En cours au Siège de l'ONU

AG/DSI/3391

La Première Commission entend l’ensemble des pays, y compris ceux dotés de l’arme nucléaire, soutenir l’objectif d’un monde sans armes nucléaires

14/10/2009
Assemblée généraleAG/DSI/3391
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

10eséance – après-midi


L A PREMIÈRE COMMISSION ENTEND L’ENSEMBLE DES PAYS, Y COMPRIS CEUX DOTÉS DE L’ARME NUCLÉAIRE, SOUTENIR L’OBJECTIF D’UN MONDE SANS ARMES NUCLEAIRES


« Les autres pays dotés de l’arme nucléaire ne doivent pas attendre la concrétisation des efforts russo-américains pour réduire le nombre et le volume de leurs armements nucléaires », a déclaré cet après-midi le représentant du Japon au cours d’un débat de la Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, consacré aux armes nucléaires. 


Si les représentants de la France et du Royaume-Uni ont présenté les efforts de désarmement et de non-prolifération nucléaires déployés par leurs pays respectifs, celui de la Chine a rappelé que son pays ne participait pas à la course aux armements nucléaires, qu’il était en faveur de la destruction de toutes les armes nucléaires, et qu’il a adhéré à la politique de « non-utilisation en premier » de l’arme nucléaire quelles que soient les circonstances. 


Le représentant de la France a cité la réduction considérable, depuis la fin de la guerre froide, du nombre d’ogives nucléaires françaises, aujourd’hui plafonné à 300, et l’arrêt de la production en France de matières fissiles à des fins militaires, avant de saluer la posture de « stricte suffisance » de son arsenal nucléaire adoptée par le Royaume-Uni.  De son côté, le représentant du Royaume-Uni a mis l’accent sur la position nationale britannique qui est détaillée dans deux documents intitulés « Lifting the Nuclear Shadow » (Lever le voile nucléaire) et « Road to 2010 », présentés par le Premier Ministre britannique en juillet 2009.  Il a prévenu que la communauté internationale irait vers un échec si les États restaient campés sur leurs positions nationales au cours des « 12 mois d’opportunité » qui s’ouvrent. 


Si les représentants des deux pays européens ont souhaité parvenir à un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires et à une interdiction permanente des essais nucléaires, celui de la France a demandé un moratoire immédiat sur la production des matières fissiles à des fins militaires ainsi qu’un traité d’interdiction des missiles sol-sol de courte portée et de portée intermédiaire pour « réduire la menace balistique ».


La plupart des délégations qui ont pris la parole ont salué l’engagement des États-Unis et de la Fédération de Russie de conclure avant la fin de l’année une réduction de leurs arsenaux stratégiques, en rappelant que ces deux pays rassemblent à eux seuls 95% du stock mondial d’armes nucléaires. 


De son côté, le représentant du Mexique, après avoir souligné les efforts de son pays en matière de contrôle des exportations de produits à double usage, a estimé que la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) par les États-Unis, le principal détenteur d’armes nucléaires, ne pourra que donner un élan salutaire aux autres huit ratifications nécessaires pour l’entrée en vigueur de ce traité décisif.  Intervenant au nom des coordonateurs des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), le représentant du Chili a estimé que les ZEAN étaient la meilleure illustration de la valeur ajoutée qu’apporte la dimension régionale pour aider le monde à se débarrasser des armes nucléaires. 


Si la représentante du Venezuela a estimé indispensable de garantir l’égalité juridique de tous les pays face aux obligations qui leur incombent au titre des objectifs de désarmement et de non-prolifération nucléaire, celui de Cuba a rejeté la démarche sélective imposée par certains pays « qui font abusivement » un lien entre le nucléaire avec le terrorisme.  Les deux délégations ont insisté sur le droit inaliénable des États d’accéder à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, avec tout ce que cela comporte en matière de transfert de technologie. 


La Première Commission a également entendu la représentante du Maroc s’inquiéter des risques de terrorisme nucléaire en regrettant que le temps perdu en matière de désarmement nucléaire n’avait fait que permettre aux activités de prolifération de s’accroître et favoriser les risques de terrorisme nucléaire.  C’est pourquoi, elle a salué l’importance du prochain sommet sur la sécurité nucléaire, prévu en 2010 à Washington, D.C., qui se proposera d’explorer les moyens de faire face à la vulnérabilité des installations où sont manipulées des matières nucléaires. 


Ont pris la parole aujourd’hui au cours de ces débats, les représentants des pays suivants: Suisse; Indonésie (au nom du Mouvement des non-alignés); Uruguay (au nom du Mercosur); Japon; Norvège; Royaume-Uni; France; Kazakhstan; Mexique; Pays-Bas; Chili (au nom des coordonnateurs des ZEAN); Chine; Nouvelle-Zélande; Venezuela; Cuba; Canada; République de Corée et Maroc.


La Première Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi le 15 octobre, à 15 heures en salle de conférence 4.


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS SOUMIS AU TITRE DES POINTS 86 À 103 DE L’ORDRE DU JOUR DE LA PREMIÈRE COMMISSION


Débat thématique sur les armes nucléaires


Déclarations


M. JÜRG STREULI (Suisse) s’est félicité de l’atmosphère positive de ces derniers mois en matière de désarmement tout en estimant qu’il fallait « passer des déclarations encourageantes aux actions concrètes ».  Pour la Suisse, la priorité immédiate, c’est d’abord un nouveau traité entre la Fédération de Russie et les États-Unis d’Amérique pour la réduction de leurs arsenaux nucléaires.  « Ce serait un argument de poids pour convaincre les États qui n’ont pas l’arme nucléaire de réaffirmer leur renoncement à ce type d’armement », a ajouté M. Streuli.  Il a ensuite demandé le lancement, dès le début 2010, de discussions pour la négociation d’un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.


Le représentant de la Suisse a, par ailleurs, énuméré les efforts attendus de la part des puissances nucléaires.  Il a estimé qu’elles devaient toutes ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a salué les engagements pris par le Président américain, Barack Obama, dans ce sens.  Il a aussi demandé une révision fondamentale de la doctrine nucléaire de la dissuasion en termes de sécurité globale.  Il a indiqué que la Suisse attendait beaucoup de la révision en cours de la posture nucléaire américaine, et a appelé les autres puissances nucléaires à procéder au même réexamen.


Pour conclure, le représentant suisse a fait part des préoccupations de son pays face aux dangers croissants posés par la prolifération nucléaire.  Il a appelé la République populaire démocratique de Corée et la République islamique d’Iran à respecter les résolutions du Conseil de sécurité.  Rappelant que la Suisse a privilégié la diplomatie et le dialogue, il a appelé ces deux pays à poursuivre les Pourparlers à Six pour le premier, et les discussions P5 + 1ère pour le second.


M. ALPHYANTO RUDDYARD (Indonésie), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a estimé essentiel que les États dotés de l’arme nucléaire respectent leurs engagements multilatéraux en matière de désarmement général et complet.  Il a ajouté que l’élimination totale des armes nucléaires demeure la seule garantie contre l’utilisation ou la menace d’utilisation de ces armes.  Le représentant a indiqué que les pays non alignés, « bien avant la tenue de la réunion au sommet du Conseil de sécurité du 24 septembre dernier », défendaient l’objectif d’un monde débarrassé de l’arme atomique.  Il a ainsi appelé à l’organisation d’une conférence internationale destinée à identifier les moyens pour mettre fin au danger nucléaire dans des délais raisonnables.  Il devrait être interdit de développer, produire, acquérir, tester, stocker, transférer, utiliser ou menacer d’utiliser ces armes, a-t-il insisté.  Le représentant de l’Indonésie a aussi souligné la nécessité que la Conférence du désarmement soit en mesure de négocier des assurances de sécurité négatives juridiquement contraignantes au bénéfice des États non dotés de l’arme nucléaire.  Nous soulignons en outre l’importance que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) devienne universel, ce qui contribuera au processus de désarmement nucléaire, a encore dit le représentant.  Il a par ailleurs rappelé que les non-alignés continuaient d’appuyer l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, la création de ces zones requérant, à leurs yeux, une coopération accrue au niveau régional à même de renforcer la confiance interétatique.


S’exprimant au nom du Mercosur, M. MARTIN VIDAL (Uruguay) s’est félicité des signes positifs de ces derniers mois en matière de désarmement, en particulier l’annonce de nouvelles discussions entre la Fédération de Russie et les États-Unis d’Amérique pour une nouvelle réduction de leurs arsenaux nucléaires, et l’adoption de sa résolution 1887 par le Conseil de sécurité réuni au sommet le 24 septembre dernier.  Il a rappelé que « tant que des armes nucléaires existent, les risques d’utilisation de ces armes et de prolifération demeurent ».  Le Mercosur demande donc l’adoption d’un agenda international pour le désarmement des puissances nucléaires.


M. VIDAL est ensuite revenu sur les deux évènements majeurs de l’année 2010.  En ce qui concerne d’abord la Conférence d’examen du TNP, il a indiqué que le Mercosur demandait l’application des « 13 mesures pratiques » adoptées lors de la Conférence d’examen de 2000, ainsi que des progrès significatifs dans le désarmement.  « Un manque de progrès risque de remettre en cause l’équilibre entre les trois piliers du TNP », a-t-il estimé.  En ce qui concerne ensuite la Conférence du désarmement, le représentant a appelé tous les États Membres à éviter les débats de procédure qui retardent inutilement la mise en œuvre du programme de travail de la Conférence.  Il a en particulier souligné la nécessité d’entamer des négociations sur un traité universel, non discriminatoire et vérifiable, pour interdire la production de matières fissiles à des fins militaires.


Évoquant le TICE, M. VIDAL a appelé tous les États à ratifier le Traité pour permettre son entrée en vigueur.  Il a notamment salué l’engagement du Président des États-Unis, M. Obama, à œuvrer pour la ratification du texte par son pays.  Enfin, le représentant uruguayen a réitéré le soutien du Mercosur à la création des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), appelant à la mise en place d’une « meilleure coopération » entre les zones existantes pour renforcer la promotion de nouvelles ZEAN.


M. AKIO SUDA (Japon) a déclaré que la possession de l’arme nucléaire ne devait conférer aucun avantage particulier à aucun État.  Il a dit que la réduction du nombre d’armes nucléaires existant devait être une priorité de la communauté internationale.  Il a salué les efforts des États-Unis et de la Fédération de Russie visant à s’accorder sur de nouveaux objectifs de réduction des armes nucléaires stratégiques des deux puissances.  Il a dit que les autres pays dotés de l’arme nucléaire ne devaient pas attendre la concrétisation des efforts russo-américains pour réduire le nombre de leurs armes nucléaires.  M. Akio Suda a déclaré que l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) était une contribution importante à la non-prolifération.  C’est pourquoi, il s’est félicité de l’entrée en vigueur en 2009 des Traités de Pelindaba(Afrique) et de Semipalatinsk (Asie centrale), qui font des deux régions concernées des ZEAN. 


Le représentant du Japon s’est inquiété de la mise en place par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de programmes nucléaires et de programmes de missiles.  Il a exhorté la RPDC à respecter les résolutions du Conseil de sécurité.  Il a assuré que le Japon n’épargnera aucun effort pour parvenir, par le biais des Pourparlers à Six, à une dénucléarisation de la Péninsule de Corée.  M. Suda a estimé que la non-prolifération et le désarmement nucléaires devaient être menés de pair.  Il a appelé à l’entrée en vigueur du TICE en saluant la volonté déclarée des États-Unis d’y adhérer.  Il a présenté les consultations menées à travers le monde par la Commission internationale sur la non-prolifération et le désarmement nucléaires dont l’existence est une initiative conjointe du Japon et de l’Australie.


M. KNUT LANGELAND (Norvège) a indiqué que la Conférence d’examen du TNP qui aura lieu en 2010, devait être « l’occasion d’établir un programme permettant des avancées concrètes ».  Il a ensuite rappelé que la Norvège condamnait les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée et l’appelait à reprendre les Pourparlers à Six.  La Norvège soutient également une solution négociée dans la crise sur le programme nucléaire iranien.  Elle s’est félicitée des signes positifs de ces dernières semaines et a appelé à la poursuite des discussions entre l’Iran et le Groupe 5+1, a rappelé le représentant.  Il a ensuite énuméré les différents défis qui attendent la communauté internationale.  Il a demandé la poursuite de la réduction des arsenaux des puissances nucléaires, tout en se félicitant des engagements pris dans ce sens par les Présidents américain et russe.  Il a également demandé que plus d’efforts soient faits pour empêcher toute course aux armements, en particulier grâce à l’entrée en vigueur du TICE au plus vite.


Le représentant a, par ailleurs, estimé qu’il fallait poursuivre le travail entamé par la Conférence du désarmement, en particulier en lançant des négociations pour un traité interdisant la production de matières fissiles dès le début de l’année prochaine.  Évoquant ensuite la question des arsenaux des puissances nucléaires, il a demandé plus de transparence sur les stocks d’armes existants et a estimé que les puissances nucléaires devaient faire rapport de l’évolution de leurs efforts de réduction et de l’état de ces stocks.  « C’est une obligation », a-t-il insisté.  


M. JOHN DUNCAN (Royaume-Uni) a déclaré que la position nationale de son pays au sujet du désarmement nucléaire était détaillée dans deux documents intitulés « Lifting the Nuclear Shadow » et « Road to 2010 », dont la publication a été lancée par le Premier Ministre britannique en juillet 2009.  M. Duncan a dit que le Royaume-Uni restait engagé à travailler à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires et à respecter ses obligations au titre du TNP.  Il a dit que le défi à relever par la Première Commission sera de se concentrer sur ce qui unit la communauté internationale plutôt que sur ce qui la divise.  Personne ne peut contester que la prolifération nucléaire est une menace à la paix et à la sécurité internationales, que la sécurité nucléaire est une priorité, et que nous voulons tous être sûrs que les armes nucléaires ne seront plus jamais utilisées, a souligné John Duncan.  Nous reconnaissons notre responsabilité de permettre à tous les États l’accès à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Si au cours de ces 12 mois d’opportunité nous restons campés sur nos positions nationales, nous échouerons, a cependant prévenu le représentant.  Il a estimé indispensable d’obtenir un plus grand engagement de la part de tous et de démontrer une volonté de faire des compromis.  Il a dit la volonté du Royaume-Uni de parvenir à un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires et de faire progresser le nombre des ratifications du TICE, ce qui permettrait de parvenir à une interdiction permanente des essais nucléaires.  Il a insisté sur la volonté de son pays de rechercher un plan d’action pour l’application équilibrée des trois piliers du TNP.  Il a salué la volonté du Président Obama de convoquer en avril 2010, à Washington, un sommet sur la sécurité nucléaire.


M. ERIC DANON (France) a présenté une approche française qui, depuis la fin de la Guerre froide, s’est traduite par une réduction considérable du nombre d’ogives nucléaires français, aujourd’hui plafonné à 300.  Il a cité l’irréversibilité de l’arrêt de la production, à des fins de production d’armes nucléaires et de matières fissiles.  Il a mis l’accent sur la transparence de la politique de la France qui s’est traduite notamment par l’organisation de plusieurs visites des anciens sites de production de matières fissiles de Pierrelate et de Marcoule.  S’appuyant sur les réalisations françaises, il a exhorté les pays dotés de l’arme nucléaire à s’engager sur la voie de la réduction de leurs arsenaux nucléaires.  Il a salué la posture de stricte suffisance adoptée par le Royaume-Uni.  Il s’est ensuite félicité de l’engagement des États-Unis et de la Fédération de Russie de conclure, avant la fin de l’année, une réduction de leurs arsenaux stratégiques qui représentent 95% du stock mondial d’armes nucléaires. 


Le représentant de la France a souhaité la mise en œuvre, par tous les pays concernés, d’un moratoire sur la production des matières fissiles à des fins militaires, en attendant la négociation d’un traité d’interdiction de la production des matières fissiles.  Il a également demandé l’ouverture de consultations en vue de la négociation d’un traité d’interdiction des missiles sol-sol de portées courte et intermédiaire, ce qui permettrait de réduire de manière significative la menace balistique.  Au-delà des enjeux nucléaires, il a estimé indispensable d’aborder plus largement l’ensemble des questions stratégiques comme la défense antimissile, les capacités conventionnelles ou l’espace.  Par ailleurs, il a estimé que les enjeux de sécurité, de sûreté et de non-prolifération étaient au cœur du développement international du nucléaire civil.  S’agissant de l’Iran, il a précisé que la France portera une attention extrême au caractère concret des résultats obtenus d’ici la fin de l’année avec la reprise des pourparlers E3+3 avec l’Iran, ainsi qu’aux résultats des inspections de l’AIEA dans ce pays.  En ce qui concerne le TNP, il a estimé que la réponse à ces défis passait par la mise en œuvre de mesures concrètes, à commencer par celles proposées en matière de désarmement, à la fin de l’année 2008, par les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne.


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a estimé que l’atmosphère politique actuelle était « très favorable » à de réelles avancées dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération.  Elle a toutefois nuancé son propos en rappelant que des milliers d’armes nucléaires étaient toujours en place et prêtes à l’usage, faisant ainsi persister le risque de leur utilisation ou de leur acquisition par des acteurs non étatiques.  Elle a ensuite rappelé que le Kazakhstan soutenait un désarmement graduel, par étapes, conformément aux dispositions du TNP.  Elle a souhaité que la Conférence d’examen du TNP de 2010 soit l’occasion d’avancées concrètes.  Mme Aitimova a exhorté la communauté internationale à accélérer l’entrée en vigueur du TICE et a demandé le lancement rapide de négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.


Rappelant ensuite que le Kazakhstan reconnaissait le droit de tous les États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, elle a souhaité une résolution pacifique des différends qui existent aujourd’hui entre la communauté internationale et certains pays développant des programmes nucléaires.  Elle a par ailleurs réitéré la proposition de son pays d’accueillir sur son territoire une banque internationale de combustibles nucléaires, sous le contrôle de l’AIEA.  Mme Aitimova a finalement annoncé le dépôt d’un projet de résolution soutenu par le Bélarus, le Tadjikistan et le Turkménistan pour l’instauration d’une « Journée internationale pour un monde sans armes nucléaires ».  L’objectif de cette Journée serait d’accroître la sensibilisation du grand public et de faciliter l’engagement des pays et des dirigeants politiques, a-t-elle expliqué.


M. PABLO MACEDO (Mexique) a estimé qu’il ne fallait pas perdre du vue que l’objectif à atteindre reste l’élimination de toutes les armes de destruction massive.  Il a salué l’adoption, le 24 septembre dernier, de la résolution 1887 du Conseil de sécurité qui comprend des mesures très importantes en faveur de la non-prolifération et du désarmement nucléaires.  Il a souhaité que la rhétorique fasse place à des faits concrets.  La non-prolifération ne peut être traitée de manière isolée, a encore ajouté le représentant du Mexique en insistant sur une application équilibrée des trois piliers du TNP, à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération et l’accès à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Il a souligné les efforts faits par le Mexique pour s’aligner sur les normes de divers régimes de contrôle d’exportations de produits à double utilisation.  Il a estimé que la ratification du TICE par les États-Unis, le principal détenteur d’armes nucléaires, ne pourra que donner un élan salutaire aux autres ratifications nécessaires pour l’entrée en vigueur de ce traité décisif.  Il a souligné l’importance de l’organisation, en 2010, à New York, de la deuxième Conférence des États parties à des zones exemptes d’armes nucléaires, dont la première édition s’est tenue au Mexique en 2005.


M. PAUL VAN DER IJSEL (Pays-Bas) a estimé que les évènements de ces derniers mois avaient créé un « nouvel élan » dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.  Il a appelé toutefois la communauté internationale à faire des avancées concrètes, estimant que la Conférence d’examen du TNP de 2010 était à cet égard un évènement crucial.  « Pour avancer, nous avons besoin d’une approche stratégique et créative dont la coopération entre États est l’essence », a-t-il indiqué.  Estimant que le TNP n’est pas un instrument servant les intérêts des seules puissances nucléaires, mais un instrument qui sert les intérêts de tous les pays, il a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TNP le plus vite possible, et ceux qui l’ont déjà fait à s’assurer de sa mise en œuvre

complète.  M. Van der Ijsel a par ailleurs demandé l’entrée en vigueur du TICE saluant les engagements pris par le Président des États-Unis pour que son pays aille dans ce sens et en appelant les huit autres États nucléaires ou à capacité nucléaire –États du seuil- qui n’ont pas encore ratifié le texte « à prendre leur responsabilité et à passer cette étape cruciale ».  Enfin, M. Van der Ijsel a appelé la Conférence du désarmement « à laisser derrière elle le temps des discussions intéressantes mais improductives » pour redevenir un forum où de nouvelles étapes concrètes sont franchies.  Il a en particulier encouragé le lancement et la conclusion rapide de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires. 


M. ALFREDO LABBÉ (Chili) s’est félicité des changements politiques observés cette année et qui ont créé l’espoir d’avancées significatives dans le domaine du désarmement.  Il a cependant rappelé que le désarmement serait « une réalité » quand les États renonceront à utiliser leurs arsenaux, notamment nucléaires, comme des « instruments de pouvoir ».  Saluant ensuite l’adoption de la résolution 1887 par le Conseil de sécurité réuni au sommet, le 24 septembre dernier, M. Labbé a souligné les efforts faits par les membres du Conseil pour conserver un équilibre politique entre les différents principes, instruments et organismes du régime international de désarmement.  Revenant sur les travaux des membres de la Conférence du désarmement qui, après avoir adopté un programme de travail pour 2009, n’ont pas pu le mettre en œuvre en raison « d’abus sur la règle du consensus », M. Labbé a souhaité qu’un message « clair » soit adressé à la Conférence du désarmement par la Première Commission.  « N’est-il pas ironique que les progrès les plus significatifs soient réalisés dans le cadre d’accords bilatéraux? », s’est-il interrogé, citant l’annonce des Présidents américain et russe de reprendre leurs négociations en vue de la réduction de leurs arsenaux nucléaires.  M. Labbé a donc insisté pour que la Conférence d’examen du TNP, « le rendez-vous le plus important de 2010 », soit l’occasion d’avancées réelles permettant de « renouveler la légitimité de cet instrument juridique international crucial pour la paix mondiale ».  Il a notamment estimé que les « 13 mesures pour un désarmement nucléaire », adoptées lors de la Conférence d’examen de 2000, soient appliquées et débouchent sur la mise en place d’un agenda pragmatique ayant de vraies chances de succès.


M. Labbé s’est ensuite exprimé au nom des coauteurs d’une résolution présentée depuis 2007 et baptisée « Decreasing the operational readiness of nuclear weapons systems » (réduire la préparation opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires).  Il a expliqué que compte tenu des efforts entrepris ces derniers mois pour revoir la place des armes nucléaires dans les doctrines sécuritaires des puissances nucléaires, cette résolution ne serait pas présentée cette année.  « Nous la présenterons lors de la Soixante-cinquième Assemblée générale, en espérant qu’elle pourra faire état de progrès concrets sur cette question », a-t-il ajouté.  S’exprimant enfin comme coordinateur de la coopération entre Zones exemptes d’armes nucléaires, M. Labbé est revenu sur l’organisation en 2010 de la deuxième Conférence des États parties aux ZEAN.  Il a d’abord rappelé qu’une première Conférence, organisée au Mexique, en 2005, avait permis de jeter les bases d’une coopération entre les ZEAN.  Il a ensuite souhaité que la deuxième Conférence se tienne au Siège des Nations Unies, le 30 avril 2010, à la veille de la Conférence d’examen du TNP.  « Nous estimons que c’est le cadre adéquat parce que les ZEAN sont des outils pour empêcher la prolifération, limiter l’usage des armes nucléaires et créer un climat de confiance entre les États Membres », a-t-il expliqué, avant d’annoncer qu’un projet de résolution dans ce sens serait déposé.  Il a demandé aux États Membres de la soutenir.


M. KANG YONG (Chine) a souligné la responsabilité qui incombe aux pays qui possèdent les plus grands arsenaux nucléaires de réduire le nombre et le volume de leurs armes stratégiques.  Il a souhaité l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en demandant que les pays concernés abandonnent leurs politiques de dissuasion nucléaire.  Tous les pays dotés de l’arme nucléaire doivent s’engager à ne pas utiliser ces armes contre les pays non dotés de l’arme nucléaire ou contre les États parties à des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), a-t-il insisté.  Alors que la Conférence du développement vient d’adopter un programme de travail, il faut profiter de cet élan pour faire avancer le processus de désarmement et de non-prolifération nucléaires, y compris le processus de démantèlement, a ajouté le représentant.  Il a souligné l’importance de renforcer la confiance mutuelle entre les États en appelant les États Membres à saisir l’opportunité qu’offre la Conférence d’examen du TNP de 2010.  Il a déclaré que la Chine, qui a toujours été en faveur de la destruction de toutes les armes nucléaires, avait adhéré à la politique de non- utilisation en premier de l’arme nucléaire quelles que soient les circonstances.  Nous ne participons pas à la course aux armements nucléaires, a encore dit le représentant de la Chine, avant de réaffirmer la volonté de son pays de travailler avec la communauté internationale pour la réalisation des objectifs de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  


Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande) a souligné la nécessité de s’engager sur la quantité en matière de désarmement nucléaire, mais également sur des étapes pratiques et transparentes qui amoindrissent globalement le rôle des armes nucléaires dans les stratégies nationales de sécurité.  À cet égard, elle a rappelé que le Groupe en faveur de la sortie de l’état d’alerte dont son pays fait partie, avait choisi cette année de ne pas présenter sa résolution sur l’état de préparation opérationnelle, ceci afin de soutenir la tendance actuelle qui montre une volonté sincère des États d’incarner « la vision de Prague ».  L’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) serait une étape majeure vers un monde sans armes nucléaires, a-t-elle poursuivi, estimant également qu’il est nécessaire d’ouvrir des négociations sur l’interdiction de la production de matières fissiles pour la production d’armes.


La représentante a ensuite évoqué la résolution sur un hémisphère Sud sans armes nucléaires, présentée conjointement avec le Brésil, et a espéré qu’un nombre encore plus important de pays y souscriront cette année.  Nous saluons l’entrée en vigueur, plus tôt cette année, du Traité de Pelindaba, et notons que l’ensemble des traités en matière de zones exemptes d’armes nucléaires dans l’hémisphère Sud est désormais lancé, a-t-elle également dit.  Les pays qui disposent d’armes nucléaires et ceux qui n’en ont pas ont un rôle complémentaire à jouer pour empêcher la prolifération, a enfin déclaré Mme Higgie.  Ele a réaffirmé l’engagement de la Nouvelle-Zélande en la matière, ainsi que sa préoccupation quant au fait que les vérifications de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sont toujours inexistantes ou inadéquates dans plus de 90 pays.


Mme LISETH ANCIDEY. (Venezuela) a estimé que les États nucléaires devaient être tenus pleinement responsables de tous les risques d’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques.  Elle a fustigé le manque de volonté politique de certaines puissances nucléaires qui ne respectent pas leurs obligations.  Elle a espéré que l’accord de réduction du nombre des armes nucléaires auquel parviendront les États-Unis et la Fédération de Russie sera transparent et irréversible.  Elle a estimé indispensable de garantir l’égalité juridique de tous les pays face à leurs obligations au titre des objectifs de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Elle a ensuite défendu le droit inaliénable des États d’accéder à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Les garanties négatives de sécurité aux États non dotés de l’arme nucléaire sont une mesure très importante, a estimé la représentante du Venezuela.  Elle a, en outre, mis l’accent sur l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires en soutenant l’objectif de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.


M. QUIÑONEZ SANCHEZ (Cuba) a regretté qu’en dépit des engagements internationaux contenus dans le TNP et de l’Avis consultatif de la Cour internationale de Justice de 1986, plusieurs États n’aient toujours pas renoncé à la possession d’armes nucléaires et continuent de justifier leur position en se référant à la « dissuasion nucléaire ».  Pour Cuba, l’utilisation de ces armes est « illégale, immorale et ne peut être justifiée par aucune doctrine de sécurité ».  Les puissances nucléaires doivent donc s’acquitter de leurs obligations et œuvrer en faveur d’un désarmement total, selon un calendrier établi et sous contrôle international.  Le représentant a en particulier demandé l’application des 13 mesures pratiques adoptées lors de la Conférence d’examen du TNP de 2000.  Il a en outre regretté que le Conseil de sécurité « laisse de côté les mesures concrètes qui permettraient d’arriver au désarmement ».  Le représentant de Cuba a par ailleurs dénoncé la « démarche sélective de deux poids, deux mesures » que certaines puissances nucléaires essayent d’imposer et qui nuit à la crédibilité du régime international de non-prolifération.


Rappelant que Cuba, signataire du TNP, reconnaissait le droit inaliénable des États à utiliser pacifiquement l’énergie nucléaire, il a insisté sur le droit des pays en développement de participer directement au transfert de matériels, de matières fissiles et de connaissances techniques pour utiliser cette source d’énergie.  État membre de la Conférence du désarmement, Cuba a également demandé la mise en place d’un calendrier de désarmement, avec des échéances, notamment pour l’entrée en vigueur du TICE, a indiqué le représentant.  Il s’est enfin félicité de la création de ZEAN en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Afrique, demandant que les puissances nucléaires s’engagent à ne pas user de la menace ou des armes nucléaires contre ces zones.  


M. JONATHAN TAN (Canada), a déclaré ne se faire aucune illusion sur les moyens d’atteindre l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Relevant la difficulté de concilier des différences inconciliables, il faudra, a-t-il dit, décourager les ambitions des États qui cherchent à se doter d’armes nucléaires et inciter les États qui possèdent déjà des armes atomiques à s’acquitter de leurs obligations en matière de désarmement.  Revenant sur son pays, il a présenté l’initiative prise par celui-ci concernant la défense du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), notamment grâce au « Processus de renforcement de l’examen du Traité de non-prolifération nucléaire », un document de travail qui comporte trois volets, dont l’établissement de réunions annuelles ciblées, la création d’un bureau permanent chargé d’organiser des réunions en cas d’événements menaçant la viabilité du TNP, et la formation d’une unité d’appui à la mise en œuvre du TNP au sein du Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies.


Sur le dossier iranien, le représentant du Canada s’est exprimé en faveur d’une solution négociée qui, a t-il dit, pourrait aussi inclure un engagement réversible par le Conseil de sécurité tant que l’Iran ne respectera pas ses obligations internationales.  M. Tan a également invité la République populaire démocratique de Corée à rejoindre de nouveau le TNP.  Concluant son intervention, M. Tan a souhaité voir les pays ayant participé à la Conférence du désarmement parvenir à un accord commun sur le programme de travail et entamer des travaux de préparation à la négociation d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles.  Il a enfin assuré que le Canada, qui présidera le G-8 en 2010, ferait avancer les enjeux liés à la non-prolifération au contrôle des armements, et au désarmement.


M. IM HAN-TAEK (République de Corée) a insisté sur la responsabilité des États Membres à maintenir l’élan actuel en prévision de la tenue de la Conférence d’examen du TNP, prévue en 2010, et pour réaliser un monde libre d’armes nucléaires.  Il a engagé tous les États ne l’ayant pas encore fait à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), et notamment les États figurant à l’Annexe II du Traité.  Nous ne pouvons repousser les négociations sur un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles, a estimé le représentant qui s’est par ailleurs dit « déçu » par le manque de progrès accomplis cette année par la Conférence du désarmement.  Relevant que la « renaissance nucléaire » était devenue une tendance irréversible, M. Im Han-taek a engagé la communauté internationale à renforcer la coopération dans le domaine de l’usage pacifique de l’énergie nucléaire.  Ma délégation espère que la tenue, en avril, à Washington, du Sommet sur la sécurité nucléaire, permettra de mobiliser la volonté des dirigeants pour répondre à la menace du terrorisme nucléaire et de la prolifération, a-t-il dit.


« Le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ne saurait être toléré », a poursuivi le représentant qui s’est félicité de l’adoption de la résolution 1874 du Conseil de sécurité.  Ma délégation croit fermement que la question nucléaire de la RPDC doit être résolue de façon pacifique par l’intermédiaire des Pourparlers à Six.  Nous exhortons la RPDC à reprendre les pourparlers et à abandonner ses armes et son programme nucléaire conformément à la Déclaration conjointe du 19 septembre 2005, a dit le représentant.  Citant le Président Lee Myung-bak, le chef de la délégation de la République de Corée a affirmé que si la RPDC démantelait les principales composantes de son programme d’armement nucléaire, elle bénéficierait d’une garantie de sécurité et de l’appui international.


Mme SIHAM MOURABIT (Maroc) a déclaré que le risque du terrorisme nucléaire rendait vulnérables les installations nucléaires et par conséquent la vie des populations.  Elle a salué l’importance du prochain sommet sur la sécurité nucléaire prévu en 2010, qui se proposera d’explorer les moyens de protéger la vulnérabilité des installations et sites sensibles où sont manipulées des matières nucléaires.  Elle a estimé que le temps perdu en matière de désarmement nucléaire a permis aux activités de prolifération de s’accroître en favorisant les risques de terrorisme nucléaire.  « Alors que nous sommes au seuil de la Conférence d’examen 2010 du TNP », a-t-elle dit, « nous formulons l’espoir que celle-ci saura préserver les acquis de 2000 et identifier les moyens d’un plan d’action permettant la mise en œuvre intégrale des objectifs de désarmement et de non-prolifération ».  Mon pays, qui a signé et ratifié l’ensemble des instruments multilatéraux relatifs aux armes de destruction massive, y compris le TNP, reste engagé en faveur d’un désarmement nucléaire irréversible, transparent et vérifiable, a encore dit la représentante du Maroc avant d’insister sur le respect d’un certain nombre de fondamentaux dont le lien entre le désarmement et la non-prolifération nucléaires.  Elle a insisté sur la nécessité d’une adhésion universelle au système de garanties de l’AIEA en exhortant Israël à soumettre ses installations au système de vérification de l’Agence.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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