monde, et que le Népal comptait actuellement 5 000 soldats actifs dans les missions de maintien de la paix.  Il a précisé que tout le personnel népalais destiné à des OMP se voyait octroyer trois mois de formation en la matière. 


M. IBRAHIM JAMAL (Bangladesh) a tout d’abord rendu hommage aux Casques bleus ayant trouvé la mort pendant l’exercice de leurs fonctions dans le cadre d’OMP onusiennes, signalant que 99 d’entres eux venaient du Bangladesh.  Il a ensuite signalé qu’une « doctrine pour la gestion des unités formées de police » serait prochainement finalisée, et a ensuite indiqué que sa délégation estime qu’il est urgent de renforcer la Division de police du DOMP.  M. Jamal s’est félicité du travail rapproché qui s’opère entre les États Membres et le Service intégré de formation de la Division des politiques, de l'évaluation et de la formation.  Il a également estimé que les écarts qui existent entre les mandats complexes des missions et les ressources qui leur sont allouées devaient être comblés en renforçant les capacités de manière à ce qu’elles soient à la hauteur des besoins.  Selon lui, la consolidation de la paix doit être intégrée et bien synchronisée afin de permettre au gouvernement hôte de compléter les efforts de l’ONU.


Le représentant du Bangladesh a de plus affirmé que la formation des Casques bleus devait être partagée par l’ONU et les pays contributeurs de troupes et de police.  « Ma délégation », a-t-il poursuivi, « s’attend à ce que le Bangladesh, qui est l’un des principaux pays contributeur de troupes aux OMP, se voit octroyé un nombre proportionnel et juste de postes, notamment au niveau de prise de décisions des Départements des opérations de maintien de la paix, et d’appui aux missions ».  M. Jamal a par ailleurs estimé qu’il importait de renforcer les capacités de réaction rapide des effectifs militaires et de police des missions et d’établir un système d’alerte rapide en cas de menace armée contre la sécurité mondiale ou de catastrophe naturelle.  Il a également appelé à la rationalisation du système de dédommagement des familles de Casques bleus et des personnels civils des OMP en cas de décès ou d’accident entrainant un handicap.


M. PEDRO NUÑEZ MOSQUERA (Cuba) a réitéré la position de sa délégation, qui est convaincue que c’est à l’Assemblée générale qu’incombe la responsabilité première de la formulation des concepts et des politiques relatifs au maintien de la paix.  Soulignant la nécessité de renforcer et d’élargir les consultations entre les pays contributeurs de troupes, les pays hôtes des opérations, le Secrétariat et le Conseil de sécurité, il a souligné qu’en aucun cas, ces opérations ne devaient être envisagées comme des substituts durables aux processus de paix, ni comme des solutions aux causes profondes des conflits.  Dans ce contexte, les activités de consolidation de la paix constituent un atout majeur pour aider les pays qui sortent d’un conflit à assurer leur développement sur la base de l’appropriation nationale, a souligné M. Nuñez Mosquera.  Saluant ensuite les propositions contenues dans la Stratégie mondiale d’appui aux missions, il a estimé que la présente session du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, ainsi que la reprise de session de la Cinquième Commission, constituaient les enceintes privilégiées pour discuter des modalités de cette Stratégie avant sa présentation devant l’Assemblée générale.  Après avoir réaffirmé l’importance de la protection des civils, qui relève d’abord et avant tout de la responsabilité des États, qui sont souverains, le représentant a estimé aussi qu’il fallait donner la priorité à l’attribution de mandats clairs et à la fourniture de ressources adéquates aux OMP, pour permettre aux personnels déployés de s’acquitter convenablement de leur mission.


M. LUIS ENRIQUE CHÁVEZ (Pérou) a indiqué que son pays est engagé depuis plus de cinq ans dans les efforts multilatéraux de maintien de la paix, notamment avec des troupes sur le terrain en Haïti et un officier supérieur envoyé à la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre.  Le Pérou soutient le renforcement des opérations de maintien de la paix (OMP) et en particulier la définition de mandats clairs et réalisables par les OMP, a-t-il dit.  Il a aussi réaffirmé être prêt à discuter de façon exhaustive de tous les sujets qui intéressent ce domaine.  En particulier, a-t-il dit, si on aborde le concept de l’usage de la force par une OMP, il faut aussi examiner les questions qui vont de pair, comme l’impartialité de l’opération et l’assurance que la force a été utilisée en dernier recours.  Il a aussi indiqué que le Pérou accordait une importance particulière à la question de la protection des civils.


Pour la délégation péruvienne, la conduite d’OMP ne dispense pas de s’attaquer aux causes profondes des conflits.  Ainsi, en vue d’une bonne transition, il faut développer des opérations de façon cohérente et bien coordonnée, en utilisant les instruments politiques, sociaux et de développement, a indiqué M. Chávez.  Quand la situation le permet, a ajouté le représentant, on peut inclure des éléments de consolidation de la paix dans les mandats des OMP.  M. Chávez a également mis l’accent sur la sécurité du personnel de l’ONU sur le terrain, et a émis l’espoir que des progrès seront accomplis dans l’élaboration de directives et de procédures visant à faciliter les échanges d’information sur les problèmes de sécurité dans les OMP.  Il a aussi appelé à une plus grande interaction entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de contingent, pour s’assurer que les mandats définis soient clairs, réalistes, et visent une efficacité maximum.


M. PARK IN-KOOK (République de Corée) a déclaré que l’un des principaux problèmes auxquels il fallait s’attaquer dans les mois à venir était celui de la protection des civils.  Aussi, faudra-t-il prendre en compte les propositions faites conjointement par le DOMP et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à cet égard, a-t-il relevé.  M. Park a également souligné l’importance d’un maintien de la paix robuste, dont la définition nécessite un accord des États Membres, et d’éviter les redondances, dans la mesure où cette notion et celle de protection des civils tendent à se chevaucher.  S’agissant des tâches de consolidation de la paix, la République de Corée soutient les propositions faites par le Secrétaire général, a dit M. Park, soulignant que celles-ci relèvent de la responsabilité de plusieurs autres Départements et agences des Nations Unies, ainsi que des organisations régionales.  Évoquant enfin les questions de la sécurité et de la sûreté des personnels des Nations Unies, le représentant a jugé qu’il fallait prendre en compte dans cette réflexion la complexité croissante des défis auxquels ils sont confrontés sur le terrain.


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a déclaré que le maintien de la paix était un élément essentiel de la politique étrangère de l’Indonésie.  Il a précisé que l’Indonésie participait à des OMP depuis 1956 et disposait aujourd’hui de 1 674 agents de la paix déployés dans six OMP.  Il a également mentionné la mise en place d’un hôpital de campagne indonésien opérant dans le cadre de la MINURCAT.  Il a déclaré que la conduite des OMP doit se baser sur les trois principes de base que sont le respect des principes de consentement du gouvernement hôte, de l’impartialité de la Mission, et du non-recours à l’usage de la force, sauf en cas de légitime défense.  Il a dit que le Comité des 34 a un rôle important à jouer pour s’assurer que ces principes sont appliqués sur le terrain.  Il faut que les troupes de maintien de la paix soient déployées avec des directives très claires; et il faut que le Conseil de sécurité soit en mesure de réagir rapidement face aux changements et évolutions qui surviennent sur le terrain pour s’assurer que les populations civiles ne soient pas menacées, a préconisé M. Kleib.  S’agissant de l’objectif d’un maintien de la paix robuste, il a estimé que le commandant de la force de maintien de la paix d’une mission et l’État hôte devaient être sur un pied d’égalité en ce qui concerne l’identification des fauteurs de troubles et des populations menacées.  Comme les agents de maintien de la paix ne sont pas en charge de la consolidation de la paix, il est important de renforcer la capacité civile qui peut être déployée rapidement, a-t-il recommandé.  Il a émis l’espoir que le Comité des 34 recommandera des moyens pour forger des partenariats et renforcer d’autres organismes clefs du renforcement de la paix, comme le Bureau de consolidation de la paix et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  


M. KHALID SHAWABKAH (Jordanie) a déclaré que les opérations de maintien de la paix de l’ONU ne devaient pas se substituer à l’obtention d’une solution permanente à un conflit ou à ses causes principales.  Les opérations de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il ajouté, doivent être accompagnées d’un processus de paix inclusif et bien planifié et bénéficiant de l’appui des parties concernées.  Le représentant a de plus estimé que la création ou la prorogation du mandat d’une mission devait se faire sur la base du consentement des parties, du non-usage de la force, sauf en cas d’auto-défense, et de l’impartialité.  Il a également évoqué l’importance d’établir des mandats clairement définis et d’allouer suffisamment de ressources financières et humaines aux missions.  Il a également estimé que les États Membres devaient recevoir davantage de clarifications au sujet des concepts de consolidation et de maintien « robuste » de la paix, et que la question de la protection des civils devait bénéficier d’un dialogue continu entre les parties.


Le représentant de la Jordanie a ensuite réclamé plus de transparence dans les décisions relatives à la réduction ou à l’acceptation de la participation de pays contributeurs de troupes ou de police à une OMP.  « Ma délégation », a-t-il signalé, « n’a reçu aucune réponse adéquate au sujet de la décision qui a été prise de réduire le nombre de Casques bleus jordaniens qui se trouvaient en Haïti avant le tremblement de terre, ni au sujet du fait qu’aucune composante de nos troupes n’ait été sélectionnée pour participer à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) ».  M. Shawabkah a notamment engagé le Secrétaire général à régler le déséquilibre géographique existant, et notamment la sous-représentation des pays contributeurs de troupes, au sein des Départements de maintien de la paix et d’appui aux missions.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a estimé qu’en dépit de problèmes importants, dont beaucoup ont trait aux processus de décisions eux-mêmes, le maintien de la paix a produit des résultats indiscutables.  Il s’est félicité de la tenue, depuis la précédente session du Comité des 34, de réunions avec les pays contributeurs de troupes une semaine avant la date de prorogation des mandats et a souhaité qu’une telle pratique soit renforcée à l’avenir.  Le représentant a également dit qu’il fallait encourager davantage d’États Membres à rejoindre les rangs des pays contributeurs de troupes et d’effectifs. 


Pour M. Puri, les différentes propositions faites par le Secrétariat, qu’il s’agisse du DOMP ou d’OCHA, en vue de réformer le maintien de la paix, ne sont pas sans conséquence sur le droit international ou la souveraineté des États.  Il a tout particulièrement attiré l’attention sur la distinction opérée entre les actions entreprises en vertu des Chapitre VI et VII de la Charte des Nations Unies, respectivement.  « Il y a un temps pour tout et il ne devrait pas y avoir de discussions d’arrière-boutique pour exonérer le Conseil de sécurité de sa responsabilité de parvenir à un règlement pacifique des conflits », a lancé le chef de la délégation indienne.  « Les raccourcis consistant à emprunter la voie du recours à la force doivent être évités à tout prix », a-t-il insisté.


Par ailleurs, a affirmé le représentant, l’application du droit international et le respect des droits de l’homme n’ont pas su prendre en compte le maintien de la paix par les Nations Unies, fondé sur le consentement des parties concernées, l’impartialité et le non-recours à l’usage de la force.  « Le concept des droits de l’homme est, dans la théorie politique occidentale, surdéterminé par le paradigme d’un État répressif et d’individus sans défense », a-t-il souligné.  Or, a-t-il jugé, les milices armées auxquelles font face les Casques bleus peuvent difficilement être considérées comme des individus sans défense.  M. Puri a aussi estimé que le fardeau du maintien de la paix, qui n’a cessé de s’alourdir sans que les Casques bleus aient toujours le sentiment que leur présence contribue au maintien d’une paix durable, est également dû à la tendance du Conseil de sécurité à autoriser le déploiement d’opérations dans des zones de conflit sans qu’auparavant ait été menée une réflexion suffisante.  Parlant de « confusion », le représentant a accusé le Conseil de sécurité « d’agir d’abord et de penser ensuite ».  Enfin, a-t-il estimé, la réussite d’une opération de maintien de la paix dépend avant tout de sa capacité à mettre en œuvre, le plus tôt possible, des activités de consolidation de la paix, sur la base de l’appropriation nationale et du respect de la souveraineté des États.  Le représentant a rappelé que l’Inde était l’un des plus importants contributeurs de troupes aux OMP et que 118 de ses Casques bleus avaient trouvé la mort jusqu’à présent, y compris au cours du séisme en Haïti.


M. AMJAD HUSSAIN B. SIAL (Pakistan) a déclaré que son pays avait actuellement 11 000 Casques bleus répartis dans 11 OMP.  Notant que la complexité des mandats de maintien de la paix se traduisait également par de nouvelles exigences pour les missions, il a souligné l’importance pour les OMP de disposer d’analyses et de réponses globales, d’orientations claires, de capacités et d’appui.  Nous devons utiliser pleinement le rôle et l’expertise de ce Comité pour faire avancer nos objectifs communs, a-t-il dit, avant d’ajouter qu’une OMP devenait un succès lorsque les parties prenantes et les acteurs ont su s’associer à la réalisation de son mandat.  Il a déclaré que le maintien de la paix devait avoir la protection des civils comme un de ses objectifs principaux.  Nous ne devons pas perdre de vue qu’un environnement sécurisé ne peut être garanti que par les autorités nationales disposant de ressources adéquates.  Il ne faut pas porter atteinte à l’intégrité et à la souveraineté nationale des États, et il faut bien distinguer le concept de la protection des civils et celui du maintien de la paix robuste, a souligné le représentant.  Il s’est inquiété du manque de moyens de transport aérien et de surface, et notamment d’hélicoptères militaires de manœuvre, d’aéronefs militaires et de drones, qui entrave la mobilité du personnel des OMP.  Il faut passer d’une gestion de l’aide à des missions individuelles à une aide globale tout en évitant les doublons, a-t-il dit.  Il a souhaité l’établissement d’une plus grande synergie entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Comité des 34 et le Secrétariat, afin que le maintien de la paix soit plus efficace.  Il a également suggéré une meilleure coopération avec la Commission de consolidation de la paix et a appelé le Secrétariat à procéder à un remboursement plus rapide de leurs frais aux pays fournisseurs de contingents.


Mme ILENIA MEDINA (Venezuela) a indiqué que les opérations de maintien de la paix sont l’outil privilégié pour maintenir la paix et la sécurité internationales, et que cet outil fonctionne en grande partie grâce à la contribution des pays en développement.  Ce sont les parties concernées qui détiennent les clefs de la résolution du conflit, a-t-elle jugé, tandis que les Casques bleus doivent, de leur côté, veiller à l’application des accords de paix conclus par ces mêmes parties en matière de cessez-le-feu, sur la base du respect de la souveraineté et de l’appropriation nationale.  La représentante s’est ensuite déclarée préoccupée par la manière dont certaines opérations ont été déployées et conduites.  La présence de certaines forces autorisées par les Nations Unies ressemble parfois à la présence d’un État dans l’État, et suscite parfois de ce fait le rejet unanime d’une OMP par les populations locales, a prévenu la représentante.  Mme Medina s’est demandé si la solution aux problèmes que rencontrent les opérations de maintien de la paix tenait vraiment à des questions sophistiquées d’approvisionnement et de rétablissement des chaînes logistiques.  Selon elle, il faut plutôt résoudre les difficultés qui se posent à la formulation de mandats clairs et précis, afin de permettre aux Casques bleus d’exécuter leurs tâches avec la plus grande efficacité possible.


M. JOHNNY OSCAR SANTA CRUZ ARANDIA (Bolivie) a rappelé que son pays est un État pacifique qui promeut la paix et la coopération entre les peuples de la région d’Amérique latine et des Caraïbes et du monde.  La Bolivie est engagée directement dans les missions de maintien de la paix de l’ONU, a précisé le représentant, en indiquant que son pays a envoyé des Casques bleus boliviens sur le terrain en Haïti et en République démocratique du Congo, et plus de 50 observateurs militaires dans les différentes missions de paix des Nations Unies.  Il a apprécié les efforts déployés par le Secrétariat de l’ONU pour élaborer des directives claires permettant aux troupes qui opèrent sur le terrain d’accomplir leur mission et prévoyant que des ressources logistiques et financières suffisantes soient mises à leur disposition.  M. Santa Cruz Arandia a aussi appelé le Comité des 34 à améliorer l’interaction entre les pays hôtes des missions, le Comité spécial des OMP lui-même, les pays contributeurs de troupes et de police, le Conseil de sécurité, la Cinquième Commission et le Secrétariat.  Le représentant a apprécié, à cet égard, que le Conseil de sécurité ait convoqué les pays fournisseurs de contingent et de police à ses réunions de consultations.  La Bolivie appuie les mesures adoptées dans l’application de la Stratégie des Nations Unies pour le soutien aux victimes d’exploitation et d’abus sexuels par des membres du personnel de l’ONU, a dit Johnny Oscar Santa Cruz Arandia.  Enfin, le représentant a exprimé la préoccupation de son pays face aux retards observés dans les remboursements de leurs frais aux pays contributeurs de troupes et émis l’espoir que les stratégies de restructuration de la gestion des OMP donneront lieu à des propositions pratiques en la matière.


M. FEDERICO ALBERTO CUELLO CAMILO (République dominicaine) a déclaré que son pays était déçu de ne pas disposer de documentation concernant l’initiative « Nouvel horizon » en langue espagnole, une langue qui est pourtant la langue parlée par de nombreux Casques bleus.  Il a indiqué que son pays considérera ce document une fois qu’il sera disponible en espagnol.  Par ailleurs, il a mis l’accent sur l’importance d’une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité et le Comité des 34 et a regretté l’absence de stratégies claires en matière de transition et de sortie.  S’il est évident que les OMP se sont trouvées en face de situations d’urgence, nous devons pouvoir disposer de directives claires quant aux options de sortie, a dit le représentant.  Il faut des mandats clairs qui permettent de faire face dès le début d’une mission aux causes d’un conflit, a-t-il dit.  Les OMP doivent faire face à différentes réalités, comme celle de la pauvreté.  Il faut donner une priorité à une composante policière qui, dès le début d’une mission, devrait former et entrainer la police locale, a préconisé le représentant de la République dominicaine.  Les cas réussis d’El Salvador et du Guatemala sont de bons exemples de stratégies de sortie grâce à la bonne coordination qui s’est opérée entre les aides bilatérales et l’appui de la communauté internationale, a-t-il estimé.


M. ERTUGRUL APAKAN (Turquie) s’est félicité du document officieux « Nouvel horizon » et des propositions faites par le Secrétaire général dans son rapport sur la mise en œuvre des recommandations du Comité spécial.  Tous les éléments présents dans ces différentes stratégies devraient cependant être regroupés en une seule stratégie, a-t-il suggéré.  Mais une stratégie cohérente n’aurait aucune valeur en l’absence de ressources appropriées, a souligné le représentant, qui a déclaré que sa délégation était prête à contribuer aux discussions sur ce sujet de la manière la plus efficace.  Il a indiqué que la Turquie avait tout récemment augmenté ses effectifs, notamment de police, au sein de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).  Par ailleurs, au cours de la présidence du Conseil de sécurité du mois de juin, la délégation turque s’est efforcée d’élargir le dialogue entre les pays contributeurs de troupes, les membres du Conseil et ceux de la Commission de consolidation de la paix.  M. Apakan a estimé en conclusion que le Secrétariat pourrait tirer parti de manière plus efficace des postes professionnels du Département du maintien de la paix en les confiant davantage à des candidats issus des pays contributeurs de troupes.


M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé que la session du Comité des 34 se déroulait cette année avec le séisme destructeur en Haïti en toile de fond, qui a fait plus de 230 000 morts parmi les Haïtiens et plus de 100 au sein du personnel de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).  La stabilité à long terme, la croissance et le développement socioéconomique d’Haïti constitue une priorité importante pour tous les États Membres de la CARICOM, a-t-il affirmé, énumérant les efforts d’aide à la reconstruction, ainsi que ceux fournis dans les domaines de l’assistance médicale, de la logistique, de la distribution de biens humanitaires, de la sécurité ou de la mobilisation des ressources.  Selon le représentant, l’appropriation nationale est une composante essentielle du succès de la reconstruction et des efforts de développement.  Le Gouvernement, a-t-il dit, a besoin également du soutien de la communauté internationale tout entière alors qu’il s’efforce de surmonter les défis immenses qui se dressent devant le pays.  Le représentant a en outre mis en garde contre l’approche de la saison des ouragans tropicaux, soulignant la nécessité de garantir aux Haïtiens les abris dont ils ont besoin afin d’éviter de nouveaux ravages et des pertes en vies humaines.


M. Wolfe a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de renforcer les mécanismes de prévention des conflits aux niveaux national, régional et international et de s’attaquer aux causes des conflits, à savoir, notamment, la pauvreté, la compétition pour les ressources rares, le chômage et la violation systématique des droits de l’homme.  De même, le représentant jamaïcain a plaidé en faveur du développement de systèmes d’alerte et de réaction rapide aux conflits.  Ces efforts, a-t-il dit, doivent être accompagnés par la volonté politique de tous les États pour garantir et renforcer la paix, quels que soient les défis.


M. MILAN MALINOVIC (Serbie) a considéré que la participation des États Membres aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies était une « véritable obligation internationale ».  Ces opérations contribuent à la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales et à la promotion des droits de l’homme, a ajouté le représentant.  Nous continuons de penser que les opérations de maintien de la paix de l’ONU promeuvent la solidarité universelle et démontrent de manière concrète l’engagement des États Membres à réaliser les buts et objectifs de l’Organisation, a déclaré M. Malinovic.  Le représentant a ensuite évoqué la Mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), déployée « sur une partie du territoire de la République de Serbie, à savoir ses provinces autonomes du Kosovo-Metohija ».  « En étant active dans d’autres missions de paix, la Serbie appuie indirectement la réalisation des objectifs de cette mission présente sur une partie de son territoire », a-t-il renchéri.  Il a en outre souligné que l’engagement de la Serbie à servir les buts communs de la communauté internationale indiquait son intention d’achever son processus d’intégration à l’Union européenne et de coopérer plus avant avec les États impliqués dans le programme « Partenariat pour la paix » de l’OTAN.


M. AUGUSTINE P. MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que son pays venait le mois dernier de fournir son premier bataillon à une mission de maintien de la paix (MINUAD).  Il a précisé que la Tanzanie s’apprêtait à déployer des Casques bleus sous les auspices de la MONUC où elle participera à la formation de l’armée nationale congolaise.  Il a dit que l’objectif fondamental des missions de maintien de la paix est d’appliquer des mandats relatifs à des processus de paix.  M. Mahiga a signalé que la protection des civils incombe avant tout au pays hôte, quelle que soit la situation de ses institutions.  Il a déclaré que la protection des civils en situation postconflit était un des piliers de la crédibilité des pays hôtes et des Nations Unies.  Il a ajouté que les défis conceptuels et opérationnels qui sont liés à cette question faisaient l’objet d’intenses débats au sein du Conseil de sécurité et du Secrétariat, parmi les pays fournisseurs de contingents et les victimes.


Parmi les questions qui se posent, il faut savoir quels sont les civils qu’il faut protéger?  Contre quelles violences?  Et quelles coordinations faut-il établir entre les différents acteurs de cette protection?  C’est pourquoi le DOMP et OCHA ont demandé une étude sur la question, a dit M. Mahiga.  Le représentant de la Tanzanie, dont le pays a présidé cette étude, a cité les lacunes relevées sur toute la chaine allant du Conseil de sécurité au terrain, en matière de protection des civils.  L’insuffisance des ressources a été mise en exergue, a-t-il dit, avant d’insister sur l’importance de disposer d’une mission robuste pour assurer cette protection.  Si tous les États ont souligné le rôle premier des États hôtes, beaucoup ont insisté sur l’appui indispensable à apporter par l’ONU aux efforts nationaux de protection des civils.  M. Mahiga a dit que le renforcement des capacités africaines serait des plus rentables sur le long terme, car il permettrait de faire l’économie de futures missions de maintien de la paix.  Il a estimé que le Grouped’expertsUnionafricaine-ONU (dit « Groupe Prodi ») surlesmodalitésd’appui des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine (document A/633/666 – S/2008/813 du 31 décembre 2008) est une base utile en ce qui concerne les pistes de renforcement de la coopération entre l’ONU et l’UA.   


M. AMIR HOSSEIN HOSSEINI (République islamique d’Iran) a, comme les autres représentants d’États Membres, estimé que le maintien de la paix devait faire l’objet d’une réforme globale en raison de la complexité des nouveaux défis auxquels il est confronté.  Il a également repris à son compte le point de vue selon lequel l’Organisation devait toujours agir conformément à la Charte des Nations Unies, dans le respect des principes de la souveraineté des États, de l’impartialité et du non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense, et dans le refus de la politique du « deux poids, deux mesures ».  Par ailleurs, le déploiement des opérations de maintien de la paix devrait toujours s’accompagner d’une volonté politique réelle pour trouver une solution objective aux causes profondes d’un conflit, sous peine de voir échouer les Casques bleus, a averti M. Hosseini.  En outre, tout devrait être mis en œuvre pour établir, le plus rapidement possible, des consultations avec l’ensemble des parties prenantes, en particulier les pays contributeurs de troupes.  Aussi, M. Hosseini a-t-il insisté, à l’instar de son homologue de la Turquie, sur la nécessité d’une meilleure représentation de ces pays au sein du Département des opérations de maintien de la paix et de celui de l’appui aux missions, cette représentation devant refléter celle qui est la leur sur le terrain.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a relevé un niveau sans précédent des activités de maintien de la paix des Nations Unies, dont le budget annuel a atteint pour la première fois 7,8 milliards de dollars.  Il a salué l’initiative « Nouvel horizon » prise dans un environnement marqué par une complexité croissante des mandats de maintien de la paix et de nouvelles exigences.  La nouvelle doctrine du maintien de la paix doit se fonder sur le respect des trois principes traditionnels, à savoir: le consentement du gouvernement hôte, l’impartialité, le non-recours à l’emploi de la force, sauf en cas de légitime défense, a rappelé le représentant.  Si certaines délégations ont souhaité plus d’autonomie pour les OMP en suggérant que l’on fasse preuve de plus de souplesse sur ces principes, le représentant de la Chine a dit qu’il fallait reconnaître que 60 ans d’expérience et de respect des principes traditionnels sont aujourd’hui le meilleur gage de confiance envers les OMP pour les États Membres.  Il a souhaité que l’on évite de s’engager dans des impasses.


Par ailleurs, il a suggéré que soit bien spécifiée la division entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix.  Toutes les parties devraient tirer profit des évaluations du Comité des 34, a-t-il insisté.  Il faut que le maintien et la consolidation de la paix soient accompagnés des ressources et des moyens nécessaires à l’exécution des mandats, a dit le représentant.  Il a encouragé un plus grand nombre de pays à se joindre aux OMP en espérant que les pays en développement sauront jouer un rôle plus actif à cet égard.  Nous devons aussi améliorer constamment les systèmes d’appui logistique, a-t-il dit, en se félicitant des efforts du Secrétariat pour optimiser l’efficacité des déploiements.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité encourage les organisations régionales à s’investir dans le maintien de la paix, tout en soulignant la nécessité pour les Nations Unies d’appuyer les capacités de l’Union africaine en la matière.  En outre, il a précisé que la Chine avait mis 2 100 Casques bleus à la disposition de plusieurs OMP.


M. MADJI RAMADAN (Liban) a estimé que le maintien de la paix ne devrait pas être une fin en soi, mais qu’il devrait s’inscrire plus largement dans le cadre de la recherche d’une solution politique aux conflits.  En outre, des mandats clairs, assortis de ressources adéquates, demeurent la clef de la réussite d’une mission, a-t-il ajouté.  Le représentant a par ailleurs souligné que les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police devaient faire l’objet de consultations régulières, de même que le pays hôte.  Après avoir plaidé en faveur du respect des principes généraux du maintien de la paix, le représentant a également demandé que l’ « on cesse de porter atteinte à la sûreté et à la sécurité des personnels des Nations Unies, comme ce fut le cas, par exemple, en 1996, lors d’une attaque à l’artillerie lourde perpétrée par Israël contre un poste de la Force des Nations Unies au Liban (FINUL) à Qana ».  Attirant l’attention sur les liens entre maintien et consolidation de la paix, le représentant a déclaré qu’une coordination régulière avec la Commission de consolidation de la paix (CCP) était indispensable, de même qu’avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il a jugé en conclusion que la condition préalable pour mettre fin au conflit qui sévit au Moyen-Orient était la cessation de l’occupation israélienne.


M. MUYAMBO SIPANGULE (Zambie) a avoué qu’il n’est pas convaincu par la différence qui existerait entre « opération robuste » et « imposition de la paix » telle qu’elle est expliquée dans le « Nouvel horizon ».  Il a rappelé les principes qui sous-tendent les opérations de maintien de la paix, à savoir le consentement des parties, le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et l’impartialité.  Il y a ajouté le respect de la souveraineté des États, de leur intégrité territoriale et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.  Car, s’est interrogé le représentant à propos des « opérations robustes », qui sera chargé d’identifier « les fauteurs de trouble » dans un conflit, alors que l’on sait que celui qui est perçu par l’un comme un terroriste est perçu comme un combattant de la liberté par l’autre.  Il a dit craindre que l’ONU ne perde en impartialité et se retrouve embrigadée dans des conflits qui ne devraient pas exister. 


Le représentant a aussi estimé que la protection des civils ne devrait pas être laissée aux Casques bleus.  Trop de facteurs entrent en compte quand on parle de cette protection, a-t-il ajouté, en citant le contexte culturel, social, religieux ou économique.  Aucune institution ne saurait mieux comprendre ou coordonner les activités en la matière que les autorités nationales.  Il faut donc leur laisser les mains libres et leur offrir l’appui des agences des Nations Unies, a estimé M. Sipangule.  Le représentant a conclu en exprimant sa grave préoccupation face au retard enregistré dans le paiement des indemnisations en cas de décès ou d’invalidité de membres des personnels des OMP.  Il a prévenu contre les répercussions politiques que peuvent avoir ces retards. 


M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka) a estimé qu’après avoir vaincu l’une des organisations terroristes les plus brutales au monde, les Tigres de l’Eelam tamoul (LTTE), l’armée et la police sri-lankaises sont prêtes à renforcer leurs contributions aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Le représentant s’est dit fier qu’après les allégations faites contre certains soldats de la paix sri-lankais, le pays ait immédiatement lancé une enquête et pris une action disciplinaire ferme et appropriée contre certains éléments.  La discipline et la réputation des Casques bleus sri-lankais est de la plus haute importance, a-t-il insisté. 


Commentant ensuite la question de la protection des civils, le représentant s’est voulu clair: les Nations Unies ne peuvent pas être les garantes absolues de la sûreté et de la sécurité des civils dans leurs zones d’opération.  Les soldats de la paix doivent aussi protéger des institutions fragiles qui émergent du conflit, a-t-il noté.  Il faut donc mieux gérer les attentes, a dit le représentant.  Il a appelé à un meilleur partage de l’information, à une coordination renforcée et à des consultations plus soutenues avec les pays contributeurs de troupes qui doivent pouvoir exprimer leur point de vue avant la création d’une mission. 


M. ABOUBACAR IBRAHIM ABANI (Niger) a estimé que beaucoup restait encore à faire en matière d’amélioration des OMP malgré les progrès réalisés 10 ans après la publication du rapport Brahimi.  Il a salué l’initiative de réflexion « Nouvel horizon »  qui est, selon lui, une démarche qui permet aux divers partenaires du maintien de la paix de s’accorder sur des priorités communes.  Il convient de mettre l’accent sur quatre axes prioritaires identifiés par le rapport du Secrétaire général A/64/573 qui mentionne: « donner des orientations sur les tâches essentielles; mobiliser et renforcer les capacités nécessaires pour obtenir des résultats optimums sur le terrain; adapter le système d’appui de l’ONU pour en assurer l’efficacité et permettre la bonne utilisation des ressources; mieux planifier, gérer et contrôler les missions de maintien de la paix des Nations Unies ».  Il a espéré que cette démarche sera porteuse d’une meilleure efficacité des OMP.  Il a mis l’accent sur la nécessité de définir plus clairement les mandats des OMP, afin que celles-ci s’acquittent plus convenablement de leurs tâches.  En matière de protection des civils, il a rappelé que la responsabilité première incombait aux pays hôtes.  S’agissant du maintien de la paix robuste, il a suggéré que l’on travaille davantage à la définition de ce concept qui vient démontrer toute la complexité et les défis contenus dans les OMP.  En outre, M. Ibrahim Abani s’est réjoui de l’existence de partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et a salué le rapport du Secrétaire général sur l’appui aux OMP de l’Union africaine autorisées par l’ONU (document A/64/359) qui souligne l’importance du lien stratégique unissant l’UA et l’ONU et énonce des mesures concrètes pouvant renforcer ce partenariat.


M. GHAZI JOMAA (Tunisie) a estimé qu’il était impératif de faire respecter les principes directeurs régissant les opérations de maintien de la paix, dont notamment le consentement des parties et le non-usage de la force sauf en cas d’autodéfense, ainsi que le respect des principes de souveraineté, d’indépendance politique, d’intégrité territoriale et de non-intervention dans les affaires intérieures des États.  En outre, le processus visant le perfectionnement du secteur des OMP doit être conçu comme un partenariat entre les différents acteurs concernés, même si l’Assemblée générale demeure le cadre approprié pour mener les discussions sur toutes les tentatives de réforme des OMP, en complémentarité avec les autres organes de l’ONU.  M. Jomaa a également réitéré la nécessité de faire participer les contributeurs de troupes à toutes les phases de conception, de mise en place, de changement et de modification partielle des mandats des OMP.  Il a enfin souligné l’importance que sa délégation attache au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, notamment en matière de capacités institutionnelles: si des progrès ont été réalisés à cet égard, il faut que les recommandations faites ces deux dernières années pour mieux appréhender les besoins de l’Afrique soient suivies de mesures concrètes et adéquates, a-t-il ajouté.


Mme CARMEN MARIA GALLARDO HERNÁNDEZ (El Salvador) a mis l’accent sur la complexité croissante des mandats confiés aux OMP.  Elle a estimé nécessaire d’obtenir une plus grande clarté dans la transition entre les phases de maintien et de consolidation de la paix.  El Salvador reconnait que des efforts ont été faits au niveau du Secrétariat pour adapter les OMP aux nouveaux défis, a-t-elle dit, avant de préciser que son pays contribuait à la Mission des Nations Unies au Liban.  Il est important de renforcer les échanges d’informations et d’améliorer la collaboration avec les pays contributeurs de troupes.  Il faut respecter scrupuleusement les buts et principes de la Charte des Nations Unies, a-t-elle insisté, en mettant l’accent sur les principes de base que sont le consentement du gouvernement hôte, l’impartialité, et le non-recours à l’emploi de la force, sauf en cas de légitime défense.  La représentante a insisté sur le fait que ces principes devaient être scrupuleusement respectés, car ils représentent une condition sine qua non de la crédibilité des OMP et des Nations Unies en général.  Citant l’exemple d’El Salvador, elle a mis l’accent sur l’importance d’une meilleure coordination des efforts des Nations Unies, pour que la population sortant d’un conflit puisse constater elle-même les progrès effectués dans le retour à la paix.  


M. RETA ALEMU NEGA (Éthiopie) a lui aussi estimé que les pays contributeurs de troupes devraient être associés à la formulation des politiques de maintien de la paix et de planification du déploiement, ce qui est une priorité pour son gouvernement, l’un des plus importants fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix.  M. Alemu Nega a ensuite déclaré qu’au cours des dernières années, le cadre de coopération établi entre l’Union africaine et les Nations Unies devrait servir de modèle pour les travaux à venir du DOMP et du DAM et permettre à l’ONU de consolider ses activités avec les acteurs régionaux.  Après avoir rappelé que l’Éthiopie avait déployé cinq hélicoptères Mi-35 dans le cadre de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), le représentant a émis l’espoir que les arriérés dus aux pays contributeurs de troupes seraient réglés dans les meilleurs délais.  Plus généralement, la question de leur remboursement devrait être prise en considération par le Comité spécial, a-t-il suggéré.


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a appuyé la nécessité de respecter les principes directeurs du maintien de la paix qui consolident le principe de sécurité collective à travers le bon usage du multilatéralisme.  Il a cité le respect de la souveraineté des États, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, et la nécessité de ne pas détourner les mandats dans l’intérêt d’une soi-disant crédibilité de l’ONU.  C’est dans le contexte du respect de ces principes que le Qatar a accepté de participer à la FINUL, a-t-il dit.  Les OMP ne peuvent pas remplacer le traitement des causes profondes des conflits, a-t-il estimé.  C’est pourquoi, il a mis l’accent sur l’importance de la coordination de tous les efforts avec le pays hôte.  Il a considéré les attaques contre les agents de la paix comme étant une des principales menaces aux OMP, tout comme les violations des espaces aériens perpétrées par certaines forces d’occupation.  Il faut que les ressources humaines et logistiques soient compatibles avec les objectifs et mandats de la mission, a dit le représentant.  Notant que la presque totalité des troupes de maintien de la paix était fournie par les pays en développement, il a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 1353 du Conseil de sécurité pour consolider la coopération entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents à toutes les étapes de la planification des OMP.     


M. ABDALMAHMOOD A. MOHAMAD (Soudan) a dit que son pays s’est entièrement conformé aux termes de la résolution portant création de la MINUAD.  Il a déclaré que la guerre a pris fin au Darfour et que des milliers de déplacés commencent à retourner dans leurs villages.  Il a cité la signature aujourd’hui à Doha, sous la médiation du Qatar, d’un Accord-cadre qui garantit le cessez-le-feu et la libération des prisonniers.  Le représentant a précisé qu’un accord final sera signé le 15 mars.  Il a remercié le Médiateur conjoint ONU-Union africaine et toutes les parties qui ont permis l’avènement de cet heureux événement.  Il a jugé insuffisant le rôle des Nations Unies dans le traitement des causes économiques et sociales du conflit.  Il a mis l’accent sur la nécessité de respecter la Charte des Nations Unies et les principes du consentement du gouvernement hôte d’une OMP, de l’impartialité, et de non-recours à l’emploi de la force, sauf en cas de légitime défense.  Il ne s’agit pas non plus de les interpréter d’une manière contradictoire, a-t-il prévenu.  Il faut aux OMP un mandat clair et réalisable avec des ressources financières et humaines qui soient en phase avec les objectifs visés, a-t-il insisté.  L’objectif ultime et le succès de toute OMP réside dans la réalisation de la paix avec une bonne stratégie de sortie. 


Le représentant a par ailleurs souligné l’importance des accords régionaux en matière de maintien de la paix, ceci en accord avec les termes du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Il a salué le document « Nouvel horizon » qui s’inspire des expériences passées de réforme.  En ce qui concerne la protection des civils, il a rappelé qu’il incombait au pays hôte, et a fustigé toutes les tentatives d’interventions étrangères de ce principe sous prétexte d’améliorer la protection des populations civiles.  Il a prévenu qu’une telle intervention n’aura que des conséquences négatives sur le processus de paix.  Il a souhaité que la protection des civils, objectif très noble en lui-même, ne soit pas politisée, et a rappelé que la réalisation de la paix était l’objectif ultime à atteindre.  « Nous devons nous accorder sur les civils que nous souhaitons protéger et contre quoi nous voulons les protéger », a noté le représentant.  « Pourquoi cette politique du « deux poids, deux mesures » lorsqu’il s’agit de s’engager dans la protection des civils, alors que chaque jour nous entendons parler du Soudan et beaucoup moins d’autres pays, s’est-il interrogé.  S’agissant de la question concernant la conduite de « missions robustes », il a insisté sur le respect du principe de non-recours à l’emploi de la force, sauf en cas de légitime défense.  En outre, il a salué la mise en place de la stratégie globale d’appui aux missions et de ses quatre objectifs principaux.   


M. DANIEL CARMON (Israël) a estimé qu’en dépit des dangers qui se posent sur le terrain, les Casques bleus et leurs commandants ne devraient pas être dissuadés de s’acquitter de leurs mandats.  Il a cité l’exemple de l’« organisation terroriste » Hezbollah, « qui recourt souvent à des civils » ou à des « supposés civils » pour faire obstacle aux opérations de la Force des Nations Unies au Liban (FINUL).  Tout en reconnaissant qu’il s’agissait d’une question difficile à résoudre, le représentant a encouragé la recherche de solutions innovantes pour mettre au point des règles d’engagement plus adaptées aux réalités sur le terrain.  « Aller de l’avant », la dernière évaluation en date de la FINUL, fait des propositions pertinentes à cet égard, a relevé le représentant, pour qui il reste cependant « beaucoup à faire ».  Au-delà du Moyen-Orient, où trois opérations sont actuellement déployées, la situation en Haïti continue de poser un défi majeur pour la communauté internationale, en particulier la communauté du maintien de la paix, a estimé M. Carmon.  Israël, après avoir achevé ses opérations de recherche et de secours, envisage maintenant de déployer une unité de police en Haïti en appui aux effectifs de la MINUSTAH.  Cette contribution s’inscrit dan le cadre des efforts continus d’Israël pour élargir sa participation aux opérations de maintien de la paix dans différents domaines, a assuré le représentant.


Droits de réponse


Le représentant de la République arabe syrienne a qualifié de « mensonges » les propos tenus par le représentant d’Israël, qui reflètent la volonté des dirigeants israéliens de détourner l’attention du monde des crimes commis sur les territoires qu’Israël occupe illégalement.  Le représentant a dénoncé l’assassinat de Dubaï perpétré, a-t-il affirmé, par des agents du Mossad infiltrés dans cet État souverain à l’aide de faux passeports.  Il a affirmé que la délégation syrienne ne cesserait jamais de dénoncer le passif d’Israël en matière de maintien de la paix, notamment s’agissant des pertes de Casques bleus au Liban, qui ont presque toutes été provoquées par les forces israéliennes, même si elles invoquent le « caractère involontaire » de ces morts.


Le représentant du Liban a quant à lui qualifié d’« intéressants » les propos d’Israël, alors que ce pays a provoqué la mort de nombreux Casques bleus.  Le représentant israélien parle du Hezbollah, mais le Hezbollah n’était pas là en 1978, ni en 1982, c’est un mouvement qui s’est créé uniquement en résistance à l’invasion israélienne, a-t-il dit.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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