COMMISSION DU DÉSARMEMENT: LES ÉTATS-UNIS ET LA FÉDÉRATION DE RUSSIE AFFICHENT LEUR VOLONTÉ DE RÉDUIRE CONJOINTEMENT LEURS ARMEMENTS STRATÉGIQUES
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Commission du désarmement
Session de fond de 2009
295e & 296e séances – matin & après-midi
COMMISSION DU DÉSARMEMENT: LES ÉTATS-UNIS ET LA FÉDÉRATION DE RUSSIE AFFICHENT LEUR VOLONTÉ DE RÉDUIRE CONJOINTEMENT LEURS ARMEMENTS STRATÉGIQUES
La République populaire démocratique de Corée a confirmé sa décision de se retirer des Pourparlers à Six
La Commission du désarmement qui, deux jours après le début de sa session de fond, est enfin parvenue à un accord sur son ordre du jour, a entamé ce matin son débat général au cours duquel les délégations américaine et russe ont affiché leur volonté de réduire conjointement leurs armements stratégiques. Déclarant ne pas comprendre la condamnation de son « tir de satellite », la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a confirmé sa décision de se retirer des Pourparlers à Six.
Au cours du débat, plusieurs délégations, dont celles regroupées au sein du Mouvement des non-alignés représenté par l’Indonésie, ont insisté sur la nécessité de progresser vers un monde exempt d’armes nucléaires, l’un des principaux objectifs du désarmement à l’ONU.
Le représentant indonésien, M. Hasan Kleib, a ainsi demandé aux États dotés du feu nucléaire de respecter leurs engagements en matière d’élimination complète et irréversible de leurs arsenaux, conformément à l’article VI du Traité de non-prolifération (TNP) relatif à la cessation de la course aux armements et au désarmement nucléaire.
La Fédération de Russie et les États-Unis ont donné des gages de bonne volonté en soulignant leur intention commune d’aller plus loin dans la réduction et la limitation de leurs armements stratégiques offensifs, une action entamée à partir des années 80 dans le cadre des accords START.
Le représentant russe, M. Vitaly Churkin, a souligné que la déclaration du Président Medvedev faite à la Conférence du désarmement (CD), le 7 mars dernier à Genève, réaffirmait la position de son pays quant à l’importance d’aboutir, avant la fin de l’année, à un nouvel instrument bilatéral devant succéder au mécanisme « en partie obsolète » de START.
De son côté, le représentant des États-Unis, M. Alexander Leibowitz, se référant au discours prononcé récemment à Prague par le Président Obama, a souligné qu’il fallait que les États-Unis et la Fédération de Russie coordonnent mieux leurs activités de démantèlement, que le TNP soit renforcé, et, qu’à la CD, les négociations reprennent rapidement sur un traité interdisant la production des matières fissiles à des fins militaires.
Le Japon a emboité le pas à la Fédération de Russie et aux États-Unis en souhaitant qu’en vue de la Conférence des parties chargée d’examiner le TNP en 2010, les États Membres réfléchissent activement aux moyens de relancer le régime du Traité.
Le représentant japonais, M. Norihiro Okuda, a expliqué que les travaux lancés l’année dernière par son pays et l’Australie, avaient, à ce stade, reconnu le besoin de renforcer la transparence en matière de désarmement nucléaire et d’accélérer l’universalisation du TNP.
M. Okuda a également estimé nécessaire l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) pour restaurer la confiance dans sa région, marquée par un climat de grande tension.
Le représentant japonais a en effet estimé que le tir « de missile » auquel vient de procéder la République populaire démocratique de Corée (RPDC), doit être condamné car « il fait peser une menace sérieuse sur la paix et la stabilité régionales ».
À ces propos, le représentant de la RPDC a répondu que le lancement « pacifique de notre satellite de télécommunication » relevait du droit de chaque pays d’utiliser l’espace à des fins pacifiques. Il a rappelé que son pays avait rejeté la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité condamnant ce tir et avait en conséquence, décidé de se retirer des Pourparlers à Six, « sabotés par le Japon, qui n’en a jamais voulus ».
D’autres délégations, à l’instar du Brésil, ont voulu que les éléments d’un projet de déclaration relatif à la quatrième Décennie du désarmement (2010-2020) reflètent également la question sous tous ses aspects des armes légères et de petit calibre (ALPC).
La Commission poursuivra son débat général demain, jeudi 16 avril à 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL
M. HASAN KLEIB (Indonésie), qui s’exprimait au nom du Mouvement des non-alignés (MNA), a déclaré que les progrès en matière de désarmement et de non-prolifération restaient essentiels au renforcement de la paix et de la sécurité internationales. Saluant à ce propos les efforts déployés récemment par la Fédération de Russie et les États-Unis concernant la réduction de leurs arsenaux stratégiques, le représentant a appelé l’ensemble des États Membres à intensifier leurs négociations bilatérales en vue d’atteindre l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires. Il a estimé que les travaux de la Commission du désarmement avaient contribué à la réalisation de ce but, notamment en facilitant l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires et en permettant d’améliorer le contrôle des armes classiques.
M. Kleib a demandé à tous les membres de la Commission d’honorer leurs obligations en matière de désarmement et de prévention de la prolifération nucléaire sous tous ses aspects. Il a souhaité qu’à cette fin des mesures de confiance soient prises pour accompagner cette action commune. Il a également attiré l’attention sur la nécessité de faire de la quatrième Décennie du désarmement, qui débutera en 2010, une période de concrétisation des initiatives prises ces dernières années et de mise en œuvre des accords internationaux conclus depuis les années 60 dans le domaine de la paix et de la sécurité. Il a jugé nécessaire que les éléments d’un projet de déclaration relatif à la quatrième Décennie reflètent non seulement la priorité qui doit continuer d’être accordée aux objectifs de désarmement nucléaire mais aussi la question sous tous ses aspects des armes légères et de petit calibre (ALPC).
S’exprimant au nom du Groupe africain, M. LAWRENCE O. OBISAKIN (Nigéria) a réitéré sa conviction selon laquelle les armes nucléaires représentent le plus grand danger pour l’humanité et l’universalité du Traité de non-prolifération (TNP) devait être atteinte aussi vite que possible. Tous les États dotés de l’arme nucléaire doivent mettre en œuvre leurs obligations en vertu du TNP, renoncer à développer de nouveaux arsenaux nucléaires et conclure des garanties négatives juridiquement contraignantes et inconditionnelles envers les États non nucléaires, a souligné le représentant. Le représentant a appelé tous les États Membres à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour suivre les recommandations en matière de désarmement et ce, afin de renforcer la paix et la sécurité internationales. Il a ensuite salué l’entrée en vigueur du Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale le 21 mars dernier, et a dit attendre avec impatience celle du Traité de Pelindaba et la ratification de ses protocoles pertinents. Il a en conclusion rappelé l’importance de la revitalisation de la Conférence du désarmement comme seul organe multilatéral de négociations en matière de désarmement. À cet égard, il a salué la dernière proposition relative au programme de travail pour la Conférence faite par son Président en mars dernier. Il a enfin exhorté les membres de la Conférence à témoigner leur soutien à ce programme de travail consensuel et équilibré.
M. PIRAGIBE DOS SANTOS TARRAGÔ (Brésil) a affirmé que la Commission du désarmement avait un rôle important pour préparer le terrain aux négociations multilatérales sur le désarmement à l’ONU. Il a souhaité que la présente session permette aux délégations d’enrichir le débat sur les questions complexes qui exigent des réponses nouvelles pour que soit relancé le mécanisme de désarmement des Nations Unies. Le représentant a indiqué que le désarmement nucléaire demeurait la priorité des États Membres. Il a salué à cet égard les récentes déclarations des États dotés d’armes nucléaires, propices selon lui à redonner l’espoir ainsi qu’un nouvel élan dans le domaine vital pour la paix et la sécurité internationales du désarmement et de la non-prolifération nucléaires. Nous attendons désormais que ces déclarations d’intention soient suivies d’effets, a noté le délégué brésilien.
Il a notamment appelé de ses vœux l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ainsi que la finalisation d’un instrument juridiquement contraignant interdisant la production des matières fissiles à des fins militaires. En conclusion, M. Tarragô a voulu que le projet de déclaration sur la quatrième Décennie du désarmement, qui débutera en 2010, et sur lequel la Commission doit proposer les premiers éléments, reflète la priorité qu’accorde la Commission aux objectifs de désarmement nucléaire ainsi qu’à la question des armes légères et de petit calibre.
M. ALEXANDER LIEBOWITZ (États-Unis) a assuré les membres de la Commission de la volonté de son gouvernement de contribuer à la mise en place d’un régime de non-prolifération tel que le Président Obama l’a présenté à Prague. D’après le représentant, ce régime serait caractérisé par la réduction simultanée des arsenaux des États-Unis et de la Fédération de Russie et par le renforcement du TNP et la finalisation d’un traité interdisant de la production des matières fissiles à des fins militaires. M. Barack Obama a également proposé la mise en place d’un nouveau cadre pour la coopération nucléaire civile et un ensemble de mesures visant à empêcher les entités terroristes de se procurer des matériaux nucléaires. Le représentant a déclaré son intention de contribuer à réunir les conditions nécessaires pour assurer l’avènement d’un tel régime, tout en s’assurant que les pays qui réduisent leurs armements ou renoncent à se doter de l’arme nucléaire ne voient pas leur sécurité nationale mise en danger. Le Président Obama, a-t-il ajouté, a par ailleurs émis le souhait que toute violation du TNP soit suivie de conséquences pour les pays qui ont enfreint ses dispositions. La Commission du désarmement, a-t-il conclu, devrait essayer de rechercher des terrains d’entente sur la base des instruments existants plutôt que de forger des concepts qui n’obtiendront pas l’assentiment de la majorité. Dans ce contexte, l’accent doit être mis sur le respect des mesures de confiance, de transparence et de vérification, a insisté le représentant.
M. FARUKH AMIL (Pakistan) a noté qu’en dépit des progrès réalisés depuis la première session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement, en 1978, les doctrines de défense nucléaire continuaient d’occuper une place centrale dans les stratégies nationales des pays. Il a rappelé que l’objectif de l’élimination totale et irréversible de tous les arsenaux nucléaires devait être la priorité, et non pas être relégué au second plan au profit de la lutte contre des menaces « réelles et imaginaires » en matière de non-prolifération. Il a ajouté que son pays proposait depuis plusieurs années l’organisation d’une conférence internationale spéciale pour faire avancer le consensus sur les questions de désarmement et de non-prolifération « en phase avec les réalités du monde actuel ». Il a à ce propos évoqué la nécessité de mettre en place des normes de non-prolifération non discriminatoires, de normaliser les relations entre États parties et non parties au TNP, de garantir le droit de tous les pays à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et d’améliorer la mise en œuvre du Programme d’action des Nations sur les armes légères et de petit calibre. Il a estimé que pour remplir ces objectifs, il fallait relancer sans tarder les organes constitutifs du mécanisme de désarmement de l’ONU, y compris la Conférence du désarmement.
M. HILARIO G. DAVIDE (Philippines) a estimé que la destruction totale de toutes les armes nucléaires était le meilleur moyen d’empêcher leur prolifération. Il a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à pleinement respecter leurs obligations et à veiller à ce que d’autres ne l’acquièrent pas. Le Traité de Bangkok, a-t-il dit, est une contribution significative de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) aux efforts déployés au niveau mondial en vue d’établir des zones exemptes d’armes nucléaires. Les Philippines reconnaissent en outre que les mesures de renforcement de la confiance dans le domaine des armes conventionnelles sont indispensables à la réalisation de la paix et de la sécurité internationales, a conclu le représentant.
M. NORIHIRO OKUDA (Japon) a estimé que le rétablissement du régime instauré par le TNP exigeait que toutes les puissances nucléaires honorent leurs engagements en matière de démantèlement de leurs arsenaux, conformément à l’article VI du Traité. Il a salué à ce sujet l’accord conclu récemment entre les États-Unis et la Fédération de Russie en vue de la création d’un nouveau traité de réduction des arsenaux stratégiques devant succéder, avant la fin de cette année, au Traité sur de nouvelles réductions et limitations des armements stratégiques offensifs (START I).
Le représentant a également évoqué les travaux de la Commission sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires, lancés l’an dernier par son pays et l’Australie pour réfléchir aux moyens de relancer le régime du TNP. Selon lui, l’accent doit être mis sur le renforcement de la transparence afin d’accélérer l’universalisation rapide du Traité. Il a également estimé nécessaire l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en vue de restaurer la confiance interétatique, notamment au niveau régional.
Le représentant a ensuite abordé la question du tir auquel vient de procéder la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Il a notamment rappelé que le lancement de ce « missile » avait été réalisé au mépris des mises en garde de la communauté internationale. Cet acte, a-t-il dit, comme indiqué dans la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité, doit être condamné car il constitue une violation claire des résolutions pertinentes du Conseil et fait peser une menace sérieuse sur la paix et la stabilité régionales. Le représentant a exhorté la RPDC à respecter pleinement ses obligations au titre de ces résolutions, en prenant des mesures concrètes pour résoudre les problèmes liés à ses activités militaires.
S’agissant des armes classiques, le représentant a souhaité l’entrée en vigueur rapide de la nouvelle Convention sur les armes à sous-munitions, que son pays est sur le point de ratifier. « Nous souhaitons que parallèlement à l’entrée en vigueur de la Convention, un nouveau protocole sur la Convention sur les armes inhumaines soit mis en place », a-t-il ajouté.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé qu’il fallait trouver des approches nouvelles dans le domaine du désarmement et privilégier la diplomatie multilatérale et le recours aux mécanismes de désarmement existants. La création d’un régime juste exige des mesures énergiques pour parvenir à la non-prolifération. La Commission du désarmement est un élément essentiel de l’ordre du jour du désarmement, a-t-il estimé, avant de se dire satisfait par l’accord obtenu pour résoudre les questions relatives à l’ordre du jour de la Conférence du désarmement. Réaffirmant son attachement au désarmement nucléaire, il a estimé que celui-ci ne sera possible que dans le cadre d’une coopération multilatérale. Pour sa part, la Fédération de Russie respecte ses obligations internationales en réduisant ses arsenaux nucléaires plus rapidement que les délais prévus, a précisé M. Churkin. Il a souligné que la déclaration du Président Medvedev, faite lors de la Conférence sur le désarmement qui s’est tenue le 7 mars à Genève, reflétait la position de son pays sur l’élaboration d’un nouvel accord avec les États-Unis en vue d’une réduction mutuelle et contrôlée de leurs armements nucléaires respectifs.
La Fédération de Russie, a ajouté le représentant, est en outre favorable à un accord juridiquement contraignant qui limiterait non seulement le nombre de têtes nucléaires mais aussi les moyens de les lancer. Lors de leur rencontre à Londres le 1er avril, les Présidents russe et américain ont adopté une déclaration conjointe exprimant leurs aspirations mutuelles en matière de réduction des armements offensifs, a rappelé le représentant. Mais selon lui, il existe un lien indissociable entre les armements offensifs et défensifs stratégiques, et il est impossible de réussir le désarmement nucléaire face au développement unilatéral de systèmes de défense antimissile balistique. C’est pourquoi la Fédération de Russie a proposé une alternative visant à unifier les efforts de tous les États pour empêcher les tirs de missiles potentiels, a précisé M. Churkin. Seule une approche équilibrée prenant en compte les dimensions politique, diplomatique, militaire et technique du dossier des systèmes de défense antimissile assurera le succès.
M. HAMID ALI RAO (Inde) a déclaré que son pays plaidait pour la réalisation de l’objectif du désarmement nucléaire en proposant, notamment, de réaffirmer les engagements des puissances nucléaires de réduire l’importance de ces armes dans leurs doctrines de défense. Il faut également que les puissances nucléaires s’engagent, au travers d’un accord global, à ne pas recourir à leurs armes contre les États non dotés de l’arme atomique, a ajouté le représentant. Il a estimé que le désarmement nucléaire était devenu une question urgente compte tenu du risque que des groupes terroristes mettent la main sur des armes de destruction massive. Il a préconisé à ce propos que les mesures nationales de prévention du terrorisme nucléaire soient complétées par des accords internationaux.
Le représentant a ensuite attiré l’attention sur les thèmes prioritaires de la quatrième Décennie du désarmement, qui devra selon lui, porter essentiellement sur le désarmement nucléaire. Il a ainsi proposé que soit créée une convention sur ces armes, qui pourrait avoir pour modèle les actuelles conventions « efficaces » sur les armes chimiques et biologiques. Le représentant a en outre souhaité que la déclaration relative à la quatrième Décennie tienne compte de la nécessité de renforcer les normes de prévention de la militarisation de l’espace et d’améliorer, par le biais d’un financement adéquat, la mise en œuvre du Programme d’action relatif aux armes légères.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a estimé que la Commission jouait un rôle indispensable en tant qu’organe de délibération dans le cadre du mécanisme multilatéral en matière de désarmement. En dépit des difficultés à trouver un consensus dans ce domaine sensible, la Commission a déjà produit de bons résultats. Il a donc espéré que le nouveau cycle qui démarre cette année produira aussi des résultats tangibles, que ce soit en termes de réduction des armes nucléaires, des armes légères et de petit calibre, de mesures de confiance et de respect de la quatrième Décennie pour le désarmement.
La première priorité est la question du nucléaire, a affirmé le représentant. Or, a-t-il dit, certains des cinq États nucléaires concernés par le TNP refusent toujours de mettre en œuvre les obligations qui leur incombent. L’État du Qatar tient au renforcement de ce Traité et juge impératif d’activer la résolution de 1995 relative à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. Revenant à la quatrième Décennie du désarmement, il a estimé que les éléments du texte pertinent devaient inclure les questions des armes légères et de petit calibre et du désarmement nucléaire. Il a en effet dénoncé l’échec à examiner le problème des armes légères de façon professionnelle, la responsabilité des pays producteurs et l’absence de contrôle et de restrictions adéquates dans les régimes d’exportations.
M. KANGYONG (Chine) a expliqué que la tendance actuelle était à l’interdépendance des pays dans tous les domaines, y compris dans celui de la sécurité. Grâce à des contrôles sur le désarmement, il sera possible de parvenir au régime de non-prolifération, a-t-il estimé. Malheureusement, le système international se heurte à des difficultés croissantes, a-t-il dit, même si l’impact de la crise économique et financière a rapproché les pays de manière inattendue. Exprimant son soutien à la Commission du désarmement, le représentant a espéré que le nouveau cycle triennal des travaux permettra d’engranger des progrès substantiels. Nous devons nous atteler aux nouveaux défis qui se posent aujourd’hui sur la base du multilatéralisme, a insisté le représentant.
En outre, a-t-il dit, il devient selon lui urgent de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, a affirmé le représentant. Il a émis l’espoir que les États-Unis et la Fédération de Russie, les deux plus grandes puissances nucléaires au monde, mettront en œuvre leurs obligations internationales de bonne foi pour parvenir à cet objectif. Il a déclaré que la Chine s’engageait à ne pas se lancer dans une course aux armements nucléaires ni à livrer d’assauts contre des États non nucléaires. Par ailleurs, nous allons veiller à ce que le dialogue soit rétabli avec la RPDC, a précisé le représentant. Il a déclaré qu’il fallait tenir compte des circonstances actuelles pour prendre des mesures de renforcement de confiance.
Droits de réponse
Le représentant de la RPDC a pris la parole pour indiquer que le Ministre des affaires étrangères de son pays avait officiellement rejeté, le 14 avril, la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité condamnant ce qu’il a qualifié de « lancement d’un satellite ». Il a ajouté que sa délégation préciserait sa position à l’issue du débat général.
Le représentant du Japon a réagi à cette prise de parole en soulignant que la condamnation du Conseil de sécurité reflétait la position unanime du Conseil quant au tir de « missile » réalisé par la RPDC.
M. MARTIN PALOUŠ (République tchèque), au nom de l’Union européenne (UE), a déclaré que le tir de la RPDC et l’annonce de la suspension par ce pays des accords de coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) allaient à l’encontre des efforts de promotion du dialogue pour parvenir à la stabilité dans la région. Le représentant a souligné que la non-prolifération, le désarmement et le contrôle des armes demeuraient les éléments moteurs de la coopération interétatique en matière de sécurité, rappelant que l’Union avait, dans une déclaration, exhorté la RPDC à mettre pleinement en œuvre toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. M. Palouš a ensuite estimé que, comme le reflète la Stratégie contre la prolifération des armes de destruction massive de l’Union européenne, il convient de privilégier une approche multilatérale sur la question, compte tenu notamment des risques que des acteurs non étatiques mettent la main sur des armes de ce type et leurs vecteurs.
Le représentant a de plus indiqué que l’Union continuerait de promouvoir l’universalisation du TNP afin d’en renforcer la portée, en prévision de la Conférence des Parties en 2010. Il a ensuite rendu hommage au rôle « unique » de l’AIEA en matière de vérification des programmes nucléaires civils, appelant à l’adhésion de tous les pays aux protocoles additionnels et aux accords de sauvegarde. M. Palouš a de plus souligné les risques supplémentaires à la stabilité au Moyen-Orient que ferait courir une course aux armements, « où la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive constituerait un moyen sûr d’améliorer la sécurité dans la région ». Il a à cet égard demandé l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Concernant le dossier nucléaire iranien, Martin Palouš a considéré que l’Iran devait saisir l’offre des États-Unis de s’engager dans un dialogue direct en vue d’aboutir à une solution négociée.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a regretté que le blocage des forums multilatéraux de désarmement se soit traduit, ces 10 dernières années, par l’absence de progrès significatif et l’augmentation constante des ressources allouées aux budgets militaires, alors que ces ressources sont plus que jamais indispensables pour permettre à l’humanité de faire face aux défis de la pauvreté et du sous-développement. Estimant toutefois que des signes positifs étaient perceptibles, notamment les positions récemment exprimées par les États-Unis, M. Benmehidi a déclaré qu’il fallait mettre à profit ce contexte favorable dans le cadre des travaux de la Commission du désarmement. L’engagement continu de la communauté internationale, en particulier des États dotés de l’arme nucléaire, est en effet indispensable pour parvenir à établir un régime de non-prolifération.
Au moment où nous nous félicitons de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, a poursuivi le représentant, il est regrettable de constater que l’engagement à établir une zone du même type au Moyen-Orient se heurte à la position d’Israël, qui refuse de devenir partie au TNP, contrairement aux autres pays de la région. Convaincu par ailleurs de la nécessité de revitaliser les forums multilatéraux de désarmement, le représentant a regretté que les discussions de la Conférence du désarmement aient été bloquées par des divergences sur son ordre du jour. Il a en conséquence rappelé le contenu de la proposition faite par l’Algérie à la fin du mois de mars qui tournait autour de quatre groupes de travail.
M. BUKUN OLU ONEMOLA (Nigéria) a estimé que la Commission du désarmement avait échoué, au cours des deux derniers cycles, à établir un consensus sur les questions essentielles dont elle est saisie. Pour le Nigéria, la dénucléarisation doit demeurer la priorité principale des États membres et le multilatéralisme le cadre idéal pour négocier et discuter du désarmement et de la non-prolifération. Le représentant s’est dit « perturbé » par le peu ou l’absence de progrès sur la question des armes nucléaires et a appelé les États membres à apporter leur soutien à la réalisation de l’objectif de désarmement et de non-prolifération dans tous ses aspects. Dans la perspective d’un monde dénucléarisé, le représentant a appelé à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires et à la consolidation de celles qui existent déjà.
M. Onemola a aussi fait part de sa préoccupation face à la prolifération, à la fabrication et au transfert des armes conventionnelles. Nous sommes tous conscients des grands dangers que pose à la sécurité humaine l’accumulation excessive de ces armes, et particulièrement par le trafic illicite des armes légères et de petit calibre, a-t-il ajouté. Il a donc soutenu le Programme pertinent des Nations Unies et réaffirmé son appui à la Convention adoptée par les États d’Afrique de l’Ouest en juin 2006. C’est dans ce contexte, a conclu le représentant, que s’inscrit la volonté du Nigéria de voir adopter un traité sur un commerce international mondial de ce type d’armes.
Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a déclaré que la session de fond de la Commission du désarmement avait lieu au moment où l’ordre du jour en la matière connaissait un nouvel élan après une longue impasse. Elle a espéré que cette année, les États Membres feraient preuve de la plus grande souplesse en adoptant par consensus des recommandations sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires. La représentante a ensuite réaffirmé la nécessité d’universaliser le TNP et le Traité d’interdiction des essais nucléaires, avant de se féliciter de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale. Pour sa part, le Bangladesh a joué son rôle en matière de désarmement en choisissant de rester un État non nucléaire et en devenant partie à tous les instruments existants, a-t-elle rappelé, en se déclarant convaincue que seule l’élimination totale des armes nucléaires permettra de garantir un vrai régime de non-prolifération.
Mme ZOYA KOLONTAI (Bélarus) a voulu que le projet de déclaration sur la quatrième Décennie du désarmement reflète la nécessité non seulement d’aller plus loin dans le désarmement nucléaire mais aussi de mettre un terme à toute forme d’essai nucléaire. Elle a estimé que la Commission du désarmement était le forum indiqué pour apporter des idées nouvelles afin d’enrichir le débat sur le désarmement général et complet, ses délibérations permettant d’y entendre notamment des États parties ou non au TNP. Elle a en outre souhaité que la présente session soit l’occasion de réfléchir à l’élargissement de certains traités existants, y compris ceux relatifs aux missiles balistiques de moyenne et longue portées. Concernant les armes classiques, la représentante a estimé que le contrôle accru de ces arsenaux était indispensable pour renforcer la confiance régionale et éviter que n’éclatent des conflits contraires au développement des sociétés.
M. KIM BONG-HYUN (République de Corée) a estimé que les questions de désarmement et de non-prolifération méritaient une attention accrue de la part de la communauté internationale. Il a jugé que l’universalisation du Protocole additionnel de l’AIEA était le meilleur moyen de renforcer le mécanisme de surveillance et de vérification de la mise en œuvre du TNP. Pour parvenir à la fois au désarmement et à la non-prolifération, il serait bienvenu de faire entrer en vigueur dès que possible le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et d’entamer le début des négociations autour d’un traité interdisant la production des matières fissiles à des fins militaires, a jugé le représentant.
Il s’est félicité à cet égard de l’annonce faite récemment par le Président Obama sur la ratification prochaine par les États-Unis du TICE. Par ailleurs, il a estimé que le règlement du dossier nucléaire de la RPDC est vital pour la paix et la sécurité durables de la péninsule coréenne et du nord de l’Asie, ainsi que pour l’intégrité du régime de non-prolifération. À cet égard, a-t-il dit, « mon pays a déployé tous les efforts pour réaliser la dénucléarisation vérifiable de la RPDC de manière pacifique, dans le cadre des Pourparlers à Six ». Le représentant a donc jugé regrettable qu’en dépit de ces efforts, la RPDC ait procédé, le 5 avril dernier, à un tir de fusée, en violation de la résolution 1718 du Conseil de sécurité, avant d’annoncer son retrait des Pourparlers à Six et la réactivation de ses installations nucléaires. Le représentant a en conclusion exhorté la RPDC à respecter les dispositions de la résolution pertinente du Conseil.
M. NURBEK JEENBAEV (Kirghizistan) s’est dit convaincu que la création de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale contribuera au processus de désarmement nucléaire dans le monde. Rappelant que le traité instaurant cette zone a été signé en septembre 2006, le représentant a fait savoir que, le 21 mars dernier, cet instrument était entré en vigueur, marquant selon lui une étape sur la voie du renforcement du régime de non-prolifération et de la promotion d’une utilisation pacifique de l’énergie atomique respectueuse de l’environnement. Il a par ailleurs appelé à l’universalisation de la Conventionsur l’interdictionde la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction ainsi qu’à la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, deux instruments clefs selon lui pour renforcer la paix et la sécurité internationales.
M. HASAN KLEIB (Indonésie) a relevé le rôle central de la Commission du désarmement qui est la seule institution à représentation universelle pouvant débattre en profondeur des questions cruciales et faire des recommandations sur la façon d’atteindre les objectifs poursuivis. Il a salué en particulier les efforts de la Commission en ce qui concerne le contrôle des armes conventionnelles, ainsi qu’en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération. Sur cette dernière question, tout en notant le ralentissement des efforts au cours des 10 dernières années, il a relevé l’élan positif actuel de certains États nucléaires les plus importants en vue d’atteindre les objectifs principaux de la communauté internationale dans ce domaine.
Le représentant a signalé que ces États ont fait notamment référence à l’article VI du TNP qui demande la fin de la course aux armements et une convention de désarmement nucléaire sous contrôle international strict et efficace. Cet article, a estimé le représentant, est le fondement même du régime de non-prolifération et du désarmement. Le représentant a souhaité que le climat international actuel fasse avancer les efforts diplomatiques pour, notamment, réduire de façon notable le nombre d’armes nucléaires, en vue de leur élimination totale. Quant à la proclamation pour les années 2010 d’une « quatrième Décennie du désarmement », M. Kleib a appelé à la consolidation des initiatives déjà lancées. Il faut, a-t-il ajouté, tirer profit de la volonté politique qui se raffermit à l’heure actuelle dans le monde. La déclaration de la future décennie doit inclure un large éventail de sujets relatifs au désarmement, a-t-il estimé.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a estimé que les éléments contenus dans la proposition en cinq points du Secrétaire général sur les moyens de réaliser un monde exempt d’armes nucléaires donnaient à la Commission du désarmement une plate-forme pour mener ses délibérations. Pour l’Afrique du Sud, le TNP demeure l’instrument le plus important en matière de désarmement et de non-prolifération. Ses dispositions ainsi que les décisions qui font partie de son processus d’examen permettront progressivement de réduire la menace nucléaire, a estimé le représentant. Il a salué en conclusion l’inclusion de la question des armes conventionnelles à l’ordre du jour de la session de fond de la Commission du désarmement, en raison des dangers que font peser ce type d’armes.
Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a salué le rôle constructif de la Commission du désarmement dans l’élaboration d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale. Elle a noté qu’à ce stade les zones de ce type couvraient plus de 50% de la superficie de la planète et concernaient près des deux tiers des États Membres des Nations Unies. Ces zones sont uniques en ce qu’elles contribuent réellement au renforcement de l’état de droit au niveau régional, a dit la représentante. Elle a souhaité que la deuxième Conférence sur les zones exemptes d’armes nucléaires, qui se tiendra en 2010, soit l’occasion d’intensifier la coopération entre les États appartenant à ces zones. Elle a annoncé qu’au cours de cette Conférence, la Mongolie organiserait un atelier sur son statut de pays dénucléarisé, l’objectif étant de promouvoir et de renforcer le mécanisme de coordination entre les zones qui se sont engagées à mettre en œuvre la Déclaration de Tlatelolco de 2005.
Droits de réponse
Le représentant de la RPDC a répondu aux déclarations du Japon, de l’Union européenne et de la République de Corée sur le lancement « pacifique de notre satellite de télécommunication ». Il a expliqué que ce satellite expérimental avait été mis en orbite conformément au droit de chaque pays d’utiliser l’espace à des fins pacifiques. Il a noté que ce lancement avait été salué par un grand nombre de peuples, tandis qu’une poignée d’États adoptaient, au Conseil de sécurité, une déclaration que la RPDC a rejetée. « Nous n’avons pas lancé un missile mais un satellite similaire à ceux que le Japon lui-même a mis en orbite. »
« En parlant de missile, en militarisant un problème qui ne le mérite pas, le Japon affiche peut-être ses propres ambitions nucléaires », a soupçonné le représentant. Il a conclu en confirmant que son pays se retirait des Pourparlers à Six, « sabotés par le Japon, qui n’en a jamais voulus ». Il a par ailleurs suggéré à l’Union européenne d’adopter une position équitable et non partiale, « car cela sape sa crédibilité et la sécurité de la péninsule coréenne ». Enfin, il a demandé à la République de Corée d’œuvrer à la réconciliation nationale plutôt que de s’allier avec des nations qui ne veulent pas de « notre rapprochement ».
Le représentant du Japon a réfuté les affirmations selon lesquelles la RPDC aurait lancé un satellite, puisqu’aucun satellite nord-coréen n’est, aux dernières nouvelles, en orbite. Mais là n’est pas la question de fond, a-t-il dit. La RPDC, a-t-il souligné, est tenue de renoncer au lancement de tout système balistique, y compris de vecteurs pour engins nucléaires. En outre, l’affirmation selon laquelle le Japon aurait l’intention de se nucléariser est totalement dénuée de fondement. Conformément à sa Constitution, a insisté le représentant, le Japon a toujours adhéré à une politique de sécurité défensive et pacifique. Nous n’exportons pas d’armes et n’en produisons pas, a-t-il souligné.
Réagissant également, le représentant de la République de Corée a rappelé que Pyongyang était tenu par une résolution du Conseil de sécurité de renoncer à tout programme de missiles balistiques, et ce, de manière irréversible. Pourtant, a-t-il regretté, elle poursuit ce programme et un autre sur les armes nucléaires, ce qui est inquiétant pour toute la péninsule coréenne. L’argument de la RDPC selon lequel elle a procédé à un lancement pacifique d’un satellite est faux, car elle avait l’intention de tester des vecteurs porteurs d’armes nucléaires, a assuré le représentant de la République de Corée. Lorsque la RPDC se conformera aux accords de garantie de l’AIEA, qu’elle redeviendra partie au TNP et qu’elle reprendra les Pourparlers à Six, alors il sera possible d’envisager le lancement de satellites.
Le représentant de la RPDC a repris la parole pour rejeter les résolutions du Conseil de sécurité concernant l’essai nucléaire « réussi » de 2006. La RPDC avait rejeté la résolution condamnant cet acte qui n’est que le produit d’une politique hostile contre la RPDC, en particulier de la part des États-Unis. Répondant aux préoccupations de la République de Corée, le représentant a ajouté que le lancement du « satellite » serait sans conséquence sur le plan de la sécurité. Il ne s’agit pas d’un missile mais bien d’un satellite contribuant à la mise en valeur des technologies de l’espace.
Le représentant de la France est intervenu pour rappeler que tous les États Membres devaient respecter l’Article 25 de la Charte demandant à tous les Membres de l’ONU d’appliquer les résolutions de son Conseil de sécurité.
Le représentant du Japon a repris la parole pour souligner le « mépris » par la RPDC des résolutions du Conseil de sécurité. Il a estimé que tous les États Membres devaient respecter l’Organisation, sans quoi des questions aussi importantes que celle de la dénucléarisation de la péninsule coréenne n’aurait aucune raison de figurer à l’ordre du jour.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel