Conseil de sécurité: le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Iraq propose d'ouvrir la voie à un " nouveau partenariat mondial "
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Conseil de sécurité
6177e séance – après-midi
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR L’IRAQ PROPOSE D’OUVRIR LA VOIE À UN « NOUVEAU PARTENARIAT MONDIAL »
Le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, M. Ad Melkert, a estimé cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que le moment était venu pour la communauté internationale non pas de se désengager du pays, mais plutôt d’ouvrir la voie à un « nouveau partenariat mondial ».
« Nous avons un programme d’action ambitieux devant nous », a ajouté le Représentant spécial, qui est également Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), soulignant la nécessité d’une mobilisation de l’ensemble du système des Nations Unies.
Présentant le rapport* trimestriel du Secrétaire général sur les activités de la MANUI, M. Ad Melkert, qui a pris ses fonctions en juin dernier, s’est félicité de la détermination de nombreux Iraquiens à « reprendre possession de leur souveraineté », mais aussi à assumer les responsabilités allant de pair: entreprendre des réformes économiques et sociales, rechercher le consensus politique et normaliser les relations régionales.
Mais de nombreuses « questions en suspens » rendent indispensable l’engagement de la MANUI, du système des Nations Unies et de la communauté internationale, aux côtés de ce pays, a-t-il souligné, citant en particulier le niveau toujours « inacceptable » de l’insécurité, la lenteur des réformes systémiques, une situation économique et sociale préoccupante et aggravée par la crise financière mondiale, ainsi que les variations des cours du pétrole, principale source de revenus de l’Iraq.
M. Melkert a rappelé que seule une inversion de cette tendance pourrait inciter les trois millions d’Iraquiens déplacés à prendre le chemin du retour.
Le représentant de l’Iraq a présenté par contraste un tableau plutôt encourageant, insistant sur les progrès accomplis par son pays et son gouvernement. Comme le Représentant spécial, M. Hamid Al-Bayati s’est félicité du déroulement pacifique des élections parlementaires au Kurdistan, assurant que l’Iraq était « un État démocratique qui respecte les libertés et est gouverné par une constitution ».
Le représentant, qui a remercié les troupes américaines et autres troupes pour avoir promu la sécurité et la démocratie en Iraq, a fait état d’une amélioration de la sécurité depuis le transfert de pouvoir aux forces iraquiennes.
M. Al-Bayati a également précisé que les exportations de pétrole avaient atteint le chiffre de 1,923 million de barils par jour, chiffre qui, selon lui, devrait atteindre 2,15 millions en 2010.
Parmi les efforts de reconstruction, il a cité l’approbation par le Conseil des ministres d’un budget de reconstruction des infrastructures de service de 75 milliards de dollars.
Dans son rapport*, le Secrétaire général fait le point sur les activités menées par l’ONU en Iraq depuis le 2 juin 2009, tout en rendant compte de celles de son Représentant spécial pour l’Iraq, des questions opérationnelles et des problèmes de sécurité.
Ce rapport est le quatrième présenté en application de la résolution 1830 (2008). Au paragraphe 6 de la résolution, qu’il a adoptée le 7 août 2008, le Conseil de sécurité a en effet prié le Secrétaire général de lui présenter tous les trois mois un rapport sur les progrès accomplis par la MANUI dans l’exécution de ses tâches.
LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ
Déclarations
M. AD MELKERT, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, a déclaré que, partout en Iraq, le même message lui était revenu aux oreilles: « c’est un moment sans précédent pour saisir les opportunités, mais c’est aussi une période très sensible ». Plusieurs facteurs –internes et externes- pourraient faire basculer cet équilibre. D’un côté, il existe aujourd’hui dans le pays un sens renouvelé de l’optimisme et un regain d’énergie, de nombreux Iraquiens se montrant déterminés à reprendre possession de leur souveraineté, mais aussi à assumer les responsabilités qui vont avec: entreprendre des réformes économiques et sociales, rechercher le consensus politique et normaliser les relations régionales.
Mais de nouvelles responsabilités se profilent, comme la nécessité de mettre fin aux attaques inacceptables, et toujours trop nombreuses malgré une diminution, contre les civils, a souligné M. Melkert. L’élaboration d’un plan de développement national est un bon exemple du nouvel état d’esprit iraquien en faveur de la bonne gouvernance, s’est-il cependant félicité. Bien entendu, les réformes socioéconomiques ne peuvent porter leurs fruits que dans un climat de consensus politique, a poursuivi le Représentant spécial, pour qui l’établissement du Groupe de travail de haut niveau fournit un cadre indispensable à cet égard. Les récentes élections au Parlement kurde iraquien offrent aussi une nouvelle occasion de reprendre un engagement constructif sur les questions en suspens, a estimé M. Melkert, qui s’est félicité du taux de participation de 77% et du déroulement pacifique du processus électoral.
Le Représentant spécial a également déclaré que l’avenir des Iraquiens dépendait avant tout de la diversification de son économie, de la création d’emplois pour les jeunes et de meilleurs services pour ses citoyens. La crise financière mondiale et la volatilité des prix du pétrole ont durement touché l’Iraq, ramenant quasiment ses revenus aux niveaux de 2003, et lui posant de gros problèmes budgétaires. Parallèlement, les réformes systémiques ont été « lentes, incomplètes ou inexistantes », a-t-il fait observer. Le principal instrument de l’assistance que peut prêter la MANUI à l’Iraq est le plan de développement national quinquennal, qui débutera l’an prochain, avec pour objectif d’assurer les droits au développement économique et les droits sociaux de base des Iraquiens, tout en recherchant la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
M. Melkert a estimé qu’il ne serait possible de créer les conditions du retour des personnes déplacées qu’en rétablissant les emplois et les services détruits par le conflit et la pauvreté et qu’en promouvant les droits de l’homme et la paix sociale. Trois millions d’Iraquiens sont actuellement déplacés à l’intérieur et à l’extérieur du pays, a-t-il précisé.
Comme condition préalable à la stabilité à long terme de l’Iraq, il faut veiller à finaliser les processus de réconciliation en cours, a poursuivi le Représentant spécial, pour qui deux des priorités les plus importantes sont les préparatifs des élections de 2010 et la résolution du problème des frontières intérieures contestées par une Équipe spéciale de haut niveau chargée d’établir un dialogue entre représentants du Gouvernement iraquien et ceux du Gouvernement régional du Kurdistan.
Avec le soutien de la MANUI, la Haute Commission électorale indépendante poursuit le renforcement de la légitimité du processus électoral, a précisé M. Melkert, pour qui la remise à jour des listes électorales nationales, prévue en août, est un facteur essentiel. S’agissant des frontières intérieures contestées, il a jugé que le dialogue plutôt que les décisions prises à la hâte devrait permettrait de dénouer des situations « complexes et délicates ». Les progrès sur les différends constitutionnels qui persistent quant au partage des recettes et à la loi sur les hydrocarbures sont inextricablement liés aux initiatives sur la réconciliation nationale, a-t-il relevé.
M. Melkert a souligné l’importance des négociations en cours pour la normalisation des relations de l’Iraq avec ses pays voisins et celle visant à résoudre les ultimes différends avec le Koweït, ajoutant qu’une confiance mutuelle durable serait la pierre angulaire d’une intégration régionale réussie. Évoquant la question des droits de l’homme, le Représentant spécial a dit que les Nations Unies continuaient d’aider l’Iraq pour que ce pays améliore ses capacités dans ce domaine et garantisse les droits constitutionnels et juridiques de ses citoyens.
« Ce n’est donc pas le moment pour la communauté internationale de se désengager vis-à-vis de l’Iraq, a affirmé Ad Melkert, qui a espéré que les Nations Unies pourraient ouvrir la voie à un « nouveau partenariat mondial pour l’Iraq », afin de permettre à ce pays de s’émanciper. « Nous avons un programme d’action ambitieux devant nous », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d’une mobilisation de l’ensemble du système des Nations Unies.
À quelques jours du sixième anniversaire de l’attentat contre le siège de l’ONU à Bagdad, qui a coûté la vie à une vingtaine de personnels des Nations Unies, dont le Représentant spécial du Secrétaire général, Sergio Vieira de Mello, il faut œuvrer en faveur d’une approche opérationnelle plus autonome en matière de sécurité et de logistique, a préconisé M. Melkert. Il a appelé à une « accélération stratégique », qui consiste pour lui à œuvrer activement en faveur de la promotion de la croissance et du développement économique et social au bénéfice du peuple iraquien.
M HAMID AL-BAYATI (Iraq) a estimé que le 30 juin 2009, qui avait vu le retrait de forces américaines des villes iraquiennes conformément à un accord entre les deux pays, avait été un jour historique pour le peuple iraquien. Cet événement, a-t-il précisé, a permis aux forces iraquiennes de prendre possession des 150 bases militaires. Il a rappelé la tenue le 25 juin 2009 des élections au Parlement du Kurdistan qui ont suivi les élections provinciales dans le reste du pays. Il a affirmé que l’Iraq était un état démocratique qui respectait les libertés et était gouverné par une constitution. Il a vanté les mérites d’un processus transparent et de roulement pacifique du pouvoir qui permettait aux différentes parties de s’entendre sur l’édification d’un système fédéral, l’amendement de la constitution et le partage des ressources liées aux hydrocarbures.
Le représentant, qui a remercié les troupes américaines et autres troupes pour avoir promu la sécurité et la démocratie en Iraq, a fait état d’une amélioration de la sécurité depuis le transfert de pouvoir aux forces iraquiennes. Il a ainsi précisé que ces derniers mois avaient vu le retour de 1 030 réfugiés iraquiens de Syrie, 980 d’Égypte, 449 de Jordanie, 111 du Yémen et 506 du Liban. Soulignant les efforts du Gouvernement en matière de lutte contre la corruption et de protection des droits fondamentaux des Iraquiens, il a indiqué que le Ministère de l’intérieur avait licencié 60 000 employés et jugé 40 policiers accusés de corruption.
S’agissant des questions économiques et sociales, il a indiqué que le Gouvernement iraquien avait reçu les premiers ordres de services le 29 juin dernier pour l’exploitation des gisements de gaz et de pétrole. Il a mis l’accent sur l’impact que ces nouveaux investissements auront sur la population iraquienne. Il a précisé que les exportations de pétrole avaient atteint 1,923 million de barils par jour, chiffre qui, selon lui, devrait atteindre 2,15 millions en 2010. Parmi les efforts de reconstruction, il a mentionné l’approbation par le Conseil des ministres d’un budget de reconstruction des infrastructures de service de 75 milliards de dollars répartis de la façon suivante: logement 38%, agriculture 27%, transport 14,2%, eau et assainissement 8,4%, santé 5,7% et communication 0,9%.
Dans le cadre de l’ouverture régionale et internationale, il a rappelé les visites au mois de juillet du Ministre des affaires étrangères de la Norvège, du Premier Ministre de la France, du Vice-Président des États-Unis et du Ministre des affaires étrangères du Portugal. Il a indiqué qu’une récente rencontre avec le Secrétaire général des Nations Unies, le 22 juillet à New York, avait été l’occasion pour le Premier Ministre et le Ministre des affaires étrangères iraquiens de souligner que l’Iraq ne constituait plus une menace à la paix et à la sécurité internationales.
Présentant les efforts iraquiens pour résoudre les différends en suspens avec le Koweït, il a noté que l’Iraq avait, le 25 juin, remis aux autorités koweïtiennes 24 boîtes contenant des dinars, des timbres et chèques de voyage appartenant à la banque centrale koweïtienne. En conclusion, il a mis l’accent sur l’importance à reconnaître les différences entre l’Iraq d’aujourd’hui et celui d’avant 2003. Il a enfin souhaité que le Conseil de sécurité permette à l’Iraq de retrouver un statut international équivalent à celui qu’il avait avant l’adoption de la résolution 661 de 1990.
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