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AG/10812

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE PLAIDE POUR QUE L’ACCES À L’ÉDUCATION FIGURE EN BONNE PLACE DANS LES RÉPONSES AUX URGENCES HUMANITAIRES

18/03/2009
Assemblée généraleAG/10812
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-troisième session

Débat thématique

Matin et après-midi


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE PLAIDE POUR QUE L’ACCES À L’ÉDUCATION FIGURE EN BONNE PLACE DANS LES RÉPONSES AUX URGENCES HUMANITAIRES


« Alors que 75 à 93 millions d’enfants sont privés du droit fondamental à l’éducation, il nous faut examiner les raisons qui ont conduit la communauté internationale à cet échec », a averti le Président de l’Assemblée générale, Miguel d’Escoto Brockmann, à l’ouverture du débat thématique sur le thème « L’accès à l’éducation en cas de situation d’urgence, d’après crise et de transition due à des conflits causés par l’homme ou des catastrophes naturelles ». 


Devant le Président du Burundi, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, la Représentant spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés et la Première Dame du Qatar, le Président de l’Assemblée générale a notamment constaté, que l’éducation n’a pas été portée au rang de priorité dans la réponse aux urgences humanitaires.


Les écoliers sont exposés à plusieurs risques, a rappelé Mme Asha-Rose Migiro, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies.  Les filles craignent les attaques sur le chemin de l’école, les garçons se cachent pour ne pas être recrutés par les milices locales, pendant que d’autres risquent de voir leur école détruite par un tremblement de terre.  En Haïti, a expliqué un enseignant de ce pays touché récemment par trois cyclones, les enfants qui ont la chance d’être scolarisés rencontrent de nombreux obstacles, comme les problèmes de nutrition et le manque de matériel et de locaux appropriés. 


Les participants aux trois tables rondes de la journée ont aussi reconnu les risques auxquels étaient exposés les enseignants et dénoncé les attaques perpétrées contre des écoles.  Ces actes de violence, qui vont jusqu’au bombardement d’établissements scolaires comme on l’a vu à Gaza récemment, ont augmenté de façon inquiétante ces dernières années, a signalé l’auteur d’une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) intitulée « Education under attack », alors que les écoles devraient être des sanctuaires pour les enfants.


Spécialistes de l’éducation et responsables gouvernementaux intervenant aujourd’hui dans le cadre de ce débat ont réaffirmé la nature de « droit de l’homme » de l’accès à l’éducation.  Ce statut oblige les gouvernements à y consacrer les politiques et les fonds nécessaires, pour assurer un enseignement de qualité, en temps normal comme en temps de crise.  Les États ont donc été invités à s’acquitter de leurs obligations fondamentales en termes de financement, de formation des enseignants et de lutte contre la discrimination.


Partageant l’expérience de son pays, le Président du Burundi, M. Pierre Nkurunziza, a fait part des investissements massifs dans le secteur de l’éducation, malgré le petit budget du pays comparable à celui d’une entreprise de taille moyenne à New York.  Si les États ont l’obligation d’assurer la jouissance du droit à l’éducation dans les situations d’urgence, ils n’en ont pas toujours la capacité, ont souligné plusieurs intervenants avant d’appeler à une aide renforcée de la communauté internationale.  La Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant souligne la nécessité de la coopération internationale en la matière, a rappelé M. Vernor Muñoz, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’éducation. 


La Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Mme Radhika Coomaraswamy, a souligné que la responsabilité des États ne se limitait pas au respect et à la promotion du droit à l’éducation.  Il faut aussi qu’ils poursuivent pénalement tous ceux qui violent ce droit, en particulier les auteurs d’attaques visant les écoles ou leurs membres. 


La Première Dame du Qatar, Cheikha Mozah Bint Nasser Al-Missned, qui a travaillé activement pour faire en sorte que les écoles parrainées par l’ONU à Gaza soient réhabilitées, a suggéré de renforcer les instruments juridiques internationaux par l’élaboration d’un mécanisme permettant de punir ceux qui violent le droit à l’éducation.  Le représentant de la France a appelé l’Assemblée générale à continuer de soutenir la Cour pénale internationale (CPI).


ACCÈS À L’ÉDUCATION EN CAS DE SITUATION D’URGENCE, D’APRÉS CRISE ET DE TRANSITION DUE À DES CONFLITS CAUSÉS PAR L’HOMME OU DES CATASTROPHES NATURELLES


Déclarations


Rappelant qu’il avait dédié sa présidence aux pauvres et aux opprimés du monde entier, M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, Président de l’Assemblée générale, a estimé que le dialogue d’aujourd’hui sur le droit à l’éducation des enfants constituait un élément concret du travail de l’Assemblée sur cette question.  Il a ainsi souligné que 75 millions d’enfants de par le monde ne pouvaient jouir de ce droit fondamental.  Il faut examiner les raisons qui ont conduit la communauté internationale, et notamment les décideurs onusiens des politiques humanitaires, à cet échec, a-t-il averti.  Beaucoup considèrent que l’éducation est aussi nécessaire aux enfants que le sont l’alimentation, l’eau et les soins médicaux, a-t-il relevé, précisant toutefois que seulement six partenaires de développement intégraient l’éducation dans leur politique humanitaire.


Le Président a salué les efforts de Sheikha Mozah Bint Nasser Al-Missned, Première Dame du Qatar, pour son dévouement et son action auprès de la communauté internationale sur cette question.  Elle a travaillé activement pour faire en sorte que les écoles parrainées par l’ONU à Gaza soient réhabilitées, après les destructions provoquées par l’invasion de ce territoire palestinien, a précisé M. Brockmann.  Il a jugé que les efforts menés à cet égard par le Qatar soulignaient une profonde conviction selon laquelle les enfants et les jeunes nés ou jetés dans des situations d’adversité ont droit à un avenir dans la dignité.  L’accès à l’éducation est la voie vers le plein exercice des droits de l’homme, a-t-il ajouté.


Les questions qui seront débattues aujourd’hui et les recommandations qui découleront de ce dialogue interactif doivent être traduites dans des politiques et des programmes concrets dont bénéficieront des dizaines de millions d’enfants à travers le monde, a-t-il dit.  La communauté internationale n’est pas parvenue à honorer l’obligation de protéger ces groupes vulnérables, a observé le Président.  Il ne faut pas que ce mal soit aggravé en ne cherchant pas d’issue, c’est-à-dire en ne leur offrant pas l’accès à une éducation de qualité, a-t-il poursuivi.  M. Brockmann a ainsi affirmé que la diversité des participants à cette réunion, de spécialistes de l’éducation à des responsables gouvernementaux d’Haïti, d’Afghanistan, du Népal ou du Burundi, allait contribuer à relever le profil du droit à l’éducation, à identifier les moyens concrets de renforcer, en l’intégrant mieux, le droit à l’éducation dans toute réponse humanitaire.  Il a ainsi évoqué la possibilité de créer des zones d’éducation de sécurité.


Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétairegénéral des Nations Unies, a dit partager le sentiment d’urgence en matière de droit à l’éducation dans les situations d’après conflit ou crise.  Selon les Nations Unies, il y aurait entre 75 et 93 millions d’enfants non scolarisés dans le monde, presque la moitié d’entre eux vivant dans des pays déchirés par un conflit.  D’autres ne peuvent se rendre à l’école à cause de catastrophes naturelles, a-t-elle noté.  Pour trop d’enfants, l’éducation n’est qu’un rêve.  Les filles craignent les attaques sur le chemin de l’école, les garçons se cachent pour ne pas être recrutés par les milices locales, pendant que d’autres voient leur école détruite par un tremblement de terre. 


Mme Migiro a aussi cité le problème des attaques directement dirigées contre des écoles ou des enseignants, le plus souvent des femmes.  En Afghanistan, on a compté l’année dernière 275 attaques de ce genre.  Elle a donné l’exemple d’une fillette à Kandahar qui rêve d’être médecin mais ne va pas à l’école par peur de se faire attaquer en route.  Dans cette région, en novembre denier, des hommes ont lancé de l’acide sur des fillettes qui se rendaient à l’école.  Mme Migiro a néanmoins salué le courage de nombreuses fillettes qui poursuivent leur scolarité malgré les risques encourus. 


Protéger les enfants et les enseignants est une obligation morale, a affirmé la Vice Secrétaire générale.  C’est aussi une question de droit international, a-t-elle rappelé, se référant aux nombreuses déclarations et résolutions des Nations Unies ainsi qu’aux conventions de droit international humanitaire qui garantissent notamment la protection des écoles.  Malgré ces dispositions, des criminels continuent d’attaquer les écoles, motivés par des causes politiques, militaires, idéologiques, sectaires, ethniques ou religieuses, a regretté Mme Migiro.  De son avis, ces motivations ne peuvent en aucun cas justifier ces attaques.


L’éducation est le premier pas sur la voie de la sécurité et de l’espoir, a-t-elle déclaré.  L’école peut apprendre aux enfants à éviter les mines terrestres, à se protéger contre le travail et l’exploitation sexuelle.  Elle peut aussi les préparer à une évacuation en cas d’urgence.  L’école peut également mener à la réconciliation des sociétés ou à l’égalité des sexes.


Mme Migiro a appelé les gouvernements à tenir leurs promesses concernant l’accès universel à l’éducation primaire même en situation d’urgence.  Ils doivent prévoir la continuité de l’enseignement en cas de crise ou alors des abris sûrs.  Les Nations Unies, de leur côté, travaillent à la promotion des normes de qualité et apportent directement une aide aux enfants, même dans les pires conditions. 


La Vice Secrétaire générale a ainsi cité le cas du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui fournit « une école en boîte » à savoir un kit d’enseignement pour 80 enfants, dans n’importe quel lieu.  Pour aller plus loin, il faut que tous les pays et toutes les organisations intègrent l’éducation dans leurs plans d’urgence et la mobilisation des fonds nécessaires, a-t-elle ajouté.


CHEIKHA MOZAH BINT NASSER AL MISSNED, Envoyée spéciale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), s’est dite convaincue de l’aspect sacré du thème abordé aujourd’hui, malgré les déceptions et frustrations qui ne font que s’aggraver à Gaza avec la guerre.  Le droit à une éducation de qualité pour tous permet de franchir le fossé qui existe entre les cultures et de réconcilier des civilisations très différentes, a-t-elle ajouté.  Elle a aussi estimé qu’en l’absence de ce droit, les valeurs de liberté, de justice et d’égalité n’ont pas de sens. 


Le droit à l’éducation pour tous est essentiel car l’ignorance est la plus grande menace à laquelle se heurte l’humanité, a poursuivi l’Envoyée spéciale, constatant que la réunion de ce jour est la preuve que les décideurs le reconnaissent.  Nous sommes loin des résultats que nous souhaitions atteindre après la Conférence de Dakar, malgré toute la bonne volonté exprimée, a-t-elle noté, avant d’avertir sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne sont pas non plus en bonne voie.


En tant que communauté internationale, comment pouvons-nous attendre de jeunes gens qu’ils comprennent qu’ils ne peuvent aller à l’école ou à l’université parce qu’ils n’ont pas accès aux points de passage ou parce qu’il n’y pas d’électricité ou des laboratoires équipés? a-t-elle poursuivi.  L’Envoyée spéciale a aussi évoqué les meurtres d’universitaires, tués de sang froid, ainsi que les plans de mobilisation d’enfants dans les rangs de l’armée.  Ce sont des exemples d’abus qu’elle a condamnés. 


Nous sommes pleins d’espoir pour les générations à venir et sommes engagés dans la lutte pour le respect du droit à l’éducation, a-t-elle assuré.  Pour ce la, elle a suggéré de renforcer les instruments juridiques internationaux par l’élaboration d’un mécanisme international opérationnel permettant de punir ceux qui violent le droit à l’éducation.


Panel I: « Éducation en situation d’urgence – Pourquoi nous devons agir maintenant »


Animée par M. KEVIN CAHILL, Conseiller principal pour les affaires humanitaires au Bureau du Président de l’Assemblée générale, la première table ronde s’est interrogée sur les raisons d’une action urgente pour assurer l’éducation dans les situations d’après crises. 


Après la présentation d’une vidéo par Save the Children, qui a projeté les participants dans l’univers d’écoliers craignant pour leur sécurité en Afrique, M. PIERRE NKURUNZIZA, Président du Burundi, a fait part des investissements massifs de son pays dans le secteur de l’éducation.  Il a souligné les efforts entrepris malgré un petit budget comparable à celui d’une entreprise de taille moyenne à New York.  Avant de proposer des actions concrètes pour améliorer la qualité du système scolaire, comme une approche locale et un meilleur dialogue avec les donateurs, il a démontré comment l’éducation pour tous contribue à réduire les risques de conflit, dans la mesure où elle permet de lutter contre la fragmentation de la société.


Deuxième expert de cette table ronde, M. VERNOR MUÑOZ, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’éducation, a rappelé les textes qui fondent ce droit, c’est-à-dire la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels et la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant.  Ce dernier instrument souligne la nécessité de la coopération internationale pour réaliser pleinement le droit à l’éducation, a-t-il précisé, car si ce sont les États qui ont l’obligation d’assurer la jouissance du droit à l’éducation dans les situations d’urgence, ils n’en ont pas toujours la capacité.


Rappelant les effets dévastateurs des derniers cyclones qui ont touché Haïti, M. WILDENES ETIENNE, enseignant dans une école de Catholic Relief Services (CRS) à Haïti, a indiqué que les réponses apportées par l’UNICEF dans le secteur de l’éducation ont permis aux populations affectées de se relever.  Il a indiqué que plus de 500 000 enfants haïtiens en âge scolaire ne sont pas scolarisés, notant aussi que ceux qui vont à l’école connaissent beaucoup d’obstacles, comme l’analphabétisme des parents, la distance entre l’école et la maison, le manque de formation des enseignants, les problèmes de nutrition, et le manque de matériel, d’équipements et de locaux appropriés.


Les représentants des États membres qui ont ensuite pris part au débat ont averti que voir l’éducation comme un simple service peut causer des difficultés dans les situations d’urgence.  C’est pourquoi il faut souligner sa dimension « droits de l’homme » et y consacrer les politiques et les fonds nécessaires.  Les gouvernements ont été invités à s’acquitter de leurs obligations fondamentales en termes de financement, de formation des enseignantes et de lutte contre la discrimination.  Plusieurs intervenants ont émis l’espoir que cette réunion permettrait d’identifier des mécanismes pour assurer le plein respect de ce droit de l’homme.



Panel II: « Comment faire de l’éducation un succès – Investir dans les apprenants, investir dans le succès »


Ouvrant ce débat, Mme HILDE JOHNSON, Directrice générale adjointe du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et modératrice de la table ronde, a rappelé qu’au-delà d’un droit, l’éducation était une infrastructure dans la société.  Comment faire pour qu’aucun enfant ne soit exclu, a-t-elle demandé aux panélistes, rappelant que la communauté internationale pouvait faire la différence sur le terrain. 


M. NICHOLAS BURNETT, Directeur général chargé de l’éducation à l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture UNESCO, a souligné l’importance du suivi des violations au droit à l’éducation, qui peut servir d’outil de dissuasion, de négociation ou de médiation.  Le Conseil de sécurité doit faire en sorte que toutes les violations graves soient poursuivies au même plan, a-t-il demandé.  Il a aussi relevé la nécessité de renforcer la collaboration et la capacité des partenaires nationaux pour les pays qui connaissent des conflits récurrents ou des catastrophes naturelles fréquentes.  M. Burnett a enfin noté le besoin pressant d’augmenter le financement du secteur de l’éducation dans les situations d’urgence.  L’éducation est le parent pauvre de la réponse humanitaire, alors qu’elle offre des bénéfices à long terme, a-t-il fait remarquer.


Signalant que moins de 2% de l’aide humanitaire d’urgence avait été consacrée à l’éducation en 2007 et que ce sont les projets à court terme qui étaient le plus souvent financés, Mme BRENDA HAIPLIK, représentante du Réseau inter-institutions sur l’éducation en situatiuon d’urgence (INEE), a énuméré les bonnes raisons d’investir dans l’éducation dans les situations d’urgence.  Les situations d’urgence peuvent être vues comme des opportunités, a-t-elle notamment indiqué, citant le cas du Pakistan où, après le tremblement de terre, 38 000 enfants ont pu aller à l’école pour la première fois.  Ces situations permettent en effet souvent de passer à la vitesse supérieure pour trouver des stratégies innovantes.  Mme Haiplik a également constaté que, selon l’UNESCO, il allait manquer 18 millions d’enseignants du primaire au cours de la prochaine décennie.  Elle a donc invité à investir dans la formation d’enseignants, en particulier de femmes.


Mme LESLIE WILSON, Directrice de pays pour l’Afghanistan à l’organisation Save the children, a évoqué son expérience dans ce pays où les enseignants sont peu formés.  Il n’y a pas que les enfants qui ont besoin d’apprendre, a-t-elle rappelé.  Mme Wilson a souligné que, dans une situation d’urgence, l’éducation représentait la voie vers de nombreux domaines d’apprentissage, comme dans le domaine de la santé ou pour faciliter les prises de décision.  Si l’Afghanistan peut continuer à avancer comme il le fait, même si les progrès sont lents, on peut avoir confiance dans la capacité de chaque pays du monde à progresser dans le domaine de l’éducation, y compris dans les situations d’urgence.


Un représentant des jeunes en Afghanistan, M. MAIWAND RAHYABA, a ensuite fait part de son expérience, signalant qu’il avait pour sa part dû renoncer à aller à l’école pendant un an de peur d’être arrêté par les milices.  Sa sœur s’est vue, quant à elle, interdite de scolarité par les Taliban, a-t-il ajouté.  Il a soulevé l’importance de la scolarisation dans les situations d’urgence, tant pour le développement des enfants que pour leur autonomisation.  En ce qui concerne les filles, les risques sont grands qu’elles soient exploitées sexuellement si elles ne vont pas à l’école, mais elles prennent par ailleurs des risques en allant à l’école, a-t-il précisé, faisant référence aux attaques qu’elles subissent sur le chemin de l’école.


Dans le débat sur les moyens d’investir dans l’éducation, les participants ont reconnu qu’il incombait en premier chef aux États de renforcer cet investissement, avant d’en appeler à la communauté internationale pour qu’elle apporte son soutien dans ce domaine.  Il faut notamment faire cesser les attaques contre les écoles et renforcer le contrôle en la matière, ont demandé plusieurs orateurs.  Ils ont également appelé à ne pas négliger la formation des enseignants, afin de garantir une bonne qualité de l’éducation.


Panel III: « Responsabilité partagée: Moyens pour aller de l’avant »


Mme RADHIKA COOMARASWAMY, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, qui animait le troisième et dernier débat de la journée, a rappelé la double responsabilité des États, celle de poursuivre pénalement les auteurs d’attaques visant les écoles ou leurs membres, et celle de respecter le droit à l’éducation en tant que droit de l’homme.


Rappelant, quant à lui, tous les instruments juridiques internationaux et déclarations applicables pour protéger et promouvoir l’éducation, M. CLAUDE HELLER, Représentant permanent du Mexique auprès des Nations Unies et Président du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés, a souligné l’importance du droit à l’éducation.  Il faut que les écoles soient des « zones de paix », a-t-il ajouté.  M. Heller a dénoncé l’impunité dont jouissent trop souvent les auteurs de violations de ce droit dans les conflits armés, faisant référence notamment à l’enrôlement de force des enfants dans les rangs des milices ou de l’armée.


Pourquoi les violences à l’égard des enfants augmentent-elles? s’est ensuite interrogé M. LOTHAR KRAPPMANN, membre du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies.  On se concentre sur les enfants soldats, mais il ne faut pas oublier les enfants qui ne vont pas à l’école à cause des dangers sur la route ou dans les communautés, a-t-il signalé.  Il a indiqué que le Comité se préoccupe de l’impunité pour les auteurs de tels crimes, comme les violences sexuelles.  Il a espéré que les Nations Unies pourront rendre les programmes d’action dans ce domaine plus efficaces, en faisant notamment des écoles des zones de paix.


Plaidant lui aussi pour que les écoles soient toujours des sanctuaires, M. BRENDAN O’MALLEY, auteur d’une étude de l’UNESCO intitulée « Education under attak », publiée en 2007, a dressé l’inventaire des violences politiques et militaires dont sont victimes les élèves, les enseignants et le personnel du secteur de l’éducation.  Ces actes violents, qui vont jusqu’au bombardement d’établissements scolaires comme à Gaza récemment, ont augmenté de façon inquiétante, a-t-il averti.  Parmi les pays les plus touchés, il a cité l’Afghanistan, la Colombie, la République démocratique du Congo, l’Iraq, Israël et les territoires palestiniens occupés.  Développant ensuite les domaines d’action possibles pour les gouvernements, il a notamment évoqué le contrôle au niveau mondial de la protection des enseignants et des élèves, la nécessité de faire cesser l’impunité et de faire de l’éducation un outil en faveur de la paix.


Mme SRADDA THAPA, Représentant des jeunes au Népal, a indiqué que le conflit dans son pays n’avait fait qu’aggraver les problèmes du secteur de l’éducation.  Ayant eu l’opportunité d’étudier en Inde, loin du conflit, elle s’est considérée comme une « chanceuse ».  Mais ceux qui sont restés au Népal ont dû subir les grèves de longue durée qui ont entraîné la fermeture des écoles.  Elle a également évoqué la prise de contrôle des écoles par des maoïstes qui ont endoctriné les écoliers, et le fait que des milliers d’enfants touchés par le conflit n’allaient pas à l’école.  Mais elle a aussi signalé que des améliorations étaient en cours, avec notamment la création d’écoles par l’UNICEF.


L’urgence est de lutter contre les causes profondes des problèmes d’éducation, comme la pauvreté, ont noté certaines délégations dans la discussion qui a suivi, en mettant l’accent sur le développement.  Plusieurs délégations ont cité l’utilité des « Principes de Paris » sur les enfants associés aux forces et groupes armés, agréés en février 2007, qui ont déjà été souscrits par 75 États.  Des intervenants ont également appelé à utiliser les mécanismes de contrôle existants, comme la soumission de rapports nationaux au Comité des droits de l’enfant.  Il est aussi essentiel que l’Assemblée générale continue à soutenir les efforts des juridictions nationales, internationales ou mixtes, notamment la Cour pénale internationale, pour traduire en justice les responsables des violations.


Dans ses remarques de clôture, le Président de l’Assemblée générale, M. D’ESCOTO BROCKMANN, a noté que la communauté internationale devait élaborer des réponses plus cohérentes aux urgences humanitaires, afin de placer l’éducation parmi les priorités.  Il a souhaité que soit comblé le fossé entre politique et action.  Il a relevé que 90% des pays connaissant des catastrophes naturelles ou des conflits n’étaient pas en mesure de répondre efficacement aux besoins humanitaires des citoyens et encore moins de garder les écoles en sûreté.


Le Président s’est félicité de la demande de tenir plus de consultations régionales, qui faciliteront la coordination d’une réponse au niveau mondial.  Nous devons suivre de près les accords de paix, pour s’assurer qu’ils tiennent compte de la nécessité de protéger les écoles et de rétablir le système éducatif, a-t-il averti.  Pour élaborer des réponses efficaces, il faut aussi, selon le Président, se fonder sur des données plus fiables.  Il a également constaté des actes de violence de plus en plus fréquents et appelé à faire cesser l’impunité.  Il s’est aussi montré favorable à une plus grande responsabilisation des parties prenantes, en commençant par les gouvernements qui doivent adopter des politiques claires.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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