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AG/DSI/3392

Première Commission: des délégations accusent les puissances nucléaires d’imposer une approche déséquilibrée sur la question de la non-prolifération

15/10/2009
Assemblée généraleAG/DSI/3392
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

11eséance – après-midi


PREMIÈRE COMMISSION: DES DÉLÉGATIONS ACCUSENT LES PUISSANCES NUCLÉAIRES D’IMPOSER UNE APPROCHE DÉSÉQUILIBRÉE SUR LA QUESTION DE LA NON-PROLIFÉRATION


La Commission entend les États-Unis et la Fédération de Russie présenter les efforts qu’ils déploient pour réduire le volume de leurs arsenaux nucléaires


Les participants au débat thématique de la Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) consacré aux armes nucléaires ont entendu de nombreuses délégations dont celles de l’Iran, de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et du Pakistan fustiger « une approche déséquilibrée de la question du nucléaire », adoptée par les puissances nucléaires « reconnues », qui mettent beaucoup plus l’accent sur la non-prolifération, au lieu de s’appesantir sur le thème crucial du désarmement nucléaire. 


De leur côté, les représentants des États-Unis et de la Fédération de Russie ont présenté les efforts de réduction des stocks d’armes nucléaires stratégiques menés par les deux pays dont les chefs d’État se sont engagés à trouver un accord qui prendra la relève des accords START signés par Washington et Moscou, afin de réduire désormais le nombre de leurs ogives nucléaires stratégiques à moins de 2 200.  Si le représentant américain a indiqué que les stocks nucléaires américains seront d’ici à 2012 réduits de moitié par rapport à leur niveau de 2001, et des trois quarts par rapport à ce qu’ils étaient en 1990 –soit le plus bas niveau depuis les années 50-, celui de la Fédération de Russie a cité le démantèlement de 3 000 missiles balistiques, d’une dizaine de sous-marins nucléaires et d’une cinquantaine de bombardiers lourds auquel a procédé son pays.  La délégation russe a, par ailleurs, appelé tous les États nucléaires à poursuivre leurs efforts de désarmement, en envisageant même la possibilité d’ouvrir le dialogue américano-russe pour le transformer en négociations à cinq. 


La plupart des pays qui ont pris la parole aujourd’hui ont estimé que l’objectif déclaré de parvenir à un monde sans armes nucléaires appelait que soient lancées des actions concrètes de désarmement qui ne soient pas en contradiction avec d’autres aspects, comme la non-prolifération, le contrôle des armes et la militarisation de l’espace extra-atmosphérique.  Dans ce contexte, plusieurs délégations ont estimé que les efforts de désarmement menés par les puissances nucléaires sont très insuffisants.


Le représentant du Pakistan a estimé que la plus grande menace qui pèse sur l’intégrité et la crédibilité du régime de non-prolifération était l’existence d’une politique de deux poids deux mesures.  Il a regretté que « les idéologues de la non-prolifération fassent rarement entendre leur voix quand il s’agit de la possession d’armes nucléaires par les pays qui sont leurs alliés ou leurs protégés ».  Sur le même ton, le représentant de l’Inde a estimé qu’on ne pouvait laisser le désarmement nucléaire devenir otage du succès que rencontre la question de la non-prolifération, avant de souhaiter que soient mises en place des mesures de confiance de nature à favoriser la négociation des traités et accords au niveau multilatéral.


De son côté, le représentant de l’Iran a estimé que le Projet « Trident » du Royaume-Uni, le lancement par la France d’un nouveau sous-marin nucléaire et la nouvelle posture nucléaire des États-Unis constituaient de nouvelles menaces pour les pays non dotés de l’arme nucléaire et érodaient la confiance que les pays qui ne disposent pas de cette arme peuvent avoir envers ces États nucléaires. 


Si la représentante de la Libye asouhaité que la paix et la sécurité internationales se réalisent par le renforcement du dialogue, et non par l’acquisition d’armes de destruction massive, son homologue de la République populaire démocratique de Corée a expliqué, quant à lui, que l’acquisition de l’arme atomique a permis à son pays « d’assurer un équilibre nucléaire sur la péninsule coréenne et ainsi, de contribuer à la paix, à la sécurité et à la stabilité ».


Au cours de cette réunion, la Première Commission a également entendu la présentation de cinq projets de résolution, par la délégation de l’Inde qui en a présenté trois; par celle de la Thaïlande qui en a présenté un, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE); et par celle de l’Iran qui a introduit un projet de texte.


Ont pris la parole au cours de ces débats les représentants des pays suivants: Émirats arabes unis, États-Unis, Fédération de Russie, Thaïlande (au nom de l’ANASE), République populaire démocratique de Corée, Singapour, Afrique du Sud, Inde, Algérie, Slovénie, Iran, Philippines, Libye, Pakistan, Bélarus et Autriche. 


La Première Commission poursuivra son débat thématique demain, vendredi 16 octobre, à 15 heures, en salle de conférence 4. 


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS SOUMIS AU TITRE DES POINTS 86 À 103 DE L’ORDRE DU JOUR DE LA PREMIÈRE COMMISSION


Débat thématique sur les armes nucléaires


Suite des déclarations


M. ALI AHMED ALSHEHHI (Émirats arabes unis) a déclaré que l’acquisition et la prolifération d’armes nucléaires ne faisaient que rendre le monde moins sûr.  Les Émirats arabes unis qui ont adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1995 et ont ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en 2000, appellent à renforcer les efforts internationaux visant à éliminer graduellement les armes nucléaires, a dit le représentant.  Il a salué l’adoption de la résolution 1887 du Conseil de sécurité et les engagements pris par les États-Unis et la Fédération de Russie pour parvenir à de nouveaux objectifs de réduction du nombre d’armes stratégiques nucléaires.  Il a rappelé la nécessité de mettre en œuvre les 13 mesures pratiques de désarmement agréées lors de la Conférence d’examen du TNP en 2000.  Les efforts de désarmement et de non-prolifération doivent s’appuyer sur les principes du multilatéralisme, du droit international et sur le respect d’une application équilibrée des trois piliers du TNP, a-t-il ajouté.  Il a insisté sur l’importance des garanties négatives de sécurité qui doivent être accordées aux États non dotés d’armes nucléaires par les puissances nucléaires, en saluant la contribution unique de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en matière de surveillance.  Il a défendu le droit inaliénable des pays en développement d’acquérir l’énergie nucléaire à des fins pacifiques sous le contrôle de l’AIEA.  Il a précisé que les Émirats arabes unis venaient d’adopter une législation encadrant leur programme nucléaire, en mettant l’accent sur les questions de sécurité et la protection de l’environnement. 


M. GAROLD LARSON (États-Unis) a parlé des mesures prises par son pays pour réduire son arsenal nucléaire.  Rappelant les engagements pris cette année par les Présidents américain et russe de réduire encore les arsenaux nucléaires des États-Unis et de la Fédération de Russie, le représentant des États-Unis a indiqué que la communauté internationale serait immédiatement informée du contenu et des ambitions de l’accord qui sera conclu.  Il a rappelé que depuis les premiers accords de désarmement russo-américain, les États-Unis avaient réduit le nombre de leurs ogives nucléaires de 10 000 à moins de 2 200.  Il a ajouté que d’ici à 2012, les stocks nucléaires américains seront réduits de moitié par rapport à 2001, et des trois quarts par rapport à 1990.  « C’est le plus bas niveau atteint par ces stocks depuis les années 50 », a-t-il insisté.


Le représentant a ensuite réitéré la volonté du Président Obama d’œuvrer en faveur de la ratification du TICE.  Il a également indiqué que son pays soutenait le lancement de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires dès le mois de janvier.  Évoquant ensuite les efforts américains pour éliminer les matières fissiles, il a indiqué que son pays n’avait pas enrichi d’uranium à des fins militaires depuis les années 64, et pas de plutonium depuis 1988.  « Nous n’avons pas l’ambition de produire ces combustibles dans le futur », a-t-il indiqué, avant d’ajouter que 374 tonnes d’uranium enrichi et 61 tonnes de plutonium avaient été retirées d’armes nucléaires américaines ces dernières années.


Insistant sur le lien entre désarmement et non-prolifération, le représentant des États-Unis a souligné la responsabilité qu’ont les puissances nucléaires dans le désarmement, mais a rappelé que l’objectif d’un monde sans armes nucléaires serait atteint en renforçant aussi le régime de non-prolifération, ce qui nécessite des efforts de toute la communauté internationale. « Si le régime de non-prolifération est faible, les puissances nucléaires n’élimineront pas leurs arsenaux », a-t-il souligné.  Pour conclure, le représentant a souligné que les États-Unis espéraient que l’Iran saisirait l’occasion qui se présente aujourd’hui de restaurer la confiance au niveau international en ce qui concerne la nature pacifique de son programme nucléaire.  Les États-Unis espèrent aussi que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) s’engagera à cesser son programme nucléaire, à réintégrer le TNP et à se soumettre aux contrôles de l’AIEA.


M. VIKTOR VASILIEV (Fédération de Russie) a rappelé que le traité américano-soviétique sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée a permis la destruction par son pays de 1 846 missiles balistiques d’une portée de 500 à 5 500 km et de leurs 825 lanceurs.  Il a rappelé que 3 000 ogives nucléaires, pour un total de 500 kilotonnes, avaient été désactivées par la Fédération de Russie.  Il a dit que la Fédération de Russie avait réalisé ses objectifs au titre du Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (Traité START) bien avant les délais impartis, en limitant son nombre d’ogives à 6 000 et le nombre de véhicules stratégiques à 1 600.  Il a précisé que le Traité START, signé à Moscou en 2002, a permis d’assurer la continuité du processus de désarmement en amenant les deux grandes puissances, d’ici au 31 décembre 2012, à réduire le niveau de leurs armes nucléaires stratégiques à un niveau situé entre 1 700 et 2 200 unités.  À ce jour, a-t-il insisté, nous avons démantelé plus de 3 000 missiles balistiques, une dizaine de sous-marins nucléaires et une cinquantaine de bombardiers lourds. 


Comme en témoigne l’Accord signé en juillet 2009, nous travaillons de manière intense avec les États-Unis pour atteindre un accord juridiquement contraignant pour remplacer l’accord START, a indiqué le représentant.  Il a déclaré que l’objectif de « zéro arme nucléaire » ne pouvait être atteint que dans le cadre du renforcement de la stabilité stratégique et du principe de sécurité égale pour tous.  Il a appelé tous les États nucléaires à poursuivre leurs efforts de désarmement, en envisageant la possibilité d’ouvrir le dialogue américano-russe pour le transformer en négociations à cinq.  Il a estimé inacceptable de compenser la réduction des armes nucléaires par une augmentation des armes conventionnelles stratégiques offensives.  Sur le même ton, il a souhaité que l’on évite toute démarche unilatérale visant à la mise en place d’un système de défense antimissile.  Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité d’empêcher la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et a dit qu’il ne fallait pas oublier le lien intrinsèque entre le désarmement nucléaire et la non-prolifération.


Mme SIRPORN CHAIMONGKOL (Thaïlande) a rappelé que son pays souscrivait aux déclarations faites par l’Indonésie au nom du Mouvement des pays non alignés.  Elle s’est félicitée des avancées de ces derniers mois, en particulier des efforts faits par les États-Unis et la Fédération de Russie pour réduire leurs arsenaux nucléaires, avant de rappeler que le désarmement et la non-prolifération étaient étroitement liés et que relever ces deux défis nécessitait une volonté politique forte de la part des États dotés ou pas de l’arme nucléaire.  Revenant sur la Conférence d’Examen du TNP de 2010, elle a estimé que ce serait « un moment critique, permettant de savoir si la communauté internationale souhaitait continuer d’avancer ou entendait se contenter du statu quo ».  La représentante a appelé les États à prendre des engagements forts, en particulier dans les négociations entre puissances nucléaires et pays non dotés de l’arme atomique.  Elle a également souhaité la mise en œuvre des 13 mesures pratiques adoptées lors de la Conférence d’examen du TNP de 2000.


Mme Chaimongkol a ensuite indiqué que la Thaïlande soutenait l’entrée en vigueur du TICE.  Après avoir expliqué que son pays prenait des mesures concrètes pour ratifier le traité, elle a appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le texte dans les plus brefs délais.  Quant au projet de traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires, elle a appelé la Conférence du désarmement à lancer des négociations dès le début de l’année 2010.  Pour conclure, la représentante de la Thaïlande a réitéré le soutien de son pays à la création de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), estimant qu’elles participaient directement à la non-prolifération et qu’elles permettaient de créer un climat de confiance entre les États qui y sont parties.


M. HONG JE RYONG (République populaire démocratique de Corée) a regretté que l’on donne la priorité à la non-prolifération nucléaire plutôt qu’au désarmement nucléaire des grandes puissances.  Il a estimé que la priorité donnée à la non-prolifération n’avait d’autres objectifs que d’appuyer le renversement de gouvernements et les changements de régimes.  Illustrant son propos, il a cité les allégations qui avaient été faites sur la prétendue existence d’armes de destruction massive pour renverser le Gouvernement et le régime de l’Iraq.  Il a dit que le pays qui possédait le plus d’armes nucléaires profitait de sa situation pour imposer des normes de non-prolifération.  Les États dotés de l’arme nucléaire doivent s’abstenir de proférer des menaces d’utilisation des armes nucléaires et fournir des garanties négatives de sécurité aux États non nucléaires, a-t-il ajouté.  M. Hong Je Ryong a fustigé les interventions de nombreuses délégations qui, au cours des débats de la Première Commission, ont estimé que les essais nucléaires nord-coréens sapaient la stabilité de la péninsule coréenne.  Il a insisté que le lancement d’un satellite le 5 avril 2009 et l’exploration extra-atmosphérique étaient un droit légitime de la RPDC.  Il a expliqué que le deuxième test nucléaire de la RPDC, cette année, était une réponse à une récente décision du Conseil de sécurité de critiquer, sous la pression des États-Unis, le lancement pacifique du satellite nord-coréen.  Nous sommes capables maintenant d’assurer un équilibre nucléaire sur la péninsule coréenne et ainsi, de contribuer à la paix, la sécurité et la stabilité, a insisté le représentant de la RPDC.  Il a dit que la RPDC rejetait les résolutions 1695, 1718 et 1874 du Conseil de sécurité, car elles reflètent les demandes unilatérales des États-Unis qui sont en contradiction avec les dispositions de la Charte des Nations Unies sur le principe de l’égalité souveraine des États.  


M. POOR ROBBIE (Singapour) a estimé qu’alors que l’attention de la communauté internationale était auparavant exclusivement tournée vers les États dotés ou cherchant à se doter de l’arme nucléaire, elle était désormais tournée aussi vers les acteurs non étatiques susceptibles de chercher à se doter de cette arme.  Après avoir rappelé que Singapour accueillait chaque année 140 000 navires et près de 26 millions de conteneurs de marchandises, M. Robbie a énuméré les efforts faits par son pays pour assurer un contrôle strict et efficace de ce trafic, qui est conforme à ses engagements en matière de lutte contre la prolifération des armes nucléaires et des armes de destruction massive (ADM).  M. Robbie a notamment insisté sur la participation de Singapour à l’Initiative de sécurité contre la prolifération (PSI), aux côtés de 60 autres pays.  À ce titre d’ailleurs, Singapour accueillera en octobre un exercice baptisé « Deep Sabre II » impliquant 20 pays, et dont l’objectif est de renforcer la coopération dans les moyens de lutte contre la prolifération en mer et dans les ports.  Pour conclure, le représentant de Singapour a réaffirmé que les initiatives nationales telles que celles prises par Singapour, étaient indispensables à la lutte contre la non-prolifération, à côté des actions multilatérales.  


M. LUVUYO NDIMENI (Afrique du Sud) a souhaité des mesures qui comprennent à la fois une réduction du nombre des armes nucléaires et un examen des doctrines de sécurité.  Pour l’Afrique du Sud, a-t-il dit, le TNP reste la pierre angulaire du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  Les États parties au TNP devraient éviter la tentation d’appliquer de manière sélective les différents éléments de ce Traité, a dit M. Ndimeni.  Il a salué les résultats positifs de la troisième Réunion préparatoire de la Conférence d’examen 2010 du TNP.  Il a insisté sur l’importance, pour les États dotés de l’arme atomique, d’accorder des garanties de sécurité juridiquement contraignantes aux États qui ont décidé de renoncer à l’arme nucléaire.  Il a appuyé l’établissement de ZEAN en saluant tout particulièrement l’entrée en vigueur en juillet 2009 du traité de Pelindaba instituant une ZEAN sur tout le territoire de l’Afrique.  L’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire est d’une importance particulière pour les pays en développement, a dit le représentant de l’Afrique du Sud, en appelant à la vigilance de la communauté internationale en ce qui concerne la sécurité des transferts de technologie.


M. HAMID ALI RAO (Inde) a affirmé que son pays accordait la plus haute priorité à la question du désarmement nucléaire.  L’Inde, a-t-il ajouté, a toujours soutenu que le désarmement nucléaire ne pourrait être réalisé que par l’intermédiaire d’un processus par étapes, appuyé par un engagement universel en faveur de l’élimination des armes nucléaires.  Le représentant a suggéré la création de mesures juridiques, notamment d’un « accord international sur le non-recours en premier à l’arme nucléaire », et d’une « convention sur l’interdiction de l’usage des armes nucléaires ».  Il a estimé que des mesures tendant à réduire les dangers posés par l’usage accidentel ou non autorisé d’une arme nucléaire étaient également pertinentes.


M. Rao a déclaré qu’on ne pouvait laisser le désarmement nucléaire devenir otage du succès de la non-prolifération.  Il a également estimé que des efforts devaient être déployés afin d’établir suffisamment de confiance entre les États Membres pour assurer la négociation multilatérale des traités et accords.  Il a ensuite annoncé que l’Inde était prête à participer de manière constructive aux négociations du traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles.  Le représentant de l’Inde a poursuivi sa déclaration en se félicitant du renouveau de l’attention accordée par la communauté internationale au désarmement nucléaire.  Il a estimé que l’ONU devait donner de l’élan à ce mouvement, et que des mesures concrètes devaient être prises sur le terrain afin d’appuyer « cette humeur optimiste ».  Le représentant a ensuite annoncé que l’Inde allait présenter des projets de résolution sur la « convention sur l’interdiction de l’utilisation des armes nucléaires », « la réduction du danger nucléaire » et « les mesures pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive ».


M. MOHAMMED BELAOURA (Algérie) a rappelé que son pays souscrivait à tous les traités et à toutes les conventions internationales portant sur les armes de destruction massive, y compris le TNP.  Il a cependant souligné que « la seule réponse face aux dangers posés par les armes nucléaires est leur éradication via les instruments juridiques internationaux ».  M. Belaoura s’est ensuite félicité des engagements russe et américain en faveur de la reconduite du Traité START.  Il a également salué l’adoption d’un programme de travail par la Conférence du désarmement de 2009, présidée par l’Algérie.  « C’est aussi une source d’optimisme », a déclaré M. Belaoura, qui a demandé que les mêmes efforts soient consentis pour la Conférence du désarmement de 2010, afin que des avancées soient faites dans les négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.  M. Belaoura a insisté sur l’importance de voir ces discussions aboutir, car ce traité fait partie des 13 mesures pratiques entérinées lors de la Conférence d’examen du TNP de 2000.


Revenant ensuite sur la Conférence d’examen du TNP de 2010, il a estimé que les conditions existaient pour qu’elle soit un succès.  « C’est une occasion de garantir l’universalité du TNP », a-t-il indiqué, avant de rappeler qu’une application effective du régime de non-prolifération restait impossible tant que certains États, comme Israël, restaient en dehors du Traité.  Regrettant, pour conclure, que le TICE ne soit toujours pas entré en vigueur, M. Belaoura a appelé les 9 États essentiels qui n’ont pas encore ratifié le texte à le faire dans les plus brefs délais.


Mme SANJA STIGLIC (Slovénie) a salué l’élan nouveau en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Elle a dit que son pays est convaincu que le discours « impétueux et inspiré » de Barack Obama contribuera à la réalisation des objectifs qui ont été fixés.  « Nous devrions faire des efforts pour continuer à consolider le TNP », a-t-elle poursuivi, qualifiant ce dernier de « pierre angulaire du système international de paix et de sécurité ».  Elle a estimé que l’absence de résultats probants lors de la dernière Conférence d’examen du TNP, qui a eu lieu au printemps 2005, contribue à l’idée que le TNP n’est plus ce qu’il était.  « La dynamique actuelle devrait rendre plus efficace la Conférence d’examen du traité en mai 2010 », a-t-elle estimé.  Par ailleurs, le TICE, signé il y a 14 ans, n’est toujours pas entré en vigueur, a-t-elle relevé. « Nous sommes convaincus que cela devrait être le cas le plus rapidement possible », a indiqué Mme Stiglic, précisant le souhait de la Slovénie de voir naitre un « monde exempt de tests nucléaires ».


M. REZA NAJAFI (République islamique d’Iran) a regretté que les États nucléaires n’aient pas pris les mesures nécessaires pour éliminer leurs armes nucléaires.  Les efforts qu’ils font sont loin des attentes internationales pour des mesures efficaces et réelles, a-t-il ajouté, avant de demander des réductions irréversibles et transparentes des arsenaux nucléaires.  En ne respectant pas l’article VI du TNP, a-t-il estimé, les États dotés de l’arme nucléaire ont mis en danger l’intégrité du TNP et érodé la confiance des États non nucléaires.  Il a dit que le Projet Trident du Royaume-Uni et la nouvelle posture nucléaire des États-Unis étaient de nouvelles menaces pour les pays non dotés de l’arme nucléaire.  Sur le même ton, il s’est dit préoccupé par le lancement, par la France, d’un nouveau sous-marin nucléaire en sus des 300 ogives nucléaires que détient ce pays et qui peuvent détruire 300 villes et tuer 300 millions de personnes. 


Le représentant a demandé la création d’un comité spécial sur le désarmement nucléaire qui aura pour mandat de mener des négociations réelles dans le cadre de la Conférence du désarmement.  Il a demandé l’arrêt de la production et de la modernisation de toutes les armes nucléaires.  Il a regretté que certains États de l’Union européenne n’aient pas respecté les objectifs de non-prolifération envers lesquels ils se sont engagés.  Ils avaient promis, à cet égard, de ne pas recevoir ou transférer des armes nucléaires ou dispositifs explosifs, a rappelé le représentant.  Il a cité la réception d’armes nucléaires par des États européens sous couvert de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).  Il a appelé les membres de l’Union européenne à se conformer au TNP et à faire retirer de leurs territoires ces armes nucléaires.  Il a fustigé Israël, seul pays de la région du Moyen-Orient à ne pas respecter le régime de non-prolifération, et qui refuse de soumettre ses installations nucléaires aux vérifications de l’AIEA.


M. HILARIO DAVIDE (Philippines) a appelé la communauté internationale à agir avec toute la volonté politique nécessaire pour se débarrasser une fois pour toutes des armes nucléaires.  Cela ne va pas se faire du jour au lendemain, mais on devrait y arriver dans un avenir proche, a-t-il estimé.  Il a averti que détenir l’arme nucléaire ne procure pas la sécurité, mais au contraire attise les tensions et crée un sentiment d’insécurité.  Il a donc lancé un appel en faveur de l’élimination complète et irréversible de l’arme nucléaire, sous contrôle international.  Le représentant a salué la Fédération de Russie et les États-Unis qui ont accepté de négocier un nouveau traité sur la réduction et la limitation des armes stratégiques offensives.  Il a appelé les autres détenteurs d’armes nucléaires à prendre de toute urgence des mesures de réduction et, finalement, d’élimination de leurs arsenaux nucléaires.  Les Philippines sont en faveur de la tenue d’une conférence internationale pour identifier les moyens d’éliminer la menace nucléaire et de la création d’un instrument juridiquement contraignant sur les garanties négatives de sécurité, a précisé M. Davide.  Il a aussi souligné l’importance des ZEAN.  Il faut que le TICE entre en vigueur aussi tôt que possible, a-t-il ajouté, avant de qualifier le TNP de « pierre angulaire » du régime de désarmement nucléaire.


Mme SOAD SHILLI (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que le Conseil de sécurité se limitait à examiner les questions de non-prolifération, et a estimé que cette question ne pouvait être abordée indépendamment de celle du désarmement nucléaire.  Elle a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à réaffirmer leurs engagements pratiques à désarmer et à passer à l’application immédiate des 13 mesures de désarmement adoptées lors de la Conférence d’examen du TNP de l’an 2000.  Elle s’est félicitée des négociations en cours entre les États-Unis et la Fédération de Russie, et des efforts en cours pour parvenir à l’entrée en vigueur du TICE.  Nous espérons que ces engagements se traduiront par des mesures pratiques, a-t-elle insisté, avant de demander la mise en place d’un environnement juridiquement contraignant qui garantisse la sécurité des États non dotés d’armes nucléaires.  Elle a fustigé le refus d’Israël de renoncer à l’arme nucléaire, en rappelant que ce pays était le dernier obstacle à l’avènement d’un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires.  Elle a défendu le droit inaliénable des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques sous contrôle de l’AIEA.  Toute coopération, qu’elle soit pacifique ou militaire, entre les États parties au TNP et des États non parties au TNP, constitue une atteinte à ce Traité, a-t-elle ajouté.  Nous souhaitons que la paix et la sécurité internationales se réalisent par le renforcement du dialogue et non par l’acquisition d’armes de destruction massive.  C’est dans ce contexte, a-t-elle dit, que la Libye a décidé le 19 décembre 2003 de se débarrasser de tous les programmes relatifs à des armes de destruction massive.  


Appréhender le désarmement nucléaire de manière réaliste exige des efforts pratiques et sincères pour créer un environnement qui incite à la paix et la sécurité, en résolvant les causes sous-jacentes de la course aux armements aux niveaux régional et international, a estimé M. ZAMIR AKRAM (Pakistan).  Un ordre international pacifique et stable ne peut être basé que sur le principe de l’égalité de tous les États en matière de sécurité, a-t-il ajouté, soulignant que l’exemple de la situation en Asie du Sud démontrait la menace que constituaient des différends régionaux en matière de nucléarisation.  Le Pakistan a été forcé de garantir sa sécurité, mais il reste néanmoins engagé vers la stabilité régionale, a-t-il assuré. 


L’objectif déclaré d’atteindre un monde sans armes nucléaires par les puissances nucléaires au niveau international est encourageant, mais il appelle des actions concrètes, a poursuivi le représentant, estimant que le désarmement nucléaire ne devait pas se faire au détriment d’autres aspects du problème, comme la non-prolifération, le contrôle des armes et la militarisation de l’espace extra-atmosphérique.  Il a également déploré que les principales puissances nucléaires n’aient pas pris l’engagement de ne pas utiliser ces armes contre des États qui n’en disposent pas.  L’objectif de désarmement, et pas seulement de non-prolifération, doit être au cœur du travail de la Conférence du désarmement, comme du futur traité sur les matières fissiles, a aussi déclaré M. Akram.


Il a ajouté que la plus grande menace pour l’intégrité et la crédibilité du régime de non-prolifération est l’existence d’une politique de deux poids deux mesures et d’approches discriminatoires par certains États qui sont les promoteurs les plus éloquents du TNP.  Les idéologues de la non-prolifération font rarement entendre leur voix contre la possession d’armes nucléaires par leurs alliés, a-t-il dénoncé, estimant « ironique » que dans un tel environnement discriminatoire et dangereux, le Pakistan soit pressé de souscrire au TNP.  Des États qui ont une longue histoire de complicité volontaire aux tests nucléaires par explosion semblent difficilement habilités à pontifier sur la non-prolifération, a-t-il insisté, et les restrictions en matière d’exportation et de partage des pratiques et des expériences de contrôle des armements constituent également un frein à la mise en œuvre globale de normes sur la non-prolifération.  Cet objectif serait mieux servi par l’adoption de normes négociées au niveau multilatéral et par une approche de coopération basée sur des partenariats équitables et inclusifs, a-t-il enfin plaidé.


M. ALEXANDER PONOMAREV (Bélarus) s’est félicité des engagements pris par les États-Unis et la Fédération de Russie envers la poursuite de la réduction de leurs arsenaux nucléaires.  Après avoir rappelé que son pays était partie au Traité START, il a demandé que toutes les puissances nucléaires poursuivent leur désarmement.  Pour le Bélarus, ces contributions participent aux efforts internationaux sur le désarmement et renforcent le régime de non-prolifération, a dit le représentant.  Évoquant les défis qui attendent la communauté internationale en 2010, il a insisté sur l’importance de la Conférence d’examen du TNP.  « Tous les États doivent faire des efforts pour éviter un échec; il est indispensable de mettre en avant le multilatéralisme pour déboucher sur des avancées qui respectent l’équilibre entre les trois piliers du TNP », a-t-il ajouté.  Le représentant du Bélarus a également appelé à l’entrée en vigueur du TICE, considérant qu’elle était indispensable pour renforcer la confiance entre les États et progresser vers l’objectif ultime d’un monde sans armes nucléaires.  Rappelant enfin que le Bélarus serait l’un des présidents de la Conférence du désarmement de 2010, M. Ponomarev a demandé qu’un travail de fond soit fait pour lancer, dès le début de l’année, les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.  « Ce traité est très important pour le désarmement; il permettra plus de transparence », a-t-il estimé.  


Intervenant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande) a présenté un projet de résolution réaffirmant l’importance du Traité de Bangkok qui institue une ZEAN en Asie du Sud-Est.  Il a rappelé que ce Traité -signé en décembre 1995 et entré en vigueur en mars 1997- est le témoin de la forte détermination des 10 États membres de l’ANASE de promouvoir le désarmement et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a cité un texte qui rappelle que l’ANASE sera préservée de toute attaque en tant que zone exempte de toutes armes de destruction massive.  En outre, il a dit le souci de cette ZEAN de renforcer sa coopération avec d’autres ZEAN et d’autres organisations internationales compétentes.  


M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a souscrit aux déclarations faites par la Suède au nom de l’Union européenne.  Se félicitant de l’atmosphère positive constatée ces derniers mois en matière de désarmement, il a articulé sa déclaration autour de trois points.  Le premier concerne le nouvel élan constaté au sein de la communauté internationale en faveur de la naissance d’un monde sans armes nucléaires.  « L’objectif d’une élimination totale de ces armes est revenu en force », s’est-il réjouit, citant l’adoption de la résolution 1887 par le Conseil de sécurité, réuni au sommet le 24 septembre dernier, et les engagements pris par le Président Obama à Prague, en début d’année.  Il a donc appelé tous les États Membres à œuvrer, avec la société civile, pour que « cet engagement ne soit pas oublié, désavoué ou reporté indéfiniment ».


M. Marschik est ensuite revenu sur la Conférence d’examen du TNP de 2010.  « C’est une occasion unique pour relancer le processus de désarmement nucléaire », a-t-il souligné, avant d’énumérer les objectifs que son pays avait identifiés pour cette échéance.  L’Autriche appuie le lancement de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires et sur une convention globale interdisant les armes nucléaires, a dit le représentant.  Elle appelle tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TICE pour permettre son entrée en vigueur.  Elle demande aux puissances nucléaires de s’abstenir de produire ou de développer de nouvelles armes nucléaires, a ajouté M. Marschik.  En ce qui concerne enfin la non-prolifération, le représentant de l’Autriche a réitéré l’appui de son pays à la création de zones exemptes d’armes de destruction massive qui sont « un excellent moyen d’instaurer la confiance entre les États ».  Il a en revanche estimé que le désarmement complet des puissances nucléaires implique l’existence d’un régime de non-prolifération sure et fiable.  « Les crises avec l’Iran et la RPDC montre que ce n’est pas encore le cas », a regretté M. Marschik.


Présentation de projet de résolution


M. REZA NAJAFI(République islamique d’Iran) a présenté un projet de résolution intitulé « Suivi des obligations en matière de désarmement nucléaire contractées à l’issue des Conférences des Parties au TNP de 1995 et 2000 » contenu dans le document publié sous la cote A/C.1/64/L.6.  Il a précisé que ce texte appelait la Conférence d’examen du TNP de 2010 à mettre en œuvre des mesures concrètes pour appliquer l’article VI du TNP, ainsi que le paragraphe 3 et l’alinéa c) du paragraphe 4 de la décision relative aux principes et aux objectifs de la non-prolifération et du désarmement nucléaires, adoptée par la Conférence d’examen du TNP de 1995.  Le texte demande aussi à tous les États dotés d’armes nucléaires de poursuivre leurs efforts pour réduire unilatéralement leurs arsenaux nucléaires, de renforcer la transparence sur leurs capacités nucléaires militaires, de procéder à de nouvelles réductions unilatérales de leurs armements nucléaires non stratégiques, d’adopter des mesures pour réduire encore la capacité opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires, de réduire le rôle des armes nucléaires dans leurs politiques sécuritaires et de s’engager, dès qu’il y aura lieu, dans le processus d’élimination totale de leurs armes nucléaires.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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