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AG/11010

Assemblée générale: bien qu’imparfaits, la microfinance et le microcrédit ont un rôle majeur à jouer dans l’élimination de la pauvreté

13/10/2010
Assemblée généraleAG/11010
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

29e séance plénière – matin


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: BIEN QU’IMPARFAITS, LA MICROFINANCE ET LE MICROCRÉDIT ONT UN RÔLE MAJEUR À JOUER DANS L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ


Malgré ses limites, la microfinance dont les institutions desservent à ce jour environ 155 millions de personnes dans le monde, joue un rôle majeur dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ont reconnu aujourd’hui les délégations qui examinaient, à l’Assemblée générale, le rapport du Secrétaire général sur le rôle du microcrédit et de la microfinance dans l’élimination de la pauvreté.


Dans ce rapport, Ban Ki-moon admet que le débat se poursuit sur la mesure dans laquelle la microfinance aide vraiment des gens très pauvres qui n’ont que très peu de ressources pour tirer un parti productif du crédit qu’ilsreçoivent.  Il en résulte un rendement insuffisant et même un surendettement. 


Pionnier en la matière, le Bangladesh a, par la voix de son représentant, reconnu que si, dans son pays, 30 millions de personnes sont couvertes par le microcrédit, le taux de pauvreté stagne néanmoins à 32%.  « Il n’est donc pas étonnant que le microcrédit devienne parfois le piège de l’endettement », a-t-il admis. 


Mais, il a insisté sur le fait que, malgré ses lacunes le microcrédit peut être un outil puissant, voire « le plus rentable » de la réalisation des OMD.  Le microcrédit a révolutionné l’attitude des populations rurales à l’égard des femmes et a constitué la tentative la plus réussie de les impliquer dans l’économie, a ajouté le représentant. 


Le financement seul, a-t-il aussi reconnu à l’instar d’autres délégations, ne peut suffire à changer le sort des plus pauvres.  Pour que son impact soit le plus grand, il doit s’accompagner d’une formation à l’entreprenariat et d’un certain niveau d’éducation. 


Son homologue du Pérou a vanté les mérites du microcrédit dans un autre domaine, celui des changements climatiques.  Le rapport du Secrétaire général expliquant que la part la plus importante de l’énergie consommée par les bénéficiaires du microcrédit sert à alimenter les cuisinières, le représentant péruvien a vu là une chance de promouvoir l’énergie propre. 


Comme des centaines de millions de personnes utilisent encore le bois dans le monde, le Pérou s’est engagé à réduire d’un cinquième le nombre des cuisinières en les remplaçant par de meilleurs appareils ménagers.  Selon le représentant, les institutions de microfinancement auraient un rôle important à jouer dans le cadre de cette initiative.  Il a appelé les programmes de l’ONU à intégrer ce type de projets dans leurs activités.


Pour le Bénin, le débat actuel devrait plutôt examiner la manière dont les pays qui connaissent des expériences fructueuses dans le domaine du microcrédit peuvent accéder à des fonds à des conditions avantageuses.  Le représentant béninois a exhorté la communauté internationale à appuyer les approches adoptées dans l’élaboration de réglementations efficaces « dont on ne peut nier l’importance ni celle de renforcer la coordination de la politique financière ». 


Au nom de l’Union européenne, son homologue de la Belgique a attiré l’attention sur le Programme-cadre pour les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) qui, pour la seconde période 2010-2014, sera doté de 57 millions d’euros.  Le représentant belge a rappelé que l’exclusion financière n’est pas seulement le problème des pays en développement.  Il a donc mentionné la Plate-forme européenne de la microfinance qui réunit secteur public, secteur privé et société civile et annoncé l’édition 2010 de la Semaine européenne de la microfinance le mois prochain au Luxembourg. 


Toujours sur la question de l’inclusion bancaire, le représentant du Brésil a appelé à un meilleur financement du Fonds d’équipement des Nations-Unies (FENU) qui devrait répéter les expériences réussies ailleurs.  Pour sa part, l’Inde s’est fixée pour objectif, d’ici à 2015, d’inclure chaque village dans le système financier grâce à des banques mobiles, a indiqué son représentant qui a insisté sur le rôle des nouvelles technologies de l’information et des communications dans l’élargissement de l’accès aux produits financiers.   


Avec d’autres délégations, le représentant de la Belgique s’est félicité de ce que le G-20 ait, en juin 2010, entériné un ensemble de principes sur les réglementations favorables à l’ouverture du secteur financier.  Le Groupe d’experts du G-20 publiera aussi un plan d’action pour l’ouverture du secteur financier aux pauvres en vue du Sommet de Séoul en novembre 2010. 


Tout en se félicitant de ces initiatives, la représentante de l’Indonésie a souligné la pertinence du « Livre bleu » des Nations Unies intitulé «  Construire des secteurs financiers accessibles à tous ».  Son homologue du Bénin s’est réjoui de l’inscription à l’ordre du jour de la Commission de l’ONU pour le droit commercial international (CNUDCI)) de la question de l’harmonisation de la législation relative à la microfinance.


L’Assemblée générale se réunira demain jeudi 14 octobre à 10 heures pour examiner la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et les efforts de lutte contre le paludisme. 


MISE EN ŒUVRE DE LA DEUXIÈME DÉCENNIE DES NATIONS UNIES POUR L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ (2008-2017): SÉANCE PLÉNIÈRE CONSACRÉE À L’EXAMEN DES RÉSULTATS DE L’ANNÉE INTERNATIONALE DU MICROCRÉDIT ET DE SON SUIVI


Rapport du Secrétaire général (A/65/267)


Dans ce rapport, le Secrétaire général offre une analyse des avantages et des limites du microcrédit et de la microfinance comme moyens d’éliminer la pauvreté, de l’effet de la crise financière et économique sur la microfinance et des diverses mesures que les gouvernements prennent pour améliorer les services de microfinance et ouvrir le secteur financier.  Il conclut son rapport par une liste de recommandations sur l’ouverture du secteur financier et la coordination des politiques.


Aussi, le Secrétaire général reconnait-il la contribution possible de la microfinance à la réduction de la vulnérabilité que connaissent ceux qui vivent dans la pauvreté, en égalisant leur consommation et en favorisant l’entreprise individuelle, qui peut jouer un rôle de protection sociale appréciable.


L’effet de la microfinance se reflète peut-être moins dans la mesure du revenu au sens strict que dans des aspects plus généraux de la pauvreté comme l’accès réduit aux soins ou à l’éducation.  Cette perspective met en évidence la nécessité de compléter les services de microfinance par d’autres stratégies de développement axées sur le capital humain et sur la création de conditions favorables à l’influence maximale de la microfinance sur le potentiel d’élimination de la pauvreté.


Le Secrétaire général recommande aux gouvernements d’adapter la réglementation pour permettre l’ensemble des établissements autorisés à fournir des services de collecte d’épargne et des services autres que le crédit, en prévoyant un contrôle adéquat pour améliorer la concurrence et élargir l’accès aux services financiers des personnes vivant dans la pauvreté.


Les gouvernements devraient aussi définir des directives de transparence financière à l’intention des institutions financières réglementées, tout en facilitant le développement et la coordination d’une infrastructure commerciale efficace, incluant les sociétés de renseignements sur le crédit, afin de faciliter l’obtention régulière de données financières précises pouvant être utilisées dans le développement des produits et la réglementation.


Ils devraient étendre les partenariats et les investissements coordonnés concernant l’emploi et le développement des compétences d’entreprise et de l’infrastructure, moyens essentiels d’améliorer le fonctionnement de la microfinance et son utilisation par les ménages et les entreprises jusqu’alors exclus.


Les gouvernements devraient également développer des mécanismes visant à renforcer la coordination de la politique financière pour mieux répondre aux problèmes complexes et connexes de développement que sont la pauvreté, les changements climatiques et l’exclusion sociale.


Ils devraient mieux soutenir les banques locales et organiser des programmes d’instruction financière élémentaire, et promouvoir le principe de la connaissance du client de façon à assurer la viabilité financière à long terme; et encourager des recherches factuelles sur l’effet du microcrédit et de la microfinance sur l’accélération de la réduction de la pauvreté et l’élargissement de la protection sociale, notamment par une meilleure collecte de données.


Déclarations


M. JOSEPH DEISS, Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, a noté l’importance qu’il y a à faire en sorte que les thèmes des années internationales ne tombent pas dans l’oubli.  Il y va de notre crédibilité, a-t-il insisté en rappelant que la microfinance a un rôle essentiel à jouer pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La croissance considérable de la microfinance, depuis quelques années, peut être qualifiée de succès, mais il nous faut faire davantage, a poursuivi le Président. 


Il a relevé que la microfinance a du mal à atteindre les populations les plus démunies et à faire sortir durablement les gens de la pauvreté parce qu’elle ne favorise pas suffisamment la création d’activités productives.  Nous devons donc, a conclu le Président, tirer les leçons des expériences faites jusqu’ici et mieux exploiter ainsi le potentiel de la microfinance, en concrétisant la notion de financement accessible à tous et en assurant que le secteur financier soit au service des plus pauvres et de l’ensemble de la société. 


M. CHRISTOPHE DE BASSOMPIERRE (Belgique), au nom de l’Union européenne (UE), a affirmé que l’appui au microcrédit fait partie intégrante de la coopération au développement de l’Union européenne.  L’instrument principal en est le Programme-cadre de microcrédit pour les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) qui pour la seconde période 2010-2014 sera doté de 57 millions d’euros dont 15 millions du dixième Fonds européen pour le développement.  Le représentant a rappelé que l’exclusion financière n’est pas seulement le problème des pays en développement.  Les problèmes d’accès au financement sont aussi vécus dans les pays développés.  En conséquence, l’échange des bonnes pratiques est dans l’intérêt de tous les partenaires au développement. 


Le représentant a mentionné, dans ce cadre, la Plate-forme européenne de la microfinance qui réunit secteur public, secteur privé et société civile.  Il s’est attardé, sans ce cadre, sur les deux « importantes » initiatives que sont l’édition 2010 de la Semaine européenne de la microfinance qui se tiendrait à la fin du mois de novembre au Luxembourg, et le troisième prix européen de la microfinance européen qui sera décerné, à cette occasion, le 30 novembre.  L’Union européenne se félicite aussi du travail en cours au sein du G-20 sur l’inclusion financière et des Principes en la matière qui ont été adoptés à la dernière réunion à Toronto.


M. VIDYA CHARAN SHUKLA (Inde) s’est dit préoccupé par les taux d’intérêt élevés pratiqués par les banques commerciales, en engageant les gouvernements à intervenir afin de remédier à cette situation.  L’Inde, a-t-il dit, qui a le réseau le plus important de microcrédit au le monde, a connu un certain succès.  Il a notamment évoqué les programmes des Self-Help Groups et ceux des micropensions pour le secteur informel.  Tout en convenant que la microfinance avait certaines limites, le représentant a affirmé qu’elle avait tout de même un rôle important dans la réduction de la pauvreté et le développement social  L’Inde s’est donc fixée pour objectif, d’ici à 2015, d’inclure chaque village dans le système financier grâce à des banques mobiles. 


M. ALAN EGGLESTON (Australie) a souligné que son pays soutient les initiatives d’inclusion financière à travers le monde, des États insulaires du Pacifique aux pays comme l’Iraq, le Pérou et la Colombie.  L’approche australienne est expliquée dans la stratégie pour les programmes d’aide 2010-2015, lancée au début de l’année.  L’Australie travaille avec la Réunion des ministres de l’économie du Forum du Pacifique pour faire en sorte que l’inclusion financière reste en tête de l’ordre du jour.  Le travail actuel, a dit le représentant, contribue à faciliter les envois de fonds et le recours aux nouvelles technologies comme la téléphonie mobile pour procéder à des transactions bancaires.  À cet égard, le représentant a exprimé la disposition de son pays à soutenir toute initiative « qui repousse les frontières technologiques ».  Promettant aussi l’appui de son pays à la lutte pour l’accès à l’information financière, il s’est dit fier que l’Australie copréside le Groupe d’experts sur l’inclusion financière du G-20.  À son tour, il a souligné l’importance des neuf Principes adoptés en juin dernier, à Toronto. 


M. ABDULAZIZ S M A ALJARALLAH (Koweït) a rappelé que le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe a garanti des prêts pour une somme excédant 14,5 milliards de dollars, soit 1,31% du PNB du pays.  Il a aussi rappelé que son pays a créé le Fonds pour un niveau de vie décent doté de 100 millions de dollars et a, par ailleurs alloué, une somme de 300 millions de dollars pour combattre la pauvreté en Afrique, via la Banque islamique de développement. 


Mme DEWI SAVITRI WAHAB (Indonésie) a engagé les gouvernements à assurer l’accès des populations pauvres aux services financiers et la promotion de leur accès à l’information financière.  Elle a voulu que les besoins financiers des petits exploitants agricoles ne soient pas ignorés et que les programmes de microcrédit et de microfinance comportent une dimension sexospécifique.  En la matière, a dit la représentante, l’Indonésie a connu quelques succès.  Elle a indiqué que les services de microfinance sont fournis par des institutions bancaires formelles et par des entités gérées par des organisations non gouvernementales (ONG) ou des groupements de personnes.  Cela est d’autant plus important, a-t-elle souligné, que 98,5% du monde des affaires indonésien est composé de microentreprises.  Elle a mentionné, à cet égard, le programme « Crédits pour les petits commerçants » dont l’accès devrait être élargi en 2011.  Tout en se félicitant des initiatives du G-20, elle a estimé que le « Livre bleu » des Nations Unies sur un secteur financier inclusif au service du développement fournit un cadre pour transformer les engagements en actions.


M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a expliqué les initiatives de son pays dont la création du Fonds Apex pour la microfinance, un programme de financement pour les petits exploitants agricoles, l’institutionnalisation du secteur bancaire coopératif ou encore la régularisation des activités bancaires de la poste.  Le Gouvernement, a-t-il dit, continuera d’appuyer financièrement, techniquement et juridiquement le secteur de la microfinance, en plaçant un accent particulier sur les pauvres et les femmes.  Il a en effet relevé que les femmes représentent plus de 70% des clients de la microfinance.


Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a fait noter que, malgré des conditions difficiles nées de la crise économique mondiale, le Gouvernement nicaraguayen a réussi à œuvrer avec succès dans la lutte contre la pauvreté.  Le Nicaragua aujourd’hui est une nation débarrassée de l’analphabétisme où l’éducation et les soins de santé sont gratuits.  Le Nicaragua a également ouvert les portes du microcrédit, en plaçant un accent particulier sur les femmes, surtout dans les zones rurales.  La révolution sandiniste, a rappelé la représentante, a mis le rôle de la femme au premier plan et une grande majorité de ses programmes sociaux s’adresse à ce segment de la population.


Le microcrédit a assuré le développement de centaines de familles, soit un million d’habitants.  Il a créé un cercle vertueux dans lequel le soutien aux plus démunis a renforcé la création d’emplois et l’infrastructure économique du pays, servant d’amortisseur aux pires effets de la crise économique de 2009.  De fait, le Nicaragua a été un des pays de l’Amérique latine à souffrir le moins de la crise.  Ceci n’a été possible que grâce à une rupture avec le modèle néolibéral.  Le Gouvernement peut en effet jouer un rôle important dans l’instauration de politiques macroéconomiques et fiscales saines et dans la formation du capital humain.  La révolution au Nicaragua est un exemple vivant qui prouve qu’avec la volonté politique tout est possible, a conclu la représentante. 


Mme JILL WONG (Singapour) a déclaré qu’un réexamen de la philosophie et des méthodes de la lutte contre la pauvreté était nécessaire.  Financer l’accès aux vivres, au logement et à l’éducation n’est qu’un aspect de l’aide au développement.  Nous devons donner aux gens la capacité de réaliser leur propre avancement économique en les équipant des moyens de répondre à leurs besoins.  La promotion d’une croissance inclusive est un élément majeur de la stratégie de Singapour pour la prochaine phase de son développement, a continué Mme Wong.  Nous avons cependant réalisé que les moins formés et les moins éduqués sont confrontés à des obstacles spécifiques. 


Nous avons donc décidé de les motiver à chercher un emploi et à renforcer leurs compétences.  Après avoir donné quelques détails de cette politique d’éducation et de formation permanente, la représentante a indiqué que cette philosophie s’applique aussi à la politique de coopération de son pays.  Aussi, le Programme de coopération de Singapour a-t-il formé depuis 1992, 70 000 personnes de 169 pays différents dans des domaines tels que le développement économique, la promotion du commerce, la gestion de l’environnement ou encore l’administration publique et la gouvernance.  Le Programme est financé à plus de 400 millions de dollars.  La représentante a aussi mis l’accent sur les initiatives de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), en particulier dans le domaine de la connectivité.


M. JOÃO LUCAS QUENTAL NOVAES DE ALMEIDA (Brésil) a rappelé que les politiques d’intégration sociale sont au cœur du modèle de développement brésilien, associant croissance économique, justice sociale et répartition des revenus.  En Amérique latine, a-t-il estimé, le microcrédit est devenu, en trois décennies, une véritable industrie.  Mais l’accès au crédit n’est pas une condition suffisante pour éradiquer la pauvreté, a reconnu le représentant du Brésil.  Il faut promouvoir un système financier inclusif qui assure à ceux qui sont dans le besoin des mécanismes financiers utiles, souples et simples.  C’est pourquoi, a rappelé le représentant, le Brésil a lancé le « Programme d’inclusion bancaire », qui a permis d’ouvrir à ce jour, 10 millions de « comptes simplifiés ».  Dans ce cadre, les points de vente de billets de la loterie et les bureaux de poste ont été autorisés à fournir des services bancaires.  Le représentant brésilien a conclu en appelant au renforcement et à un meilleur financement du Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU) qui devrait répéter les expériences réussies ailleurs.


M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) a indiqué que son pays avait mis en œuvre un programme de politique intégrale visant la croissance et la création d’emplois, tout en menant une politique sociale de réduction de la pauvreté et d’égalité des chances.  Il a indiqué que le système de microfinance du pays avait facilité l’ouverture de comptes bancaires, et que plus d’un million de Péruviens bénéficiaient des services de ce secteur, lequel distribuait un quart des crédits octroyés dans le pays.  À l’instar du rapport du Secrétaire général, qui explique que la part la plus importante de l’énergie consommée par les bénéficiaires du microcrédit sert à alimenter les cuisinières, M. Gutiérrez a vu là une chance de promouvoir l’énergie propre.  Des centaines de millions de personnes utilisant encore le bois, le Pérou s’est engagé à réduire d’un cinquième le nombre des cuisinières en les remplaçant par de meilleurs appareils ménagers.  Il a estimé que les institutions de microfinancement auraient un rôle important à jouer dans le cadre de cette initiative. 


Soulignant l’impact direct que ce projet entraînerait tant sur la santé des personnes que sur la protection de l’environnement, il a estimé que des programmes de remplacement de cuisinières devaient être intégrés dans les programmes de développement de l’ONU.  Le représentant s’est par ailleurs attardé sur les répercussions des crises économique et financière, et a estimé que les principes de durabilité et de responsabilité sociale devaient être intégrés à tous les échelons de la société.  Il a également évoqué la récente visite au Pérou de M. Muhammad Yunus, fondateur de la Banque Grameen.


M. AK ABDUL MOMEN (Bangladesh) a reconnu que la capacité du microcrédit à sortir les populations de la pauvreté n’a pas encore été établie.  Au Bangladesh, 30 millions de personnes sont couvertes par le microfinancement mais le taux de pauvreté est encore de 32%.  Il n’est donc pas étonnant que le microcrédit devienne parfois le piège de l’endettement.  M. Momen a cependant insisté sur le fait que, malgré ses lacunes, le microcrédit peut être un outil puissant de la réalisation des OMD, en particulier celui lié à la réduction de l’extrême pauvreté.  Le microcrédit a montré qu’il pouvait être l’outil de développement le plus rentable, a-t-il ajouté.  Le microcrédit a révolutionné l’attitude des populations rurales à l’égard des femmes, a continué le représentant.  Il a constitué la tentative la plus réussie d’impliquer les femmes dans l’économie. 


La question du microcrédit, a indiqué le représentant, a été incluse dans le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP).  Une série de recommandations y est contenues dont celle visant à ce que le microcrédit ait des cibles et des formats plus spécifiques pour avoir un réel impact sur les plus pauvres des pauvres.  Les recommandations appellent aussi à des approches novatrices s’agissant des mécanismes de crédit et de la diversification des services financiers.  Elles soulignent que le microfinancement doit s’accompagner d’interventions non financières.  Mais le financement seul ne peut suffire à changer le sort des plus pauvres.  Pour que son impact soit le plus grand, il doit s’accompagner d’une formation à l’entreprenariat, de connaissances en matière d’hygiène et de droits sociaux et d’un certain niveau d’éducation.


M. KIM CHANG MO (République de Corée) a rappelé les étapes marquantes du développement du microcrédit comme l’octroi du prix Nobel à la Grameen Bank en 2006 et la proclamation de 2005 comme Année internationale.  Le microcrédit, a-t-il dit, est un instrument précieux pour la répartition des fruits de la croissance économique.  Néanmoins il ne peut être un instrument miracle pour les plus pauvres.  Une comparaison des pratiques est nécessaire, et les banques doivent être encouragées à une plus grande souplesse dans les services proposés.  Un équilibre doit être trouvé entre sécurité économique et octroi de services financiers.  M. Chang Mo a conclu en rappelant que le G-20 devrait lors de sa prochaine réunion examiner un document sur la microfinance.


M. WILLIAM HABIB (Liban) a cité deux exemples concrets d’entrepreneurs libanais qui, grâce à un microprêt de 1 000 dollars, ont réussi à mener à bien leurs projets.  Mme Rabia Al Wass a ainsi pu ouvrir un magasin de vêtements et M. Zaki Bou Farhat a pu, lui, faire l’acquisition d’un troupeau de 12 vaches afin de fabriquer des produits laitiers bio.  Trente mille citoyens ont bénéficié de tels prêts depuis les années 90, grâce à la contribution de la Banque centrale du Liban et des banques libanaises.  Tout montre aujourd’hui, a dit le représentant, qu’il faut une approche multidimensionnelle, une stratégie globale, et un effort national pour identifier les priorités et assurer la viabilité sociale et économique du microcrédit.  Ces actions doivent être complétées par un environnement favorable aux niveaux régional et international. 


M. Habib a donc appelé à une plus grande sensibilisation au microcrédit, à la promotion de partenariat stratégique et à la création de secteurs financiers inclusifs offrant un accès durable, à l’atténuation de l’impact de la crise économique et financière et à la création d’un environnement caractérisé par la paix, la stabilité et la sécurité.  Comme tout investissement, le microcrédit a besoin pour prospérer d’un tel environnement, a souligné le représentant.


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a indiqué que le Maroc avait lancé, entre autres, une Stratégie nationale de protection de l’environnement et du développement durable ainsi qu’une initiative de développement humain.  Il a précisé que la Stratégie 2020 de développement rural du Maroc avait pour objectif central de faciliter un processus dynamique pour corriger les inégalités auxquelles font face les populations rurales.  Le représentant a également précisé que le Gouvernement accordait une attention particulière au déploiement d’infrastructures de base, et que, suite à l’adoption d’une démarche ciblée de lutte contre la pauvreté, le taux de pauvreté dans le pays était passé de 19% en 1998 à 11% en 2006.  Il a également fait savoir que le lancement, en 2005, de l’Initiative de développement humain, qui constitue une démarche de lutte contre la pauvreté et de développement des zones de pauvreté, ciblait des actions de soutien dédiées aux activités génératrices de revenus.  Il a ensuite expliqué qu’une réunion d’évaluation aurait lieu au cours des prochains jours afin d’évaluer l’efficacité de cette Initiative.


Le représentant a, par ailleurs, précisé que les institutions de microcrédit marocaines octroyaient l’équivalent de 29 millions d’euros à leurs clients, et qu’elles permettaient à 60% de la population active, soit 6 millions de personnes, d’avoir une activité rémunératrice. 


M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin) a indiqué que son gouvernement avait adopté un plan et une stratégie dont l’un des grands axes est la promotion de l’emploi durable et le renforcement des capacités des pauvres à participer au processus de prise de décisions et de production à travers un meilleur accès aux microcrédits.  Le Gouvernement a donc lancé en 2007, le « Programme de microcrédits aux plus pauvres », financé à hauteur de 20 millions de dollars et a nommé une ministre en charge de la microfinance.  Depuis, a-t-il poursuivi, ce Programme a rendu autonomes près de 600 000 personnes dont une majorité de femmes.  Ce Programme qui évolue, a bénéficié aujourd’hui d’une mobilisation de fonds de près de 64 milliards de dollars et « les populations en redemandent ».  Des innovations visant l’alphabétisation, la microassurance, la mutuelle de santé y ont été introduites et le Gouvernement béninois espère l’étendre à au moins un million de personnes.


Le représentant a estimé, dans ce cadre, que le débat actuel devait examiner la manière dont les pays qui connaissent des expériences fructueuses dans le domaine du microcrédit peuvent accéder à des fonds à des conditions avantageuses.  Le Bénin, a-t-il ajouté, exhorte la communauté internationale à appuyer les approches adoptées par les pays en développement dans le domaine de l’encadrement des gestionnaires et des bénéficiaires de microcrédit, mais surtout dans l’élaboration de réglementations efficaces dont on ne peut nier l’importance ni celle de renforcer la coordination de la politique financière pour cerner la complexité des problèmes qui soulèvent ce type de produit financier.  Le représentant s’est félicité de l’inscription à l’ordre du jour de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI) de la question de l’harmonisation de la législation relative à la microfinance.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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