Kosovo: la MINUK est « inextricablement coincée » entre les perceptions divergentes de Belgrade et de Pristina sur son rôle
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Conseil de sécurité
6202e séance – après-midi
KOSOVO: LA MINUK EST « INEXTRICABLEMENT COINCÉE » ENTRE LES PERCEPTIONS DIVERGENTES DE BELGRADE ET DE PRISTINA SUR SON RÔLE
Comme les représentants de la Serbie et du Kosovo, les membres du Conseil restent fermes sur leur position face à la déclaration unilatérale d’indépendance
La Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) est « inextricablement coincée entre les perceptions divergentes de Belgrade et de Pristina sur son rôle », a déclaré, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUK, M. Lamberto Zannier.
Lors du débat du Conseil, les représentants de Belgrade et de Pristina ont confirmé par leurs discours ces positions totalement opposées, qualifiées de « guérilla stérile » par le représentant de la France. Les membres du Conseil se sont eux aussi montrés aussi divisés sur le sujet que par le passé, les États-Unis et le Royaume-Uni appelant à un rôle international plus grand pour la « République du Kosovo » et plus réduit pour la MINUK, alors que la Fédération de Russie insistait sur la primauté de la MINUK par rapport à toute autre présence internationale dans la région.
Après sa reconfiguration effective au 1er juillet, la MINUK est devenue « plus compacte et plus politiquement ciblée », a déclaré M. Zannier, en présentant le dernier rapport en date du Secrétaire général sur le Kosovo. S’il a pu faire état de divers progrès et d’une certaine collaboration pratique sur le terrain, notamment avec Belgrade, M. Zannier a constaté que la Mission restait « inextricablement coincée » entre les visions opposées des deux parties sur son rôle. Belgrade, a-t-il précisé, veut un rôle robuste pour la MINUK, alors que Pristina considère que sa mission est achevée. M. Zannier a notamment fait remarquer que les dirigeants du Kosovo avaient évité tout contact avec lui depuis plusieurs mois, et qu’il n’avait pu être reçu par le Président Sedjiu du Kosovo qu’à la veille de sa venue à New York.
M. Zannier a indiqué que le principal fait politique du moment est la préparation des élections municipales du 15 novembre, les premières depuis la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo, qui seront organisées entièrement par les autorités kosovares. Il a souhaité que les serbes du Kosovo, actuellement très divisés, y participent, afin de profiter de la décentralisation pour renforcer la maîtrise sur leur destin.
Ces élections sont illégitimes, a rétorqué le Ministre des affaires étrangères de la Serbie, car elles ne sont pas organisées par la MINUK sous contrôle international. M. Jeremić, qui a demandé au Conseil de sécurité de soutenir la MINUK, « acteur essentiel » au Kosovo, a répété que la Serbie « ne reconnaîtra jamais la déclaration unilatérale d’indépendance », laquelle représente « un défi pour la paix et la sécurité internationales ». Il a appelé tous les États à attendre l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ), saisie par l’Assemblée générale d’une demande d’avis consultatif sur la légalité internationale de la déclaration unilatérale d’indépendance.
Au nom du Kosovo, M. Skender Hyseni a, au contraire, insisté sur les progrès réalisés dans le développement des institutions de la « République du Kosovo ». Il a affirmé que les priorités de son gouvernement restaient le renforcement de l’état de droit, la stabilité macroéconomique, la solidification des secteurs clefs de la justice, de la sécurité et de la sûreté et « surtout le bien-être des minorités ». Il a ajouté que Pristina mettait tout en œuvre pour assurer le retour, dans la dignité, des Serbes du Kosovo dans leur foyer, et il a déploré « l’ingérence de la Serbie », accusée d’exercer en permanence des pressions sur les Serbes du Kosovo et de « semer la confusion sans proposer de solution » à leurs problèmes.
Les deux orateurs ont eu un vif échange sur la criminalité au Kosovo. M. Jeremić a parlé du Kosovo comme du « centre d’un réseau international sinistre de trafic d’armes, de stupéfiants et de traite des êtres humains », et M. Hyseni a répliqué: « Nous lutterons contre le crime et la corruption mais c’est nous qui assumerons ce rôle ». « La Serbie, a-t-il ajouté, ne sera jamais plus autorisée à tenir des tribunaux au Kosovo ».
Le représentant de la France a déploré cette « guérilla politique et juridique stérile », estimant qu’elle ne correspond pas à la volonté des deux peuples. « Nous sommes conscients de ce que représente l’indépendance du Kosovo pour la Serbie », a ajouté le représentant, qui a néanmoins appelé Belgrade à « continuer à faire preuve de responsabilité » et à s’engager dans la voie de l’intégration européenne. Il a par ailleurs estimé que la réorganisation de la présence internationale au Kosovo s’était faite « dans de bonnes conditions ».
Avec sa reconfiguration, la MINUK doit se concentrer sur les domaines où elle peut jouer un rôle utile et pertinent, a estimé, pour sa part, le représentant du Royaume-Uni qui a souhaité que la MINUK dispose de ressources proportionnées à son nouveau rôle. Il a en outre estimé que « la République du Kosovo est un fait permanent de la scène internationale et devrait pouvoir jouer pleinement son rôle dans les instances internationales ».
Au contraire, le représentant de la Fédération de Russie a estimé que la MINUK devrait avoir la primauté sur toute autre présence internationale dans la région. Il a condamné comme des « actes criminels » les appels à la suppression et a fustigé les tentatives de marginalisation des représentants de la MINUK. Reprochant à Pristina une attitude « non constructive », il a également annoncé son intention de signaler lors des audiences de la CIJ que la délégation kosovare avait eu « illégalement accès au Siège de l’ONU » pendant le débat général de l’Assemblée générale, dont l’enceinte est « uniquement prévue pour les délégations officielles des États Membres ».
RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998),1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo ( S/2009/497 )
Dans ce rapport soumis en application de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité et qui concerne la période du 1er juin au 15 septembre 2009, le Secrétaire général écrit que la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) a « achevé avec succès sa restructuration et atteint l’effectif autorisé de 510 hommes au 1er juillet ». Il rappelle que la structure et la taille de la MINUK ont dû être progressivement modifiées du fait de l’évolution de la situation sur le terrain depuis la déclaration d’indépendance du Kosovo, en mars 2008, et le déploiement de la Mission État de droit menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX).
Suite à cette restructuration, la MINUK est « entrée dans une nouvelle phase », marquée par « un souci de faciliter la coopération concrète » entre les communautés, et entre les autorités de Pristina et de Belgrade, déclare M. Ban Ki-moon. Il ajoute toutefois que, sur ce dernier point, les efforts de son Représentant spécial et chef de la MINUK, M. Lamberto Zannier, « n’ont guère donné de résultats ». S’il reconnait aux autorités de Belgrade « le désir d’adopter une approche pragmatique pour résoudre certains problèmes en suspens », il constate que les autorités de Pristina « ont posé des conditions préalables qui compliquent la situation ».
Le Secrétaire général rappelle que les efforts de M. Zannier s’inscrivent dans « un contexte politique où la prise de décisions par les autorités de Pristina et Belgrade est dictée par leurs préoccupations quant à la manière dont la Cour internationale de Justice (CIJ) pourrait interpréter leurs actes ». La CIJ a été saisie fin 2008 par l’Assemblée générale, suite à une requête de la Serbie, d’une demande d’avis consultatif sur la question de savoir si la déclaration d’indépendance du Kosovo est conforme au droit international, rappelle M. Ban, qui précise par ailleurs que 62 États ont désormais reconnu l’indépendance du Kosovo, lequel est devenu le 29 juin membre des cinq institutions formant le Groupe de la Banque mondiale.
Le Secrétaire général constate en revanche que les activités de médiation de la MINUK entre la communauté albanaise du Kosovo et la communauté serbe du Kosovo dans le nord du pays « se sont poursuivies avec succès » et ont permis de désamorcer des tensions locales en diverses occasions, « en étroite coopération avec EULEX et la KFOR ». Il encourage la MINUK à poursuivre ses efforts et demande à toutes les parties prenantes de reconnaître sa contribution et de lui apporter son soutien.
Le Secrétaire général invite les autorités de Belgrade et Pristina à user de leur influence « pour maintenir le caractère apolitique du processus de reconstruction et appeler au calme », en particulier dans le nord du Kosovo, où la situation en matière de sécurité demeure « tendue ». Dans ce contexte, le Secrétaire général juge essentielle la contribution d’EULEX et de la KFOR à la sécurité et à la stabilité. Il se dit heureux du renforcement de la coopération entre la MINUK et EULEX, qui est devenue pleinement opérationnelle au 1er avril « dans le cadre défini par la position de neutralité de l’ONU ». L’Organisation, ajoute-t-il, continue d’appuyer « le rôle de plus en plus actif » de l’Union européenne au Kosovo.
Le rapport du Secrétaire général contient en annexe un premier rapport sur les activités pendant le premier semestre 2009 de la Mission EULEX qui comptait, au 31 août, 1651 fonctionnaires internationaux et 998 agents locaux. Le rapport détaille les activités d’EULEX dans les domaines de la police, de la justice et des douanes.
Déclarations
M. LAMBERTO ZANNIER, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), présentant le rapport périodique du Secrétaire général, a expliqué qu’après sa reconfiguration, la MINUK est devenue « plus compacte et davantage axée sur les aspects politiques ». Les « réalités politiques » ont considérablement affecté les activités politiques de la MINUK, qui se concentre donc sur les activités communautaires et sur la représentation du Kosovo pour les activités extérieures de celui-ci auprès des États qui n’ont pas reconnu la déclaration unilatérale d’indépendance.
M. Zannier a jugé que la situation était restée en général calme, tout en ajoutant que la situation dans le nord du Kosovo garde un potentiel de déstabilisation, a fait remarquer M. Zannier, qui a estimé que la présence de la KFOR et de la MINUK avait permis de réduire les tensions. Il a affirmé que la question des retours ne devrait pas être politisée, avant de regretter que ces derniers soient beaucoup moins nombreux qu’on ne pourrait l’espérer.
Le paysage politique est dominé par la décentralisation et les élections municipales prévues le 15 novembre, a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général. Il a fait remarquer que l’attitude des Serbes allait du « rejet ouvert à l’engagement ». Il a rappelé que ces élections, les premières depuis la déclaration unilatérale d’indépendance en février 2008, doivent aussi permettre la création de quatre nouvelles municipalités à majorité serbe. Il a estimé que la participation des Serbes faciliterait le développement d’institutions locales multiethniques et permettrait une meilleure protection des intérêts de toutes les minorités tout en encourageant les retours.
La MINUK est « inextricablement coincée » entre les perceptions divergentes de Belgrade et de Pristina sur son rôle, a constaté M. Zannier. Il a rappelé que Belgrade souhaite un rôle robuste pour la MINUK, alors que Pristina considère que son rôle est achevé. Les relations ne sont donc pas faciles, a reconnu M. Zannier, faisant observer que chaque partie agit en tenant compte des interprétations que pourrait en faire la Cour internationale de Justice dans le cadre de la demande d’avis consultatif, relative à la légalité internationale de la déclaration unilatérale d’indépendance, dont elle est saisie. Le Représentant spécial a ainsi fait remarquer que les autorités de Pristina, « n’ayant pas obtenu la fermeture de la MINUK », avaient évité tout contact avec lui depuis plusieurs mois. Il a toutefois indiqué qu’il avait pu être reçu par le Président Sedjiu du Kosovo juste avant de venir à New York.
M. VUK JEREMIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a d’abord remercié « la majorité des Membres des Nations Unies qui respectent la souveraineté et l’intégrité de la Serbie ». Il a rappelé que la position de principe de son pays face à sa province du Sud reste inchangée- « La Serbie ne reconnaîtra jamais la déclaration unilatérale d’indépendance », a-t-il affirmé, expliquant qu’il s’agissait d’un devoir juridique, moral et politique et que le peuple serbe était uni sur cette question.
La déclaration unilatérale d’indépendance représente un défi pour la paix et la sécurité internationales que nous devons surmonter, a ajouté le Ministre, qui a rappelé qu’à la demande de la Serbie, la Cour internationale de Justice (CIJ) a été saisie par l’Assemblée générale d’une demande d’avis consultatif sur la légalité internationale de la déclaration unilatérale d’indépendance. C’est la première fois, a-t-il rappelé, que dans l’histoire de la Cour, elle aura à donner un avis consultatif sur la légalité d’une tentative de sécession par un groupe ethnique d’un État Membre de l’ONU en période de paix. Le nombre de pays qui vont exprimer leur position sur la question à La Haye lors des prochaines audiences de la CIJ sera un record, a-t-il fait observer. Il a demandé à tous les État Membres des Nations Unies de respecter le fait que la CIJ est actuellement saisie de cette demande, et a souhaité que la Cour ne soit soumise à aucune pression pendant son examen.
M. Jeremić a estimé que la MINUK reste un « acteur essentiel » au Kosovo et a demandé au Conseil de sécurité de la soutenir. En outre, la capacité de l’ONU à travailler efficacement avec la Mission EULEX de l’Union européenne ne doit pas être entravée et il est donc important que l’amendement au budget de la MINUK soit adopté rapidement par l’Assemblée générale et que tous les postes prévus soient pourvus, a-t-il ajouté. Le Ministre s’est félicité que le rapport du Secrétaire général salue « l’approche pragmatique » de Belgrade pour résoudre les questions d’ordre pratique.
M. Jeremić a rappelé que presque tous les officiers de police serbes du Kosovo sont retournés à leur poste après l’accord conclu en novembre dernier, ce qui, a-t-il estimé, contribue à la sécurité dans toute la province du Kosovo et, notamment, dans les enclaves serbes. Il s’est félicité de la signature d’un accord de coopération avec la Mission EULEX en matière de police qui, a-t-il déclaré, permettra de lutter contre la criminalité internationale et le terrorisme au Kosovo, qu’il a décrit comme « le centre d’un réseau international sinistre de trafic d’armes, de stupéfiants et de traite des êtres humains ». Il a regretté, en revanche, l’absence d’accord en matière juridique sur la compétence de la Cour de Mitrovica. Il a estimé que la coopération douanière entre Belgrade et la Mission EULEX est bonne, bien qu’elle demeure encore trop limitée. Il a salué le rôle de la KFOR et a affirmé que la Serbie continuera de coopérer avec elle, la présence de la KFOR dans la province, neutre par rapport au statut, restant nécessaire en particulier pour protéger les enclaves et lieux saints serbes, a-t-il affirmé. Le Ministre s’est dit opposé au transfert de la protection du site de Gazimestan de la KFOR à la police kosovare.
M. Jeremić a également salué la coopération avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui a permis, avec l’aide de la MINUK, de résoudre la question des coupures de courant imposées, selon lui, aux enclaves serbes. Il a salué les efforts de la MINUK pour assurer une protection durable du patrimoine serbe du Kosovo, tout en s’inquiétant de l’état de ce dernier. Citant plusieurs destructions ou menaces contre ce patrimoine, il a parlé de « nettoyage culturel ».
M. Jeremić a regretté que les autorités kosovares refusent de collaborer à la résolution pragmatique de différents problèmes dans la province, notamment pour améliorer les conditions de vie des habitants, et plus encore pour résoudre la question des personnes déplacées. Sur plus de 200 000 Serbes du Kosovo déplacés, seuls 31 ont exprimé le souhait de rentrer durant la période couverte par le rapport, a-t-il affirmé. Le Ministre a rappelé que les autorités albanaises de souche s’étaient, dans un village de Brdjani, opposées au retour des personnes déplacées serbes et avaient, au contraire, cherché à construire des logements pour des Albanais de souche.
Les élections municipales, prévues le 15 novembre, ne sont pas légitimes car elles n’ont pas été convoquées par la MINUK, a affirmé M. Jeremić, qui a fait observer que l’OSCE ne pourra les contrôler, ni les Nations Unies les valider. Regrettant une telle initiative, le Ministre a affirmé que si le scrutin avait pu être organisé dans le cadre de la résolution 1244, neutre par rapport au statut du Kosovo, il aurait été possible d’inciter la communauté serbe du Kosovo à y participer. Il s’est dit disposé à travailler avec une institution neutre comme l’OSCE en faveur d’une véritable décentralisation pour le Kosovo, fonctionnelle et acceptable pour toutes les communautés non albanaises directement concernées.
M. Jeremić a conclu en affirmant que la Serbie, fondamentalement engagée pour la protection de son intégrité territoriale, avait pour priorité stratégique centrale d’adhérer à l’Union européenne. Il s’est dit convaincu que, malgré les difficultés, la réconciliation est possible dans les Balkans, et que les divergences doivent être réglées à la table des négociations et non sur un champ de bataille. « Il y a eu assez de balles tirées dans les Balkans, nous ne devons jamais retomber dans le chaos de la guerre », a-t-il estimé avant de conclure.
M. SKENDER HYSENI, du Kosovo, a déclaré que depuis son intervention devant le Conseil de sécurité en juin dernier, des progrès avaient été réalisés dans le développement des institutions de l’État sur la base de la nouvelle Constitution de la République du Kosovo. Il a ajouté que depuis cette date, deux nouveaux États, la Jordanie et la République dominicaine, avaient reconnu l’indépendance du Kosovo. « Nous sommes depuis le 1er juin, membres du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, ce statut nous poussant chaque jour à faire plus pour lutter contre la corruption et la pauvreté, a ajouté M. Hyseni. Il a indiqué que les priorités de son gouvernement restaient le renforcement de l’état de droit, la stabilité macroéconomique, la solidification des secteurs clefs de la justice, de la sécurité et de la sûreté, et « surtout le bien-être des minorités ». M. Hyseni a fait savoir que son gouvernement mettait tout en œuvre pour assurer le retour, dans la dignité, des Serbes du Kosovo dans leur foyer, et ce, en finançant avec des fonds gouvernementaux le processus de retour des réfugiés, y compris la construction de maisons. Son pays, a-t-il dit, déplore l’ingérence de la Serbie en faveur des Serbes du Kosovo, qui subissent des pressions permanentes de Belgrade, les autorités centrales serbes appuyant les structures parallèles au nord du pays et entravant l’intégration de cette communauté à la vie publique au Kosovo.
Belgrade sème la confusion sans proposer de solution pour répondre aux problèmes des Serbes du Kosovo, a résumé M. Hyseni. S’il a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à coopérer avec la Mission EULEX pour lutter contre la criminalité et la corruption, M. Hyseni n’a pas manqué de faire remarquer que la situation dans la province était « calme et stable ». Par exemple, la campagne pour les prochaines élections municipales, qui a été lancée aujourd’hui, contribue à créer un climat positif, a-t-il dit, rappelant que le scrutin, pour lequel nous attendons une très forte participation, est prévu pour le 15 novembre. M. Hyseni a appelé les Serbes du Kosovo, en dépit des blocages et des appels au boycott orchestrés par Belgrade, de se rendre aux urnes, ce qui leur permettra à terme de participer de la manière la plus effective à la vie publique du Kosovo. M. Hyseni a également annoncé que le Kosovo venait de signer un accord commercial avec la (ex-République yougoslave de) Macédoine, « un acte qui participe de nos efforts de renforcer nos relations bilatérales avec nos voisins, en dépit des basses manœuvres de la Serbie qui bloquent notre participation dans les organisations régionales ». M. Hyseni a conclu en réaffirmant l’engagement absolu de son pays à devenir membre de l’Union européenne, l’avenir et l’essor de la région passant incontestablement, selon lui, par l’adhésion à l’Union des pays des Balkans occidentaux.
M. JOHANNES KYRLE, Vice-Ministre des affaires européennes et internationales de l’Autriche, s’est félicité de la restructuration de la MINUK et de ses efforts pour améliorer la coopération pratique entre les communautés. Il s’est dit très heureux de l’excellente coopération entre l’Union européenne et les Nations Unies au Kosovo. Il s’est félicité du retour des officiers de police serbes dans la police du Kosovo, tout en ajoutant qu’il faudrait redoubler d’efforts pour lutter contre la criminalité transnationale organisée. Il s’est dit préoccupé par des agressions récentes contre le personnel de la Mission EULEX. Il s’est félicité des perspectives de renforcement de la présence de la Mission EULEX dans le nord du Kosovo.
Le Ministre a estimé que l’adhésion récente du Kosovo au groupe de la Banque mondiale permettra au pays de se développer et contribuera à sa stabilisation. Il s’est toutefois dit inquiet des récentes tensions. S’il a salué la présence de listes serbes pour les prochaines élections municipales du Kosovo, il s’est inquiété de la présence de structures parallèles. Le représentant a souhaité que tous les groupes ethniques du Kosovo participent activement au scrutin de novembre, les premières depuis l’indépendance du Kosovo. Il a encouragé le pragmatisme et la modération afin que ces élections soient couronnées de succès. Il a rappelé son attachement à un Kosovo pacifique et multiethnique. Le Ministre a enfin rappelé que la Commission européenne a publié, hier, un rapport sur les défis et opportunités du Kosovo et présenté diverses propositions.
M. ERTUĞRULAPAKAN (Turquie) s’est dit convaincu que la MINUK, sous sa forme reconfigurée, continuera d’assurer les tâches qui lui sont confiées et contribuera à instaurer la paix et la stabilité au Kosovo, en coopération étroite avec la police de la Mission EULEX de l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il a salué le nombre croissant de pays qui reconnaissent le Kosovo et s’est félicité que ce dernier prenne les mesures nécessaires pour renforcer ses institutions démocratiques, en tant qu’État souverain et indépendant, ajoutant que la Turquie encourage ce processus et qu’elle est prête à apporter son soutien si nécessaire.
Avec la perspective des élections municipales du 15 novembre, qui seront les premières pour le Kosovo depuis sa déclaration d’indépendance, la participation des Serbes du Kosovo et des autres communautés sera décisive, a souligné le délégué. À ce titre, la participation de diverses entités politiques aux élections représente tout le spectre des communautés du Kosovo, a-t-il relevé, avant d’appeler la Serbie à encourager l’intégration des communautés de Serbes du Kosovo aux institutions de ce nouvel État et à encourager aussi leur participation aux élections.
M. Apakan a salué le travail des autorités kosovares dans le processus de décentralisation et a plaidé pour la poursuite de ces efforts, rappelant que la décentralisation joue un rôle clef pour la paix, la sécurité et la reconnaissance d’un avenir des Serbes au Kosovo. Il a noté les efforts du Gouvernement du Kosovo dans la reconstruction et la restitution de biens culturels, et exprimé le souhait de progrès pour les projets en cours, rappelant que ce volet joue un rôle important dans la formation d’un Kosovo multiethnique et multiculturel. Rappelant que la sécurité et la stabilité dans les Balkans est l’une des priorités de la Turquie, M. Apakan a déclaré que son pays était engagé à œuvrer en ce sens avec ses partenaires, et a appelé à aider davantage le Kosovo pour lui permettre d’intégrer les institutions internationales. Dans la même perspective de stabilité de la région, la communauté internationale devrait continuer d’encourager la Serbie dans son processus d’intégration aux structures européennes et euro-atlantique, a encore dit le délégué de la Turquie, ajoutant que son pays était déterminé à poursuivre ses relations amicales avec la Serbie.
M. PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) a estimé que le Kosovo continue de bien progresser dans divers domaines, dont l’état de droit et la coopération entre les communautés. Il s’est notamment félicité de la réintégration des 317 policiers serbes dans la police kosovare. Il a fait observer qu’un nombre croissant d’États Membres des Nations Unies –à ce jour 62- ont reconnu la République du Kosovo et a appelé les autres à suivre l’exemple. La République du Kosovo est un fait permanent de la scène internationale et devrait pouvoir jouer pleinement son rôle dans les instances internationales, a-t-il affirmé.
Avec sa reconfiguration, la MINUK doit se concentrer sur les domaines où elle peut jouer un rôle utile et pertinent, a déclaré le représentant, qui a souhaité que la MINUK dispose de ressources proportionnées à son nouveau rôle. Il a rendu hommage au travail accompli par la Mission EULEX et demandé au Gouvernement du Kosovo de continuer à travailler au profit de tous les Kosovars. Le succès des élections locales ne sera acquis qu’en encourageant la participation de toutes les communautés, a déclaré M. Parham. Le représentant du Royaume-Uni a estimé que les Serbes du Kosovo devraient reconnaître les avantages de ces institutions locales et y contribuer. Demandant au Gouvernement serbe de continuer à coopérer pour améliorer le sort des Serbes du Kosovo, il a regretté que la Serbie n’appuie pas ces élections, tout en se disant satisfait que Belgrade ait affirmé son intention de ne pas sanctionner les Serbes du Kosovo qui y participeront.
M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a salué la création du Bureau de la MINUK, une avancée importante qui devrait faciliter la coopération de toutes les parties, notamment de la MINUK et de la Mission EULEX. L’échange d’informations dans tous les secteurs clefs entre ces entités devra être encore renforcée, a encore noté le représentant, qui s’est ensuite dit satisfait par les progrès enregistrés en matière de décentralisation, « le processus devant se poursuivre avec une participation la plus représentative possible ». Le représentant a déploré les violences et tensions qui persistent dans le nord de la province: « nous demandons aux deux parties de faire preuve de retenue », a-t-il dit, en saluant les efforts conjoints de la MINUK, de la Mission EULEX et de la KFOR pour parvenir à une solution durable et pacifique favorable à tous les habitants de la région. Le représentant s’est aussi dit encouragé par les efforts entrepris par les autorités du Kosovo pour assurer un retour digne des Serbes du Kosovo dans leur foyer. Enfin, il a considéré que la communauté internationale devrait continuer à apporter un appui nécessaire à la MINUK pour que celle-ci puisse jouer aussi longtemps que nécessaire son rôle de maintien de la paix au Kosovo.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) s’est félicité de la coordination établie entre la MINUK et la Mission EULEX, ainsi que de la coopération établie dans des domaines importants tels que l’état de droit et la recherche de solutions pour les différends de nature communautaire. Sa délégation appelle les parties à s’acquitter de leurs obligations en coopérant avec la MINUK et la Mission EULEX, la présence de ces institutions étant fondamentale pour la sécurité, la stabilité et le développement de la région. M. Heller a rappelé qu’en vertu du droit international humanitaire, des droits de l’homme et du droit des réfugiés, les parties avaient l’obligation de créer des conditions favorables au retour « sûr, volontaire et non discriminatoire » des personnes déplacées, d’adopter aussi des mesures visant à faciliter ce retour, dont la reconstruction économique et le développement social des lieux d’accueil. La délégation du Mexique est « préoccupée par la situation humanitaire et le manque de conditions encourageant le retour des personnes déplacées et réfugiés dans leur foyer ». Le Mexique se joint à la recommandation du Secrétaire général en faveur d’un accroissement de la coordination stratégique et politique entre l’ONU et l’Union européenne, les exhortant à continuer d’œuvrer sur la base d’une stratégie commune pour faire face aux défis qui persistent au Kosovo.
M. JORGE URBINA (Costa Rica) s’est félicité de l’achèvement de la reconfiguration de la MINUK et de la bonne coopération entre cette dernière et la Mission EULEX. Le représentant a en outre salué la réintégration des policiers serbes du Kosovo dans les forces de police du Kosovo, un facteur qui ne pourra que contribuer à désamorcer les tensions ethniques, en particulier dans le nord du pays. Le représentant a souhaité que les projets de construction favorables au retour et à la réintégration des personnes déplacées se poursuivent dans le calme et la concertation. M. Urbina a aussi insisté sur l’importance, pour les autorités kosovares, de renforcer la légitimité du processus politique devant mener à l’édification d’un état démocratique. La consolidation des institutions politiques, en vue des élections municipales du 15 novembre prochain, devra ainsi permettre la tenue d’un scrutin transparent et juste, a indiqué le représentant. De l’avis de la sa délégation, le succès de ces élections aura un effet positif sur la gouvernance locale et le renforcement des droits de l’homme au Kosovo, « un État dont nous formons le souhait qu’il devienne un État multiethnique siégeant un jour au sein de l’Union européenne. »
M. GÉRARD ARAUD (France) a estimé qu’un an et demi après son indépendance, le Kosovo a contribué à renforcer la sécurité et la stabilité dans la région. Les droits des minorités sont respectés, conformément à l’engagement pris par les autorités kosovares, qui ont respecté le Plan Ahtisaari, a-t-il affirmé. M. Araud a rendu hommage au travail de la MINUK, de la Mission EULEX mais aussi aux Kosovars et aux Serbes, « qui ont fait le choix de la raison ». Certes, a-t-il reconnu, des difficultés demeurent mais, de manière générale, le Gouvernement du Kosovo a fait preuve de responsabilité et a tenu ses engagements, a estimé le représentant.
La réorganisation de la présence internationale s’est faite dans de bonnes conditions, a estimé M. Araud, qui a rappelé le double objectif de la Mission EULEX déployée par l’Union européenne : aider les autorités kosovares à renforcer leurs institutions et veiller au respect des engagements pris en matière d’état de droit.
« Nous sommes conscients de ce que représente l’indépendance du Kosovo pour la Serbie », a déclaré M. Araud, qui a néanmoins appelée cette dernière à « continuer à faire preuve de responsabilité » et à s’engager dans la voie de l’intégration européenne. Il a estimé que les propos tenus, devant le Conseil de sécurité, par le Ministre des affaires étrangères de la Serbie « vont en ce sens ». De même, il a considéré comme des « engagements forts qu’il convient de saluer » les déclarations de M. Hyseni. « Pourtant, a ajouté M. Araud, nous assistons de la part des deux parties à une « guérilla politique et juridique qui est stérile » et ne correspond pas à la volonté des deux peuples, avant d’ajouter : « Les peuples sont parfois en avance sur leur gouvernement ». M. Araud a toutefois relevé le « souci partagé » de Belgrade et de Pristina de discuter et les a donc invités à renouer au plus tôt le dialogue direct.
M. IBRAHIM O. A. DABBASHI(Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que la situation sur le terrain s’était améliorée grâce au déploiement de la Mission EULEX, dont la présence a facilité la reconfiguration adéquate de la MINUK. Le Bureau de la Mission a tenu compte des besoins des communautés, ces efforts devant être poursuivis, notamment en matière de protection des minorités et du retour volontaire des personnes déplacées dans leur foyer. Le représentant s’est ensuite dit préoccupé par les tensions qui sévissent toujours dans les municipalités du nord, qui sont de fait isolées des autres parties du Kosovo. La MINUK joue un rôle crucial de médiateur et en vue d’aplanir les difficultés entre communautés ethniques, a poursuivi le représentant. Il a condamné toute attaque contre la Mission dans ce contexte, le personnel des Nations Unie devant être protégé partout où il se trouve. Il a conclu en souhaitant que le dialogue et la coopération se poursuivent entre Pristina et Belgrade, « afin que la coexistence puisse s’installer durablement au Kosovo dans l’intérêt mutuel des communautés. Ces communautés, a-t-il ajouté, aspirent à vivre en paix et dans la prospérité. »
M. YUKIO TAKASU (Japon) a constaté que la reconfiguration de la MINUK est maintenant achevée. Il a noté le rôle de médiateur de la MINUK, y compris de son bureau de liaison de Belgrade. Il s’est félicité de la mise en place de la Mission EULEX et a demandé à toutes les parties de coopérer avec cette Mission. Il a déclaré attendre les élections municipales du 15 novembre et a souhaité qu’elles aient lieu dans un contexte libre, transparent et sûr. Le représentant a souhaité que ces élections puissent se dérouler partout, y compris dans le nord, et que toutes les communautés y participent. M. Takasu s’est félicité que le Kosovo ait été admis à la Banque mondiale. Il a rappelé que le Japon apporte une assistance humanitaire, notamment dans le nord du Kosovo.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a qualifié les propos de M. Hyseni de thèses contredisant la réalité sur place. « Notre position sur le Kosovo reste inchangée, la résolution 1244 du Conseil de sécurité conservant toute sa pertinence et sa portée contraignante », a-t-il dit. Le représentant a poursuivi en réaffirmant le plein appui de son pays à la MINUK, la primauté devant être accordée à la Mission par rapport à toute autre présence internationale dans la région. Il a ainsi condamné les appels à la suppression de MINUK comme des actes criminels qui la visent directement. Le représentant a également fustigé les tentatives de marginalisation des représentants de la MINUK, ceux-ci devant, a-t-il estimé, participer à tous les pourparlers sur tous les aspects pratiques concernant l’amélioration des conditions de vie des Serbes du Kosovo.
Pristina n’est pas constructive, a-t-il dit, car elle s’efforce de limiter la capacité de la MINUK. Il a ajouté qu’elle ignore le rôle de la MINUK en organisant la tenue des élections municipales du 15 novembre. M. Churkin a ensuite réaffirmé la volonté de son pays d’appuyer tous les efforts politiques destinés à parvenir à une solution juste et juridiquement acceptable sur le statut du Kosovo. Le 1er décembre, les auditions sur la « non-conformité de la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo débuteront à la CIJ », a rappelé M. Churkin. Il a annoncé que la de Fédération de Russie ne manquerait pas de signaler à cette occasion le fait que la délégation de Pristina a illégalement eu accès au Siège de l’ONU pendant le débat de l’Assemblée générale, « cette enceinte étant uniquement prévue pour les délégations officielles des États Membres. »
M. BONAVENTURE KOUDOUGOU (Burkina Faso) a salué les efforts du Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo pour limiter les tensions apparus dans le nord. Il s’est félicité de la coopération entre la MINUK, la KFOR et la Mission EULEX, et du plein déploiement de cette dernière. Il a invité toutes les parties concernées à assurer un déroulement pacifique du scrutin du 15 novembre. Il a souhaité qu’on mette l’accent sur l’amélioration des conditions sociales et économiques pour faciliter le retour des personnes déplacées et a souhaité que le patrimoine culturel serbe soit préservé. Il a souhaité que la MINUK puisse bénéficier de l’appui de la communauté internationale.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a salué le fait que la situation au Kosovo depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité était calme et stable, comme l’indique le Secrétaire général dans son rapport. Cependant, la situation dans le nord du Kosovo reste volatile, et la MINUK reconfigurée a encore beaucoup à faire pour faciliter le règlement de désaccords persistants entre Albanais et Serbes, a-t-il ajouté, en appelant les parties à faire preuve de retenue, dans leurs actes comme dans leurs déclarations. Belgrade et Pristina ont des divergences sérieuses concernant l’avenir de la province, a poursuivi le représentant. C’est pourquoi, il a appelé les parties à accroître leur compréhension et confiance mutuelle, en promouvant notamment conjointement le retour dans leur foyer des personnes déplacées serbes du Kosovo et les autres réfugiés qui en font la demande sur une base volontaire. Le représentant a demandé que la MINUK ne compromette pas la position neutre des Nations Unies et s’en tienne strictement à son mandat technique de médiateur et, aux côtés d’EULEX, d’instrument du maintien de la paix dans les Balkans.
M. RANKO VILOVIĆ (Croatie) s’est félicité des progrès continus réalisés par le Kosovo sur la voie d’une société démocratique et a remercié l’Union européenne pour son assistance. Tout en reconnaissant que la situation générale demeure calme, il s’est dit préoccupé par les récents incidents survenus au nord du Kosovo. Il s’est félicité du travail de la Mission EULEX à laquelle, a-t-il rappelé, la Croatie contribue. Il s’est également félicité de la coopération entre la Mission EULEX, la MINUK et d’autres partenaires internationaux.
Les élections municipales du 15 novembre, qui seront entièrement entre les mains de la Commission électorale kosovare, seront un test supplémentaire pour l’état de droit, a fait remarquer le représentant, qui a souhaité que toutes les communautés participent au scrutin pour bénéficier de la décentralisation et améliorer leur sort. Il s’est félicité de la restauration du patrimoine serbe mais s’est dit déçu du nombre encore faible de retours des personnes déplacées et des réfugiés, alors que le Kosovo, a-t-il dit, devient progressivement une société multiethnique, démocratique et tolérante.
Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a salué l’achèvement de la reconfiguration de la MINUK, la Mission EULEX étant désormais la principale présence internationale œuvrant à la promotion de l’état de droit dans la région. Belgrade et Pristina ont des approches pragmatiques pour régler certains de leurs différends, a-t-elle ensuite salué, en soulignant que Pristina respectait ses engagements en vertu du Plan Ahtissaari. Les élections municipales du 15 novembre prochain sont un jalon important sur la voie de la décentralisation, a noté la représentante. Elle a exprimé le souhait que les Serbes du Kosovo aient, à l’issue du scrutin, voix au chapitre en participant pleinement à la vie publique du pays. La représentante a appelé à une coopération plus étroite entre les parties sur la question du retour dans leur foyer des personnes déplacées, la persistance du problème démontrant, selon elle, les énormes difficultés qui existent pour créer une société multiethnique après un conflit. La représentante a conclu en soulignant les progrès réalisés par le Kosovo depuis juin dernier. « Le Kosovo est membre de la Banque mondiale et du FMI et il réaffirme régulièrement son attachement à devenir un pays stable au sein de la communauté des nations, ce qui mérite notre soutien, comme celui des institutions européennes et euro-atlantiques », a-t-elle rappelé avant de conclure.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a réaffirmé l’appui de sa délégation au rôle de la MINUK pour assurer la sécurité et la stabilité au Kosovo. Il a salué les efforts de la MINUK pour établir des relations avec toutes les communautés au Kosovo et faciliter la coopération entre Belgrade et Pristina. Il s’est dit encouragé par le fait que la Mission ait achevé avec succès sa reconfiguration et soit passé à une nouvelle phase axée sur la médiation entre les deux communautés locales mais aussi les organisations internationales opérant dans le nord du Kosovo. Le Viet Nam salue en outre le renforcement de la coopération entre la MINUK et la Mission « état de droit » de l’Union européenne (EULEX). Cette coopération devrait être davantage renforcée afin de créer un climat propice pour le dialogue entre toutes les communautés au Kosovo et entre Belgrade et Pristina en vue de parvenir à une solution durable sur les questions en suspens. Le délégué s’est toutefois dit préoccupé par la fragilité de la situation en matière de sécurité au Kosovo, marquée par une série d’incidents et de confrontations entre Serbes du Kosovo et Albanais du Kosovo au nord, ainsi que par des tensions ethniques. Sa délégation, a-t-il ajouté, est également préoccupée par la situation des réfugiés et des personnes déplacées, notamment les milliers de personnes déplacées du Kosovo. C’est pourquoi, le représentant a exhorté les autorités locales au Kosovo à prendre des mesures appropriées pour apaiser ces tensions, et a appelé Belgrade et Pristina à continuer de travailler avec les organisations internationales concernées en vue de régler par des moyens pacifiques les divergences.
En fin de séance, M. SKENDER HYSENI a souhaité réagir à « certaines inexactitudes » du Ministre des affaires étrangères de la Serbie, qu’il a accusé de vouloir tromper le Conseil de sécurité par la présentation de chiffres « qui n’ont rien à voir avec la réalité et des définitions qui reflètent une réalité profondément dénaturée ». Il a affirmé que l’indépendance du Kosovo a été déclarée et soutenue par tous les groupes ethniques vivant au Kosovo, à l’exception de la communauté serbe ». Il a affirmé que les combattants de la liberté pour la libération du Kosovo étaient véritablement des combattants de la liberté et non des terroristes. Il a ajouté que le Kosovo entend poursuivre et punir tous les crimes commis sur son territoire, quels que soient leurs auteurs. « Nous lutterons contre le crime et la corruption mais c’est nous qui assumerons ce rôle, a-t-il souligné, déclarant que jamais la Serbie ne sera plus autorisée à tenir des tribunaux au Kosovo.
M. Hyseni a jugé « regrettable et surprenant » que « jamais M. Jeremić n’ait parlé des 12 000 à 15 000 Albanais massacrés, des maisons détruites et des atrocités commises dans l’ensemble de l’ex-Yougoslavie, avec l’appui du Gouvernement de la République de Serbie », ni des disparus dont beaucoup, a-t-il ajouté, se trouvent dans des fosses communes en Serbie. « Le patrimoine culturel serbe du Kosovo est notre patrimoine culturel et nous le protégerons », a réaffirmé M. Hyseni. Il a également contesté le nombre de Serbes du Kosovo déplacés, affirmant qu’il n’y avait jamais eu plus de 200 000 Serbes au Kosovo, dont 135 000 continuent de vivre sur le territoire du Kosovo.
Reprenant la parole, le Ministre des affaires étrangères de la Serbie a répondu à la deuxième intervention de M. Hyseni en affirmant que son pays n’appellerait les citoyens serbes du Kosovo à participer aux élections que si ces dernières sont préparées « dans les conditions requises ». « Nous sommes dans le bâtiment des Nations Unies, et j’aurais donc souhaité que M. Hyseni nous dise qu’il attend avec intérêt de coopérer activement avec tous les États Membres et avec la MINUK, et pas seulement avec les États-Unis, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’Union européenne. Je le remercie de nous avoir rappelé que l’AIK est une organisation terroriste, a-t-il ensuite ajouté, en rappelant que le régime de Milosević avait été renversé par des Serbes, « dont certains occupent aujourd’hui des postes de responsabilité en Serbie ».
Le Gouvernement actuel de la Serbie n’est pas responsable des exactions d’hier et d’aujourd’hui, a-t-il continué, en demandant à M. Hyseni de lutter contre la criminalité qui sévit dans la province, « où aucun des auteurs des incendies d’églises et monastères survenus au Kosovo en mars 2004 n’a encore été arrêté ». Le Ministre des affaires étrangères de la Serbie a conclu en déclarant « qu’il faudrait mettre de côté nos divergences sur le statut du Kosovo ». Belgrade ne cherche pas à exclure Pristina des organisations régionales, pour la simple raison que cette participation, à l’heure actuelle, est contraire aux dispositions des actes constitutifs de ces organisations et autres instruments juridiques qui les régissent, a-t-il dit.
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