AG/PKO/203

« Il faut des mandats clairs et des ressources adéquates » pour les opérations de maintien de la paix, plaide le Chef de ces opérations à l’ONU

22/02/2010
Assemblée généraleAG/PKO/203
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial des opérations

de maintien de la paix

Session de fond de 2010                                    

212e & 213e séances – matin & après-midi


« IL FAUT DES MANDATS CLAIRS ET DES RESSOURCES ADÉQUATES » POUR LES OPÉRATIONS

DE MAINTIEN DE LA PAIX, PLAIDE LE CHEF DE CES OPÉRATIONS À L’ONU


« Haïti est un test sans précédent de notre capacité à répondre rapidement à une situation d’urgence »,

souligne la responsable à l’appui aux missions de maintien de la paix


Alors que l’année 2010 marque les dixièmes anniversaires de la publication du rapport Brahimi sur les opérations de maintien de la paix -dont les recommandations pionnières sont toujours d’actualité-, et de l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) a ouvert ce matin ses travaux dans une atmosphère endeuillée par les pertes subies par l’ONU et Haïti au cours du séisme qui a dévasté Haïti le mois dernier et laissé un « trou béant dans le cœur des Nations Unies ».


Tels sont les mots employés par la Secrétaire générale adjointe du Département de l’appui aux missions pour décrire ce coup terrible porté à la population d’Haïti, ainsi qu’à la Mission de stabilisation déployée depuis 2004 par l’ONU pour y faciliter la poursuite d’un processus politique pacifique et constitutionnel et le maintien de conditions de sécurité et de stabilité.  « Cent deux membres du personnel des Nations Unies ont péri dans la catastrophe », a rappelé Mme Susana Malcorra.


Son homologue, M. Alain Le Roy, qui dirige le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) a rappelé que seule la mise en œuvre conjointe des quatre piliers identifiés par le Comité des 34 -à savoir la planification et le contrôle; l’élaboration des politiques, le renforcement des capacités et l’appui aux missions-, parviendrait à améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix face à des situations de plus en plus complexes et difficiles.


En effet, dans son rapport* sur l’application des recommandations du Comité, le Secrétaire général rappelle qu’en 2009, les besoins opérationnels en matière de maintien de la paix ont continué d’augmenter.  Les effectifs des 17 missions dirigées par le DOMP ont augmenté pour dépasser le chiffre de 118 000 personnels, dont 83 414 militaires.  « Or, bien souvent, il existe un décalage entre ces besoins importants et les capacités et les ressources disponibles », fait observer M. Ban Ki-moon dans ce rapport.


Dans ce contexte, la plupart des délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont souligné, à la suite de M. Le Roy, la nécessité de renforcer la coopération du Conseil de sécurité avec les pays fournisseurs d’effectifs militaires ou de police et le Secrétariat et ce, dès la phase de planification des missions.


C’est également à ce stade que devrait être intégré aux mandats un volet relatif à la consolidation de la paix, a suggéré de son côté le représentant de l’Espagne, qui a pris la parole au nom de l’Union européenne.  M. Le Roy a indiqué que le DOMP développait actuellement une stratégie relative aux activités précoces de consolidation de la paix à entreprendre par les acteurs du maintien de la paix.


Cette stratégie est respectueuse des cinq domaines prioritaires identifiés par le Secrétaire général: appui aux efforts de base en matière de sûreté et de sécurité; appui au processus politique; appui à la fourniture de services de base; appui à la restauration des fonctions gouvernementales essentielles; et appui à la reprise économique dans les pays où sont déployées les missions de maintien de la paix.


Par delà sa situation exceptionnelle, Haïti est emblématique des difficultés logistiques auxquelles sont confrontées plusieurs des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, comme par exemple celles déployées en Afghanistan, en Somalie, au Darfour ou en République démocratique du Congo (RDC), pays où l’absence de routes praticables et d’infrastructures appropriées le dispute à des conditions sécuritaires médiocres, voire exécrables, a expliqué Mme Malcorra.


Le Secrétaire général adjoint au maintien de la paix, Alain Le Roy, a souligné l’importance de disposer de « mandats clairs et réalisables et de ressources adéquates ».  Il a à cet égard plaidé pour que l’on mette fin aux « déficits critiques » dont souffrent les opérations de maintien de la paix.  C’est dans ce contexte, a-t-il annoncé, que son Département et celui de l’appui aux missions œuvrent ensemble à mettre au point une stratégie globale de développement des capacités.


Réagissant à la Stratégie mondiale d’appui aux missions, proposée par le Secrétariat afin de réorganiser en profondeur les services d’appui aux missions extérieures, plusieurs délégations, dont celles de l’Australie -qui s’exprimait également au nom du Canada et de la Nouvelle-Zélande-, et des États-Unis, ont demandé à ce que ce document soit examiné en détail avant son adoption par l’Assemblée générale, « d’ici à la fin du mois de mai 2010 », a souhaité Mme Malcorra.


En début de séance, le Comité a élu par acclamation Mme U. Joy Ogwu (Nigéria) à sa Présidence, et M. Amr El-Sherbini (Égypte) au poste de Rapporteur.  Ont été élus Vice-Présidents: M. Diego Limeres (Argentine), M. Henri-Paul Normandin (Canada), M. Tetsuya Kimura (Japon) et M. Zbigniew Szlek (Pologne).


Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix poursuivra son débat général demain, mardi 23 février, à partir de 10 heures.


Informations de base


Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a été établi par la résolution 2006 (XIX) de l’Assemblée générale, le 18 février 1965.  Il a pour mandat d’entreprendre une étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.  Il rend compte de ses travaux à l’Assemblée générale par l’intermédiaire de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission).  Les États Membres qui font partie du Comité spécial sont au nombre de 145, ces États étant pour la plupart des anciens ou actuels contributeurs en personnel aux opérations de maintien de la paix.  D’autres États Membres et organisations participent également aux travaux du Comité spécial en tant qu’observateurs.


Dans le cadre de la présente session, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix est saisi de plusieurs rapports.  Outre celui du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Comité spécial déjà mentionné, il est notamment saisi des rapports du Secrétaire général sur l’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par l’ONU** et sur la Stratégie mondiale d’appui aux missions ***.


*     A/64/573

**    A/64/359-S/2009/470

***   A/64/633



Débat général


M. ALAIN LE ROY, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a déclaré que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, ou Comité des 34, était unique parmi les autres comités en raison de sa capacité de rassembler les connaissances militaires, policières et diplomatiques des États Membres.  Nous avons aussi débattu de cette question lors d’intenses débats de la Quatrième Commission au mois d’octobre, ainsi qu’au cours de réunions informelles de cette Commission, sans oublier les conférences, les séminaires et autres réunions de travail organisés par les États membres à New York et ailleurs, a-t-il dit.  Il a indiqué que le rapport du Secrétaire général sur l’« Application des recommandations du Comité spécial des opérations de maintien de la paix » (A/64/573) était divisé en quatre principales parties: Planification et contrôle; Élaboration des politiques; Renforcement des capacités et Appui aux missions.  Ces quatre piliers sont liés et ce n’est qu’en les mettant en œuvre ensemble que nous parviendrons à améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, a insisté M. Le Roy.  


Il a déclaré que les discussions de l’année dernière avaient été l’occasion de mettre l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération entre pays fournisseurs d’effectifs militaires ou de police et le Secrétariat.  Il a exprimé son souci d’inclure les points de vue des contributeurs d’effectifs militaires ou de police dans les rapports présentés au Conseil de sécurité.  Il a assuré que ces efforts visant à prendre en compte les points de vue des pays contributeurs d’effectifs militaires ou de police avaient déjà porté leurs fruits, comme en témoignent les récents débats de ces derniers mois sur les directions à prendre par la FINUL, la MINUSTAH, la MINUL, la MONUC, l’ONUCI et la MINUT.  Ce dialogue est un élément particulièrement important des efforts visant à aboutir à un mandat clair, crédible et réalisable.  L’expertise acquise par les pays contributeurs de troupes et de police sur le terrain est une contribution inestimable à la réalisation de cet objectif, a-t-il insisté. 


Des mandats clairs et réalisables doivent aussi disposer des ressources adéquates, a-t-il ajouté en souhaitant que l’on mette fin aux manques critiques dont souffrent les opérations de maintien de la paix.  Il faut nous assurer que les soldats de maintien de la paix soient bien équipés et bien formés de façon à être en mesure de remplir la mission que l’on attend d’eux, a-t-il dit.  C’est dans ce contexte, que le DOMP et le Département d’appui aux missions travaillent ensemble pour élaborer une stratégie globale de développement des capacités.  Il s’agit de créer des synergies entre ces deux Départements afin de construire et de renforcer des capacités dans tous les domaines du maintien de la paix, a préconisé M. Le Roy.  Nous attendons aussi votre soutien en ce qui concerne le dialogue en cours sur les incitations axées sur le rendement dans le contexte du groupe de travail sur le matériel appartenant aux contingents, a-t-il dit.  Par ailleurs, il a mis l’accent sur les efforts à mettre en œuvre afin de renforcer les systèmes de gestion des ressources humaines, qui sont une clef pour assurer la disponibilité rapide de personnels qualifiés pouvant être déployés rapidement.   


Dans son rapport au Comité, le Secrétaire général adjoint a souligné l’importance de plus de clarté sur le rôle que doivent jouer les acteurs du maintien de la paix en tant que premiers éléments de la consolidation de la paix. Il a rappelé que le rapport du Secrétaire général du mois de juin 2009 sur la consolidation de la paix mettait l’accent sur cinq domaines: appui aux efforts de base en matière de sûreté et de sécurité; appui au processus politique; appui à la fourniture de services de base; appui à la restauration des fonctions gouvernementales essentielles et appui à la reprise économique. 


M. Le Roy a indiqué que le DOMP développait une stratégie relative aux activités précoces de consolidation de la paix à entreprendre par les acteurs du maintien de la paix.  Cette stratégie se concentre sur la primauté du droit, la lutte antimines, le renforcement du secteur de la sécurité, le désarmement, démobilisation et réintégration (DDR); et elle aidera les missions à établir des priorités pour la mise en œuvre de mandats complexes.  M. Le Roy, a, par ailleurs, regretté le manque de moyens pour soutenir les tâches précoces du maintien de la paix comme la réhabilitation des prisons et la formation de la police.  Étant donné que les mandats ont gagné en complexité, les demandes des États ont également gagné en complexité, a-t-il précisé, en insistant sur la nécessité de développer des directives pour les soldats de maintien de la paix.  


Le Secrétaire général adjoint a mis l’accent sur la protection des civils en saluant les approches innovantes que certaines missions ont adoptées en la matière.  Il a souligné les grandes lacunes existant en matière de ressources et de formation des personnels qui mettent en œuvre l’aspect du mandat des missions concernant la protection des civils en citant un manque de compréhension commune du concept de « protection des civils ».  Si la protection des civils incombe aux pays hôtes, il a noté que ceux-ci n’ont souvent pas les moyens de s’en acquitter.  Les missions ont donc la responsabilité de protéger les civils, a-t-il dit, en mettant l’accent sur la nécessité de mieux comprendre les problèmes liés à cette protection.  Il a insisté sur l’importance de développer un mécanisme de suivi et de surveillance qui dispose des ressources et des formations nécessaires.  C’est dans ce contexte, a-t-il dit, que le DOMP a développé sa stratégie globale d’appui au terrain.  Les défis que doivent relever le DOMP sont énormes, a-t-il insisté avant de préciser que les efforts en cours pour améliorer les mandats et les missions de maintien de la paix visaient avant tout l’amélioration du bien-être des populations.  Alors que cette année marque le dixième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur la femme, la paix et la sécurité, nous veillerons à ce que la sexospécifité soit au cœur de nos efforts d’amélioration du maintien de la paix, a insisté M. Le Roy.  Alors que nous fêterons au mois d’août  le dixième anniversaire du rapport Brahimi, a-t-il également dit, nous devons utiliser les mois qui viennent pour mettre en œuvre un nouvel agenda du maintien de la paix qui s’appuie sur les fondations inestimables jetées par ce rapport.


Mme SUSANA MALCORRA, Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, a rappelé que le Département d’appui aux missions s’occupait des aspects administratifs, logistiques et de gestion des opérations de maintien de la paix.  Le Département d’appui apporte son soutien à 15 opérations de maintien de la paix et à 14 missions politiques spéciales, ainsi qu’à la Mission de l’Union africaine en Somalie.  En outre, il poursuit la clôture de 10 autres opérations de maintien de la paix, a précisé Mme Malcorra.


L’an dernier, en Afghanistan, le Département a travaillé avec la Mission d’assistance des Nations Unies dans ce pays (MANUA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) afin de leur apporter le soutien logistique dont ils ont besoin pour l’organisation des élections.  L’aggravation de la situation sécuritaire a cependant contraint le Département d’appui aux missions à adopter une posture « protectrice », exerçant une pression sur la chaîne d’approvisionnement et, par conséquent, limitant sa mobilité et sa capacité à fournir des services à la population locale.  Ainsi, l’attentat perpétré à Kaboul à l’automne dernier, au cours duquel cinq personnels des Nations Unies ont trouvé la mort, a nécessité une réinstallation temporaire à Dubaï du personnel non essentiel des Nations Unies, a dit Mme Malcorra.


En République démocratique du Congo (RDC), le redéploiement de la composante militaire (95% des Casques bleus étant stationnés dans l’est du pays) a des implications financières: par exemple, l’absence de routes praticables et d’infrastructures appropriées dans cette région a rendu indispensable l’utilisation des transports aériens, notamment d’hélicoptères, ce qui a fait augmenter considérablement les coûts logistiques, a expliqué la Secrétaire générale adjointe.  Ce sont des problèmes similaires qui se sont posés au Darfour, où le Département appuie l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies (MINUAD).  En effet, les longues chaînes d’approvisionnement, les infrastructures en mauvais état, les difficultés à recruter des personnels qualifiés et à obtenir des infrastructures, ralentissent les efforts sur le terrain, a noté la Secrétaire générale adjointe.  En Somalie, le soutien apporté par les Nations Unies à l’AMISOM représente un arrangement sans précédent, qui se traduit notamment par l’ouverture d’un réseau d’approvisionnement allant de Mombasa, au Kenya, jusqu’à Mogadiscio en Somalie.


Après avoir évoqué les situations en Érythrée, au Kosovo et en Géorgie, où des opérations de maintien de la paix sont en cours de démantèlement, Mme Malcorra s’est attardée sur celle qui prévaut actuellement en Haïti, plus d’un mois après le séisme.  La Mission des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays continue d’être à la tête des efforts déployés sur   troupes supplémentaires et de 1 500 personnels de police, autorisé par le Conseil de sécurité, se poursuit.  En termes de logistique, près de 3 000 abris temporaires ont été mis en place dès le lendemain de la catastrophe, assortis d’articles d’urgence d’un montant de trois millions de dollars.  La Secrétaire générale adjointe a indiqué que 95% des télécommunications avaient été rétablies dans les trois jours et que le pont aérien ouvert entre Saint-Domingue et Port-au-Prince était toujours opérationnel.  La mort tragique de 102 personnels des Nations Unies a causé un terrible sentiment de vide au sein des Nations Unies, a-t-elle déploré.  D’immenses défis se posent désormais, comme prêter assistance à la population locale, mettre en place des services mortuaires, identifier les victimes ou offrir un soutien psychologique aux personnels traumatisés.  Plus de 300 personnels temporaires ont été déployés à partir du Siège et d’autres missions pour remplacer ceux qui ont péri dans le séisme, tandis qu’une centaine d’autres sont provisoirement stationnés à Saint-Domingue, a-t-elle relevé.  « Haïti représente un test sans précédent de la capacité des Nations Unies à répondre rapidement et avec souplesse » à une situation d’urgence, a conclu Mme Malcorra sur ce sujet.


Abordant ensuite les questions relatives à la discipline et à la bonne conduite des personnels, la Secrétaire générale adjointe a repris les conclusions du Secrétaire général qui, dans son rapport, fait observer la diminution, au cours de l’année écoulée, du nombre d’allégations d’abus et d’exploitations sexuels de catégorie I portées contre des personnels déployés sur le terrain.  Cependant, en décembre dernier, une recrudescence a été observée, en particulier des viols commis sur des personnes mineures, soulignant la nécessité de poursuivre la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro du Secrétaire général, en particulier par l’entremise des Unités de bonne conduite et de discipline.


Mme Malcorra a évoqué le rapport du Secrétaire général sur la Stratégie mondiale d’appui aux missions, qui a pour objectif global de réorganiser en profondeur la manière dont les services d’appui sont assurés aux missions extérieures.  Elle repose sur quatre piliers: la modification des mécanismes de financement des missions; la création d’un centre mondial et de centres régionaux de services; la création de modules de déploiement et le renforcement des

capacités d’intervention, une démarche délibérée visant à s’attacher des capacités civiles externes et à renforcer les capacités civiles internes.  Même si cette Stratégie sera discutée dans les jours à venir par le Comité puis par les organes intergouvernementaux, Susana Malcorra a formé le vœu qu’elle soit adoptée par l’Assemblée générale d’ici à la fin du mois de mai 2010.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc), s’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, s’est inquiété du changement de terminologie, notant qu’on utilise moins maintenant l’expression « opérations de maintien de la paix » (OMP) et davantage « opérations de paix ».  Soulignant la complexité des missions de maintien de la paix et leur caractère multidimensionnel, il a rappelé la nécessité pour les États Membres de continuer à suivre les principes directeurs des opérations de maintien de la paix (OMP), comme notamment le consentement des parties et le non-usage de la force sauf en cas d’auto-défense.  Il a aussi relevé l’importance du respect des principes de souveraineté, d’indépendance politique, d’intégrité territoriale et de non-intervention.  Ces opérations ne devraient pas avoir comme objectif de se substituer aux programmes et politiques visant à rechercher et identifier les racines des conflits, car cela doit se faire plutôt d’une façon complète et planifiée, a-t-il estimé.  Il a aussi réaffirmé que le maintien de la paix devrait être envisagé dès le début avec un soutien politique, des effectifs humains et des ressources logistiques suffisants.


Le Mouvement des non-alignés contribue au personnel déployé dans les missions à hauteur de 87% et parmi ses membres se trouve la majorité des pays dans lesquels les missions sont implantées, a relevé le représentant.  Cela nous donne le droit de plaider en faveur de l’implication des pays contributeurs de troupes dès l’élaboration du projet de mission et ensuite à toutes ses étapes, a-t-il dit.  Il a aussi invité d’autres pays à fournir des soldats de la paix, en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité.  Abordant la question de la sécurité et de la sûreté du personnel des missions, il a réitéré la nécessité d’allouer les ressources suffisantes à celles-ci et de ne pas les déployer si le processus politique est compromis dans le pays considéré.  Pour ce qui est du dédommagement des invalides et des familles des soldats décédés, il a exhorté le Secrétariat des Nations Unies à faire avancer les dossiers plus rapidement et a proposé des consultations informelles du Comité spécial à cet égard.


Le Mouvement des non-alignés estime que la réussite d’une OMP dépend de sa capacité à mettre en œuvre rapidement des activités de consolidation de la paix afin d’en faire profiter la population immédiatement, a dit le représentant.  Pour cela, a précisé M. Loulichki, la composante consolidation de la paix d’une OMP complexe doit s’atteler à transférer le plus tôt possible les responsabilités des autorités locales aux autorités nationales.  Quant à la protection des civils, le représentant a rappelé qu’elle relève en premier lieu du pays hôte et que, si la mission de maintien de la paix est bien menée, elle doit conduire nécessairement à la sécurité pour les civils.  Le représentant a aussi souligné le rôle primordial des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et l’importance des accords régionaux, invitant notamment les participants à la réunion à renforcer le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine.  Appelant également au renforcement des ressources allouées au maintien de la paix, il a proposé la création d’un groupe de travail à composition non limitée et l’adoption de ce thème comme ordre du jour pour la prochaine session du Comité.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. JUAN ANTONIO YAÑEZ-BARNUEVO (Espagne) a indiqué que le rapport du Secrétaire général portant sur le thème « Nouvel horizon » met en évidence les défis politiques et pratiques qui se posent aux opérations de maintien de la paix.  Pour les États membres de l’Union européenne, identifier et renforcer les liens entre maintien et consolidation de la paix, en étroite coopération avec le pays hôte, constituent la clef du succès de toute mission des Nations Unies sur le terrain, a-t-il expliqué.  En effet, les éléments fondamentaux de la consolidation de la paix doivent être intégrés dès la phase de planification des opérations, a insisté le représentant, soulignant la contribution majeure que pourraient apporter selon lui les Casques bleus au renforcement des processus politiques nationaux et la « redistribution des dividendes de la paix » auprès des communautés locales.


L’Union européenne est également préoccupée par la protection des civils, qui doit se faire conformément aux principes de maintien de la paix entérinés par les Nations Unies: si le pays hôte porte la responsabilité première de protéger ses citoyens, il n’en reste pas moins que les Casques bleus doivent jouer un rôle de transition à cet égard dans les zones touchées par un conflit.  Tout devrait donc être mis en œuvre pour donner aux personnels militaires et policiers les moyens de s’acquitter de leur mandat de protection, a relevé le représentant, qui a fait part de la volonté politique de l’Union européenne de coopérer avec le Comité des 34 à cet égard.


En outre, a poursuivi M. Yañez-Barnuevo, une approche vigoureuse du maintien de la paix est une question d’importance pour l’Union européenne, et c’est une question à laquelle le Comité des 34 doit impérativement répondre.  Il ne s’agit pas simplement de la dimension militaire de la mission, a-t-il signalé, mais aussi de sa dimension politique.  En réalité, la robustesse d’une opération de maintien de la paix se mesure précisément à l’aune de l’absence de recours à l’usage de la force, a jugé le représentant.  Dans ce contexte, le consentement du pays hôte, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en situation de légitime défense, sont des critères auxquels adhère l’Union européenne, a-t-il assuré.  Dans les cas où des opérations robustes sont nécessaires, les pays contributeurs de troupes et d’effectifs doivent être consultés dès la phase de planification.


L’Union européenne suivra avec intérêt les discussions autour des arrangements visant à renforcer la gestion et la supervision des opérations de maintien de la paix.  Elle encourage par ailleurs le renforcement des liens déjà existants entre les Nations Unies et les organisations internationales, régionales et sous-régionales, notamment l’Union africaine, dans le cadre des opérations de maintien de la paix, a indiqué M. Yañez-Barnuevo.  Le représentant a déclaré qu’il fallait soutenir les efforts actuellement déployés à l’appui de la sécurité et de la sûreté des personnels de maintien de la paix.  Après avoir affirmé qu’il fallait mettre pleinement en œuvre la politique de tolérance zéro du Secrétaire général en matière d’exploitation et d’abus sexuels, ainsi que des résolutions 1612 et 1882 sur les enfants et les conflits armés, M. Yañez-Barnuevo a réitéré la volonté de l’Union européenne d’œuvrer avec toutes les parties prenantes à l’établissement d’un Partenariat mondial des Nations Unies pour le maintien de la paix.


Intervenant au nom des pays du Groupe de Rio, M. EDOUARDO GALVEZ (Chili) a estimé qu’il était essentiel que la communauté internationale poursuive et renforce son appui à Haïti.  Dans un contexte marqué par l’augmentation du nombre des missions et des effectifs nécessaires à leur fonctionnement, il a dit qu’il est essentiel de renforcer la capacité opérationnelle de l’ONU au Siège et sur le terrain pour améliorer l’efficacité des OMP conformément à la Charte de l’Organisation.  Il est essentiel de respecter les principes du respect du consentement des parties, de l’impartialité et de la non-utilisation de la force sauf en cas de légitime défense, pour renforcer la légitimité et l’efficacité des missions de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il insisté.


M. Galvez a dit que l’Assemblée générale était l’organe intergouvernemental compétent pour formuler les directives des OMP et que le Comité des 34 était la seule instance à pouvoir soumettre des recommandations dans ce domaine.  Il a souhaité qu’ait lieu un débat de fond sur toutes les questions de renforcement des opérations de maintien de la paix, notamment sur les questions relatives à la sécurité dans les zones d’opérations de l’ONU.  Il faut améliorer la coordination et les interactions entre les différents acteurs du maintien de la paix, a-t-il insisté, en citant les pays hôtes, le Comité des 34, les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité, la Cinquième Commission et le Secrétariat.  Cette coopération doit précéder toute prise de décision, a-t-il insisté.  Il a souhaité que les pays fournisseurs de contingents puissent réellement être entendus avant que l’on décide des caractéristiques des mandats d’une mission.  Une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité, le Comité des 34, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents est essentielle, a-t-il dit, avant de citer en exemple l’initiative du Président du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les OMP qui a invité les pays fournisseurs de contingents à exprimer leurs attentes.  Il a souhaité que ce genre de réunions se poursuive.


Étant donné que les mandats sont appliqués par les pays fournisseurs, le Groupe de Rio estime qu’il est nécessaire de disposer de directives claires et pertinentes, ainsi que des ressources et de la formation appropriées, pour permettre aux soldats de remplir les missions qui leur sont attribuées, a noté M. Galvez.  La bonne réalisation de toutes les tâches, y compris la protection des civils, exige des efforts à tous les niveaux et une approche globale.  Le Groupe de Rio est conscient de la diversité des mandats et de leur complexité, a-t-il dit en estimant contreproductif de mettre en place des missions qui ne disposent pas des moyens qui leur permettraient de mettre en œuvre le mandat qui leur est confié.  Il a souhaité que toutes les missions soient traitées de manière équitable et a espéré que le Groupe de travail sur le matériel appartenant aux contingents, qui se réunira en 2011, prendra en compte toutes ces questions.


M. Galvez s’est félicité de la publication de la « Stratégie de formation au maintien de la paix ».  Il a salué la mise en place d’une formation en ligne multilingue et gratuite au maintien de la paix dispensée par l’Institut de formation aux opérations de la paix (POTI).  Grâce à des contributions volontaires, elle permet aux acteurs du maintien de la paix originaires d’Afrique et de l’Amérique latine et des Caraïbes de bénéficier, sans frais, de ses cours.  Dans le but d’assurer une paix durable, M. Galvez a estimé essentiel que l’ONU coopère avec tous les États qui le demandent en matière de développement économique et social, ceci dans le respect de la souveraineté des États.  S’agissant tout particulièrement d’Haïti, il a jugé important d’assurer le relèvement économique et social de ce pays, de renforcer ses institutions et de mettre l’accent sur les questions de sécurité.


S’exprimant au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ), M. GARY QUINLAN (Australie) a indiqué qu’en dépit de la complexité croissante des opérations de maintien de la paix, il existait des principes fondamentaux sur lesquels celles-ci devaient continuer de reposer: impartialité, consentement du pays hôte et non-recours à l’usage de la force sauf en cas de légitime défense ou d’action entrant dans la mise en œuvre de leur mandat de la part des forces onusiennes.  Le représentant du Groupe CANZ a ensuite estimé que, pour permettre aux Casques bleus de protéger efficacement les civils, il serait nécessaire d’adopter un « concept opérationnel standard », ce qui aidera le Conseil de sécurité et le Secrétariat à déterminer plus précisément les ressources nécessaires à cette fin.  Saluant la note du DOMP et du Département d’appui aux missions sur un maintien de la paix robuste, le représentant australien a estimé que les problèmes actuels tenaient à l’absence de directives claires, de formation et de ressources dont souffrent les OMP pour pouvoir s’acquitter convenablement de leur mandat.  M. Quinlan a estimé que maintien et consolidation de la paix ne devaient être vus comme des activités distinctes ou concurrentes, mais qu’ils devaient au contraire tendre vers des objectifs communs.  Aussi, la participation de la Commission de consolidation de la paix (CCP) s’avère indispensable dès la phase de planification d’une OMP, a-t-il préconisé.


Les pays du Groupe CANZ ont estimé qu’il fallait réévaluer le rôle du système des Nations Unies dans la mise en œuvre de l’état de droit sur le terrain, a dit M. Quinlan.  En outre, il s’est déclaré favorable à l’application des nouvelles directives proposées par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) concernant le déploiement rapide d’unités sur le terrain.  Le Groupe CANZ est en outre préoccupé par le fait que le Département continue de déployer des troupes et des effectifs de police sans la formation préalable appropriée.  D’une manière plus générale, son représentant a clairement expliqué à quel point était importante la question du recrutement et de la fidélisation de personnels qualifiés.  Le Groupe CANZ est également préoccupé par le foisonnement de détails présents dans la Stratégie proposée par le Département d’appui aux missions, a dit M. Quinlan, qui a estimé que le Comité des 34 ne devrait pas l’approuver sans obtenir des éclaircissements supplémentaires, notamment en ce qui concerne la nature exacte de la « rupture de la chaîne logistique » et sur les moyens de la rétablir.


M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a engagé le Comité à procéder à un examen détaillé des opérations de maintien de la paix déployées à travers le monde dans le but d’améliorer leur efficacité, de répondre aux défis croissants rencontrés sur le terrain et de garantir la crédibilité des Nations Unies.  L’Égypte estime qu’il importe de fournir aux missions suffisamment d’appui politique et de ressources humaines et financières.  « Le maintien de la paix ne doit pas être considéré comme le substitut à la recherche d’une solution à long terme », a dit Maged Abdelaziz.  Le représentant a réclamé la création de mandats « clairs et réalistes », couplés à la création de méthodes de planification intégrées dans le domaine politique et militaire.  Il a également évoqué la nécessité de continuer d’améliorer la coordination avec les pays contributeurs de troupes.


Il importe d’établir une approche intégrée pour assurer la mise en œuvre des mandats « complexes » imposés par le Conseil de sécurité, a enchainé M. Abdelaziz, tout en insistant sur la protection des civils, notamment en l’absence d’une définition claire de qui est un civil dans les situations de conflit armé.  Le représentant de l’Égypte a estimé qu’il fallait éviter d’étendre l’usage de la force au risque de voir l’ONU devenir une partie au conflit.  « La priorité doit être d’appuyer le processus politique », a-t-il affirmé.  M. Abdelaziz a par ailleurs estimé que le rôle des opérations de maintien de la paix et les efforts de consolidation de la paix méritaient d’être clarifié.  De plus, a-t-il ajouté, des stratégies de transition et de sortie doivent être mises sur pied afin de renforcer les capacités du pays hôte dans les domaines de la sécurité, de l’état de droit, de la justice et des droits de l’homme.  Le représentant a par ailleurs réclamé le renforcement des capacités des secteurs militaire et de police, ainsi que de la coopération avec les organisations régionales.


M. A. U. NWOSA (Nigéria) a rappelé que cette année marquait le dixième anniversaire de la publication du rapport Brahimi, l’un des plus grands efforts déployés pour réformer le cadre de maintien de la paix des Nations Unies.  Il a déclaré que si de nombreuses recommandations du rapport Brahimi avaient été appliquées, d’autres n’ont jamais pu l’être.  En tant que grand pays fournisseur d’effectifs militaires et de police, le Nigéria s’est engagé à s’attaquer aux questions importantes du maintien de la paix, a dit M. Nwosa.  Il a salué l’importance du document officieux intitulé « Nouvel horizon ».  Il a précisé que le maintien de la paix n’avait pas seulement connu une augmentation de taille et d’effectifs mais s’était aussi accru en termes de défis posés par la complexité des mandats et des cadres logistiques et sécuritaires particulièrement difficiles à mettre en œuvre, notamment en Afrique où 70% des efforts de maintien de la paix de l’ONU sont déployés.  Alors que de nombreuses missions ne disposent pas des moyens de réaliser leur mandat, le Nigéria se félicite des initiatives lancées par des États Membres, le Conseil de sécurité et le Secrétariat, afin que l’ONU soit en mesure de faire face aux futures menaces qui se posent à la paix mondiale, a dit M. Nwosa. 


Il a précisé que le document « Nouvel horizon » a identifié trois priorités intersectorielles: le renforcement de la protection des civils; rendre les OMP plus robustes; et mettre en application les projets de consolidation de la paix précoce.  Chacun de ces éléments est important, a-t-il dit, en insistant que la robustesse des opérations de maintien de la paix devait être liée au renforcement de la protection de civils.  Il faut suffisamment d’équipements et de matériels pour que les missions puissent atteindre leurs objectifs, a-t-il estimé, en exhortant les États Membres à jouer le rôle qui leur incombe.  Il a dit que le Nigéria était impatient de discuter du projet de document du Secrétariat sur la protection des civils dans les OMP.  Il a jugé essentiel que les membres du Conseil de sécurité fassent preuve de volonté politique pour conférer aux missions les moyens d’un déploiement rapide avec les capacités nécessaires.  Un engagement actif de tous les membres du Conseil serait une source d’inspiration pour les pays fournisseurs de contingents, a-t-il dit.  Les acteurs du développement peuvent jouer un rôle capital pour éviter les conflits en appuyant la promotion d’une croissance durable, a-t-il ajouté.  Il a souhaité que l’ONU reste également très active en matière de prévention des conflits.  Il a exprimé l’appui de son pays au renforcement du système d’alerte précoce pour la résolution des conflits.  M. Nwosa a émis l’espoir que les travaux de ce Comité permettront de prendre des décisions sur des questions capitales, ceci pour que le maintien de la paix s’affirme comme un outil réellement au service de l’ONU et de l’humanité. 


M. JORGE URBINA (Costa Rica) qui s’exprimait au nom du Réseau de la sécurité humaine, a rappelé que la protection des civils dans les conflits armés est l’une des priorités de ce Réseau, avant de reconnaître les défis que doivent encore relever les opérations de maintien de la paix, en la matière.  Il a souligné l’importance de disposer de directives claires, sans pour autant porter préjudice à la responsabilité première qui incombe aux pays hôtes.  Il a appelé à une interaction plus substantielle entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et d’agents de police, les pays hôtes, et le Secrétariat, pour combler le fossé entre les processus de prise de décisions et la véritable mise en œuvre sur le terrain.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, résoudre les problèmes qui se posent en matière de ressources, de capacités et de formation avant le déploiement d’une OMP.


Une approche globale et inclusive des stratégies de protection des civils constitue le moyen le plus efficace de répondre aux menaces sur la sécurité humaine, a estimé le représentant.  Une attention particulière, a-t-il précisé, doit être accordée à l’implication des femmes et des jeunes dans ces processus.  Le représentant a enfin jugé essentiel que des éléments de consolidation de la paix soient inclus dès les premiers stades de planification d’une mission de la paix.  Il s’est félicité, à cet égard, de l’intensification du dialogue et de la coopération entre tous les acteurs concernés au sein de la Commission de consolidation de la paix. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a salué la décision du Secrétariat de lancer l’initiative « Nouvel horizon », ce qui est aussi l’occasion de réaffirmer que le maintien de la paix est avant tout une question de partenariat.  Soulignant l’importance des rôles du Secrétariat, du Conseil de sécurité, de la Cinquième Commission, des pays hôtes des OMP, des pays fournisseurs de contingents, et du Comité des 34, elle a dit qu’il fallait s’assurer que toutes leurs actions se renforcent mutuellement, de façon à ce que l’Organisation des Nations Unies puisse répondre d’une manière cohérente aux défis qui attendent la communauté internationale.  Le « Nouvel horizon » dont il est question nous pousse aussi à discuter du maintien de la paix d’une manière plus stratégique en faisant preuve d’une plus grande clarté conceptuelle dans les domaines de la protection des civils, des missions qui doivent être plus robustes, et de la consolidation de la paix, a dit Mme Ribeiro Viotti. 


Le lien entre maintien de la paix et consolidation de la paix demande aussi que soit faite plus de clarté sur la question, a-t-elle ajouté, en rappelant le consensus qui existe sur la nécessité de démarrer les activités de consolidation de la paix aussi rapidement que possible.  Elle a  mentionné les questions qui subsistent sur les activités de consolidation de paix à mener par les acteurs du maintien de la paix.  Elle a formé le vœu que le Comité des 34 saura aborder cette question dans le respect des aspects économiques et sociaux de la consolidation de la paix.  Bien que les opérations de maintien de la paix ne peuvent être responsables de la sécurité et du relèvement économique à long terme, a-t-elle dit, il faut soutenir les autorités nationales à fournir des services de base, à relancer l’économie et créer des emplois, ce qui est souvent critique pour assurer la stabilité sociale et consolider les paix.  Par ailleurs, Mme Ribeiro Viotti s’est inquiétée des délais qui se posent au remboursement des pays fournisseurs de contingents.  Ces délais affectent la capacité des pays en développement à fournir des effectifs militaires et de police à l’ONU, a-t-elle prévenu.  Sur le même ton, elle a souhaité que l’interaction entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes soit intensifiée.  Enfin, elle a souhaité que tout soit mis en œuvre afin que les missions de maintien de la paix attirent le personnel le plus compétent possible.


M. MANAR TALEB (République arabe syrienne) a déclaré qu’en dépit de la complexité croissante des opérations de maintien de la paix, celles-ci devaient respecter les mandats sur lesquels elles ont été créées et les principes fondamentaux du maintien de la paix: consentement du gouvernement du pays hôte, impartialité et non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.  Les opérations ne peuvent se substituer durablement au règlement des conflits, a souligné le représentant.  Par ailleurs, a-t-il dit, l’augmentation considérable du montant annuel du budget des opérations de maintien de la paix, désormais supérieur au budget ordinaire des Nations Unies, doit nous inviter à réfléchir à l’importance de définir des mandats clairs, précis et réalisables.  Les relations entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions doivent être complémentaires et transparentes, a suggéré M. Taleb.  Il n’a pas cependant estimé qu’il soit nécessaire de créer de nouveaux concepts du maintien de la paix.  Rappelant ensuite que le pays hôte portait la responsabilité première du maintien de la paix sur son territoire, il a souligné l’importance pour les personnels des Nations Unies de cultiver les meilleures relations possibles avec le Gouvernement du pays concerné.  Rendant enfin hommage au travail des démineurs, il a déploré le fait qu’il n’ait toujours pas été possible de placer Israël face à ses responsabilités dans ce domaine, après plus de 30 ans d’occupation de terres arabes.  Au Moyen-Orient, on constate que les opérations subsistent pendant des années, parce que les conflits ne sont pas réglés et qu’Israël poursuit sa politique d’occupation, a-t-il insisté en conclusion.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a présenté les efforts de son pays en matière de renforcement des OMP au cours des 10 dernières années.  Elle a dit que les États-Unis venaient de régler les arriérés accumulés ces quatre dernières années vis-à-vis du budget de l’ONU.  Elle a précisé que les États-Unis avaient fourni trois  milliards de dollars pour huit missions de maintien de la paix et offert du matériel à une dizaine de nations pour qu’elles puissent fournir des effectifs militaires ou de police aux OMP.  Elle a souligné le rôle des envoyés spéciaux américains au Soudan et dans les Grands Lacs qui, par l’accomplissement de leur mission, renforcent les OMP de la MINUS et de la MINUAD.  Elle a indiqué que le Président Obama a organisé une réunion des pays fournisseurs de contingents de maintien de la paix.  Il faut donner aux OMP des mandats clairs et précis assortis des moyens nécessaires pour le renforcement de la paix, et il leur faut des contingents et des policiers bien formés, a-t-elle insisté.  Alors que nous fêtons le dixième anniversaire de la publication du rapport Brahimi, il faut poursuivre les efforts que nous déployons pour rendre nos OMP présentes et futures plus efficaces, a dit la représentante.


Elle a par ailleurs déclaré que les agents du maintien de la paix devaient savoir ce qui est attendu d’eux, et a estimé que l’ONU doit leur fournir des directives sur les pratiques optimales, notamment en matière de protection des civils.  Il faut une stratégie de protection des civils, notamment contre les violences sexuelles.  Si une mission qui ne réagit pas de manière déterminée peut perdre sa crédibilité, il faut cependant aussi noter que celle qui réagit trop durement peut aussi perdre sa crédibilité, a relevé la représentante.  Si l’on doit charger les OMP d’appliquer des mandats difficiles, nous avons aussi la responsabilité de leur confier les moyens nécessaires à la mise en œuvre de ces mandats.  Les États-Unis appuient l’adoption d’une stratégie d’appui mondiale au cours des cinq prochaines années, a-t-elle indiqué, tout en souhaitant que l’on étoffe cette proposition.  Il faut réaliser des économies d’échelles et renforcer la responsabilisation, a poursuivi la représentante, en espérant parvenir à des accords en termes de financement des OMP lors de la reprise de session de la Cinquième Commission au mois de mai.  Elle a indiqué que les États-Unis appuyaient une politique de tolérance zéro face aux exactions et violences sexuelles.  Elle a dit qu’il fallait être très vigilant en ce qui concerne la conduite et la discipline des troupes pour éviter que le comportement de quelques éléments ne viennent ternir l’image et la crédibilité de l’ensemble du personnel d’une mission. 


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud), parlant de la protection des civils, a appuyé l’idée d’un cadre qui servirait de directives claires pour le succès des activités à mener dans ce domaine.  Il a prévenu que la recherche d’une solution commune à la protection des civils nécessitera l’implication de tous les États Membres et de toutes les parties concernées dans un conflit armé.  Il a donc appuyé l’idée d’une approche cohérente, globale et coordonnée.  Le représentant a ensuite mis en garde contre toute confusion entre la conduite d’une opération robuste et l’imposition de la paix.  Les opérations de maintien de la paix doivent strictement respecter les principes du non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et ce, de manière impartiale, a souligné M. Sangqu. 


Le représentant a poursuivi en insistant sur l’importance de l’appropriation nationale qui ne saurait être compromise par un trop grand nombre de personnels civils au sein de la mission.  Le déploiement de civils dans une opération de maintien de la paix, a-t-il ajouté, ne saurait en aucun cas être vu comme une alternative au déploiement de personnels militaires.  Abordant la question des ressources et des capacités, le représentant a dit attendre avec impatience la stratégie d’appui qu’a promise le Secrétaire général.  Il a aussi indiqué que sa délégation voulait que les normes de formation et de performance ne soient pas utilisées pour exclure certains pays contributeurs de troupes des OMP, mais plutôt pour renforcer leurs capacités. 


La multiplication des opérations de maintien de la paix, a-t-il conclu, montre que l’on ne fait pas assez pour la prévention et la consolidation de la paix.  Le maintien de la paix, s’est-il expliqué, exige une approche intégrée qui comprend, dès les premiers stades d’une opération de maintien de la paix, des éléments de consolidation de la paix.  La sécurité et le développement sont les ingrédients indispensables d’une paix à long terme, a insisté le représentant. 


Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que la question relative au concept de la protection des civils devait être clarifiée en premier lieu.  Elle a estimé qu’une attention particulière devait être accordée aux violences sexuelles et sexistes, appelant notamment à l’établissement d’une stratégie détaillée pour assurer une mise en œuvre efficace.  La représentante a également réclamé l’augmentation du nombre de femmes parmi les Casques bleus, pour appeler ensuite à la lutte contre l’impunité « par tous les moyens possibles ».


Passant ensuite au développement des capacités, Mme Juul a estimé, à l’instar des conclusions du Secrétaire général, que celles-ci devaient être développées sur la base d’une approche intégrée.  La Norvège, a-t-elle dit, appuie l’idée d’établir une base de normes pour un nombre limité de composantes du maintien de la paix par l’intermédiaire de projets-pilote.  Elle a estimé que les incitations devaient être distribuées sur la base des résultats obtenus sur le terrain et non pas sur le « nombre de bottes de soldats » qui s’y trouvent.  Mme Juul a par ailleurs dénoncé comme « inacceptable » le nombre de postes qui restent à pourvoir au sein de la composante des Casques bleus.  Elle a ensuite affirmé que les partenariats avec les organisations régionales devaient être considérés comme une partie intégrante des efforts destinés à appuyer les capacités des opérations de l’ONU.  La représentante a également insisté sur l’importance de continuer d’améliorer la planification et la gestion des OMP, notamment en ce qui concerne le commandement, le contrôle et l’analyse des menaces.  Davantage de cellules d’analyse conjointe de mission doivent être établies, a-t-elle notamment jugé.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a souhaité que ce programme de réforme puisse se pencher en priorité sur les causes de l’inapplication des recommandations contenues dans le rapport de 2000 du Groupe d’études sur les OMP.  S’agissant du document conjoint « Nouvel horizon » du DOMP/DAM, il s’est félicité qu’il contienne des propositions concrètes qui méritent d’être appliquées.  À sa lecture, a-t-il noté, on retient que les OMP évoluent actuellement entre contraintes budgétaires, incertitudes stratégiques et manque de crédibilité en termes de capacités. Il a estimé que l’essentiel de l’effort demandé aux États Membres se situait au niveau de l’élaboration d’orientations politiques et du renforcement des capacités, la prise en charge de ces deux axes s’inscrivant dans le respect des règles, des principes et des buts consacrés par la Charte de l’ONU.  Dans cet effort collectif, il a estimé que la responsabilité partagée et le partenariat authentique étaient des exigences incontournables.


Par ailleurs, le représentant a estimé que les pays contributeurs de troupes avaient également leur part de responsabilité dans la mise en œuvre sur le terrain des mandats décidés par le Conseil de sécurité.  Il a souhaité des consultations étroites et significatives, de nature à améliorer les chances de succès des missions.  Concernant la protection des civils, il a estimé qu’outre les fondements indiscutables de cet impératif moral, les termes du débat le concernant ont créé de nombreuses zones d’ombre.  Parmi celles-ci, a-t-il dit, sa portée sachant qu’il n’existe aucune définition conceptuelle de la « protection des civils. »  Il a dit que cette difficulté aurait pu être surmontée si la protection des civils était considérée comme faisant partie des tâches classiques confiées à toutes les OMP en étroite collaboration avec l’État hôte, et non pas l’exception qui s’appliquerait à seulement huit OMP en cours.


En ce qui concerne le concept de « missions robustes », il a dit qu’il serait réducteur d’aborder ce concept sous le seul angle militaire.  A cet égard, il a rappelé la référence que constitue la résolution 1327 (2000) du Conseil de sécurité  qui met l’accent sur la dissuasion, la protection des civils et la capacité de collecte d’informations.  Pour ce qui est du développement capacitaire et de la stratégie globale d’appui, il a regretté que les dispositifs de soutien logistique et financier de l’ONU ne permettent pas de bien répondre aux besoins d’OMP complexes.  Il a mis l’accent sur l’importance d’actualiser les mécanismes de soutien du DAM au profit des missions en vue d’une efficacité, d’une efficience et d’une souplesse accrues.  Enfin, en ce qui concerne la coopération avec les organisations régionales, il a dit que les OMP devaient être repensées dans une logique d’allègement du poids de l’ONU, celle-ci ne pouvant, selon-lui,  assumer à elle seule l’entière charge du maintien de la paix et de la préservation de la sécurité internationales.  S’agissant tout particulièrement de la coopération avec l’Union africaine (UA), il a estimé nécessaire que l’ONU et l’ensemble des donateurs mettent à disposition de l’UA les ressources financières, humaines et matérielles indispensables au renforcement de ses capacités aux plans institutionnel et opérationnel. 


Mme HEIDI GRAU (Suisse) a jugé prioritaire la question de la protection des civils dans le cadre des opérations de maintien de la paix (OMP) et a apprécié à cet égard le projet de note conceptuelle soumis par le Secrétariat qui constitue, selon elle, une base de travail solide.  Elle a ajouté que l’étude indépendante demandée par le Département des OMP et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, financée en partie par la Suisse, représente une contribution significative au débat.  La représentante a ensuite souligné qu’il n’appartient pas seulement à une OMP d’assurer la protection des civils, mais qu’il faut encourager les tentatives qui visent à une « compréhension commune » de la protection des civils.  Elle a parlé du rôle qui incombe au concept de « senior mission leadership », concept qui peut encourager les autorités nationales à exercer leur responsabilité première en matière de protection.  Cette position privilégiée implique aussi le devoir d’assurer le dialogue avec les différents acteurs opérant sur le terrain et les organes principaux des Nations Unies sur la mise en œuvre effective des mandats assignés, a indiqué Mme Grau.


En ce qui concerne les tâches de consolidation de la paix entreprises par des OMP, la représentante de la Suisse a apprécié la note fournie par le Secrétariat sur les renforcements mutuels existant entre le document « Nouvel horizon » et le rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit.  La Suisse va participer aux efforts qui visent à déterminer un cadre stratégique commun, clarifiant les priorités et modalités opérationnelles dans les domaines clefs, comme la police, l’état de droit, le désarmement, la démobilisation et la réintégration, ainsi que la sécurité.  Cela entraine des questions concernant les ressources, a relevé Mme Grau, avant de préconiser de commencer par un examen des ressources existantes.


M. MOSES RUGEMA (Rwanda) a estimé que les opérations de maintien de la paix avaient plus de chances de s’acquitter efficacement de leurs mandats si des facteurs clefs étaient réunis: un processus de paix viable, une volonté politique réelle, un engagement de la part des toutes les parties prenantes; et des mandats clairs et réalisables.  Mais le rôle de plus en plus important joué par le maintien de la paix alourdit la part budgétaire réservée à cette activité, et la crise économique et financière n’a fait qu’aggraver cette situation, a fait observer le représentant.  Évoquant ensuite la sûreté et la sécurité autant des personnels des Nations Unies que des civils, M. Rugema a indiqué qu’il était indispensable de définir plus précisément ce que l’on entend par protection des civils et de le refléter dans les mandats.  En outre, le remboursement dans les délais prévus des frais engagés par les pays contributeurs de troupes et le règlement des arriérés seraient des éléments de nature à garantir la mise en œuvre efficace des mandats de maintien de la paix.  Encourageant la coopération avec les organisations régionales, M. Rugema a par ailleurs lancé un appel pour que soit renforcée la présence des femmes dans les missions de maintien de la paix.


M. S.A. ZHDANOV (Fédération de Russie) a déclaré que la complexité croissante des OMP poussait à revoir les moyens nécessaires pour améliorer les systèmes de suivi et de contrôle de la mise en œuvre des mandats.  Il faut respecter la responsabilité première du Conseil de sécurité en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il dit.  Il a salué l’initiative « Nouvel horizon » pour l’élaboration de principes directeurs, et notamment pour la protection des civils et la mise en place de missions robustes.  La protection des civils ne représente qu’un des mandats du maintien de la paix, a-t-il dit, en rappelant que la tâche centrale des OMP est de faire avancer le processus de paix.  Notant les difficultés techniques et logistiques rencontrées par les OMP, il s’est dit en faveur de la modernisation des mandats en impliquant davantage les pays fournisseurs de contingents dès les premières étapes de planification.  Il faut améliorer l’expertise militaire de toutes les missions dans leur ensemble, a-t-il dit, en mettant l’accent sur la coordination entre le Siège et le terrain.  Il a suggéré la création d’un cadre de réserve de policiers pour les OMP qu’il a présenté comme un élément essentiel de l’amélioration de l’efficacité de ces opérations.  Une plus grande coopération entre les organisations régionales en matière de maintien de la paix est totalement appropriée, à condition que ces activités soient conformes aux principes de la Charte.  Le maintien de la paix et le renforcement des mandats après le conflit sont tout à fait essentiels, et il faudrait confier aux forces de maintien de la paix les premières étapes du maintien de la paix pour laisser le reste aux organismes spécialisés, voire aux organisations régionales et sous-régionales, a recommandé le représentant. 


M. NORIHIRO OKUDA (Japon) s’est tout d’abord félicité des mesures prises dans le cadre de l’initiative « Nouvel horizon » et des contributions du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix.  Cependant, un fossé persiste entre l’établissement de mandats clairs et leur mise en œuvre effective, a regretté le représentant, qui a déclaré que de telles disparités devaient être surmontées.  Aussi, a-t-il soutenu l’idée que le Secrétariat fournisse des directives visant à clarifier les éléments fondamentaux des mandats, en s’inspirant des meilleures pratiques d’une mission à une autre.  M. Okuda a également indiqué l’importance de surmonter les fossés existant en matière de capacités, de ressources et de formation, particulièrement s’agissant de la protection des civils et de la phase préliminaire de la consolidation de la paix.  M. Okuda a également estimé que le Comité des 34 était le forum le plus approprié pour discuter de ces questions avec les pays contributeurs de troupes et d’effectifs, ainsi que du renforcement du lien entre maintien de la paix et consolidation de la paix.  En tant que Président du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix, il a dit que le Japon appelait de ses vœux une bonne coordination du travail de ce Groupe avec le Comité des 34.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a estimé que si les Nations Unies ont su s’adapter aux demandes croissantes en matière de maintien de la paix, les ajustements ont été lents et gravement affectés par les contraintes financières et techniques.  Citant neuf priorités, il a d’abord jugé que la coordination est nécessaire à tous les niveaux: entre les Départements des opérations de maintien de la paix et de l’appui aux missions, entre ces deux derniers et d’autres Départements et acteurs; et entre le Siège et le terrain, en particulier avec les pays contributeurs de troupes.  Il a ensuite souligné l’importance d’aligner les mandats sur les besoins spécifiques des pays, avant de rappeler la nécessité de renforcer la sécurité du personnel déployé sur le terrain sous la bannière de l’ONU.


En effet, a-t-il poursuivi, la protection des civils dépend d’une amélioration substantielle de l’environnement dans lequel évolue une opération, étant donné que le problème est d’abord de « protéger les protecteurs ».  Le représentant a aussi dit ne toujours pas comprendre dans quelles circonstances précises un Casque bleu peut recourir à l’usage de la force.  De la même façon, il s’est interrogé sur le sens et la signification d’une « opération robuste », en indiquant qu’il partageait plutôt l’idée d’une force dissuasive dont l’objectif ultime serait de diminuer et non d’accroître la possibilité de recourir à l’usage de la force.  Le représentant a plaidé, à son tour, pour une intégration des éléments de consolidation de la paix dès les premiers stades de planification d’une OMP.  Il a dit attendre avec impatience la stratégie d’appui du Secrétaire général et s’est dit ouvert à toute proposition visant à améliorer la performance des opérations de maintien de la paix.


M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) s’est félicité de la meilleure visibilité dont bénéficient les opérations de maintien de la paix (OMP) dans le programme d’action des Nations Unies.  Il a noté que le Conseil de sécurité assurait le rôle de chef de file dans les efforts de réforme du maintien de la paix et il a indiqué que sa délégation appuyait l’initiative du Royaume-Uni et de la France en ce qui concerne la pratique du Conseil en la matière.  Le représentant a également apprécié les travaux du Groupe de travail, et notamment sa priorité pour 2010, qui est de renforcer les capacités.  J’attends aussi avec intérêt la discussion sur la Stratégie mondiale d’appui aux missions et sur les perspectives du document « Nouvel horizon », a-t-il indiqué.


Sur le fond, le représentant ukrainien a reconnu que le plus difficile est actuellement de renforcer les capacités des missions existantes, connaissant le manque de ressources qui se pose y compris en ce qui concerne les équipements militaires et les hélicoptères.  À ce propos, il a invité à mieux assurer le remboursement aux pays contributeurs de troupes des frais de vols en hélicoptères, et à examiner la proposition de créer un groupe de travail conjoint entre les Départements des OMP et de l’appui aux missions et les pays contributeurs de contingent.  Le représentant a également soulevé la question des pénuries en équipements dont souffrent certaines troupes et rappelé qu’il avait demandé que soient résolus les problèmes que rencontre son pays dans la réaffectation de son matériel de soutien aéronautique.  Enfin, en ce qui concerne la sécurité des Casques bleus, il a invité le Comité spécial à examiner la possibilité de créer un groupe d’experts juridiques pour examiner cette question complexe et faire des recommandations.


M. JOSE LUIS CANCELA (Uruguay) a estimé que trois options se présentaient aux États Membres en matière de maintien de la paix: 1) préserver le statu quo;  2) analyser les forces et faiblesses du système onusien et conclure que les États Membres ne sont pas en mesure de réaliser les activités de maintien de la paix et par conséquent, s’en retirer, et 3) faire un effort sérieux, global et coordonné pour s’adapter à la nouvelle réalité et améliorer tout le système.  « Pour l’Uruguay, dont 25% des forces de défense opérationnelles sont consacrées aux opérations de maintien de la paix, il n’y a pas d’autre option que le renforcement de notre système et l’amélioration de l’efficacité en matière de maintien de la paix », a dit M. Cancela.  Avec une population équivalente à celle de l’État du Connecticut, l’Uruguay est parmi les 10 principaux contributeurs de troupes des Nations Unies, a-t-il relevé. 


S’agissant de l’amélioration de l’efficacité des OMP, il a jugé essentiel la tenue de meilleures consultations entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents, ainsi qu’une meilleure interaction entre le Comité des 34 et le Secrétariat, notamment par la présentation de notes et de rapports qui améliorent cette interaction.  Il a suggéré le renforcement du Comité des 34 par le biais de débats de fond sur toutes les questions, notamment les plus sensibles.  Il a souhaité que le Comité des 34 soit moins réactif et plus orienté vers l’étude des propositions qui lui sont faites, tout en étant en mesure de convoquer des sessions extraordinaires sur des questions concrètes.  Par ailleurs, il a jugé essentiel de renforcer l’interaction entre les pays fournisseurs d’effectifs militaires et de police et le Siège et le terrain.  Il est essentiel, a-t-il dit, que les pays fournisseurs de troupes soient consultés et impliqués dans le processus de décision qui affecte le déploiement de leurs troupes.   Enfin, il a estimé que les missions complexes n’étaient pas viables sans des ressources adéquates et nécessaires.  Il faut actualiser les conditions que le système offre, a-t-il dit, en notant que les pays en développement étaient les principaux fournisseurs de troupes et de matériel des missions de maintien de la paix.  Il a espéré que le Comité des 34 enverra un message clair à cet égard au cours de la tenue des assises du Groupe de travail de 2010 sur le matériel appartenant aux contingents.  Il a indiqué que l’Uruguay et l’Australie avait coorganisé deux séminaires sur la protection des civils dans les OMP au cours des 12 derniers mois.   


M. NOPADON MUNGKALATON (Thaïlande), qui intervenait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a déclaré que les opérations de maintien de la paix (OMP) ne devaient pas se substituer, mais être une partie intégrante du processus politique visant à trouver des réponses aux causes premières des conflits.  Il a engagé les Départements des opérations de maintien de la paix et d’appui aux missions à clairement définir en quoi consiste la protection des civils.  Il a notamment estimé que la protection des civils devait bénéficier du consentement du Gouvernement hôte d’une OMP dès l’étape précoce de mise sur pied de la mission au sein du Conseil de sécurité.  M. Mungkalaton a ensuite estimé qu’il était urgent d’établir une compréhension commune sur le recours à l’usage de la force dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  Il a également réclamé un dialogue rapproché entre les États Membres et le Département d’appui aux missions pour établir une stratégie d’appui global.  Il a notamment insisté sur la nécessité d’assurer la transparence dans les opérations du Service des achats et d’établir un système bien défini de responsabilisation et de gestion. 


Le représentant thaïlandais a poursuivi son intervention en affirmant que la reconstruction socio-économique d’un pays sortant de conflit devait bénéficier de la même priorité que l’établissement de la paix et de la sécurité, et que les stratégies de sortie et de transition devaient s’appuyer autant que possible sur l’expertise régionale.  Il a également souligné l’importance d’établir des mandats clairs et réalistes assortis de ressources adéquates, et il a ensuite évoqué la question de la sécurité des Casques bleus et des autres personnels des missions.  Il a notamment réclamé une amélioration des services médicaux sur le terrain.


M. STANISLAS ZAS (Bélarus) a déclaré que son pays, bien que jouant un rôle dans la sécurité en Europe, n’était pas un pays contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix pour des « raisons objectives ».  Répondant cependant à l’appel du Secrétaire général, le Bélarus a décidé de renforcer son implication dans le maintien de la paix, a dit M. Zas.  Saluant l’initiative « Nouvel horizon », ainsi que les efforts du Comité des 34, il a souligné le besoin d’une plus grande coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, notamment la Communauté économique eurasienne, l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et la Communauté des États indépendants (CEI).  M. Zas a ensuite indiqué que le Bélarus avait commencé de former des experts militaires et civils aux opérations de maintien de la paix.  Par ailleurs, en raison des problèmes de ressources financières et humaines, une attention particulière devrait être accordée au financement et à l’optimisation des dépenses des opérations de maintien de la paix, a préconisé le représentant, qui a également suggéré de revoir les procédures d’achat des matériels dont ont besoin  les missions.


M. ZACHARY MUBURI-MUITA (Kenya) a rappelé que ce sont les Nations Unies qui ont la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  De leur côté, les organisations régionales voient grandir leur rôle dans la résolution des conflits, a-t-il remarqué, citant le cas de l’Union africaine (UA).  Il a d’ailleurs demandé que soient mises en œuvre les recommandations du rapport conjoint de l’UA et de l’ONU sur les modalités de soutien aux opérations de maintien de la paix de l’UA.  Le Kenya est engagé à aider les initiatives de ces deux organisations en matière de paix et de sécurité internationales, a-t-il assuré, notamment en envoyant des troupes et en organisant des conférences sur la paix dans la région des Grands Lacs.  Le Kenya accueillera bientôt une conférence de haut niveau pour examiner la mise en œuvre de l’accord général de paix, a-t-il précisé.  M. Muburi-Muita a aussi appelé à renforcer la coopération et la compréhension entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat des Nations Unies et les pays contributeurs de contingents.  Il a souligné les problèmes rencontrés dans la procédure de remboursement des frais engagés par ces pays, et à mettre notamment fin aux retards et à revoir les taux utilisés.  En Afrique, il faut aussi renforcer la coopération entre les partenaires et les donateurs internationaux qui aident au renforcement des capacités de l’Union africaine en promouvant notamment les centres de formation, a-t-il ajouté.  Le représentant s’est ensuite inquiété des problèmes de sécurité qui se posent au personnel des Nations Unies sur le terrain et du déséquilibre entre les sexes dans la composition par genre des Casques bleus.


M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin) a plaidé pour un renforcement du partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine (UA) en vue d’un maintien de la paix efficace sur le continent, en faisant bon usage du grand potentiel qu’incarne la nouvelle architecture de paix et sécurité de l’Union africaine.  Il a dit que la feuille de route établie par la conférence3C, qui s’est tenue à Genève les 19 et 20 mars 2009 et a réuni des membres des communautés de la défense, du développement, de la diplomatie, des finances et de l’économie, de l’humanitaire, de la justice et de la police, mérite une attention particulière de la part du Comité des 34.  Il a dit que cette session du Comité des 34 s’ouvrait à un moment particulièrement critique pour la MINUSTAH du fait du séisme qui l’a gravement affectée.  Il a précisé que le Bénin a perdu trois de ses valeureux ressortissants dans cette catastrophe.  Il s’est réjoui de la proposition soumise par le Secrétaire général aux États Membres pour l’adoption d’une stratégie mondiale d’appui aux missions.  Nous partageons l’objectif visé, qui est de renforcer la sureté et la sécurité du personnel déployé et ses capacités d’action dans un environnement complexe aux réalités variables, a dit M. Zinsou.


Nous devrions examiner avec toute l’attention requise les éléments de la stratégie mondiale pour permettre la mise en œuvre des nouvelles structures prévues afin d’accroitre l’efficacité des missions sur le terrain, a-t-il poursuivi, avant de relayer la proposition faite par les pays non alignés de confier l’examen approfondi de cette stratégie à un groupe de travail.  Il a salué l’achèvement de la restructuration du DOMP et du DAM, de même que la mise en place d’un personnel qualifié au niveau des structures issues de la réforme.  M. Zinsou a souhaité que les questions délicates relatives à l’impartialité de la conduite des OMP et des critères régissant l’usage de la force soient examinées conformément aux dispositions pertinentes de la Charte, surtout en ce qui concerne la protection des civils.  En outre, il a estimé que le partage des responsabilités tant au niveau de la prise de décisions que des risques sur le terrain entre toutes les parties engagées permettra de mettre en place des OMP aux mandats réalistes et réalisables, ceci dans l’intérêt supérieur des peuples concernés et de la communauté internationale.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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