Conseil de sécurité: le soutien de la MINURCAT au Détachement intégré de sécurité tchadien reste essentiel pour la mise en œuvre de son mandat, déclare Edmond Mulet
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Conseil de sécurité
6204e séance – matin
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE SOUTIEN DE LA MINURCAT AU DÉTACHEMENT INTÉGRÉ DE SÉCURITÉ TCHADIEN RESTE ESSENTIEL POUR LA MISE EN ŒUVRE DE SON MANDAT, DÉCLARE EDMOND MULET
Le soutien de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) au Détachement intégré de sécurité tchadien (DIS) reste essentiel pour accomplir certains des objectifs qui sont liés à la mise en œuvre de son mandat, a déclaré ce matin au Conseil de sécurité M. Edmond Mulet, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix.
M. Mulet, qui présentait le dernier rapport du Secrétaire général en date sur la MINURCAT, a appelé le Conseil de sécurité à l’aider à obtenir les fonds nécessaires pour permettre à la MINURCAT de poursuivre cet appui.
Comme le Détachement intégré de sécurité -la Force de police communautaire tchadienne chargée de maintenir la loi et l’ordre dans les camps de réfugiés, de déplacés et dans les principales villes de l’est du Tchad et de contribuer à créer un environnement propice à la conduite des activités humanitaires- est maintenant déployé, la MINURCAT a désormais pour tâche d’améliorer sa formation et ses capacités, a expliqué M. Mulet.
À cette fin, de même que pour financer de nouveaux programmes dans les secteurs de la justice et des prisons, le fonds fiduciaire de la MINURCAT a besoin de 21,7 millions de dollars pour 2010, a précisé le Sous-Secrétaire général, notant que lors de la Conférence des bailleurs de fonds, qui s’était tenue à Bruxelles le 2 octobre dernier, la Commission européenne, la France, le Luxembourg, la Norvège et les États-Unis avaient annoncé un montant total de 14,5 millions de dollars. Convaincu qu’il s’agit là d’un « engagement ferme des bailleurs de fonds à soutenir le Détachement intégré de sécurité », lequel est « reconnu et grandement apprécié », M. Mulet a demandé aux membres du Conseil de sécurité de l’aider à obtenir les 7,2 millions de dollars manquants auprès d’autres bailleurs.
La MINURCAT et le Gouvernement tchadien « atteindront bientôt une phase clef avec la transition progressive vers une appropriation et un financement nationaux du Détachement intégré de sécurité », a plaidé M. Mulet, qui a estimé que le soutien de la communauté internationale demeure essentiel pour aider le Gouvernement tchadien à prendre en charge la responsabilité de cette « capacité nationale vitale ».
M. Mulet a présenté quelques données actualisées depuis la rédaction du rapport. Il a notamment précisé qu’au 19 octobre, la MINURCAT disposait de 2 750 hommes, soit 53% de ses effectifs autorisés et continuait de faire tout son possible pour assurer le déploiement de tous les contingents promis, malgré les difficultés citées dans le rapport. En même temps, il a fait remarquer que le départ prochain de certaines unités de transport et de soutien logistique actuellement présentes allait poser quelques difficultés dans l’attente de l’arrivée de nouveaux contingents entre décembre 2009 et mars 2010. Il a souhaité que le récent complément à l’Accord sur le statut de la mission, signé le 15 octobre entre la MINURCAT et le Gouvernement tchadien, permette de régler certaines questions juridiques qui avaient retardé l’équipement des contingents.
Malgré ces défis, la MINURCAT continue de bâtir la confiance, y compris par des opérations très visibles de lutte contre la criminalité, a estimé M. Mulet, qui a en outre fait état du lancement, le 17 octobre dernier, d’une campagne destinée à mettre fin aux violences à l’encontre des femmes.
Alors que la saison des pluies touche à sa fin, le Sous-Secrétaire général s’est toutefois dit préoccupé par les rumeurs, qui ont été démenties par le Gouvernement de N’Djamena, concernant la présence des forces du Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) dans le nord-est du Tchad, ainsi que de rumeurs similaires concernant la présence de membres des groupes d’opposition armée tchadiens du côté soudanais de la frontière.
Quant à la situation dans le nord-est de la République centrafricaine, M. Mulet a assuré qu’elle s’était « dans une certaine mesure stabilisée ». Il a toutefois ajouté que la situation demeurait imprévisible et que les sources sous-jacentes de l’insécurité, notamment les tensions ethniques, n’ont pas encore été résolues. Il a conclu en encourageant le Gouvernement de la République centrafricaine à favoriser le dialogue intercommunautaire et à commencer un processus de désarmement crédible dans la région.
LA SITUATION AU TCHAD, EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE ET DANS LA RÉGION
Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (S/2009/535)
Dans ce rapport trimestriel soumis en application de la résolution 1861 (2009) du Conseil de sécurité, le Secrétaire général décrit l’évolution de la situation politique, humanitaire et en matière de sécurité dans l’est du Tchad et dans le nord-est de la République centrafricaine depuis le 14 juillet, date de son précédent rapport. Il fait également le point des progrès enregistrés dans la mise en place de laMission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT).
Le Secrétaire général constate que la saison des pluies a provoqué une pause dans les affrontements entre les groupes de l’opposition armée tchadienne et le Gouvernement du Tchad et a obligé les bandits à réduire leurs activités. De ce fait, le nouveau Détachement intégré de sécurité (DIS) tchadien et la MINURCAT ont pu « entamer une phase de consolidation et de renforcement de leur capacité d’appui à l’action humanitaire », écrit M. Ban, qui demande à la communauté internationale de continuer à fournir des ressources au Détachement intégré de sécurité.
La MINURCAT a accompli des « progrès constants, quoique limités », vers ses principaux objectifs, écrit le Secrétaire général. Il rappelle qu’au 15 septembre dernier, la Mission comptait 2 665 soldats, soit 51% de l’effectif autorisé de 5 225 militaires. L’accroissement des effectifs depuis le rapport précédent est faible, reconnaît-il, ajoutant que le « gros des unités de combat et de soutien n’est pas encore arrivé ». Le Secrétaire général, qui impute cet état de fait essentiellement à la lenteur des opérations d’achat des fournisseurs de nouvelles unités, constate que l’insuffisance des moyens disponibles « continue d’empêcher la Force des Nations Unies de devenir pleinement opérationnelle ». Il rappelle en outre que le Secrétariat n’a toujours pas reçu d’engagement concernant 11 des 18 hélicoptères militaires de manœuvre demandés, alors même que la MINURCAT doit disposer de « moyens de projection militaire » capables de mener des opérations « de jour et de nuit par tout temps ».
Le Secrétaire général estime toutefois que la MINURCAT peut « progressivement assurer la sécurité dans l’ensemble de sa zone d’opérations » et ajoute qu’elle a conduit « une série d’opérations de grande envergure pour lutter contre la criminalité et le banditisme et garantir la sécurité des activités humanitaires ». Ces mesures ont permis de « créer des conditions permettant de continuer de fournir de l’aide humanitaire à ceux qui en ont le plus besoin pendant la saison des pluies », a-t-il dit. Une meilleure coordination entre la MINURCAT, le Détachement intégré de sécurité, la police et la gendarmerie tchadiennes a permis d’améliorer les procédures en matière de sécurité, poursuit M. Ban.
Le Secrétaire général estime que ces efforts, renforcés par les programmes de consolidation de la paix lancés « de manière bien synchronisée » par la communauté de l’aide humanitaire et du développement, « pourraient faciliter le retour volontaire » des réfugiés et des personnes déplacées dans leur lieu d’origine. Il rappelle que les organisations humanitaires fournissent de l’aide à 254 000 réfugiés soudanais, 70 000 réfugiés centrafricains et 171 000 personnes déplacées, ainsi qu’à quelque 150 000 membres de la population d’accueil touchés par le conflit. M. Ban avertit aussi que le Gouvernement tchadien et ses partenaires doivent encore « renforcer les capacités nationales de protection des civils ».
Ils doivent aussi, ajoute-il, « remédier aux causes de conflit armé » dans l’est du Tchad et dans la sous-région, « notamment les tensions entre le Soudan et le Tchad, les combats entre groupes rebelles et armée régulière au Tchad et au Darfour et les conflits interethniques locaux ».
Or, déplore le Secrétaire général, les initiatives de paix régionales « restent au point mort » du fait de tensions persistantes entre le Tchad et le Soudan. Il constate notamment que « l’engagement, pris à Doha le 3 mai dernier, n’a pas été tenu ». La poursuite des hostilités entre le Tchad et le Soudan éloigne les perspectives de règlement des conflits au Darfour et dans l’est du Tchad, ajoute-t-il. M. Ban estime toutefois que le déplacement du grand camp de réfugiés d’Ouré Cassoni, « s’il est conduit d’une manière qui en facilite la démilitarisation, pourrait contribuer à rétablir la confiance » entre le Soudan et le Tchad.
La paix et la stabilité ne pourront revenir durablement dans la région que si le Soudan et le Tchad règlent l’un et l’autre leurs conflits internes, écrit encore le Secrétaire général. Il juge « encourageante » la création par le Gouvernement du Tchad et les partis d’opposition d’une commission électorale indépendante chargée de superviser les futures élections législatives et présidentielle. M. Ban estime toutefois qu’il reste des progrès à accomplir sur d’autres aspects de « l’accord du 13 août ». Les perspectives de stabilité au Tchad « continuent de pâtir de l’absence d’un processus global de réconciliation nationale ». C’est pourquoi, il juge impératif que les groupes d’opposition armée tchadiens « renoncent à la solution militaire et engagent un véritable dialogue politique avec le Gouvernement du Tchad ».
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