L’Assemblée générale engage les États à tenir compte de la santé dans la formulation de leur politique étrangère
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Assemblée générale
Soixante-cinquième session
61e séance plénière - matin
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ENGAGE LES ÉTATS À TENIR COMPTE DE LA SANTÉ
DANS LA FORMULATION DE LEUR POLITIQUE ÉTRANGÈRE
L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui une résolution* dans laquelle elle engage les États à tenir compte des questions de santé dans la formulation de leur politique étrangère et à reconnaître que les défis que pose la santé mondiale appellent des efforts concertés et soutenus afin de promouvoir un environnement politique qui lui soit favorable.
L’Assemblée a, en revanche, reporté sa décision sur le projet de résolution relatif au Mémorial permanent en souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.**
Les progrès en matière de santé mondiale reposent essentiellement sur les politiques et actions nationales et sur la coopération et les partenariats internationaux, dit l’Assemblée générale, dans sa résolution sur la santé et la politique étrangère. Elle constatequ’il est nécessaire de réfléchir plus avant à la question de la gouvernance au service de la santé mondiale, la santé étant de plus en plus menacée par les nouvelles réalités d’un monde interdépendant.
Nous devons mieux comprendre, a reconnu le représentant de la Belgique, au nom de l’Union européenne (UE), la manière dont la santé peut être affectée par les différents domaines de politique étrangère comme les efforts liés à la lutte contre les changements climatiques, les réponses régionales à l’insécurité alimentaire ou encore l’action internationale contre l’impact de la crise économique.
Dans sa résolution, l’Assemblée réaffirme que le système des Nations Unies joue un rôle central face aux défis en matière de santé dans un monde en évolution et qu’il faut faire davantage de place aux questions de santé dans les différentes instances des Nations Unies. Elle souligne en effet qu’il est nécessaire de promouvoir la coordination et la cohérence pour améliorer l’efficacité des programmes et des partenariats en matière de santé.
Sous peine de rendre inefficaces et contre-productives les interventions de la multitude d’acteurs présents sur le terrain, a acquiescé le représentant de la Suisse, il faut réfléchir à la gouvernance de la santé mondiale. Son homologue du Japon a annoncé l’organisation, au printemps prochain, d’une conférence internationale sur le renforcement de la coordination entre gouvernements, organisations internationales et ONG.
Toujours dans la résolution, l’Assemblée encourageles États Membres, le système des Nations Unies, les établissements d’enseignement et les réseaux à accroître leurs capacités pour former davantage de diplomates et de responsables des questions de santé à la santé mondiale et à la politique étrangère. Là encore, le représentant de la Suisse a affirmé que son pays s’engage, avec l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID), à offrir une formation dans le domaine de la « diplomatie de la santé ».
Le représentant a aussi estimé que la discussion sur la santé et la politique étrangère devait avoir lieu au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Son homologue de la Belgique, au nom de l’Union européenne, n’a pas dit autre chose lorsqu’il a plaidé pour que les discussions menées à New York s’inscrivent dans le cadre de l’expertise technique présente à Genève.
Si les discussions doivent être laissées aux professionnels de santé, a commenté le représentant de l’Inde, elles doivent néanmoins, pour leur assurer une issue heureuse, pouvoir s’appuyer sur le soutien politique, « positif voire catalytique » de l’Assemblée générale. La question de la santé n’appelle pas seulement une réponse médicale mais d’abord, et surtout, une volonté politique et une coopération internationale efficace, a tranché le représentant.
Au cours du débat précédent, les États Membres ont réaffirmé leur appui à l’installation, au Siège de l’ONU, d’un Mémorial permanent en souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.
« Il ne faut pas oublier la tragédie de l’esclavage, ni le courage moral de ceux qui ont œuvré pour y mettre un terme », a déclaré le représentant des États-Unis, tandis que son homologue du Bélarus a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer les formes actuelles de l’esclavage, dont la traite des femmes et des enfants, l’esclavage sexuel ou encore le travail non rémunéré.
L’Inde, qui a fait une contribution-record de 250 000 dollars, a regretté que le Fonds d’affectation spéciale pour l’installation du Mémorial permanent soit toujours sous-financé. Il a poussé « ceux qui ont bénéficié de la traite transatlantique des esclaves » à contribuer généreusement au Fonds comme gage de leur engagement à lutter contre ce fléau. « Ce serait la moindre des choses. »
L’Assemblée générale poursuivra ses travaux demain, vendredi 10 décembre à partir de 10 heures, avec l’examen des rapports de sa Quatrième Commission chargée de la décolonisation et des questions politiques spéciales.
* A/65/L.27
** A/65/L.36
SUIVI DE LA COMMÉMORATION DU BICENTENAIRE DE L’ABOLITION DE LA TRAITE TRANSATLANTIQUE DES ESCLAVES
Rapport du Secrétaire général sur le Programme d’action éducative sur la traite transatlantique des esclaves et l’esclavage (A/65/390)
Ce rapport rend compte des dispositions prises pour poursuivre l’exécution du Programme d’action éducative sur la traite transatlantique des esclaves et l’esclavage ainsi que des mesures prises pour mieux faire connaître au public les activités commémoratives et l’initiative relative au mémorial permanent.
Il indique qu’au cours de l’année, le Département de l’information a renforcé son action pour continuer à exécuter efficacement le programme multiforme d’action éducative qu’il avait lancé en 2008 pour faire mieux connaître et apprécier l’histoire et les répercussions des 400 ans de traite des esclaves. Il a donc continué à sensibiliser le public aux problèmes associés, en menant des campagnes d’information et en encourageant et facilitant les initiatives de partage du savoir, notamment les études et débats d’experts sur la question.
Le Département a collaboré avec les États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et de l’Union africaine (UA) pour organiser la célébration, le 25 mars, de la troisième Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. Le thème de la Journée, « La culture, expression de notre liberté », a mis en lumière l’importance de l’héritage culturel dans la lutte des peuples asservis pour leur survie et leur liberté. Au Siège, les activités commémoratives, qui ont duré toute une semaine, comprenaient une soirée culturelle célébrant la musique et la cuisine afro-caribéenne, la projection d’un film documentaire, une table ronde, une visioconférence internationale entre étudiants ainsi qu’une séance commémorative de l’Assemblée générale.
Grâce à son réseau de centres d’information et à ses autres ressources, le Département de l’information a assuré une diffusion internationale au message de la commémoration et organisé des activités de sensibilisation afin de souligner la nécessité de continuer à éduquer les générations futures sur la traite des esclaves.
Déclarations
M. ABDERRAHIM OULD HADRAMI (Mauritanie), au nom du Groupe des États d’Afrique, a réaffirmé son soutien au projet de résolution dont l’Assemblée est saisie aujourd’hui et aux objectifs qu’il fixe. Il a appuyé les différentes initiatives lancées jusqu’à présent par les Nations Unies, y compris l’établissement d’un mémorial. Selon lui, le fonds d’affectation spéciale mérite tout particulièrement l’attention urgente de tous les États Membres, qui doivent également, de leur côté, entreprendre des actions sur le plan national. Nous ne devons pas oublier la nécessité de rappeler aux générations futures la gravité des crimes commis au nom de l’esclavage, pour qu’ils ne se reproduisent plus, a conclu le représentant.
M. FREDERICK D. BARTON (États-Unis) a voulu que l’on garde en mémoire la tragédie de l’esclavage et le « courage moral » de ceux qui ont œuvré pour y mettre un terme. Il ne faut pas non plus oublier les personnes privées de leur liberté aujourd’hui, a ajouté le représentant qui a fait part de l’engament de son pays d’agir en ce sens. Le legs de la terrible institution de l’esclavage perdurant; nous devons redoubler d’efforts pour réaliser les promesses de notre pays pour tous nos citoyens, a poursuivi le représentant des États-Unis. Il a salué les contributions « énormes » des descendants d’esclaves à l’essor de son pays.
M. RODOLFO ELISEO BENÍTEZ VERSÓN (Cuba), a déclaré que les Cubains étaient profondément fiers de leurs racines africaines, « notre richesse culturelle exprimant largement cet héritage ». Le courage des esclaves qui se dressèrent contre l’exploitation a nourri notre propre amour de la liberté et de l’indépendance, a-t-il ajouté. Cuba a toujours été aux côtés de l’Afrique et l’Afrique aux côtés de Cuba, a-t-il poursuivi avant de rappeler l’engagement des combattants cubains dans les mouvements d’indépendance africains au cours des trois dernières décennies et la présence de milliers de médecins, d’enseignants et d’ingénieurs cubains dans 35 nations du continent. Le représentant a ensuite estimé que les anciennes puissances coloniales doivent honorer leur dette historique à l’égard de ceux qui ont souffert pendant des siècles de l’esclavage et de la traite transatlantique. Pour M. Versón, « nos déclarations n’auront aucun effet tant que les pays africains seront forcés de dépenser cinq fois plus de ressources pour rembourser une dette extérieure honteuse que pour développer les secteurs de la santé et de l’éducation ».
M. JOÃO ALBERTO DOURADO QUINTAES (Brésil) a indiqué que son pays avait la plus importante diaspora africaine au monde et a affirmé la volonté de son gouvernement de promouvoir l’intégration sociale, économique et raciale. Il a parlé d’un programme de discrimination positive dans l’enseignement supérieur et indiqué que la semaine dernière, son gouvernement avait lancé le projet « Quilombos des Amériques » une initiative novatrice qui vise à créer un réseau de mesures sociales en faveur des descendants d’esclaves vivant dans les zones rurales et isolées du Brésil, de Colombie, du Panama et d’Équateur. Le but est de promouvoir leur sécurité alimentaire et la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels. Le représentant a dit attendre avec impatience la commémoration, l’année prochaine, du dixième anniversaire de la Déclaration de Durban pour examiner et évaluer la mise en œuvre des engagements internationaux relatifs à la lutte contre le racisme. Il a réaffirmé son appui au projet du mémorial permanent et engagé les États Membres qui sont en mesure de le faire à contribuer au Fonds d’affectation spéciale.
M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque) a regretté que la mise en œuvre des résolutions annuelles sur l’esclavage soit dynamique au niveau national mais très peu réelle au niveau international. Il a espéré que ce déséquilibre sera corrigé, en exprimant sa disposition à échanger des idées et des informations avec les autres États Membres sur cette « très importante question historique ». Ce faisant, la Journée internationale sera mise sur un pied d’égalité avec les autres journées internationales qui bénéficient, elles, d’un financement stable et prévisible. Après s’être attardé sur ses activités de Président du Comité pour le Mémorial permanent, le représentant s’est félicité de ce que cette année, l’Australie, la Chine, le Danemark, la Finlande, l’Inde, le Koweït, le Luxembourg, le Pakistan, le Sri Lanka et la Turquie aient contribué au Fonds d’affectation spéciale; l’Inde ayant versé 250 000 dollars, une somme qui fait d’elle le plus grand contributeur, à ce jour.
Mme ZOYA KOLONTAI (Bélarus) a relevé que l’élimination de la traite transatlantique n’avait pas conduit automatiquement à l’élimination de l’esclavage. Elle a notamment évoqué la traite des femmes et des enfants, l’esclavage sexuel, ou encore le problème du travail non rémunéré. Cette réalité oblige la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer les manifestations actuelles de l’esclavage, a-t-elle avancé. La représentante a ensuite fait savoir que le Bélarus avait contribué à hauteur de 20 000 au Fonds d’affectation spéciale pour le Mémorial permanent. Elle a estimé que les programmes d’éducation sur la traite préconisés par l’Assemblée générale méritaient d’être élargis. Elle a passé en revue les diverses initiatives lancées par son pays pour contrer le problème de la traite et de l’esclavage sexuel.
M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) a rappelé que 18 millions de personnes avaient été victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique au cours de l’histoire. « L’absence de mémoire est un crime contre la vérité », a-t-il dit, avant d’ajouter que la résolution venait à point nommé pour réparer les torts commis par le passé. Le représentant a évoqué la démarche entreprise par son gouvernement il y a deux ans pour reconnaître officiellement les crimes commis contre les populations autochtones d’Australie.
M. FADEL BEN-ASHUR (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré qu’il ne peut y avoir de doute sur l’importance de commémorer le crime d’esclavage et s’est félicité, à cet égard, des initiatives des Nations Unies pour mener à bien le travail de mémoire. Les programmes de sensibilisation ne sont toutefois pas suffisants pour répondre aux conséquences graves de l’esclavage et de la traite transatlantique. Selon lui, il faut faire toute la lumière sur les « crimes odieux » commis dans le monde entier, et en particulier en Afrique, au nom de l’esclavage. Le représentant a également estimé qu’il était nécessaire d’accorder des indemnisations financières et morales aux victimes et aux descendants des victimes. Enfin, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit mobiliser ses efforts pour mettre fin aux formes modernes de l’esclavage « qui prévalent dans les territoires palestiniens occupés ».
La traite transatlantique des esclaves est le chapitre le plus honteux de l’histoire de l’humanité, a déclaré M. HARDEEP SINGH PURI (Inde), et le travail de l’ONU ne sera pas terminé tant que nous n’aurons pas fermement condamné ces crimes horribles. Il a réclamé des mesures pour s’assurer que les générations futures n’oublieront pas cette tragédie. Le représentant a confirmé que sa délégation avait contribué à hauteur de 250 000 au Fonds d'affectation spéciale et a regretté qu’à ce jour, les contributions se chiffrent à 800 000 dollars, bien en deçà de la somme nécessaire. Il a poussé « ceux qui ont bénéficié de la traite transatlantique des esclaves » à contribuer généreusement au Fonds comme gage de leur engagement à lutter contre ce fléau. « Ce serait la moindre des choses » a dit M. Puri. Le représentant a par ailleurs mis l’accent sur l’importance de l’éducation.
SANTÉ MONDIALE ET POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Rapport du Secrétaire général et du Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la santé mondiale et politique étrangère (A/65/399).
Ce rapport décrit les activités menées en réponse aux recommandations formulées par l’Assemblée générale dans la résolution 64/108 relative à la santé mondiale et la politique étrangère, dans laquelle elle a souligné que la politique étrangère et la santé mondiale étaient étroitement liées et interdépendantes et exprimé le souhait que la coordination et la cohérence entre ces deux domaines soient renforcées; la politique étrangère devant favoriser davantage la création d’un environnement politique mondial propice à la santé mondiale.
Le rapport cite des exemples d’actions menées pour assurer la cohérence et la coordination de la santé mondiale et de la politique étrangère. Dans ses conclusions, il souligne l’importance accrue que les problèmes de santé mondiale ont acquise du point de vue de la politique étrangère et la nécessité d’une analyse plus rigoureuse des rapports qui existent entre ces deux domaines.
Déclarations
M. PIERRE CHARLIER (Belgique), au nom de l’Union européenne, a rappelé que lors des débats précédents, il est apparu que la question de la santé et de la politique étrangère touchait à deux domaines essentiels des Nations Unies à savoir la lutte contre la pauvreté et la réalisation de la paix et de la sécurité humaine. Nous devons, a-t-il poursuivi, continuer de renforcer notre compréhension de la manière dont la santé peut être affectée par les différents domaines de politique étrangère comme les efforts liés à la lutte contre les changements climatiques, les réponses régionales à l’insécurité alimentaire ou encore l’action internationale contre l’impact de la crise économique. L’aspect multidimensionnel de la santé pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) doit être bien compris. Tous les OMD contribuent à améliorer la santé des populations. Le représentant a néanmoins estimé que les discussions menées à New York sur le thème de la santé mondiale et de la politique étrangère devraient tirer parti de l’expertise technique présente à Genève.
S’exprimant au nom du Groupe des États d’Asie, M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) a jugé que le rôle de la politique étrangère et de la coopération internationale ne pouvait être trop souligné dans le domaine de la santé, compte tenu, en particulier du rôle de l’aide aux secteurs nationaux de santé, des engagements liés à l’aide publique au développement (APD) et de la coopération triangulaire, Sud-Sud ou Nord-Sud en matière de santé. Nous devons travailler à l’accès universel aux médicaments et aux vaccins et accroître la capacité mondiale de fabrication des vaccins. Les discussions sur la question doivent être laissées aux professionnels de santé, a reconnu le représentant, en voulant tout de même que ces discussions puissent compter sur l’appui politique, « positif voire catalytique » de l’Assemblée pour en assurer une issue heureuse. Il a apparu, a-t-il insisté, que la question de la santé ne nécessite pas seulement une réponse médicale mais d’abord et surtout une volonté politique et une coopération internationale efficace. Un engagement ferme et collectif en faveur de la santé mondiale est d’une importance capitale pour surmonter les crises financière, économique et autres.
M. LE LUONG MINH, Viet Nam, au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a indiqué que le Plan stratégique sur la santé et le développement de l’ANASE pour la période 2010-2015 a été adopté en juillet dernier à Singapour au cours de la Réunion des ministres de la santé. Il a relevé que la coopération régionale est effective pour les maladies contagieuses et les pandémies comme cela a pu se vérifier au cours de la propagation alarmante de la grippe aviaire et de la grippe A(H1N1). Dans ce contexte, a-t-il noté, l’ANASE a décidé de lancer, à partir du 15 juin 2011 et désormais chaque année, la Journée de la dengue afin de sensibiliser le public à cette maladie et ainsi mieux contrôler ce fléau dans la région. Nous appelons la communauté internationale à renforcer le lien entre santé mondiale et politiques internationales, en considérant la santé mondiale comme un point essentiel de l’agenda international, a-t-il souligné.
M. THOMAS GÜRBER (Suisse) a indiqué que son pays s’engage, avec l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID), à offrir une formation dans le domaine de la diplomatie de la santé, afin de permettre aux diplomates et aux spécialistes de la santé de comprendre les enjeux de la santé mondiale et de la politique étrangère. D’autre part, la Suisse tente de mettre en pratique au niveau national les principes de coordination et de cohérence entre les domaines de la santé, du développement et de la politique étrangère. Sur le plan international, le représentant a prôné une démarche de réflexion sur la gouvernance de la santé mondiale, sous peine de rendre inefficaces et contre-productives les interventions de la multitude d’acteurs présents sur le terrain. Par gouvernance, a précisé M. Grüber, nous entendons les mécanismes permettant aux différents acteurs impliqués de gérer de manière cohérente les problèmes liés à la santé mondiale. Il ne s’agit pas de créer de nouvelles structures qui alourdiraient encore l’architecture existante, « mais plutôt d’élaborer des règles du jeu partagées ». La réflexion devrait avoir lieu au sein de l’OMS, a poursuivi la délégation, qui a exprimé son soutien au processus lancé en janvier 2010 par le Directeur général de l’OMS pour redéfinir les priorités et stabiliser ses sources de financement.
M. FREDERICK D. BARTON (États-Unis) a rappelé que la santé était au cœur des OMD. Les gouvernements doivent donc considérer l’impact de leur politique sur la santé des populations, a-t-il affirmé. Il a expliqué que l’Initiative pour la santé globale de son pays -Global health initiative- plaçait l’accent, entre autres, sur la situation des femmes et des enfants, la nutrition, la santé reproductive ainsi que sur les maladies tropicales et négligées. Le représentant a également noté l’émergence de nouveaux défis, comme les maladies non transmissibles. Selon lui, une approche multisectorielle est essentielle pour obtenir des résultats, notamment pour faire face à la poliomyélite et aux menaces à la biosécurité. Il a ajouté que l’Initiative pour la santé globale mettait un accent particulier sur la coopération.
M. TAKESHI OSUGA (Japon) a relevé que la santé mondiale est l’un des piliers principaux de la politique étrangère de son pays. La santé est un élément essentiel de la sécurité humaine et de la prospérité sociale, a-t-il affirmé. Le Premier Ministre Naoto Kan avait pris un certain nombre d’engagements au cours de la Réunion de haut niveau sur les OMD, a-t-il rappelé. Il avait notamment annoncé que le Japon va consacrer 5 milliards de dollars dans le secteur de la santé dans les cinq prochaines années. De ces fonds, 800 millions de dollars seront alloués au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le Japon a aussi proposé un modèle nouveau d’assistance à la santé maternelle et infantile, nommé « EMBRACE », a rappelé le représentant. Afin de permettre à la communauté internationale de réaliser les OMD, a-t-il annoncé, le Japon organise au printemps prochain une Conférence internationale sur la coordination entre les parties prenantes dont les gouvernements, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales (ONG).
M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) a précisé que l’Australie travaille de près avec l’OMS pour traiter les maladies contagieuses, entre autres, dans sa région. Mon gouvernement, a-t-il ajouté, a tenu compte du VIH/sida et de la pandémie de la grippe dans l’élaboration de sa politique étrangère et s’efforce d’assurer la cohérence de ses politiques dans le domaine de la santé. Le représentant a annoncé que l’Australie venait de lancer un plan financé à hauteur de 2,6 milliards de dollars. Il a dit espérer que la prochaine réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles permettrait l’adoption de politiques agricoles et de contrôle du tabac pour enrayer les maladies liées au tabagisme. S’agissant de l’épidémie du VIH/sida, il insisté sur le partage des pratiques exemplaires et a fait part des efforts déployés par l’Australie en matière de coopération. Les OMD pourront être réalisés, même dans les pays les plus pauvres, si nous faisons preuve de suffisamment de volonté politique, a-t-il assuré.
M. PHILIP BENÉ, Observateur du Saint-Siège, a indiqué que certaines de ses propositions n’avaient pas été prises en compte, tandis que d’autres l’avaient été. De nombreuses personnes dans le monde sont actuellement privées d’un accès aux services de santé, qui devraient être universels. Puisque le domaine de la santé fait partie des droits de l’homme fondamentaux, il faut donc s’employer à garantir l’accès de tous aux services de santé de base. Il a réitéré sa ferme opposition à l’avortement.
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