En présence du Président Zelaya, l’Assemblée générale condamne le coup d’État survenu au Honduras et exige le rétablissement immédiat du Gouvernement légitime
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Assemblée générale
Soixante-troisième session
93e séance plénière – matin
EN PRÉSENCE DU PRÉSIDENT ZELAYA, L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONDAMNE LE COUP D’ÉTAT SURVENU AU HONDURAS ET EXIGE LE RÉTABLISSEMENT IMMÉDIAT DU GOUVERNEMENT LÉGITIME
Avant d’entendre une déclaration du Président du Honduras, victime d’un enlèvement et d’une déportation au Costa Rica, opérés par des troupes en armes, et qui était reçu ce matin aux Nations Unies, les délégations de l’Assemblée générale ont condamné, unanimement, le coup d’État en République du Honduras, qui a rompu l’ordre démocratique et constitutionnel de ce pays et mis fin à l’exercice légitime du pouvoir, en renversant son président démocratiquement élu, M. José Manuel Zelaya Rosales.
Par la résolution* intitulée « la situation au Honduras: effondrement de la démocratie », qu’elle a, cet après-midi, adoptée par acclamation et telle qu’oralement amendée, l’Assemblée générale exige le rétablissement immédiat et inconditionnel du Gouvernement légitime et constitutionnel dirigé par le Président de la République, M. José Manuel Zelaya Rosales, et des autres autorités légalement constituées au Honduras. Elle décide de ne pas reconnaître d’autre gouvernement que celui dirigé par le Président José Manuel Zelaya Rosales.
Le Représentant permanent du Honduras auprès des Nations Unies, qui a présenté le projet de résolution et ses amendements, a précisé que l’Assemblée avait décidé de lancer un appel ferme et catégorique à tous les États pour qu’ils ne reconnaissent aucun autre gouvernement que celui dirigé constitutionnellement par José Manuel Zelaya Rosales. À travers le texte adopté aujourd’hui, l’Assemblée manifeste son appui aux efforts régionaux consentis conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies visant à résoudre la crise politique au Honduras, a souligné le représentant.
Deux jours après le coup d’État qui a renversé son gouvernement, le Président José Manuel Zelaya Rosales a pu, cet après-midi, prendre la parole devant l’Assemblée générale. Reprenant les termes du Président de l’Assemblée générale, Miguel d’Escoto Brockmann, il a qualifié cette résolution d’« historique ».
Le Président du Honduras a lancé un appel au retour de l’état de droit dans son pays, et a mis l’accent sur l’indispensable respect à accorder aux droits de l’homme, et notamment « le droit à la participation citoyenne ». « Le monde prend de plus en plus conscience que nous ne pouvons pas avoir recours à la violence, mais plutôt chercher des solutions à nos différends, celles-ci ne devant être trouvées que par le dialogue et de manière pacifique », a-t-il déclaré. « Nous avons des voies de droit pour cela », a-t-il insisté, « et les Nations Unies constituent l’un des moyens de défense et de garantie de la démocratie dans le monde entier ».
M. Zelaya Rosales s’est prévalu de l’appui de toutes les organisations regroupant des États américains, comme la Communauté des Caraïbes (CARICOM), le Groupe de Rio et la Voie bolivarienne pour les peuples d’Amérique latine (ALBA), qui ont immédiatement demandé le rétablissement dans ses fonctions du Gouvernement légitime du Honduras. Nous avons aussi bénéficié du même type de soutien de la part du Gouvernement espagnol, a-t-il ajouté. M. Zelaya Rosales a en outre cité les différents chefs d’État qui ont tenu à l’appeler pour lui manifester leur soutien, comme les Présidents des pays d’Amérique centrale et ceux de l’Argentine, du Brésil, des États-Unis et du Mexique. Il a notamment rendu hommage au Président du Costa Rica, qui l’a accueilli dans son exil forcé; ainsi qu’au Président de l’Équateur, qui s’est déplacé pour le voir à Managua; à celui du Venezuela, Hugo Chavez Fría, qui a réagi promptement à l’annonce du coup d’État; à celui de la Bolivie, Evo Morales; et au Président de Cuba, Raúl Castro.
Au cours de sa longue allocution devant l’Assemblée, José Manuel Zelaya Rosales a expliqué les circonstances qui avaient conduit à la situation qui règne au Honduras. Remontant à l’époque de son élection, survenue en janvier 2006, après un scrutin qu’il a remporté par une marge électorale de 4 à 5% des voix, il a indiqué qu’il avait adopté des politiques en faveur des défavorisés, qui ont été mal perçues par ceux qui, au Honduras, craignent pour leurs privilèges. « J’ai reçu 180 demandes directes, questionnant ces prises de positions politiques des cercles les plus conservateurs du pays, parce que je donnais aux travailleurs de quoi vivre décemment et s’alimenter », a-t-il expliqué.
« Lorsque je suis arrivé au pouvoir, 6 Honduriens sur 10 vivaient dans la pauvreté. Nous avons réussi à réduire de 10% le nombre de gens vivant dans le dénuement », a-t-il poursuivi. Il a indiqué avoir augmenté le salaire minimum des travailleurs, ce qui lui a valu des accusations de populisme, de communisme et de vouloir conduire le pays à la ruine.
Décrivant la procédure suivie par ses adversaires pour le renverser, il a expliqué que tout a commencé après qu’il ait demandé la conduite d’enquêtes pour prendre le pouls de la situation au Honduras, une décision qu’un juge a ensuite déclarée « illicite ». Or, cette enquête provenait de l’application d’une loi et ne pouvait donc pas être jugée illégale, a soutenu le Président Zelaya Rosales. Il a ensuite relaté, avec beaucoup d’émotion et de colère, le déroulement du coup d’État et l’enlèvement qui l’a conduit au Costa Rica.
Aujourd’hui, le pays est paralysé par une grève générale. Des ministres ont été jetés sur les routes de l’exil. Cent quarante personnes ont été battues parce qu’elles avaient manifesté, a-t-il regretté. Il a estimé que c’est un « crime contre l’humanité » qui était en train d’être commis, considérant que la situation qui règne est un retour à la loi de la jungle.
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