En cours au Siège de l'ONU

AG/DSI/3410

Première Commission: Des délégations s’indignent du niveau des dépenses militaires dans le monde

08/10/2010
Assemblée généraleAG/DSI/3410
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

6e séance – matin


PREMIÈRE COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS S’INDIGNENT DU NIVEAU

DES DÉPENSES MILITAIRES DANS LE MONDE


La Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale a entendu ce matin, au cours de son débat général, plusieurs délégations dénoncer le niveau des dépenses militaires qui ont atteint, en 2009, 1 531 milliards de dollars, alors que le monde vit une crise majeure et doit faire face à des défis de développement social et économique sans précédent.


Il est inacceptable que le monde contemporain consacre plus d’argent à alimenter la guerre plutôt qu’à promouvoir les objectifs de développement pour l’humanité, a déclaré le représentant de Cuba, réitérant la proposition de son pays d’allouer la moitié de ces ressources au développement économique et social par le biais d’un fonds géré par l’ONU.  Cet argent pourrait, par exemple, nourrir le milliard de personnes qui souffrent de la faim ou offrir un logement approprié aux 640 millions d’enfants qui n’en ont pas, a-t-il ajouté.


Entre 2005 et 2009, nous avons assisté à une augmentation de 22% des dépenses militaires en matière d’armes conventionnelles par rapport à la période 2000-2004, a souligné le représentant du Qatar, profondément inquiet de la prolifération des mines antipersonnel et des bombes à fragmentation.  Le Liban, par exemple, paie cher les conséquences ravageuses de ces armements.  Un million de bombes à fragmentation ont été lancées par Israël dans le sud du pays en 2006 et ont provoqué de nombreux morts, a affirmé le représentant libanais.   


S’agissant de la course aux armes nucléaires, le représentant de la Syrie a rappelé les nombreux défis posés à la communauté internationale dans ce domaine, alors que certains pays parlent ouvertement d’utiliser de telles armes.  Pour le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la course aux armements nucléaires connaît une récidive dans la péninsule coréenne provoquée par la nouvelle doctrine militaire des États-Unis.  Il a dénoncé l’annonce faite en avril 2010 par l’Administration américaine qui a été d’exclure la RPDC de la liste des Assurances de sécurité négatives.  L’Administration américaine considère que la RPDC est dans la liste de l’axe du mal et une cible de frappe nucléaire préventive, a-t-il déclaré.


Plusieurs délégations ont encore rappelé la nécessité pour la Conférence du désarmement (CD) d’entamer ses travaux de fond.  Le représentant du Myanmar a souligné que l’exigence du consensus au début d’un processus de négociations joue en faveur d’une issue favorable à celles-ci.


La Première Commission poursuivra son débat général, lundi 11 octobre, à partir de 15 heures en salle de conférence 4.


Suite du débat général sur tous les points de l’ordre du jour relatifs au désarmement et à la sécurité internationale


M. CLAUS WUNDERLICH (Allemagne) a souligné que l’Allemagne appuie à la fois la non-prolifération des armes nucléaires et l’élimination des stocks d’armes nucléaires.  Ce sont les deux faces d’une même pièce, a indiqué le représentant.  M. Wunderlich  s’est félicité du nouveau Traité START entre la Fédération de Russie et les États-Unis, saluant par ailleurs l’issue de la Conférence d’examen du TNP de mai dernier où l’option zéro a été approuvée en tant qu’un objectif commun par les États membres du TNP.  Il s’agit de développements encourageants pour la prochaine décennie, mais le représentant a rappelé que les succès obtenus de la Conférence d’examen de 2000 avaient été de courte durée, invitant la communauté internationale à ne pas relâcher ses efforts cette fois-ci. 


M. Wunderlich a rappelé que les ministres des affaires étrangères de 10 pays dont l’Allemagne s’étaient réunis récemment à New York pour souligner leur volonté de travailler ensemble et au plus vite à la mise en œuvre du plan d’action du TNP.  L’Allemagne a rejoint cette initiative dans la continuité de son engagement ferme en faveur du contrôle des armes et du désarmement, et appelle à l’organisation d’une réunion de suivi  à Berlin.  Le représentant a fait remarquer que le Plan d’action élaboré par les États parties du TNP marquait pour la première fois la mise en place d’une approche globale incluant les armes nucléaires tactiques dans tout processus de désarmement futur.  M. Wunderlich a ensuite souligné que le désarmement devait être abordé autant sous un angle quantitatif que qualitatif, indiquant que la Déclaration adoptée par les ministres des affaires étrangères le 22 septembre dernier soulignait la nécessité de réduire les armes nucléaires –y compris les armes nucléaires tactiques– et, au-delà, le rôle des armes nucléaires  dans la définition des doctrines et politiques de sécurité.


M. SIN SON HO (République populaire démocratique de Corée) a regretté de constater que le désarmement faisait toujours face à de nombreux défis et estimé que la course aux armements, héritée de la guerre froide, connaît une récidive comme en témoigne à son avis l’invasion américaine de l’Iraq et de l’Afghanistan et la situation dans la péninsule coréenne.  Le représentant a ensuite souligné plusieurs facteurs essentiels dans cette péninsule.  Il a affirmé que c’est la doctrine militaire américaine actuelle qui est la cause de la situation dans la péninsule.  En avril 2010, l’Administration américaine fait une annonce qui a été d’exclure la RPDC de la liste des assurances de sécurité négatives dans sa nouvelle doctrine Nuclear Posture Review (NPR).  Cela signifie que l’Administration actuelle va dans le sens de l’Administration Bush considérant la RPDC dans la liste de l’axe du mal et une cible de frappe nucléaire préventive.  Selon lui, les États-Unis ont donné le feu vert à une telle frappe par le biais de leur posture nucléaire.  Si l’on prend en compte les armes nucléaires des États-Unis déployées autour de la péninsule coréenne, à proximité, comme au Japon, il n’est pas difficile de percevoir la nature dangereuse des forces nucléaires dans la région, a-t-il précisé.   


Les États-Unis ont élucubré une conspiration avec la Corée du Sud, sur la péninsule, en lançant une série d’exercices militaires conjoints, notamment de juillet à octobre 2010, mobilisant des forces énormes.  La situation dans la région est aussi l’une des conséquences du refus des États-Unis de la proposition de mettre en place un mécanisme de paix dans la péninsule coréenne, a-t-il ajouté.  Cette année 2010 marque les 60 ans depuis le début de la guerre de Corée.  Pourtant, la péninsule coréenne se trouve toujours dans une situation de cessez-le-feu, ce qui signifie que les États-Unis et la Corée sont encore techniquement en état de guerre, a déclaré le représentant.  La RPDC a proposé aux parties concernées d’entamer des pourparlers en vue de remplacer l’accord d’armistice coréen par un traité de paix mais les États-Unis ont résisté à cette proposition et y ont répondu à travers des exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud.  Cette situation démontre la nature dangereuse du mécanisme d’armistice actuel et la nécessité de parvenir à un traité de paix.  Si les États-Unis sont réellement préoccupés par la paix et la sécurité dans la péninsule, ils devraient cesser immédiatement leurs manœuvres militaires et accepter la proposition de conclure un tel traité.


M. ABDUL GHAFOOR MOHAMED (Maldives) est intervenu brièvement pour souligner l’importance des mesures de confiance aux niveaux régional et sous-régional en vue d’établir des zones exemptes d’armes nucléaires.  Le représentant a également attiré l’attention sur la vulnérabilité des petits États qui, comme les Maldives, sont exposés, sous différentes formes, au terrorisme international et au crime organisé.  Nous demeurons convaincus que le multilatéralisme est le moyen de choix pour accroitre la coopération internationale contre la prolifération des armes de destruction massive, a-t-il dit.  Pour nos États, l’accent doit être mis sur le contrôle des transferts d’armes et de matière sensible par le biais de la sécurisation des routes de transit, a ajouté le délégué.  Enfin, M. Ghafoor Mohamed a affirmé que les petits États insulaires avaient besoin d’une assistance internationale accrue pour relever le défi du contrôle des armes. 


M. WUNNA MAUNG LWIN (Myanmar) s’est félicité du difficile consensus négocié lors de la Conférence d’examen des parties au TNP en mai dernier.  Selon lui, le Document final constitue la base des progrès futurs en matière de désarmement nucléaire, de non-prolifération, d’usage pacifique de l’énergie nucléaire et de mise en œuvre de la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient.  Myanmar travaillera à la mise en œuvre du plan d’action et exhorte les États restés en dehors du Traité à le rejoindre aussi rapidement que possible.  Le représentant a ensuite indiqué que cette année encore, son pays présentait un projet de résolution sur le désarmement nucléaire pour inviter les États dotés de l’arme nucléaire à entamer une réduction progressive de leurs arsenaux à travers des mesures efficaces de désarmement, afin d’arriver à l’élimination de telles armes dans un cadre temporel délimité.


Le Myanmar souhaite la création d’un comité ad hoc sur le désarmement au sein de la Conférence du désarmement où serait négocié un programme progressif de désarmement nucléaire conduisant à l’élimination de ces armes.  À cet égard, le représentant a indiqué que la CD devait mettre en place une instance subsidiaire traitant du désarmement nucléaire au début de sa session de 2011.  Nous exhortons les États non dotés de l’arme nucléaire à mettre complètement en œuvre et immédiatement les 22 points du Plan d’action adopté à la Conférence d’examen du TNP de 2010, a indiqué le représentant.  Il a ensuite souligné que le respect du droit des États non dotés de l’arme nucléaire à bénéficier de garanties négatives et positives de sécurité est de la plus haute importance.  Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays était en faveur de l’adoption d’un traité visant à l’interdiction de la production de matières fissiles.  Un tel traité s’appliquant aux dispositifs nucléaires (ainsi que les engins explosif nucléaires) devrait pouvoir s’appliquer aux stocks existants mais également à la production future.  S’agissant de la Conférence du désarmement, le Myanmar rappelle que les règles de procédure existantes, notamment celle du consensus, ont fait leur preuve.  Selon lui, l’exigence du consensus au début d’un processus de négociations joue en faveur d’une issue favorable à celles-ci, a précisé le représentant.


M. HAMIDON ALI (Malaisie) a appuyé l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, conformément à la résolution de 1995 du TNP.  Dans ce cadre, nous réitérons notre appel en direction d’Israël pour que ce pays adhère sans délai au Traité, ce qui constituerait une mesure de confiance importante à l’appui du processus de paix dans la région, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite jugé que le dossier du nucléaire iranien devait être géré et résolu par la voie du dialogue et de la négociation, cela dans un esprit de respect mutuel.  Évoquant ensuite les mesures prises au niveau national par la Malaisie pour lutter contre le terrorisme, M. Ali a assuré que ces efforts étaient conformes aux obligations internationales de son pays en matière de sécurité.  Hamidon Ali a en outre estimé que la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, que son pays s’efforce de mettre en œuvre en s’appuyant sur l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, était l’un des instruments les plus efficaces pour lutter durablement contre le fléau du terrorisme mondial. 


M. WILLIAM HABIB (Liban) a salué des développements positifs en matière de désarmement, notamment les résultats de Conférence d’examen du TNP.  Il a invité les pays à saisir l’occasion de cet élan pour répondre aux aspirations des peuples à vivre dans un monde exempt d’armes nucléaires.  À cet égard, la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient doit constituer une priorité, a indiqué le représentant, regrettant l’attitude d’Israël et, notamment, son refus de soumettre ses installations au système de garanties globales de l’AIEA.  Le Liban porte l’espoir que la tenue de la conférence de 2012 visant à créer cette zone sera une étape d’envergure dans la bonne direction.  Cette conférence permettra de mettre à l’épreuve le sérieux des intentions, a précisé M. Habib.  Le représentant a par ailleurs tenu à rappeler le droit inaliénable des États parties à développer des recherches, utiliser et produire l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination ou sélectivité aucune, rappelant qu’il s’agit de l’un des trois piliers du TNP. 


S’agissant des armes classiques, le représentant a voulu rappeler que le Liban payait à un prix cher les dizaines de milliers de mines antipersonnel posées par Israël au Sud-Liban.  Il a par ailleurs attiré l’attention sur le chiffre d’un million de bombes à fragmentation lancées par Israël sur son pays durant le conflit de 2006, provoquant de nombreuses morts, ajoutant qu’Israël refuse toujours de fournir les cartes les localisant.  M. Habib a ensuite souligné qu’il était de l’intérêt de tous les pays de ratifier la Convention sur les armes à sous-munitions.  L’entrée en vigueur de cette Convention, au mois d’août dernier, est un pas important.  M. Habib a conclu en soulignant la nécessité d’un accord global et juridiquement contraignant sur les armes légères et de petit calibre tout en affirmant la nécessité de traiter les crises à la source, notamment dans les cas d’occupation d’un territoire par une puissance étrangère.


M. AHMAD AL SHEBANI (Qatar) s’est déclaré préoccupé des dangers représentés par la prolifération nucléaire.  Certains pays n’honorent pas leurs obligations en faveur du désarmement nucléaire, a-t-il estimé, rappelant que la création de la zone du Moyen-Orient n’avait, ces dernières années, pas connu de véritables progrès.  À cet égard, la communauté internationale ne devrait pas passer sous silence la position d’Israël, a-t-il ajouté.  Le représentant a réitéré l’engagement de son pays à œuvrer pour réaliser l’objectif de non-prolifération et de désarmement, rappelant qu’on ne saurait dans ce domaine porter atteinte au droit inaliénable des pays à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Il a appelé à une résolution du dossier nucléaire iranien selon la Charte des Nations Unies et en tenant compte du droit des pays à l’autodéfense et à la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.


S’agissant des armes classiques, le représentant s’est dit inquiet de la prolifération des mines et des bombes à fragmentation telles que celles posées par Israël au Sud-Liban, a-t-il précisé.  L’an dernier a vu une augmentation des dépenses militaires en matières d’armes conventionnelles, a poursuivi le représentant, rappelant que celles-ci avaient augmenté de 22% entre 2005-2009 par rapport à la période 2000-2004.  Il s’agit là d’une préoccupation majeure du Qatar, a-t-il dit, appelant à la mise en œuvre de tous les mécanismes en faveur de la réduction de ces armes. 


M. LUVSANTSEREN ORGIL (Mongolie), qui a rappelé le statut de « pays-zone exempt d’armes nucléaires » de la Mongolie, a souligné l’appui de son gouvernement à l’établissement de ces zones, qui constituent une contribution importante à la réalisation des objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération.  Concernant la revitalisation de la Conférence du désarmement (CD), il a estimé que le rôle de la société civile dans les discussions sur les questions de désarmement devait être réévalué.  Le représentant a ensuite salué le travail inestimable de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans la promotion de la non-prolifération des armes nucléaires, ainsi que dans l’assistance technique aux pays désireux de développer des capacités de nucléaire civiles.  La Mongolie a accru sa coopération avec l’Agence dans les domaines de la radiologie et de l’agriculture, a-t-il fait savoir, confiant que la Mongolie compterait sur l’AIEA pour, à l’avenir, exploiter ses ressources d’uranium à des fins de développement.  M. Orgil a également annoncé que son gouvernement était sur le point d’adhérer à la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel. 


M. JACQUES OBINDZA (République du Congo) a souligné que le désarmement général et complet était l’une des voies les plus sûres pour parvenir à une paix et une sécurité internationales durables.  Le représentant a expliqué que le Congo s’employait à mettre en œuvre le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), l’Instrument international de traçage de ces mêmes armes et qu’il ajoutait à ces mesures d’autres initiatives nationales.  Il a ensuite salué le rôle joué par les centres régionaux pour la paix et le désarmement, en particulier le Centre de Lomé, ainsi que la coopération qui se développe entre l’ONU et l’Union africaine dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique.  Le Congo se félicite du rôle joué par les centres régionaux pour la paix et le désarmement, en particulier le Centre de Lomé en Afrique, et salue la coopération qui se développe entre l’ONU et l’Union africaine dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité en Afrique.  Le représentant congolais a par ailleurs estimé que l’adoption en avril dernier, à Kinshasa, d’une convention pour le contrôle des ALPC et de leurs munitions participait de la volonté politique des États d’Afrique centrale d’agir collectivement en faveur du développement dans une sous-région longtemps affectée par des conflits. 


M. BASHAR JA’AFARI(République arabe syrienne) a rappelé les défis liés à la prolifération des armes de destruction massive et des armes nucléaires alors même que certains pays parlent ouvertement de les utiliser.  Inquiet de la paralysie des travaux de la Conférence du désarmement, il a regretté le fait que certains États cherchent encore à acquérir ces armements au détriment de la paix et de la sécurité internationales.  Il s’agit là d’approches discriminatoires qui pourraient éroder le consensus, a-t-il estimé.  Rappelant l’engagement de son pays à l’égard de la politique de non-prolifération, il a également regretté une politique de deux poids deux mesures en la matière.  Certains États ont continué à fournir à Israël des technologies nucléaires depuis des années et cela a permis à Israël de mettre au point des armes nucléaires et leurs vecteurs, a-t-il poursuivi.  Pour le représentant, le plan d’action adopté par la Conférence d’examen du TNP de 2010 ne suffit pas car il s’agit d’espoirs et d’aspirations assez vagues à cet égard.  Il a estimé que cette Conférence n’avait pas réussi à rédiger un programme pour l’élimination totale des armes nucléaires afin de parvenir à l’objectif de désarmement global du TNP.


Le représentant a encore regretté le silence de la communauté internationale face à l’attitude d’Israël qui est passé de l’ambigüité à une déclaration ouverte de possession d’armes nucléaires, a-t-il déclaré.  Soulignant le droit inaliénable des États parties au TNP à mettre au point et à acquérir une technologie  nucléaire à des fins pacifiques en collaboration avec l’AIEA, il a indiqué que son pays s’opposait à toute tentative qui aliène ou restreint ce droit.  Il s’est encore déclaré en faveur de la négociation d’un instrument contraignant qui attribuerait des assurances de sécurité négatives aux États non dotés de l’arme nucléaire. 


M. PATRICK S. MUGOYA (Ouganda) s’est félicité de l’issue de la Conférence d’examen du TNP et du nouvel Accord START entre les États-Unis et la Fédération de Russie.  Il a par contre souligné sa déception quant aux travaux de la Conférence du désarmement à Genève.  Sur des sujets tels que les menaces liées aux armes nucléaires, aucun pays ne devrait pouvoir être autorisé à faire obstruction à la poursuite des intérêts de la communauté internationale, a indiqué le représentant.


Il a ensuite rappelé les graves problèmes liés à l’utilisation d’armes classiques et aux actes de piraterie.  L’Afrique a fait l’expérience amère du commerce illicite des armes légères, a-t-il indiqué.  Le représentant a souligné que les pays de la région des Grands Lacs et de la corne de l’Afrique étaient en train de mettre en œuvre une stratégie qui complète les efforts nationaux, régionaux et globaux dans le but de prévenir la prolifération des armes illicites.  Nous appelons les Nations Unies et la communauté internationale à appuyer les efforts régionaux et sous-régionaux visant au désarmement, a-t-il conclu.


M. RODOLFO ELISEO BENÍTEZ VERSÓN (Cuba) a souligné que les dépenses militaires avaient doublé au cours des 10 dernières années, atteignant aujourd’hui 1 531 milliards de dollars, soit bien plus que l’aide internationale consacrée au développement, alors même que le monde est confronté à une crise économique majeure et sans précédent depuis la grande dépression.  Il est inacceptable que le monde contemporain consacre plus d’argent à alimenter la guerre qu’à promouvoir les objectifs de développement pour l’humanité, a-t-il déclaré, estimant qu’avec les ressources consacrées à l’armement on pourrait, entre autres, nourrir le milliard de personnes qui souffrent de la faim dans le monde ou offrir un logement approprié au 640 millions d’enfants qui n’en ont pas.  À cet égard, le représentant a réitéré la proposition de son pays d’allouer la moitié des ressources consacrées aux dépenses militaires au développement social et économique par le biais d’un fonds géré par les Nations Unies.


La simple existence des armes nucléaires est un danger grave, a dit le représentant.  Il y a 23 000 armes nucléaires dans le monde, dont 7 560 sont prêtes à être utilisées, a-t-il déclaré, rappelant que l’interdiction totale des armes nucléaires devait rester une priorité.  À cet égard, les résultats de la Conférence d’examen du TNP constituent un progrès mais nous ne saurions nous reposer sur nos lauriers, a-t-il ajouté, estimant qu’on était encore loin des résultats escomptés.  Il y a toujours un fossé entre la rhétorique de bonnes intentions de certains États et les engagements et les mesures qu’ils sont en réalité prêts à prendre, a-t-il estimé.  Il a ajouté que plusieurs textes pertinents des pays non alignés avaient été reflétés dans le Document final de la Conférence d’examen comme des propositions vagues, alors qu’ils contenaient une date butoir, 2025, pour les propositions.  Le représentant a appelé à continuer à œuvrer en faveur du désarmement nucléaire et des dispositions du TNP.  Rappelant que chaque année, l’Assemblée générale soulignait le rôle de la Conférence du désarmement, il a estimé déplorable le fait que cet organe ne parvienne toujours pas à exécuter des travaux de fond.  Il ne s’agit pas de l’ignorer ou de négliger son importance mais bien de la renforcer, a-t-il conclu.


M. MURAD ASKAROV (Ouzbékistan) a rappelé que son pays était un voisin de l’Afghanistan et qu’elle portait un grand intérêt au développement de l’économie et à l’amélioration de la situation générale de ce pays.  Pour le représentant, il est important de trouver des voies alternatives pour instaurer la paix et la stabilité en Afghanistan.  La création d’un groupe de contact « 6 + 3 » sous l’auspice des Nations Unies, incluant les six États frontaliers de ce pays ainsi que les États-Unis, la Fédération de Russie et l’OTAN, est une piste à suivre.  Pour M. Askarov, l’objectif le plus important de ce groupe de contact doit être de proposer aux parties en conflit un programmede cessationdes opérations militaires en Afghanistan, de trouver des solutions de compromis et œuvrer à la sécurité du pays.


Le représentant a ensuite rappelé que son pays avait apporté une contribution effective à la mise en œuvre des programmes de reconstruction de l’Afghanistan défini par les Nations Unies.  En particulier, l’Ouzbékistan a ouvert un pont à la frontière avec l’Afghanistan.  Par ailleurs, le représentant a indiqué que son pays fournissait de l’électricité à l’État voisin et qu’un projet de ligne ferroviaire était en voie d’achèvement.  Il faut néanmoins rappeler que la stabilisation de la situation en Afghanistan, qui passe notamment par la reconstruction économique et l’intégration régionale de ce pays, ne sera possible sans que les Afghans ne prennent part à cet effort eux-mêmes.     


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a estimé que la solution définitive aux principaux périls en matière de sécurité, demeure dans l’instauration d’un monde sans arme nucléaire.  Les pays dotés de cette arme doivent poser des actes concrets, à même de renforcer la confiance et de convaincre les plus sceptiques, a-t-il ajouté.  Pour le représentant, la lutte pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération doit être conduite en mettant sur un pied d’égalité les trois piliers du TNP, la non-prolifération, le désarmement et le droit des parties au Traité à des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire. 


S’agissant des armes légères et de petit calibre (ALPC), M. Kafando a rappelé que le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement de septembre dernier avait souligné le lien entre le sous-développement et l’insécurité causée par la présence excessive de ces armes.  La communauté internationale doit agir pour apporter une réponse prompte et consensuelle à la hauteur des enjeux du défi, a-t-il lancé.  Le représentant a ainsi confié que son pays attendait beaucoup de la création prochaine d’un traité sur le commerce des armes, dont les négociations sous l’égide de l’ONU ont commencé.  Michel Kafando a ensuite noté que la porosité des frontières et l’insuffisance des moyens en Afrique de l’Ouest exigeaient que la communauté internationale renforce son soutien en matière de sécurité à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à travers l’assistance technique, la formation et l’allocation de ressources financières adéquates. 


M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a noté les évolutions encourageantes dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, et a affirmé, dans ce contexte, que les travaux de la Conférence du désarmement demeuraient essentiels.  Il a insisté pour un début rapide des négociations en faveur d’un instrument contraignant, transparent et vérifiable d’interdiction de la production de matière fissiles à des fins militaires.  Rappelant que son pays n’avait pas d’ambition nucléaire, le représentant a appelé les États qui ne sont pas parties au TNP à y adhérer en tant qu’États non dotés de l’arme nucléaire, conformément à la résolution 1887 du Conseil de sécurité.  Il s’est réjoui de travailler sur les trois piliers du Traité et a également réitéré son appel à ce que tous les États, en particulier ceux de l’Annexe 2, s’abstiennent de procéder à des essais nucléaires, signent et ratifient le TICE.  Il a également insisté sur la nécessité de parvenir à des assurances de sécurité pour les États non dotés de l’arme nucléaire et de parvenir à un instrument contraignant interdisant l’utilisation de la menace d’armes nucléaires de la part des États dotés de ces armements.  Le Bangladesh s’est également déclaré favorable à la création de zones exemptes de telles armes.  S’agissant des ALPC, le représentant a rappelé que son pays appuie les efforts mondiaux sur le commerce des armes visant à assurer une production transparente des armes classiques dont la circulation déstabilise les régions et les sociétés.  Il a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme d’action en la matière, notant que jusqu’ici, les progrès ayant été irréguliers.    


Mme JWAN TAWFIQ(Iraq) s’est déclarée convaincue qu’il fallait redoubler d’efforts pour parvenir à un accord au sein de la CD.  Elle a émis le souhait qu’elle entame un travail équilibré qui soit le résultat d’un compromis répondant aux préoccupations de tous les États Membres.  Elle a regretté que le Moyen-Orient ne soit toujours pas une zone exempte d’armes nucléaires ceci étant dû, selon lui, au fait qu’on ne peut pas vérifier les installations nucléaires israéliennes.  Elle a rappelé la nécessité de la mise en œuvre du paragraphe 14 de la résolution 687 du Conseil de sécurité, ainsi que la position arabe en faveur des objectifs de la Conférence du TNP de 1995.


La représentante a également estimé qu’il faut accorder des garanties aux États non dotés de l’arme nucléaire.  Il s’agit de leur droit de demander des garanties étant donné qu’ils ont renoncé à acquérir ces armements et qu’ils souhaitent parvenir à la réalisation de l’article VI du TNP, a-t-elle ajouté.  Elle a également estimé que la CD devrait mettre en place des organes subsidiaires et établir un instrument juridiquement contraignant pour assurer la sécurité des États non dotés de l’arme nucléaire contre la menace de leur utilisation.  Rappelant que depuis les années 90, l’Iraq n’a pas pu importer les technologies nécessaires pour reconstruire le pays, elle a souligné que son pays avait pris des mesures pour contribuer à se maintenir au sein de la communauté internationale, à abolir toutes les pratiques du régime précédent et à respecter les engagements internationaux en faveur de l’interdiction des armes chimiques et biologiques.  Elle a émis le souhait que la communauté internationale aborde son pays de manière objective et a encouragé le Conseil de sécurité à adopter une résolution portant sur la levée des restrictions. 


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a rappelé que son pays était non-doté de l’arme nucléaire, et n’a jamais eu recours à ce type d’arsenal.  Il a salué l’adoption du Document final de la Conférence d’examen du TNP.  L’Uruguay souhaite l’entrée en vigueur du TICE, et s’est par ailleurs positionné en faveur d’un traité non discriminatoire et vérifiable sur l’interdiction de produire des matières fissibles à des fins militaires.  M. Cancela a également indiqué que son pays était favorable à un accord juridiquement contraignant sur les garanties de sécurité dont pourraient se prévaloir les États non dotés d’armes nucléaires.  C’est pourquoi l’Uruguay souhaiterait voir adopté un protocole additionnel au TNP qui consacre les garanties négatives de sécurité pour les États non dotés d’armes nucléaires et parties au TNP.  Il s’agirait là d’une mesure pouvant inciter les États non encore parties au TNP à y accéder.


L’Uruguay plaide par ailleurs en faveur de l’application de la Convention sur les armes chimiques et appelle tous les États qui détiennent de telles armes à s’acquitter de leurs obligations et à détruire leurs stocks et leurs installations de production.  Par ailleurs, M. Cancela a indiqué que son pays était favorable à un accord juridiquement contraignant sur le commerce des armes classiques, qui constituent une véritable arme de destruction massive en Amérique latine.  Concernant la Conférence du désarmement, le représentant a indiqué qu’il s’agissait d’une instance ayant un rôle crucial sur les questions prioritaires de désarmement.  Pourtant, celle-ci se trouve dans une impasse intenable, a poursuivi le représentant.  Mais il faut faire en sorte que cet organe puisse s’acquitter de son mandat, a indiqué M. Cancela.  Pour l’Uruguay, il s’agit d’élargir et d’ouvrir cette instance aux membres qui ont manifesté un intérêt légitime d’en faire partie.  Si les blocages actuels devaient toutefois persister, l’Assemblée générale devrait pouvoir se saisir des questions de désarmement dont il est question pour la CD et faire des recommandations en la matière, comme le prévoit la Charte des Nations Unies.


M. FEBRIAN A. RUDDYARD (Indonésie) a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire de prendre d’urgence des mesures concrètes pour réduire et éliminer complètement leurs arsenaux.  Il a ainsi estimé qu’une convention sur les armes nucléaires serait le cadre pertinent pour avancer vers la réalisation de cet objectif.  Pour le représentant, « dans l’intervalle, les États non dotés doivent recevoir toutes les assurances de sécurité négatives auxquelles ils ont droit de la part des États dotés.  Après avoir plaidé en faveur de la revitalisation de la Conférence du désarmement (CD), l’enceinte où doivent être négociés les traités en friche sur les matières fissiles et la course aux armements dans l’espace, il a ensuite confirmé que son pays avait décidé de s’engager dans le processus de ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Nous espérons que cet effort encouragera les pays qui doivent ratifier le TICE pour qu’il entre en vigueur, à le faire, a-t-il dit.  Le représentant a ajouté que l’Indonésie devrait justement se porter coauteur d’une résolution sur le Traité. 


Droits de réponse


Exerçant son droit de réponse suite à l’intervention du représentant de la République populaire démocratique de Corée (RDPC), le délégué du Japon a rappelé qu’en matière de nucléaire, son pays avait une politique très ferme basée sur les principes suivants: non-production, non-déploiement et non-prolifération.


Répliquant à cette déclaration au titre du droit de réponse, le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RDPC) a déclaré que, dans les années 60, le Gouvernement japonais et le Gouvernement américain ont signé un document secret indiquant que dans certains cas, le Japon pouvait fermer les yeux et accepter une coopération nucléaire avec les États-Unis.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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