LE FORUM DISCUTE DE LA PLACE DES GRANDS GROUPES, EN PARTICULIER LES AUTOCHTONES ET LES ONG, DANS L’ÉLABORATION ET LA MISE EN ŒUVRE DES POLITIQUES LIÉES À LA GESTION DURABLE DES FORÊTS
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Forum des Nations Unies sur les forêts
Huitième session
8e séance – matin
LE FORUM DISCUTE DE LA PLACE DES GRANDS GROUPES, EN PARTICULIER LES AUTOCHTONES ET LES ONG, DANS L’ÉLABORATION ET LA MISE EN ŒUVRE DES POLITIQUES LIÉES À LA GESTION DURABLE DES FORÊTS
Le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a poursuivi, ce matin, le débat général de sa huitième session, lequel a été marqué par de nombreux commentaires liés au rôle des populations autochtones et des organisations non gouvernementales (ONG) dans la gestion durable des forêts. L’accent a également été mis sur l’importance d’intégrer les efforts de lutte contre les changements climatiques aux politiques d’exploitation forestière.
D’une manière générale, les grands groupes* se sont accordés sur le fait que la participation effective des populations autochtones à la gestion durable des forêts ne pourra être assurée qu’en garantissant leur accès équitable à la propriété foncière. Ils ont ainsi souligné l’importance qu’il y a à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ainsi que la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT).
Le représentant du groupe des autochtones a notamment engagé le Forum à donner l’exemple, en réaffirmant l’importance du savoir traditionnel en matière de gestion forestière. « Nous sommes gravement préoccupés par les activités non durables qui détruisent nos ressources et dont nous ressentons les effets d’une manière disproportionnée », a notamment dit ce représentant, qui a également déploré le fait que les forêts soient uniquement examinées sous l’angle du carbone.
Le rôle des ONG dans la gestion durable des forêts a été diversement commenté; le représentant du Liban ayant regretté le manque de coordination parmi ces organisations et les doublons sur le terrain. « De nombreux projets sont le reflet des tendances et non des besoins réels », a-t-il fait observer, tandis que son homologue de la Mauritanie a mis l’accent sur la nécessité de faire la distinction entre ONG internationales et locales et de renforcer les capacités de ces dernières.
Le représentant du groupe des ONG a imputé les ratés à l’influence exercée par le milieu des affaires, à l’absence de volonté politique et à l’insuffisance des investissements. Par ailleurs, à l’instar de la représentante du Bélarus, de nombreux intervenants ont insisté sur le partage des connaissances; le groupe des enfants et des jeunes ayant notamment évoqué la nécessité de transférer le savoir d’une génération à l’autre. « C’est l’éducation qui permettra les investissements dans la gestion durable des forêts », a notamment déclaré la représentante de ce groupe.
Les grands groupes ont proposé d’organiser, en mai 2010, une réunion intersession sur l’application des instruments liés à la gestion des forêts aux niveaux national et local.
La prochaine réunion publique de la huitième session du Forum sur les forêts sera annoncée dans le Journal des Nations Unies. En attendant, le Forum poursuit ses négociations au sein de deux Groupes de travail.
* Identifiés dans Action 21, le Programme d’action adopté en 1992 à Rio par le Sommet de la terre, les grands groupes sont: le commerce et l’industrie, les enfants et les jeunes, les agriculteurs, les populations autochtones, les autorités locales, les ONG, la communauté scientifique et technologique, les femmes, et les travailleurs et les syndicats.
DÉBAT MULTIPARTITE ( E/CN.18/2009/13 , E/CN.18/2009/13/ADD.1, E/CN.18/2009/13/ADD.2 , E/CN.18/2009/13/ADD.3 , E/CN.18/2009/13/ADD.4 ET E/CN.18/2009/13/ADD.5 )
Débat interactif entre les États Membres, les grands groupes et les membres du Partenariat de collaboration sur les forêts
Avant le début du débat interactif, le représentant de la Turquie a pris la parole pour évoquer le cinquième Forum mondial sur l’eau qui s’est déroulé en Turquie au mois de mars dernier. Il a expliqué que cet événement portait sur la gestion des ressources en eau et les stratégies adaptées. L’eau étant une question transversale, il est essentiel d’y apporter une réponse intégrée et coordonnée, a-t-il souligné. Il faut redoubler d’efforts pour s’attaquer à la crise mondiale de l’eau et investir davantage dans la recherche, la technologie et la décentralisation de la gestion de l’eau. Le représentant a estimé que les organisations et institutions internationales ont un rôle critique à jouer en matière de réhabilitation, de protection, de conservation et d’utilisation de l’eau.
Il a également signalé que ce Forum avait engagé la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour promouvoir des corridors et des réseaux écologiques, intégrer les écosystèmes dans la planification des projets liés au développement durable et prendre les mesures nécessaires pour renverser la dégradation des écosystèmes. Ce Forum a aussi recommandé aux gouvernements nationaux d’évaluer l’impact de leurs politiques sur les cycles hydrologiques. La Turquie se félicite de la perspective d’améliorer les synergies entre le Forum sur l’eau et le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a-t-il dit avant de conclure.
Mme JAN McALPINE, secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, s’est félicitée de l’apport des grands groupes aux débats du Forum, en espérant la participation prochaine des autorités locales et de celles du monde des affaires. Elle a estimé qu’il fallait revoir les méthodes de travail du Forum pour améliorer l’accès des grands groupes.
Modéré par M. METER MAYER, Directeur exécutif de l’Union internationale des instituts de recherches forestières, le débat interactif a été l’occasion pour la représentante du groupe des enfants et des jeunes de présenter les observations de tous les neuf grands groupes. Elle a souligné que les autochtones et les communautés qui vivent dans les forêts dépendent ou gèrent une partie importante des forêts de la planète. Elle a insisté sur l’importance des solutions à long terme qui découleront de l’intégration des efforts de lutte contre les changements climatiques et de préservation de la biodiversité dans les politiques d’exploitation forestière, qu’il s’agissent du bois ou non.
Outre la gestion durable des forêts, les grands groupes estiment que le renforcement des capacités d’atténuation des effets des changements climatiques est également important, a signalé la représentante qui a ensuite insisté sur l’importance de garantir l’accès équitable des femmes et des autochtones à la propriété foncière afin de garantir leur participation effective dans la gestion des forêts. Elle a également déclaré que tous les programmes et projets liés à la gestion des forêts doivent reconnaître tous les droits énoncés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ainsi que la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
En matière de financement, a-t-elle enchainé, les grands groupes sont d’avis qu’un mécanisme de financement doit leur être accessible, car les financements doivent profiter aux populations et pas uniquement aux gouvernements, notamment ceux des pays en développement. Il importe aussi d’organiser, avec la participation des grands groupes, des examens périodiques d’un tel mécanisme, et de renforcer la recherche forestière, notamment dans les pays en développement. Elle a ensuite indiqué que les grands groupes avaient proposé d’organiser, en mai 2010, une réunion intersession sur l’application des instruments liés à la gestion des forêts aux niveaux national et local.
La représentante du groupe des femmes a plaidé pour que le rôle des femmes dans la gestion des forêts soit mieux reconnu. Les femmes, a-t-elle ajouté, doivent avoir accès aux ressources productives et pouvoir exercer leur droit à la terre, en particulier les veuves et les femmes autochtones. Il faut, a encore plaidé la représentante, faire assurer la place des femmes dans les processus de prise de décisions. Elle a d’ailleurs regretté le mauvais traitement de la question de la parité. Elle a aussi appelé à des efforts plus soutenus en ce qui concerne l’agroforesterie. Il faut également, a-t-elle ajouté, renforcer la capacité et le rôle des femmes dans les efforts de lutte contre les changements climatiques, afin qu’elles assument des rôles de premiers plans au niveau local.
Le représentant du groupe de la communauté scientifique et technologique a estimé qu’il importe d’abord de renforcer les connaissances des pays en développement en matière de gestion durable des forêts. Le Forum, a-t-il estimé, par ailleurs, doit contribuer à la création de programmes de réhabilitation des forêts dans les zones de conflit, par exemple.
Dans un accord post-Kyoto, il faut envoyer le bon message sur l’importance de la gestion durable des forêts, a jugé la représentante du groupe des enfants et des jeunes, en soulignant que des millions de personnes dépendent des forêts pour vivre. Elle a également insisté sur l’importance de préserver les écosystèmes, de s’adapter aux effets des changements climatiques et de protéger les sols. Nous devons utiliser les ressources dont nous disposons pour ne pas porter atteinte à celles dont dépendront les enfants, a-t-elle insisté. Elle a mis l’accent sur l’importance de respecter les cycles forestiers et de garantir un bon transfert des connaissances d’une génération à l’autre. C’est l’éducation qui permettra les investissements dans la gestion durable des forêts, un point qui pour le Groupe des enfants et des jeunes n’est pas négociable, a-t-elle prévenu.
Le représentant du groupe des agriculteurs a soutenu la nécessité d’accorder une importance à la question de la gestion forestière durable. Celle-ci peut être facile à assurer si on parvenait, entre autres, à l’application effective des lois, dont les droits fonciers, a-t-il soutenu. Il s’est prononcé pour la création d’un fonds mondial sur les forêts ainsi que pour la mise en œuvre effective de l’instrument non contraignant adopté par le Forum. S’agissant du fonds mondial, il a voulu qu’il permette un accès équitable des produits forestiers aux marchés et la reconnaissance de l’expérience des petits propriétaires dans la préservation des forêts. Le fonds devrait aussi servir à la lutte contre la corruption et à la promotion de la bonne gouvernance. Il a conclu en appelant à la lutte contre la déforestation et à la promotion des sources d’énergie renouvelables.
Le représentant du groupe des autochtones a réaffirmé le lien spécial et inébranlable que les populations autochtones ont avec la Terre nourricière. Nous sommes, a-t-il dit, gravement préoccupés par les activités non durables qui détruisent nos ressources et dont nous ressentons les effets d’une manière disproportionnée. Il a déclaré que les populations autochtones avaient un rôle important à jouer en matière de préservation des forêts, du fait, notamment, de leurs connaissances traditionnelles. Il a déploré le fait que les forêts soient uniquement examinées sous l’angle du carbone et a demandé le plein respect de la Convention 169 de l’OIT et de la Déclaration universelle sur les droits des peuples autochtones. Il a également estimé que tout mécanisme financier doit prévoir la pleine participation des peuples autochtones à tous les niveaux, seule façon, selon lui, de leur permettre de sortir de la pauvreté. Il a également demandé leur plein accès aux ressources financières.
Le représentant du groupe des organisations non gouvernementales (ONG) a souligné que pour les ONG, les principales difficultés auxquelles on se heurte constamment dans la problématique des forêts sont liées à l’influence des grands groupes économiques, à l’absence de volonté politique et à l’insuffisance des investissements.
Réclamant à son tour la place des ONG dans l’élaboration des politiques et leur mise en œuvre, il a lancé un appel aux gouvernements en ce sens.
Après les déclarations des grands groupes, le représentant de la République dominicaine a évoqué les plans nationaux relatifs aux forêts qui accordent une place particulière aux femmes. Le pays insiste aussi sur la participation des jeunes aux activités de reboisement qui incluent des aspects sociaux et sanitaires. Le pays a également privilégié des modes de production agricole susceptibles d’alléger la pression sur les forêts. S’agissant des ONG, il a expliqué que leur participation était fondamentale dans la gestion des forêts. Le représentant de l’Angola a rappelé l’importance du bois de chauffe pour les femmes angolaises. Il a mis en exergue les réponses apportées par son pays à ce problème, lesquelles ont, en leur centre, la préservation des forêts.
Le représentant du Pérou a expliqué que son pays avait créé un programme communautaire pour les forêts qui témoigne des bonnes relations qui existent entre les entreprises forestières et les communautés autochtones du pays. Des petites forêts sont gérées par les communautés rurales et un programme national conseille le Gouvernement en matière de gestion de forêts, a-t-il indiqué. Devant les propos du représentant de l’Uruguay selon lesquels les pays qui n’ont pas de populations autochtones ont cependant d’autres groupes de personnes qui sont préoccupés par cette question, le représentant du groupe concerné a souligné que la force des autochtones tient à leurs connaissances traditionnelles en matière de gestion forestière. Il faut garantir nos droits car nous sommes particulièrement vulnérables, a-t-il lancé. Ce Forum doit donner l’exemple et réaffirmer l’importance des connaissances traditionnelles.
Ces propos n’ont pas été démentis par le représentant des Philippines qui a affirmé que 30% du budget national était destiné à l’agroforesterie et que le Gouvernement portait une attention particulière à la bonne gestion des ressources forestières. Signalant que la couverture forestière du pays était passée, il y a peu, en dessous de 20%, pour remonter ensuite, il a estimé qu’avec la participation de toutes les parties prenantes, cette couverture forestière pourra être davantage augmentée.
La représentante de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a estimé qu’il faut voir le problème de la déforestation sous l’angle de l’agroforesterie. Son homologue du Liban a soulevé la question du morcellement des fonds entre les différents projets défendus par les ONG. Il a déploré le manque de coordination parmi ces organisations et les doublons sur le terrain.
De nombreux projets sont le reflet des tendances et non des besoins qui existent sur le terrain, a-t-il regretté, en appelant à l’abandon de projets individuels et à l’adoption d’un plan-cadre où tous les efforts liés à la gestion des forêts pourraient être intégrés de manière efficace. En la matière, il faut toujours distinguer les ONG internationales des ONG locales, a suggéré le représentant de la Mauritanie, en plaidant pour que l’on renforce les capacités des ONG locales et qu’on leur rende leur crédibilité.
La Mauritanie doit mieux collaborer avec les ONG, a répondu le représentant du groupe des ONG, en ajoutant qu’il est souvent difficile de gérer les forêts à partir des capitales. Il a reconnu que la priorité doit être désormais d’intégrer les efforts de lutte contre les changements climatiques à ceux liés à la gestion des forêts. Le travail avec les ONG a été fortement appuyé par le représentant de Fidji. Étant donné leur situation particulièrement difficile, les petits États insulaires en développement doivent pouvoir participer aux efforts en cours, a plaidé son homologue de la Grenade.
La situation est tout aussi inquiétante au Yémen, a affirmé son représentant. Il a expliqué qu’il y existe un organe chargé de la lutte contre la désertification et un autre chargé de la gestion des eaux. Il s’est réjoui de ce que les forêts yéménites sont protégées car elles se trouvent en dehors des zones habitées et sont difficiles d’accès. Le représentant a reconnu que son gouvernement ne déploie pas assez d’effort pour protéger les mangroves sur le littoral de la mer Rouge. Il a formulé l’espoir de voir une plus grande implication de son pays dans les efforts liés à la protection des forêts.
Des efforts que déploie activement le Bélarus, a assuré sa représentante. Le Bélarus dispose d’un plan d’action en matière de gestion des forêts et de désertification. Cinquante-deux pour cent des forêts du pays sont aujourd’hui protégées, a-t-elle signalé. Après la catastrophe de Tchernobyl, a-t-elle enchainé, des radionucléides ont été bloqués par les forêts et le Gouvernement œuvre désormais pour leur réhabilitation. Elle a également insisté sur l’importance de l’échange d’informations et de connaissances.
Dans un pays dont la couverture forestière ne représente qu’1% de la superficie totale du pays, la forêt demeure quand même « un bouclier » important contre la progression de la désertification, a dit la représentante de l’Algérie. Elle a notamment expliqué qu’un plan national de reboisement avait été lancé en 1999, tout en insistant, à son tour, sur le fait que la progression de la désertification exige l’établissement d’un cadre d’action efficace et le partage des connaissances.
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