AG/10893

À la veille de la réunion d’examen de 2010, l’Assemblée générale réfléchit aux moyens de renforcer la Commission de consolidation de la paix

20/11/2009
Assemblée généraleAG/10893
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-quatrième session

49e et 50e séances plénières – matin et après-midi


À LA VEILLE DE LA RÉUNION D’EXAMEN DE 2010, L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE RÉFLÉCHIT AUX MOYENS DE RENFORCER LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX


L’Assemblée générale a réfléchi, aujourd’hui, aux thèmes principaux qui mériteront d’être mis en exergue à l’examen prévu en 2010 des activités de la Commission de consolidation de la paix (CCP).


Elle a également achevé son débat sur la revitalisation de ses travaux, après avoir adopté, par consensus, un projet de décision* dans lequel elle décide de reporter son quatrième Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, qui était initialement prévu les 23 et 24 novembre 2009.


Commentant cette décision, le représentant de la Suède a, au nom de l’Union européenne (UE), déclaré qu’il était regrettable de devoir reporter un évènement aussi important dans un délai aussi court.  « Cela est préjudiciable à l’image de l’ONU », a-t-il dit, en réclamant une explication écrite sur les raisons de ce report.


« La Commission de consolidation de la paix a un rôle essentiel à jouer et l’examen de ses activités en 2010 permettra de tirer les enseignements de l’expérience, de mieux définir son rôle et d’améliorer l’appui qu’elle accorde aux pays postconflit », a déclaré M. Heraldo Muñoz, Représentant permanent du Chili et Président de la CCP, qui était venu présenter le rapport annuel de cet organe.


Le Président a affirmé que la CCP était sous-utilisée et qu’elle était capable de promouvoir la transition de l’assistance humanitaire aux efforts de redressement et de renforcer la synergie des mandats de consolidation et de maintien de la paix, ainsi que les capacités nationales de développement. 


Dans son rapport, examiné aujourd’hui par la quarantaine de délégations réunies, le Secrétaire général rappelle que la consolidation de la paix vise à améliorer l’état de la sécurité, à engranger les dividendes de la paix, à renforcer la confiance dans le processus politique et à étayer les efforts des pays visant à raffermir la paix, c’est-à-dire commencer à jeter les fondations du développement durable. 


Au cours du débat, les délégations ont commenté ses recommandations et mis l’accent sur l’importance de l’appropriation nationale.  Elles ont réclamé des financements prévisibles, souples et bien coordonnés, en se félicitant, à cet égard, de l’application des termes de référence révisés du Fonds pour la consolidation de la paix. 


« Les pratiques des donateurs et les mécanismes doivent être améliorés », a estimé le représentant de la Suède, qui, comme d’autres délégations, a réclamé une relation plus structurée entre la Commission et le Conseil de sécurité.


Des appels ont aussi été lancés pour améliorer et diversifier les méthodes de travail de la Commission afin qu’elle puisse répondre également aux demandes des pays qui ne sont pas inscrits à son ordre du jour.


De nombreuses délégations comme celle de la Chine ont jugé nécessaire d’adopter une approche intégrée qui allierait non seulement la sécurité, les droits de l’homme et l’état de droit mais aussi le développement socioéconomique dont les lacunes sont souvent à la source des conflits.  


Il importe, dans ce cadre, de s’assurer, a dit le représentant de la Norvège, que les efforts de consolidation de la paix reflètent le rôle clef des femmes.  « La situation des femmes et des fillettes est souvent le reflet de la portée des efforts de consolidation de la paix », a notamment expliqué la représentante de ce pays. 


Le représentant de la Jamaïque, qui intervenait au nom du Mouvement des pays non alignés, a souhaité, que dans son interaction avec la société civile, la Commission aille au-delà du monde universitaire et vise « le citoyen ordinaire ».  Enfin, le représentant de la Suisse a appelé le Secrétaire général à présenter, d’ici à la fin avril 2010, des recommandations concrètes qui constitueraient la base du processus de réexamen.


En attendant, le Président de l’Assemblée générale a annoncé son intention de nommer deux facilitateurs à l’examen de 2010 afin de s’assurer que la priorité sera effectivement accordée aux pays sortant d’un conflit.


L’Assemblée générale a décidé de prolonger la session de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) jusqu’au 4 décembre 2009.


Elle poursuivra ses travaux, lundi 30 novembre, avec l’examen de la situation en Palestine et au Moyen-Orient.


* A/64/419



COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX


Outre le rapport de la Commission de consolidation de la paix (A/64/341–S/2009/444), qui a été présenté par son Président, M. Heraldo Muñoz du Chili, l’Assemblée générale était saisie du rapport du Secrétaire général sur le Fonds pour la consolidation de la paix (A/64/217–S/2009/419).


Dans ce dernier rapport, qui couvre les activités du Fonds pour la période allant du 1er juillet 2008 au 30 juin 2009, le Secrétaire général indique qu’au 30 juin 2009, le portefeuille du Fonds s’établissait à 312,9 millions de dollars.  Le montant des dépôts atteignait 309,6 millions de dollars, provenant d’une large base de 45 donateurs; les 10 plus gros contributeurs étant la Suède, le Royaume-Uni, la Norvège, les Pays-Bas, le Japon, le Canada, l’Irlande, l’Espagne, l’Allemagne et le Danemark.


Le Fonds intervient actuellement dans 12 pays.  Entre juillet 2008 et juin 2009, trois nouveaux plans des priorités et 40 nouveaux projets ont été approuvés, ce qui porte à 89 le nombre de projets financés par le Fonds au Burundi, aux Comores, en Côte d’Ivoire, en Guinée, en Guinée-Bissau, en Haïti, au Kenya, au Libéria, au Népal, en Sierra Leone, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC) et au Timor-Leste.


Le Secrétaire général explique que les évaluations récentes et les rapports d’exécution soumis par les organismes allocataires confirment que le Fonds a obtenu assez rapidement des résultats substantiels durant ses deux premières années d’existence.  Il signale tout de même que les évaluations font par ailleurs apparaître des problèmes d’ordre organisationnel et opérationnel que la révision du mandat du Fonds résoudra partiellement, de même que les modalités de gestion améliorées établies par le Bureau d’appui à la consolidation de la paix.


Le Secrétaire général note que la phase de démarrage des activités financées par le Fonds dans un pays est l’une des plus critiques et des plus lourdes à assumer pour l’équipe de pays des Nations Unies et ses partenaires nationaux en raison d’un manque de capacités disponibles.  Ban Ki-moon estime donc qu’il est absolument essentiel de privilégier davantage l’appui à la phase de démarrage afin de remédier aux sous-capacités en matière de planification, de programmation et d’exécution.


Il appelle par ailleurs à une meilleure calibration de l’engagement entre le Fonds et la Commission et réclame qu’une attention plus soutenue soit portée au rôle capital des comités directeurs mixtes. 


Dans ses conclusions, le Secrétaire général recommande l’établissement d’une pleine capacité de gestion de fonds au Bureau d’appui à la consolidation de la paix de manière à améliorer le soutien fourni dans le monde et au niveau des pays, en particulier durant la phase critique du démarrage des activités du Fonds dans chaque pays.  Il prône également la mise en place d’un cadre de responsabilités solide répondant aux exigences des donateurs en matière d’information et de contrôle.


Il plaide aussi pour le renforcement de la synergie pour améliorer la coopération et la collaboration dans le système des Nations Unies en matière de consolidation de la paix.  Il importe également, dit-il, d’étendre les opérations du Fonds afin d’apporter une assistance stratégique à d’autres pays ayant besoin d’un appui urgent pour la consolidation de la paix.


Rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit (A/63/881–S/2009/304)


Dans ce rapport, le Secrétaire général met l’accent sur les difficultés auxquelles les pays touchés et la communauté internationale font face au lendemain d’un conflit, c’est-à-dire durant les deux premières années après la fin des hostilités principales.  Dans la section II, il montre que, suivant l’expérience acquise en matière de consolidation de la paix, il est impératif que les pays prennent eux-mêmes en main la situation. 


Dans la section III, Ban Ki-moon recense plusieurs priorités récurrentes qui se rapportent directement aux objectifs fondamentaux de consolidation de la paix et pour lesquelles une aide internationale est fréquemment sollicitée au lendemain d’un conflit.  Pour que cette occasion puisse être saisie, il faut que les acteurs internationaux soient au minimum capables d’agir de façon cohérente, rapide et efficace, estime-t-il.


Dans la section IV, il décrit les efforts entrepris jusqu’ici par l’ONU afin de renforcer la viabilité, sur le plan concret et financier, de son action et recense les difficultés systémiques portant sur les mandats, les structures de gouvernance et les dispositifs de financement qui varient suivant les entités des Nations Unies et empêchent l’Organisation de procéder à des réformes plus profondes.


La section V définit un ensemble de mesures visant à renforcer l’action de l’ONU ainsi qu’à faciliter l’intervention plus rapide et plus cohérente de la communauté internationale toute entière.  Ces mesures consistent principalement, d’une part, à dépêcher sur le terrain des équipes de direction de l’ONU qui soient plus fortes, plus efficaces et dotées d’un appui plus solide, et de l’autre à arrêter dès le début un ordre de priorités pour lequel des ressources sont disponibles. 


Le Secrétaire général évoque également la nécessité de renforcer l’appui de l’ONU pour que les pays, dès le départ, prennent en charge les activités et développent leurs capacités; et de rationaliser et de renforcer la capacité du système de l’ONU de fournir des connaissances, des compétences et du personnel déployable afin de répondre aux besoins les plus urgents, de concert avec les partenaires qui bénéficient d’un avantage relatif dans divers domaines. 


Le Secrétaire général se penche enfin sur l’importance de collaborer avec les États Membres, en particulier avec les donateurs, afin que les mécanismes de financement fonctionnent avec plus de rapidité et de souplesse et soient mieux harmonisés et moins vulnérables aux risques.


La section VI examine le rôle critique de la Commission de consolidation de la paix et propose à l’intention des États Membres plusieurs suggestions quant aux moyens par lesquels la Commission pourrait renforcer son rôle consultatif.


Débat


M. ANDERS LIDÉN (Suède) a, au nom de l’Union européenne (UE), estimé que la révision en 2010 du mandat de la Commission sera une bonne occasion de redynamiser la vision qui a sous-tendu sa création et de s’entendre sur la marche à suivre.  L’Union européenne, a-t-il dit, aimerait voir une relation plus structurée entre la Commission et le Conseil de sécurité.  Cela faciliterait le rôle consultatif de la CCP et promouvrait l’inclusion rapide des perspectives de consolidation de la paix dans les décisions du Conseil.


Soulignant l’importance de l’appropriation nationale, le représentant a encouragé la Commission à se montrer plus souple dans son engagement et à se concentrer sur une série limitée de priorités tout en exploitant les capacités et les stratégies existantes dans un pays donné.  Le succès de la communauté internationale dépend en effet de sa capacité de soutenir les efforts nationaux, a insisté le représentant.  Les financements doivent être prévisibles, souples et bien coordonnées, a-t-il poursuivi.  Les pratiques des donateurs et les mécanismes doivent être améliorés pour mieux gérer les risques liés à un contexte postconflit.  Le Fonds pour la consolidation de la paix devrait compléter les mécanismes de financement actuels, a-t-il plaidé.  En tant que contributeur au Fonds, l’Union européenne attend avec impatience qu’il réalise son plein potentiel.


M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque), au nom du Mouvement des non-alignés, a estimé que la Commission doit accorder une attention sérieuse à l’application de nouvelles stratégies et de nouvelles approches visant à renforcer sa capacité à répondre aux réalités changeantes dans les pays inscrits à son ordre du jour.  Il a insisté sur le maintien de l’interaction entre le Président de la Commission et les Présidents de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social (ECOSOC) et tous les membres de la Commission.  Il a aussi souhaité que dans son interaction avec la société civile, la Commission aille au-delà du monde universitaire et vise « le citoyen ordinaire ».  Le maintien et la consolidation de la paix sont « l’affaire de tous », a-t-il insisté, se félicitant de la nomination d’ambassadeurs de bonne volonté pour toucher les opinions publiques.


Le Mouvement des non-alignés, a-t-il poursuivi, appelle la Commission à développer son propre règlement intérieur et ses méthodes de travail.  Il a voulu que les conclusions du Groupe de travail sur les enseignements tirés soient incorporées dans la stratégie générale du travail de la Commission.  Le Mouvement déplore en outre le manque d’attention donnée à la « dimension développement » de la consolidation de la paix.  Il faut mettre davantage l’accent sur l’éducation et la formation, le développement agricole et celui des infrastructures, la réforme du secteur privé et la création d’emplois, a prôné M. Wolfe.


Déclarant attendre avec impatience les négociations sur la révision du mandat de la Commission, prévue en 2010, le représentant a souhaité que les préparations de ce processus d’examen commencent le plus tôt possible pour faciliter les contributions des parties concernées, a-t-il rappelé.  Le représentant a conclu en appelant à la mise en œuvre immédiate des termes de référence révisés du Fonds pour la consolidation de la paix.


Mme MONA JUUL (Norvège), qui intervenait au nom des pays nordiques, a estimé à son tour que l’examen de 2010 permettra de mesurer les progrès et de s’entendre sur les prochaines étapes pour renforcer la capacité de la Commission d’être à la hauteur de la vision qui a présidé à sa création.  Soulignant d’abord l’importance de l’appropriation nationale, la représentante a déclaré qu’il était critique pour la CCP de fonder son engagement sur les priorités nationales et de rester réceptive aux avis des autorités nationales, et des organisations locales et internationales sur le terrain.  Appuyer les capacités civiles des États fragiles est tout aussi essentiel pour promouvoir l’appropriation nationale, a-t-elle affirmé.  Elle a donc voulu que les enseignements tirés de l’expérience sur le terrain soient inclus dans l’examen de 2010.


Soulignant ensuite l’importance de la coordination et de la cohérence, la représentante a appelé la CCP à éviter les doubles emplois avec le travail des organisations, agences et autres acteurs déjà sur le terrain.  Les cadres stratégiques de la CCP ne devraient pas établir de nouvelles priorités mais contribuer à ce que les cadres existants et les priorités agréées reçoivent l’appui nécessaire de la communauté internationale et soient acceptés par les acteurs nationaux et internationaux.  La CCP doit s’assurer de la cohérence entre le mandat politique du Conseil de sécurité et les nombreux mandats de développement et humanitaires des agences de l’ONU.


La représentante a aussi engagé les États Membres à se montrer logiques dans l’action bilatérale et multilatérale.  La CCP ne pourra promouvoir la coordination si nous ne sommes pas capables nous-mêmes d’être cohérents et de développer une approche coordonnée, a-t-elle dit.  Mme Juul a ensuite voulu que les efforts de consolidation de la paix reflètent le rôle clef des femmes.  La situation des femmes et des fillettes est souvent le reflet de la portée des efforts de consolidation de la paix, a-t-elle signalé. 


M. JAKKRIT SRIVALI(Thaïlande) a estimé que la sécurité et le développement sont étroitement liés entre eux, avant d’engager la Commission à avancer dans ces deux domaines parallèlement.  Des questions comme l’emploi, les services sociaux de base et l’éducation devraient bénéficier de la même attention que le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR) et la réforme du secteur de la sécurité (RSS).  À cet égard, le représentant a rappelé le rôle important des jeunes et des femmes dans la consolidation de la paix, soulignant qu’une jeunesse exploitée ou négligée pouvait être un facteur de déstabilisation de la société et que les femmes, particulièrement vulnérables dans les conflits, avaient le potentiel de redynamiser l’économie et de reconstruire le lien social.


M. Srivali a insisté sur la complémentarité entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, en arguant qu’avec un mandat et les ressources adéquates, les soldats de la paix pourraient devenir les premiers « consolidateurs de paix ».  Il est naturel, en situation de postconflit, d’avoir de grandes espérances et un grand optimisme pour l’avenir, a-t-il dit, en jugeant essentiel le renforcement du partenariat entre le Fonds pour la consolidation de la paix et les autres mécanismes de financement.  La synergie doit aussi être cultivée entre tous les efforts de consolidation de la paix, qu’ils soient déployés par des acteurs régionaux ou individuels.  Attendant également avec intérêt la révision de 2010, le représentant a jugé que des améliorations sont apportées dans la coordination entre tous les partenaires, le développement de stratégies intégrées, la mise à disposition des ressources et la sensibilisation de l’opinion publique au rôle de la Commission.


M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte) a estimé que la question de l’harmonisation des opérations de maintien et de consolidation de la paix méritait un examen approfondi.  Présentant ses propositions, le représentant a souhaité que la CCP poursuive son rôle consultatif pour des activités de consolidation de la paix qui ouvrent la voie au développement durable.  Il a aussi appelé au développement de mécanismes d’interaction avec les pays inscrits à son ordre du jour et à celui des relations institutionnelles avec l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC.


Le représentant a également proposé de réévaluer les règles de procédures de la Commission à la lumière de l’expérience accumulée durant les trois premières années.  Appelant la CCP à respecter le principe d’appropriation nationale, il l’a aussi appelée à mieux exploiter les capacités que l’ONU pourrait mettre à son service.  La Commission, a-t-il ajouté, doit éviter de diluer son rôle dans une sorte de rôle de tutelle ou de devenir l’organe chargé de rassembler donateurs et pays à l’ONU.  Il a conclu en appelant à un appui renouvelé en faveur du Bureau d’appui de la Commission qui doit avoir les ressources humaines et financières nécessaires à son fonctionnement.  Il a aussi voulu une clarification des relations entre la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix.  À cet égard, il a dit attendre avec intérêt l’examen de 2010.  


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a estimé que maintenant que l’architecture de la consolidation de la paix de l’ONU est en place, le défi est de consolider les résultats obtenus jusqu’ici et de générer de la valeur ajoutée à l’avenir.  La Commission, a-t-il suggéré d’emblée, doit redoubler d’efforts pour améliorer ses méthodes de travail et son règlement intérieur, rationaliser sa relation institutionnelle avec d’autres organes des Nations Unies ou d’ailleurs, et fonder ses travaux sur les intérêts des pays bénéficiaires.


Il a aussi appelé le Fonds pour la consolidation de la paix à recentrer son attention sur ses quatre domaines prioritaires, à savoir le soutien aux accords de paix; la promotion de la coexistence et du règlement pacifique des conflits; la relance économique et les projets à impact rapide; et l’établissement des services administratifs essentiels et le développement des capacités nationales.  Pour que la consolidation de la paix donne des résultats concrets et durables, les populations locales doivent être émancipées pour pouvoir pleinement participer aux étapes et activités dans ce domaine.  À son tour, le représentant a dit attendre avec intérêt l’examen de 2010.


Mme DEWI SAVITRI WAHAB (Indonésie) a, à son tour, mis l’accent sur les liens inextricables entre la sécurité et le développement en matière de consolidation de la paix.  Se concentrer sur un seul aspect ne peut apporter une paix durable, a-t-elle prévenu.  Elle a ainsi souligné l’importance des domaines prioritaires de la relance économique et des projets à impact rapide.  En la matière, quelles que soient les bonnes intentions des initiatives internationales, les besoins identifiés par les gouvernements nationaux, a dit le représentant, doivent servir de base à tous les acteurs. 


Abordant les défis à relever par la CCP, notamment le déploiement rapide des capacités civiles, la représentante a estimé qu’il fallait élaborer une politique sur les modalités de recrutement de ces capacités et de leurs aspects opérationnels et financiers, dans le cadre d’un processus intergouvernemental.  Le rôle de la CCP serait très important en ce sens et il devrait être clarifié, a déclaré Mme Wahab.  L’ONU doit appuyer les efforts nationaux et régionaux pour améliorer leurs capacités de consolidation de la paix.  Se félicitant de l’examen de 2010, la représentante a indiqué que l’année prochaine et en coopération avec la Slovaquie, son pays organisera un atelier régional sur la nature multidimensionnelle du maintien et de la consolidation de la paix.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a estimé que le rôle du secteur privé dans la consolidation de la paix doit être rehaussé, compte tenu en particulier du mandat de la CCP dans la mobilisation des ressources.  Commentant les recommandations du Secrétaire général, elle a appuyé la création de mécanismes de coordination de haut niveau, la définition de mandats clairs pour les différents acteurs et la mise en place de mécanismes de financement innovants et souples.  À cet égard, elle a appelé à la mise en œuvre rapide des termes de référence révisés du Fonds. 


La représentante a aussi appuyé l’idée d’un déploiement rapide de personnel civil pour autant, a-t-elle mis en garde, que l’on tienne compte des capacités locales et de la nécessité de les renforcer.  Recourir aux capacités des pays voisins et d’autres de l’hémisphère Sud serait tout aussi essentiel.  Dans le cas de la Guinée-Bissau, dont la « Formation » est présidée par le Brésil, a rappelé la représentante, la CCP a été en mesure de répondre aux priorités définies dans le Cadre stratégique adopté l’an dernier.  Nous sommes désormais engagés dans un processus d’examen de la stratégie, a-t-elle indiqué, pour évaluer les progrès et définir les prochaines étapes. 


La représentante a estimé que le processus d’examen en 2010 serait l’occasion d’évaluer les performances de la CCP et de déterminer les domaines qui doivent être améliorés.  Elle a d’emblée suggéré que la définition des cadres stratégiques s’enrichisse d’une interaction plus régulière avec les institutions financières internationales et une analyse plus approfondie des stratégies existantes pour permettre à la CCP de se concentrer sur sa valeur ajoutée.  L’engagement des acteurs régionaux est essentiel à cet égard ainsi qu’une meilleure coordination entre la CCP et les Départements et les agences de l’ONU.  Renforcer les capacités de l’ONU sur le terrain est également indispensable au travail de la CCP, a-t-elle enfin souligné.  Dans le cas de la Guinée-Bissau, elle s’est félicitée de la transformation du Bureau de l’ONU en une mission intégrée de consolidation de la paix.  


M. PETER ALEXANDER LE ROUX (Afrique du Sud) s’est félicité que pendant ces trois dernières années, la CCP ait consolidé son rôle consultatif et élargi ses activités.  Il a reconnu que la CCP n’est toujours pas bien comprise par l’opinion publique.  Soulignant l’importance d’une plus grande visibilité de ses travaux, il s’est félicité de l’examen de 2010 qui, selon lui, doit tirer parti de l’expérience de ces trois dernières années, en se concentrant sur les priorités, les lacunes et les progrès.


M. GONZALO GUTIÉRREZ REINEL (Pérou) s’est félicité de la participation concrète du Fonds dans les opérations de consolidation de la paix qui doivent viser la reconstruction de la structure sociale et le rétablissement des valeurs démocratiques de tolérance et de participation.  Il a plaidé pour une coordination constante entre la Commission, le Fonds et les institutions nationales et internationales.  Dans la transition entre maintien de la paix et consolidation de la paix, a-t-il dit, il est indispensable de combler efficacement le fossé stratégique entre la faiblesse des institutions et les retards dans le financement des projets.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a estimé que le parcours de la CCP n’est pas, loin s’en faut, exempt de critiques.  Il a regretté la prééminence de l’approche « sécuritaire » sur la dimension de développement, alors qu’elles vont de pair.  Il a jugé par conséquent nécessaire d’engager un débat de fond en vue de développer une approche intégrée qui allierait les impératifs sécuritaires représentés par l’obligation de désarmer et de démobiliser les anciens combattants avec la dimension socioéconomique de leur réintégration.  Le représentant a aussi regretté la lourdeur de la CCP « qui a besoin de moins de réunions, mais de réunions mieux préparées ».  La question de l’ajout de nouveaux pays à l’ordre du jour de la Commission est indissociable de sa capacité à prendre sérieusement et efficacement en charge les situations déjà inscrites à son ordre du jour, a-t-il poursuivi.


Dans la perspective de la révision d’ensemble de 2010, le représentant a appelé à une meilleure visibilité de la Commission, suggérant des efforts de communication comme des réunions hors de New York.  Il a aussi appelé à renforcer la capacité du Bureau d’appui à l’intégration du travail de la Commission dans les stratégies des autres acteurs, notamment le Conseil de sécurité, l’élargissement des opérations du Fonds, le décloisonnement des approches de maintien de la paix, de consolidation de la paix et de développement, et enfin, au soutien aux infrastructures de base, à la rémunération des forces armées et de police et aux investissements dans des projets générateurs d’emplois.  Il a suggéré le transfert des ressources d’une opération de maintien de la paix arrêtée à la CCP.


M. PETER MAURER (Suisse) a déclaré que le réexamen de la CCP en 2010 sera l’occasion de voir comment les instruments développés lors du Sommet du Millénaire pourraient mieux être à même de répondre aux situations plus complexes et de décider des prochaines étapes qu’il faudra franchir.  La consolidation de la paix, a-t-il affirmé, doit être placée parmi nos plus hautes priorités et il faut éviter qu’elle ne soit réduite à une simple alternative moins coûteuse au maintien de la paix.


Il s’est dit convaincu qu’il faut renforcer le leadership de l’ONU, en particulier l’autorité des coordinateurs résidents en tant que leaders incontestés des équipes de pays.  Il s’est aussi dit convaincu que le potentiel de la CCP mérite d’être exploité.  La reddition de comptes mutuelle est un principe clef pour réussir et les améliorations devront être mesurées à l’aune de leur impact sur le terrain.


Revenant sur le réexamen de la CCP en 2010, M. Maurer a cité les mérites d’un dialogue plus structuré et inclusif entre toutes les parties prenantes.  Il a appelé le Secrétaire général à présenter d’ici à la fin avril 2010 des recommandations concrètes qui constitueraient la base du processus de réexamen.  Ce rapport devra notamment mettre en exergue les défis et la complémentarité des efforts en matière de médiation, de prévention de conflit, de consolidation et de maintien de la paix, ainsi que des activités opérationnelles du développement.  Ce document pourrait également proposer une réflexion sur les processus de réforme dans ces domaines afin de les articuler de manière plus stratégique en vue d’une contribution plus efficace du système de l’ONU à une paix durable.  Le rapport pourrait, enfin, proposer des recommandations concrètes sur la base d’un examen complet de la Commission, y compris ses réunions spécifiques par pays.


M. MARTIN NEY (Allemagne) a estimé, à son tour, que le processus d’examen de 2010 sera une excellente occasion d’identifier les moyens de renforcer l’efficacité de la Commission.  À ce propos, la CCP doit remplir son rôle de plate-forme pour la coordination des politiques stratégiques de la communauté internationale et jouer un rôle central dans la cohésion des acteurs des domaines politique, de sécurité, du développement et humanitaire.  Elle doit devenir un cadre pour la reddition de comptes mutuelle entre les gouvernements et les donateurs. 


La Commission doit aussi avoir des relations plus structurées avec le Conseil de sécurité, en faisant un meilleur usage de la synergie entre maintien et consolidation de la paix.  L’analyse par la Commission d’une situation spécifique doit permettre d’identifier clairement un nombre limité de priorités et des ressources nécessaires, a-t-il aussi rappelé.  Enfin, les enseignements tirés et les bonnes pratiques accumulées par la CCP et le système des Nations Unies doivent se nourrir mutuellement.  Renforcer le concept « Unis dans l’action » serait un pas vers une meilleure cohérence de l’ONU sur le terrain.


Mme SOCORRO ROVIROSA (Mexique) a appelé la CCP à inclure dans ses efforts pour mobiliser des ressources, le secteur privé et la société civile, non seulement d’un point de vue financier mais aussi d’un point de vue humain.  Au cours de l’examen du mandat de la Commission, l’année prochaine, a-t-elle estimé, il sera nécessaire de procéder à des consultations souples, transparentes et intégrées.  Elle a jugé essentiel que l’élaboration des différentes stratégies prenne en compte les facteurs extérieurs qui peuvent menacer le processus de consolidation, comme le crime organisé, le trafic de drogues et le commerce illicite d’armes et de munitions qui relève de la responsabilité partagée de tous les acteurs, nationaux, régionaux et internationaux.


La représentante a ensuite espéré que les termes de référence révisés du Fonds pour la consolidation de la paix en feront une structure plus souple et plus efficace.  Dans ce contexte, elle a souhaité que la Commission produise un document sur l’orientation stratégique et l’affectation des ressources du Fonds auquel le Mexique fera une troisième contribution pour l’exercice 2009/2010, a-t-elle enfin indiqué.


En prévision de l’examen de 2010, M. FAZLI ÇORMAN (Turquie) a estimé que la priorité devrait être accordée au renforcement des institutions nationales.  En l’occurrence, un mécanisme doit être trouvé pour pouvoir déployer des « costumes bleus » et pas seulement « des Casques bleus ».  M. Çorman a ensuite affirmé que la transition du maintien à la consolidation de la paix méritait davantage d’attention; les deux années suivant la fin d’un conflit étant les plus critiques pour « semer les graines d’une paix durable ».  Le représentant a également estimé que la dimension « égalité des sexes » devrait être un élément inséparable du travail de la CCP.  Il faut également harmoniser les politiques et les procédures et renforcer le concept d’« Unis dans l’action ».  M. Çorman a notamment appelé au renforcement du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, pour réclamer ensuite un mécanisme de financement plus prévisible, durable, transparent, responsable et souple.  Il a notamment engagé les États Membres à trouver des moyens inédits pour assurer l’appui budgétaire dans les situations postconflit et pour optimiser l’impact du Fonds pour la consolidation de la paix.


M. MASUD HUSAIN (Canada) a souhaité à son tour que le processus d’examen de 2010 soit inclusif, transparent et axé sur les besoins concrets des pays.  Il a proposé trois points essentiels, et d’abord que la CCP élargisse son rôle en s’engageant à une étape plus précoce du rétablissement après-conflit.  Elle doit déterminer de quelle façon elle peut aider un éventail plus large de pays tout en poursuivant ses interventions dans ceux qui sont inscrits dans son ordre du jour.  Le représentant a ensuite plaidé pour que la CCP adopte un programme par étape, ce qui permettrait d’établir les différents niveaux d’intervention selon l’étape à laquelle est arrivé le processus de consolidation de la paix.  Enfin, la Commission doit améliorer la façon dont elle traite les enjeux thématiques et intègre les connaissances acquises.  Elle devra ainsi coopérer de façon plus étroite avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et l’ECOSOC de même qu’avec la Banque mondiale, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et d’autres parties en dehors de l’ONU.  Il faudra un Bureau d’appui plus solide servant à la fois de centre d’excellence et de centre de diffusion des connaissances, a-t-il aussi proposé.


Au cours de l’examen de 2010, a conclu le représentant, le Canada espère que les rôles et les responsabilités seront précisés, que des mesures de responsabilisation seront établies pour les équipes de l’ONU et que les interventions de l’Organisation sur le terrain seront mieux harmonisées.  Il a dit attendre avec intérêt le rapport sur la capacité civile.


En tant que Président de la Formation République centrafricaine de la CCP, M. JAN GRAULS (Belgique) a prévenu que « nous ne ferons de la CCP un instrument incontournable d’engagement international que si nous sommes prêts, nous aussi, à intensifier nos efforts de coordination et de mobilisation ».  Nous devons, a poursuivi le représentant, agir sans dogme, en adoptant une approche flexible et en faisant du « sur mesure »; la réalité des pays à l’ordre du jour de la CCP étant fort diversifiée.  Il faut rapprocher la consolidation et le maintien de la paix, deux mondes jusqu’à présent trop éloignés, et améliorer la cohérence et l’unité d’action des Nations Unies, ainsi que la collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales.


Il faut aussi se pencher sur les procédures formelles et informelles par lesquelles la CCP interagit avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et l’ECOSOC, a estimé le représentant.  Il faudra également se pencher sur les développements, au-delà du système de l’ONU, visant à améliorer le dialogue entre les États fragiles et la communauté internationale, entre autres à travers la coopération Sud-Sud et la mise en œuvre des Principes de Paris.  Le représentant a conclu en estimant que les révisions et les adaptations qu’a connues le Fonds cette dernière année ouvrent une voie prometteuse. 


M. THEO-BEN GURIRAB, Union interparlementaire (UIP) a indiqué que malgré les progrès indéniables accomplis ces dernières décennies, de nombreux parlements des pays en développement et postconflit, affrontaient encore des défis majeurs, liés notamment à un manque de ressources et de capacités.  Il a expliqué que l’Union interparlementaire apporte un appui à ces parlements et travaille étroitement avec l’ONU au règlement des conflits.  Il s’est félicité de ce que la CCP accordait une attention particulière à ces institutions, en saluant le resserrement de ses liens avec l’UIP.


Au Burundi, l’Union aide le Parlement à créer un cadre de dialogue, de consensus et d’inclusion dans le processus de prise de décisions.  En Sierra Leone, il contribue à l’élaboration d’un code de règlement pour l’opposition et au Kenya, l’Union a contribué à la finalisation par le Parlement d’un plan d’action pour la mise en œuvre de l’Accord politique.  L’Union est en pourparlers avec la CCP et le Parlement de la République centrafricaine. 


M. PARK IN-KOOK (République de Corée) a estimé que les soldats de la paix étant les premiers « consolidateurs de la paix », davantage d’éléments de consolidation de la paix devraient être intégrés dans les activités de maintien de la paix.  Il a cité pour illustrer ses propos, le succès des projets à impact rapide en Côte d’Ivoire.  Il a aussi souligné le fait que les efforts de maintien de la paix, de sa consolidation et de développement durable devaient être menés parallèlement, en critiquant le fait que le processus de consolidation commence souvent après celui du maintien de la paix, faisant ainsi manquer une occasion unique d’être efficace.


Le représentant a jugé que le moment était venu de discuter des stratégies d’entrée et de sortie de la CCP.  Avec les progrès dans un pays, il faut penser aux moyens de l’aider à passer à l’étape supérieure qui est le développement économique durable, s’est-il expliqué.  Reconnaissant la nécessité de répondre favorablement aux demandes d’admission des pays dans l’ordre du jour de la CCP, le représentant a prôné de nouvelles méthodes de travail comme « l’implication légère » suggérée par certains.  Soulignant, une nouvelle fois, l’importance des projets à impact rapide, le représentant a conclu en s’attardant sur les liens nécessaires entre la CCP, les agences de l’ONU, les organisations régionales et les institutions financières internationales.  Il a également dit attendre avec impatience les discussions sur la manière de renforcer le rôle catalyseur du Fonds.  


Se félicitant du travail de la CCP, M. HERMAN SCHAPER (Pays-Bas) a reconnu que la Commission est maîtresse de ses propres procédures et méthodes de travail.  Toutefois, a-t-il estimé, elle pourrait envisager des approches encore plus différenciées que ses « réunions spécifiques » pour lui permettre d’ajouter de la valeur à une question spécifique et ce, de manière plus rapide.  En définitive, la CCP ne pourra contribuer à la consolidation de la paix que si tous ses membres, y compris l’ensemble du système des Nations Unies, sont pleinement engagés, a-t-il averti.  De même, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) doivent être pleinement engagés, a-t-il insisté, soulignant que les cadres de coopération mis en place pour les pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP peuvent servir d’étalon-mesure pour évaluer ces engagements et leur impact réel sur le terrain.


M. SHIGEKI SUMI (Japon) a voulu que l’examen 2010 de la CCP ne tourne pas au débat philosophique mais soit axé sur un réglage minutieux et pragmatique de la CCP.  Il faut donc faire en sorte que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité tirent mieux parti du rôle consultatif de la CCP.  Il faut aussi se pencher sur les moyens de renforcer l’influence politique, l’appui financier et le pouvoir de coordination de l’ONU dans les activités de consolidation de la paix, en examinant les fonctions de la CCP, du Fonds pour la consolidation de la paix et du Bureau d’appui.  Il faudra réfléchir aux moyens d’étendre l’appui de la CCP à d’autres pays, ce qui permettra d’augmenter sa crédibilité et qui exigera peut-être d’explorer l’interaction entre les opérations de maintien de la paix et la CCP sur le terrain.  


Pourquoi un plus grand nombre de pays n’a-t-il pas sollicité la CCP? s’est interrogé M. PHILIP JOHN PARHAM(Royaume-Uni).  Quelle efficacité ont eu les avis de la CCP pour le travail des autres organes comme le Conseil de sécurité?  Le pont que la CCP jette entre les acteurs politiques, de la sécurité, du développement et de l’humanitaire est-il assez solide?  En quoi la CCP est-elle différente des autres fora similaires comme les Groupes des Amis ou les Groupes de contact?  En quoi ses pratiques lui permettent-elles de réagir avec plus de souplesse aux besoins urgents?  L’examen 2010 offre l’occasion de répondre à ces questions « difficiles », a estimé le représentant.


L’examen de 2010 devra aussi se pencher sur la mise en œuvre des recommandations du Secrétaire général, sur leur impact sur le terrain et la clarification des rôles et des responsabilités entre les secteurs clefs de la consolidation de la paix.  S’agissant du Fonds, le représentant a, compte tenu des retards dans la mise en œuvre des projets financés, jugé qu’il conviendrait de réserver les ressources aux agences qui sont réellement en mesure d’entreprendre les projets.


Mme ANNE ANDERSON (Irlande) a affirmé que son pays avait expérimenté au plus près les difficultés d’élaborer une paix durable.  Son engagement en Irlande du Nord lui a enseigné l’étendue et la profondeur des défis de la consolidation de la paix.  La représentante a de même rappelé qu’au mois de mai, l’Irlande avait coprésidé avec l’Égypte une conférence au Caire sur la consolidation de la paix postconflit.  Les résultats de cette Conférence, parmi lesquels une série de recommandations spécifiques, ont été présentés au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, a-t-elle dit.  Selon Mme Anderson, l’appropriation nationale est essentielle.  La communauté internationale a ici un rôle d’appui.  Sa tâche, a-t-elle précisé, est de renforcer les efforts nationaux et non de s’y substituer.  En outre, l’intervention doit être opportune et souple.  Les donateurs doivent parfois se préparer à assumer un risque plus important, l’argent devant être disponible pour financer des projets novateurs et à impact rapide.  Enfin, une réponse rapide doit être associée à une vision à long terme.


La représentante a également expliqué que la cohérence était essentielle pour une consolidation de la paix efficace.  Elle a ainsi souligné la nécessité d’établir des liens solides avec d’autres processus pertinents.  Ainsi, il n’est pas logique d’avoir une compartimentation entre le maintien et la consolidation de la paix, a a-t-elle relevé.  L’expérience et les priorités de la consolidation de la paix doivent nourrir entièrement l’exercice de consultation autour du Nouvel Horizon pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. 


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a estimé que le rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité devrait être renforcé à l’avenir, avant tout au stade de la formulation des mandats d’opérations de maintien de la paix.  Le maintien d’une approche strictement séquentielle en matière de maintien et de consolidation de la paix semble de plus en plus artificiel voire contre-productif, a-t-elle affirmé.  Elle a aussi plaidé pour le renforcement des liens entre la CCP et l’ECOSOC, en soulignant qu’en tant que Présidente de cet organe, elle avait œuvré dans ce sens.


Évoquant ensuite la mobilisation de ressources, elle a appelé la CCP à continuer à renforcer ses activités de sensibilisation auprès des donateurs traditionnels et des partenaires non traditionnels tels que les diasporas, les fondations privées ou encore le secteur privé, « surtout en ces temps de crise ».  La CCP devrait, en outre, encourager les donateurs dans les pays postconflit à mieux coordonner et aligner leur aide sur les priorités établies dans les stratégies nationales de développement, et ce, en coordination avec les pays concernés qui doivent assumer leur part de responsabilité dans la consolidation de la paix.  Après avoir apporté son appui, Mme Lucas a conclu en souhaitant que la CCP soit pertinente pour un plus grand nombre d’États.  Le maintien de la paix et de la sécurité suppose un engagement permanent tant dans la prévention des conflits que dans celui du rétablissement de la paix et de la reconstruction.  


M. AMJAD HUSSAIN B. SIAL (Pakistan) a proposé de renforcer la structure et le fonctionnement de la CCP en établissant des partenariats solides avec le système de l’ONU, les institutions financières internationales et les donateurs individuels.  Il a également évoqué la création de cadres d’opération pragmatiques au sein des pays qui figurent à l’ordre du jour de la CCP afin de cibler les domaines prioritaires tout en favorisant l’appropriation nationale.  M. Sial a ensuite estimé qu’il fallait améliorer la visibilité de la CCP et de son travail en déployant un plan « robuste » de sensibilisation.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’augmentation des contributions au Fonds, en jugeant essentiel de prendre en compte les intérêts des pays pendant l’élaboration des projets financés par le Fonds. 


M. ZHANG YESUI (Chine) a estimé que les Nations Unies doivent adopter une approche intégrée du rétablissement, du maintien et de la consolidation de la paix, en consacrant plus d’énergie à la diplomatie préventive.  Pour assurer une transition sans heurt du maintien à la consolidation de la paix, le Conseil de sécurité, a aussi estimé le représentant, doit prendre en compte la consolidation de la paix lorsqu’il crée des mandats d’opérations de maintien de la paix.  Soulignant l’importance en la matière d’une division claire du travail, il a appelé la CCP à renforcer son partenariat avec les pays bénéficiaires car ces derniers ont la responsabilité première en matière de consolidation de la paix.  Le représentant a donc souhaité que la CCP se concentre plus sur le renforcement des capacités, en utilisant davantage les ressources humaines et l’expertise des pays bénéficiaires.


Le représentant a souligné que l’examen prévu en 2010 était une occasion pour améliorer le développement institutionnel de la CCP, espérant que le nombre de réunions serait réduit et leur efficacité renforcée.  Il faut aussi espérer, a-t-il poursuivi, que la CCP ne se concentrera plus seulement sur le secteur de la sécurité, la protection des droits de l’homme et l’état de droit mais aussi sur les problèmes de développement socioéconomiques qui nourrissent les conflits.  Le représentant a conclu en souhaitant le renforcement de l’effet catalyseur du Fonds non seulement pour mobiliser l’assistance financière mais aussi pour attirer l’assistance au développement à long terme.


Mme ISABELLE DUMONT (France) a estimé que la CCP était à une étape primordiale de son histoire et a souhaité que l’examen prévu en 2010 lui permettra de renforcer son domaine de coordination avec les Nations Unies dans leur ensemble, les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds bilatéraux.  Le Fonds pour la consolidation de la paix doit constituer un levier d’action pour la Commission, a-t-elle ajouté, appelant à assurer un meilleur suivi financier de ses opérations.  Nous souhaitons que la gestion administrative du Fonds soit améliorée, a-t-elle insisté, ce que les nouveaux termes de référence permettent.  Ces derniers doivent donc être mis en œuvre rapidement, a-t-elle dit.  En outre, la représentante a estimé indispensable de prendre en compte les perspectives de consolidation de la paix dès les premières étapes de la sortie de conflits et de préparation des opérations de maintien de la paix.  À cet égard, il faut intensifier les relations entre la CCP et le Conseil de sécurité, a-t-elle enfin déclaré, soulignant la nécessité de poursuivre le processus de rénovation de la Commission.


M. ANDREW GOLEDZINOWSKI (Australie) a estimé que, dans les années à venir, il faudra attendre de la CCP qu’elle donne des résultats tangibles sur le terrain.  Elle doit être encouragée à évaluer ses contributions et à promouvoir ses activités auprès de l’opinion publique.  Elle doit aussi améliorer et diversifier ses méthodes de travail afin de répondre aux besoins des pays inscrits à son ordre du jour et peut-être d’autres pays.  Commentant le rapport du Secrétaire général, le représentant a rappelé que son pays a déjà créé une capacité civile déployable et se tient prêt à travailler avec l’ONU et la CCP pour assurer la conformité de cette capacité avec les autres et renforcer le pool d’expertise civile. 


L’examen de 2010, a-t-il conclu, aura pour principal défi de traiter des liens entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, et de reconnaître la nécessité d’intégrer étroitement ces deux activités.  Cela exige que la CCP et le Conseil de sécurité continuent d’améliorer leur interaction.  La consolidation de la paix ne doit pas être vue comme un concours entre ces deux organes intergouvernementaux mais plutôt comme un partenariat visant à améliorer la situation sur le terrain, a-t-il insisté.


Mme CARMEN MARÍA GALLARDO HERNÁNDEZ(Salvador) a souhaité une meilleure interaction de la Commission avec les autres organes des Nations Unies.  Elle doit tirer parti de l’expertise de l’ECOSOC et travailler, en particulier avec les groupes des pays africains sortant de conflit et Haïti.  Les stratégies nationales doivent servir de base aux efforts de la CCP qui doit d’ailleurs se doter d’une meilleure synergie avec les organismes régionaux, notamment avec l’Union africaine.  La représentante du Salvador a ensuite présenté les travaux du Groupe de travail sur les enseignements tirés de l’expérience que son pays préside.  C’est une tribune ouverte à tous, États et société civile, pour réfléchir aux différents aspects stratégiques et pratiques optimales qui ont été pris pour dépasser les situations postconflit par l’intégration des expériences passées, a-t-elle expliqué.  S’agissant du Fonds pour la consolidation de la paix, la représentante a déclaré qu’il y avait encore beaucoup à faire pour renforcer son effet catalyseur et tenir compte de la répartition géographique des postes parmi son personnel.


M. ABDULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a estimé que la CCP devait avoir un rôle central dans la consolidation de la paix et la réconciliation, et a souligné le principe selon lequel les sociétés postconflit doivent prendre en main leur propre destinée.  Il s’est aussi prononcé en faveur d’un mécanisme de financement plus rapide et plus souple et s’agissant de la relance économique, il a estimé que les efforts doivent se concentrer sur un dialogue politique de réconciliation qui doit inclure la participation de toutes les parties, aux niveaux local, régional et international, réserver une place essentielle aux femmes.  Leur autonomisation et leur implication dans les activités de développement peuvent contribuer significativement à un développement économique durable, a-t-il souligné, proposant de partager l’expérience de son pays, notamment en matière d’intégration des organisations non gouvernementales (ONG) aux politiques publiques, en matière de microcrédit et dans le domaine des cartes d’identité.  En concluant, le représentant a promis la pleine participation de son pays à l’examen en 2010.


M. MOHAMMED LOULICHKI(Maroc) a déclaré que nul ne pouvait nier que la CCP avait permis de jeter des jalons au redressement économique des pays sortant d’un conflit.  La CCP, a-t-il affirmé, a démontré sa valeur ajoutée dans la stabilisation des situations postconflit.  Il a estimé que le partenariat établi entre le Président et les principaux organes onusiens devait être élargi à un plus grand nombre de membres du Comité d’organisation et que la CCP devait développer ses propres règles et méthodes de travail.  S’agissant des formations de pays, le représentant a souhaité qu’une plus grande attention soit accordée à l’éducation et à la réforme du secteur privé, entre autres.  Un nombre plus important de membres de la communauté internationale doit pouvoir accompagner la Commission, a-t-il ajouté.


Au-delà de la rhétorique, la CCP a offert graduellement une valeur ajoutée aux efforts de paix, a déclaré M. JOSÉ LUIS CANCELA(Uruguay).  Elle a sensibilisé les États Membres non seulement à la consolidation de la paix mais aussi aux activités de développement, a-t-il poursuivi.  Le représentant a ensuite estimé que la CCP n’était pas le seul organe et le plus pertinent des Nations Unies pour les questions de consolidation de la paix mais, a-t-il dit, il est le seul à unir tous les pays et dispose, en ce sens, de plus de légitimité qu’aucun autre organe.  Il comble les lacunes en matière de coordination et de cohérence en matière de consolidation de la paix, a-t-il dit, avant d’espérer que les États Membres se saisissent de l’occasion offert par l’examen de 2010 pour donner une plus grande place à cet organe et améliorer la coordination.


Nous savons qu’il y a beaucoup à faire dans les relations entre la Commission et le Fonds, a reconnu le représentant.  Mais le personnel de la Commission est un élément essentiel, qui intervient dans des domaines clefs comme la sécurité, la formation, les projets à effets rapide.  Il faut, a-t-il conclu, réexaminer les modalités d’intervention de la CCP dont les travaux doivent s’étendre à plus de régions et plus de pays.  Il y a aussi lieu d’élargir son spectre à la coopération triangulaire et à la coopération Sud-Sud.


M. ANDRZEJ TOWPIK (Pologne) a dit attendre de l’examen de 2010 qu’il renforce « l’instrument d’engagement » de la Commission avec un pays donné.  Un tel engagement pourrait reposer principalement sur les stratégies et les programmes nationaux et être limité à certains domaines de la consolidation de la paix qui requièrent un soutien international.  Il pourrait également tirer parti de la capacité civile locale.  Il a aussi jugé utile de garder une trace des projets financés par le Fonds pour continuer à exploiter les capacités construites sur le terrain.  Une autre question est celle de l’appui aux Présidents des « Réunions spécifiques ».  Il faudrait suffisamment de mémoire institutionnelle pour assurer la continuité du travail en cas de changement de présidence. 


M. GERALD SCOTT (États-Unis) a estimé qu’à l’avenir, la CCP devra apprendre à réagir avec rapidité et souplesse; à être une valeur ajoutée et non pas une charge pour les États; à établir des priorités et à innover; et à pousser les États Membres à renforcer leurs efforts.  Les questions qui relèvent du mandat de la CCP sont des priorités dans l’ordre du jour de l’ONU et nous savons qu’il faut travailler ensemble pour assurer le succès, a reconnu le représentant.  S’agissant de l’examen de 2010, il a estimé que la première mesure doit être de collecter les informations, de tenir des discussions informelles et de dégager un consensus sur l’ampleur et les éléments essentiels de l’examen.  L’examen doit être ambitieux, fondé sur des informations fiables et ouvert.  Il doit aussi tenir compte des vues et de l’expérience des pays sortant des conflits qu’ils soient dans l’ordre du jour de la CCP ou pas. L’examen peut contribuer à réduire le fossé la réponse internationale et les besoins des pays post-conflits si tous les Etats membres se concentrent sur l’objectif consistant à aider ces pays à jeter les bases du développement et de la paix durables. 


M. MESFIN MIDEKSSA (Éthiopie) a affirmé que la communauté internationale, à travers la Commission de consolidation de la paix, était censée fournir l’assistance nécessaire à tous les pays sortant de crises en établissant un partenariat avec d’autres parties prenantes.  La conviction partagée selon laquelle la Commission de consolidation de la paix devrait travailler en partenariat avec d’autres acteurs internationaux et permettre l’appropriation des pays concernés devrait être sérieusement soulignée.  Afin que ces efforts soient couronnés de succès, les parties concernées doivent participer au processus, a-t-il dit.  Alors que la majorité des conflits en Afrique compte pour 60% des questions à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, la CCP devrait travailler en coopération étroite avec l’Union africaine et prendre sérieusement en considération la situation qui prévaut sur le continent, a plaidé le représentant.  Un nombre croisant de conflits nécessite une intervention de la communauté internationale, a-t-il poursuivi.  La CCP doit coordonner son action avec celle des autres organes des Nations Unies, a-t-il ajouté.  Il a estimé que le Fonds pour la consolidation de la paix continuerait d’être d’une grande importance pour le lancement de programmes de consolidation de la paix pertinents.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a estimé qu’il faut s’assurer d’un dialogue continu entre les pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP et la Commission.  Ce dialogue doit contribuer à l’apport de l’assistance requise en temps voulu et doit être flexible pour permettre des ajustements à mi-parcours.  Le dialogue serait également le moyen de s’assurer que les informations pertinentes soient bien relayées et absorbées dans l’architecture de consolidation de la paix pour de meilleurs résultats.  Le représentant a également évoqué la nécessité de continuellement améliorer les structures de gouvernance de cette architecture pour s’assurer que les ressources nécessaires sont mobilisées dans les plus brefs délais.


REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Suite et fin du débat


M. AMJAD HUSSAIN B. SIAL (Pakistan) a estimé qu’une première étape pour avancer dans le processus de revitalisation de l’Assemblée serait de se pencher sur la question de la mise en œuvre de ses résolutions.  Une évaluation de leur état d’application et l’identification des causes de leur non-application ­devraient être la priorité du Groupe de travail au cours de cette soixante-quatrième session, a-t-il dit, ajoutant qu’un mécanisme de suivi efficace pourrait être utile en la matière et pourquoi pas sous la forme d’un groupe spécial dans le Bureau du Président de l’Assemblée.  La rationalisation du programme de travail de l’Assemblée générale est un exercice essentiellement politique, a poursuivi le représentant, appelant à rester ouvert à l’ajout de nouvelles questions.


Le Groupe de travail ad hoc devrait aussi concentrer ses efforts au renforcement du Bureau du Président de l’Assemblée générale pour lui permettre de jouer efficacement son rôle dirigeant et de prendre des initiatives et des décisions, a-t-il dit.  Des réunions officieuses et officielles, des débats thématiques et des séances d’information avec le Secrétariat ont été développés, s’est-il félicité, mais comme toute institution, le Bureau a besoin des ressources humaines et financières adéquates.  Son budget est resté inchangé depuis 1998, a-t-il déploré, appelant à en renforcer la souplesse financière nécessaire à ses travaux et à améliorer les transitions d’un Président à un autre, peut-être en mettant en place une troïka des Présidents passés et futurs.


Nous ne pouvons pas parler de réforme des Nations Unies sans évoquer la revitalisation de l’Assemblée générale, a lancé M. DIEGO MOREJÓN(Équateur).  Cela permettra à l’Assemblée générale de retrouver son rôle central.  Les questions propres à l’Assemblée générale ne sauraient être déférées au Conseil de sécurité, a-t-il souligné en invoquant la Charte.  Le représentant a ensuite estimé que l’Assemblée devait avoir un rôle actif dans le choix du Secrétaire général et renforcer ses capacités de répondre aux questions de sécurité et de paix internationales.  Se félicitant de la réaction rapide de l’Assemblée générale face au coup d’État au Honduras, il a conclu en estimant que la question de la réforme des méthodes de travail concerne également les commissions et notamment celles qui sont chargées des questions prioritaires et qui n’ont pas beaucoup avancé.  


M. JULIO ESCALONA (Venezuela) a déclaré que l’ONU ne répondait pas aux attentes des populations du monde en matière de démocratisation et continue de se baser sur la configuration politique de l’après-guerre, entraînant l’absorption par le Conseil de sécurité des prérogatives de l’Assemblée dans les domaines de la paix et de la sécurité internationales.  La revitalisation de l’Assemblée devient le défi fondamental de démocratiser les relations internationales.  Il a estimé que le monopole du Conseil de sécurité sur la nomination du Secrétaire général est antidémocratique car cette responsabilité doit revenir à l’ensemble des États Membres et se faire de manière transparente et inclusive.  M. Escalona a de plus engagé le Secrétaire général conformément à la Charte et au Règlement intérieur de l’Assemblée générale.  Dépasser ces paramètres saperait la crédibilité de l’ONU, a-t-il dit.  M. Escalona a ensuite affirmé qu’outre l’amélioration des méthodes de travail et la modernisation du processus de vote, la revitalisation de l’Assemblée générale portait surtout sur des questions de fond. 


M. PABLO SOLÓN-ROMERO(Bolivie) a jugé essentiel de rétablir l’équilibre entre les organes principaux des Nations Unies et d’assurer que les mandats soient respectés conformément à la Charte, s’inquiétant de l’empiètement du Conseil de sécurité sur les prérogatives de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social.  Pour revitaliser l’Assemblée générale, il est aussi fondamental de renforcer l’application de ses résolutions, grâce à un suivi intensif et une évaluation régulière, ce qui passe par un renforcement des moyens de l’Assemblée générale et de son Président, et une amélioration de la mémoire institutionnelle de cet organe, a-t-il dit.  Le rôle de l’Assemblée devrait également avoir plus de visibilité dans les médias de tous les pays, a-t-il aussi souhaité. 


Le représentant s’est ensuite prononcé pour la recherche du consensus, au sein de l’Assemblée générale, pour sélectionner et désigner un Secrétaire général, élu par 192 pays, « plutôt que de se limiter à l’opinion de 15 États ».  Toutefois, les changements de procédure ne sont pas suffisants, a-t-il dit, ce que nous souhaitons, ce sont des changements dans la conception même de l’Assemblée, de la conduite des négociations au choix des questions portées à son attention.  Il faut être en outre très prudent avec les systèmes de vote électronique qui menacent la confidentialité des scrutins, a-t-il enfin averti, estimant que des éléments plus simples pourraient être préférés.


M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a estimé que garantir la vitalité, l’efficacité et le sens du travail de l’Assemblée est fondamental pour la protection du multilatéralisme.  S’agissant de l’équilibre entre tous les organes, le représentant a dit qu’alors que le Conseil cède à la tendance d’élargir sa compétence dans de nouvelles directions, on voit l’Assemblée être dépassée par une prolifération de résolutions et de points à l’ordre du jour, pas toujours nécessaires.  La même chose pourrait être dite de l’ECOSOC, a-t-elle dit, en jugeant que les empiètements du Conseil pourraient être corrigés par un élargissement de sa composition.  L’interaction entre l’Assemblée et le Secrétariat des Nations Unies doit également être revitalisée, a poursuivi le représentant, rappelant la nécessité de soutenir la rénovation du processus de sélection et de nomination du Secrétaire général.  Il a fait part de son souhait d’un examen plus large du mécanisme de nomination à la tête de tous les fonds, programmes et agences des Nations Unies.  Le rôle du Président de l’Assemblée générale doit aussi être renforcé, car il n’y a qu’au sein de cette Assemblée que les pays « sans voix » dans les structures des instances financières de gouvernance pouvaient se faire entendre, a-t-il enfin déclaré.   


M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée-Bissau) a déclaré que la revitalisation de l’Assemblée générale n’était pas un slogan, mais la reconnaissance des problèmes existants.  Qui en est responsable et comment se fait-il que depuis la création de l’ONU nous assistons à la diminution du rôle de l’Assemblée, s’est-il interrogé.  Il a engagé les États Membres à se montrer disposés à l’introspection et à l’autocritique.  Il a reproché la redondance, la duplication et le caractère superfétatoire des résolutions adoptées à l’Assemblée générale.  Pour redonner vitalité à l’Assemblée générale, il suffit de décider de le faire et de changer d’attitude, a-t-il dit.  S’agissant de l’empiètement que reprochent nombre d’États membres au Conseil de sécurité, le représentant a affirmé que la Charte ne stipulait pas que l’exclusivité de la question de la paix et de la sécurité internationales revenait à cet organe.  Il faut être résolu à prendre des dispositions adéquates, a affirmé le représentant, qui a par ailleurs estimé que moins de résolutions devaient être adoptées et critiqué le nombre excessif de documents produits par l’Assemblée générale.  Les États Membres devraient les consulter davantage sur Internet, a-t-il estimé.


Venant à la nomination du Secrétaire général, le représentant de la Guinée-Bissau a engagé les groupes régionaux à proposer les noms de plusieurs candidats.  Rappelant que l’Assemblée générale est chargée de nommer le Secrétaire général, il a invité les États Membres à réfléchir à la nuance entre nomination et élection.  Ma délégation estime que ce n’est pas à l’Assemblée générale de présenter des noms au Conseil, mais au Conseil de soumettre des noms à l’Assemblée générale.  Pour ce qui est du système de vote, M. Cabral a déclaré qu’il ne fallait pas avoir peur de la technologie.  Plutôt que d’œuvrer dans un esprit de confrontation avec le Conseil, il faut chercher où sont les possibilités de complémentarité en nous appuyant sur la Charte de l’ONU, a-t-il dit en conclusion.


M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a souligné que son pays, comme de nombreux petits États, était engagé en faveur d’une Assemblée générale dynamique et efficace.  Il s’est notamment félicité de la tenue de débats thématiques, lors de la soixante-troisième session, sur les crises économique et alimentaire, et a salué l’ouverture plus large dont ont fait preuve les membres du Conseil de sécurité.  Une réforme équitable du Conseil renforcera aussi le rôle de l’Assemblée générale, a-t-il assuré, appelant également l’Assemblée à travailler encore plus étroitement avec le Secrétariat, y compris sur des projets actuels comme le Plan-cadre d’équipement. 


Mme CARMEN MARIA GALLARDO HERNANDEZ (El Salvador) a estimé qu’en dépit de progrès, le Groupe de travail devait encore poursuivre ses délibérations sur certaines questions de fond, notamment dans le processus de sélection du Secrétaire général des Nations Unies, dans lequel l’Assemblée générale doit jouer un rôle plus pertinent.  En outre, elle a jugé utile de disposer d’un cadre actualisé sur l’application des résolutions.  Revitaliser l’Assemblée générale va permettre de renforcer le multilatéralisme, a-t-elle souligné, rappelant que les fonctions de l’Assemblée générale ne devaient pas être déférées à d’autres organes des Nations Unies.  La représentante a salué la tenue de débats thématiques qui concernent la communauté internationale dans son ensemble, et a fait part de son appui à l’augmentation des ressources du Bureau du Président.  Le système de vote doit être modernisé, tout en étant fiable et confidentiel, a-t-elle enfin déclaré, soulignant la nécessité de rendre disponibles, à temps, les documents nécessaires aux délégations dans les six langues de l’Organisation.


Droit de réponse


Le représentant de la République démocratique du Congo, qui réagissait en sa qualité de Président de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à l’intervention faite hier par le représentant de Madagascar, a estimé qu’il ne fallait pas voir les mesures prises par la SADC comme une ingérence dans les affaires intérieures du pays, mais plutôt comme un effort de médiation plus large visant à l’aider à retrouver son statut de membre à part entière au sein de l’organisation régionale à laquelle il appartient.


Le représentant a affirmé que la décision prise par la SADC de contester l’autorisation accordée hier à la délégation malgache par le Président de l’Assemblée générale pour qu’elle s’exprime devant l’Assemblée générale ne visait pas à saper le Bureau ou la personne du Président, ainsi que l’avait assuré son homologue malgache.  Cette décision, difficile à prendre pour la SADC, était nécessaire pour sauver le processus de médiation, a-t-il souligné.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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