LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES HUMANITAIRES DÉCLARE AU CONSEIL QU’IL FAUDRAIT PLUS DE 800 MILLIONS DE DOLLARS POUR COUVRIR LES BESOINS HUMANITAIRES EN RDC
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Conseil de sécurité
6083e séance – après-midi
LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES HUMANITAIRES DÉCLARE AU CONSEIL QU’IL FAUDRAIT PLUS DE 800 MILLIONS DE DOLLARS POUR COUVRIR LES BESOINS HUMANITAIRES EN RDC
M. John Holmes se dit choqué par les atrocités commises par l’Armée de résistance du Seigneur
De retour d’une visite en République démocratique du Congo (RDC), le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence a déclaré, cet après-midi devant les membres du Conseil, que la détérioration de la situation à la fois dans les zones touchées par le conflit et dans le reste du pays était très préoccupante. « Huit cent trente et un millions de dollars sont nécessaires pour couvrir l’ensemble des besoins humanitaires de la RDC, soit une augmentation de 11% par rapport à l’année dernière », a-t-il indiqué.
M. John Holmes a exprimé son effroi face aux récits d’exactions commises par l’Armée de résistance du Seigneur (ARS) en représailles des opérations menées contre ses membres par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les Forces de défense populaires de l’Ouganda (FDPU). Il a expliqué que depuis décembre 2008, les attaques lancées par l’ARS dans la province orientale avaient entraîné la mort de près de 900 personnes, souvent à coups de machette et de gourdin, et provoqué la fuite de 160 000 personnes.
« La brutalité gratuite, le mépris total pour la vie humaine et le sort qui est particulièrement réservé aux femmes et aux enfants horrifient même ceux qui étaient habitués aux déprédations commises par l’ARS dans d’autres régions depuis 20 ans », a lancé M. Holmes, qui a demandé aux autorités locales des FARDC et des Forces de défense populaires de l’Ouganda de protéger les civils au cours de leurs opérations militaires contre l’ARS, en s’appuyant sur une présence renforcée de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en RDC (MONUC).
S’agissant de la question des réfugiés, M. Holmes a évoqué les conditions de vie déplorables des personnes déplacées dans le Nord-Kivu, notamment des 250 000 personnes ayant fui les combats entre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et les FARDC et qui, depuis août dernier, sont venues s’ajouter aux 800 000 autres réfugiés regroupés dans la zone.
« La communauté internationale, a-t-il souligné, doit aider cette population si elle veut lui permettre de retourner chez elle dans la sécurité et la dignité ». Il s’est toutefois félicité du retour dans leur pays, entre le 1er janvier et le 16 février 2009, de plus de 3 millions de réfugiés rwandais sous l’égide du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
M. Holmes a par ailleurs salué les efforts de la société civile et du Gouvernement congolais pour mettre fin à l’impunité des auteurs de crimes sexuels, regrettant que depuis sa dernière visite dans le pays en 2007, les femmes continuent de subir chaque jour ces actes terribles.
LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Exposé
M. JOHN HOLMES, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, de retour d’une visite d’une semaine sur le terrain, a fait un exposé sur la situation dans les provinces de l’est et du nord de la République démocratique du Congo (RDC).
M. Holmes a noté d’emblée qu’au cours des six derniers mois, la stabilité du pays s’était détériorée du fait de l’intensification des combats entre groupes rebelles -principalement le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC)- dans le Nord-Kivu; de la résurgence des groupes armés et les heurts entre ces derniers et les FARDC dans le district de l’Ituri; et des nouvelles attaques de l’Armée de résistance du Seigneur(ARS) perpétrées dans la province orientale. « Ces développements inquiétants ont causé des centaines de morts, provoqué le déplacement de plus de 500 000 personnes et aggravé une situation humanitaire déjà critique », a-t-il dit, précisant que les besoins ne concernaient pas uniquement les zones affectées par le conflit.
M. Holmes a attiré l’attention sur la situation des personnes déplacées dans le Nord-Kivu, en particulier les 250 000 personnes ayant fui les tirs croisés du CNDP et des FARDC et qui, depuis août dernier, sont venues s’ajouter aux 800 000 autres réfugiés de la région. Il a évoqué les conditions de vie déplorables dans les camps en dépit des efforts humanitaires menés dans un contexte particulièrement difficile. M. Holmes a également indiqué que ces réfugiés avaient tout perdu dans leur fuite, leurs maisons, leurs terres et autres biens personnels ayant été détruits ou pillés par les assaillants. « La communauté internationale doit aider cette population si elle veut lui permettre de retourner chez elle dans la sécurité et la dignité », a-t-il dit.
Le Secrétaire général adjoint a ensuite déploré que depuis sa dernière visite en RDC en septembre 2007, les femmes continuent de subir la violence sexuelle commise chaque jour par ceux qui portent les armes. L’impunité, a-t-il ajouté, représente le principal problème. Il a indiqué que, même lorsque les auteurs de crimes sexuels étaient arrêtés, le manque de moyens était tel que personne ne pouvait être mobilisé pour les garder. M. Holmes a signalé que des criminels sexuels notoires faisaient parties des FARDC et a émis l’espoir que des mesures concrètes seront prises prochainement pour faire face à ce problème. Des progrès ont cependant été réalisés, a-t-il noté, saluant à cet égard les efforts de la société civile et des femmes congolaises, ainsi que la mise en œuvre par l’ONU d’une stratégie de prévention des crimes sexuels. Il a ainsi demandé que le Gouvernement congolais et l’ensemble des donateurs alignent leurs programmes et activités sur cette stratégie afin de permettre un renforcement rapide de l’état de droit, des services de sécurité et d’assistance aux victimes.
M. Holmes s’est aussi félicité du retour dans leur pays, entre le 1er janvier et le 16 février 2009, de plus de 3 millions de réfugiés rwandais sous les auspices du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Il a également salué le nombre croissant de combattants des FDLR ayant décidé de participer volontairement aux programmes de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réintégration (DDRR) de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en RDC (MONUC).
Le Secrétaire général adjoint s’est ensuite attardé sur les exactions commises par l’ARS en représailles aux opérations militaires menées conjointement contre elle par les FARDC et les Forces de défense populaires de l’Ouganda. Il a indiqué que les récits d’atrocités perpétrées par l’ARS dans les villages situés dans les environs de la localité de Doruma l’avaient profondément choqué. « La brutalité gratuite, le mépris total pour la vie humaine et le traitement particulier réservé aux femmes et aux enfants ont de quoi révolter même ceux qui étaient habitués aux déprédations de l’ARS dans d’autres régions depuis 20 ans », a lancé M. Holmes. Il a précisé que les attaques de l’ARS avaient fait depuis décembre dernier près de 900 morts, la plupart massacrés à coups de machette ou de gourdin, et provoqué la fuite de 160 000 personnes. « De nombreuses femmes ont été violées avant d’être tuées », a-t-il insisté.
M. Holmes a expliqué qu’il était difficile de mettre la main sur les membres de l’ARS, dispersés en petits groupes sur une superficie immense de 40 000 kilomètres carrés. Il a fait savoir qu’il avait demandé aux autorités locales des FARDC et aux Forces de défense populaires de l’Ouganda de protéger les civils lors de leurs opérations militaires contre l’ARS, en s’appuyant notamment sur une présence accrue de la MONUC. Sur ce dernier point, il a signalé que la Mission avait besoin, entre autres, de plus d’hélicoptères pour survoler la région où se cachent les membres de l’ARS. Il a aussi exhorté le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes à apporter leur plein appui aux Équipes de protection conjointes déployées dans les zones difficiles d’accès et dont il a salué l’action en matière d’anticipation des besoins des civils et d’aide aux forces militaires.
Le Secrétaire général adjoint a conclu en donnant quelques indications chiffrées des besoins humanitaires en RDC. Il a ainsi déclaré que 76% de la population totale souffraient de malnutrition et que 54% n’avaient pas accès à l’eau potable. Les pandémies chroniques de paludisme, de choléra, de peste et de fièvre hémorragique Ébola affaiblissaient davantage cette population déjà vulnérable, a ajouté M. Holmes. Selon le Plan d’action humanitaire 2009, a-t-il indiqué, 831 millions de dollars sont nécessaires pour couvrir l’ensemble des besoins humanitaires de la RDC, soit une augmentation de 11% par rapport à l’année dernière. « Nous ne pouvons pas détourner notre regard de la RDC », a-t-il insisté.
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