Assemblée: les délégations font écho aux appels du Secrétaire général à un « nouveau multilatéralisme » tout en demandant à l’ONU une meilleure discipline budgétaire
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Assemblée générale
Soixante-quatrième session
14e et 15e séances plénières - matin et après-midi
ASSEMBLÉE: LES DÉLÉGATIONS FONT ÉCHO AUX APPELS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL À UN « NOUVEAU MULTILATÉRALISME » TOUT EN DEMANDANT À L’ONU UNE MEILLEURE DISCIPLINE BUDGÉTAIRE
La discipline budgétaire et le calcul du barème des quotes-parts ont mobilisé l’attention des États Membres qui examinaient aujourd’hui le rapport annuel du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation dans lequel il appelle à « un nouveau multilatéralisme ».
Les délégations ont également décidé de convoquer à Nairobi, du 1er au 3 décembre 2009, une Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud pour marquer le trentième anniversaire de l’adoption du Plan d’action de Buenos Aires pour la promotion et la mise en œuvre de la coopération technique entre pays en développement. Les représentants de Cuba, du Nicaragua et de la Suisse ont expliqué leur position.
Dans son rapport annuel, le Secrétaire général appelle à un « nouveau multilatéralisme » qui privilégierait l’offre de biens collectifs pour contrer les menaces transfrontières; tiendrait compte des corrélations complexes entre les défis actuels; serait au service des plus vulnérables; mettrait à contribution des forces beaucoup plus diversifiées; et adapterait l’architecture du dispositif multilatéral actuel aux réalités du siècle.
L’ONU peut et doit être le pôle de ce nouveau multilatéralisme, ajoute le Secrétaire général. Mais en cette année budgétaire et alors que la situation financière des États Membres se voit affectée par les crises financière et économique, de nombreuses délégations ont insisté sur l’importance pour l’Organisation de bien utiliser les ressources mises à sa disposition.
Le représentant du Japon a notamment dénoncé la tendance à augmenter le budget ordinaire de l’ONU et a réclamé une discipline financière plus stricte dans la préparation et l’application du budget de 2010/2011. « Le Secrétariat doit hiérarchiser ses dépenses et trouver les moyens de mettre en œuvre les mandats d’une manière moins onéreuse », a-t-il notamment demandé.
Son homologue de la Malaisie s’est également étonné de l’augmentation « prodigieuse » des dépenses dans le domaine du maintien de la paix, lequel représente désormais plus de la moitié du budget total de l’ONU qui est de 13,9 milliards de dollars. Il a notamment dénoncé la pratique qui consiste à établir un budget global pour toutes les opérations sans faire une analyse critique des besoins réels de chaque mission. Afin de réduire les coûts, ce dernier a préconisé une coopération accrue entre l’ONU et les organisations régionales.
Tout en reconnaissant les préoccupations soulevées par ces délégations, le représentant du Sénégal a averti qu’une réduction drastique dans le budget des opérations de maintien de la paix pourrait non seulement saper la paix dans les zones d’intervention, mais aussi aliéner les efforts de développement appuyés par la communauté internationale dans ces régions.
Cela n’a pas empêché le représentant de la Suède, qui intervenait au nom de l’Union européenne (UE), de réclamer des modifications dans le calcul du barème des quotes-parts, et ce dès cet automne. « L’Union européenne est fermement convaincue que la recherche de moyens plus justes et plus équitables de répartir les responsabilités budgétaires est essentielle à un fonctionnement efficace de l’Organisation », a prévenu le représentant. Cette position a été contestée par le représentant de la Chine pour qui la méthode de calcul actuelle est dans l’intérêt de la majorité des États.
Outre ces préoccupations, les questions de la réforme du Conseil de sécurité, des changements climatiques et du désarmement ont été commentées à plusieurs reprises par les délégations. Le représentant de l’Iran a notamment affirmé que le programme nucléaire iranien est et restera pacifique et qu’il est pleinement conforme au Traité sur la non-prolifération.
Par ailleurs, à l’instar du Président de l’Assemblée générale, de nombreux États Membres ont présentés leurs condoléances à l’Indonésie, aux Philippines et à Samoa pour les pertes en vies humaines résultant des catastrophes naturelles qui ont récemment frappé ces pays.
L’Assemblée générale poursuivra ses travaux jeudi 8 octobre à partir de 10 heures avec l’examen des rapports du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/64/1)
Dans ce rapport annuel, le Secrétaire général détaille trois objectifs principaux, à savoir la réponse aux besoins des plus démunis, la sauvegarde des biens de l’humanité et la transformation de l’ONU une organisation plus forte. Il y présente également, en annexe, de nombreux tableaux de statistiques relatifs aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Dans le premier chapitre, consacré aux besoins des plus démunis, le Secrétaire général estime que l’ONU se doit « plus que jamais » d’être la voix de ceux qui ne peuvent pas se faire entendre. Il engage les États Membres à redoubler d’efforts pour atteindre les OMD d’ici la date butoir de 2015, qualifiant notamment « d’énorme » la distance à parcourir pour atteindre l’OMD nº5 relatif à la réduction du taux de mortalité maternelle. Il se penche également sur « les besoins particuliers de l’Afrique », avertissant que la crise économique mondiale risque de renverser le « rythme impressionnant de développement » qu’a connu le continent ces 10 dernières années.
Le Secrétaire général passe également en revue les efforts déployés par l’ONU dans les domaines de la diplomatie préventive et de l’appui au processus de paix ainsi que du maintien et de la consolidation de la paix. Il fait notamment état du fait que les membres des missions de maintien de la paix se heurtent aujourd’hui à des difficultés d’une « ampleur et d’une complexité sans précédent ».
Ban Ki-moon relève par ailleurs des « améliorations notables » du dispositif humanitaire international, notamment au niveau des pays. Il indique également que près de 12 milliards de dollars ont été consacrés en 2008 à l’aide humanitaire dans le monde entier, ce qui est « presque un record ». Au titre des principales difficultés auxquelles se heurte l’action humanitaire, le Secrétaire général cite la multiplication des problèmes d’accès, l’insécurité croissante et le fait que les principes fondamentaux d’humanité, d’indépendance, d’impartialité et de neutralité sont de « moins en moins respectés ».
Le Secrétaire général signale en outre qu’en dépit des « progrès considérables » accomplis dans le domaine des droits de l’homme, des violations graves continuent d’être commises « systématiquement » dans de nombreux pays. Il indique notamment que la crise économique a entrainé une recrudescence de la xénophobie et de la discrimination à l’égard des migrants. Il estime, en outre, que le Conseil des droits de l’homme doit redoubler d’efforts pour faire face aux nombreuses situations graves en matière de droits de l’homme.
En matière d’état de droit, Ban Ki-moon estime que l’année écoulée a été une année historique dans la lutte contre l’impunité des auteurs de crimes graves au regard du droit international et du fait de l’engagement renouvelé d’un « certain nombre d’États » en faveur de la primauté du droit. Il passe en revue les efforts déployés par l’ONU dans les domaines de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger, ainsi que de la démocratie et de la bonne gouvernance.
Dans le chapitre consacré à la sauvegarde des biens de l’humanité, le Secrétaire général espère la conclusion, à la Conférence de Copenhague, d’un nouvel accord mondial sur la question des changements climatiques, estimant notamment que c’est là « le grand défi sur lequel l’histoire jugera notre génération ». Il cite l’importance de fixer des objectifs suffisamment ambitieux d’atténuation des émissions dans les pays industrialisés; d’amener les pays en développement à prendre des mesures d’atténuation allant plus loin que celles qu’ils mettent déjà en œuvre; d’accroître les moyens de financement des mesures d’atténuation et d’adaptation; de mettre sur pied des dispositifs institutionnels et de gouvernance équitables; et de définir le cadre dans lequel s’inscrira l’aide à l’adaptation des pays les plus vulnérables aux effets des changements climatiques.
Ban Ki-moon indique aussi que face à la flambée de la grippe A(H1N1), le système de l’ONU se prépare à l’éventualité d’une pandémie et examine par ailleurs les problèmes qui entravent l’offre de services de santé dans le monde. Il souligne notamment la nécessité d’améliorer la santé maternelle, « l’Objectif du Millénaire qui est le plus à la traîne ».
Outre les efforts déployés en matière de lutte contre le terrorisme, le Secrétaire général se penche sur la question du désarmement et de la non-prolifération. De son avis, il est « encourageant de constater » que l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires emporte une adhésion grandissante. Il signale cependant que le programme nucléaire de la République islamique d’Iran reste « un sujet de préoccupation ».
Enfin, pour faire de l’ONU une Organisation plus forte, le Secrétaire général estime que le Secrétariat doit avoir une administration « moderne, efficace et souple ». Il considère que la réforme du Conseil de sécurité doit rendre cet « organe indispensable plus largement représentatif et plus efficace ». Ban Ki-moon passe également en revue la cohérence de l’action des organismes de l’ONU, la coopération avec les organisations régionales, ainsi que le renforcement du partenariat avec la société civile et les relations avec le monde des affaires.
Déclarations
M. ANDERS LIDÉN (Suède), qui intervenait au nom de l’Union européenne (UE), a déclaré que l’Union européenne se rendrait à Copenhague au mois de décembre, déterminée à sceller un accord « global, équitable et ambitieux » sur les changements climatiques. Citant les scientifiques, le représentant a rappelé que la hausse de la température, dans le monde, doit être maintenue en dessous de 2ºC, et pour ce faire, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites d’au moins 50% d’ici à 2050. Il a estimé que les pays développés devaient tracer la voie en matière de réduction des émissions et a indiqué que l’UE était prête à assumer « équitablement » sa part dans le financement et l’appui aux efforts d’adaptation et d’atténuation des pays en développement.
Passant aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), M. Lidén a indiqué que sa délégation était très encouragée par les « progrès concrets enregistrés » en matière de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. Il s’est cependant dit gravement préoccupé par les reculs dans beaucoup d’autres domaines dont la mortalité maternelle.
Venant aux questions liées à la paix dans le monde, le représentant a appuyé l’unité d’appui à la médiation de l’ONU et a expliqué que l’UE mettait sur pied une capacité similaire. Les opérations de maintien de l’ONU sont parvenues à une étape critique, a-t-il poursuivi, en estimant que le « Nouvel Horizon » fournit une bonne base pour aller de l’avant. En l’occurrence, il a jugé essentiel de continuer à forger des partenariats, en particulier avec l’Union africaine (UA).
M. Lidén a poursuivi, en estimant que l’ONU devait adopter une approche plus cohérente en matière de lutte contre le terrorisme, y compris par la finalisation d’une convention globale. En matière de désarmement, le représentant suédois a souligné l’importance que l’UE attache à la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération de 2010. Face à des défis importants en matière de prolifération, a-t-il poursuivi, l’UE insiste sur l’importance « cruciale » de respecter les résolutions du Conseil de sécurité.
M. Lidén a par ailleurs déclaré qu’afin d’être plus efficace, l’ONU devait intégrer les droits de l’homme dans tous ses domaines. Il s’est félicité du travail accompli par le Représentant spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, avant de saluer l’adoption d’une résolution sur la création d’une unité chargée des questions du genre.
Le représentant suédois a conclu en soulignant qu’en ces temps de crise, il fallait s’assurer d’une bonne utilisation des ressources. L’UE étudiera donc soigneusement les propositions budgétaires et de réforme présentées aux États Membres. Elle espère, a insisté le représentant, des modifications dans le barème des quotes-parts, dès cet automne. L’UE est fermement convaincue que la recherche de moyens plus justes et plus équitables de répartir les responsabilités budgétaires est essentielle à un fonctionnement efficace de l’Organisation, a prévenu le représentant.
M. HAMIDON ALI (Malaisie) a commencé par féliciter le Secrétaire général pour son rapport avant de souligner que la réforme des Nations Unies ne devrait pas être l’affaire d’un seul homme et soumise à la seule approbation du chef de l’Administration de l’ONU. Les États Membres, a plaidé le représentant, devaient avoir leur mot à dire sur ces réformes surtout lorsqu’elles concernent la création ou l’élargissement des mandats.
Parlant en particulier de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, le représentant a relevé que depuis sa création en 2005, elle a été libre de créer des groupes de travail qui sont aujourd’hui au nombre de neuf. Avoir des groupes de travail sans mandat et sans approbation des États Membres sur une question comme le terrorisme qui est l’une des questions les plus sensibles politiquement est tout simplement « déroutant » pour les États, s’est indigné le représentant.
Il s’est aussi élevé contre le fait que les nominations à des postes de responsabilité au sein de l’ONU ne semblent être discutées qu’avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Le représentant a également critiqué l’augmentation prodigieuse des dépenses dans le domaine du maintien de la paix. Rien que cette année, a-t-il dit, le budget du maintien de la paix est passé à 7,8 milliards de dollars par rapport aux 5,3 milliards de l’année dernière.
Le maintien de la paix représente désormais, s’est-il étonné, plus de la moitié du budget total de l’ONU qui est de 13,9 milliards de dollars. Il faut mettre fin, a-t-il estimé, à la pratique qui consiste à proposer un budget global pour toutes les opérations sans faire une analyse critique des besoins réels de chaque mission. Il faudra, a-t-il insisté, évaluer chaque opération et la pertinence de proroger le mandat d’une opération qui devrait de toute évidence devenir une mission de consolidation de la paix. Il a proposé, comme moyen de réduire les coûts, une coopération accrue avec les organisations régionales, comme l’Union africaine et l’Union européenne.
Cette session est une session budgétaire, a rappelé le représentant, en arguant que compte tenu de la situation économique mondiale, il faut appeler les États Membres à fournir les ressources nécessaires au bon fonctionnement de l’ONU. Cette dernière doit à tout prix, a-t-il ajouté, hiérarchiser ses priorités et allouer les ressources en conséquence. Opérer des coupes est une bonne chose mais pas au détriment des tâches essentielles de l’Organisation, a conclu le représentant.
M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a estimé que contrairement aux apparences, la crise actuelle renforce la nécessité de mettre pleinement en œuvre les engagements pris en matière de développement et de doubler les ressources financières pour aider les pays en développement à surmonter les ramifications de cette crise.
Concernant les efforts des Nations Unies en matière de diplomatie et de maintien de la paix, il a estimé qu’une étude approfondie des initiatives prises pour renforcer les opérations était nécessaire et a rappelé le soutien de son pays au travail de la Commission de consolidation de la paix, en particulier en Afrique. Il faut renforcer les capacités nationales des pays concernés dans les domaines du maintien de la paix et les liens institutionnels entre la Commission et l’Assemblée générale, a-t-il préconisé. Les catastrophes naturelles récentes aux Philippines, en Indonésie et aux Samoa américaines, a-t-il poursuivi, rappellent l’importance du rôle des Nations Unies dans les domaines de l’assistance humanitaire, de la préparation et de la prévention de ces catastrophes, a-t-il en outre déclaré.
Le représentant a aussi appelé à continuer de renforcer le rôle du Conseil des droits de l’homme en mettant fin à toute tentative d’imposer des normes spécifiques ou d’accorder la priorité à certaines questions politisées. Il a aussi regretté que le concept d’Alliance des civilisations reste plus une grande idée qu’une réalité concrète. Nous avons encore beaucoup de travail à accomplir en matière de revitalisation du rôle de l’Assemblée générale et de réforme du Conseil de sécurité, a-t-il aussi estimé, affirmant que l’absence d’équilibre institutionnel entre les différents organes de l’ONU faisait perdre à l’Organisation sa spécificité de locomotive du multilatéralisme. Enfin, il a déclaré que les capacités nucléaires d’Israël sont une exception au Moyen-Orient que l’Égypte n’accepte pas. Il a ajouté que le succès de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération de 2010 dépendrait en grande partie de l’évolution de cette question.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a, en matière de changements climatiques, promis que son pays travaillera avec les autres pays, dans une approche « responsable ». La Chine, a-t-il dit, reste attachée à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), et au Protocole de Kyoto. La Chine adhère au principe des responsabilités communes mais différenciées et à la feuille de route de Bali. La Chine n’épargnera aucun effort pour assurer le succès de la Conférence de Copenhague, a affirmé le représentant.
Passant à la question du terrorisme, le représentant a prévenu que les politiques de deux poids deux mesures ne permettent pas de lutter contre ce fléau. Il a appelé la communauté internationale à tirer parti de l’élan actuel dans le domaine du désarmement nucléaire. Pour ce qui est de la réforme de l’ONU, M. Liu a estimé que celle-ci devait être multidimensionnelle et multisectorielle, et placer un accent particulier sur la question du développement. Après avoir appuyé la revitalisation de l’Assemblée générale, le représentant a estimé que s’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, la priorité devrait être donnée à la représentation des pays en développement, en particulier l’Afrique.
M. Liu s’est par ailleurs félicité des activités du Conseil des droits de l’homme et a engagé les États membres à éviter de politiser la question de ces droits. Il a ensuite souligné que pour fonctionner normalement, l’ONU a besoin d’une base financière stable. Le principe de la capacité de payer est, a-t-il estimé, un principe fondamental pour calculer le barème des quotes-parts. Dans ce contexte de crise financière, le maintien de la méthode actuelle sert les intérêts de tous les États Membres, a insisté le représentant.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a estimé que le caractère universel des Nations Unies en faisait une plate-forme unique pour renforcer la coopération internationale, mais pour ce faire, le système doit être réformé et renforcé. Le nouveau multilatéralisme exige un nouveau Conseil de sécurité, a-t-elle ajouté, un Conseil caractérisé par une représentation plus large des pays en développement dans les deux catégories de membres. Une participation plus forte des pays en développement dans les systèmes multilatéraux leur permettra de mieux faire entendre leur voix dans la recherche de solutions aux problèmes qui les préoccupent et les touchent. Il ne s’agit aucunement de leur faire porter un fardeau qui ne saurait être le leur, a insisté la représentante, en parlant, en particulier, des crises économique et climatique.
En parlant de la crise économique, elle a souligné que les pays en développement ont besoin de ressources nouvelles et additionnelles pour financer leurs politiques anticycliques alors que les pays développés doivent renforcer la régulation de leurs marchés. En ce qui concerne les changements climatiques, Mme Ribeiro Viotti a appelé à l’adoption d’un plan audacieux à Copenhague fondé sur le principe de responsabilités partagées mais différenciées.
Elle a ajouté que le transfert de technologie aux pays en développement et des ressources supplémentaires sont nécessaires pour qu’ils s’engagent vers un développement à faibles émissions de carbone. Le développement durable doit continuer d’être une priorité internationale, a-t-elle ajouté, en jugeant nécessaire la convocation d’un Johannesburg+10.
M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a invité la communauté internationale, et plus particulièrement les principales grandes puissances, à traduire dans les actes leurs bonnes intentions en matière de partenariats et de gestion commune des crises. À cet égard, il a estimé qu’il fallait porter davantage d’attention à la crise énergétique mondiale et améliorer l’accès à l’énergie des pays en développement. Renforcer le rôle politique et économique des pays à revenu intermédiaire permettrait de soutenir les mesures préconisées par le Secrétaire général pour combattre la faim, la pauvreté et les maladies, a-t-il poursuivi, ajoutant que le système des Nations Unies devait avoir un rôle proactif en la matière. Il a également appelé à la mise en place d’un plan d’action international de lutte contre le trafic des êtres humains et à la tenue d’un débat thématique de l’Assemblée générale sur le dialogue interreligieux et interculturel. Enfin, le représentant a insisté sur la responsabilité des États dotés d’armes nucléaires et a proposé de proclamer le 11 septembre, journée internationale de lutte contre le terrorisme.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a observé que malgré l’implication des Nations Unies dans la gestion des crises des 12 derniers mois, les résultats restent mitigés, a-t-il dit. En un mot, a-t-il ajouté, ce que l’on demande aux Nations Unies est large, divers et complexe. Le représentant a cité des défis comme la crise financière, les changements climatiques, la grippe A(H1N1), l’insécurité alimentaire ou encore la prolifération des armes conventionnelles et de destruction massive, auxquels il a ajouté la criminalité transnationale organisée. La réponse à ces défis, a-t-il estimé, exige que l’on tire parti de l’énorme potentiel du multilatéralisme.
Mais, a-t-il reconnu, certains se demandent s’il ne vaudrait pas mieux inventer une nouvelle ONU au lieu de subir le poids de celle-ci et de ses structures et méthodes « pétrifiées » qui compromettent si souvent l’efficacité du travail. Cette année, a-t-il estimé, nous avons l’occasion d’avancer. Nous devons améliorer le budget ordinaire de l’ONU et celui des opérations de maintien de la paix ainsi que le barème des quotes-parts. Nous devons aussi, a poursuivi le représentant, modifier le système de gouvernance de l’ONU, évaluer l’état de réalisation des OMD, définir l’avenir à Copenhague et prendre des décisions importantes sur le désarmement, le respect des droits de l’homme et, plus globalement, la coopération internationale. Sommes-nous à la hauteur, a-t-il lancé. Ce travail de réforme n’est pas seulement le travail de la machine intergouvernementale, a-t-il conclu, mais aussi celui du Secrétariat, des programmes et des agences spécialisées. La responsabilité du Secrétaire général est donc évidente.
M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande), qui intervenait au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), a indiqué que l’ANASE attache une grande importance à la question du développement et est préoccupée par le fait que les répercussions de la crise économique et financière pourraient retarder la réalisation des OMD, voire menacer les acquis. Le représentant a ensuite estimé que répondre aux défis des changements climatiques n’est pas un luxe mais une question de nécessité et de survie pour la région.
Le message que nous envoie la nature est clair: soit nous mettons de côté nos intérêts individuels et œuvrons à compromis dans l’intérêt de tous, soit nous prenons le risque de voir davantage de catastrophes liées au climat. Les pays devraient s’unir et promouvoir de plus grands investissements dans les technologies vertes, lesquelles doivent être accessibles aux pays en développement. Il faut aussi mettre en place des mécanismes de financement pour renforcer les capacités d’atténuation et d’adaptation de ces pays.
Après avoir abordé les questions humanitaires, le représentant s’est dit convaincu que l’ONU était un « pilier indispensable » du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il s’est félicité des progrès enregistrés dans le domaine du désarmement, évoquant notamment les négociations entre les États-Unis et la Fédération de Russie. Au cours de cette session, a-t-il annoncé, l’ANASE proposera un projet de résolution visant à créer une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est.
Annonçant également la création par l’ANASE d’une Commission intergouvernementale des droits de l’homme, le représentant a conclu en arguant que dans ce monde complexe aux multiples crises, l’ONU ne doit et ne devrait pas tout faire. Elle devrait se concentrer sur ses avantages comparatifs et travailler étroitement avec des partenaires de différents secteurs.
Le défi le plus pressant pour les Nations Unies est avant tout d’atteindre les OMD en 2015, a déclaré M. YUKIO TAKASU (Japon), appelant les Nations Unies à rester mobilisées. La lutte contre la seule pauvreté n’est pas suffisante, a-t-il dit, soulignant que d’importantes populations étaient prises au piège de conflits ou s’efforçaient de survivre dans des situations fragiles de postconflit. Il a souligné qu’environ la moitié des pays en postconflit rechutaient dans les 10 ans et a estimé à cet égard que la Commission de consolidation de la paix avait un rôle essentiel à jouer. Le représentant a souhaité que la question de la sécurité humaine soit pleinement reflétée dans le travail de l’ONU.
En tant qu’unique pays ayant subi la dévastation nucléaire, le Japon accueille également de manière positive les récents développements en matière de développement. Il est crucial d’avancer vers un monde sans armes nucléaires, a insisté M. Takasu, estimant également que les changements climatiques représentaient un autre défi majeur pour l’humanité. Sur cette question, il a rappelé que le Premier Ministre japonais, Yukio Hatoyama, s’était engagé à réduire les émissions de son pays de 25% en 2020 par rapport au niveau de 1990, et que le Japon s’était également engagé en matière de transfert de technologie verte et de soutien financier aux pays en développement.
Le représentant a ensuite déclaré que la réforme de l’ONU ne saurait être complète sans une réforme substantielle du Conseil de sécurité, appelant à augmenter le nombre de ses membres permanents et non permanents afin de refléter la réalité du XXIe siècle. Il a souligné l’attachement de son pays à une gestion transparente, responsable et efficace des Nations Unies. Étant donné que la situation économique mondiale affecte la situation financière des États Membres, a poursuivi le représentant, la tendance à augmenter le budget ordinaire de l’ONU et celui des opérations de maintien de la paix n’est plus « viable ».
Il a appelé le Secrétariat à hiérarchiser ses dépenses et à trouver les moyens de mettre en œuvre les mandats d’une manière moins onéreuse. Les nouveaux besoins doivent être couverts en redéployant des ressources déjà existantes, a-t-il dit, préconisant une discipline financière plus ferme dans la préparation et l’application du budget 2010/2011 et des budgets des opérations de maintien de la paix.
M. PEDRO NÚÑEZ MOSQUERA (Cuba) a déclaré que les OMD ne seront pas réalisés à moins de réformer « radicalement » l’ordre économique mondial qu’il a qualifié « d’injuste et d’inéquitable ». Les crises actuelles résultent d’une crise structurelle du capitalisme, aggravée par des politiques néolibérales qui ont promu un modèle économique fondé sur des modes non viables de production, de consommation et de distribution, a affirmé le représentant. Il a donc plaidé pour la conception et la mise en œuvre de politiques ayant en leur centre l’être humain et le développement de tous les pays.
Le représentant s’est dit préoccupé par le prompt renflouement des institutions financières du Nord qui contraste de « manière honteuse » avec les chiffres de l’aide publique au développement (APD) et la réticence des pays développés à s’engager à mobiliser des ressources nouvelles et additionnelles.
S’agissant de la réforme de l’ONU, il a estimé que l’on ne peut se permettre un échec et risquer de transformer l’Organisation en un instrument soumis aux intérêts et aux caprices de quelques riches et grandes puissances. S’attardant en particulier sur le concept de la responsabilité de protéger, le représentant a rappelé que les questions importantes et les préoccupations légitimes n’avaient pas encore trouvé de réponse.
Il s’est opposé aux tentatives de certains pays de mettre en œuvre ce concept avant même qu’il ne soit clairement défini. Il a dit craindre le risque de voir le concept devenir un instrument facilement manipulable contre « les principes sacrés » de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.
Après avoir plaidé pour la revitalisation de l’Assemblée générale et la réforme du Conseil de sécurité, le représentant a plaidé pour l’abandon des manipulations politiques, de la sélectivité et des politiques de deux poids deux mesures qui entourent la question des droits de l’homme.
Il s’est par ailleurs dit préoccupé par le fait que le rapport du Secrétaire général n’évoque que l’appui des pays en développement aux équipes de pays pour la mise en œuvre des recommandations issues de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme. Il ne faut pas oublier, a-t-il dit, que les pays du Nord ont également des comptes à rendre à ce mécanisme.
M. Núñez Mosquera a également affirmé que toute proposition pour la réforme des activités opérationnelles de l’ONU devait prendre en compte les besoins et les priorités des pays en matière de développement. Du fait de leur diversité, les activités opérationnelles ne peuvent accepter des formules rigides, a-t-il précisé. Il a appelé les chefs exécutifs des fonds et programmes de l’ONU à respecter les mandats intergouvernementaux, à améliorer la transparence et à respecter strictement leur obligation de rendre des comptes aux États Membres.
M. PAUL BADJI (Sénégal) a noté, reprenant une citation du Secrétaire général, que des avancées significatives ont été réalisées dans les domaines de la paix et de la prospérité. Mais les exclus de cette prospérité sont si nombreux que les besoins de l’Afrique, le maintien de la paix et les changements climatiques doivent encore retenir la plus grande attention, a-t-il déclaré.
L’ampleur des moyens mobilisés au lendemain de la crise financière fait dire, a-t-il estimé, que les ressources pour combattre la faim existent bel et bien. Il s’est félicité de la décision du G-8 d’accorder 20 milliards de dollars pour la lutte contre la faim et la promotion d’une agriculture durable, en espérant toutefois que cet engagement soit rapidement concrétisé par des initiatives telles que « Global Partnership for Agriculture and Food Security », lancé par le Secrétaire général et la Secrétaire d’État américaine, le 26 septembre dernier.
S’agissant des changements climatiques, le représentant a réaffirmé la disposition de l’Afrique à apporter sa contribution à l’effort, « à condition toutefois que cela n’hypothèque pas notre propre développement ». Après avoir attiré l’attention sur le projet continental de la « Grande Muraille Verte », le représentant a prévenu que sans engagement clair de la part des pays de l’Annexe 1 en faveur d’une mise à disposition des ressources adéquates et sur une base non discriminatoire, les efforts en faveur d’un régime post-Kyoto s’avéreront vains à Copenhague.
Sur le maintien de la paix, il a fait observer que l’un des défis majeurs réside dans l’opérationnalisation de la mission de protection des civils. L’autre défi est le quadruplement en 10 ans du budget des opérations de maintien. S’il a reconnu le souci de certaines délégations, le représentant a néanmoins voulu que l’on garde à l’esprit qu’un manque de prévisibilité dans la programmation des ressources financières ou une réduction drastique dans le budget pourrait non seulement saper la paix encore fragile dans les zones d’intervention mais aussi aliéner les efforts de développement soutenus par la communauté internationale dans ces zones.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a souligné que les conséquences des crises multiples et des changements climatiques appelaient à un multilatéralisme renforcé. Nous devons assurer que les Nations Unies soient plus pertinentes, plus démocratiques et plus cohérentes, a-t-il insisté, ajoutant qu’il s’agissait de la seule manière pour elles de devenir une institution crédible et fiable capable de remplir leur mandat, conformément aux attentes des États Membres. Il a appelé à défaire le nœud gordien de la crise économique et de la récession et déploré que les causes sous-jacentes de cette crise n’aient pas été traitées. De même, la sécurité alimentaire nous échappe encore. Il a souligné le rôle important des Nations Unies dans toutes ces questions tout comme dans la lutte contre les changements climatiques.
Le représentant a remercié les États qui ont apporté leur appui à son pays à la suite de la catastrophe naturelle dans l’ouest de Sumatra. Il a appelé le système humanitaire des Nations Unies à continuer de mobiliser ses ressources et à développer les capacités nationales en matière de gestion et de préparation aux catastrophes. Bien sûr, les Nations Unies ne sont pas la panacée à tous les maux, a reconnu le représentant, en jugeant néanmoins que leur importance ne doit pas être sous-estimée. Il a estimé, à cet égard, qu’un Conseil de sécurité réformé renforcerait la crédibilité de l’Organisation, avant d’appeler à la revitalisation de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social. Nous devons plus généralement arriver à une gestion orientée vers les résultats, la bonne gouvernance, la transparence et la reddition des comptes, a-t-il conclu.
M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a estimé que la clef réside dans la réforme de l’architecture multilatérale internationale. Les efforts déployés pour promouvoir un nouveau multilatéralisme auront peu de chance de réussir sans une réforme complète des structures de gouvernance mondiale, notamment au vu de la crise financière actuelle, a-t-il affirmé. Nous ne pouvons maintenir de structures qui datent de la Deuxième Guerre mondiale et qui ne tiennent pas compte des réalités actuelles, a-t-il affirmé. De son avis, le rôle renforcé du G-20 est un début mais certainement pas une fin. Il a souligné, dans ce contexte, l’importance de réformer le Conseil de sécurité en augmentant le nombre de ses membres permanents et non permanents.
Les efforts de relance économique doivent être impérativement maintenus, et l’heure n’est pas au protectionnisme, a enchaîné le représentant de l’Inde. Il a engagé la communauté internationale à assurer un plus grand appui et des flux d’investissements plus importants pour les pays en développement. Il a par ailleurs indiqué que des progrès importants avaient été accomplis pour revitaliser le processus de Doha, à l’occasion de la tenue, à New Delhi, d’une réunion de ministres du commerce.
M. Singh a ensuite estimé que le résultat de la Conférence de Copenhague devait s’aligner sur la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques. De son avis, cet accord doit comprendre des responsabilités différenciées et permettre aux pays en développement de poursuivre leurs efforts d’élimination de la pauvreté. Il a également insisté sur l’accès de ces derniers à des technologies abordables.
Abordant ensuite le domaine du maintien de la paix, M. Singh a avancé que l’ONU ne disposait ni des ressources ni de l’expertise nécessaires pour s’acquitter de ses mandats « ambitieux » en la matière. Certains États Membres sont désireux de contribuer à davantage de ressources et il importe d’établir un cadre qui permette à l’ONU d’y avoir accès, a-t-il dit. Le représentant de l’Inde a ensuite affirmé que la consolidation de la paix devait évoluer de façon urgente afin de répondre aux besoins des sociétés postconflit.
S’agissant de la question des droits de l’homme, il a mis en garde contre la tendance à compromettre l’Agenda du développement de l’ONU par l’introduction de nouvelles conditionnalités à l’aide au développement. L’une des priorités devrait être de faire du droit au développement une réalité, a-t-il estimé.
Il a aussi estimé que le concept de responsabilité de protéger ne doit pas servir de prétexte pour des interventions humanitaires ou des actions unilatérales. M. Singh a également réclamé l’adoption, au cours de la session actuelle de l’Assemblée générale, de la convention générale sur la lutte contre le terrorisme.
L’Inde, a-t-il conclu, attache la plus grande importance au désarmement nucléaire et estime que le désarmement et la non-prolifération nucléaires exigeaient des efforts concertés de la part de la communauté internationale.
M. HILARIO G. DAVIDE (Philippines) a estimé qu’un nouveau multilatéralisme exigeait d’accorder la priorité aux défis transfrontaliers tels que les changements climatiques, la croissance économique, la sécurité alimentaire, la santé, le désarmement et la non-prolifération, ainsi que la lutte contre le terrorisme. Toutefois, a-t-il mis en garde, hiérarchiser les priorités sans les assortir d’un calendrier de mise en œuvre donne lieu à des débats interminables.
À cet égard, il s’est inquiété que l’on discute déjà de l’après-Copenhague, révélant une possible hésitation à arriver à des accords concrets lors de cet événement. Copenhague, a-t-il dit, doit être un moment clef. Seules les questions résiduelles ou les modalités de mise en œuvre des actions agréées devraient être reportées à Mexico, l’année suivante. De même en matière de financement du développement, il a voulu que les questions parallèles ou marginales ne viennent pas faire oublier l’objectif principal du Consensus de Monterrey qui est d’obtenir des pays développés qu’ils tiennent leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit national brut (PNB) à l’APD
Il a ensuite estimé que la question de la sécurité alimentaire montre la nécessité d’élargir l’horizon de la coopération internationale à la stabilisation des prix des produits agricoles. Le représentant a par ailleurs rappelé qu’après une longue période d’hibernation, la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération aura lieu en 2010, sous la présidence de son pays. En la matière, il a ici aussi appelé à des plans assortis d’un calendrier de mise en œuvre tout comme pour la lutte contre le terrorisme et pour la réalisation des OMD. Les Philippines soulignent que l’établissement de calendriers, qui est un moyen très efficace de revitaliser l’ONU, doit être au cœur du nouveau multilatéralisme. Sinon, ce multilatéralisme sera noyé « dans le bruit et la fureur de la rhétorique », a conclu le représentant.
M. KIM BONG-HYUN (République de Corée) a estimé que la prochaine Conférence d’examen des OMD avait un rôle crucial à jouer pour relancer la volonté politique et les efforts des États Membres dans ce domaine. Il a indiqué que son pays honorerait son engagement à tripler, d’ici à 2015, le montant qu’il a accordé en 2008 à l’aide publique au développement (APD).
M. Kim a ensuite expliqué que son pays prévoyait d’annoncer d’ici à la fin de l’année ses objectifs à moyen terme en matière d’atténuation des effets des changements climatiques pour 2020. La République de Corée a aussi proposé, a-t-il rappelé, la création d’un registre des meilleures pratiques des pays en développement en matière d’atténuation, lequel serait déposé au secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies.
Le représentant coréen s’est par ailleurs félicité des efforts déployés pour reconfigurer les opérations de maintien de la paix de l’ONU et a souligné l’importance de renforcer le partenariat entre toutes les parties et d’établir des mandats clairs, crédibles et réalistes. Il s’est donc félicité de la présentation du « Nouvel Horizon », avant d’estimer que la relation entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix mérite plus d’attention. Passant ensuite à la question du désarmement, le représentant a affirmé que la République de Corée était prête à coopérer avec les États Membres pour exploiter pleinement l’élan actuel.
Dans le domaine humanitaire, le représentant a relevé des défis importants, notamment les problèmes de l’accès, de l’insécurité et du manque de respect envers les principes humanitaires fondamentaux. Il a par ailleurs engagé les États Membres à tenir compte des droits de l’homme dans l’action visant à répondre aux défis actuels. M. Kim leur a ensuite demandé d’aller de l’avant pour assurer la mise en œuvre sur le terrain du concept de responsabilité de protéger. Il a également réclamé la mise en œuvre rapide de la résolution portant sur la création d’une entité chargée de la question des femmes.
M. JÓN ERLINGUR JÓNASSON (Islande) a déclaré que la communauté internationale doit faire tout son possible pour éviter que la crise financière ne devienne une vraie urgence pour le développement. L’un des risques de cette crise, a-t-il poursuivi, est qu’elle risque de miner la confiance dans le système international y compris des Nations Unies. Nous avons besoin d’institutions internationales plus fortes et plus représentatives, d’un cadre mondial de régulation plus stricte et d’une plus grande surveillance de la finance internationale, a estimé le représentant.
Mais, a-t-il prévenu, pour forger le nouveau multilatéralisme que le Secrétaire général de l’ONU appelle de ses vœux, il nous faut accélérer la réforme de l’ONU et, d’abord et avant tout, changer les méthodes de travail du Conseil et élargir sa composition. Il faut ensuite promouvoir une plus grande responsabilité et plus d’efficacité dans le travail de l’ONU et rendre le système des Nations Unies plus cohérent, plus coordonné et plus prompt à la réaction. Dans ce contexte, il s’est félicité du renforcement de « l’architecture du genre » qui est actuellement caractérisé par la fragmentation et le manque de responsabilisation.
Espérant que cette session permettre d’opérationnaliser le concept de responsabilité de protéger, le représentant a conclu sur la question des changements climatiques et du problème des océans. Comme aucun pays n’est à l’abri des conséquences des changements climatiques, a-t-il déclaré, les solutions requièrent la coopération de tous. Une réorientation progressive des politiques énergétiques doit être considérée comme un instrument de prévention des futurs changements climatiques, a-t-il plaidé. Les pays doivent travailler pour accroître la part des énergies renouvelables avec l’aide de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (AIER), a-t-il insisté.
Sur les océans, il a regretté qu’il n’y ait aucun effort systématique pour surveiller leur état. L’Islande, a-t-il conclu, soutient en ce sens, la finalisation en 2014 de la première évaluation intégrée de l’environnement marin.
JORGE VALERO (Venezuela) a souligné la nécessité de renforcer le multiculturalisme pour affronter les crises financière, alimentaire et climatique. Ces crises, a-t-il dit, révèlent l’épuisement du capitalisme sauvage qu’a imposé au monde le néolibéralisme. L’Assemblée générale est l’organe central des Nations Unies et doit conserver son indépendance, a plaidé le représentant, en jugeant qu’il faut aussi inverser la tendance du Conseil de sécurité à s’immiscer dans les questions qui relèvent de la compétence de l’Assemblée générale.
Il faut immédiatement réformer le Conseil de sécurité, a-t-il plaidé, y compris dans sa composition, en supprimant le droit de veto et en améliorant ses méthodes de travail. Il faut assurer, a-t-il ajouté, l’implication directe et universelle de l’Assemblée générale dans le choix et la nomination du Secrétaire général de l’ONU.
Abordant les questions économiques, il a noté les progrès réalisés dans les OMD, en se déclarant néanmoins préoccupé de voir comment, à la veille de leur état des lieux en 2010, aucune proposition n’a été faite sur les moyens d’accélérer leur mise en œuvre. En conclusion, il a interpellé le Secrétaire général sur le chapitre du rapport relatif au concept de responsabilité de protéger. Il s’est dit préoccupé de voir qu’on prend position sur un sujet sur lequel l’Assemblée générale ne s’est pas encore mise d’accord.
M. ESHAGH AL-HABIB (République islamique d’Iran) a insisté sur l’importance de rénover l’architecture multilatérale internationale, de rétablir l’équilibre entre les principaux organes de l’ONU et de réaffirmer le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale. Il a ensuite estimé que l’application de la responsabilité de protéger ne devait en aucun cas porter préjudice au respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique des États Membres.
Pour le représentant iranien, l’inaction de la communauté internationale dans le passé n’était pas liée à l’absence d’un cadre normatif, mais était la conséquence de l’échec du Conseil sécurité. Il a estimé que ce concept méritait d’être davantage débattu et mieux défini. « Le multilatéralisme et les solutions convenues de manière multilatérale représentent le seul moyen de répondre au problème du désarmement et à la question de la sécurité internationale », a poursuivi le représentant.
Le représentant a affirmé que pour sa délégation, le désarmement nucléaire était de la plus haute priorité, pour ensuite regretter le manque d’avancées enregistrées pour assurer l’élimination totale des arsenaux nucléaires des États membres qui en disposent. M. Al-Habib a estimé que la Conférence sur le désarmement devait créer un comité ad hoc chargé du suivi des décisions. Pour lui, la Conférence d’examen de 2010 du TNP doit jouer un rôle crucial pour établir un équilibre entre le désarmement nucléaire et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Elle doit aussi réaffirmer que les choix et décisions de chaque pays dans cette utilisation pacifique doivent être respectés.
Grâce à sa coopération et à sa mise en œuvre entièrement transparente du plan de travail agréé avec l’AIEA, en 2007, l’Iran a réussi à résoudre toutes les questions liées au respect des accords de garantie. Naturellement et conformément à ce plan de travail, la mise en œuvre de ces accords en Iran doit être normalisée, a convenu le représentant. Nous le redisons, a-t-il insisté, le programme nucléaire iranien est, et a toujours été à usage pacifique et en pleine conformité avec le TNP.
Concluant sur les changements climatiques, M. Al-Habib a estimé que des mesures concertées devaient être appliquées par les pays développés de manière à répondre aux besoins des pays en développement dans les domaines de l’atténuation, de l’adaptation, du financement et de la technologie.
Après avoir cité les mérites de l’investissement dans la gestion durable des forêts, le représentant a évoqué le problème de la poussière et des tempêtes de sable qui frappent un nombre de plus en plus important de pays du fait des changements climatiques. Les accords post-Kyoto se doivent d’examiner ce problème afin d’en comprendre les causes et les éradiquer, a-t-il estimé.
M. JAIRO MONTOYA (Colombie) a relevé les éléments pertinents contenus dans le rapport. Citant notamment le chapitre sur les OMD, il a demandé à la communauté internationale d’adopter des mesures complémentaires pour accélérer la réalisation de ces objectifs. Dans le domaine de la sauvegarde des biens de l’humanité, le représentant a cité les mesures prises par son pays pour contribuer à la lutte contre les changements climatiques, notamment la politique des transports en commun, les investissements dans les énergies renouvelables et le programme de protection de la forêt dénommé « famille contre forêt » dont le but est d’éviter, a-t-il ajouté, la dégradation de la forêt et la culture de drogues illicites, entre autres.
Il est connu, a-t-il poursuivi, que mon pays fait des efforts dans la lutte contre le trafic de drogues. Il a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à réprimer plus sévèrement la consommation de drogues. Chaque gramme de consommation illégale, a-t-il lancé, est un gramme qui pousse à la violence, au trafic d’armes, à la destruction des forêts et à la pollution des eaux. La communauté internationale a besoin d’un multilatéralisme plus dynamique et plus concerté. Aucune nation, a conclu le représentant, ne peut prétendre seule résoudre les problèmes du monde. Il a donc insisté sur la nécessité de réformer les institutions internationales dont le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.
M. BASU SANGQU (Afrique du Sud) a estimé que l’élimination de la pauvreté et de la faim « déshumanisantes » devait rester au cœur du travail de l’ONU. Le rapport du Secrétaire général énonce à juste titre le fait que la conjonction des crises actuelles a eu un impact grave sur l’Afrique et risque d’anéantir les progrès notables accomplis par ce continent, a-t-il notamment signalé. S’agissant des changements climatiques, le représentant a réclamé la conclusion à Copenhague d’un accord contraignant, équitable et efficace. La lutte contre les changements climatiques ne peut être séparée de la lutte contre la pauvreté, a-t-il affirmé. Il nous faut réduire les émissions dans le monde sans pour autant entraver le développement des pays du Sud.
Le représentant a ensuite réclamé une plus grande coopération entre l’ONU et l’Union africaine et d’autres organisations régionales africaines, notamment la SADC. Il a évoqué l’importance que cette coopération revêt dans le domaine de la paix et de la sécurité. Passant ensuite à la réforme du Conseil de sécurité, il a déclaré que le préjudice historique dont a fait l’objet l’Afrique devait être réparé et que le nombre d’États siégeant dans cet organe à titre permanent et non permanent devait être augmenté. Il s’est par ailleurs félicité des progrès enregistrés dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération.
Le représentant a annoncé que son pays présenterait des projets de résolution visant à célébrer, d’une part, la Journée internationale Mandela, dans le cadre de la lutte contre le racisme, et de l’autre, le rôle du football au service de la promotion de la paix et du développement.
L’année qui s’est écoulée a permis à la communauté internationale d’être davantage consciente de la fragilité de la prospérité et de la croissance, a estimé M. LUCAS SWANEPOEL (Saint-Siège). Il revient, a-t-il estimé, à l’Assemblée générale de tirer les enseignements des erreurs du passé. Il a insisté sur l’importance de la solidarité internationale dans le monde, en appelant à redonner la priorité aux démunis. L’aide au développement ne sera efficace que si les gouvernements locaux et la société civile travaillent ensemble pour résoudre certains dysfonctionnements politiques, administratifs et sociaux chroniques.
La Conférence de Copenhague sur les changements climatiques sera également un test pour la communauté internationale, a poursuivi le représentant, estimant que la question de la gestion durable des ressources était au cœur de la réflexion sur le climat. En outre, il s’est inquiété que certains pays continuent de dépenser des sommes disproportionnées à l’acquisition d’armements, notamment nucléaires. Nos efforts pour revitaliser le travail de l’ONU resteront inachevés si la communauté internationale et les États ne sont pas capables d’incorporer les voix de la société civile dans tous les aspects du travail de l’Organisation, a-t-il dit, estimant que les organisations religieuses avaient un rôle essentiel à jouer pour identifier les besoins des communautés. Les problèmes mondiaux exigent une réponse internationale, a-t-il enfin insisté.
SUIVI DES TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE)
L’Assemblée générale a adopté sans vote une résolution sur la Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud (A/64/L.1) aux termes de laquelle elle décide de convoquer à Nairobi, du 1er au 3 décembre, cette Conférence, à l’occasion du trentième anniversaire de l’adoption du Plan d’action de Buenos Aires pour la promotion et la mise en œuvre de la coopération technique entre pays en développement.
Cette Conférence aura pour thème principal la promotion de la coopération Sud-Sud au service du développement, et pour thèmes subsidiaires le renforcement du rôle du système des Nations Unies dans l’appui à la coopération Sud-Sud et à la coopération triangulaire d’une part, et de l’autre, à la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire au service du développement.
L’Assemblée générale décide égalementde reporter la seizième session du Comité de haut niveau pour la coopération Sud-Sud, qui devait se tenir du 2 au 5 juin 2009, à une date pouvant convenir, en janvier 2010.
Déclarations
M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé le contenu du cadre et des principes de la coopération Sud-Sud contenus dans le Consensus de Yamoussoukro, adopté par le Groupe des 77. Cette coopération doit être poursuivie en tant qu’expression de la solidarité et de la stratégie d’indépendance économique du Sud et ne doit pas être vue comme un substitut à la coopération entre le Nord et le Sud. Elle ne doit par conséquent pas être analysée selon les mêmes normes. Enfin, le représentant a expliqué que cette coopération s’inscrit dans le respect de la souveraineté nationale et vise à renforcer le multilatéralisme et à permettre aux pays en développement de jouer un rôle plus actif dans les politiques internationales et les processus de prise de décisions.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar), Président du Comité de haut niveau de l’ONU sur la coopération Sud-Sud, a lui aussi insisté sur le fait que la coopération Sud-Sud et la coopération Nord-Sud ne pouvaient pas être séparées car elles sont interdépendantes et complémentaires. Il a rappelé les grands objectifs de la Conférence de haut niveau qui vise notamment à renforcer le rôle des Nations Unies dans ce domaine.
M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya) a estimé que la coopération Sud-Sud était un mécanisme viable pour promouvoir le développement, notamment par le partage des expériences, la promotion du commerce, le transfert de technologie et les flux d’investissements. Le Kenya a, à certains moments, été tenté de revenir sur sa proposition d’accueillir la Conférence de haut niveau, a confié le représentant, en invoquant les moments difficiles dans le processus de préparation. Mais les encouragements et la détermination de certaines délégations l’en ont dissuadé. Le représentant a appelé toutes les délégations à faire preuve de davantage d’engagement et de coopération dans la négociation du document final de cette Conférence.
Explications de position
La représentante de Cuba a adhéré au consensus sur la résolution adoptée aujourd’hui. Le monde connait la position de Cuba sur ces négociations qui se sont révélées inutilement difficiles, a-t-elle déploré. Le but du G-77 et de la Chine était de présenter une résolution technique qui aurait laissé l’examen des questions de fonds aux négociateurs du document final de la Conférence. La référence à la Déclaration de Doha sur le financement du développement vise en fait à imposer un lien entre le « principe de l’efficacité de l’aide » et la coopération Sud-Sud, a-t-elle souligné.
Pour les pays en développement, la coopération Sud-Sud est un moyen de partager les expériences et le savoir-faire sans conditions préalables ni ingérence dans les affaires intérieures des États. S’ils veulent vraiment sortir les pays du Sud du sous-développement, pourquoi les pays du Nord ne tiennent-ils pas leur engagement de verser 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, a-t-elle demandé. Pourquoi veulent-ils détourner l’attention vers les soi-disant principes de l’efficacité de l’aide?
Cuba juge inutile qu’une résolution technique fasse référence à la Déclaration de Doha et rejette toute tentative de préjuger du document final en y introduisant des éléments qui n’ont rien à voir avec les principes de la coopération Sud-Sud.
La représentante du Nicaragua a prévenu que son pays n’accepterait aucune condition, quelle qu’elle soit, pour la coopération Sud-Sud. Cette dernière a ses propres principes directeurs, a-t-elle expliqué, et les tentatives des pays développés d’inclure une référence à la Déclaration de Doha ne sont qu’un nouveau moyen, pour eux, de ne pas assumer leurs responsabilités en la matière.
Il est offensant de voir que les pays développés, en particulier ceux qui ne remplissent pas leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, prétendent imposer une série de règles qui portent atteinte au ciment même de la coopération Sud-Sud, a-t-elle estimé, indiquant que le peuple du Nicaragua avait accès, entre autres, à des services de santé et à une éducation gratuite, uniquement grâce à cette coopération. Elle a conclu en rappelant les principes de la coopération Sud-Sud: à savoir la solidarité, la complémentarité, le traitement équitable, la souveraineté des États, l’autodétermination des peuples et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.
Le représentant de la Suisse a jugé important d’aborder de manière constructive les enseignements du passé et les recommandations pour l’avenir. Nous avons foi dans le potentiel de la complémentarité entre les coopérations Sud-Sud et Nord-Sud et dans la possibilité de développer des synergies entre les deux, a-t-il ajouté. Mais pour que les bailleurs de fonds traditionnels accordent à la coopération Sud-Sud plus d’importance, il faut clarifier ces complémentarités et comprendre le fonctionnement de cette coopération, son impact potentiel sur les capacités nationales et ses mécanismes de responsabilisation, a averti le représentant. Malgré le peu de temps qu’il reste avant la Conférence de Nairobi, il a appelé de ses vœux un processus de préparation efficace.
* *** *F
À l’intention des organes d’information • Document non officiel