Fin du dialogue de haut niveau sur le financement du développement: le lien est fermement établi entre la disponibilité des ressources et la réalisation des OMD
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Assemblée générale
Soixante-quatrième session
78e séance plénière
Matin & après-midi
FIN DU DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT: LE LIEN EST FERMEMENT ÉTABLI ENTRE LA DISPONIBILITÉ DES RESSOURCES ET LA RÉALISATION DES OMD
L’Assemblée générale a conclu aujourd’hui son Dialogue de haut niveau sur le financement du développement après avoir tenu une série de tables rondes portant sur les aspects fondamentaux de la question, également abordés en parallèle par les États Membres, ce matin, au cours du débat plénier entamé hier.
L’une des tables rondes a été l’occasion de discuter en détail des sources novatrices de financement du développement « afin de dépasser la logique traditionnelle de l’aide publique au développement annuelle », mais aussi les clivages entre pays du Nord et pays du Sud, respectivement considérés comme donateurs et récipiendaires.
Perçue comme « hérétique » à ses débuts, l’approche consistant à financer en partie le développement en créant de nouvelles formes de mobilisation de ressources a connu un premier succès en 2005 avec la mise en place de la contribution de solidarité sur les billets d’avion, a rappelé M. Philippe Douste-Blazy, Conseiller spécial du Secrétaire général pour un financement novateur du développement.
M. Douste-Blazy est revenu sur l’idée de lancer une « taxe sur les transactions financières » (TTF) à l’appui de la promotion du développement durable. Expliquant qu’une équipe spéciale intergouvernementale sur la mise en œuvre de cette taxe était en place, M. Douste-Blazy a estimé que la conjoncture actuelle y était favorable, car l’opinion publique internationale attend de ceux qui sont responsables de la crise financière et économique mondiale actuelle qu’ils « réparent les dégâts causés ». Le Conseiller spécial s’est félicité à cet égard de l’annonce faite par la Belgique d’inscrire la question de la taxe sur les transactions financières (TTF) à l’ordre du jour de sa présidence de l’Union européenne, au cours du second semestre 2010.
Si le représentant du Brésil a suggéré l’organisation d’une réunion informelle sur la question des financements innovants avant le Sommet sur les OMD prévu au Siège de l’ONU au mois de septembre, M. Douste-Blazy a suggéré de son côté la création formelle d’un « groupe intergouvernemental sur les financements innovants ».
Plusieurs délégations ont insisté sur le caractère « additionnel » des ressources issues des mécanismes innovants du financement du développement, souhaitant qu’elles ne détournent pas l’attention des pays industrialisés, qui devraient en premier honorer leurs engagements en matière d’APD. L’un des panélistes, M. Simon Scott, de l’Organisation de coopération et de développement économique, a souligné que, dans un contexte où la mobilisation de fonds en faveur de la lutte contre les changements climatiques devrait permettre de collecter 100 milliards de dollars par an à partir de 2020, il était probable que certains pays industrialisés se contenteraient peut-être de transférer les ressources de leur APD vers le fonds spécial prévu à cet effet.
La réforme du système monétaire et financier international et ses incidences sur le développement ont été au cœur d’une autre table ronde, au cours de laquelle a été réaffirmée la nécessité de placer la conduite de ce processus sous le leadership de l’ONU. M. José Antonio Ocampo, de l’Université Columbia, a déclaré que le Fonds monétaire international (FMI) notamment, devait procéder à une réforme qui lui permettrait de renouer avec sa fonction première de coordonnateur des politiques macroéconomiques, une fonction qui au cours des années a été progressivement assumée par le G-7, puis les Accords du Louvre conclus par ce Groupe sans la présence de l’Italie, et enfin par le G-8.
« Même le G-20, qui s’est engagé à établir un système de coopération, ne pourra pas se substituer à un organisme de la taille du FMI, car il se heurtera à la question de sa légitimité », a prévenu M. Ocampo. Pour sa part, M. Ranjit Teja, du FMI, s’est demandé si le mandat du Fonds était adapté à la tâche qui l’attend. Le FMI veut répondre à des questions comme celles des restrictions commerciales et celles touchant les paiements, qui sont des problèmes qui datent des années 1940. Mais qu’il n’aborde pas les problèmes qui sont de plus grande actualité, en particulier celui des transferts de capitaux. »
Une troisième table ronde portait sur les incidences de la crise financière et économique actuelle sur les investissements étrangers directs et les autres flux financiers privés, la dette extérieure et le commerce international. Les experts, qui ont évoqué les différentes stratégies de sortie de crise, ont insisté sur la nécessité de réglementer les investissements spéculatifs, avec pour mot d’ordre: « éviter les erreurs du passé ». Certains États Membres ont mis en garde contre les dangers de céder au protectionnisme. La délégation du Japon s’est interrogée sur les actions à entreprendre pour établir des systèmes d’alerte précoce visant à prévenir le genre de crise qui s’est déclenchée en 2008.
D’autre part, cet après-midi, MM. Zia Qureshi, Conseiller principal du Bureau du Chef économiste de la Banque mondiale, et Jomo Kwame Sundaram, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies sont intervenus dans le cadre d’un débat informel pour parler de la voie menant à la manifestation de haut niveau de 2010 sur la réalisation des OMD et du financement des politiques et des programmes qui la permettraient. L’accent a été mis sur la bonne gouvernance, l’allègement de la dette, et la promotion de flux de capitaux durables, ces questions devant être débattues en septembre prochain.
Dans ses remarques de clôture, le représentant permanent du Ghana auprès des Nations Unies, M. Leslie Kojo Christian, qui parlait au nom du Président de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale, M. Ali Abdussalam Treki, de la Lybie, a fait un résumé de ce débat informel et des échanges qui ont été tenus au cours des deux journées qu’a duré le Dialogue de haut niveau.
SUIVI ET MISE EN OEUVRE DES TEXTES ISSUS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE 2002 SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA CONFÉRENCE D’EXAMEN DE 2008: DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT
Déclarations
M. AL HUNAIF (Koweït) a estimé que le suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha revêtait une importance particulièrement importante pour le développement. Il a relevé une diminution actuelle des flux de capitaux, une baisse des transferts financiers vers les pays les moins développés, des taux de chômage très élevés et une diminution du taux de revenu par habitant. Tous ces facteurs risquent d’entraver la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, et la situation s’aggravera si les pays les plus pauvres ne reçoivent pas une aide pour les assister à faire face au ralentissement économique, à la crise alimentaire et aux effets des changements climatiques, a averti le représentant. Il a réclamé la création de partenariats pour le développement et a engagé les États Membres à honorer leurs engagements. La réalisation des objectifs de Monterrey et de Doha nécessitera plus de ressources, a-t-il ajouté.
Le représentant du Koweït a ensuite passé en revue les efforts déployés par son pays en matière d’aide au développement. Des subventions et des dons directs sont versés aux pays en développement, et le Fonds koweitien essaie d’alléger le fardeau de la dette, a-t-il indiqué. Il a notamment précisé que des pays à revenu intermédiaire et des PMA, pour la majorité en Afrique, avaient pu bénéficier des effets de la restructuration de leur dette. De plus, a ajouté le chef de la délégation koweitienne, l’Émir du Koweït a créé une « fondation pour une vie digne » qui cible l’établissement de la sécurité alimentaire, entre autres. 300 millions de dollars seront ainsi alloués au développement de l’Afrique par l’intermédiaire du Fonds islamique pour le développement.
Mme CARMEN MARÍA GALLARDO HERNÁNDEZ (El Salvador) a indiqué que le plan de lutte contre la crise économique et financière lancé par son gouvernement se concentre sur les groupes les plus vulnérables. Son pays, a-t-elle assuré, appuie les engagements réaffirmés dans la Déclaration de Doha en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes. La crise économique et financière mondiale a eu des conséquences importantes sur le pays, notamment avec la réduction des transferts de fonds à partir de l’étranger, en particulier des États-Unis, qui a atteint 8,5%. Cela a un impact sérieux sur les familles pauvres qui sont les principaux bénéficiaires de ces envois, a-t-elle fait remarquer. Comme El Salvador avait adopté le dollar comme monnaie en 2001, il a subi de plein fouet la crise économique et financière mondiale. La représentante a souligné l’importance d’établir un suivi et une règlementation appropriée du système financier international. Les banques multilatérales, a-t-elle ajouté, doivent être dotées de capacités réelles pour aider les pays en développement. Le Gouvernement d’El Salvador a proposé une réforme fiscale visant à imposer une taxe sur le tabac et les objets de luxe, ce qui devrait rapporter 170 millions de dollars pour les travaux publics et la santé, a expliqué Mme Gallardo Hernández. Elle a aussi indiqué que les investissements étrangers directs ont diminué dans son pays. Avant de conclure, elle s’est félicitée que les Institutions de Bretton Woods aient inclus dans leur ordre du jour les pays à revenu moyen.
M. RODOLFO BENÍTEZ VERSON (Cuba) a estimé que les résultats obtenus lors de la Conférence de Doha n’étaient pas suffisamment ambitieux et ne reflétaient pas les vrais besoins des pays en développement. Il a affirmé que le système monétaire international était loin d’être ouvert, qu’il était discriminatoire et n’était pas équitable. Ce système entrave la capacité que devraient avoir les pays en développement à réunir les fonds nécessaires pour financer leur développement. Il manque 21 milliards de dollars, concernant les engagements pris par les pays développés en 2005, a ajouté le représentant. Il a ensuite estimé qu’il était impératif pour les pays riches de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, comme ils s’y étaient engagés, et que le versement et l’usage de cette aide ne soient pas assortis de conditions. La réforme de l’architecture financière internationale devra se fonder sur un nouveau paradigme qui placera l’être humain au centre des mesures prises, a estimé M. Benítez Verson. Il a estimé que l’ONU était l’organe la plus apte à s’acquitter de cette tâche.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a appelé à mener une réforme complète du système financier international, actuellement indispensable pour arriver à une plus grande cohérence des politiques macroéconomiques au niveau mondial. Il faut que cette réforme soit débattue par tous les pays, a-t-elle ajouté, en s’assurant de la représentation des pays en développement et, en particulier, ceux ayant un revenu moyen ou faible. Au cœur de la crise actuelle, la Colombie a été reconnue par la Banque mondiale comme le pays d’Amérique latine qui offre la meilleure protection aux investisseurs. Bogotá est, pour la septième année, au rang des meilleures villes d’Amérique latine pour les affaires. Cependant, a regretté Mme Blum, l’année 2009 a été marquée par une réduction sensible des investissements étrangers directs par rapport à 2008. Elle a rappelé que les économies des pays en développement dépendent beaucoup de la normalisation des flux d’investissements et de l’ouverture des marchés des pays développés dans le secteur des biens et services. Avant de conclure, Mme Blum a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale d’accorder une attention particulière aux pays à revenu moyen. Elle a également estimé qu’il faudrait diminuer les frais d’envoi de fonds effectués par les ressortissants de pays en développement vivant à l’étranger.
M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a déclaré que la crise financière mondiale de 2008 et la crise économique de 2009 avaient démontré la fragilité du système financier international ainsi que les conséquences négatives de la mondialisation. « Ma délégation, a-t-il ajouté, estime qu’un système de contrôle financier international doit être mis sur pied dès que possible. » M. Bodini a ensuite expliqué que la crise économique et financière s’était traduite dans son pays par une hausse rapide du chômage, signalant, notamment qu’il y aurait 60 millions de chômeurs supplémentaires en 2010 par rapport à 2008, et que les jeunes seraient particulièrement frappés par ce phénomène. Si le problème de l’emploi n’est pas résolu rapidement, de nombreux pays risquent de devenir victimes d’une instabilité sociale, a-t-il prévenu. Le représentant a appelé les États Membres à œuvrer collectivement pour mettre fin à ce « tsunami » qui menace le droit de chaque individu, les jeunes notamment, d’avoir d’un travail décent.
M. JAIRO HERNANDEZ-MILIAN (Costa Rica) a expliqué que, pour un pays en développement à revenu moyen comme le sien, la concrétisation des engagements pris dans le cadre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha revêt une importance particulière. Pour réglementer les flux de capitaux provenant des pays développés et réformer le système financier international, il faudrait renforcer la coopération internationale, a souligné le représentant. Il a aussi appelé à lutter contre toute forme d’injustice et d’inégalité, l’aide publique au développement (APD) étant essentielle pour les prévenir. Il a cependant regretté que la distribution de cette aide ne se fasse pas de façon équitable. Le Costa Rica a appuyé une proposition adressée au Secrétaire général pour que les délibérations du G-20 soient efficaces, inclusives et transparentes, et pour qu’elles permettent la participation des autres pays dans la réforme du système financier international. Le représentant a ensuite prévenu que la crise économique risquait d’encourager les pays développés à prendre des mesures protectionnistes, pratique qu’il a jugée inacceptable. Il a aussi appelé à trouver des financements innovants pour le développement. Avant de conclure, le représentant a fait remarquer que les pays en développement n’ont pas toujours les moyens de développer des capacités d’atténuation pour faire face aux changements climatiques. Le Costa Rica a l’intention de devenir un pays neutre en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il annoncé.
M. AHMED AL-JARMAN (Émirats arabes unis) a insisté sur l’importance de franchir les barrières qui entravent la pleine réalisation des résultats obtenus à Monterrey. La crise économique et financière mondiale ne doit pas servir de prétexte pour réduire ou annuler l’aide publique au développement, a–t-il ajouté. Il a ensuite indiqué que son pays avait pu contenir les effets de la crise en adoptant une stratégie de financement qui lui avait permis de continuer à mobiliser les ressources du pays et à mettre en œuvre des politiques de développement. Le représentant a également indiqué que le niveau des investissements étrangers directs dans son pays continuait d’être élevé.
Les Émirats arabes unis, a assuré le représentant, consacrent plus de 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement. Le Fonds Abu Dhabi pour le développement est alimenté à hauteur de 6,32 milliards de dollars, ce qui lui permet de financer 260 projets de développement dans 52 pays en développement, a-t-il précisé. Des partenariats novateurs sont également établis, a-t-il ajouté, citant notamment le « Partenariat pour le programme pacifique » qui fournit une aide aux États insulaires du Pacifique. En outre, les Émirats arabes unis ont annulé la dette de l’Iraq, a-t-il dit avant de conclure.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a indiqué que l’un des effets de la crise économique et financière mondiale sera de réduire à un état d’extrême pauvreté les vies de 64 millions de personnes d’ici à la fin de 2010. En outre les pays en développement ont été privés de leurs premières sources de financement de développement, avec la baisse de leurs exportations, des investissements étrangers directs, des recettes touristiques et des transferts de fonds des migrants, a-t-il fait remarquer. Par ailleurs, a-t-il noté, les engagements pris au niveau international dans le domaine de l’aide au développement n’ont pas été honorés dans leur totalité, ce qui a ajouté aux difficultés auxquelles font face les pays en développement. Le Maroc appelle à la mise en œuvre intégrale de ces engagements et appuie les initiatives visant à mettre en place des mécanismes innovants dans ce domaine, a souligné M. Loulichki. Il a aussi appelé les États Membres et la communauté internationale à saisir l’occasion du Sommet sur les OMD de septembre prochain pour consolider la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha, afin de faciliter la réalisation de l’OMD 8. Le représentant a aussi dénoncé les effets négatifs des mesures de redressement de leurs économies nationales prises par certains pays industrialisés sur les pays en développement. Il a ensuite demandé que, pour que le commerce international puisse jouer son rôle de moteur de croissance et de développement, les conditions de l’accès aux marchés soient notamment améliorées. Il a donc souhaité que les négociations commerciales actuelles, qui ont cours dans le cadre du Cycle de Doha, aboutissent à des résultats concrets. Enfin, il a mentionné les efforts déployés par le Maroc dans le domaine des OMD, grâce notamment à une initiative de développement humain lancée en 2005.
Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a affirmé que le modèle économique actuel n’avait pas été pensé pour le bien commun de l’humanité, mais conçu en faveur du bien-être d’une infime minorité. Le PIB des 40 pays les plus pauvres du monde est inférieur à la richesse des sept personnes les plus riches de la planète, a-t-elle notamment signalé. Selon Mme de Chamorro, les conditions imposées aux pays en développement sont injustifiées et menacent leur développement. Il faut passer des bonnes paroles à des actes concrets, a-t-elle lancé. La représentante a notamment dénoncé le manque de volonté politique de certains pays développés à l’égard du financement du développement, notamment au vu du fait qu’ils avaient consacré des milliards de dollars au renflouement de leurs institutions bancaires et économiques tout en prétendant, dans le même temps, être incapables d’honorer leurs engagements d’aide au développement. Mme de Chamorro a notamment relevé que 18 trillions de dollars avaient été versés pour financer le renflouement des banques, compagnies d’assurances et bourses des pays riches, soit 225 fois le montant des contributions versées à l’aide publique au développement l’an passé. Quelle ironie que de sauver les plus puissants alors qu’on ne formule que des promesses à l’égard des plus pauvres! a-t-elle regretté. Concluant son intervention, la représentante a réclamé la création d’un nouvel ordre économique international fondé sur la justice sociale, la solidarité, l’éthique et la stabilité.
M. PABLO SOLON-ROMERO (Bolivie) a déploré les « iniquités » existant en matière d’aide publique au développement (APD), dont le montant est chiffré à 121 milliards de dollars, ce qui représente 0,3% à peine du PIB des pays industrialisés, au lieu de 0,7% qu’ils avaient promis. Cette APD représente 8,2% des fonds consacrés à la guerre et aux dépenses militaires menées par les pays développés. Il a regretté le manque d’engagement de ces pays, et aussi les conditions qui accompagnent souvent leur aide. Le Sud a « donné » au Nord 864 milliards de dollars en 2008, et nous avons reçu seulement 121 milliards de dollars au titre de l’APD, a-t-il ensuite remarqué. Qui finance donc qui? a demandé le représentant. Il a aussi mentionné les réserves monétaires des pays en développement qui sont placées dans les banques nationales des pays développés, ce qui est encore une façon de financer les économies de ces pays déjà riches. Au total, les financements allant du Sud vers le Nord dépassent largement les 121 milliards d’APD que ce dernier a versés aux pays pauvres, s’est-il étonné. En ce qui concerne le service de la dette et le remboursement de la dette extérieure, il dépasse souvent ce qui est reçu par les pays en développement, a rappelé le représentant. Il a donc appelé à la convocation d’une conférence sur le développement pour examiner comment le Sud peut utiliser les ressources dont il dispose pour se financer lui-même et non pour continuer à financer les économies du Nord.
M. PHILIP JOHN PARHAM (Royaume-Uni) a déclaré que 2010 marquera un tournant dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Soit le Sommet de 2010 sur les OMD, prévu au Siège de l’ONU à New York, aboutira à l’adoption d’un plan d’action global, soit, dans le cas contraire, la crédibilité de la communauté internationale se verra gravement entamée et affaiblie. Il a préconisé l’adoption d’une approche basée sur des faits concrets ainsi que l’adoption de systèmes de financements novateurs. Il a notamment expliqué que son pays avait promis ou consacré des sommes importantes à la promotion d’industries pharmaceutiques ainsi qu’à la vaccination. De son point de vue, le secteur privé a également un rôle important à jouer pour appuyer le développement des pays. Le représentant du Royaume-Uni a préconisé l’adoption d’une démarche holistique, ajoutant que le respect des engagements préalablement pris était un des piliers centraux des efforts de la communauté internationale. Il a notamment relevé que plus de 20 milliards de dollars manquaient, concernant les engagements financiers pris par les pays développés en 2005 en faveur de la réalisation des OMD. Le représentant a également réclamé davantage de transparence dans la gestion de l’aide.
M. TOUFIC JABER (Liban) a estimé qu’il incombe en premier lieu aux pays en développement de mobiliser les ressources nécessaires pour assurer leur développement. Il a cependant signalé que les progrès réalisés par ces derniers jusqu’à présent avaient été réduits à néant par une crise financière dont ils ne sont en rien responsables. Il a engagé les pays développés à honorer leurs engagements en consacrant 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement et en allégeant la dette des pays pauvres les plus endettés. Il a ensuite expliqué que le commerce était un moteur important du redressement économique et a appelé au rejet, par tous les pays, de toutes mesures protectionnistes. Le représentant a de plus estimé que la crise actuelle avait démontré l’inadéquation d’un système monétaire international basé sur le dollar. Pour rééquilibrer l’économie mondiale, a-t-il affirmé, il faudra tout d’abord réformer la gouvernance économique internationale et le système financier mondial, afin de rétablir la légitimité et l’efficacité des institutions économiques multilatérales, notamment celles de Bretton Woods.
M. JORGE ARGÜELLO (Argentine) a souligné que la stabilité de l’économie mondiale a une incidence directe sur les flux de l’aide au développement. En effet, une réduction de 1% du PIB dans les pays donateurs entraîne une diminution de 8% du budget de l’aide cinq ans plus tard. Il a donc appelé les pays donateurs à revitaliser les engagements pris à Monterrey, dans la Déclaration de Doha de 2008, et au Sommet du G-8 de Gleneagles. Il les a aussi invités à ne pas prendre de mesures restrictives qui soient discriminatoires contre les travailleurs migrants et les résidents étrangers. Le montant des envois de fonds effectués par ces travailleurs à partir de l’étranger est le triple de celui de l’aide publique au développement (APD), a rappelé M. Argüello. L’Argentine a reçu des flux d’investissements fortement positifs pendant les années 1990, alors que pendant les quatre années qui ont suivi la crise à laquelle le pays a été confronté, il a dû faire face à des flux financiers négatifs, une situation due aux demandes et aux actions des institutions internationales. Cette tendance pourrait être inversée par la participation plus importante des pays en développement à la gouvernance des organisations financières internationales, a indiqué le représentant.
M. SALEM MUBARAK SHAFI AL-SHAFI (Qatar) a relevé que de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, notamment ceux en proie à un conflit, étaient encore loin d’avoir réalisé les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a estimé que les pays en développement devraient adopter des stratégies nationales détaillées et préparer des plans d’investissements crédibles et axés sur des périodes à long terme. M. Al-Shafi a également appelé les pays développés à accélérer leurs efforts et à établir des calendriers clairs pour faciliter le versement de leur aide publique au développement afin de permettre aux pays en développement de mettre sur pied des cadres macroéconomiques. Il a également appelé les États ayant participé aux négociations commerciales de Doha à établir un système commercial ouvert, non discriminatoire et juste.
Le représentant a prévenu que les signes de redressement économique risquaient d’être trompeurs. La croissance économique demeure faible et la structure économique de la plupart des pays en développement se trouve à un tournant critique du fait, notamment, de la baisse de leurs exportations et du gel des crédits, a-t-il fait remarquer. M. Al-Shafi a par ailleurs indiqué que le Qatar consacrait 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement et que son pays avait également créé, en février 2010, une Banque pour le développement du Darfour, financée à hauteur de deux milliards de dollars.
M. RAFF BUKUN-OLU WOLE ONEMOLA (Nigéria) a estimé que les crises actuelles, couplées aux effets du changement climatique, portaient le défi le plus important à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a expliqué qu’afin de mobiliser les ressources nécessaires au financement de son développement, le Nigéria avait mis sur pied un agenda pour le développement en sept points qui met l’accent sur le développement des infrastructures, ainsi que sur la promotion de la sécurité alimentaire et celle du renforcement des capacités. Le Nigéria s’attache également à diversifier son économie afin de moins dépendre des revenus associés à l’exploitation des hydrocarbures, a-t-il indiqué. Afin d’appuyer les efforts déployés par les pays en développement, M. Onemola a réclamé la conclusion des négociations de Doha, ainsi que l’élimination des subventions agricoles dans les pays développés et celle des mesures de protectionnisme. Il a également estimé que l’élimination de la dette des pays les plus pauvres devait être considérée comme une priorité, et que les économies des pays en développement devaient bénéficier d’un influx massif d’investissements étrangers directs (IED), afin d’améliorer leur capacité de production domestique. Il a aussi réclamé l’adoption d’un accord juridiquement contraignant sur les changements climatiques afin d’améliorer la mise en œuvre des mesures d’adaptation et d’atténuation. Le Nigeria, a poursuivi M. Onemola, demande la réforme rapide du système financier international afin d’appuyer, entre autres, les activités lancées par les États d’Afrique subsaharienne pour assurer leur développement. Il a de plus engagé l’ONU à jouer un rôle plus important pour assurer le fonctionnement efficace de systèmes de régulation des marchés financiers.
M. AMJAD HUSSAIN B. SIAL (Pakistan) a cité, parmi les conséquences des crises mondiales actuelles, le fait que 84 millions de personnes vont tomber dans l’extrême pauvreté et que le chômage gagne partout du terrain. Il a estimé que le Document final de la Conférence des Nations Unies sur la crise économique et financière mondiale de juin 2009 offre un cadre et un champ d’action utiles pour lutter contre les incidences de la crise sur le développement. Il a cependant regretté que, près d’un an plus tard, rien n’ait encore été fait pour assurer le suivi des décisions contenues dans le Document, y compris la mise en route du Groupe de travail spécial à composition non limitée. Il a donc appelé la communauté internationale à réagir plus rapidement pour mettre en application les décisions et engagements pris à tous les sommets et conférences des Nations Unies. « Il faut notamment explorer les différents mécanismes permettant de trouver des ressources pour les pays en développement et reconnaître leur droit à bénéficier d’annulations provisoires de dette », a estimé M. Sial. Il a souhaité que les pays donateurs portent le niveau de l’aide publique au développement (APD) à hauteur de 0,7% de leur PIB. Enfin, le représentant a demandé que la conduite de la réforme devant mener à la création d’une nouvelle architecture financière internationale soit menée par tous les États Membres des Nations Unies et qu’elle se base sur l’équité. Il faut aussi centrer le nouveau pacte mondial de développement sur les personnes, grâce à des politiques destinées à assurer leur bien-être, a préconisé M. Sial. Enfin, il a souhaité que soit trouvé un bon équilibre entre les rôles des gouvernements, des marchés et de la société civile.
M. MORTEN WETLAND (Norvège) a rappelé que la Norvège avait accru son aide au développement de 1% en 2008. Il a noté que beaucoup de pays, qui cherchent désespérément des ressources, souffrent des conséquences de la fluctuation des flux financiers, et notamment des transferts illégaux, qui représentent plus de trois fois l’aide publique au développement annuelle. De tels flux financiers illicites sont une entrave au développement car ils réduisent la base de l’impôt et les revenus des pays d’origine, a estimé M. Wetland. Au niveau national, il faut lutter contre la corruption, a-t-il demandé. Le représentant a aussi dénoncé la fixation erronée des cours de certains produits, qui équivaut à pratiquer de actes de vol au niveau international. Il a expliqué comment son pays évite ce problème en ne taxant pas les compagnies pétrolières selon les termes des contrats commerciaux, mais en se basant sur un prix fixé officiellement. Par ailleurs, M. Wetland a appelé à promouvoir une bonne gouvernance à tous les niveaux et s’est félicité des actions visant à combattre les pratiques liées aux paradis fiscaux. Il faut aussi soutenir les politiques de santé et d’éducation, a-t-il ajouté. Il a également lancé un appel en faveur de l’autonomisation des femmes. Il faut investir dans leur éducation et leur donner accès aux flux financiers, a-t-il plaidé.
M. PHOLOGO GAUMAKWE (Botswana) a relevé la nécessité d’un engagement plus ferme de la part des pays donateurs alors que l’on se rapproche de l’échéance de 2015 pour la réalisation des Objectifs du Millénaire du développement (OMD). Même si nous sommes conscients qu’il faut mobiliser aussi bien les ressources nationales que les ressources internationales pour financer le développement, le retard pris dans la réalisation des OMD est dû aux promesses non tenues, a-t-il estimé. Il a apprécié l’attention qui est portée sur les pays les moins avancés (PMA) ou les moins développés, dont fait partie le Botswana, pour régler le problème de leur dette. Il a invité les donateurs à adopter des critères plus souples pour le financement du développement, pour les États en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement et ceux à revenu moyen. Le Botswana, qui fait partie de cette dernière catégorie depuis 1994, a pu sortir de sa grande pauvreté grâce à une gestion prudente de ses ressources limitées et à des institutions politiques efficaces et stables. Malgré ces progrès, le pays reste très vulnérable et a durement accusé les effets de la crise mondiale, a dit M. Gaumakwe. Les importations du Botswana ont fortement chuté, et cela a créé un déficit commercial important en 2009. Tout cela illustre que les institutions internationales n’ont pas assuré la stabilité financière et économique qu’elles étaient censées promouvoir, a-t-il conclu, appelant à donner la priorité aux activités de surveillance de toutes les économies, notamment en développant des systèmes d’alerte précoce.
Mme ZOYA KOLONTAI (Bélarus) a déclaré qu’il fallait renforcer la coordination des efforts déployés par les États Membres en matière de développement. A l’instar du Secrétaire général, elle a estimé qu’imposer de nouvelles obligations pour réaliser les objectifs convenus sur le plan international en matière de développement n’améliorerait en rien la situation. La perte de temps que cela occasionnerait risquerait de compromettre les acquis déjà réalisés, a-t-elle averti. Pour la représentante, il importe de mobiliser suffisamment de volonté politique et de privilégier l’adoption de systèmes novateurs pour assurer la réalisation des objectifs de convenus au niveau international. Elle s’est par ailleurs dite favorable à l’appui accordé aux pays à revenu intermédiaire, relevant que ceux-ci disposaient de réserves suffisantes pour contribuer à leur propre développement. La représentante du Bélarus a également réclamé la réforme des institutions financières internationales. Celles-ci doivent jouir d’une plus grande légitimité, a-t-elle estimé. Elle a par ailleurs préconisé la création d’un système de contrôle des flux de capitaux en temps de crise, et a ensuite insisté sur le renforcement des fonds régionaux et des mécanismes régionaux d’aide au développement.
M. ABDUL GHAFOOR MOHAMED (Maldives) a évoqué les progrès importants accomplis de son pays après la constitution d’un gouvernement démocratique en 2008. Mais, a-t-il ajouté, les Maldives font face à des difficultés immenses, et la situation macroéconomique actuelle ne leur permet pas de réaliser les Objectifs du Millénaire du développement (OMD). M. Mohamed a aussi évoqué les effets du tsunami et de la crise économique et financière internationale sur l’économie des Maldives. Les impacts de ces phénomènes ont conduit le Gouvernement des Maldives à rechercher l’aide du Fonds monétaire international (FMI), a-t-il indiqué. Le gouvernement doit, d’autre part, établir des priorités, en respectant des règles de justice démocratiques, a-t-il indiqué. Il a aussi rappelé la vulnérabilité de son pays, en tant que petit État insulaire en développement, face aux changements climatiques. Les Maldives se sont engagées à devenir un pays neutre sur le plan des émissions de gaz à effet de serre, a dit le représentant. Enfin, il a demandé un engagement positif de la communauté internationale envers le renforcement des mesures garantissant la transition démocratique aux Maldives.
Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a estimé que l’accélération de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement exige de déterminer les limites des politiques suivies jusqu’à ce jour et d’identifier les domaines dans lesquels les gouvernements et la communauté des donateurs pourraient mobiliser des ressources afin de s’assurer que ces objectifs sont pleinement atteints dans les délais impartis. Durement touchée par la crise économique et financière mondiale, la Mongolie a-t-elle dit, a pris un certain nombre de mesures avec le soutien de ses partenaires pour le développement, qui ont abouti à des résultats positifs cette année. À l’approche de 2015, la réduction de la pauvreté demeure un défi majeur pour le pays, a-t-elle ajouté. Elle a par ailleurs qualifié d’essentielle la nécessité d’assurer l’accès des pays en développement aux marchés régionaux et mondiaux, comme l’a réaffirmé la Déclaration de Doha. Mme Ochir a en outre souligné que la communauté internationale devrait accroître ses financements dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques dont son pays subit déjà les effets. Avant de conclure, elle a estimé que la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes devraient être intégrées dans les efforts menés pour assurer le développement durable.
Évoquant l’actuelle crise économique et financière mondiale, M. RETA ALEMU NEGA (Éthiopie) s’est dit particulièrement inquiet de constater que les engagements pris en matière d’aide publique au développement ne s’étaient toujours par matérialisés. Il a de plus rappelé que l’Afrique subissait de plein fouet les effets de la crise financière et économique, qui l’avait frappée avant même que le continent ne se soit remis de la crise alimentaire. M. Alemu Nega a averti que les pays en développement continueraient à faire face à des crises économiques sévères si la communauté internationale continue de ne pas mettre en œuvre le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha sur la réforme du système économique mondial. Il a réclamé ensuite une réforme démocratique et inclusive de l’architecture financière internationale. Le représentant de l’Éthiopie a par ailleurs engagé la communauté internationale à accorder aux pays les plus vulnérables suffisamment d’espace politique pour s’adapter aux changements de circonstances sur le plan international. Le paradigme néolibéral n’a pas abouti aux résultats escomptés. Les politiques économiques adoptées par les pays africains doivent désormais être respectées et ne plus être soumises à des conditionnalités, a souligné le représentant.
M. STEFAN BARRIGA (Liechtenstein) a indiqué que la crise économique et financière n’a pas affecté l’engagement de son pays de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement d’ici à 2015. Abordant la question de la coopération en matière d’impôts, prévue par la Déclaration de Doha, il a rappelé l’engagement de son pays à mettre en œuvre les normes internationalement reconnues en matière de transparence et d’échange d’informations, citant notamment la conclusion d’accords relatifs à la double imposition. Le représentant a également souligné le rôle actif du Liechtenstein dans la lutte contre les flux financiers illicites, singulièrement le blanchiment d’argent, mettant en exergue la ratification des conventions internationales les plus pertinentes.
Le Liechtenstein est également actif dans le domaine de la microfinance, a-t-il par ailleurs signalé, en évoquant aussi l’établissement d’un fonds en 2008 ayant pour objectif de renforcer les institutions de microfinancement. « Nous pensons que le microfinancement peut jouer un rôle important dans ce contexte de raréfaction des crédits financiers », a-t-il affirmé, précisant à cet effet que son pays allouait depuis quelques années, la somme de 100 000 francs suisses auFonds d'équipement des Nations Unies (FENU), pour ses activités de microcrédit. Il a ensuite souligné la nécessité de parvenir à un G-20 plus consultatif, inclusif et transparent, afin de s’assurer que ses délibérations soient traduites en actions effectives.
M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a reconnu que la crise économique et financière mondiale restait encore un énorme défi à relever pour les États, tout en estimant que l’économie se relevait. La difficulté est maintenant de s’assurer que le redressement constaté peut être maintenu, et que les États en développement disposent des outils et des finances nécessaires à la promotion du développement, a-t-il indiqué. « Puisque le commerce international est l’un des éléments clefs du financement du développement », a-t-il poursuivi, « il est vital que des progrès soient accomplis dans la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha qui, comme le montrent diverse études, devrait apporter des bénéfices financiers et améliorer les perspectives de développement, à la fois pour les pays en développement et les autres ». Le représentant a appelé à lutter contre les tentatives protectionnistes et les mesures pouvant ralentir le redressement économique mondial. Il s’est félicité ainsi de la Déclaration de Londres, faite par le G-20, le 2 avril 2009, et dans laquelle le G-20 se prononçait contre l’élévation de nouvelles barrières douanières. Se prononçant en faveur de la mise en place de mécanismes de gouvernance mondiale plus effectifs dans la coordination de la politique économique M. Menon, a estimé que les délibérations du G-20 devraient être dorénavant plus consultatives, inclusives et transparentes.
M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) a déclaré qu’au centre du Consensus de Monterrey est la nécessité d’assurer un meilleur et prévisible flux de ressources financières aux États en développement, afin de les soutenir dans la réalisation de leur agenda de développement. Les recommandations et engagements du Consensus de Monterrey sont plus que jamais pertinents, a souligné M. Singh Puri. Il a rappelé que les multiples crises mondiales et leur conjonction ont eu de sévères conséquences sur les capacités financières des États, singulièrement les plus vulnérables, « qui n’étaient d’ailleurs pas à l’origine de ces crises ». M. Puri a par ailleurs souligné l’évident impact de ses crises sur les efforts de développement, ainsi que sur les investissements dans le secteur social.
« Il est impératif que la communauté internationale renverse la situation actuelle, notamment en ce qui concerne les pertes de capitaux auxquelles font face les États ». Hormis le respect des engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD), il y a urgence à fournir des financements additionnels aux États afin de les aider à mettre en place les politiques contre-cycliques les plus appropriées. L’Inde, a également dit son représentant, exhorte les banques de développement multilatérales à financer les investissements dans le domaine de l’infrastructure. De même, l’Inde estime nécessaire d’améliorer l’accès des pays en développement aux marchés des pays industrialisés, a dit le représentant. Il a conclu son intervention en soutenant l’idée d’une réforme globale de l’architecture financière internationale et des institutions de Bretton Woods, afin d’en accroître la légitimité et l’efficacité.
M. JOSHUA MWANGI MUGODO (Kenya) a noté que, même si certains pays ont fait des progrès significatifs vers les Objectifs du Millénaire du développement (OMD), d’autres n’ont fait que des avancées limitées, et certains pays africains n’arriveront pas à les réaliser d’ici 2015. Il a regretté que les promesses faites au titre de l’aide publique au développement (APD) ne se soient pas concrétisées, à cause notamment de crises humanitaires et des effets des crises mondiales. Il faudrait formuler un plan d’action accéléré pour identifier où des gains rapides pourraient être obtenus dans les OMD, a proposé le représentant. Il faut aussi reconnaître les particularités de chaque pays. Près de 70% des personnes visées par les OMD en Afrique subsaharienne vivent dans les zones rurales, d’où la nécessité de poursuivre le développement de ces zones géographiques. M. Mugodo a aussi appelé les États Membres à favoriser l’autonomisation des populations, signalant que le Parlement kényen a approuvé la mobilisation de fonds pour les femmes et les jeunes dans l’entreprise. Les services sociaux ont aussi été améliorés au Kenya. Ces démarches novatrices devront être renforcées, a suggéré M. Mugodo. Le délégué a ensuite constaté que l’OMD 8, qui vise l’établissement d’un partenariat mondial pour le développement, est le plus difficile à réaliser à cause notamment de l’interruption des négociations commerciales du Cycle de Doha. Il a aussi dénoncé l’insuffisance de l’APD et la faiblesse des initiatives d’allègement de la dette.
Mme VALÉRIE S. BRUELL-MELCHIOR (Monaco) a déclaré qu’aujourd’hui, rester engagé auprès des plus vulnérables, c’était honorer les engagements pris à Monterrey et à Doha et prendre en compte les conséquences de la crise financière et économique mondiale. Elle a expliqué que le Gouvernement princier de Monaco augmentait chaque année depuis 2003 de 25% les crédits alloués à l’aide publique au développement pour atteindre, au plus tard en 2015, l’objectif de verser 0,7% du PIB de Monaco à l’APD. Elle a précisé qu’une centaine de projets seraient ainsi mis sur pied, principalement en Afrique subsaharienne. Les domaines d’intervention, a-t-elle ajouté, concernent, entre autres, la santé, l’éducation, l’autonomisation des femmes, la préservation des ressources naturelles et l’amélioration de l’efficacité énergétique. Elle a également évoqué le lancement, en 2008, de programmes d’appui au secteur de la microfinance.
M. R. KEEGEL (Sri Lanka) a affirmé qu’à l’heure actuelle, il est important de mettre en œuvre les engagements pris à Monterrey et à Doha. La pleine réalisation de l’engagement pris par les pays donateurs de contribuer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement est nécessaire pour améliorer les capacités des pays bénéficiaires. Il a indiqué que la dépendance des pays en développement, notamment des pays à revenu moyen, à l’égard des institutions de Bretton Woods, était devenue inévitable. Il a estimé que leur développement avait été freiné en raison de l’absence d’une architecture financière internationale « cohérente et transparente ». Il a également déploré le manque de progrès pour réaliser l’OMD 8, relatif à la création d’un partenariat mondial pour le développement. M. Keegel a ensuite indiqué que le Sri Lanka accordait une attention particulière à sa politique sociale et que les programmes de « Northern Spring and Reawakening of the East » visaient à assurer l’accélération du développement du pays, en facilitant, entre autres, l’autonomisation économique des personnes vivant en zones rurales.
M. SHABBIR AHMAD CHOWDHURY (Bangladesh) a rappelé l’engagement pris par les pays développés de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement et de 0,15% en faveur des pays les moins avancés. La situation est très alarmante en Afrique subsaharienne où le taux de pauvreté serait de 38% en 2015 au lieu de 36% en l’absence de crise économique et financière. La Déclaration de Doha, a-t-il rappelé, a réitéré la nécessité de renforcer la coopération en faveur du développement. Il a énuméré les obstacles auxquels étaient confrontées les populations pauvres pour atteindre les Objectifs du Millénaire du développement (OMD), citant entre autres l’expansion des marchés spéculatifs non réglementés, la volatilité des taux de change des principales monnaies, le manque de progrès dans les négociations commerciales multilatérales et la volatilité des prix du pétrole. La communauté internationale doit parvenir à un accord sur un plan d’action ambitieux pour assurer la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du Consensus de Monterrey et pour trouver des financements innovants pour le développement, a-t-il souligné avant de conclure.
Mme IRENE BWALYA MULOSHI TEMBO (Zambie) a expliqué que les recettes minières de son pays avaient chuté du fait, notamment, de la chute du prix du cuivre, principale richesse du pays. Le gouvernement s’attache à renforcer les structures du pays et à mobiliser les flux d’investissements privés, a-t-elle indiqué, pour convenir par la suite que le pays n’avait pas réussi à rassembler les fonds nécessaires pour assurer son développement. « Ma délégation, a-t-elle dit, engage donc les pays donateurs à honorer les engagements qu’ils ont pris à l’égard des pays en développement. » La représentante a par ailleurs appelé à concrétiser l’initiative « Opération, aide au commerce ».
M. EUGENE McCARTHY, Observateur du Saint-Siège, a soulevé le besoin urgent de réformer, de renforcer et de moderniser l’ensemble du système de financement des pays en développement ainsi que des programmes des Nations Unies, y compris des institutions spécialisées et des organisations régionales, afin de les rendre plus efficaces, transparentes et mieux coordonnées, à la fois au niveau international et au niveau local. De même, a-t-il dit, la crise a souligné le besoin urgent de procéder à la réforme du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, dont les structures et les procédures doivent refléter les réalités du monde d’aujourd’hui et non plus celles de la période de l’après-guerre. L’observateur a ajouté que la répartition des droits de vote dans ces deux institutions financières devrait continuer d’être examinée afin que les économies émergentes et celles des pays en développement, y compris celles des pays les moins avancés, puissent être dûment représentées.
M. IGOR FINOGENOV, Banque eurasienne de développement, a indiqué que la Banque était devenue un organe « réel » pour le développement dans l’espace ex-soviétique. Il a expliqué que la Banque accordait la priorité au renforcement de la coopération entre les États Membres. « Nos projets d’investissements ont ainsi permis d’augmenter de 6% des échanges entre la Fédération de Russie et le Kazakhstan », a-t-il indiqué. Le représentant a également expliqué que des programmes ciblaient par ailleurs les États sans littoral. Il a ensuite reconnu le rôle important que jouent les institutions régionales pour le développement. Il a également indiqué que la Banque privilégiait les projets visant à créer des emplois. Avant de conclure, le représentant a estimé que la communauté internationale doit prendre des mesures concrètes pour coordonner les efforts des organes de développement régionaux.
Table ronde 1: La réforme du système monétaire et financier international et les incidences sur le développement
Déclarations liminaires
M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Professeur de pratique professionnelle des affaires publiques et internationales à l’Université Columbia, a estimé qu’il faudrait revitaliser le rôle de l’ONU, car « c’est l’enceinte du dialogue par excellence, le lieu où sont menées les analyses des crises auxquelles devraient davantage faire appel les pays pour adapter leurs politiques ». « La crise économique et financière mondiale a mis en lumière la nécessité de mettre en place une longue série de réformes, au lieu d’agir dans l’urgence et tenter désespérément de tout changer en un jour », a-t-il ajouté.
Pour M. Ocampo, il est essentiel de réglementer les flux de capitaux au-delà des frontières. Se disant surpris que cette question ne soit pas à l’ordre du jour du G-20, il a ajouté que, dans les pays en développement, il était nécessaire que les transferts de capitaux soient prévisibles pour leur permettre de mieux répondre à leurs besoins réels. Concernant la réforme du Fonds monétaire international (FMI), M. Ocampo a estimé qu’il devait procéder à une réforme qui lui permettrait de renouer avec sa fonction première de coordonnateur des politiques macroéconomiques. Cette fonction a été progressivement assumée par des mécanismes extérieurs au Fonds comme les G-7 et G-8 puis les Accords du Louvre. « Même le G-20, qui s’est engagé à établir un système de coopération, ne pourra pas se substituer à un organisme de la taille du FMI, car il se heurtera à la question de sa légitimité », a encore estimé M. Ocampo. Il a ensuite plaidé pour l’intensification du recours aux droits de tirage spéciaux, car « la volatilité du dollar accroît l’instabilité financière. » « Les droits de tirage spéciaux doivent devenir la devise mondiale en temps de crise et lorsque la demande baisse », a-t-il poursuivi.
M. Ocampo a ensuite mis l’accent sur l’importance pour les pays en développement de cesser d’accumuler des devises étrangères. « Pour sortir de la crise et relancer leurs efforts de développement, ces pays doivent recourir massivement aux droits de tirage spéciaux et s’appuyer sur une amélioration drastique du système de prêts du FMI, celui-ci devant être plus automatique et moins conditionnel », a jugé M. Ocampo. « Renforcer les facilités de tirage et de découvert pour tous les pays serait finalement un retour aux sources de la vocation du FMI », a-t-il ajouté. M. Ocampo a également plaidé pour une mise en réseau du FMI, qui ne doit plus être une institution unique mais, à l’instar des banques centrales européennes, un tissu d’agences régionales réagissant rapidement et de manière souple aux besoins des pays. Il a conclu en préconisant la création d’un tribunal des faillites pour régler les crises: « Il faut mettre sur pied cet organe en dehors du FMI, qui est un créditeur. Il pourrait être une version multilatérale du Club de Paris. »
M. RANJIT TEJA, Directeur adjoint du Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du FMI, s’est demandé si le mandat du Fonds était adapté à la tâche qui l’attend. « Le Fonds veut répondre à des questions comme celles des restrictions commerciales et des paiements, qui sont des problèmes des années 1940; il n’aborde pas les problèmes actuels, en particulier celui des transferts de capitaux évoqué par M. Ocampo », a ajouté M. Teja. Il a mis l’accent sur la nécessité pour le FMI de répondre aux aspirations du grand nombre. Il a estimé que le FMI devrait s’appuyer sur cet élan politique pour aller plus loin, par exemple, dans la réforme des quotas et la répartition des sièges au sein du Conseil d’administration.
« Tous les directeurs exécutifs devraient être élus par le Conseil, et c’est pourquoi, il faudrait changer le processus de sélection des gestionnaires en en renforçant la transparence », a déclaré le responsable du FMI. Après avoir souligné l’efficacité du G-20 par rapport à la crise, il a appelé à une refonte des instruments de surveillance et de contrôle du Fonds qui, pour l’heure, ne s’occupe qu’isolément des pays. Le G-20 a créé un processus d’évaluation mutuelle pour vérifier si les interactions économiques sont respectueuses des règles et des intérêts communs, a-t-il indiqué. Mais une prévention réellement efficace des risques suppose un accès du FMI aux données nationales des instruments de réglementation et de contrôle dont disposent les pays, a fait remarquer M. Teja. Concluant, il a assuré que le FMI poursuivait sa réforme des facilitations de paiements, qui a déjà permis depuis le début de la crise de tripler le nombre de ses prêts aux pays à faibles revenus.
M. MARTIN KHOR, Directeur exécutif du Centre du Sud, a appelé à tirer les enseignements de la crise. Ce que nous avons appris, c’est que l’économie doit servir les besoins réels et que les financements excédentaires doivent être mis au service du développement durable, a-t-il dit. Avec la mondialisation, les financements ont été détournés de leur destination et ont été pris dans le jeu absurde de la spéculation, a-t-il ajouté. De l’avis de M. Khor, l’ONU doit rendre à la finance la place qui lui revient et la réaligner sur le soutien urgent à l’effort international de développement. La Banque mondiale et le FMI doivent apprivoiser cette bête sauvage que sont par nature les capitaux, a-t-il ensuite lancé, appelant à la restauration impérieuse de la prévisibilité dans la gestion des taux de change afin de stabiliser les échanges commerciaux. « On ne peut pas faire de commerce quand on ne sait pas combien coûteront demain les biens en monnaie locale », a-t-il affirmé.
« L’OMC et le FMI doivent harmoniser leur réponse à la déréglementation et la réforme des institutions doit s’effectuer sur le consensus suivant : les banques ne doivent pas fonctionner comme des casinos, leur fonction est de recevoir des dépôts pour pouvoir prêter aux consommateurs financiers afin que ces derniers puissent développer leurs activités », a poursuivi M. Khor. Il a proposé la création d’un centre de transactions pour générer des fonds destinés aux prêts et décourager la circulation anarchique des capitaux. « Si le G-20 c’est mieux que le G-7 et le G-8, il n’a pas pour autant de base dans le système multilatéral », a fait remarquer le conférencier. Selon lui, l’ONU est l’enceinte où tout le monde se réunit et participe aux discussions. « Les Nations Unies pourraient être, à travers l’Assemblée générale et l’ECOSOC, le lieu où siègerait un Conseil économique mondial au sein duquel les pays en développement seraient représentés sur une base régionale et auraient leur mot à dire sur les affaires économiques internationales », a considéré M. Khor.
Débat interactif
La représentante de Cuba a estimé que la réforme du système financier passait d’abord par sa démocratisation. Le FMI doit ainsi réviser ses indices de vulnérabilité qui conditionnent en partie l’octroi de prêts, a-t-elle dit. Elle a en outre proposé la création d’un impôt sur la spéculation pour refinancer l’économie réelle. De son côté, le représentant du Botswana a déclaré que le monde avait besoin d’une approche intégrée et élargie pour répondre aux défis actuels, les institutions de Bretton Woods étant dépassées. « Les Nations Unies sont universelles, elles représentent donc la seule et unique autorité morale pour coordonner les déséquilibres économiques et financiers internationaux », a-t-il également signalé.
D’autres délégations ont aussi évoqué le rôle des Nations Unies dans la gestion des affaires économiques, le représentant de l’Égypte considérant par exemple que le rôle du Groupe de travail à composition non limitée de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC doit être clairement défini et renforcé. « L’ONU, aux cotés des institutions de Bretton Woods, doit accompagner le renforcement des capacités contre-cycliques des pays en développement, sur la base de nouveaux accords négociés au sein de l’ECOSOC, qui doit être la locomotive de ces changements », a-t-il jugé.
Le représentant du Venezuela a, quant à lui, affirmé que le libéralisme économique était la source de tous les problèmes. « Ce système a appauvri les peuples du Sud en créant un déficit permanent de la demande mondiale. Cela empêche d’en finir avec la pauvreté et compromet de fait le développement durable », a-t-il expliqué. Il a abondé dans le sens des observations des panélistes lorsqu’il a reconnu l’intérêt d’une régionalisation du FMI et d’une démocratisation du crédit par le biais du développement des droits de tirage spéciaux. « La solution durable à la crise viendra d’un consensus politique entre États Membres, et non pas des institutions financières, même réformées », a-t-il par ailleurs conclu.
Réagissant aux déclarations des délégations, M. OCAMPO a répété que les Nations Unies sont appelées à jouer un rôle plus important dans les affaires économiques, car « ses documents sont plus complets et élargis que ceux du G-20. Le problème, c’est que ses décisions ne donnent pas lieu à un suivi crédible, souvent parce que certains États Membres ne le permettent pas ». En outre, les Institutions de Bretton Woods, a-t-il dit, ne sont pas vraiment parties prenantes aux efforts de l’ONU et c’est pourquoi, a-t-il ajouté, « les délégations ont raisons: il faut les démocratiser, transformer leur fonctionnement pour qu’il soit représentatif ».
M. TEJA a, pour sa part, réaffirmé la légitimité du G-20, dont l’efficacité pendant la crise a été cruciale. « Doit-il devenir partie intégrante du Fonds? Je doute que cela puisse se produire car je me demande à quoi cela pourrait servir. » Le G-20 a apporté des réponses concrètes qui ont eu un effet immédiat, ce qui montre que l’absence d’un secrétariat n’empêche pas d’obtenir des résultats dont la majorité des pays peuvent tirer profit », a-t-il fait observer.
« Nous voyons que la Grèce répugne à s’adresser au FMI et cherche une solution en Europe où les conditionnalités sont peut-être mieux définies », a relevé M. KHOR. « Cet exemple montre que les initiatives régionales ont un sens », a-t-il dit. « La mondialisation de l’économie ne peut plus ignorer les besoins réels des pays en développement et les institutions financières internationales ne doivent plus fonctionner en vase clos et être une fin en soi », a également plaidé M. Khor. « Comment les pays qui ont des excédents peuvent-ils harmoniser leurs politiques macroéconomiques et trouver une base commune d’où ils tireraient des solutions au service du développement », s’est-il interrogé, soulignant que l’ONU devrait servir de plate-forme pour les négociations économiques internationales.
Table ronde 2: « Les incidences de la crise financière et économique actuelle sur les investissements étrangers directs et les autres flux financiers privés, la dette extérieure et le commerce international »
Les experts, qui intervenaient dans le cadre de cette table ronde où ont été évoquées les différentes stratégies de sortie de la crise économique et financière actuelle, ont en particulier insisté sur la nécessité de réglementer les investissements spéculatifs, avec un mot d’ordre: éviter les erreurs du passé. Certains États Membres ont mis en garde contre les dangers de céder au protectionnisme, tandis que le Japon s’est interrogé sur les actions à entreprendre à mettre en œuvre pour établir des systèmes d’alerte précoce visant à prévenir ce genre de crise.
La Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de la Slovaquie, Mme OLGA ALGAYEROVA, qui animait la discussion, a souligné que les crises multiples avaient affecté les pays tant développés qu’en développement, l’impact variant selon les régions et les situations. Ces crises, a-t-elle dit, sont de nature à affecter gravement le développement et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Ces crises sont redoutables, a-t-elle ajouté.
M. DANIEL TITELMAN, Directeur de la Division des études sur le développement de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a affirmé que la crise économique et financière avait eu un impact sans précédent sur les marchés financiers. Ces effets ont été plus importants pour les pays développés que pour les pays en développement. Les flux financiers mondiaux ont connu une chute de 8,2% par rapport à l’année 2008, a-t-il dit. En 2009, a-t-il ajouté, la sortie de capitaux s’est faite en faveur des pays développés et au détriment des pays en développement. La situation est très hétéroclite lorsque l’on évoque les pays en développement. Les pays en développement n’ont pas tous été affectés de la même manière, a-t-il souligné. Dans les pays de la région Asie-Pacifique, la contraction des exportations à la suite de la crise a été sensible et a constitué un des principaux relais de transmission de la crise dans la région. En Amérique latine, la réduction des exportations a été également un élément important de développement de la crise. La dette et les prêts ont été un des principaux facteurs de la crise des marchés financiers dans le monde, a-t-il en outre souligné. Les prévisions pour la période 2010-2011 montrent que les pays en développement auront une croissance plus importante que les pays développés, a-t-il par ailleurs indiqué. C’est ce que l’on appelle la « nouvelle donne de la crise », des économies en développement ou émergentes commençant à jouer un rôle moteur dans l’économie mondiale.
M. Titelman a néanmoins expliqué qu’en raison de la contraction du marché financier mondial dans son intégralité, les niveaux de financement du développement disponibles seront moins importants pour les pays en développement ou les pays émergents. Il faut éviter les erreurs du passé des flux spéculatifs instables, a-t-il dit, estimant que les ressources devraient être concentrées sur un petit groupe de pays en développement. La nature des fonds est également importante, a-t-il ajouté. L’autre défi consiste à réformer l’architecture financière internationale. Par ailleurs, la communauté internationale devra aider les pays émergents et en développement à atténuer les coûts sociaux de la crise. Dans les années à venir, il conviendra également de renforcer les investissements directs étrangers en essayant de les acheminer vers les besoins réels des pays émergents et en développement en vue de les aider à réaliser leur ordre du jour du développement, a-t-il conclu.
M. HEINER FLASSBECK, Directeur de la Division de la mondialisation et des stratégies de développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a affirmé que l’essentiel des flux vers les pays émergents étaient des investissements de portefeuille et, par conséquent, contreproductifs. Ces mouvements de capitaux ont contribué à accélérer la crise. Comment éviter ce type de mouvements de capitaux à court terme qui ont des effets destructeurs sur les économies émergentes? s’est-il interrogé. Après la remise des compteurs à zéro, on se retrouve malheureusement aujourd’hui dans une nouvelle ère où le prix des matières premières est influencé par la spéculation, a-t-il expliqué. Le système financier international n’a pas été réformé de façon utile, a-t-il déploré. Si la crise a eu quelques effets positifs, le seul effet durable pour le développement n’aurait pu être enregistré qu’avec la réalisation des réformes nécessaires. Il faut également revoir la problématique des prix de produits de base, a-t-il dit, soulevant la question de l’instabilité financière. La communauté internationale doit prendre du recul et examiner l’ensemble de la stratégie à adopter en se concentrant sur la cohérence du système financier, a-t-il conclu.
Lors du débat interactif, la représentante de la Jamaïque a souligné le fait que la sortie de crise n’était pas au rendez-vous de tous les pays. Parmi les mesures à prendre, elle a notamment souhaité, comme plusieurs autres intervenants, la conclusion du Cycle de négociations de Doha. Le représentant du Japon a souhaité des précisions sur la façon de réglementer les investissements spéculatifs. Il a de même demandé s’il était possible de mettre en place un système d’alerte, des indicateurs susceptibles de prévoir une crise.
La déléguée de l’Union européenne a mis l’accent sur la nécessité de remédier au chômage et au coût social de la crise. Elle a précisé que l’Union européenne avait pris certaines mesures, faisant état notamment d’un mécanisme de flexibilité et de vulnérabilité en faveur des pays des Caraïbes et du Pacifique et d’un fonds d’affectation spéciale Union européenne-Afrique. Par ailleurs, il convient, a-t-elle estimé, de résister au protectionnisme et d’éviter de prendre des mesures qui entravent le commerce et les flux financiers.
Le représentant du Canada a demandé de préciser les moyens devant être mis en œuvre pour assurer une transition qui maximise les chances de relance sans la compromettre. Il a également insisté sur la nécessité de renforcer le libre-échange et éviter la tentation du protectionnisme qui, a-t-il dit, ne ferait qu’aggraver les choses. Son homologue du Bénin a soulevé le problème des subventions agricoles et demandé d’indiquer le rôle que pouvait jouer l’État dans la promotion des investissements étrangers directs.
M. FLASSBECK a expliqué que les dirigeants politiques au niveau mondial n’avaient pas agi comme ils auraient dû le faire. Il faut enrayer l’engrenage des transactions spéculatives, a—t-il insisté. Doutant de l’efficacité d’une taxe sur les opérations financières internationales, il a mis l’accent sur la nécessité d’agir au cas par cas, et en fonction des marchés concernés. Il convient en outre d’éviter les transactions bilatérales, en dehors des places boursières. Il faut revenir à un système où les monnaies doivent suivre les niveaux d’inflation entre pays. Par ailleurs, M. Flassbeck n’a pas écarté le risque d’une nouvelle crise économique. Des bulles financières sont apparues sur de nombreux marchés très liés entre eux, a-t-il en effet affirmé, soulignant le danger d’une nouvelle chute de l’économie mondiale.
M. TITELMAN a, quant à lui, jugé impossible d’arrêter la spéculation qui, en soi, n’est pas mauvaise si elle est faite de manière raisonnable. En revanche, si les flux vont dans la même direction, les effets peuvent être dangereux et déstabilisateurs, a-t-il expliqué. M. Titelman a mis l’accent sur le rôle des banques centrales qui, a-t-il dit, pourraient se doter de nouvelles règles et établir des indicateurs ou des mécanismes d’alerte précoce visant à détecter d’éventuelles bulles financières.
Table ronde 3 : « L’effet de levier de la coopération technique et financière, y compris les sources novatrices de financement du développement, dans la mobilisation de ressources financières nationales et internationales pour le développement »
Déclarations liminaires
Dans sa déclaration liminaire, M JOÃO GOMES CRAVINHO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a souhaité que ce débat se concentre sur la coopération et la nécessité, pour les pays, de s’approprier les stratégies de développement. Outre les accords bilatéraux traditionnels, a-t-il dit, la multiplication d’accords triangulaires, le développement de la coopération Sud-Sud et d’autres interventions novatrices ont rendu plus compliquée la nouvelle architecture de l’aide au développement. Tout en notant que les pays donateurs se sont engagés à améliorer la « quantité » et la « qualité » de l’aide, il a mis l’accent sur la nécessité d’assurer la « durabilité » de cette aide pour permettre aux pays récipiendaires de s’approprier des stratégies de développement sur le long terme. Il faut promouvoir l’inclusion économique et sociale et aider les populations à avoir accès aux décisions qui les concernent, a-t-il dit. Nous devrions éviter de nous livrer à des critiques par amour de la critique et apprendre à partager nos expériences dans l’intérêt de ce dialogue, a-t-il conclu.
La Princesse MÀXIMA des Pays-Bas, Avocate spéciale du Secrétaire général pour le financement inclusif du développement, a mis l’accent sur l’importance de la promotion de l’accès bancaire et de la présence d’une gamme de services bancaires dans tous les pays, notamment en développement. Elle a rappelé que la moitié de la population mondiale n’a pas accès aux services bancaires. Elle a mis l’accent sur l’importance d’un accès universel, à un coût abordable, à la plus vaste gamme possible de services bancaires qui pourraient être offerts par des institutions financières saines et viables. Elle a dit que le financement inclusif du développement était un concept crucial et sa mise en place était un programme plus ambitieux que celui du microcrédit. Le financement inclusif du développement comprend la promotion de services d’épargne, de plans de pension, de meilleurs services d’envoi de fonds, et d’autres types de structures qui peuvent aider les petites entreprises à se protéger contre toute forme de menaces. Elle a déclaré qu’il était démontré que le développement des services financiers contribuait à l’accroissement des revenus des pauvres. L’absence de services bancaires favorise quant à elle l’établissement d’une économie souterraine et informelle qui affecte les ressources fiscales d’un pays ainsi que la qualité et la quantité de ses services publics, a-t-elle dit. Elle a cité l’exemple de la banque hollandaise FMO, qui appuie les intermédiaires financiers locaux d’une cinquantaine de pays par le biais de créances à long terme libellées en monnaie local en assumant les risques de change. La Princesse Máxima a estimé que le financement des petites et moyennes entreprises (PME) n’avait pas encore eu droit à la place qu’il mérite, alors que les PME représentent 70% des emplois dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle a jugé utile l’avènement d’une association mondiale des PME qui soit compétente pour intervenir sur les questions les touchant auprès des instances internationales.
M. PHILIPPE DOUSTE-BLAZY, Conseiller spécial du Secrétaire général pour un financement novateur du développement, a rappelé que le commerce international était au plus haut et que la croissance économique était robuste dans les pays de l’OCDE en 2000 lors de l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement. Avec l’accentuation des déséquilibres globaux, les cibles d’APD sont apparues difficiles à tenir dans la durée, a-t-il noté. C’est alors qu’est né le nouveau concept de « financement innovant pour le développement », a indiqué M. Douste-Blazy, avant de préciser que ces financements étaient innovants parce qu’ils dépassent la logique traditionnelle de l’APD annuelle classique; parce qu’ils mobilisent une fraction des ressources mondiales, sans cependant entraver l’activité économique globale; et parce qu’ils dépassent les dichotomies classiques Nord-Sud ou « État contre société civile », pour créer une nouvelle force de solidarité. Si cette approche était perçue comme « hérétique » au début, elle s’est traduite par une première réalité, avec la mise en place du premier financement innovant en 2005, à savoir la contribution de solidarité sur les billets d’avion, a estimé Philippe Douste-Blazy.
Il a précisé que le Fonds UNITAID avait récolté 1,5 milliard de dollars depuis 2005 aux fins de la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. Il a indiqué que ce fonds intervenait dans 93 pays, dont des pays se trouvant en situation de conflit ou postconflit; et que trois quarts des enfants soignés contre le VIH/sida l’étaient grâce à ce fonds et son partenariat avec la fondation Bill Clinton. Il a mis l’accent sur la nécessité de tenir les promesses d’APD et de protéger les investissements contre les fluctuations mondiales. S’agissant du projet de « Taxe sur la transaction financière » (TTF), il a estimé qu’une telle taxe en faveur du développement est réalisable. Il a cité la création d’une équipe spéciale intergouvernementale sur la mise en œuvre de cette taxe, qui représente une dynamique importante en matière d’innovation. M. Douste-Blazy a estimé que la communauté internationale ne pouvait que progresser sur ce projet de TTF parce que l’opinion publique internationale attend que ceux qui sont responsables de la crise financière internationale réparent les dégâts dont ils sont les auteurs d’une manière exemplaire. Nous pouvons contribuer au développement d’un monde plus juste où la famine et l’alphabétisme ne divisent plus l’humanité, a-t-il conclu, en souhaitant l’avènement prochaine de la TTF.
M. SIMON SCOTT, Chef de la Division des statistiques et du suivi de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a présenté un tableau portant sur l’augmentation des sources d’aide entre 1990 et 2008 en notant que cette augmentation d’ensemble ne s’est malheureusement pas traduite par une augmentation de l’APD destinée spécifiquement à l’Afrique. Si les promesses faites en 2005 étaient tenues, nous devrions obtenir 124 milliards d’APD en 2010, a-t-il dit, tout en regrettant que dans la réalité, ce montant se limitera à 107 milliards de dollars d’APD cette année. Il a indiqué que cela représente une baisse de 17 milliards de dollars par rapport aux promesses. Une baisse d’APD de 13 milliards de dollars affectera le seul continent africain, a regretté l’intervenant. Il a précisé que 15 membres de l’Union européenne visaient à atteindre un niveau d’APD équivalent à 0,7% de leur PIB en notant que six d’entre eux sont actuellement sous la barre des 0,5% et deux proches de 0,2% (Grèce et Italie). Il a indiqué que l’APD des États-Unis avait doublé au cours des six ou sept dernières années, alors que le Japon quant à lui s’est engagé à doubler son aide à destination de l’Afrique d’ici à 2012. Il a salué le rôle du financement innovant comme moyen de relancer l’aide au développement ces dernières années. Il a suggéré d’examiner l’impact de ces financements innovants sur l’APD. Il a mis l’accent sur la nécessité de respecter les engagements concernant l’aide à la lutte contre les changements climatiques, qui devrait atteindre 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Il a regretté que cela risque d’avoir un impact sur l’APD, car certains pays industrialisés transféreront sans doute les ressources de leur APD vers le fonds pour la lutte contre les changements climatiques.
Débat interactif
Ouvert par les déclarations liminaires de la Princesse Máxima, des Pays-Bas, et de MM. Joao Gomes Cravinho, Philippe Douste-Blazy, et Simon Scott, le débat sur les sources novatrices de financement du développement a été l’occasion pour plusieurs délégations d’insister sur le caractère « additionnel » des ressources qui en sont issues. À cet égard, les représentants de la Belgique, des États-Unis et de l’Espagne, au nom de l’Union européenne, mais aussi la représentante de l’ONG CIVICUS, ont souhaité que les efforts en faveur de la promotion de sources innovantes de financement ne détournent pas l’attention des pays, qui devraient honorer leurs engagements, obligations et responsabilités en matière d’aide publique au développement (APD). Les intervenants ont rappelé que l’APD restait la source de financement la plus stable qui puisse être mise au service de la satisfaction des besoins financiers des pays en développement.
Un certain nombre de délégations, comme celle de la Grenade, qui a mis l’accent sur les difficultés particulières auxquelles font face les petits États insulaires en développement, et celles de la Fédération de Russie et du Japon, se sont interrogées sur l’impact que pourraient avoir les nouvelles formes de taxations qui sont les principales sources novatrices de financement du développement, sur le potentiel touristique de nombreux pays et sur la viabilité des compagnies aériennes.
Certaines délégations ont salué la place croissante qu’occupent la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire comme leviers de la coopération technique et financière: La Fédération de Russie a souhaité que soient conduites des analyses sur les interactions entre les pays en développement et que soient mis en place des systèmes de collectes de données à cet égard. De son côté, les représentants de la République de Corée et celui des associations du monde catholique se sont interrogés sur l’impact que va avoir le nouveau « fonds pour la lutte contre sur les changements climatiques » sur les flux d’aide au développement.
Répondant à une intervention faisant le lien entre l’APD et l’évasion fiscale, M. SCOTT a estimé que l’évasion fiscale qui affecte les pays en développement n’était pas liée aux ressources de l’aide mais plutôt à un manque de confiance envers les institutions nationales de certains pays.
La représentante du secteur privé a insisté sur le renforcement de la coopération entre le secteur public et le secteur privé pour créer les conditions favorables à la promotion du développement, qui n’existent pas encore, en identifiant mieux les obstacles au développement, comme par exemple les risques liés au change. Elle a préconisé la création d’un laboratoire d’innovation en matière de financement du développement. De son côté, la représentante de la France a rappelé que la coopération technique et financière est essentielle, mais que l’APD n’est qu’un catalyseur qui ne suffira pas à financer l’ensemble des besoins de développement.
Le représentant du secteur commercial s’est opposé à l’imposition de réformes fiscales « régressives » qui réduiraient les taux d’emploi, diminueraient les salaires et augmenteraient les disparités déjà existantes. Il a encouragé le processus d’élaboration d’une taxe sur les transactions financières partout où cela est possible.
M. DOUSTE-BLAZY, un des principaux panélistes, a salué la décision de la Belgique d’inscrire la question de la taxe sur les transactions financières (TTF) à l’ordre du jour de sa présidence de l’Union européenne, qui aura lieu au cours du deuxième semestre 2010, et il a félicité le Japon d’avoir créé une Commission parlementaire sur le financement innovant du développement. Répondant à une question du représentant du Cameroun portant sur les difficultés qu’auraient des pays en développement à absorber l’aide extérieure, M. Douste-Blazy a indiqué que la priorité pour ces pays est de consacrer 15% de leur budget au financement de services de santé.
Répondant à ces interventions, M. SIMON SCOTT, l’un des panélistes, a assuré que la communauté internationale n’aurait pas assisté à une augmentation de 35% de l’APD s’il n’y avait pas eu la Conférence de Monterrey en 2002. Il a estimé que tout pays qui prend un engagement en matière d’aide devrait avoir un plan très précis lui permettant de respecter cet engagement. Par ailleurs, il a déclaré qu’il était difficile d’évaluer l’impact qu’aura le fonds sur le changement climatique sur les ressources et les flux d’aide au développement, tout en rappelant que l’essentiel des interventions relatives au changement climatique sera majoritairement d’origine privée en 2020.
Si le représentant du Brésil a suggéré l’organisation d’une réunion informelle sur la question des financements innovants avant le Sommet sur les OMD prévu au Siège au mois de septembre, M DOUSTE-BLAZY a suggéré la création d’un groupe intergouvernemental sur les financements innovants. Il a expliqué que les principaux obstacles à la mise en œuvre des initiatives relatives à des sources innovantes de financement du développement étaient dus à un manque ou à une mauvaise information. À cet égard, il a rappelé que la taxe sur les billets d’avion ne pouvait être considérée comme une difficulté imposée aux compagnies aériennes ou aux voyageurs, d’abord parce que cette taxe n’est pas payée par les compagnies aériennes, et ensuite, parce que deux dollars représentent un montant totalement dérisoire par rapport au prix total d’un billet d’avion. En ce qui concerne l’efficacité des financements innovants, il a précisé que le fonds UNITAID ne faisait pas doublon avec le fonds des Nations Unies contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, puisqu’il ne s’agissait que d’un système de collecte de contributions et de ressources appuyant des initiatives existantes sur le terrain.
Répondant aux questions des intervenants, la PRINCESSE MAXIMA des Pays-Bas a cité une étude qui montre que si la majorité des femmes avaient accès à un compte bancaire, et donc à un moyen d’épargner, elles augmenteraient de 37% leurs capacités de dépenses en six mois, et consacreraient 13% de plus aux dépenses alimentaires. Il faut des réglementations sur les technologies, parce que se sont les technologies qui nous permettraient d’atteindre le maximum de clientes potentielles en réduisant les coûts des services bancaires, a-t-elle encore insisté, avant de souligner combien il sera nécessaire de faire entrer le maximum de personnes dans le système financier pour pouvoir ainsi limiter l’impact du système informel.
Dans ses remarques de clôture, le Président de la table ronde a rappelé combien les engagements concernant l’APD devaient être honorés par les bailleurs de fonds. Néanmoins, notant que l’APD ne sera pas suffisante en quantité et en qualité pour assurer le développement économique des pays récipiendaires, il a souligné combien ce débat mettait encore une fois en évidence la nécessité d’explorer la possibilité de mobiliser des moyens de manière innovante. « Les commentaires de M. Douste-Blazy nous ont montré jusqu’où on pouvait encore avancer sur cette voie », a-t-il ajouté avant d’insister sur la qualité et le caractère inclusif de l’aide mobilisée. « Nous n’aurons pas de développement inclusif sans financement inclusif », a-t-il ajouté, en estimant que le monde était dans une phase décisive en cette période. Alors que la crise économique, dont nous commençons à sortir, soumet à une pression très lourde les budgets des pays développés et de ceux en développement, il faut garder le cap. « La bonne nouvelle, c’est que nous avons beaucoup d’options à examiner », a-t-il dit, en saluant les présentations qui ont permis la tenue d’« une discussion très stimulante ».
Clôture du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement
En procédant à la clôture des deux journées de débat et prenant la parole au nom du Président de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale, M. ALI ABDUSSALAM TREKI, M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a déclaré que le Dialogue de haut niveau avait été d’une importance particulière en prévision de la tenue du Sommet de septembre 2010 sur les Objectifs du Millénaire pour le développement. La somme d’idées, d’initiatives et de recommandations brassées au cours de ces deux jours permettra d’envisager des résultats encore plus significatifs pour ce Sommet, a-t-il assuré. Au cours du débat plénier, de nombreuses délégations ont souligné l’importance de mobiliser des ressources nationales à l’appui du développement, a rappelé M. Christian. Ces efforts nationaux doivent cependant être soutenus par un environnement international favorable, grâce notamment à la conclusion réussie du Cycle de négociations de Doha, par le respect des engagements pris en matière d’aide publique au développement, et par une coopération internationale à tous les niveaux, a-t-il souligné. En outre, il a été dit que des flux de capitaux privés devaient être dirigés vers les pays en développement pour être intégrés aux stratégies de développement, a rappelé le représentant du Ghana. Par ailleurs, les besoins spécifiques des pays les moins développés, devenus plus urgents encore depuis le déclenchement de la crise, ont été évoqués à plusieurs reprises, a-t-il rappelé au nom du Président de l’Assemblée générale. Il a plaidé en faveur de ces pays en déclarant à la communauté internationale combien il est important de leur prêter assistance. Enfin, a-t-il ajouté, nombreuses ont été les délégations à dire qu’il fallait réformer le système économique et financier mondial et le placer sous le leadership des Nations Unies.
Résumé du débat informel sur la voie vers la manifestation de haut niveau de 2010 sur le financement du développement et la réalisation des OMD
Après avoir résumé les trois tables rondes thématiques de la journée, M. Kojo Christian a présenté les principaux axes du débat interactif informel qui s’est tenu cet après-midi sur le thème: « la relation entre le financement du développement et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement: la voie vers la manifestation de haut niveau de 2010 ». Il a confirmé qu’il existait désormais un large consensus sur la nécessité pour les pays développés, comme pour les pays en développement, d’agir de concert pour réaliser le développement durable. Il a été reconnu au cours de ce débat informel animé par le Conseiller principal du Bureau du Chef économiste de la Banque mondiale, Zia Qureshi, et par Jomo Kwame Sundaram, Sous-Secrétaire général de l’ONU chargé du développement économique, que l’Objectif 8 des OMD libellé: « Construire un partenariat mondial pour le développement », était crucial pour atténuer l’impact adverse de la confluence des récentes crises, en particulier dans les pays ayant des besoins de financement spécifiques.
La cohérence des politiques, l’allègement de la dette, l’aide au commerce, et une meilleure circulation des capitaux et des investissements ont été jugés essentiels par de nombreuses délégations, dont celle du Guatemala. Le représentant de ce pays a souhaité que les mécanismes du Consensus de Monterrey soient mieux utilisés dans la poursuite des OMD. Le Japon et le Brésil ont soutenu les points de M. Sundaram concernant l’amélioration de la gouvernance à tous les niveaux pour une bonne réalisation des OMD. Ceci est valable aussi bien au niveau national qu’au niveau international, a-t-il été reconnu au cours du débat informel. Comme le Secrétaire général l’a déclaré, les Nations Unies ont un rôle important à jouer dans un processus intergouvernemental afin de réaliser le financement du développement et à terme les Objectifs, a ajouté Leslie Kojo Christian en concluant le résumé des deux journées de travaux.
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