Une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale lance le Plan d’action mondial des Nations Unies contre la traite des personnes
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Assemblée générale
Soixante-quatrième session
114e séance plénière – matin
UNE RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE LANCE LE PLAN D’ACTION MONDIAL DES NATIONS UNIES CONTRE LA TRAITE DES PERSONNES
L’Assemblée générale a lancé, au cours d’une réunion de haut niveau ce matin, le Plan d’action mondial des Nations Unies contre la traite des personnes, qu’elle avait précédemment adopté*, le 30 juillet 2010, à l’issue d’un large processus consultatif.
Ce Plan d’action est destiné à encourager une action concertée de défense des droits et des libertés consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, a expliqué le Président de la soixante-quatrième session de l'Assemblée générale, M. Ali Abdussalam Treki, de la Libye. « Le droit pour tous les êtres humains de naître libre », a-t-il précisé, « le droit de ne pas être tenu en esclavage ni en servitude », doit être défendu et assuré.
« La traite des êtres humains compte parmi les pires violations des droits de l’homme », a, quant à lui, souligné le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui a estimé que la traite, « c’est l’esclavage des temps modernes ». Chaque année, des milliers de personnes, essentiellement des femmes et des enfants, sont exploitées par des criminels à des fins de travail forcé ou de commerce sexuel, a dénoncé M. Ban. Aucun pays n’est à l’abri, presque tous jouent un rôle, que ce soit comme pays d’origine, de transit ou de destination de la traite, a-t-il prévenu.
MM. Ban et Treki ont tous deux remercié les délégations du Cap-Vert et du Portugal, cofacilitateurs du processus qui a abouti à l’adoption du Plan d’action, ainsi que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) pour leur détermination à faire en sorte que la communauté internationale traite de cette question.
Au début de la séance plénière, le Président de l’Assemblée générale a félicité M. Michel Tommo Monthe, Représentant permanent du Cameroun auprès des Nations Unies, qui a été élu la semaine dernière à la présidence de la Troisième Commission de l'Assemblée générale, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, ainsi que M. Chitsaka Chipaziwa, Représentant permanent du Zimbabwe, élu quant à lui à la présidence de la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.
*Résolution 64/293
Déclarations
M. ALI ABDUSSALAM TREKI, Président de la soixante-quatrième session de l'Assemblée générale, a remercié les délégations du Cap-Vert et du Portugal, cofacilitateurs du processus qui permet aujourd’hui le lancement du Plan d’action mondial des Nations Unies contre la traite des personnes, que l’Assemblée avait précédemment adopté, le 30 juillet 2010. Il a aussi remercié le Secrétaire général et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) pour leur détermination à traiter de cette question.
Ce Plan d’action est destiné à encourager une action concertée de défense des droits et des libertés consacrés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, a expliqué M. Treki. « Le droit pour tous les êtres humains de naître libre », a-t-il précisé, « le droit de ne pas être tenu en esclavage ni en servitude ». Le Plan d’action affirme que l’esclavage et la traite sont interdits sous toutes leurs formes, a-t-il ajouté.
La réalisation de ces engagements doit figurer au premier plan dans l’agenda international, a souligné M. Ali Treki. « En adoptant le Plan d’action, les gouvernements se sont engagés à prendre des mesures concrètes pour prévenir la traite des personnes, protéger les victimes, poursuivre les auteurs de ces crimes et renforcer les partenariats entre les gouvernements, les organisations de la société civile et le secteur privé, y compris les médias. Les gouvernements se sont aussi engagés à promouvoir et à envisager de ratifier les instruments internationaux relatifs à la traite », a rappelé le Président de l’Assemblée générale.
Il a été décidé d’intégrer cette problématique aux politiques et programmes des Nations Unies relatifs au développement économique et social, aux droits de l’homme, à l’état de droit, à la bonne gouvernance, à l’éducation et à la reconstruction après une catastrophe naturelle et un conflit, a ensuite expliqué le Président de la soixante-quatrième session de l'Assemblée générale.
M. Treki a aussi indiqué que le Plan d’action crée un fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour permettre d’assister les victimes de la traite, en particulier les femmes et les enfants. « J’encourage les États Membres à contribuer largement à ce fonds », a-t-il dit, les invitant en outre à adopter les mesures nécessaires pour s’assurer que les victimes ne soient pas pénalisées à cause de la traite et soient protégées.
Dans le monde d’aujourd’hui, on ne doit pas accepter les enlèvements, la traite nationale et internationale des individus ou l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants, a plaidé le Président de l’Assemblée, qui a souligné combien le phénomène de la traite des personnes dévaste des familles entières et déchire les communautés.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que le Plan d’action contre la traite des êtres humains lancé ce jour constituait un appel, et la présence de nombreux participants à cette réunion un témoignage du large soutien qu’il reçoit.
La traite des êtres humains compte parmi les pires violations des droits de l’homme, a souligné le Secrétaire général, qui a ajouté; « C’est l’esclavage des temps modernes ». Chaque année, des milliers de personnes, essentiellement des femmes et des enfants, sont exploitées par des criminels à des fins de travail forcé ou de commerce sexuel, a déploré Ban Ki-moon. Aucun pays n’est à l’abri, et presque tous jouent un rôle dans ce trafic, que ce soit comme pays d’origine, de transit ou de destination de la traite.
Le Secrétaire général a rappelé qu’il y a de cela 10 ans, la communauté mondiale s’était fermement prononcée contre la traite en adoptant à l’Assemblée générale un Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des 6 Plan d'action, la lutte contre la traite des personnes fera partie intégrante de tous les politiques et programmes de développement des Nations Unies, a expliqué le Secrétaire général.
M. Ban a rappelé que le Plan d’action prévoyait la création d’un fonds d’affectation spéciale qui vise à aider les gouvernements, les organisations internationales et les ONG à donner aux victimes vulnérables de la traite la protection et l’aide nécessaires dont elles ont besoin pour leur guérison psychologique et sociale. Il a exhorté les États Membres, le secteur privé et les philanthropes à contribuer généreusement au fonds. De même, le Secrétaire général a invité les États Membres à accroître l’assistance technique aux pays qui appuient la lutte contre la traite mais manquent de ressources financières ou d’expertise, et qui sont très souvent des pays d’origine des victimes de la traite, ce qui signifie que leurs besoins sont particulièrement importants et la réponse à leur apporter urgente. Le Plan d’action souligne également l’importance d’une augmentation des recherches et de la collecte des données pour mieux comprendre la traite, ce qui permettra de prendre les bonnes décisions, a noté le Secrétaire général.
Pour M. Ban, le Plan d’action mondial renforce les trois « P »: Prévention de la traite, Poursuite des criminels et Protection des victimes. Il en promeut aussi un quatrième: le Partenariat. Le seul moyen de lutter contre la traite est de travailler ensemble, a insisté le Secrétaire général.
Le plus grand défi à relever par le Plan d'action est celui de réduire le nombre des personnes menacées par la traite, a déclaré le Secrétaire général. Le seul moyen d’y parvenir, c’est par le développement socioéconomique et le respect des droits de l’homme, et cela justifie l’importance essentielle des Objectifs du Millénaire pour le développement et du Sommet qui leur sera consacré aux Nations Unies, à New York, au cours du mois qui vient, a ajouté Ban Ki-moon. Nous devons autonomiser les femmes, combattre la discrimination, maintenir les enfants en bonne santé et les garder loin des zones de conflit, a ajouté le Secrétaire général, pour qui les progrès accomplis dans ces domaines aident aussi à lutter contre la traite et son corollaire: l’exploitation des êtres humains.
Alors même que nous parlons ici, des milliers de personnes sont traitées comme des esclaves, a déploré M. Ban. Ces gens ont besoin de notre aide, immédiatement, maintenant, a-t-il souligné. Avant le lancement du Plan d'action, nous avions annoncé notre engagement ferme à mettre fin à la traite, a conclu le Secrétaire général, qui a demandé aux États Membres de mettre le Plan en œuvre.
Séance informelle de haut niveau
Lors de la séance informelle qui a suivi, trois invités, Mme Saisuree Chutikul, Présidente du Sous-Comité national thaïlandais pour la lutte contre la traite des personnes; Mme Maria Grazia Giammatrinaro, Représentante spéciale et Coordonnatrice de la lutte contre la traite à l’OSCE; Mme Aleya Hammad, cofondatrice et membre du bureau du Mouvement international pour la paix Suzanne Moubarak, ont pris la parole, avant les interventions des délégations suivantes : Ghana, au nom du Groupe des États d’Afrique; Belgique, au nom de l’Union européenne; Portugal, Cap-Vert, Bélarus, Japon, Thaïlande, Fédération de Russie, États-Unis, Cuba, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Nicaragua, Colombie, Brésil et Philippines. Avant que le premier intervenant ne prenne la parole, la session informelle de haut niveau a été ouverte par l’artiste Primitiva, qui a interprété la chanson « E Ala E », originelllement composée par feu Israel Kamakawiwo’ole, chanteur hawaïen de musique ukulule sur les thèmes de la justice et de la liberté.
Dans son intervention, Mme Chutikul, de la Thaïlande, a rappelé que le caractère transnational du crime de traite des personnes requiert une coopération transnationale. Soulignant le rôle important de l’UNODC dans ce domaine, elle a lancé un appel pour lui allouer suffisamment de ressources. Elle a estimé que différents organismes du système des Nations Unies devraient travailler ensemble, ainsi qu’en partenariat avec la société civile, les ONG et le secteur privé. Aux quatre « P » évoqués par le Secrétaire général dans son discours, elle a ajouté celui de la Politique nationale adaptée. Mme Chutikul a insisté sur la vulnérabilité des travailleurs migrants, surtout s’ils sont illégaux. Elle a aussi souligné que ni les États Membres, ni les ONG ni les Nations Unies n’avaient réellement réussi à coordonner leur action. Toute contribution, quelles que soient son importance et sa source, doit servir à améliorer le sort des victimes et non à produire de la rhétorique, a-t-elle dit.
Se préoccupant elle aussi des victimes, Mme Giammatrinaro a rappelé leurs conditions de détresse sociales et dénoncé un « phénomène massif d’esclavage contemporain ». Les femmes sont particulièrement vulnérables à l’exploitation sexuelle, du fait de la féminisation de la pauvreté ou du déséquilibre des rapports de force entre les sexes, a-t-elle noté. La traite n’est pas un phénomène marginal et risque au contraire de devenir une composante structurelle de certains secteurs économiques comme l’agriculture ou le bâtiment, a averti la Représentante spéciale, qui a identifié plusieurs difficultés. Peu de victimes de la traite sont identifiées comme telles et beaucoup confondues avec des immigrants illégaux, détenus et expulsés, ce qui les expose à être aussitôt reprises dans le trafic une fois revenues chez elles. En outre, la traite est souvent une activité de la criminalité transnationale organisée qui réinvestit les énormes profits dans d’autres activités criminelles, y compris la corruption et le blanchiment d’argent. Enfin, la traite n’est toujours pas considérée comme une priorité stratégique et attire moins l’attention que d’autres violations des droits de l’homme comme la torture ou le trafic de drogues.
Enfin, Mme Hammad a insisté sur la mobilisation de l’ensemble des partenaires. Société civile, Etat, organisations internationales, secteur privé, tous ces partenaires ont leurs avantages et aussi leurs faiblesses, a-t-elle remarqué, tout en insistant sur le rôle fondamental que le monde des affaires peut jouer dans la lutte contre la traite. Elle a présenté le Mouvement international pour la paix Suzanne Moubarak, qui met l’accent sur l’éducation des filles, se félicitant que son action entre dans le cadre du Plan d'action, alors que c’est accidentellement que le Mouvement s’est trouvé confronté à la traite, a-t-elle affirmé. Revenant sur le rôle du secteur privé, elle a déclaré que, lors d’un Forum international sur la traite des personnes qui aura lieu en décembre à Luxembourg, un chef d’entreprise particulièrement actif dans la lutte contre la traite sera récompensé. Nous ne devons pas seulement dénoncer les responsables du secteur privé qui contribuent à la traite, mais aussi récompenser ceux qui agissent pour la combattre, a-t-elle expliqué.
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