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CS/9704

La visite de Ban Ki-moon au Myanmar: le régime a manqué une occasion, estiment plusieurs membres du Conseil de sécurité

13/07/2009
Conseil de sécuritéCS/9704
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6161e séance – matin


LA VISITE DE BAN KI-MOON AU MYANMAR: LE RÉGIME A MANQUÉ UNE OCCASION, ESTIMENT PLUSIEURS MEMBRES DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Le Secrétaire général affirme que sa rencontre avec Daw Aung San Suu Kyi aurait constitué, si elle avait eu lieu, un « signal constructif  »


Plusieurs des membres du Conseil de sécurité ont dressé aujourd’hui un constat identique à celui du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en estimant que les autorités de Myanmar ont manqué l’occasion qu’offrait la visite de ce dernier dans le pays, au début du mois, pour démontrer leur engagement en faveur d’une nouvelle ère d’ouverture politique.


Le représentant du Myanmar a indiqué, pour sa part, que son gouvernement avait l’intention de mettre en œuvre toutes les recommandations pertinentes faites par le Secrétaire général.  Ainsi, le Gouvernement du Myanmar est en train d’accorder l’amnistie aux prisonniers pour des raisons humanitaires afin de leur permettre de prendre part aux élections générales de 2010, a-t-il souligné. 


Le Secrétaire général a déclaré que le refus des principaux dirigeants du pays de lui permettre de rencontrer Daw Aung San Suu Kyi ne lui avait pas seulement causé une profonde déception, mais qu’il avait aussi constitué une « grande occasion perdue pour le Myanmar ».  Cette rencontre, a-t-il commenté, aurait représenté un « signal constructif » adressé « à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du Myanmar ». 


M. Ban, qui rendait compte au Conseil de sécurité de sa visite au Myanmar, effectuée les 3 et 4 juillet dernier, a affirmé que l’objectif de ce voyage était de « parler directement avec les principaux dirigeants de préoccupations graves et anciennes », lesquelles, a-t-il dit, ne « peuvent être laissées sans réponse à cette étape critique de la transition du Myanmar ».


Le Secrétaire général a affirmé avoir fait des « propositions spécifiques » en mettant l’accent sur trois questions qui, si elles n’étaient pas réglées, saperaient toute confiance dans le processus politique au Myanmar.  Il s’agit, a-t-il précisé, de la libération de tous les prisonniers politiques, y compris Daw Aung San Suu Kyi; de la reprise d’un dialogue de fond entre le Gouvernement et l’opposition; et de la création de conditions propices à des élections crédibles et légitimes. 


« Régler ces trois questions, notamment avec le soutien des Nations Unies, est essentiel pour garantir que le processus politique est inclusif et sert les intérêts de tous, et ce, de façon largement acceptée par la communauté internationale », a-t-il déclaré.


Au moment où une grande attention est portée au procès de Daw Aung San Suu Kyi et, à la veille des premières élections au Myanmar depuis 20 ans, il était « nécessaire de mentionner ces préoccupations et de proposer l’aide des Nations Unies en vue de faire progresser la réconciliation nationale, la démocratie, le respect des droits de l’homme et le développement durable », a expliqué le Secrétaire général.


Pour M. Ban, aucun des défis auxquels est confronté aujourd’hui le Myanmar « ne peut être résolu par lui seul ».  Le Secrétaire général a ainsi exprimé, lors de sa visite, l’engagement des Nations Unies aux côtés du Myanmar et l’importance pour la communauté internationale de poursuivre ses efforts.


Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont déploré le refus des autorités du Myanmar de l’autoriser à rencontrer Daw Aung San Suu Kyi.  Le fait que le Gouvernement n’en ait pas saisi l’occasion ne peut que l’isoler encore, a estimé le représentant du Royaume-Uni, qui a demandé instamment au Gouvernement de respecter son engagement à coopérer avec la communauté internationale. 


Pour son homologue français, sans libération préalable de Daw Aung San Suu Kyi, tout processus électoral ne serait qu’une « parodie de démocratie » justifiant le fait accompli.  « Le Conseil de sécurité devrait agir avec fermeté si Daw Aung San Suu Kyi était condamnée », a-t-il également observé.


Les préparatifs des élections générales de 2010 sont une « étape cruciale » pour le processus de démocratisation du Myanmar, a relevé le délégué du Japon, qui a estimé que la libération de Daw Aung San Suu Kyi, ainsi que de tous les opposants politiques emprisonnés, serait de nature à « renforcer la confiance de la communauté internationale dans la bonne foi de ce processus ».


« La voie suivie par les autorités du Myanmar n’est pas de nature à faciliter la paix et la stabilité dans le pays », a assuré la représentante des États-Unis, précisant que le régime ne respectait pas la volonté du peuple par ce procès d’une opposante politique sous prétexte qu’elle aurait agi en violation de son assignation à résidence.


Tout en comprenant les motivations juridiques des autorités du Myanmar selon lesquelles le Secrétaire général ne pouvait rencontrer Daw Aung San Suu Kyi, le représentant du Viet Nam a regretté leur décision de lui refuser l’accès.  Son collègue de la Chine a, quant à lui, noté que M. Ban avait pu s’entretenir avec beaucoup de personnes pendant sa visite.  « Le fait qu’il ait ou non rencontré Daw Aung San Suu Kyi ne doit pas être mesuré comme un critère de succès ou d’échec », a-t-il dit.


Par ailleurs, le délégué de la Chine a estimé que la communauté internationale devait avoir une « vision équilibrée » des progrès que réalise le Myanmar et traiter ses difficultés avec « moins d’arrogance et de préjugés ».  « Les événements à l’intérieur du Myanmar relèvent de sa politique intérieure et seul le Gouvernement du Myanmar peut les régler », a-t-il également rappelé.


LA SITUATION AU MYANMAR


Déclaration liminaire


M. BAN KI-MOON, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, qui rendait compte au Conseil de sécurité de sa visite au Myanmar, les 3 et 4 juillet dernier, à l’invitation du Gouvernement de ce pays, a affirmé que l’objectif de ce voyage était de parler directement avec les principaux dirigeants de préoccupations graves et anciennes, lesquelles, a-t-il dit, ne peuvent être laissées sans réponse à cette étape critique de la transition du Myanmar.  Alors qu’une grande attention est portée sur le procès en cours de Daw Aung San Suu Kyi et à la veille des premières élections au Myanmar en 20 ans, il était nécessaire de mentionner ces préoccupations et de proposer l’aide des Nations Unies en vue de faire progresser la réconciliation nationale, la démocratie, le respect des droits de l’homme et le développement durable, a-t-il déclaré.  Le refus des principaux dirigeants du pays de lui permettre de rencontrer Daw Aung San Suu Kyi n’était pas simplement une profonde déception, mais aussi une grande occasion perdue pour le Myanmar, a estimé le Secrétaire général.  Cette rencontre, a-t-il commenté, aurait été un signal constructif et de conciliation adressé à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du Myanmar, a-t-il dit. 


M. Ban a indiqué que lors de ses deux réunions avec le général en chef Than Shwe, et de son entretien avec le Premier Ministre, le général Thein Sein, il avait discuté de la nécessité pour le Myanmar de prendre des mesures significatives pour appliquer le programme en cinq points développé dans le cadre de sa mission de bons offices, ainsi que dans le domaine humanitaire.  Il a affirmé avoir fait des propositions spécifiques en mettant l’accent sur trois questions qui, si elles demeurent sans réponse, sont de nature à saper toute confiance dans le processus politique au Myanmar.  Celles-ci sont la libération de tous les prisonniers politiques, y compris Daw Aung San Suu Kyi; la reprise d’un dialogue quant au fond entre le Gouvernement et l’opposition; et la création de conditions propices à des élections crédibles et légitimes.  Régler ces trois questions, notamment avec le soutien des Nations Unies, est essentiel pour garantir que le processus politique est inclusif et sert les intérêts de tous, et ce, de façon largement acceptée par la communauté internationale, a-t-il dit.  M. Ban a également indiqué avoir rencontré les partis politiques enregistrés et les groupes de cessez-le-feu ethnique, et les avait encouragés à conserver un esprit constructif dans le processus politique.  Si le Gouvernement a une obligation de traiter des préoccupations de toutes les parties prenantes, chaque partie prenante a un rôle à jouer et une responsabilité à assumer dans l’intérêt de la nation, a-t-il souligné.


Sur le plan humanitaire, le Secrétaire général a dit avoir vu les progrès réalisés depuis un an, grâce à une coopération sans précédent entre l’ONU, le Myanmar et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).  Néanmoins, a-t-il ajouté, de la même manière que la communauté internationale ne peut, pour des raisons politiques, prendre en otage l’aide humanitaire, le Gouvernement, lui, n’a aucune justification à permettre l’accès d’une partie de sa population à l’aide humanitaire et pas l’autre.  M. Ban a également indiqué avoir proposé aux dirigeants du Myanmar de renforcer la coopération avec les Nations Unies pour répondre aux besoins urgents du pays par un processus à large base auquel participeraient tous les secteurs de la société.  M. Ban a affirmé également que sa visite avait représenté le signal le plus clair de la volonté des Nations Unies de travailler avec le Gouvernement et le peuple du Myanmar afin d’examiner des questions fondamentales pour les perspectives d’une paix durable, de la démocratie et du développement.  Le Myanmar gagnerait beaucoup à une interaction riche avec les Nations Unies, a-t-il ajouté.


Le Secrétaire général a indiqué aussi avoir clairement exprimé son souhait, ainsi que celui de la communauté internationale de voir le Gouvernement respecter sa promesse de faire en sorte que les élections de 2010 soient inclusives, libres et régulières.  Il a précisé que le général Than Shwee avait promis de faire que ces élections soient libres et justes.  Comme tous les États Membres, plus le Myanmar travaillera en partenariat avec les Nations Unies, plus il réaffirmera sa souveraineté, a-t-il jugé.  M. Ban a en outre affirmé qu’avant de quitter le pays, il avait eu l’occasion de réitérer publiquement tous ses messages lors d’un discours devant un auditoire large et diversifié à Yangon.  Dans ce discours, il avait souligné qu’aucun des défis auxquels était confronté aujourd’hui le Myanmar, qu’il soit politique, humanitaire ou lié au développement, ne pouvait être résolu par lui seul.  Il a exprimé, à cette occasion, son engagement à poursuivre ses efforts, ainsi que celui de la communauté internationale tout entière, rappelant que le Myanmar n’était pas seul.  Au Myanmar, comme ailleurs dans le monde, les Nations Unies œuvrent pour les peuples, leurs droits, leur bien-être, leur dignité.  « Ce n’est pas un choix, c’est notre responsabilité », a-t-il dit.  « Nous ne pouvons y renoncer ».  « Votre appui continu à mes efforts de bons offices et vos encouragements, en particulier ceux des pays voisins et de l’ANASE, aux autorités de Myanmar sont encore plus importants et nécessaires.  « Je salue également l’appui exprimé la semaine dernière par les dirigeants du G-8 qui se sont dits prêts à répondre positivement aux progrès politiques substantiels qui seront réalisés par le Myanmar.  Il a également salué le ferme appui que le Groupe d’Amis pour le Myanmar a assuré à ses bons offices et à son engagement personnel.  Enfin, le Secrétaire général a estimé que le Gouvernement du Myanmar avait une responsabilité, non seulement envers son propre peuple, mais aussi envers les membres de la communauté internationale, de répondre aux propositions qu’il a faites en leur nom.


Déclarations


M. U THAN SWE (Myanmar) a rappelé que, selon la pratique établie dans son pays, le chef de l’État ne recevait qu’une seule fois les dignitaires étrangers pendant leur visite officielle.  Toutefois, à la demande du Secrétaire général, le général Than Shwe a reçu M. Ban Ki-moon à deux reprises, lui permettant ainsi d’exprimer le point de vue des Nations Unies et de la communauté internationale.  De la même façon, le général Than Swe a expliqué en détails les développements du processus politique au Myanmar, et souligné les deux priorités les plus importantes de son gouvernement en ce moment: transférer le pouvoir à un gouvernement civil au lendemain des élections générales de 2010 et poser de solides fondations pour le développement social et économique du pays.  À cette occasion, le général Than Shwe a promis que ces élections seront libres, équitables, crédibles et ouvertes à la participation de tous les citoyens, a précisé le représentant.


S’agissant de la demande du Secrétaire général de s’entretenir avec Daw Aung San Suu Kyi, bien que le chef de l’État en personne fût disposé à faciliter la rencontre, il n’a pas été possible d’accéder à cette requête dans la mesure où le Tribunal spécial, juridiction indépendante saisie de cette affaire, ne peut autoriser les personnes pouvant exercer une influence sur ses décisions.  L’impossibilité d’organiser la rencontre a été clairement expliquée au Secrétaire général avant et pendant sa visite au Myanmar, a rappelé la délégation.  Celle-ci a rappelé que des arrangements avaient été convenus pour permettre à M. Ban de s’entretenir avec les dirigeants et les représentants des 10 partis politiques officiellement enregistrés, y compris la Ligue nationale pour la démocratie et d’anciens groupes armés.


Au cours de sa visite, le Secrétaire général a eu l’occasion de discuter avec le Premier Ministre du développement social et économique du Myanmar.  Cependant, a fait remarquer le représentant, certains pays ont imposé des sanctions économiques au lieu de prêter assistance et de faire preuve de coopération avec le Myanmar.  Le Premier Ministre a souligné que de telles politiques ne font qu’entraver le développement social et économique de son pays et ont un impact direct sur la population.  Il serait plus constructif que la communauté internationale envisage la situation au Myanmar dans une perspective plus large, a estimé le représentant.  Alors que le Secrétaire général s’est aussi rendu dans la région la plus touchée par le cyclone Nargis, M. Ban a, lui-même, souligné le niveau d’engagement et de coopération sans précédent entre le Myanmar, les Nations Unies et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), par le biais du Groupe tripartite.


Pour sa part, le Gouvernement du Myanmar a l’intention de mettre en œuvre toutes les recommandations pertinentes faites par le Secrétaire général, a annoncé le représentant.  À la demande de Ban Ki-moon, il est en train d’accorder l’amnistie aux prisonniers pour des raisons humanitaires afin de leur permettre de prendre part aux élections générales de 2010, a souligné le représentant.  S’agissant de la proposition d’assistance technique pour les élections, le Myanmar coopèrera avec les Nations Unies si cette assistance s’avère nécessaire, a-t-il ajouté, avant d’assurer que la loi d’enregistrement des partis politiques serait promulguée dans les délais nécessaires.  Insistant sur le degré de coopération de son gouvernement avec les Nations Unies, le représentant a estimé que le fait que le Secrétaire général ait pu se rendre par deux fois au Myanmar en moins d’un an en était la preuve.  Comme l’a déclaré le Secrétaire général lui-même, l’impossibilité de rencontrer Daw Aung San Suu Kyi ne devrait pas préjuger du succès ou de l’échec de sa visite, a-t-il dit.


Avant de conclure, M. U Than Swe a assuré que toute pression extérieure sur le Myanmar ne serait pas de nature à appuyer le processus politique national.  Personne ne saurait mieux que le Gouvernement et le peuple du Myanmar résoudre les défis complexes qui se posent à eux, a-t-il insisté, avant d’ajouter que la situation dans son pays ne posait pas de menace à la paix et à la sécurité internationales et qu’aucune action du Conseil de sécurité n’était nécessaire.


M. PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) a déclaré qu’en se rendant en « Birmanie », le Secrétaire général avait démontré de façon très claire l’attachement de l’ONU aux progrès en matière des droits de l’homme et du développement économique.  Il a rappelé les exigences du Conseil de sécurité liées à la libération de tous les prisonniers politiques, y compris Daw Aung San Suu Kyi, et à la reprise du dialogue politique avec tous les partis politiques, notamment le NDP, et les groupes ethniques.  Il s’est félicité du fait que le Secrétaire général ait pu rencontrer les partis politiques, mais a exprimé sa déception face au fait qu’il n’ait pas été autorisé à s’entretenir avec Daw Aung San Suu Kyi, alors que celle-ci est soumise à un procès reconnu par tous, a-t-il dit, comme une « mascarade ».  Elle a un rôle essentiel à jouer dans la création d’une société démocratique en « Birmanie », a-t-il souligné.  Le fait que le Gouvernement n’en ait pas saisi l’occasion ne peut que l’isoler encore, a ajouté le représentant.  Le représentant a demandé instamment au Gouvernement de respecter son engagement à coopérer avec la communauté internationale.  S’il n’y a pas de progrès, y compris une décision acceptable du Tribunal spécial, la communauté internationale devra agir fermement, a-t-il prévenu.  Le Royaume-Uni, a-t-il assuré, restera engagé à œuvrer avec ses partenaires pour lancer un processus de réconciliation en « Birmanie » et qu’il appuyait les efforts de bons offices du Secrétaire général.  Les autorités du pays doivent répondre positivement au Secrétaire général et à la communauté internationale qu’il représente, a-t-il conclu. 


M. CLAUDE HELLER (Mexique) s’est félicité de la visite du Secrétaire général au Myanmar, qui s’inscrit dans le cadre des préparatifs des élections générales de 2010, et des progrès accomplis par le biais du Groupe tripartite.  Ces élections doivent permettre une transition pacifique du régime du Myanmar vers un gouvernement civil démocratiquement élu.  Elles doivent donc être ouvertes à la participation de toutes les formations politiques intéressées, y compris des anciens groupes armés.  Dans la perspective de ce scrutin, il faut aussi que l’opposante politique Daw Aung San Suu Kyi soit libérée, a estimé le représentant.  Par ailleurs, les réfugiés en provenance du Myanmar qui affluent sans cesse en Thaïlande démontrent les problèmes liés à la situation économique et sociale, mais aussi en matière de droits de l’homme au Myanmar.  Le sort des enfants soldats est également préoccupant, a jugé M. Heller, qui a lancé un appel aux autorités du Myanmar pour qu’elles mettent tout en œuvre afin de les réinsérer dans la société civile.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a salué l’engagement courageux, déterminé et tenace du Secrétaire général concernant le Myanmar.  Le régime du Myanmar a perdu une occasion de progresser sur la voie de la démocratisation, en ignorant la main que le Secrétaire général lui avait tendue, a-t-il regretté.  Ces faits conduisent à s’interroger sur l’attitude générale des autorités du Myanmar depuis la répression du mouvement démocratique en 2007, a-t-il souligné.  Le représentant de la France a ainsi rappelé que le nombre des prisonniers politiques n’avait cessé d’augmenter malgré la libération d’une poignée.  Daw Aung San Suu Kyi est maintenue en détention depuis 2003, a-t-il ajouté, et, au lieu de la libérer, le régime a procédé à son arrestation et à son jugement.  De même, au lieu d’initier un dialogue politique, les autorités ont opté pour la politique de fait accompli.  Cette stratégie a abouti à une polarisation accrue au sein du pays, a-t-il affirmé.  En outre, s’agissant de la coopération avec les Nations Unies, aucune réponse n’a été apportée aux différentes suggestions faites de façon constructive.  Force est de constater que les autorités non seulement n’ont rien fait face aux demandes du Conseil de sécurité, mais elles ont pris au cours des derniers mois des décisions contraires.  L’engagement envers un véritable processus politique est une condition indispensable, a-t-il dit.  Daw Aung San Suu Kyi est un acteur central et indispensable d’un tel processus, a-t-il ajouté.  Sans libération préalable de Daw Aung San Suu Kyi, tout processus électoral ne serait qu’une parodie de démocratie justifiant le fait accompli, a-t-il estimé.  Le Conseil de sécurité devrait agir avec fermeté si Daw Aung San Suu Kyi était condamnée, a-t-il encore déclaré. 


M. YUKIO TAKASU (Japon) a déclaré que les préparatifs des élections générales de 2010 constituaient une étape cruciale pour le processus de démocratisation du Myanmar.  La libération de Daw Aung San Suu Kyi, ainsi que tous les opposants politiques emprisonnés, serait cependant de nature à renforcer la confiance de la communauté internationale dans la bonne foi de ce processus.  Malgré cet échec à rencontrer Mme Suu Kyi, la visite du Secrétaire général était nécessaire, dans la mesure où celui-ci a pu relayer, sans ambigüité, toutes les préoccupations des Nations Unies auprès des dirigeants du Myanmar.  Avant de conclure, M. Takasu a souhaité que ceux-ci considèrent avec tout le sérieux requis les recommandations du Secrétaire général.


Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) s’est félicitée de la mission de bons offices du Secrétaire général, regrettant toutefois qu’il n’ait pas été autorisé à rendre visite à Mme Suu Kyi.  La voie suivie par les autorités du Myanmar n’est pas de nature à faciliter la paix et la stabilité dans le pays, a-t-elle dit.  Il n’y aura pas d’élections libres et régulières tant que des opposants politiques, y compris Mme Suu Kyi, continueront d’être emprisonnés, a ajouté la représentante.  De l’avis de Mme DiCarlo, les autorités ne respectent pas la volonté du peuple, en jugeant une opposante politique sous prétexte qu’elle aurait agi en violation de son assignation à résidence.  Par ailleurs, des attaques récentes par l’armée du Myanmar ont poussé des milliers de citoyens de ce pays à se réfugier en Thaïlande, a fait observer la représentante, avant de noter qu’une transition démocratique ne pourra être atteinte que par un véritable dialogue et la participation de toutes les formations politiques et de minorités ethniques aux élections.  Soutenant la demande formulée par le Secrétaire général d’accorder des visas aux travailleurs humanitaires, la représentante a appuyé les propos du Secrétaire général, qui a demandé à ce que le Gouvernement du Myanmar renforce sa coopération avec la communauté internationale lorsqu’il s’agit de venir en aide à son peuple.


M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche) s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation des droits de l’homme au Myanmar.  Dénonçant la violation du droit international et du droit du Myanmar que constitue l’arrestation d’Aung San Suu Kyi, ainsi que les conséquences humanitaires des combats dans l’est du pays, il a estimé que ces évènements ne correspondent pas vraiment aux plans du Myanmar pour une transition pacifique vers la démocratie.  Ni la paix ni le développement ne peuvent se réaliser sans démocratie et respect des droits de l’homme, a-t-il dit, en paraphrasant le Secrétaire général. 


Le représentant s’est dit « clairement déçu par la décision du Gouvernement d’interdire toute rencontre avec la chef de file de l’opposition ».  En prévision des élections de 2011, il a lancé un appel au Gouvernement pour qu’il libère immédiatement et sans conditions Aung San Suu Kyi et tous les autres prisonniers politiques.  S’attardant sur les questions de développement, le représentant a prévenu que des mesures allant dans le sens des propositions du Secrétaire général seront un préalable à la pleine coopération de l’Union européenne et des autres donateurs avec le Myanmar. 


M. BUI THE GIANG (Viet Nam) a dit regretter, mais comprendre le point de vue juridique des autorités du Myanmar selon lequel le Secrétaire général ne pouvait rencontrer Aung San Suu Kyi.  Il a néanmoins estimé que la visite du Secrétaire général a été une étape importante du processus visant la transition du Myanmar vers une démocratie pacifique, stable et prospère.  C’est au peuple du Myanmar de déterminer sa propre destinée, a-t-il insisté.  Il a prévenu que l’assistance de la communauté internationale et des Nations Unies ne sera vraiment efficace que lorsqu’elle se basera sur un engagement et une coopération avec le Gouvernement et le peuple du Myanmar.  Le Viet Nam, a-t-il dit, appuie une approche globale qui traite des causes sous-jacentes des problèmes du Myanmar, dont la pauvreté et le sous-développement économique.  Les institutions de l’ONU et les donateurs pourraient jouer un rôle plus actif dans ces domaines, a conclu le représentant.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que la visite du Secrétaire général au Myanmar était importante et opportune.  Il a affirmé que le fait que le Secrétaire général n’ait pas été autorisé à rencontrer Daw Aung San Suu Kyi ne devrait pas, comme l’a constaté lui-même M. Ban Ki-moon, être le seul critère d’évaluation de sa visite.  Les propositions formulées par le Secrétaire général lors de sa visite sont importantes, a-t-il observé, notant que toutes les questions soulevées ne pourront être réglées instantanément.  Il faudra du temps et de la retenue, a-t-il fait remarquer.  Le représentant de la Fédération de Russie a mis l’accent sur la nécessité pour le Secrétaire général de poursuivre sa mission de bons offices.  Les dirigeants du Myanmar se sont déclarés disposés à coopérer avec les Nations unies pour les élections et dans d’autres domaines, a-t-il constaté.  La Fédération de Russie continuera d’apporter tout l’appui à cette mission de bons offices, a-t-il conclu. 


M. RONKA VILOVIC (Croatie) s’est félicité de l’exposé du Secrétaire général, qui a pu rencontrer les représentants des minorités ethniques et de la plupart des formations politiques existantes.  Il s’est cependant déclaré préoccupé du traitement infligé aux prisonniers et aux opposants politiques, ainsi que des violations des droits de l’homme dans le pays.  La situation nationale, a-t-il dit, ne peut qu’être compliquée par l’assignation à résidence et le procès de Mme Aung San Suu Kyi, que le Secrétaire général n’a pas pu rencontrer.  Ce refus démontre la réticence du Gouvernement à s’engager pleinement dans un processus démocratique, a ajouté le représentant.  Dans la perspective des élections générales de 2010, il serait bienvenu que Mme Suu Kyi, ainsi que tous les prisonniers politiques encore détenus, soient libérés, a-t-il souligné.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a dit que son pays avait hautement apprécié la visite effectuée par le Secrétaire général au Myanmar et la réception de haut niveau qui lui avait été accordée.  Il a noté que certains médias et certains pays regrettaient le fait que le Secrétaire général n’ait pu rencontrer Daw Aung San Suu Kyi.  Le Secrétaire général a rencontré beaucoup de personnes pendant sa visite et le fait qu’il ait ou non rencontré Daw Aung San Suu Kyi ne doit pas être mesuré comme un critère de succès ou d’échec, a-t-il estimé.  Rappelant que Daw Aung San Suu Kyi était actuellement jugée, il a estimé que le Secrétaire général devrait respecter la juridiction des États Membres.  Il a salué les bons offices du Secrétaire général et les progrès réalisés par le Myanmar.  Il a dénoncé l’attitude consistant à ignorer ces progrès et à continuer d’accabler le Gouvernement du Myanmar.  La communauté internationale doit avoir une vision équilibrée des progrès que réalise ce pays et traiter ses difficultés avec moins d’arrogance et de préjugés, a-t-il déclaré.  Le représentant de la Chine a estimé que les principaux défis pour le Myanmar étaient l’unité nationale et la stabilité sociale.  Les différents problèmes du Myanmar ne pourront être résolus qu’au fur et à mesure de son développement économique et social.  Il est évident, a-t-il dit, que les problèmes du Myanmar ne pourront être réglés par des mesures de type occidental.  Les événements à l’intérieur du Myanmar relèvent de sa politique intérieure et seul le Gouvernement du Myanmar peut les régler, a-t-il fait remarquer.  Il a rappelé que la Chine s’opposait fermement à l’inscription de la question du Myanmar sur l’ordre du jour du Conseil de sécurité. 


M. FAZLI CORMAN (Turquie) a, tout en saluant les progrès politiques et économiques enregistrés au Myanmar, confié qu’il aurait voulu voir des avancées plus substantielles et plus concrètes dans la situation des droits de l’homme et des libertés politiques.  La paix, le développement et les droits de l’homme sont étroitement liés dans tous les pays, a-t-il dit, en paraphrasant à son tour le Secrétaire général.  Le Myanmar ne faisant pas exception, a poursuivi le représentant, les élections de 2011 seront un véritable test.  Tous les partis politiques devraient pouvoir y participer librement, a-t-il insisté, en appelant le Gouvernement du Myanmar à créer les conditions nécessaires à la réconciliation nationale, par le biais d’un processus inclusif bénéficiant de la participation de tous les partis et groupes politiques.  C’est pourquoi il a appelé à la libération de tous les prisonniers politiques, et jugé que le refus opposé par le Gouvernement du Myanmar à une rencontre entre le Secrétaire général et Aung San Suu Kyi ne contribue pas à une bonne évolution des choses.  


M. IBRAHIM DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) s’est félicité de la visite du Secrétaire général au Myanmar, tout en notant les difficultés auxquelles il a été confronté pour tenter de rencontrer Mme Suu Kyi.  Il a cet égard regretté que cette rencontre n’ait pu avoir lieu, malgré les explications apportées par la délégation du Myanmar.  De l’avis de sa délégation, il faudrait poursuivre le dialogue afin de permettre aux dirigeants du Myanmar de parvenir aux objectifs souhaités, notamment la libération de tous les prisonniers politiques, la participation de toutes les formations politiques aux élections générales de 2010 et le développement social économique du pays.


M. JORGE URBINA (Costa Rica) a estimé que la visite du Secrétaire général constituait un jalon important dans sa mission de bons offices à l’égard de ce pays.  Néanmoins, il a indiqué que son pays n’était pas satisfait du comportement du Gouvernement du Myanmar.  Le Costa Rica, a-t-il dit, ne peut ignorer ce que subit Daw Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix.  L’augmentation systématique de prisonniers politiques, a-t-il ajouté, va à l’encontre des demandes de la communauté internationale.  Il a rappelé que la paix durable et le développement économique ne pouvaient se réaliser qu’avec la participation inclusive de tous les groupes de la société.  Il a mis en outre l’accent sur la nécessité de mettre un terme à la répression, de libérer tous les prisonniers politiques, y compris Daw Aung San Suu Kyi, conditions préalables, selon lui, au processus électoral. 


M. BONAVENTURE KOUDOUGOU (Burkina Faso) s’est félicité des rencontres que le Secrétaire général a pu faire avec des représentants du Gouvernement du Myanmar et des formations politiques officielles.  Il a cependant exhorté les dirigeants du pays à libérer tous les prisonniers politiques du pays, y compris Mme Suu Kyi, et à ouvrir les élections générales de 2010 à tous les partis politiques souhaitant y participer.  Sur le plan humanitaire, le représentant a reconnu les progrès enregistrés par le Myanmar par le biais du Groupe tripartite.  Il a demandé au Gouvernement de faciliter l’organisation du Forum économique national susceptible d’aider le pays à se développer.  Le représentant a rappelé que la voie du développement durable exige un engagement continu du Myanmar, avec le soutien de la communauté internationale.  À cet égard, le représentant a encouragé les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) à maintenir l’élan de solidarité vis-à-vis du Gouvernement et du peuple du Myanmar.


M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) a rappelé aux autorités du Myanmar que le processus électoral devait être libre, régulier, transparent et inclusif.  Il a également demandé la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques, y compris de Daw Aung San Suu Kyi.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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