En cours au Siège de l'ONU

DEV/2756-ECO/159

La Conférence sur la crise financière et économique mondiale préconise l’adoption de mesures de fond équitables pour sortir tous les pays du marasme actuel

29/06/2009
Assemblée généraleDEV/2756
ECO/159
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LA CONFÉRENCE SUR LA CRISE FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE MONDIALE PRÉCONISE L’ADOPTION DE MESURES DE FOND ÉQUITABLES POUR SORTIR TOUS LES PAYS DU MARASME ACTUEL


Il faut réformer la gouvernance des institutions de Bretton Woods, ce « club exclusif » où les vues des pays en développement ne comptent pas, soulignent des délégations


Après avoir adopté par consensus, vendredi, son Document final, la Conférence sur la crise financière et économique mondiale et son incidence sur le développement, qui rassemblait tous les États Membres de l’ONU, s’est poursuivie aujourd’hui, avec la participation de 27 délégations.


Cette quatrième journée de débat général a été consacrée à la tenue d’une discussion à la fois caractérisée par ses aspects moraux, théoriques et pragmatiques, en vue de trouver une solution à la crise, qui puisse satisfaire tant le monde développé que les pays en développement.  Il faut prévoir des mesures à court terme pour atténuer les effets de la crise et la juguler et, sur le long terme, réformer l’architecture financière internationale dans le but de la rendre plus équitable et pour éviter une autre crise, ont préconisé de nombreuses délégations.


« La crise à laquelle nous faisons face n’est pas une crise cyclique, mais une crise structurelle et systémique qui exige qu’on lui apporte des réponses de fond et pas uniquement des mesures conjoncturelles », a estimé ce matin le représentant de la Bolivie, en résumant le point de vue de nombreux États Membres.  À l’instar de plusieurs autres intervenants, il a dénoncé les excès et les failles du capitalisme effréné qui a dominé l’économie des dernières décennies, caractérisée par la mondialisation et une circulation sans contrôle des capitaux, montrés du doigt comme étant les causes de la crise.


Les délégations ont réitéré que l’ONU était le forum le plus approprié pour faire face à la situation actuelle, et qu’elle seule avait « la légitimité naturelle », selon les termes des délégations albanaise et monténégrine, pour débattre de ces questions et leur trouver des solutions.  Une crise d’une telle ampleur nécessite en effet une action concertée de la communauté internationale tout entière, ont soutenu les États Membres, qui ont souligné l’importance d’une représentation plus équilibrée entre les pays riches et les pays en développement au sein des institutions financières internationales, notamment celles de Bretton Woods, qui doivent être réformées afin de refléter le monde actuel et non celui de l’après-Deuxième Guerre mondiale.


Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont souvent été jugés comme étant des « clubs trop exclusifs » qui ne prennent pas en compte les véritables intérêts des pays en développement.  Il en est de même de l’Organisation mondiale du commerce et du système commercial multilatéral dont les règles actuelles ne favorisent qu’une poignée de pays.  Comme le formule le Document final, les délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont confirmé leur souhait de voir se concrétiser, d’urgence, la réforme de la gouvernance des institutions de Bretton Woods.


Parmi les mesures préconisées par les délégations au titre de cette réforme, la création d’un nouveau système de réserves internationales qui ne dépende pas du dollar américain a été soulignée, ceci afin de protéger les pays en développement des fluctuations et des spéculations qui ont cours sur les devises.  Des délégations ont suggéré l’élaboration d’un code de conduite, sous forme d’une convention internationale, pour que toutes les instances de contrôle puissent encadrer les méthodes de travail du système financier.


Il faut se garder des tentations protectionnistes, ont par ailleurs exhorté des intervenants, qui ont demandé une ouverture immédiate des marchés des pays industrialisés aux produits provenant des pays en développement et la fin des subventions versées par les pays riches à leurs exportations agricoles.  La finalisation des négociations commerciales du Cycle de Doha est une urgence, et elle doit se faire d’une manière qui aboutisse à la création d’un cadre commercial multilatéral équitable, ont insisté des délégations, dont celle du Saint-Siège.


Il est injuste que les pays les moins responsables de la crise, à savoir les pays les plus pauvres, soient les plus durement touchés par la crise, ont relevé des intervenants.  Le représentant de l’Afghanistan a évoqué la situation des pays sortant d’un conflit et celle de ceux dépourvus de littoral, qui auront des difficultés à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ce qui va les rendre de plus en plus dépendants de l’aide extérieure.  Il faut donc que les riches respectent les promesses qu’ils ont faites et les engagements qu’ils ont pris en ce qui concerne l’aide publique au développement (APD), a noté le délégué du Tadjikistan.


De son côté, le représentant du Saint-Siège a abordé la question sous un angle moral et humain, regrettant le manque de valeurs et l’absence de moralité dans les pratiques et les prises de décisions économiques.  Il a souhaité que l’individualisme laisse la place aux responsabilités partagées pour que le monde parvienne à créer une société humaine respectueuse de la dignité de tous ses membres.


L’Assemblée poursuivra demain, mardi 30 juin, ce débat sur la crise financière et économique, qu’elle a entamé la semaine dernière, mercredi, le 24 juin. 


ÉCHANGE DE VUES GÉNÉRAL SUR LA CRISE FINANCIÈRE ET ÉCONOMIQUE MONDIALE ET SON INCIDENCE SUR LE DÉVELOPPEMENT (A/CONF.214/4)


M. EMILE ANGE MILO MBOU-MYLONDO (République du Congo) s’est félicité des efforts fournis par les États Membres lors des négociations intergouvernementales qui ont favorisé l’émergence du consensus sur le document final de la Conférence.  Il a souhaité toutefois que soit précisée la nature des mesures à prendre au niveau mondial et pour l’Afrique.  Le représentant congolais a plaidé pour une nouvelle gouvernance mondiale, et a souligné l’urgence de sa mise en œuvre effective.  L’économie congolaise est plus qu’exposée aux chocs exogènes, et la crise a dévoilé son extrême vulnérabilité, a poursuivi M. Bale.  Il a donné l’exemple du secteur forestier dont l’activité a diminué de moitié, avec les conséquences économiques et sociales qui en découlent.  Le Gouvernement de la République du Congo doit aussi faire face à des défis tels que celui de la très forte dépendance de son économie vis-à-vis du secteur pétrolier; le niveau élevé des coûts des facteurs de production; et le faible niveau de financement de l’économie par un secteur bancaire pourtant restructuré.  M. Bale a donc expliqué que le Gouvernement congolais a mis en place plusieurs mesures pour faire front, mais qu’il a besoin, pour les soutenir, de l’aide internationale.  Il a souligné la nécessité de continuer à financer la préservation du bassin forestier du Congo, deuxième poumon écologique du monde.


M. PABLO SOLÓN-ROMERO (Bolivie) a rappelé que le monde ne fait pas face actuellement à une crise cyclique, mais à une crise structurelle et systémique qui exige des réponses de fond et non pas seulement des mesures conjoncturelles.  Le capitalisme est la source des déséquilibres qui affectent le monde, a-t-il aussi estimé.  Il a jugé inadmissible que les pays pauvres comme le sien paient les erreurs des pays riches.  Parmi les mesures qu’il a proposées pour faire face à la crise, il a parlé de la création d’un fonds d’atténuation des effets les plus graves de la crise, qui serait financé par le versement de 1% du produit national brut (PNB) des pays développés.  Il a aussi demandé une ouverture immédiate des marchés en faveur des produits fabriqués dans les pays en développement, et a souhaité que la dette de ces pays soit annulée.  En outre, le représentant a proposé de créer un nouveau système de réserves monétaires internationales qui ne dépende pas du dollar, pour protéger les pays en développement des fluctuations et des spéculations qui se font sur les cours des devises.  Enfin, il a demandé une restructuration du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).


M. SIRODJIDIN M. ASLOV (Tadjikistan) a déclaré que, face à la crise, le Gouvernement tadjik a dû revoir le budget national, mais ceci sans toucher aux dépenses prévues dans le secteur social.  Il a pris des mesures destinées à assurer la stabilité du secteur formel et à promouvoir le développement du secteur privé, a indiqué le représentant.  Le Tadjikistan a suffisamment de ressources naturelles pour assurer un développement efficace de son économie, a-t-il expliqué, mais la production nationale demande des investissements importants en capitaux.  C’est pour cela que le pays a besoin de la coopération de pays partenaires de développement, de donateurs et d’organisations internationales afin de recevoir le soutien dont il a besoin.  Il serait notamment utile d’examiner la façon dont le Gouvernement du Tadjikistan arrivera à mettre en œuvre sa Stratégie nationale de développement, a dit le représentant, en indiquant que sa délégation soutenait les recommandations contenues dans le Document final de la Conférence, qui donne le détail des mesures principales à prendre pour lutter contre les effets de la crise.


M. JOEL MUSA NHLEKO (Swaziland) a déclaré que la communauté internationale devait apporter une réponse mondiale solide et coordonnée à la crise financière et économique.  Tout en déclarant que son pays appréciait les efforts déjà déployés pour trouver une solution, comme ceux qui l’ont été par le G-20, il a estimé que la Conférence de l’ONU est le forum le plus approprié pour définir l’action collective à mener.  Il a appelé les pays développés à intensifier leurs efforts pour restaurer la stabilité des marchés financiers et renforcer la régulation du système financier, ainsi qu’à tenir leurs promesses en termes d’aide publique au développement.  De leur côté, les pays en développement doivent mener des réformes structurelles, stimuler l’épargne grâce à des systèmes financiers nationaux renforcés et maintenir une stabilité macroéconomique, a suggéré le représentant.  Le Swaziland a, par exemple, établi un partenariat avec les institutions financières régionales, comme la Banque africaine de développement, ce partenariat visant notamment à établir un environnement propice au commerce, en investissant dans les infrastructures.


M. JALEL SNOUSSI (Tunisie) a expliqué que l’objectif de la réforme envisagée est de rendre le système financier international plus ouvert, plus transparent, plus stable et plus inclusif pour assurer une plus grande participation des pays en développement à la gestion des affaires mondiales et pour aller vers plus de justice dans l’ordre économique international.  La Tunisie soutient l’appel lancé pour contenir la récession mondiale et réformer le système financier international, a-t-il dit.  Le représentant a préconisé l’élaboration d’un code de conduite, sous forme d’une convention internationale engageant, sous l’égide de l’ONU, toutes les instances de contrôle, en vue d’encadrer les méthodes de travail du système financier international et d’y prévenir le surplus de liquidité.  Il a aussi salué la décision d’introduire plus de souplesse dans les instruments de prévention et de résolution des crises du FMI, et a indiqué que sa délégation se joignait à l’appel lancé pour accroître rapidement l’accès des pays les plus pauvres à des ressources dans le cadre des facilités concessionnelles.  La Tunisie estime aussi qu’il est nécessaire d’étendre le contrôle à tous les organismes financiers dont les activités recèlent un facteur de risque, y compris les fonds souverains et les fonds d’investissement, et de garantir l’adéquation entre les engagements des institutions financières et leurs fonds propres, a dit M. Snoussi.  « Notre pays appuie, d’autre part, le consensus dégagé au niveau du G-20 en matière de respect de la règlementation financière des produits dérivés, de réforme des agences de notation et de règlementation applicable aux filiales des compagnies étrangères par les pays hôtes », a-t-il souligné.


M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a rappelé que les banques africaines sont souvent la propriété de groupes bancaires étrangers qui risquent de réduire leur soutien aux banques locales en temps de crise.  La dépréciation des devises locales affecte le coût des importations, a-t-il ajouté, ce qui se répercute sur le prix des biens de consommation et l’accès à l’alimentation.  Le représentant a indiqué que les transferts de fonds des travailleurs migrants ont joué un rôle important dans les finances du Ghana, et il a dit craindre que la réduction de ces flux, conséquence de l’augmentation du chômage dans les pays d’accueil, n’ait un impact sur la vie des populations du Ghana.  Il a noté que les effets de la crise vont rendre plus difficile le remboursement de la dette des pays en développement, ce qui va entrainer le refinancement et la restructuration.  Le représentant a ensuite expliqué comment le Gouvernement ghanéen lutte pour atténuer les effets de la crise, notamment en réduisant les taux d’intérêt et en recapitalisant les institutions financières.  Il a enfin appelé à réformer le système financier international et à donner plus de voix aux pays d’Afrique dans les forums de décision affectant leurs économies.


M. ARAYA DESTA (Érythrée) s’est félicité du Document final de la Conférence, qui a été adopté vendredi.  Il a dénoncé la cupidité humaine à l’origine de la crise, la pire crise financière et économique que l’on ait connue dans un passé récent, qui accroît dramatiquement la pauvreté mondiale.  L’Érythrée souffre ainsi de la réduction du tourisme, de l’augmentation du chômage et de la diminution des capitaux, a-t-il déploré.  Les économistes estiment que la croissance économique des pays africains va chuter de 2 à 4 points de pourcentage à cause de la crise, a-t-il indiqué.  Le représentant a averti des risques de plus en plus grands que courent ces pays en ce qui concerne la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  La diminution des exportations touche aussi les pays en développement, a-t-il souligné.  Il a donc appelé la communauté internationale à adopter des mesures qui permettraient d’éviter une nouvelle crise et d’atténuer les effets de celle qui frappe en ce moment le monde, avec notamment une réforme des institutions financières internationales, et plus particulièrement, de la gouvernance du FMI.


Mme YAVEL FRANCIS LANUZA (Panama) a souligné les problèmes économiques graves qui se posent pour les pays en développement du fait de la crise, et qui viennent s’ajouter aux difficultés qu’ils rencontrent déjà dans leur développement.  Les résultats de la Conférence doivent se traduire en recommandations viables en fonction des besoins des régions, des pays et des systèmes représentés à l’Assemblée générale, a-t-elle estimé.  Il faut renforcer les systèmes financiers dans nos pays, a-t-elle ajouté, en respectant les situations économiques propres à chaque État.  L’économie du Panama, par exemple, repose sur des services régis par un système réglementaire institutionnel responsable, qui respecte, en outre, les normes financières internationales, a-t-elle dit.  La représentante a ensuite appelé à la mise en place d’une coopération plus grande entre les pays développés et les pays en développement, et elle a exhorté les États Membres à respecter les accords financiers déjà en vigueur entre certains pays.


M. RETA ALEMU NEGA (Éthiopie) a réaffirmé la détermination du continent africain à poursuivre la mise en œuvre de mesures concrètes sur le plan économique, afin de renouer avec la croissance et le progrès social amorcés au cours des trois dernières décennies.  Le représentant a ajouté que l’heure était venue pour la communauté internationale d’appréhender l’impact de la crise financière et économique internationale de manière équilibrée, en recapitalisant les institutions financières, mais aussi en allouant aux pays les plus touchés les ressources nécessaires à leur relèvement et à la relance de leur économie.  Le représentant a ensuite appuyé la création d’un conseil de coordination économique mondial telle que cela est recommandé par la Commission Stiglitz, qui stipule que cet organe devrait être largement représentatif des intérêts des pays en développement. 


M. ANTONIO PEDRO MONTEIRO LIMA (Cap-Vert) a souligné qu’un pays comme le sien, de petite taille et insulaire, subit de plein fouet les effets de la crise, alors qu’il est loin d’en être responsable.  Il a appelé à bien comprendre les causes de la crise pour la juguler et la surmonter.  Pour sauver le monde, il ne faut pas hésiter à agir sur le fond du problème, a-t-il souhaité.  Il a rappelé les prévisions selon lesquelles il y aura, l’année prochaine, 53 millions de personnes de plus souffrant de l’extrême pauvreté.  Le représentant a aussi averti des risques de ralentissement des progrès accomplis dans la réalisation des OMD.  Il a donc lancé un appel en faveur de la réforme des institutions financières internationales et à améliorer la cohérence du système des Nations Unies, tout en invitant aussi les pays à plus de solidarité.  Le Cap Vert demeure un pays très vulnérable du fait, notamment, de l’érosion rapide des sols et de la désertification.  Il ne produit que 20% de ses besoins alimentaires, a ajouté le représentant.  Mais le pays respecte l’état de droit et investit dans le secteur social, a-t-il fait valoir.  Il a cependant indiqué que les revenus du tourisme baissent et que les transferts de fonds des migrants à l’étranger diminuent, mettant en péril l’économie du pays.


M. ALEXANDRU CUJBA (République de Moldova) a expliqué que, dans l’examen des effets de la crise sur l’économie, il ne faut pas oublier qu’elle atteint les individus dans leur vue quotidienne.  Étant donné l’impact négatif de cette crise, il est indispensable d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement rapidement, a-t-il affirmé.  Il a donc réitéré l’importance, pour les pays développés, de respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD).  Le Gouvernement moldove salue les engagements du G-20 destinés à rétablir la confiance dans le système mondial, a-t-il dit.  La majorité des indicateurs économiques pour le premier trimestre 2009 en République de Moldova étaient à la baisse, a-t-il signalé.  Mais des mesures anticrise ont été prises, a-t-il ajouté, notamment pour protéger l’emploi et maintenir la stabilité du secteur financier.


M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a estimé que le protectionnisme mène à une impasse, notamment lorsqu’il est utilisé pour exercer une pression sur les pays.  Il a souhaité que les Nations Unies prennent des mesures pour pallier la crise, en mettant l’accent sur le problème de l’accès aux ressources énergétiques.  Cet accès est primordial pour fournir une éducation de qualité aux populations et pour faire face aux conséquences des changements climatiques, a-t-il notamment indiqué. 


M. EMIL BREKI HREGGVIDSSON (Islande) s’est dit convaincu que le relèvement des économies les plus durement touchées par la crise financière et économique mondiale devait s’effectuer en tenant compte de la dimension humaine du phénomène.  Dans ce cadre, il a estimé qu’une coopération accrue entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods était essentielle et devait se faire par le biais d’une représentation plus équitable et d’un fonctionnement plus souple de la Banque mondiale et du FMI.  Il faut se garder des tentations protectionnistes, qui auront pour effet de saper davantage la poursuite de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a ajouté le représentant, qui a demandé aux États Membres d’honorer les engagements pris en matière d’amélioration de la fourniture de l’aide publique au développement aux pays dans le besoin et de faire plus d’efforts en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.  Ceci requiert un effort général, a-t-il dit.  Il a conclu en estimant que la présente Conférence s’inscrivait dans un processus décisif de réflexion venant en appui à l’action collective à mener dans le domaine du développement durable.  L’urgence est désormais de passer à l’action, a-t-il affirmé.


M. ADRIAN NERITANI (Albanie) a estimé que l’ONU avait une légitimité naturelle pour rassembler les États autour des questions internationales les plus importantes et prendre des décisions.  Une ONU réformée aurait un impact plus grand, a-t-il ajouté, en estimant que les changements à apporter devraient concerner l’autonomisation accrue des pays pour leur permettre de prendre en main leurs propres politiques de développement.  Pour le représentant, la conjonction des crises actuelles démontre que la modernisation et la démocratisation des Nations Unies sont une urgence, la première étape devant être la mise en place d’un dispositif d’alerte au profit des pays les vulnérables pour les aider à se relever rapidement et à poursuivre la mise en œuvre de leurs stratégies de développement. 


M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a déclaré que la communauté internationale faisait face à une crise économique et financière qui a débuté « il y a de cela plusieurs décennies ».  Ce qui la caractérise c’est le fait que les pays les moins responsables, à savoir les plus pauvres, sont les plus durement touchés, a-t-il ajouté.  Pour M. Tanin, la crise économique exacerbe les autres crises qui sont énergétique, environnementale et alimentaire, et continue de creuser le fossé séparant les nantis et les autres.  Le représentant a ensuite évoqué la situation des pays sortant d’un conflit, ainsi que ceux dépourvus de littoral, dont les difficultés à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et toute autre stratégie de développement les rendent de plus en plus dépendants envers l’aide extérieure.  Nous sommes convaincus que les Nations Unies occupent une place à part et peuvent jouer un rôle décisif concernant la coordination de la coopération internationale dans les domaines clefs que sont l’économie et les politiques socioculturelles, a ensuite noté M. Tanin.  L’ONU doit également coordonner les donations, en s’appuyant sur un système transparent, efficace et responsable, et en tenant compte du principe d’autonomisation. 


M. SIN SON HO (République populaire démocratique de Corée) a salué le fait que l’ONU, véritable forum universel, était désormais largement reconnue comme le possible chef de file des politiques économiques, commerciales, financières et autres, ce qui la rendrait à même de faire du XXIe siècle un siècle plus juste et plus équitable.  Il a noté que le Document final de la présente Conférence évoquait avec courage la perspective de mettre en place une monnaie de réserve internationale consensuelle et qui ne serait pas basée sur celle d’un seul pays, ainsi que la nécessité de renforcer les systèmes de régulation des institutions de Bretton Woods.  Il a en outre estimé que la Conférence avait instauré un nouveau modèle de négociations innovant sur la question de la réforme de l’architecture financière et économique mondiale, « qui repose presque uniquement, à ce jour, sur la suprématie du dollar ». 


Mgr CELESTINO MIGLIORE (Observateur permanent du Saint-Siège) a rappelé que, selon les estimations de la Banque mondiale, l’année 2009 verra 55 à 90 millions de personnes supplémentaires se retrouver dans la misère et souffrir de la faim.  Il a invoqué l’obligation morale de s’attaquer à cette situation, soulignant les initiatives des églises et des institutions qui mettent en place de nouvelles structures de solidarité et encouragent la communauté internationale à baser les systèmes financier et économique de la planète sur la justice, la solidarité et la subsidiarité.  Mgr Migliore a ensuite soutenu les mesures proposées pour réagir à la crise, en ce qu’elles assurent un équilibre entre l’action à court terme et la réforme du système économique et financier mondial.  Saluant les engagements pris lors du Sommet du G-20 en avril, à Londres, il a toutefois souhaité que l’aide qui y a été mentionnée soit accordée sans conditions aux pays en développement.  Il faut aussi garder à l’esprit les dimensions humaine et sociale de la crise, a-t-il préconisé.  Par ailleurs, le représentant du Saint-Siège a souligné la nécessité d’éliminer les subventions versées par les pays riches à leurs exportations agricoles, et a appelé à achever rapidement les négociations commerciales du Cycle de Doha, notamment pour renforcer les engagements en faveur des pays les moins développés.  Il a encore dénoncé le manque de valeurs et l’absence de moralité qui transparaissent des pratiques et des discussions économiques qui ont eu cours à ce jour, et a souhaité que l’individualisme laisse la place aux responsabilités partagées pour parvenir à une société humaine respectueuse de la dignité de tous ses membres.


M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) a annoncé que son pays a pris des mesures antirécession, ainsi que des mesures de précaution pour permettre aux marchés de fonctionner normalement.  Il a réaffirmé le rôle central que doit jouer l’ONU pour que l’on puisse s’attaquer efficacement aux incidences de la crise sur les plus vulnérables.  Mais pour cela, les activités de l’Organisation doivent être mieux coordonnées, a-t-il noté, appelant aussi à une plus grande cohérence entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, ainsi qu’entre les organismes précités et les organisations régionales.  Le représentant croate a estimé que la Conférence doit prendre en compte les mesures adoptées précédemment par le G20 pour atténuer les effets de la crise et assurer le relèvement de l’économie mondiale.  Il a aussi lancé un appel en faveur de la nécessité de réformer les institutions financières internationales et d’achever le cycle de négociations de Doha de l’Organisation mondiale du commerce, ces actions devant prendre en compte les problèmes des pays en développement.


M. NEBOJŠA KALUDJEROVIĆ (Monténégro) a estimé que, face à la crise financière et économique mondiale, l’ONU était le seul organe universel auquel sa légitimité et son influence naturelles confèrent un rôle de coordonateur de la mise en œuvre des politiques internationales de développement.  Le représentant monténégrin a également souligné que le règlement de la crise actuelle doit passer par la prise en compte des besoins spécifiques des pays en développement, et ce, en évitant toute forme de protectionnisme, dont l’effet est de marginaliser davantage les économies fragiles.  Pour relever les défis de la crise, le représentant a préconisé la multiplication des partenariats public/privé, la recherche de sources innovantes de financement du développement, la finalisation des négociations commerciales du Cycle de Doha d’une manière qui aboutisse à un commerce équitable et la promotion de politiques économiques de développement « vertes ». 


M. KHALID ABDULLAH KRAYYEM SHAWABKAH (Jordanie) a souligné l’importance d’une réaction multilatérale à la crise, car l’étendue du phénomène dépasse de loin les capacités de réaction d’un seul État ou d’un groupe d’États.  Il a rappelé que ce sont les pays en développement qui subissent le plus les effets de la crise, alors qu’ils en sont les moins responsables.  Ces pays n’ont pas toujours les capacités de faire face aux politiques protectionnistes et sont plus vulnérables aux fluctuations des marchés internationaux.  En outre, a-t-il ajouté, l’architecture financière internationale ne la rend pas apte à répondre de façon satisfaisante à la crise.  Tout en déclarant apprécier les efforts déjà menés par la communauté internationale, comme les mesures annoncées par le G-20, il a appelé à s’attaquer aux problèmes de fond, de façon coordonnée.  Il a déclaré que la Jordanie appréciait la série de mesures adoptées aux États-Unis pour stimuler l’économie, et qu’elle estimait que cela devait être reproduit dans d’autres économies.


M. ABDERRAHIM OULD HADRAMI (Mauritanie) a rappelé que, selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), 200 millions de travailleurs, vivant principalement dans les pays en développement, viendront bientôt renforcer le nombre de pauvres déjà existant, si aucune action n’est prise rapidement pour faire face à la crise.  Il s’est inquiété de l’impact de cette crise, en particulier en Afrique, et notamment sur les pays les moins avancés (PMA) qui n’ont pas la capacité de pouvoir accéder aux marchés financiers, ce qui les rend encore, en grande partie, beaucoup plus dépendants de l’aide extérieure pour le financement du développement.  La Mauritanie fait face à une sécheresse chronique, aux effets négatifs des changements climatiques, à l’avancée du désert et à la désertification, a-t-il signalé, avant d’expliquer les conséquences qui en découlent, comme par exemple l’obligation d’importer une grande partie des besoins alimentaires du pays.  Avant la recherche d’une solution globale à la crise, il est impératif de répondre aux besoins immédiats des plus vulnérables.  Il a suggéré pour cela de mettre à la disposition des PMA des financements concessionnels supplémentaires.  Il a aussi appelé à rebâtir l’architecture économique et financière internationale, dont il a jugé la formule actuelle totalement dépassée.


M. MADHU RAMAN ACHARYA (Népal) a estimé que face à l’ampleur et à la complexité de la crise financière et économique mondiale, les réponses à lui apporter devaient être claires et définies, en tenant compte des besoins spécifiques des pays les plus touchés.  Les pays les moins développés, notamment, ont besoin de ressources additionnelles, a-t-il dit, ceci en particulier pour y soutenir les services publics et y contrer les effets de la crise alimentaire.  Il a ajouté que dans ce contexte, il revient aux Nations Unies d’être le chef de file de la mise en œuvre des programmes de développement dans les pays les plus vulnérables.  De même, l’ONU doit être là pour accompagner la réforme de l’architecture financière internationale et redonner confiance aux pays dans le système économique mondial, a encore dit le représentant, qui a demandé la mise en place d’un plan de relance globale pour restaurer la croissance et redynamiser l’emploi. 


M. STEVE DICK TENNYSON MATENJE (Malawi) a averti que la crise économique et financière, étant combinée aux effets négatifs des inégalités entre les sexes, des changements climatiques, du VIH/sida, de la tuberculose et du paludisme, va entraîner rapidement une crise humanitaire sans précédent.  Au Malawi, le taux de croissance a dépassé l’objectif de 6% qui était visé pour les pays de l’Afrique subsaharienne, a-t-il indiqué.  Mais, si aucune action concrète n’est prise par la communauté internationale pour juguler la crise actuelle, le Malawi et d’autres risquent de connaitre un brusque retour en arrière et de sombrer dans la pauvreté, a-t-il averti.  À cet égard, il s’est félicité de l’adoption du Document final de la Conférence, qui a eu lieu vendredi.  Pour un pays comme le Malawi, il faut tout faire pour que la production alimentaire puisse répondre aux besoins des ménages, a-t-il indiqué.  Il a signalé également le caractère indispensable de la lutte contre les changements climatiques, l’agriculture étant le secteur principal de l’économie du Malawi.  Le représentant a enfin réaffirmé le rôle de l’ONU dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement dans les pays en développement, mais il a appelé à la réformer pour qu’elle puisse agir avec plus d’efficacité et de cohérence.  Il a d’autre part invité la communauté internationale à rebâtir l’architecture financière internationale pour que les pays en développement participent davantage à sa gouvernance. 


Mme MARINA ANNETTE VALÈRE (Trinité-et-Tobago) s’est réjouie de ce que le Fonds monétaire international (FMI) ait décidé de revoir son système de prêt, en particulier concernant les pays à moyen revenu.  Nous attendons avec impatience que le Fonds aille plus loin dans la réforme de son système de gouvernance, a-t-elle ajouté, estimant qu’il en allait de la légitimité et de l’efficacité dont doit faire preuve cette institution clef pour répondre aux défis de la crise financière et économique mondiale actuelle.  Après avoir également salué les initiatives lancées par la Banque mondiale pour accroître et améliorer l’aide au relèvement des économies les plus fragiles, la représentante a appelé au renforcement des mécanismes régionaux, ainsi qu’à l’harmonisation, à cette échelle, des places financières et des législations fiscales, commerciales et en matière d’assurance.  Ceci, selon elle, représente un des moyens les plus rapides et efficaces de protéger les secteurs économiques vitaux. 


M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies, a attiré l’attention sur la situation économique qui règne dans Gaza, « où, dans le contexte actuel de crise, se poursuit le blocus inhumain d’Israël, qui sape toute possibilité d’essor économique ».  Se référant aux rapports les plus récents de l’ONU et de la Banque mondiale, il a ajouté que malgré la générosité de la communauté internationale, l’économie palestinienne ne pourrait redémarrer tant que se poursuivront « les politiques punitives et illégales de l’occupation israélienne ».  Nous appelons la communauté internationale à exercer les pressions nécessaires pour que soit mis fin à ces pratiques, a-t-il dit, en estimant que pour l’heure, elles rendent presque inutile l’assistance que l’on veut apporter à Gaza. 


Le représentant du Fonds commun pour les produits de base (CFC), M. ALI MCHUMO, a fait sienne la recommandation du Secrétaire général des Nations Unies de mettre rapidement en place une initiative mondiale des produits de base pour accélérer la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Pour cela, il nous faut mobiliser un appui le plus large possible parmi les États Membres, la question pouvant être discutée dans le cadre d’un prochain débat sur le développement durable, a-t-il suggéré.  Concluant son intervention, il a rappelé qu’au cours des 30 dernières années, le Fonds commun avait fourni un soutien de choix en faveur du développement, facilitant notamment l’accès des pays en développement au marché. 


M. ALESSANDRO MOTTER, de l’Union interparlementaire (UIP), a rappelé qu’au cours des 10 dernières années, l’Union avait travaillé en étroite coopération avec les différents parlements pour donner aux travaux des Nations Unies une dimension parlementaire.  Il s’agit là d’une stratégie de coopération reflétée dans les résolutions de l’Assemblée générale, a-t-il ajouté, avant de proposer le lancement d’une démarche de ce type pour renforcer les liens entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods dans le contexte de la crise financière et économique mondiale.  M. Motter a estimé que la crise avait une portée morale, et qu’elle exigeait qu’on lui apporte des réponses nouvelles où s’équilibrent la voix de la société, le rôle de l’État et les dynamiques du marché. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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