Dialogue thématique à l’Assemblée générale: l’essor des énergies renouvelables doit être un élément essentiel du développement, affirme M. Ban Ki-moon
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Assemblée générale
Soixante-troisième session
Dialogue thématique interactif sur le thème
« L’efficacité énergétique, les économies d’énergie
et les sources d’énergie nouvelles et renouvelables »
Matin et après-midi
DIALOGUE THÉMATIQUE À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: L’ESSOR DES ÉNERGIES RENOUVELABLES DOIT ÊTRE UN ÉLÉMENT ESSENTIEL DU DÉVELOPPEMENT, AFFIRME M. BAN KI-MOON
« Il n’existe pas de modèle unique vers un monde à faible intensité de carbone », affirme de son côté le Vice-Président du GIEC
Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a affirmé aujourd’hui, à l’occasion d’un dialogue thématique de l’Assemblée générale, que l’essor des énergies renouvelables devait constituer un « élément essentiel du développement ».
Tout au long de la journée, experts et représentants d’États Membres ont, dans le sillage du Secrétaire général, démontré que l’efficacité énergétique, les réglementations en faveur d’économies d’énergie et les sources d’énergie nouvelles et renouvelables jouaient un rôle clef dans le développement économique et social et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), tout en aidant à relever les défis de la sécurité énergétique et des changements climatiques.
Ils ont également estimé que le développement, le déploiement et le transfert des technologies devraient être encouragés grâce à la coopération internationale et à des partenariats.
Le monde se trouve « à la croisée des chemins », a affirmé le Secrétaire général, qui a estimé que « le choix devrait être clair » entre une direction qui « conduit à l’abîme » et une autre qui mène à un « monde plus durable, plus prospère et plus stable ».
« L’efficacité énergétique et les énergies renouvelables offrent l’occasion de s’attaquer à la fois à de nombreux défis », a ajouté M. Ban, citant les changements climatiques, l’insécurité énergétique et la réduction de la pauvreté.
Le Secrétaire général a par ailleurs jugé primordiale la conclusion d’un nouvel accord sur les changements climatiques, à Copenhague, en décembre prochain. Le document final, destiné à succéder au Protocole de Kyoto, devra être « global, juste et ambitieux », a-t-il précisé.
« L’heure des énergies renouvelables a sonné », a observé, à l’ouverture de ce dialogue thématique, le Président de l’Assemblée générale. Miguel d’Escoto Brockmann a également appelé les pays responsables des niveaux les plus élevés d’émissions de gaz à effet de serre à « faire preuve d’engagement et de leadership dans la voie à suivre ». Il a salué à cet égard la « nouvelle vision audacieuse pour un avenir énergétique sain » proposée par l’Administration du Président américain Barack Obama.
Le scénario retenu par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est de parvenir, d’ici à 2020, à une réduction par les pays industrialisés des émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40% par rapport au niveau de 1990 et à une réduction des émissions mondiales de 80% d’ici à 2050.
Ces objectifs supposent une « amélioration substantielle des contributions en faveur de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables », a assuré le Vice-Président de ce mécanisme chargé d’évaluer les informations scientifiques, techniques et sociales et économiques disponibles en rapport avec la question des changements climatiques.
« Il n’existe pas de modèle unique vers un monde à faible intensité de carbone », a poursuivi M. Hoesung Lee, qui a précisé que les prix du carbone, la recherche et le développement en matière d’efficacité énergétique et de technologies renouvelables forment le « dénominateur commun des différentes pistes ». « Nous devons tous ensemble trouver une solution mondiale », a-t-il insisté.
Ce dialogue thématique de l’Assemblée générale, qui avait lieu dans la salle du Conseil de tutelle, au Siège des Nations Unies à New York, s’articulait autour de deux tables rondes.
Les participants à la première se sont attachés, dans la matinée, à explorer le potentiel de sources d’énergie nouvelles et renouvelables, de l’efficacité énergétique et de la conservation de l’énergie dans la promotion du développement durable.
Plusieurs pays, comme la Chine, le Brésil ou la Colombie ont préconisé une nouvelle coopération internationale, tandis que le Bélarus a suggéré la création d’un fonds multilatéral destiné à financer le développement, le transfert et l’application de technologies avancées.
Dans une deuxième table ronde, cet après-midi, l’occasion a été donnée d’examiner de façon plus approfondie la nature des politiques et des investissements nécessaires pour promouvoir une efficacité énergétique respectueuse de l’environnement. Les participants ont cherché à identifier les mesures d’incitation qui peuvent être adoptées pour veiller au maintien des investissements dans les énergies renouvelables, ceci dans un contexte de crise financière et économique.
DIALOGUE THÉMATIQUE INTERACTIF SUR LE THÈME « L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE, LES ÉCONOMIES D’ÉNERGIE ET LES SOURCES D’ÉNERGIE NOUVELLES ET RENOUVELABLES »
Déclarations
M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, s’est déclaré heureux d’ouvrir un dialogue thématique sur l’efficacité énergétique, un sujet directement lié aux changements climatiques, à la crise économique et financière, ainsi qu’à la crise alimentaire. L’énergie est une pierre angulaire de notre survie quotidienne, mais aussi de notre développement économique. « Aujourd’hui, nous n’avons pas de source unique d’énergie pour combler les besoins qui sont les nôtres », a prévenu le Président. Les changements climatiques mettent en danger notre existence, parce que les pays développés, en particulier ceux de l’hémisphère Nord, ont basé leurs économies sur la consommation de combustibles fossiles.
Mais une prise de conscience s’est finalement faite, a indiqué M. d’Escoto Brockmann, qui a rappelé que scientifiques, politiciens et citoyens du monde entier appelaient aux changements fondamentaux dans les modes de consommation énergétique. L’heure des énergies renouvelables a sonné, a-t-il déclaré. À moins d’entreprendre des changements fondamentaux, la consommation mondiale d’énergie devrait croître de 40% d’ici à 2030. Les experts soutiennent qu’une révolution technologique est nécessaire pour réconcilier notre développement avec les besoins énergétiques croissants, assortie de mesures pour atténuer les changements climatiques. « Comment y parvenir? », s’est interrogé le Président de l’Assemblée. « C’est tout le sens de ce débat thématique que j’ai convoqué à la demande d’un groupe de 18 États Membres, dont le Bélarus, qui sont particulièrement préoccupés par la situation actuelle », a-t-il répondu.
Alors que le progrès technologique est incessant, le besoin de mesures d’incitation se fait ressentir pour accélérer ce processus, en particulier de la part du secteur privé, a relevé M. d’Escoto Brockmann. En élaborant des politiques, il est important de rester conscient des différents coûts impliqués dans le développement des sources d’énergie renouvelables. En effet, a-t-il reconnu, toutes les sources alternatives d’énergie –solaire, éolienne, hydraulique ou géothermique- présentent des avantages et des inconvénients, le plus important étant le coût initial de la recherche et du développement. Les fonds publics pour l’investissement et l’aide publique au développement (APD) sont essentiels, mais ne seront pas suffisants. Le Président de l’Assemblée générale a donc encouragé les participants à ce débat à étudier les moyens par lesquels les flux financiers peuvent être dirigés vers le développement et la production d’énergies renouvelables dans les pays en développement par des mesures d’incitation telles que le mécanisme de développement propre mis en place dans le cadre du Protocole de Kyoto.
« Lorsque la communauté internationale se réunira à Copenhague, en décembre prochain, pour la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), j’espère qu’elle parviendra à mettre au point toute une nouvelle gamme de mesures d’incitations financières, basées sur les mécanismes de Kyoto et qui permettront de connecter les flux financiers des marchés de carbone des pays développés au développement de nouveaux projets dans les pays en développement. Avant de conclure, le Président a appelé les pays qui émettent les niveaux les plus élevés de gaz à effet de serre à faire preuve d’engagement et de leadership dans la voie à suivre. À cet égard, il a salué la nouvelle vision audacieuse pour un avenir énergétique sain proposée par l’Administration du Président Barack Obama.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a commencé son intervention en rappelant qu’en décembre prochain, les gouvernements se réuniront à Copenhague pour finaliser un nouvel accord sur les changements climatiques. « Il est essentiel de conclure un accord », a-t-il souligné. Cet accord doit être global, juste et ambitieux, a-t-il ajouté. « Nous devons réduire de manière significative nos émissions de gaz à effet de serre et, à cette fin, nous devons changer nos modes de consommation énergétique. L’efficacité énergétique est possible dans tous les secteurs, mais certaines des améliorations les plus substantielles peuvent être faites dans l’industrie et les transports, ainsi que dans les bâtiments, y compris dans les logements.
Pour y parvenir, les gouvernements doivent adresser des signaux forts au marché, a prévenu le Secrétaire général: « de bonnes politiques peuvent permettre d’élaborer des normes pour les appareils électriques, les véhicules et les immeubles. Elles peuvent encourager les acteurs du secteur privé –entreprises ou ménages– à investir dans l’efficacité énergétique et à tirer eux aussi profit de la conservation d’énergie. Ainsi, des Gouvernements -de l’Allemagne à l’Afrique du Sud-, permettent à leurs citoyens de générer leur propre électricité et de l’intégrer dans le réseau national. Il est donc important que de telles politiques soient discutées alors que nous approchons de l’échéance de Copenhague, a insisté le Secrétaire général, qui estime que la quête d’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables ne sont pas un luxe réservé aux nations les plus riches. Elles sont, au contraire, un outil universel pour dissocier la croissance économique de la hausse des émissions de gaz à effet de serre, a-t-il poursuivi. Il a reconnu que le financement était considéré comme un des obstacles au développement des énergies solaire, éolienne ou géothermique, mais qu’une fois les investissements consentis, les coûts d’utilisation étaient très limités.
De leur côté, les gouvernements doivent faire leur part pour surmonter les obstacles qui se posent à l’expansion des énergies renouvelables, a ajouté le Secrétaire général. Ainsi, le Mécanisme de développement propre doit être utilisé de manière plus efficace. Pour le Secrétaire général, les changements climatiques, au-delà de la menace qu’ils représentent, offrent aussi une opportunité sans précédent. Copenhague peut donner un élan décisif à une « économie verte », en promouvant la création d’emplois, le développement rural et la protection de l’environnement. M. Ban a estimé que l’élan devait être maintenu et accru. L’essor des énergies renouvelables doit constituer un élément essentiel du développement, a-t-il souligné.
Le monde se trouve à la croisée des chemins, a affirmé le Secrétaire général, qui estime que le choix doit être clair entre une direction qui conduit à l’abîme et une autre qui mène à un monde plus durable, plus prospère et plus stable.
L’efficacité énergétique et les énergies renouvelables offrent l’occasion de s’attaquer à la fois à de nombreux défis, a-t-il ajouté, citant les changements climatiques, l’insécurité énergétique et la réduction de la pauvreté.
M. HOESUNG LEE, Vice-Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a rappelé que la semaine dernière, la première série de discussions sur la négociation des documents de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de Copenhague avait été achevée. Les questions principales traitées ont été les objectifs de réduction des émissions de carbone des pays développés, les actions d’atténuation des pays en développement et le soutien technologique et financier aux pays pauvres en vue de faire face aux changements climatiques, a-t-il souligné. Quel que soit le résultat de la négociation au mois de décembre prochain, l’efficacité énergétique et les sources d’énergie renouvelables fonctionneront comme des vecteurs importants pour déterminer le niveau et la vitesse de la réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’avenir, a-t-il expliqué. L’efficacité énergétique et les sources d’énergie renouvelables constitueront également des instruments importants en vue d’améliorer l’accès à l’énergie, d’éliminer la pauvreté et de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il ajouté. Le scénario du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre par les pays industrialisés de 25 à 40% par rapport à 1990 et d’ici à 2020, et de réduire les émissions mondiales de 80% d’ici à 2050 suppose une amélioration substantielle des contributions en faveur de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, a-t-il affirmé. Il faut, a-t-il poursuivi, placer dans la bonne perspective la tâche de l’efficacité énergétique et des sources d’énergie renouvelables. Pour M. Lee, l’approche la plus simple, mais la plus utile, est d’examiner les quatre composantes conduisant à la détermination des émissions de carbone, à savoir l’intensité du carbone, l’intensité énergétique, le PNB par habitant et la démographie.
Le Vice-Président du GIEC a estimé que les pays émetteurs de gaz à effet de serre devraient payer le prix de ces émissions. De même, les gouvernements doivent fournir un appui à la recherche technologique et au développement. S’agissant de ce deuxième point, a-t-il dit, s’attaquer aux effets des changements climatiques exige un éventail de stratégies qui font appel à l’atténuation, à l’adaptation, à la recherche et au développement. Le rapport de la quatrième évaluation du Groupe d’experts montre qu’il serait économiquement impossible, sans recherche technologique, développement, diffusion et changement technologique induit, de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau qui empêcherait une interférence anthropogénique dangereuse avec le système climatique. Pour ce qui est de la contribution des pays émetteurs de gaz à effet de serre, sans prix du carbone reflétant les coûts sociaux des changements climatiques, rien ne se produira pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il assuré. Trois questions sont fondamentales dans les réactions aux changements climatiques, a-t-il déclaré, citant le niveau et la rapidité des réductions des gaz à effet de serre, le calendrier des réductions de ces émissions et la répartition des réductions parmi les pays et les industries. La réponse à ces trois questions clefs dépend des prix du carbone, a-t-il affirmé.
Pour le Vice-Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, il n’existe pas de modèle unique vers un monde à faible intensité de carbone. Tous les pays sont différents au regard des ressources naturelles, de la structure industrielle, de l’environnement socioéconomique, de la culture et de la tradition. Les prix du carbone, la recherche et le développement en matière d’efficacité énergétique et de technologies renouvelables forment le dénominateur commun des différentes pistes qui mènent à un avenir durable à faible intensité de carbone. « Nous devons tous ensemble trouver une solution mondiale », a ainsi conclu M. Lee.
Groupe I: « Situation et perspectives: l’efficacité énergétique et les sources d’énergie nouvelles et renouvelables »
Les participants à la première des deux tables rondes de la journée se sont attachés, au cours de la matinée, à explorer le potentiel de sources d’énergie nouvelles et renouvelables, de l’efficacité énergétique et de la conservation de l’énergie dans la promotion du développement durable. Plusieurs pays, comme la Chine, le Brésil ou la Colombie ont préconisé une nouvelle coopération internationale, tandis que le Bélarus a suggéré la création d’un fonds multilatéral destiné à financer le développement, le transfert et l’application de technologies avancées.
Ouvrant cette table ronde, animée par M. TIMOTHY E. WIRTH, de la Fondation des Nations Unies, le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), M. KANDEH YUMKELLA a mis l’accent sur le rôle central d’une révolution technologique. La plupart des technologies sont heureusement disponibles aujourd’hui, bien que d’autres restent à trouver, a-t-il en particulier souligné. Leur succès dépend d’un cadre politique propice, a-t-il dit. M. Yumkella a de même rappelé que le Secrétaire général avait, dans un tel contexte, décidé de renforcer les mesures prises par l’ONU pour faire face aux questions énergétiques.
Trois axes ont été définis, a-t-il dit, citant l’accès à l’énergie, avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en tant que chef de file; l’efficacité énergétique, avec notamment l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA); la promotion des énergies renouvelables, avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE); et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le Directeur général a également souligné le caractère central de l’énergie dans l’ensemble des crises auxquelles le monde est confronté. Le temps est venu pour que la famille de l’ONU se penche sur la question de l’énergie, a-t-il estimé. M. Yumkella a ainsi plaidé pour ajouter aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), un objectif relatif à l’accès à l’énergie.
Plusieurs experts ont, à leur tour, présenté des exposés dans leurs domaines respectifs: M. NEBOJSA NAKICENOVIC, de Global Energy Assessmnent, qui est une initiative internationale importante cherchant à redéfinir le calendrier de la politique énergétique mondiale; M. JOE LOPER, Vice-Président de l’Alliance pour sauver l’énergie, qui déclare essentiel de fixer un prix au carbone; ou Mme LEENA SRIVASTAVA, Directrice exécutive de TERI, en Inde. Celle-ci a, en particulier, souligné l’importance des activités des gouvernements en vue d’éliminer les obstacles et obtenir des résultats. Elle a en outre cité comme aspect capital le fait que les banques hésitent à financer les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, car elles ne les ont pas évaluées. Il faut, a-t-elle dit, procéder, à cet égard, à un renforcement des capacités des instituions financières.
M. SERGIO GARRIBA, Conseiller au Ministère italien du développement économique, a estimé pour sa part que les investissements en matière d’efficacité énergétique ont eu un effet antirécession vigoureux. Il a rappelé certaines des mesures prises par l’Union européenne et a, lui aussi, jugé essentielle la question du prix du carbone. Il a ainsi plaidé pour que soit incluse dans le prix de l’énergie une taxe sur le carbone.
Le représentant de la République tchèque, au nom de l’Union européenne (UE), a rappelé l’engagement de l’Union européenne à assurer une augmentation de 20% de l’efficacité énergétique. Elle a adopté, à cet égard, un plan d’action qui identifie six domaines clefs et définit 85 actions et mesures à prendre aux niveaux européen et national. La Ministre du commerce extérieur des Émirats arabes unis, Sheikha Lubna Al-Qassini, a souligné l’urgence d’agir. Il y a, a-t-elle dit, une responsabilité mondiale à se joindre aux efforts internationaux pour relever ce défi. Elle a indiqué que son pays avait investi dans des secteurs des énergies renouvelables telles que les énergies éolienne, hydraulique ou géothermique. La Ministre a fait en outre état de l’initiative Masdar, point culminant, a-t-elle dit, de la coopération entre les secteurs public et privé.
Le délégué du Bélarus, qui s’exprimait au nom de son ministre des affaires étrangères, a rappelé que son pays avait été au nombre des 17 qui, l’an dernier, avaient suggéré l’idée de convoquer une telle réunion. Il a plaidé en faveur de l’accès des pays en développement et des pays les moins avancés (PMA) aux technologies dans le domaine de l’énergie. Il a ainsi proposé l’établissement d’un mécanisme mondial qui garantirait à chacun des pays de la planète un accès aux technologies permettant le développement de sources d’énergie nouvelles et renouvelables. Selon lui, l’Assemblée générale des Nations Unies pourrait élaborer et adopter des recommandations visant à faciliter le développement, le transfert et l’application de technologies avancées dans les pays en développement et les pays dont les économies sont en transition. Il a aussi proposé la création d’une base de données et d’un fonds multilatéral destiné à financer le développement, le transfert et l’application de technologies avancées. Il a enfin souhaité que soit proclamé le développement de technologies énergétiques comme patrimoine commun de l’humanité.
Pour le Brésil, il ne saurait y avoir de développement sans énergie. Son représentant a en outre mis l’accent sur la nécessité de développer la coopération et la collaboration entre les pays pour un partage des technologies, comme le fait son pays avec, par exemple, les États-Unis et l’Union européenne. Son homologue des Philippines a indiqué que le Congrès philippin avait adopté en 2008 une loi définissant la politique du pays pour accélérer l’exploration et le développement de sources d’énergie renouvelables, telles que la biomasse, les énergies solaire, éolienne, hydraulique ou géothermique, accroître l’utilisation des énergies renouvelables en institutionnalisant le développement des capacités nationale et locale.
Le délégué du Danemark a rappelé que son pays avait la plus basse intensité énergétique de l’Union européenne. Il a insisté sur l’importance d’utiliser au mieux les mécanismes du marché même si, a-t-il admis, celui-ci ne peut pas tout régler à lui seul. Dans ce cas, il faudrait conclure un accord entre secteurs privé et public.
Le représentant de la Chine a déclaré que les pays devraient établir un nouveau concept de sécurité énergétique consistant en une coopération mutuellement bénéfique, en un développement multidimensionnel et des efforts concertés en vue de consolider la sécurité énergétique. Le développement des énergies renouvelables et nouvelles est d’une importance stratégique pour la Chine, a-t-il assuré. Conformément au onzième Plan quinquennal pour l’économie nationale et le développement social, la Chine, a-t-il dit, s’est engagée à réduire sa consommation d’énergie de 20% d’ici à 2010, par rapport à 2005. Au cours des trois dernières années, la réduction de la consommation énergétique a atteint » 10,1%, a-t-il expliqué, précisant que 290 millions de tonnes de charbon avaient ainsi pu être conservées, ce qui équivaut à une réduction de 660 millions de tonnes de CO2.
La déléguée de la Colombie a estimé important de consolider la coopération internationale, tant Nord-Sud que Sud-Sud. De même, les Nations Unies ont, selon elle, un rôle clef à jouer en promouvant des actions pragmatiques sur le terrain. Son collègue du Venezuela s’est dit, pour sa part, préoccupé par les effets de la crise économique et financière actuelle. Les cours du pétrole ont été affectés, a-t-il expliqué. Le pétrole est et continuera d’être la principale source d’énergie à court et moyen termes, a-t-il ajouté, notant que son pays encourageait également les sources d’énergie renouvelables. Il a également mis l’accent sur le droit souverain des pays producteurs à réglementer l’accès à leurs ressources naturelles.
La représentante de Singapour a considéré que toute politique énergétique devrait tenir compte de la croissance économique. De même, les options énergétiques doivent être viables pour la protection de l’environnement, a-t-elle dit. Le délégué de la Norvège a en particulier insisté sur l’énergie hydraulique, l’énergie solaire étant coûteuse.
Sa collègue de Cuba a souligné que l’emploi de l’énergie renouvelable était plus qu’une nécessité. Elle est aussi une obligation. La représentante a ainsi énoncé les exemples d’investissement réalisés dans son pays en matière d’efficacité énergétique. Il faut aborder la révolution énergétique en assurant plus d’efficacité, a-t-elle dit. Elle a souligné la nécessité de la promouvoir, mais dans des conditions qui favorisent les pays en développement. Elle a insisté également sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée. Le délégué de l’Islande a mis l’accent en particulier sur l’importance d’adapter des nouvelles technologies pour qu’elles puissent être utilisées dans les pays en développement.
Groupe II: « Relever le défi: investissements et politiques »
Cette table ronde a été l’occasion d’explorer la nature des politiques et des investissements nécessaires pour promouvoir une efficacité énergétique respectueuse de l’environnement. Les participants ont cherché à identifier les mesures d’incitation qui peuvent être adoptées pour veiller au maintien des investissements dans les énergies renouvelables dans un contexte de crise financière et économique. Quelles politiques peuvent stimuler l’innovation technologique et le développement, le transfert et la diffusion rapides des technologies pertinentes? Quels sont les moyens d’améliorer les efforts des Nations Unies pour élaborer des mesures d’incitation juridiques et politiques? Telles ont été quelques-unes des questions auxquelles les participants se sont efforcés de répondre.
Ouvrant cette table ronde, animée par M. VIJAY VAITHEESWARAN, du magazine The Economist, M. STEEN GADE, membre du Parlement danois et de l’Union interparlementaire (UIP), a rappelé qu’à l’heure où les changements climatiques sont sur le point d’atteindre le seuil critique fixé par le GIEC, il est plus que jamais nécessaire d’adopter les politiques appropriées pour opérer une révolution verte. C’est ce que le Danemark s’emploie à faire au niveau national, en essayant de réconcilier croissance économique, efficacité énergétique et respect de l’environnement. « Nous avons essayé de mettre l’accent sur la production locale, en adoptant, dès les années 80, des mesures d’incitation pour diversifier les sources d’énergie renouvelables et éviter de dépendre des seuls combustibles fossiles. De son côté, M. SANTIAGO SEAGE, Président d’Abengoa Solar, une des entreprises les plus importantes en matière de production d’énergie solaire, a déclaré que le défi qu’il faudrait relever était bien plus important que ce l’on pouvait imaginer. Tout d’abord, parce que le prix des énergies traditionnelles sera multiplié par deux ou par trois dans les années à venir. Recourir aux énergies renouvelables, ce n’est pas seulement une question de survie, mais aussi un pari économique, a-t-il dit. D’autant qu’au-delà des investissements de base, l’énergie solaire ou l’énergie éolienne s’avéreront, d’ici 5 à 10 ans, tout à fait compétitives avec les prix des combustibles fossiles. Pour y parvenir, il faudrait, dès maintenant, se lancer activement dans la recherche et le développement technologique d’énergies propres, ce qui implique la mise en place de projets pilotes très coûteux que seules des fonds publics peuvent financer, a souligné M. Seage.
M. SAID MOULINE, Directeur général du Centre marocain des énergies, et Mme HÉLÈNE PELOSSE, du Ministère de l’énergie de la France, ont fait une présentation conjointe du Plan solaire méditerranéen, l’un des six grands projets lancés dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. Ce Plan vise à accroître l’utilisation des énergies renouvelables et à renforcer l’efficacité énergétique dans la région, a expliqué M. Pelosse. Il permettra ainsi de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de réduire la vulnérabilité du système énergétique de chaque pays et de la région dans son ensemble. Ses objectifs sont multiples. Tout d’abord, la construction de capacités additionnelles de production d’électricité bas carbone, et notamment solaire, dans les pays du pourtour méditerranéen, d’une puissance totale de 20 gigawatts à l’horizon 2020. Ensuite, la consommation d’une partie de l’électricité produite par le marché local et l’exportation d’une partie de la production vers l’Union européenne, afin de garantir la rentabilité des projets, a précisé l’experte. Enfin, la réalisation d’efforts significatifs pour maîtriser la demande d’énergie et augmenter l’efficacité énergétique et les économies d’énergie dans tous les pays de la région, a-t-elle ajouté.
Mme IRENE FREUDENSCHUSS-REICHL, Ambassadrice et Directrice générale pour la coopération au développement au Ministère des affaires étrangères de l’Autriche, a évoqué le rôle que peut jouer la coopération au développement. Face aux besoins énergétiques multiples en vue d’assurer un développement durable, l’aide publique au développement ne peut jouer qu’un rôle limité dans un contexte de crise économique et financière. L’Ambassadrice a suggéré l’importance de reformuler les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à la lumière de la problématique du développement durable, qui n’a pas été suffisamment prise en compte à l’époque où ils ont été fixés. M. TARIQ BANURI, Directeur de la Division du développement durable au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a affirmé que si le monde était un seul pays, ce serait un pays en développement. La question de la consommation d’énergie se trouve au cœur du problème des inégalités qui subsistent entre les différentes nations du monde, et il faut y répondre sans tarder. Des prix plus bas sont nécessaires pour encourager l’utilisation des énergies renouvelables, en instaurant des subventions ou des mesures d’incitation.
Ouvrant la discussion interactive, le représentant du Maroc a présenté le Plan national d’actions prioritaires qui a été adopté par son pays pour réaliser l’adéquation entre l’offre et la demande en électricité pour la période 2008/2012 et lancer les premières mesures d’efficacité énergétique, assorties d’un objectif de 12% d’économie dans l’industrie, le transport et l’habitat pour 2020. À moyen terme, le Maroc recourra au charbon propre comme source principale pour la production de base et le gaz de redevance pour la pointe et la semi-base, tout en explorant les options d’extension du Gazoduc Maghreb Europe et gaz naturel liquéfié. Le développement de l’énergie éolienne et le découplage de la fonction hydroélectrique de la fonction d’irrigation par la création de bassins de rétention sont aussi à l’ordre du jour, a ajouté le représentant, qui a annoncé 15% d’énergies renouvelables pour 2020. Pour son homologue de l’Indonésie, il existe quatre facteurs dont dépend le succès du développement des énergies renouvelables: la volonté politique des gouvernements, le transfert et le déploiement de l’innovation technologique, l’engagement de la communauté internationale en faveur de l’efficacité énergétique, et le comportement du consommateur.
Le représentant de l’Équateur a indiqué que son Président avait proposé de ne pas exploiter les réserves pétrolières qui se trouvent dans une des zones protégées du pays, privilégiant le développement des énergies renouvelables. Le Gouvernement équatorien a toutefois besoin de l’aide de la communauté internationale. La délégation de la Nouvelle-Zélande a déclaré que des prix devraient être fixés, avec l’aide de l’État, pour assurer le développement des énergies renouvelables. S’exprimant au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), le représentant de la Thaïlande a indiqué qu’un accord avait été signé par ses États Membres pour garantir leur sécurité énergétique. La déléguée de l’Algérie a, de son côté, expliqué que son pays avait toujours mis l’accent sur le lien entre efficacité énergétique et respect de l’environnement. « Notre capacité d’énergie solaire est l’une des plus importantes dans le monde et c’est pourquoi, le Gouvernement s’est lancé dans le développement de l’énergie solaire dans un certain nombre de villages du sud du pays », a-t-elle ajouté. Le représentant du Sénégal a déclaré que l’une des priorités serait de se lancer dans la recherche de nouvelles sources de financement.
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