CS/9829

Le Président du Groupe de haut niveau de l’Union africaine sur le Darfour estime que le règlement de la crise dépendra de la capacité des soudanais à s’unir lors des prochaines échéances électorales

21/12/2009
Conseil de sécuritéCS/9829
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6251e séance – matin


LE PRÉSIDENT DU GROUPE DE HAUT NIVEAU DE L’UNION AFRICAINE SUR LE DARFOUR ESTIME QUE LE RÈGLEMENT DE LA CRISE

DÉPENDRA DE LA CAPACITÉ DES SOUDANAIS À S’UNIR LORS DES PROCHAINES ÉCHÉANCES ÉLECTORALES


Pour le Président de la Commission de l’Union africaine,

les élections de 2010 et le référendum de 2011 sur le Sud-Soudan auront un impact sur toute l’Afrique


« Un accord de paix au Darfour ne pourra être trouvé que par le biais d’un règlement négocié par les Soudanais eux-mêmes », a souligné ce matin le Président du Groupe de haut niveau de l’Union africaine sur le Darfour et ancien Président de l’Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, devant les membres du Conseil de sécurité. 


Venu présenter aux côtés du Président de la Commission de l’Union africaine, M. Jean Ping, le rapport du Groupe de haut niveau sur la crise au Darfour, M. Mbeki a précisé que, depuis sa création il y a six mois, le Groupe de haut niveau avait procédé en partant du principe qu’aucune solution ne saurait être imposée au peuple soudanais.  « Le rapport reflète les aspirations en matière de paix, de justice et de réconciliation nationale de toutes les parties prenantes, soudanaises et darfouriennes, à la crise du Darfour », a-t-il assuré.


M. Mbeki a souligné qu’il était nécessaire que les prochaines négociations sur le Darfour soient achevées avant la tenue des élections générales de 2010 et avant l’organisation « de tout dialogue national préparatoire au référendum sur le statut du Sud-Soudan prévu pour 2011 ».  Les populations du Darfour ne doivent pas se sentir exclues de ces échéances cruciales, ce qui aurait pour conséquence d’accroître leur marginalisation, a-t-il estimé, précisant que ce « ce problème est à l’origine du conflit armé qui a débuté en 2003 ». 


Insistant sur le fait que les objectifs de paix, de justice et de réconciliation sont inextricablement liés, le Président du Groupe de haut niveau a plaidé en faveur de la conclusion d’un accord politique inclusif et équilibré, « qui ne privilégie aucune dimension au détriment d’une autre ».  Il a en outre mis l’accent sur le fait que la crise du Darfour est une manifestation de la crise postcoloniale plus profonde qui secoue le Soudan depuis des décennies.  C’est pourquoi, a-t-il dit, le règlement de la crise du Darfour devra tenir compte de la situation historique du Darfour dans l’évolution du Soudan », a-t-il considéré.


M. Ping s’est également dit convaincu que le conflit au Darfour était d’abord un problème soudanais et que son règlement dépendait, essentiellement, des Soudanais eux-mêmes, avec l’appui de la communauté internationale. 


« Nous sommes venus auprès des Nations Unies pour solliciter votre appui », a-t-il déclaré, avant d’affirmer que le rapport du Groupe de haut niveau était l’instrument « adéquat » pour atteindre les objectifs de paix, de justice et de réconciliation nationale nécessaires pour mettre un terme au conflit du Darfour et accompagner la mise en œuvre de l’Accord de paix global. 


« L’urgence est grande », a insisté le Président de la Commission de l’Union africaine.  Il a cité à son tour les deux échéances majeures qui s’annoncent avec les élections générales d’avril 2010 et le référendum d’autodétermination de janvier 2011 sur le statut du Sud-Soudan, des événements qui auront selon lui un impact sur l’ensemble du continent.


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a, pour sa part, jugé que le Groupe de haut niveau pouvait apporter une contribution inestimable à l’« atterrissage en douceur » auquel les Nations Unies et l’Union africaine, par le biais notamment de leurs missions, travaillent pour aider les parties à l’Accord de paix global à surmonter leurs éventuelles divergences qui apparaîtraient au lendemain des élections et du référendum. 


« Il s’agit d’une question vitale pour le Soudan lui-même, mais aussi pour les pays voisins, et l’Afrique en général », a ajouté le Secrétaire général.  Saluant les efforts du Groupe de haut niveau pour répondre aux enjeux difficiles de la justice et de la réconciliation au Soudan, il a rappelé qu’il faudrait garder à l’esprit l’importance de la mise en œuvre de la résolution 1593, par laquelle le Conseil de sécurité avait déféré la question de la situation au Darfour à la Cour pénale internationale (CPI).


À l’issue de cette réunion, le Conseil de sécurité a tenu une séance privée sur le rapport du Groupe de haut niveau. 


RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que cette réunion du Conseil de sécurité était un symbole important de la collaboration entre l’Union africaine et les Nations Unies.  C’est également une démonstration concrète de notre engagement commun à travailler avec le peuple soudanais pour l’aider à relever les défis auxquels il est confronté.  Le rapport du Groupe de haut niveau de l’Union africaine sur le Darfour, a-t-il estimé, fournit une évaluation sincère et une analyse profonde de la situation au Soudan tout en faisant des propositions nombreuses sur la marche à suivre.  « Par-dessus tout peut-être, les membres du Groupe ont insisté sur la nécessité d’appréhender la situation au Soudan dans sa totalité », a noté M. Ban, qui a fait remarquer qu’ils explicitent clairement les liens existants entre la crise qui sévit actuellement au Darfour et les efforts plus larges pour appliquer l’Accord de paix global.  Ces conclusions nous parviennent à un moment critique, a-t-il dit.  Des élections prévues en avril prochain et un référendum prévu en 2011 détermineront l’avenir du Soudan, a rappelé le Secrétaire général.  Si le Parti du Congrès national et le Mouvement populaire de libération du Soudan, tous deux parties à l’Accord de paix global, ont pris des mesures en prévision de ces deux échéances majeures, il reste cependant beaucoup à faire, a poursuivi M. Ban.  Ni les élections, ni le référendum ne constituent une fin en soi, a-t-il fait observer.  C’est pourquoi, la gestion des résultats –quelle qu’en soit l’issue- exigera une coopération authentique entre les deux partis, a-t-il prévenu.


Par ailleurs, les violences –au Sud-Soudan en particulier- se poursuivent à un niveau et avec une fréquence choquants, a regretté le Secrétaire général.  Au Darfour, le processus de paix a atteint un seuil critique.  Le Médiateur en chef conjoint Union africaine-Nations Unies pour le Darfour, M. Djibril Bassolé, a coopéré avec le Gouvernement du Qatar pour donner un nouvel élan en permettant à la société civile de s’exprimer pleinement dans le cadre des pourparlers de paix.  Les représentants de la société civile et les mouvements armés se sont mis d’accord pour reprendre à Doha, le 18 janvier 2010, les consultations, qui seront suivies, le 24 du même mois, de pourparlers directs entre le Gouvernement soudanais et les mouvements.  Les efforts doivent se poursuivre afin d’encourager le Gouvernement soudanais, et les mouvements rebelles en particulier, à faire des concessions et à rejoindre le consensus auquel œuvre M. Bassolé.  De l’avis du Secrétaire général, le Groupe de haut niveau et la communauté internationale dans son ensemble ont un rôle critique à jouer à cet égard.  « En apportant un soutien sans équivoque à la mission de M. Bassolé, nous adresserons un message vigoureux à toutes les parties pour qu’elles s’engagent dans les négociations qu’il supervise », a-t-il dit.  Au-delà de ces efforts, le Groupe peut faire une contribution inestimable à l’« atterrissage en douceur » auquel nous travaillons tous pour aider les parties à l’Accord de paix global à surmonter leurs divergences, au lendemain des élections et du référendum.  C’est une issue vitale pour le Soudan lui-même, mais aussi pour les pays voisins, et l’Afrique en général, a ajouté le Secrétaire général.  Saluant enfin les efforts du Groupe de haut niveau pour répondre aux enjeux difficiles de la justice et de la réconciliation au Soudan, il a rappelé qu’il faudrait garder à l’esprit l’importance de la mise en œuvre de la résolution 1593, par laquelle le Conseil de sécurité avait déféré la question de la situation au Darfour à la Cour pénale internationale (CPI).


En conclusion, M. Ban a déclaré qu’au-delà de la codirection de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), il fallait veiller à ce que les activités des deux organisations soient mutuellement profitables, au service du peuple soudanais.


M. JEAN PING, Président de la Commission de l’Union africaine, a déclaré que le Darfour, qui constituait le cadre de la première opération hybride entre l’Union africaine et les Nations Unies, symbolisait l’unicité des liens entre ces deux organisations.  Au Soudan, comme dans d’autres situations de crise sur le continent, a-t-il dit, l’avenir résidera de plus en plus dans l’action commune et la conjonction des efforts sur la base des avantages comparatifs respectifs de l’ONU et de l’Union africaine.  Il a rappelé que le Groupe de haut niveau de l’Union africaine sur le Darfour a été mis en place, le 21 juillet 2008, par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, animé par la conviction que les défis de la paix, de la justice et de la réconciliation au Soudan étaient indissociables.  Il a précisé qu’au terme des six mois de son mandat, le Groupe de haut niveau a formulé des recommandations dont il a entretenu les acteurs soudanais et internationaux afin de s’assurer de leur faisabilité et dans le souci de bâtir le consensus le plus large possible autour de la démarche proposé, compte tenu notamment des acquis de l’Accord de paix au Darfour conclu à Abuja en 2006.  Il a estimé que l’approche du Groupe de haut niveau consistant à passer plus de 40 jours au Darfour, à la fois dans les zones sous contrôle gouvernemental et celles contrôlées par les mouvements d’opposition, avait conféré au Groupe de haut niveau et à son rapport une autorité inégalée. 


Le Président de la Commission de l’Union africaine s’est dit convaincu que le conflit au Darfour était d’abord un problème soudanais et que son règlement dépendait de façon primordiale des Soudanais eux-mêmes, avec l’appui de la communauté internationale.  Il a précisé que les recommandations formulées par le Groupe de haut niveau étaient l’émanation des préoccupations des parties soudanaises et non une construction déconnectée de leurs réalités ou que l’Union africaine chercherait à imposer.  Toutes les parties soudanaises, a-t-il rappelé, ont marqué leur attachement à l’impératif de la justice, dont le respect facilitera la recherche de la paix, étant entendu que justice et réconciliation sont inextricablement liées.  M. Ping a également estimé qu’il était de la plus haute importance d’inscrire le règlement de la crise du Darfour dans le contexte plus global du règlement de la crise qui affecte le Soudan depuis son indépendance, dont l’inégalité fondamentale qui caractérise la relation entre le centre et les périphéries soudanaises.  Ces inégalités, a-t-il ajouté, expliquent en partie les différentes rébellions que connaît le Soudan.


Par ailleurs, M. Ping a rappelé que le rapport du Groupe de haut niveau et ses recommandations ont été entérinés par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, lors de la réunion qu’il a tenue au niveau des chefs d’État et de gouvernement à Abuja le 29 octobre 2009. « Le Conseil de paix et de sécurité, a-t-il poursuivi, m’a demandé de créer un Groupe de mise en œuvre de haut niveau, constitué des anciens Présidents Thabo Mbeki, Pierre Buyoya et Abdulsalami Abubakar afin de faciliter la concrétisation des recommandations qui ont été faites et d’assister les parties soudanaises dans l’application de l’Accord de paix global et d’autres processus connexes, comme éléments de la transformation démocratique du Soudan ».  Ce Groupe de mise en œuvre, a indiqué M. Ping, s’est rendu au Darfour, il y a quelques jours, pour rencontrer l’ensemble des parties prenantes et appuyer les recommandations du Conseil de paix et de sécurité.  Sur la base de cette visite, le Groupe de mise en œuvre a élaboré un plan d’action indiquant les activités à entreprendre aussi bien en ce qui concerne le Darfour que l’Accord de paix global. 


« Nous sommes venus auprès des Nations Unies pour solliciter votre appui », a-t-il dit, en ajoutant qu’il était convaincu qu’« avec le rapport du Groupe, la méthodologie qui a guidé sa démarche et le caractère global de sa vision et de ses recommandations, les réactions positives des parties soudanaises, y compris du Gouvernement d’unité nationale, nous disposons aujourd’hui d’un instrument adéquat pour atteindre nos objectifs ».  « Nous sommes à un tournant pour mettre un terme au conflit du Darfour et accompagner la mise en œuvre de l’Accord de paix global », a estimé M. Ping.  L’urgence est grande, a-t-il insisté, en citant les deux échéances majeures qui s’annoncent avec les élections générales d’avril 2010 et le référendum de janvier 2011, lesquelles permettront aux populations du Sud-Soudan de se prononcer sur leur autodétermination.


M. Ping a estimé que ce qui se jouait dans le plus grand pays du continent africain partageant ses frontières avec neuf autres États était d’une importance existentielle pour l’Afrique.  Il a assuré que l’Union africaine était convaincue que les Soudanais avaient la capacité de se hisser au niveau des responsabilités historiques qui sont les leurs et de transcender leurs divergences pour le bien de leur pays et de l’Afrique.  Il a rappelé que la mission confiée au Groupe de haut niveau de l’Union africaine était destinée à promouvoir l’approche globale de la solution de la crise au Soudan, ainsi que la transformation démocratique et pacifique du pays en complétant harmonieusement les mandats de la MINUAD, de la médiation conjointe et de la MINUS « sans chevauchement des tâches, ni querelles de compétences ».  Le Soudan se doit d’aller de l’avant, et l’Afrique est déterminée à apporter toute l’assistance requise à cet égard, sur la base du rapport du Groupe de haut niveau qui est devenu la stratégie et la source d’inspiration des activités de l’Union africaine au Soudan, a-t-il souligné, en appelant la communauté internationale à soutenir les solutions que se seront appropriées les Soudanais et que l’Afrique aura soutenues.


M. THABO MBEKI, Président du Groupe de haut niveau de l’Union africaine sur le Darfour, a déclaré d’emblée qu’un accord de paix au Darfour ne peut être trouvé que par le biais d’un règlement négocié par les Soudanais eux-mêmes.  C’est dans cet esprit que le Groupe de haut niveau a procédé en partant du principe qu’aucune solution ne saurait être imposée au peuple soudanais, a-t-il dit.  Évoquant le rapport du Groupe de haut niveau, M. Mbeki a souligné que les recommandations qui y figurent reflètent les positions et les aspirations en matière de paix, de justice et de réconciliation nationale de toutes les parties prenantes, soudanaises et darfouriennes, à la crise du Darfour. 


L’ancien Président de l’Afrique du Sud a ensuite fait observer que le rapport du Groupe de haut niveau insiste sur la nécessité que les prochaines négociations sur le Darfour soient conclues avant la tenue des élections générales de 2010 et avant l’organisation de tout dialogue national préparatoire au référendum sur le statut du Sud-Soudan prévu pour 2011.  Les populations du Darfour ne doivent pas se sentir exclues de ces échéances cruciales, ce qui aurait pour conséquence d’accroître leur marginalisation, un problème à l’origine du conflit armé qui a débuté en 2003, a-t-il fait remarquer. 


Pour M. Mbeki, il existe un consensus au Darfour et au Soudan sur les divers éléments d’un accord politique global sur le Darfour, et « les populations du Darfour insistent dans ce cadre pour qu’une paix négociée soit conclue le plus tôt possible ».  Les objectifs de paix, de justice et de réconciliation, comme nous le soulignons dans le rapport, sont liés, et c’est pourquoi l’accordque nous envisageons doit être équilibré, sans privilégier une dimension au détriment d’une autre, a déclaré le Président du Groupe de haut niveau.  M. Mbeki a mis l’accent sur le fait que la crise du Darfour est une manifestation de la crise postcoloniale plus profonde qui secoue le Soudan depuis des décennies. 


La crise du Darfour est née de la concentration du pouvoir et des richesses par une élite basée à Khartoum, qui a conduit à la marginalisation et l’appauvrissement de la périphérie darfourienne, a ainsi considéré M. Mbeki.  Le règlement de la crise au Darfour doit, a-t-il insisté, prendre en compte la situation historique du Darfour dans l’évolution du Soudan.  M. Mbeki a insisté sur l’importance de promouvoir l’unité nationale, l’ONU ayant un rôle inestimable à jouer à cette fin et pour accompagner la démocratisation du pays.  Il a de nouveau appelé les parties soudanaises à œuvrer en faveur d’un climat propice à la tenue d’élections générales en 2010 et à respecter la volonté qu’exprimera le peuple du Sud-Soudan lors du référendum d’autodétermination de 2011.  Le Groupe de haut niveau de l’Union africaine travaillera aux côtés des parties pour qu’au lendemain de ces échéances déterminantes, la construction de la paix se poursuive, a indiqué M. Mbeki, précisant que cet effort implique le contrôle de la situation à la frontière entre le nord et le sud du pays, a indiqué M. Mbeki.  Il a ainsi attiré l’attention sur la nécessité pour le Soudan, dont les frontières sont communes avec neuf autres pays du continent africain, de parvenir à normaliser rapidement ses relations avec les pays voisins.  Le rapprochement entre le Soudan et le Tchad pour apaiser les tensions entre les deux États doit être salué, a-t-il dit.  Avant de conclure, M. Mbeki a réaffirmé que les questions du règlement de la crise du Darfour, de la mise en œuvre de l’Accord de paix global dans le cadre des relations entre les parties nord et sud du pays, de la démocratisation du Soudan et de la normalisation des relations de ce denier avec les pays voisins, devaient être appréhendées simultanément et de toute urgence. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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