Le Secrétaire général présente devant l’Assemblée générale son rapport sur la mise en œuvre de la « responsabilité de protéger »
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Assemblée générale
Soixante-troisième session
96e séance plénière – matin
LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PRÉSENTE DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SON RAPPORT SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA « RESPONSABILITÉ DE PROTÉGER »
« Cette semaine, nous avons la possibilité de nous préparer pour le moment –et ce moment viendra sûrement– où notre capacité et notre volonté collectives seront mises à l’épreuve par des horreurs comme le génocide rwandais », a déclaré, ce matin devant l’Assemblée générale, le Secrétaire général, venu présenter son rapport* sur la mise en œuvre de la responsabilité de protéger.
« Nous pouvons sauver des vies. Nous pouvons faire respecter les principes sur lesquels s’appuient les Nations Unies. Nous pouvons démontrer que la souveraineté et la responsabilité se renforcent mutuellement. Et nous pouvons affirmer l’autorité morale de cette institution », a plaidé M. Ban Ki-moon.
Lors du Sommet mondial il y a quatre ans, a-t-il rappelé, les chefs d’État et de gouvernement se sont unanimement engagés en faveur de la prévention du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité, ainsi que de l’incitation à ces crimes. « Notre devoir est maintenant de tenir cette promesse historique qui a été faite aux peuples du monde », a lancé le Secrétaire général.
Le rapport qu’il a présenté aujourd’hui, et dont l’Assemblée se saisira jeudi dans le cadre d’un dialogue interactif, puis d’un débat général, fait des recommandations préliminaires à cet égard. « Celles-ci, et non les engagements pris par les dirigeants du monde en 2005, seront au cœur des délibérations de cette semaine », a-t-il dit.
La stratégie présentée par le Secrétaire général pour donner une dimension opérationnelle à la responsabilité de protéger repose sur trois piliers: les responsabilités de l’État en matière de protection; l’assistance internationale et le renforcement des capacités; et la réaction résolue en temps voulu.
Pour M. Ban, la responsabilité de protéger trouve naturellement sa place dans la Charte des Nations Unies. Pour dissuader des États ou des groupes d’États de détourner la responsabilité de protéger à des fins inappropriées, le meilleur moyen serait de développer pleinement la stratégie, les normes, les procédures, les instruments et les pratiques des Nations Unies pour mettre en œuvre cette responsabilité, a expliqué le Secrétaire général.
Par ailleurs, le rapport du Secrétaire général met l’accent sur le fait que la prévention, pour des raisons pratiques et morales, devrait être prioritaire. Il propose une approche nuancée et équilibrée s’appuyant sur l’éventail complet des outils à la disposition des Nations Unies et de leurs partenaires, et réfléchit aux moyens pour la communauté internationale de soutenir les États dans le respect de leurs obligations en ce domaine. En outre, le rapport souligne le besoin d’engager une action préventive initiale par le biais d’arrangements régionaux et sous-régionaux, en vertu du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU.
Comme cela avait été demandé lors du Sommet de 2005, nous envisageons également d’inviter les États Membres à étudier les moyens de renforcer les capacités des Nations Unies en matière d’alerte rapide et d’évaluation. Une action militaire est une mesure de dernier recours, et ne devrait être prise qu’en conformité avec les dispositions de la Charte. Les groupes armés et les acteurs non étatiques doivent, sur les territoires qu’ils contrôlent, respecter les mêmes normes pour la responsabilité de protéger que les États.
S’adressant aux États Membres, le Secrétaire général leur a ensuite demandé trois choses. Premièrement, les États Membres doivent résister à tous ceux qui essaient de modifier le sujet ou de freiner nos efforts pour expliquer les pires atrocités dans l’histoire de l’humanité par une lutte idéologique, géographique ou économique. « Qu’offrent-ils aux victimes des violences de masse? De la rancœur au lieu de substance, de la rhétorique au lieu d’actions, du désespoir au lieu de l’espoir », a-t-il répondu.
« Nous pouvons et nous devons faire mieux. Nous devons commencer par admettre qu’il n’existe pas de réponse rapide et facile. Aucune région ou système social n’a été épargné par la barbarie, a rappelé le Secrétaire général, pas plus qu’aucune région du monde n’a le monopole de la sagesse ou de la morale. Cette notion de responsabilité de protéger, a-t-il dit, a émergé du sol, de l’esprit, de l’expérience et des institutions de l’Afrique, en précisant que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA) avaient donné une vie institutionnelle aux principes de la responsabilité de protéger bien avant le Sommet mondial.
De nos jours, a poursuivi M. Ban, de nouveaux arrangements sur tous les continents ont promu la prévention, l’alerte rapide et les capacités de protéger. Les réseaux de survivants, d’étudiants et de défenseurs de ces principes ont surgi dans toutes les parties du monde.
Il y a quatre ans, a-t-il précisé, les dirigeants du monde se sont retrouvés afin de surmonter les différences politiques et de mettre en œuvre la responsabilité de protéger. Ils ont décidé de faire face à une menace commune à leurs peuples et sociétés, à l’état de droit et aux principes moraux que cette Organisation défend avec tant de fierté. Aujourd’hui, nous devons aux peuples du monde de ne pas échouer dans cette mission commune, a t-il estimé.
Deuxièmement, M. Ban a demandé aux États Membres de laisser l’Assemblée générale faire ce qu’elle fait le mieux: offrir un cadre à la recherche constante d’un terrain d’entente pour une stratégie multilatérale efficace. Tout en saluant les signes de convergence concernant les deux premiers piliers -la responsabilité de l’État en matière de protection et d’assistance internationale et le renforcement des capacités–, le Secrétaire général a noté la persistance de divergences sur le troisième pilier relatif à la réaction résolue qui doit être assurée en temps voulu.
« Si nous ne pouvons pas nous entendre sur toutes les questions en une semaine, nous pouvons, en revanche, permettre au dialogue de se poursuivre et de jeter des propositions d’avenir », a-t-il dit. À cet égard, le Secrétaire général a attiré l’attention sur le contenu du paragraphe 71 du rapport, qui insiste sur la nécessité pour l’Assemblée générale de poursuivre l’examen de la question de la responsabilité de protéger.
« Troisièmement, a-t-il insisté, nous ne devons pas oublier pourquoi nous sommes ici, ni oublier les millions de victimes d’atrocités et de crimes dans tant de régions du monde. Ensemble, nous devons tracer un chemin différent et ne pas oublier que c’est la complaisance et le cynisme qui ont empêché notre Organisation d’agir aussi vite et efficacement qu’elle aurait dû le faire, a souligné M. Ban.
L’opinion publique continuera d’observer l’ONU cette semaine et de la juger –à juste titre- durement si nous ne sommes pas en mesure d’accorder à cette question l’intérêt qu’elle mérite, a-t-il prévenu. Alors que nous venons de commémorer le quinzième anniversaire du génocide du Rwanda et que la douleur des survivants n’a pas disparu, les débats de cette semaine ne portent pas sur l’histoire, mais sur le sens même de notre Organisation et l’avenir de l’humanité, a conclu le Secrétaire général.
* A/63/677
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