La définition du concept de la sécurité humaine continue de diviser les États Membres à l’Assemblée générale
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Assemblée générale
Soixante-quatrième session
89e plénière – matin
LA DÉFINITION DU CONCEPT DE LA SÉCURITÉ HUMAINE CONTINUE DE DIVISER LES ÉTATS MEMBRES À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
De nombreux États craignent que ce concept soit utilisé pour justifier des violations de leur souveraineté, et des ingérences dans leurs affaires intérieures
La conclusion, cet après-midi, du débat ouvert à l’Assemblée générale sur la sécurité humaine a été l’occasion pour les délégations de continuer les interrogations et les doutes qu’elles ont sur le vrai contenu du concept de sécurité humaine, dont la définition n’a toujours pas fait l’objet d’un consensus, et divise les États Membres de l’ONU.
Si certaines délégations, à l’instar de celles de l’Autriche, de la République de Corée ou de la Norvège, ont pris la parole pour affirmer leur plein appui à la notion de la sécurité humaine, d’autres, dont celles de l’Iran, du Nicaragua ou de l’Algérie, ont exprimé des doutes et mentionné l’absence de clarté qui entoure cette notion et averti contre le risque qui existe autour de ce concept, qui pourrait ouvrir la voie à des ingérences dans les affaires intérieures des États et à la violation de leur souveraineté, pourtant consacrée par la Charte des Nations Unies.
« Quelle est la différence fondamentale entre la sécurité humaine et les concepts déjà consacrés que sont le développement humain, le droit au développement, le développement durable et le développement social? » s’est notamment interrogée une délégation. « Il est fort à craindre que la prolifération de concepts risque de nous éloigner des vrais problèmes qui ne pourraient alors être traités, faute d’avoir été identifiés correctement ».
Le représentant de la Slovaquie a quant à lui affirmé que la sécurité humaine ne venait pas rajouter une « quelconque couche supplémentaire » à la structure de l’ONU, mais permettait, au contraire, d’inscrire cette notion dans celles qui existent déjà. « Ce concept permet également aux politiques adoptées dans les domaines de la paix, des droits de l’homme et du développement de se renforcer mutuellement », a renchéri la représentante de la Norvège, tandis que le représentant de la République de Corée y voyait « un concept utile pour compléter la notion traditionnelle de sécurité », et « une nouvelle manière de faire face à de nombreux défis mondiaux en agissant de manière humaine ».
Ces positions n’ont pas réussi à convaincre la délégation de la Bolivie dont le représentant a estimé qu’il est essentiel de donner une définition claire au concept pour éviter de potentiels dérapages dans son application. Il a également déclaré que la sécurité humaine ne devait en aucun cas justifier une quelconque forme d’ingérence dans les affaires internes d’un pays.
« Telle que définie dans le rapport, la sécurité humaine n’est rien de moins qu’une autre interprétation de la responsabilité de protéger qui prétend justifier l’intervention dans les affaires internes d’un État », a renchéri le représentant de l’Iran. La représentante de la Colombie a fait remarquer qu’une bonne définition de la sécurité humaine permettrait, au contraire, de respecter la souveraineté des États et de s’assurer que le concept ne servirait jamais de base à des interventions étrangères dans leurs affaires intérieures.
En début de séance, l’Assemblée générale a par ailleurs adopté, sans vote, un rapport* qui lui était présenté par la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission).
Ce document contient notamment un projet de résolution intitulé « Étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects », par lequel l’Assemblée générale engage les États Membres, le Secrétariat et les organes compétents de l’ONU à prendre toutes les mesures nécessaires pour donner suite aux propositions, recommandations et conclusions contenues dans le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix. Aux termes de la résolution, l’Assemblée décide en outre que le Comité spécial fera le point sur la suite donnée à ses propositions antérieures et examinera toute nouvelle proposition tendant à renforcer la capacité de l’Organisation de s’acquitter de ses responsabilités dans ce domaine.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal de l’ONU.
* A/64/407/Add.1.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS: RAPPORT DE LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION (QUATRIÈME COMMISSION) ( A/64/407/ADD.1)
APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES; SUIVI DES TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE: RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/64/701)
Suite du débat général
M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a souligné que si la notion de sécurité humaine peut paraître évidente, si on n’est pas spécialiste de la question, il est cependant nécessaire de définir plus clairement le concept dans le contexte multilatéral. Il faut s’assurer que le débat se situe dans le cadre de la non-agression et de la non-ingérence dans les affaires nationales des États, car le respect de ces principes forme le socle de la conduite des relations internationales, a souligné M. Singh Puri. Le représentant a insisté pour que soit évité l’interventionnisme. Il a appelé à suivre une approche centrée sur les personnes dans les politiques visant à garantir la sécurité humaine. Aujourd’hui, il y a beaucoup de défis à relever, a-t-il noté, et le rapport du Secrétaire général met en évidence les liens qui existent entre ces différents défis et qui font que les problèmes mondiaux dépassent les frontières de chacun de nos pays. En Inde, nous sommes déterminés à garantir les droits fondamentaux des citoyens et nous agissons pour inclure les personnes les plus vulnérables dans les programmes visant à simuler la croissance.
M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a souligné que la sécurité humaine exige l’adoption d’une approche graduelle par laquelle des modèles, comme l’éradication de la pauvreté, sont élaborés pour servir ensuite de projets sur la sécurité humaine. Pour encourager la confiance, les interventions devraient s’effectuer dans des domaines qui sont acceptables pour tous les États Membres. Il est important également de s’attaquer aux inégalités systémiques comme les subventions agricoles qui ont des effets négatifs sur l’agriculture des pays en développement. Il est essentiel d’étendre les activités liées à la sécurité humaine au-delà de ce qui est accompli par les institutions humanitaires afin d’inclure des entités chargées du développement comme la CNUCED, le PNUD et le PNUE. La contribution de ces entités permettra de déterminer de manière plus claire et appropriée la notion de sécurité humaine. La notion de sécurité humaine doit être uniforme et non pas fragmentaire et viser à promouvoir le dialogue entre les cultures et les religions, la coopération et la compréhension. Le droit à l’alimentation, le droit à un logement décent et à des services sanitaires et le droit à des services de santé adéquats devraient constituer les paramètres indispensables pour la sécurité humaine. La promotion d’une gouvernance mondiale équitable est nécessaire pour que la notion de sécurité humaine appartienne à tous, a-t-il dit avant de conclure.
M. KIM BANGHYUN (République de Corée) a dit qu’en tant que membre des Amis de la sécurité humaine, la République de Corée reconnait la contribution des Nations Unies à sa promotion. La sécurité humaine est un concept utile qui vient compléter la notion traditionnelle de sécurité, a-t-il estimé, en évoquant notamment sa nature multidimensionnelle. C’est une nouvelle manière de faire face à de nombreux défis mondiaux, sans chercher à imposer des contraintes aux pays, mais en agissant de manière humaine. Il nous faut continuer à travailler sur cet aspect, a demandé le représentant, afin que la démarche de sécurité humaine soit centrée sur les individus et les communautés. Le rapport du Secrétaire général analyse les aspects multidimensionnels des défis mondiaux à relever, a-t-il aussi noté. Il a cependant souhaité que l’application de la notion de la sécurité humaine ne vienne pas ajouter des coûts supplémentaires aux activités que mènent les Nations Unies. Le représentant a enfin réitéré sa conviction que chaque être humain a le droit de vivre à l’abri de la peur et dans le respect de sa dignité, et il a émis l’espoir que les Nations Unies pourront continuer à chercher les divers moyens de garantir ces droits.
M. MILOŠ KOTEREC (Slovaquie) a expliqué que sa délégation soutient le concept de sécurité humaine parce qu’il reflète les liens entre les trois piliers des Nations Unies à savoir la sécurité, le développement et les droits de l’homme. Cependant il ne s’agit pas de rajouter une « couche supplémentaire » à la structure des missions de l’ONU, mais au contraire d’inscrire cette notion dans celles qui existent, a dit M. Koterec. À cet égard, il a évoqué le rôle central joué par la réforme du secteur de la sécurité dans les situations postconflit en tant qu’instrument de la réalisation de la sécurité humaine car, si cette réforme est réussie, elle permet aux populations locales de connaître un retour à une vie normale. Miloš Koterec a également souligné l’importance des organisations internationales, régionales et sous-régionales dans ces efforts. Ces organisations ont un rôle crucial à jouer dans l’application des programmes pertinents sur le terrain. Quant aux acteurs non étatiques, le représentant a estimé qu’ils sont incontournables, car ce sont souvent eux qui identifient les problèmes et qui contribuent à la réalisation effective des programmes et des projets au niveau local.
M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a noté que la sécurité humaine bénéficie d’un soutien de plus en plus large au sein des Nations Unies ainsi que dans d’autres forums. Il a noté les principales initiatives adoptées dans ce domaine par les gouvernements, les institutions des Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales, les organisations intergouvernementales et les institutions non gouvernementales. La sécurité humaine est cependant tributaire de certains facteurs critiques, a-t-il relevé, citant entre autres la nécessité de s’assurer que les mesures prises respectent les normes de la Charte de l’ONU et du droit international. La sécurité humaine met en lumière l’universalité et le caractère fondamental de toute une série de normes, qui peuvent par exemple être appliquées aux personnes déplacées, a souligné M. Musayev. Le représentant a partagé l’avis du Secrétaire général selon lequel la sécurité humaine ne doit pas créer un supplément d’activités onéreuses aux fonds et organes des Nations Unies, tout en reconnaissant que l’ONU a malgré tout un rôle à jouer dans ce domaine. Il a dit attendre avec intérêt la poursuite de la discussion sur la question.
M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a appuyé, dans l’ensemble, l’approche holitistique adoptée dans le rapport 1994 du PNUD sur le développement humain qui plaidait en faveur d’un nouveau paradigme du développement humain, d’une nouvelle forme de coopération et d’une restructuration des institutions internationales. Le rapport soulignait, de manière très convaincante, que la notion de sécurité humaine a des incidences sur tous les domaines clefs de l’agenda de l’ONU, à savoir la paix et la sécurité, les droits de l’homme et le développement. La Jamaïque réaffirme qu’il faudrait créer une synergie entre maintien de la paix et consolidation de la paix, tout en renforçant la coordination entre le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), le Département d’appui aux missions et la Commission de consolidation de la paix (CCP). En dépit de ses aspects positifs potentiels, la notion de sécurité humaine demeure vague et c’est pourquoi, il faudrait l’examiner de manière approfondie. Ce manque de clarté a renforcé la perception selon laquelle elle pourrait servir d’instrument ou de prétexte pour une ingérence dans les affaires intérieures d’un État. Dans la mesure où les trois domaines d’activité principaux des Nations Unies sont interdépendants, il faudrait définir la notion de sécurité humaine en adoptant une approche plus large qui en tienne compte.
M. ALI A. ALI KURER (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que les gouvernements doivent conserver le rôle principal qui leur incombe concernant la protection de leurs citoyens et utiliser au mieux les ressources qui leur sont disponibles pour préserver la sécurité humaine. Dans un contexte de menaces internationales à la sécurité humaine, les organisations internationales et régionales ont examiné cette question. Il en est ainsi de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, a rappelé le représentant, dans le but de garantir cette sécurité à leurs peuples. Parmi les menaces qui dépassent les frontières individuelles des États, il a cité notamment la criminalité transnationale organisée et la crise alimentaire, dangers qui vont au-delà du concept traditionnel de menace à la paix et à la sécurité. L’application du concept de la sécurité humaine exige des institutions solides et stables, a poursuivi le représentant, soulignant que ces institutions ont le devoir de garantir la paix et le respect de la dignité humaine des citoyens. En tant que pays arabe, africain et méditerranéen, la Libye essaie d’avoir une influence sur ce qu’on peut appeler la sécurité « géohumaine », notamment en Palestine, ou ailleurs dans la zone de la Méditerranée, ou encore en Afrique. Cela a poussé la Libye à jouer un rôle dans ces régions pour y aider des peuples souffrant de l’occupation étrangère, a dit le représentant. Il a soutenu la recommandation du Secrétaire général selon laquelle il faut renforcer la coopération multilatérale à travers les Nations Unies et les organisations régionales, tout en respectant la souveraineté et l’indépendance des peuples.
M. SHANKER D. BAIRAGI (Népal) a rappelé que cette réunion de l'Assemblée générale sur la sécurité humaine répond à la mise en œuvre de l’article 143 du Document final du Sommet mondial de 2005. Il a indiqué que pour la première fois de l’histoire, un milliard de personnes soufrent de la faim, alors qu’en même temps, la pauvreté reste un terrible obstacle à la réalisation des objectifs de développement. M. Bairagi a estimé que la réduction de la pauvreté et de la faim, la suppression des menaces liées au changement climatiques, aux pandémies et aux conflits, ainsi que la création d’un environnement propice au développement humain devraient constituer la base du concept de sécurité humaine. Faire face aux défis de la sécurité humaine nécessite une augmentation substantielle des ressources financières mises au service de la promotion du développement et la fin des déséquilibres qui caractérisent les relations économiques, financières et commerciales internationales pour parvenir à un partage équitable des opportunités de la mondialisation, a préconisé le représentant népalais. Alors que nous sommes à quatre mois du sommet d’évaluation de la réalisation des OMD, a-t-il dit, nous espérons voir un renforcement du partenariat mondial, de façon à ce que les difficultés et les besoins particuliers qui se posent à un grand nombre de pays en développement puissent être pris en compte. M. Bairagi a notamment mis l’accent sur la nécessité de construire, dans les pays défavorisés, des capacités de production durables par le biais d’une assistance internationale adéquate et elle-même durable. Il a rappelé que la réalisation des OMD requiert une croissance économique durable et un développement du même type.
Mme MARIANNE BIBALOU (Gabon) a déclaré qu’il ne peut y avoir de sécurité et de développement sans la pleine satisfaction des besoins fondamentaux des populations. Il est donc fondamental dans cette perspective d’encourager les initiatives et politiques de développement à visage humain fondées sur la justice, l’équité, la solidarité et la coexistence pacifique. Mme Bibalou a expliqué qu’au Gabon la sécurité humaine était au centre des priorités du Gouvernement dans le domaine du développement durable. Cette notion est en phase avec les valeurs communautaires de fraternité et de solidarité du peuple gabonais. Cela se traduit notamment dans les politiques du Gouvernement, visant à améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables telles que les femmes, les fillettes, les personnes âgées et handicapées, ainsi que les réfugiés. Mme Bibalou a saisi l’occasion offerte par ce débat pour remercier le Gouvernement du Japon pour sa récente décision de mettre à disposition du Gabon, à travers le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies sur la sécurité humaine, un montant de 2 194 426 de dollars des États-Unis. Ce don est destiné à améliorer la situation des réfugiés et des populations vulnérables vivant au Gabon, a précisé la Représentante permanente adjointe du Gabon auprès de l’ONU
M JORGE TAGLE (Chili) a estimé que ce nouveau concept de sécurité humaine allait au-delà de l’intégrité physique des individus dans les situations de crise ou de conflit armé, dès lors que la sécurité humaine intègre désormais les menaces à l’intégrité personnelle des individus découlant des conflits armés internes, de la violence sociale quotidienne, de la disponibilité des armes légères, du crime organisé, des catastrophes naturelles, des changements climatiques et des crises financières. Les efforts actuellement entrepris, à l’initiative du Secrétaire général, en vue de définir le concept de sécurité humaine, porteront leurs fruits dans l’effort commun visant à mettre en pratique des principes qui restent encore théoriques, afin de refléter la contribution de la sécurité humaine à la solution de problèmes figurant à l’agenda international, a affirmé le représentant. Selon lui, la sécurité humaine ne devrait pas être opposée à la sécurité nationale classique mais, tout au contraire, devrait la compléter, ceci afin de permettre une amélioration importante des normes de la sécurité individuelle.
M. MARCO ANTONIO SUAZO (Honduras) a relevé que la notion de sécurité humaine apparait comme un concept élargi et intégral qui associe la sécurité individuelle et collective à tous les droits de l’homme. Le Honduras est conscient de la nécessité de reconnaître et de mettre en œuvre ce concept, qui, à ses yeux, est inclus dans les Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Honduras a réussi à consolider le développement d’une politique de sécurité humaine dans le cadre de son « Plan nation: vision pour le pays », qui a été proposé aux Honduriens par leur Président. Ce plan vise l’instauration de la paix sociale et intérieure, a précisé le représentant. Les initiatives lancées par le Japon et d’autres États Membres méritent une attention particulière de la communauté internationale, a-t-il estimé, se disant conscient qu’il faut faire front aux conflits armés, aux catastrophes naturelles, aux changements climatiques, à l’extrême pauvreté, à la discrimination sous toutes ses formes et à l’insécurité alimentaire, pour ne citer que quelques maux. Tous les États ont la responsabilité de formuler des politiques et des mécanismes nationaux pour relever ces défis, a-t-il ajouté. Il a enfin déclaré que son pays soutient les initiatives des Amis de la sécurité humaine, ceci dans la recherche d’une définition large de ce concept.
M. JAVIER LOAYZA BAREA (Bolivie) a souligné qu’il existait plusieurs définitions du concept de sécurité humaine et qu’en fonction des situations, l’une ou l’autre est évoquée. En effet, ce qui s’applique au niveau national ne saurait être repris au niveau international, car cela créerait des interférences avec les principes de souveraineté et de sécurité nationales des États. Pour la Bolivie, la sécurité humaine ne doit en aucun cas justifier le recours à une quelconque forme d’ingérence dans les affaires internes d’un pays. Quant à l’affirmation que des institutions gouvernementales faibles sont souvent à l’origine de l’insécurité humaine, comme cela figure dans le rapport du Secrétaire général, le représentant a demandé qui détermine la faiblesse supposée d’une institution ou d’une autre? La crise financière internationale a largement contribué à l’affaiblissement des institutions gouvernementales des pays, même ceux dit développés, et elle a engendré une aggravation de la situation de la sécurité humaine partout dans le monde, a-t-il rappelé. Cela peut-il alors justifier une intervention dans tous ces pays, ou alors le concept ne se conçoit-il que dans un seul sens, ceci afin de pérenniser les ingérences que se permettent certains pays développés dans le reste du monde? Compte tenu de ces interrogations, la Bolivie estime qu’avant d’aller plus loin, et de voir une assimilation des notions de droits de l’homme et de la sécurité humaine avec celle de sécurité tout court, il est essentiel que l’on trouve d’abord une définition claire au concept débattu depuis hier par l’Assemblée. Ceci permettrait d’éviter de potentiels dérapages, a prévenu le représentant.
M. CHRISTIAN EBNER (Autriche) a déclaré que le concept de sécurité humaine se trouvait à l’intersection des questions de la sécurité, du développement et des droits de l’homme. Il a précisé que ce concept était une pierre angulaire de la politique étrangère de l’Autriche, et que son pays était engagé à le promouvoir dans un esprit de dialogue, de coopération et de consensus. M. Ebner a indiqué que la résolution 1894 du Conseil de sécurité sur la protection des civils dans les conflits armés était une illustration de la mise en œuvre de ce concept. Il a également dit que la résolution 1888, portant sur la violence sexuelle dans les conflits armés, fournissait un certain nombre d’outils en matière de promotion de la sécurité humaine. En outre, il a mis l’accent sur la nécessité d’accorder la plus grande priorité à la protection des enfants, notamment dans les conflits armés. Il a précisé que l’Autriche intervenait dans ce domaine au niveau bilatéral et par le biais des cadres créés par l’Union européenne et ou par celui des Nations Unies.
M. FRANCISCO CARRIÓN-MENA (Équateur) a reconnu que la tâche qui consiste à définir la notion de sécurité humaine était particulièrement difficile en raison des positions divergentes exprimées par les délégations et de la multitude de critères proposés. Les discussions devraient se poursuivre jusqu’à ce que l’on parvienne à un consensus sur sa définition, a-t-il dit. À l’instar d’autres délégations, le représentant de l’Équateur a estimé qu’il incombait en premier lieu aux gouvernements d’assurer la sécurité à leurs citoyens, en particulier le droit à la dignité, comme le stipulent la Constitution de l’Équateur et le Plan national sur le bien-être. Son pays, a-t-il poursuivi, a également mis au point un projet national de développement durable, appelé « Yasuní ITT », par lequel le Gouvernement s’est engagé à ne pas exploiter un gisement de pétrole qui se trouve dans la forêt équatorienne, protégeant ainsi les populations autochtones et l’environnement. À cet égard, l’Équateur procède actuellement à la création d’un fonds d’affectation spéciale qui sera administré par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Le représentant s’est déclaré convaincu que l’Assemblée générale était l’instance appropriée pour définir la notion de sécurité humaine.
Mme MONA JUUL (Norvège) a estimé qu’il était temps de donner à ce concept « précieux » l’attention qu’il mérite, car la sécurité humaine permet, selon elle, d’établir des liens dans un monde interdépendant. Ce concept permet également aux politiques adoptées dans les domaines de la paix, des droits de l’homme et du développement de se renforcer mutuellement, a-t-elle ajouté, avant d’évoquer l’importance du cadre pour la coopération internationale. La représentante a par ailleurs estimé que ce concept était particulièrement pertinent dans un monde où les importants profits économiques et la concentration « sans précédent » de la richesse et du pouvoir risquaient de saper la stabilité sociale et la paix. Ma délégation estime que le concept de la sécurité humaine peut contribuer à la protection et à la paix de la même façon que le concept du développement humain a pu contribuer aux politiques économiques, c’est-à-dire en y apportant l’égalité, l’équité et la justice.
Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a noté que le concept de la sécurité humaine n’a pas encore fait l’objet d’un consensus au sein de l’ONU. Le rapport du Secrétaire général est avant tout un recueil des différents avis avancés sur la question, et qui ont été l’objet d’interprétations multiples, a-t-elle estimé. L’Assemblée générale est le seul organe compétent pour débattre de la question, a-t-elle ajouté, espérant un échange sur les bonnes pratiques qui pourraient exister dans des pays en développement sur la question. La sécurité des populations relève de la responsabilité directe des États, et les Nations Unies ne doivent accompagner les plans nationaux que sur demande des États, a souligné me Rubiales de Chamorro. Le Gouvernement du Nicaragua agit en faveur de la sécurité humaine en mettant l’accent sur la création d’emplois, l’investissement social et la création de conditions permettant une amélioration des conditions de vie de sa population. L’objectif est la survie et l’épanouissement de l’être humain, et le rejet de l’exclusion, a indiqué Mme Rubiales de Chamorro. La clef du succès est basée sur la croissance, accompagnée de l’élimination de la pauvreté et de la faim, a-t-elle expliqué. Si la communauté internationale veut voir appliquer la sécurité humaine, elle doit commencer à manifester elle-même son engagement envers ce concept, en reconnaissant par exemple le doit du peuple palestinien à disposer de son territoire et de ses ressources; la nécessité du désarmement nucléaire; la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique, et le besoin de déployer plus d’efforts en faveur de l’élimination de la pauvreté.
Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a souligné, comme le note le rapport du Secrétaire général, l’évolution du concept de sécurité humaine qui est au centre des activités et des priorités de l’ONU en ce début du XXIe siècle. Elle a estimé qu’il faut apporter une réponse intégrée et coordonnée aux nombreuses crises que le monde traverse depuis 2008, comme l’augmentation des prix des produits alimentaires et du pétrole, les problèmes économiques et financiers, les situations de conflit, les changements climatiques et les catastrophes naturelles. Pour y parvenir, il incombe à chaque gouvernement de disposer d’institutions solides et de favoriser un développement social équitable, a-t-elle dit. « La promotion de valeurs que nous partageons tous au niveau international ne peut que renforcer nos capacités », a-t-elle déclaré. Sa délégation, a-t-elle indiqué, est favorable à une approche globale fondée sur une dimension élargie de la sécurité humaine, qui permette de développer des mécanismes de réponse aux menaces émergeantes et de prévenir des situations dangereuses pour les populations civiles. Avant de conclure, la représentante a assuré que son gouvernement avait toujours élaboré des politiques de coopération internationale centrées sur les personnes.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a estimé qu’un certain nombre de critères devraient être pris en compte dans la recherche d’une définition du concept de la sécurité humaine. En premier lieu, l’élaboration et l’application de ce concept devraient contribuer à la consolidation de manière intégrale, des principes et des dispositions de la Charte des Nations Unies, a préconisé Claudia Blum. Une bonne compréhension de la sécurité devrait contribuer au renforcement de relations amicales entre les États et les nations. Elle devrait aussi les aider à en faire de même, concernant les domaines économiques, sociaux, culturels et humanitaires, ainsi que dans ceux de la promotion du développement et des droits de l’homme. Une bonne définition de la sécurité humaine devrait permettre le respect de la souveraineté des États et assurer que le concept ne servira pas de base à des interventions dans leurs affaires intérieures, a souligné la représentante de la Colombie.
M.SAID MOHAMED OUSSEIN (Comores) a salué les efforts déployés par le Secrétaire général et certains États Membres pour trouver une définition commune à la notion de sécurité humaine, en établissant une distinction claire entre cette notion et les principes de la responsabilité de protéger et de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État. La notion de sécurité humaine a toujours suscité l’intérêt des organisations internationales et régionales, a-t-il noté. Insistant sur le lien indivisible entre paix, sécurité et développement, le représentant a souhaité que la définition de la notion de sécurité humaine tienne compte de l’éradication de la pauvreté. Il faut aussi faire du droit au développement une priorité, a-t-il dit. Avant de conclure, le représentant a souligné l’importance de placer la notion de sécurité humaine au centre des travaux des Nations Unies.
M. ALPHA IBRAHIMA SOW (Guinée) a déclaré qu’il était indispensable de développer la pratique de la sécurité humaine, notamment dans le cadre des États fragiles ou des États en situation postconflictuelle. Il a également estimé que l’ONU restait le cadre multilatéral « le plus approprié » pour adopter une approche inclusive et participative de tous les protagonistes en vue de mieux cerner le concept de sécurité humaine. La Guinée, a-t-il ajouté, accueille avec intérêt l’application de la notion de sécurité humaine pour relever les défis liés à la crise financière et économique mondiale, à la volatilité des prix des denrées alimentaires, à la propagation des maladies infectieuses, aux changements climatiques et à la prévention des conflits, entre autres. Le moment est venu de consolider les projets de sécurité humaine pour faciliter l’achèvement des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il estimé. M. Sow s’est dit convaincu que la mise en place d’un programme global de sécurité humaine pourrait favoriser une meilleure actualisation des efforts faits, au triple niveau national, régional et mondial, pour la réalisation des OMD.
M. COLLIN BECK (Îles Salomon) a indiqué que l’ambigüité de la définition de la notion de sécurité humaine était liée à celle de la responsabilité de protéger, qui continue d’être débattue au sein de l’Assemblée générale. Si certaines notions étaient utiles en théorie ou dans un texte, leur mise en œuvre ne concerne que trop peu de personnes, a-t-il estimé. M. Beck a par ailleurs indiqué que le rapport du Secrétaire général ne contenait pas de réponse aux questions soulevées lors du dernier débat de l’Assemblée générale sur la sécurité humaine. Ce rapport, a-t-il poursuivi, propose une approche fragmentée pour répondre à des questions d’envergure internationale et cherche à donner un sentiment trompeur de stabilité en répondant aux symptômes, plutôt qu’aux causes profondes des problèmes. Le représentant a regretté que la responsabilité historique des entités chargées de l’application de cette notion soit passée sous silence. Pour prendre des mesures visant à rectifier cette lacune, il faudrait que tous les États s’acquittent des engagements pris en faveur des Objectifs du Millénaire pour le développement, du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement et des changements climatiques. Il faudrait adopter une approche holistique en matière de sécurité humaine tant au niveau international qu’au niveau national.
M. LA YIFAN (Chine) a appelé l’Assemblée à prendre en compte toutes les interprétations du concept de sécurité humaine, afin que les États Membres parviennent à une définition consensuelle du concept. Il a déclaré qu’il incombe en premier lieu aux gouvernements d’assurer la sécurité humaine de leur propre population, les institutions internationales ne devant intervenir que de manière éventuellement complémentaire, et sur la demande des gouvernements concernés. Les pays en développement ont été plus touchés que les autres par les récentes crises mondiales, a-t-il ensuite relevé, en expliquant pourquoi la communauté internationale devrait renforcer ses investissements et ses efforts dans la promotion du développement. Le représentant a lancé un appel aux pays industrialisés pour qu’ils aident les pays les moins avancés, en particulier ceux d’Afrique, pour leur permettre de renforcer leurs capacités afin qu’ils atteignent les Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. ESHAG AL HABIB (République islamique d’Iran) a indiqué que les débats relatifs à la sécurité humaine et à la responsabilité de protéger étaient peu propices à la création de la confiance dans le fonctionnement du système internationale actuel. Il a estimé qu’il était faux d’affirmer que certains États appuyaient le concept de sécurité humaine et que d’autres ne le faisaient pas. Il y a plutôt un manque de confiance général envers la fiabilité de l’actuel système multilatéral et international, car ce système se caractérise par un « déficit énorme » en termes d’équité et d’impartialité. À moins d’être bien définie, la promotion de la sécurité humaine en tant que « panacée pour tous les maux de l’humanité » risque de succomber aux mauvaises interprétations qui pourraient être faites et aux abus et manipulations, a prévenu M. Al Habib. Il a estimé que la compréhension actuelle de ce concept ignorait les causes profondes des crises multiples que connait actuellement l’humanité. Répondre aux souffrances qu’engendrent ces crises sera impossible, à moins que l’on ne réponde d’abord aux inégalités persistantes et aux injustices systémiques qui perdurent, a-t-il ajouté.
Le représentant a ensuite estimé que le rapport du Secrétaire général était « injuste, partial et partisan, car il ne prend pas en compte les préoccupations soulevées par nombre d’États Membres concernant la définition de la sécurité humaine, ainsi que la portée et les implications de ce concept. Contrairement au rapport, a-t-il ajouté, ma délégation estime que les concepts de sécurité nationale et de sécurité humaine ne sont pas des choses séparées et distinctes. Il a de plus estimé que telle que présentée, la sécurité humaine ne prenait pas en compte les vraies sources, qui sont systémiques, de l’insécurité humaine. Telle que définie dans le rapport, la sécurité humaine n’est rien de moins qu’une autre interprétation de la « responsabilité de protéger » qui prétend justifier des interventions dans les affaires internes d’un État Membre, chose que l’Iran n’accepte pas.
M. ALI KHALID (Soudan) a tout d’abord signalé que le Coran consacre une sourate au droit de l’homme à la dignité. Analysant ensuite le rapport du Secrétaire général sur la sécurité humaine, il a estimé qu’il ressort clairement que les États Membres ne se sont pas encore mis d’accord sur une définition. Cet accord devrait intervenir par le biais de l’Assemblée générale de l’ONU, a-t-il estimé, afin de permettre à l’Organisation des Nations Unies de mener ses missions dans ce cadre. Pour cela, il faut respecter les normes de droit international, et en particulier le principe de non-ingérence, a-t-il dit. Le représentant a aussi estimé que la sécurité doit relever des États, ceux-ci devant s’approprier le concept de sécurité humaine pour protéger leur population. Il a insisté sur le rôle clef des Nations Unies qui ont la tâche de coordonner les efforts déployés pour faire face aux différents défis et menaces qui pèsent sur le monde, dans le cadre de leur mandat. Le représentant a demandé, par ailleurs, que la notion de sécurité humaine ne soit pas politisée. Chaque pays a besoin de soutien aux niveaux régional et international, et les Nations Unies doivent agir par le biais de la diplomatie préventive, a ajouté le représentant.
M. DJAMEL MOKTEFI (Algérie) a estimé que toute discussion entre les États Membres sur la sécurité humaine devait se faire en conformité avec les principes de base de la Charte de l’ONU, notamment ceux relatifs au respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale, de la non-ingérence et le droit à l’autodétermination des peuples vivant sous occupation étrangère. Il a ensuite fait part de ses appréhensions sur le fait que la notion de sécurité humaine pourrait être exploitée et utilisée comme moyen d’ingérence dans les affaires intérieures d’un État. Il s’est notamment interrogé sur le contenu des paragraphes 21, 23 et 24 du rapport qui jettent le doute sur les relations entre les gouvernements et les citoyens et provoquent une confusion entre la sécurité humaine et la responsabilité de protéger. Il a également souhaité savoir qu’elle était la relation de la notion de sécurité humaine avec la problématique Nord-Sud. Ma délégation, a-t-il ajouté, voudrait bien savoir quelle est la différence fondamentale entre la sécurité humaine et les concepts déjà consacrés que sont le développement humain, le droit au développement, le développement durable et le développement social. « Il est fort à craindre que la prolifération de concepts ne risque de nous éloigner des vrais problèmes qui ne pourraient alors être traités faute d’avoir été identifiés correctement », a-t-il souligné. Il a de plus estimé qu’il était prématuré de prendre une quelconque décision sur la manière d’intégrer ou de généraliser la sécurité humaine dans les activités du système de l’ONU.
Mme ALYA AHMED S.A. AL-THANI (Qatar) a estimé très important le débat de fond sur la question de la sécurité humaine, qui est un concept qui évolue constamment. L’intérêt de cette notion réside dans la valeur ajoutée qu’elle apporte, a-t-elle signalé, rappelant que la communauté internationale s’intéresse à cette question depuis les 20 dernières années. La sécurité humaine doit respecter le droit national ainsi que le droit international, a-t-elle poursuivi. Analysant le rapport du Secrétaire général sur la sécurité humaine, elle a fait remarquer qu’il a ignoré la question de l’occupation étrangère. Elle a à cet égard dénoncé la mauvaise utilisation de certains principes qui justifient parfois, à tort, le recours à la force. Il existe un lien entre la sécurité, le développement et les droits de l’homme, a-t-elle aussi noté. La représentante a enfin expliqué que les politiques de son pays sont centrées sur l’amélioration du sort des individus et visent notamment la protection sociale des personnes, et des questions comme le droit à l’éducation, et les droits des individus en période de crise.
M. TOUFIC JABER (Liban) a affirmé qu’au cours des dernières décennies, le monde avait été témoin d’une augmentation des interactions entre personnes issues de différents secteurs du fait de la mondialisation, ce qui implique la multiplication de risques et de défis sécuritaires auxquels les individus et les sociétés doivent de plus en plus faire face. Les populations civiles et les individus finissent également par payer le prix le plus élevé des conflits modernes, lesquels sont, pour la plupart, des conflits internes, a ajouté M. Jaber. Ces phénomènes exigent, en retour, que les efforts déployés pour les protéger soient plus importants, a estimé le représentant. Il existe ainsi, a-t-il expliqué, une interdépendance entre les trois piliers des Nations Unies que sont la sécurité, le développement et les droits de l’homme. Le concept de sécurité doit intégrer, a-t-il ajouté, la lutte contre des menaces graves comme la faim, la pauvreté, les maladies infectieuses, les changements climatiques, les conflits armés, l’occupation ou la migration. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de définir un concept de sécurité humaine qui corresponde aux besoins véritables des sociétés, ainsi qu’aux activités que peuvent mener de manière complémentaire les Nations Unies.
M. CARLISLE RICHARDSON (Saint-Kitts-et-Nevis) a indiqué que sa délégation estimait qu’en matière de sécurité humaine, il importait de prendre en compte le besoin, pour la population de chaque pays, de vivre à l’abri de la peur du sous-développement. La nature multidisciplinaire de la sécurité humaine se fait évidente lorsque l’on examine le lien entre la crise économique et financière mondiale et l’augmentation du niveau de criminalité chez les jeunes, a expliqué le représentant, pour qui le crime mérite d’être examiné dans le cadre de la sécurité humaine. Il a ensuite évoqué les problèmes liés aux menaces sanitaires, notamment la propagation de maladies infectieuses, ainsi que celles qui pourraient apparaitre du fait des changements climatiques. « Ma délégation propose l’adoption d’une approche participative pour enrayer la progression des changements climatiques et leur impact sur la sécurité humaine, a-t-il indiqué. Il a également appelé les États Membres, dans le cadre du débat actuel, à regarder au-delà de leur intérêts nationaux afin de maintenir une perspective internationale dans l’examen de la question.
M. IRAKLI JGENTI (Géorgie) a souligné deux aspects de la sécurité humaine, à savoir le droit au retour des populations déplacées et la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés. Il a dénoncé, dans ce cadre, la tentation de faire de la nécessité d’un règlement politique un prétexte pour ne pas s’attaquer aux besoins immédiats en matière des droits de l’homme et sur le plan humanitaire. Les droits de l’homme, les problèmes humanitaires et les règlements politiques de crises ou conflits doivent être perçus comme partie intégrante du concept de sécurité humaine, a dit le représentant. Ainsi posé, le concept pourrait contribuer à répondre à des problèmes comme le déni du droit à l’éducation dans sa langue maternelle, à l’enrôlement forcé dans les forces armées et aux harcèlements ethniques.
Mme OCHIR ENKHTSETSEG (Mongolie) a jugé que la sécurité humaine peut constituer un outil efficace pour riposter aux menaces nouvelles que connait le monde d’aujourd’hui. L’ONU est la seule organisation capable de faire avancer cette notion et de la mettre en pratique, a-t-elle ajouté. Elle a indiqué que les stratégies de développement nationales mises en œuvre dans son pays visent à assurer la sécurité humaine des Mongols. Le Gouvernement essaie de mieux assurer la répartition des bénéfices socioéconomiques nationaux à tous les groupes sociaux, a-t-elle expliqué, signalant la création l’année dernière d’un fonds de développement humain axé sur les populations qui vivent des ressources minières. La Mongolie est vulnérable aux changements climatiques, ayant subi de grandes vagues de froid et de sécheresse sévères, ainsi que des inondations qui ont des conséquences sur les habitants et le bétail, a aussi indiqué la représentante. Elle a précisé que 800 000 personnes vivent dans des zones à risque en Mongolie. Des campagnes d’assistance ont été menées en faveur des éleveurs, a-t-elle aussi signalé. La représentante s’est félicitée de l’appel consolidé lancé la semaine dernière en faveur de son pays afin de lever 18 millions de dollars pour lui permettre de renforcer ses capacités nationales et de faire face aux défis posés par son environnement naturel. Elle a aussi salué tout ce qui est accompli grâce au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la sécurité humaine.
Mme KARINE KHUDAVERDIAN (Arménie) a estimé que la promotion de la paix et de la stabilité, et l’avancement du développement durable et du changement social exigeaient l’engagement de l’ensemble des États Membres. Elle a de plus affirmé que l’inégalité entre les sexes, tant dans les sphères privées que publiques, minait la sécurité des femmes à travers le monde. Qu’il s’agisse de conflits armés ou du VIH/sida, les femmes et les enfants sont les membres les plus vulnérables de la population, a constaté la représentante. Elle a notamment réclamé la mise en œuvre de la Déclaration de Beijing et de sa Plate-forme d’action. Elle a ensuite souligné l’importance de définir très précisément le concept de sécurité humaine afin d’éviter toute interférence de celui-ci dans les questions liées au développement. Elle s’est par ailleurs félicitée de la distinction qui est faite, dans le rapport du Secrétaire général, entre sécurité humaine et responsabilité de protéger. Il importe d’établir des mécanismes préventifs afin de protéger les groupes les plus vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les personnes déplacées, a-t-elle insisté.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel