Région des Grands Lacs: l’Envoyé spécial souligne, devant le Conseil de sécurité, les résultats positifs pour la paix et la stabilité du rapprochement entre la RDC et le Rwanda
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Conseil de sécurité
6215e séance – matin
RÉGION DES GRANDS LACS: L’ENVOYÉ SPÉCIAL SOULIGNE, DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ, LES RÉSULTATS POSITIFS POUR LA PAIX ET LA STABILITÉ DU RAPPROCHEMENT ENTRE LA RDC ET LE RWANDA
L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, M. Olusegun Obasanjo, a fait le point, ce matin, sur la situation dans la région où, depuis un an, il mène aux côtés de son cofacilitateur, l’ex-Président de la République-Unie de Tanzanie, M. Benjamin Mkapa, des efforts pour aider les parties à trouver une issue aux crises successives.
S’adressant aux membres du Conseil de sécurité, M. Obasanjo a axé son intervention sur les conséquences positives du rapprochement entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda.
Il a ainsi salué le fait que la menace que représente la présence des groupes armés dans la région, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), avait considérablement baissé au cours des derniers mois, grâce en particulier aux opérations militaires conduites par l’armée congolaise. Il a également noté que le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) n’existait plus en tant qu’organisation politico-militaire.
M. Obasanjo s’est attardé sur les effets positifs des accords conclus entre le Président de la RDC, M. Joseph Kabila, et le Président du Rwanda, M. Paul Kagame. Il a rappelé que les négociations entre les deux dirigeants avaient culminé, une première fois, avec la décision qu’ils avaient prise, en août dernier, d’unir leurs forces pour mettre fin à la présence des FDLR sur le sol congolais. Il a noté que depuis ce rapprochement et les opérations militaires qui ont suivi, le CNDP, « qui s’est débarrassé lui-même de Laurent Nkunda », avait évolué positivement au point de soutenir une solution politique au conflit congolais, « en dépit de divisions persistantes ». L’Envoyé spécial s’est en outre félicité de la conclusion d’accords de coopération économique entre la RDC et le Rwanda et du rétablissement de leurs relations diplomatiques marqué, au cours de ces deux dernières semaines, par l’échange d’ambassadeurs entre Kinshasa et Kigali.
Pour M. Obasanjo, le rapprochement profond entre les deux pays reste cependant fragile et le rétablissement de la confiance entre les peuples congolais et rwandais « prendra du temps ». Il a fait savoir que, dans le but de consolider ce rapprochement, il conduirait le mois prochain une mission d’évaluation de l’état d’avancement de la mise en œuvre des différents accords entre la RDC et le Rwanda. « En janvier 2009, nous établirons un rapport final basé sur les dernières observations en date des dirigeants de l’Union africaine réunis lors d’un sommet sur la situation dans la région des Grands Lacs et, en particulier, en RDC », a ajouté l’Envoyé spécial.
Évoquant les moyens d’une sortie de crise « définitive », M. Obasanjo a annoncé qu’en vue d’empêcher tout regain des tensions, il allait demander aux Nations Unies de transformer son bureau d’appui à Nairobi en un poste qui lui permettrait de suivre de près l’application des Accords de paix, signés le 23 mars 2009, à Goma, entre le Gouvernement de la RDC et le CNDP, ainsi que les efforts entrepris au niveau régional pour empêcher la reprise des violences et pour consolider les rapprochements entre les deux États.
« Pour s’attaquer réellement aux causes sous-jacentes de la récurrence des crises régionales, je recommande une action menée sous l’égide des Nations Unies, de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et des partenaires internationaux de développement pour renforcer les institutions de gouvernance de la RDC », a déclaré M. Obsanajo.
Concernant précisément les Accords du 23 mars, M. Obasanjo a fait observer que, conformément aux dispositions prévues, une loi sur l’amnistie avait été promulguée et la transformation des groupes armés en partis politiques se poursuivait, tout comme la libération des prisonniers politiques et la mise en œuvre des programmes de reconstruction dans les zones les plus affectées par le conflit.
L’Envoyé spécial a cependant souligné que l’intégration des éléments militaires dans l’armée congolaise s’effectuait à un rythme trop lent. « Ce problème a sapé l’action du Gouvernement congolais depuis les Accords de Sun City, en 2002, et il reste la principale cause d’instabilité en République démocratique du Congo », a-t-il estimé. De l’avis de M. Obasanjo, sans un appui international coordonné, il y a peu de chance pour que l’intégration militaire soit achevée de manière efficace dans un futur proche, ce qui pourrait avoir pour conséquence le retour à l’époque où les chefs de guerre régnaient dans la région des Grands Lacs.
M. Obasanjo a aussi signalé que le retour structuré des réfugiés et des personnes déplacées continuait également de poser problème, même si le nombre de retours spontanés des personnes déplacées a récemment augmenté. « Le processus de retour des réfugiés dispersés dans le pays voisins de la République démocratique du Congo devra être géré de manière prudente pour éviter une reprise des hostilités entre les communautés des deux Kivus », a-t-il préconisé.
M. Obasanjo a par ailleurs déploré qu’à ce jour, certaines des dispositions les plus importantes des Accords du 23 mars n’aient toujours pas été mises en œuvre, comme la création d’un mécanisme de réconciliation nationale et d’une force de police de proximité. Exhortant les parties à lancer des réformes visant à améliorer la gouvernance et à mieux contrôler l’exploitation des ressources naturelles, M. Obasanjo a conclu en affirmant qu’à court terme, il serait indispensable d’identifier les moyens d’élargir la participation des éléments des ex-groupes armés à la vie politique de la nation congolaise.
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