CS/9816

La tenue des élections d’avril 2010 exige, au préalable, la sécurité en République centrafricaine, souligne le Président de la formation Centrafrique de la CCP

15/12/2009
Conseil de sécuritéCS/9816
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Conseil de sécurité                                        

6240e séance – matin                                       


LA TENUE DES ÉLECTIONS D’AVRIL 2010 EXIGE, AU PRÉALABLE, LA SÉCURITÉ EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, SOULIGNE LE PRÉSIDENT DE LA FORMATION CENTRAFRIQUE DE LA CCP


La Représentante spéciale en République centrafricaine déclare devant le Conseil que le Bureau intégré de l’ONU sera opérationnel au 1er janvier 2010


Le Conseil de sécurité a fait le point, ce matin, sur la situation en République centrafricaine.  L’accent a été mis sur la nécessité de sécuriser le pays dans la perspective des élections de 2010 et sur la transformation en cours du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BONUCA) en un Bureau intégré (BINUCA).  La nécessité pour la communauté internationale d’appuyer financièrement les réformes engagées au titre du Cadre stratégique de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a également été soulignée.


Mme Sahle-Work Zewde, Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef du Bureau d’appui des Nations Unies pour la  consolidation de la paix en République centrafricaine, qui s’adressait pour la première fois devant le Conseil de sécurité, a ainsi déclaré que la signature en 2008 de l’Accord de paix de Libreville et la tenue d’un dialogue politique inclusif au cours de la même année, avaient « redonné l’espoir à la population qu’un retour à la normale est possible en République centrafricaine ».  Elle a estimé que, dans ce contexte, le succès des élections prévues pour avril 2010 ainsi que la mise en œuvre effective du programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) allaient déterminer le destin politique du pays.


Commentant le rapport du Secrétaire général dont étaient saisies les délégations, la Représentante spéciale a noté avec satisfaction que la Commission électorale indépendante avait été établie en octobre dernier et que les Nations Unies avaient signé un mémorandum d’accord avec le Gouvernement centrafricain pour assurer une assistance au processus électoral, « un effort soutenu par l’Union européenne (UE), l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Union africaine (UA) ».


Mme Zewde a cependant mis en garde contre les divers facteurs susceptibles de compromettre le calendrier électoral.  « Certains acteurs politiques tentent de créer un vide constitutionnel pour demander une prorogation de l’administration en place », a-t-elle dit, ajoutant que d’autres dirigeants incitaient à la haine et aux divisions.  La Représentante spéciale a en outre déclaré que l’insécurité générée par les groupes armés ayant refusé de se joindre aux processus de paix, les mouvements de l’Armée de libération du Seigneur (LRA) dans certaines zones du pays et le retard pris dans la mise en œuvre de volets du programme de DDR représentaient une menace grave à la poursuite de l’ensemble du processus de paix en République centrafricaine. 


« Un échec du programme de DDR risque de compromettre le processus électoral et de déstabiliser le pays », a averti, de son côté, M. Jan Grauls, Président de la formation République centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix et Représentant permanent de la Belgique auprès des Nations Unies.  Toutes les conditions politiques et de sécurité préalables ne semblent pas encore en place, a estimé M. Grauls, citant les récents accrochages à Ndélé qui « témoignent de la persistance de tensions interethniques dans le nord-est » du pays, alors que, dans le nord-ouest, des embuscades exposent à des risques le déploiement d’observateurs militaires.


M. Grauls a appelé le Gouvernement centrafricain à « redoubler ses efforts de dialogue et de médiation » entre les groupes ethniques et armés afin de créer « l’environnement propice » pour assurer le succès du programme de DDR qui doit « démarrer comme prévu avant la fin de l’année » et sans lequel, la tenue, « dans le calme », des élections d’avril 2010 ne pourra être envisagée.


S’agissant de la transformation du BONUCA en BINUCA, Mme Zewde a fait savoir qu’avec la coopération du Département des affaires politiques et du Département de l’appui aux missions, le BONUCA avait entrepris les efforts nécessaires pour qu’il commence à fonctionner à la date prévue, soit le 1er janvier 2010.  Elle a demandé au Conseil de sécurité d’appuyer cette phase de transition pendant laquelle devront être mis en place des mécanismes de coordination avec l’ensemble des composantes du système des Nations Unies présentes en République centrafricaine. 


Pour sa part, M. Grauls a rappelé que la Commission de consolidation de la paix avait plaidé en faveur de la transformation du BONUCA en Bureau intégré et avait salué en ce sens la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité du 7 avril dernier.  « Le Bureau intégré permettra d’offrir la coordination et la cohérence nécessaires à la consolidation de la paix », a-t-il estimé. 


Dans son rapport, le Secrétaire général de l’ONU affirme que « la création du BINUCA devrait donner un nouvel essor aux activités que mène l’Organisation en République centrafricaine et permettre de mieux coordonner les activités des différents organismes du système présents sur le terrain, afin que les Nations Unies parlent d’une seule voix et adoptent une approche cohérente pour régler les problèmes complexes auxquels se heurte la République centrafricaine ».


La Représentante spéciale a, par ailleurs, annoncé que 10 millions de dollars alloués par le Fonds pour la consolidation de la paix avaient été débloqués pour financer les projets prioritaires destinés à renforcer le combat contre la pauvreté, la réforme du secteur de la sécurité et la lutte contre la corruption.  Elle a assuré que pour accélérer la mise en œuvre de ces projets, le Comité directeur du Fonds et les ministères centrafricains concernés réfléchissaient à des stratégies à privilégier à cette fin. 


L’application du Cadre stratégique de la Commission de la consolidation de la paix constitue le meilleur moyen pour relever efficacement les défis auxquels fait face la République centrafricaine dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance et de l’état de droit, a estimé Mme Zewde. 


Sur ce point, M. Grauls a fait observer que, si depuis l’adoption au printemps du Cadre stratégique pour la consolidation de la paix, « feuille de route de nos travaux », des « progrès significatifs » avaient été accomplis, la communauté internationale devait se mobiliser plus énergiquement pour soutenir l’assistance technique aux activités concernées. 


M. Grauls a rappelé que le programme de DDR, d’un montant de 27 millions de dollars, était financé par le Fonds pour la consolidation de la paix, l’Union européenne, mais « aussi et surtout » par des organisations régionales et sous-régionales telles que la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).


L’Ambassadeur Grauls a en outre annoncé que, dans les six prochains mois, une table ronde des bailleurs de fonds aura lieu pour relancer la mobilisation des ressources à l’appui de la réforme du secteur de la sécurité et du lancement des pôles de développement.


Le Représentant permanent de la République centrafricaine auprès des Nations Unies, M. Fernand Poukré-Kono, a, quant à lui, déclaré que les Centrafricains et leur Gouvernement aspiraient désormais à la paix. 


« Pour rompre la logique du conflit, les autorités nationales ont accordé la priorité à la mise en œuvre des activités de désarmement, démobilisation et réintégration auxquelles un seul groupe rebelle refuse toujours de se joindre », a-t-il dit.  Le représentant a considéré que la restauration de la confiance entre la population civile et les forces de sécurité était un enjeu majeur en vue de la tenue de l’organisation « pacifique » des élections d’avril prochain. 


« Le Code électoral a été adopté et la Commission électorale indépendante est opérationnelle.  Son budget de 331 millions francs CFA va lui permettre, avec l’assistance du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), d’élaborer un programme concret », a également indiqué M. Poukré-Kono.  « Les élections peuvent se tenir conformément au calendrier établi », a-t-il ensuite estimé, ajoutant qu’un travail d’accompagnement était nécessaire car « même si l’appropriation du processus électoral doit rester nationale, la communauté internationale a le devoir d’aider la République centrafricaine à mettre en œuvre les différents programmes de consolidation de la paix ». 


Le représentant a assuré que le Gouvernement de la République centrafricaine, conformément au vœu du Secrétaire général, comptait profiter de l’allègement de sa dette extérieure pour juguler les dettes intérieures qui « compliquent la conduite des réformes économiques ». 


LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE


Rapport du Secrétaire général sur la situation en République centrafricaine et sur les activités du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans ce pays (S/2009/627)


Dans le dernier rapport qu’il présente avant que le Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BONUCA) ne soit remplacé par un bureau intégré du même nom (BINUCA), le Secrétaire général souligne que le processus de consolidation de la paix en République centrafricaine a considérablement progressé depuis que le BONUCA est devenu opérationnel en février 2000.


Le Secrétaire général note que le Bureau a joué un rôle déterminant dans la signature de l’Accord global de paix de Libreville en 2008 et dans la tenue d’un dialogue politique sans exclusive à Bangui, en décembre 2008.  « La création du BINUCA devrait donner un nouvel essor aux activités que mène l’Organisation en République centrafricaine et permettre de mieux coordonner les activités des différents organismes du système présents sur le terrain, afin que les Nations Unies parlent d’une seule voix et adoptent une approche cohérente pour régler les problèmes complexes auxquels se heurte la République centrafricaine », estime M. Ban Ki-moon.


Le Secrétaire général note en outre que la création de la Commission électorale indépendante marque une étape importante vers l’organisation d’élections en 2010.  Il invite ainsi la communauté internationale à appuyer fermement la Commission et le processus électoral en République centrafricaine, la tenue d’élections pacifiques et crédibles étant « indispensable pour entretenir la dynamique créée par le dialogue politique sans exclusive, établir une démocratie stable dans le pays et promouvoir une paix et un développement durables ».


Dans cette optique, le Secrétaire général exhorte le Gouvernement centrafricain à garantir la libre circulation et la sécurité de tous les acteurs, en particulier les membres des partis d’opposition, de sorte qu’ils puissent mener leur campagne électorale dans tout le pays sans être la cible d’actes d’intimidation ou de harcèlement.  Il exhorte aussi les candidats à la présidence et leurs partisans à placer l’intérêt national au-dessus des intérêts bassement politiques et personnels et de faire preuve, « par des paroles et des actes », d’un sens élevé des responsabilités civiques et d’un profond respect des droits de leurs concitoyens, afin de faciliter l’instauration d’un climat pacifique « avant, pendant et après les élections ». 


« Il faut absolument exécuter au plus vite les phases de désarmement et de démobilisation pour que les élections puissent avoir lieu en 2010 », demande par ailleurs le Secrétaire général, car tout retard supplémentaire dans le lancement du programme de désarmement, démobilisation et réintégration « risquerait de créer un climat de frustration chez les ex-combattants qui attendent d’être désarmés et qui pourraient être contraints de retomber dans la violence ».


En ce qui concerne la coopération régionale, M. Ban considère que pour régler la question de l’insécurité transfrontière, l’ONU devra continuer, aux côtés de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), d’appuyer le processus tripartite lancé par le Cameroun, la République centrafricaine et le Tchad en 2005 pour mener des opérations conjointes de lutte contre ce phénomène.


Le Secrétaire général félicite le Gouvernement centrafricain pour sa gestion économique qui lui a notamment permis d’obtenir l’annulation de plus de 506 millions de dollars de dette extérieure.  Il l’encourage à saisir l’occasion que lui offre l’allègement de sa dette pour investir dans les secteurs essentiels de l’économie du pays afin de stimuler la croissance économique et de créer des emplois.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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