POP/962

LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT DÉBAT DES MOYENS QUI PERMETTRAIENT DE MIEUX SAISIR LES OPPORTUNITÉS OFFERTES PAR L’URBANISATION

08/04/2008
Conseil économique et socialPOP/962
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la population et du développement

Quarante et unième session

4e & 5e séances – matin & après-midi                        


LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DÉVELOPPEMENT DÉBAT DES MOYENS QUI PERMETTRAIENT DE MIEUX SAISIR LES OPPORTUNITÉS OFFERTES PAR L’URBANISATION


Le phénomène de l’urbanisation et ses conséquences sur le développement et le bien-être des populations a été au cœur des travaux, aujourd’hui, de la Commission de la population et du développement.  Celle-ci a en effet entendu les expériences nationales des pays en matière démographique ainsi que les exposés de deux orateurs principaux qui se sont respectivement penchés sur la question des taudis et sur le lien entre la santé et la ville.


Mme Helen Zille, Mairesse de Cape Town, a ainsi présenté l’exemple de cette ville sud-africaine, soulignant les circonstances spécifiques dans lesquelles l’urbanisation peut réduire la pauvreté et promouvoir le développement.  Pour saisir les opportunités qu’offre l’urbanisation, l’action des autorités municipales doit prendre en compte et englober les intérêts de toutes les populations, a-t-elle déclaré.


Elle a affirmé que le maintien des compétences et des capitaux dont elles sont dotées était essentiel pour la croissance des villes.  Le maintien de ces éléments passe par le développement des infrastructures urbaines, a souligné Mme Zille en stipulant que dans ce domaine, comme dans de nombreux défis auxquels font face les autorités locales, comme par exemple celui de la criminalité, il faut élaborer à l’intérieur du fonctionnement des villes, des partenariats entre le secteur public et le secteur privé.


Ce même constat a été fait par Mark Montgomery, Associé principal de la Division de la recherche en matière de politiques du Conseil de la population, et Professeur au Département d’économie de l’Université de l’État de New York à Stony Brook, qui examinait les liens entre la ville et la santé.  Il a à cet égard affirmé que l’État ne pouvait seul être tenu responsable de la promotion des nombreuses priorités liées à la santé urbaine.  Il faut une action concertée rassemblant un grand éventail d’organismes, a-t-il recommandé.


Soulignant le lien entre les indicateurs de santé et la pauvreté, il a en outre fait remarquer que cette dernière augmentait dans les villes.  Dans ce contexte, il a estimé qu’il était indispensable de mieux comprendre la nature de la pauvreté urbaine et de prendre en compte les villes de petite taille et de taille moyenne afin de mieux les préparer à l’urbanisation continue qu’elles connaitront dans les années à venir.


Dans le cadre du débat général, les États Membres ont fait part de l’expérience qu’ils ont au niveau national dans les domaines de la répartition de la population, de l’urbanisation, et de la gestion des migrations internes.  Un grand nombre d’entre eux ont ainsi mis l’accent sur les disparités qui existent entre les zones rurales et les agglomérations urbaines et ont plaidé en faveur de la mise en œuvre de politiques équilibrées qui encouragent un développement harmonieux de toutes les régions.


Ce débat a aussi mis en évidence les différences qui existent entre les pays et les spécificités de chacun d’entre eux en ce qui concerne le rythme de l’urbanisation, ou encore, la priorité à donner à certaines questions démographiques.


Le représentant du Kenya, pays dont seulement 4% de la population sont d’un âge supérieur ou égal à 65 ans, a par exemple mis en avant la nécessité de répondre aux besoins des jeunes et de leur fournir des services en matière d’éducation et de santé, tout en leur assurant aussi des perspectives d’emplois afin d’assurer le développement futur du pays.  La représentante de l’Espagne a de son coté insisté sur la question des migrations, rappelant que 10% de la population de son pays était composée d’étrangers.  Enfin, le représentant de l’Inde, pays à population majoritairement rurale, a mentionné les nombreuses initiatives prises par son pays en faveur du développement des campagnes.


Les représentants des États suivants ont pris la parole au cours des débats de la journée: Bulgarie, Afrique du Sud, Chine, Fédération de Russie, Autriche, Pakistan, Belgique, Brésil, Indonésie, Malaisie, Arménie, Jamaïque, Ghana, Pologne, Uruguay, Canada, Portugal, Botswana, Maroc, Suisse, Philippines, Cuba, Mexique, États-Unis, Italie, Qatar et Sri Lanka.


La Commission de la population et du développement poursuivra ses travaux demain, mercredi, le 9 avril, à 10 heures.



DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: RÉPARTITION DE LA POPULATION, URBANISATION, MIGRATIONS INTERNES ET DÉVELOPPEMENT


Mme EVGENIA KOLDANOVA (Bulgarie) a estimé qu’il fallait intégrer les processus d’urbanisation et de migrations internes aux cadres de développement nationaux et aux stratégies de réduction de la pauvreté.  S’agissant de son propre pays, elle a indiqué que celui-ci faisait face à de graves problèmes démographiques et que la population bulgare était en état de décroissance.  Des taux de naissance bas, des taux de mortalité plus élevés et les migrations que la Bulgarie a connues ces dernières années ont changé la répartition territoriale de la population, a-t-elle précisé.  Elle a souligné les disparités croissantes des conditions de vie entre les villes et les villages et affirmé que sans une politique active d’investissements ces différences s’accentueraient.  En outre, la représentante a constaté que les zones rurales de son pays connaissaient un vieillissement de la population et un niveau d’éducation plus bas.  Elle a estimé qu’il fallait offrir aux résidents des campagnes des options en termes d’emploi dans les villes avoisinantes.


Par ailleurs, Mme Koldanova a déclaré que le processus migratoire en Bulgarie avait créé un déséquilibre démographique, alors qu’en 2004, 144 zones d’habitation étaient complètement dépeuplées.  Elle a mis en avant les efforts déployés par son pays pour faire face à ce défi, notamment le renforcement des capacités régionales pour le développement économique, la distribution rationnelle des infrastructures et des services entre régions, ou encore, la promotion de l’emploi et de l’investissement dans les zones rurales.


M. ZANE DANGOR (Afrique du Sud) a assuré que son pays reste fermement engagé dans la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence sur la population et le développement (CPD) de 1994 et des Actions clefs de 1999, ainsi que de la Déclaration sur les villes et les autres établissements humains pour le nouveau Millénaire, adoptée en 2001.  Il a ajouté que, l’année dernière, l’Afrique du Sud a accueilli et participé à la cinquième Assemblée générale de la Commission de la population africaine, organisée par l’Union africaine, et a soutenu pleinement la Déclaration de Johannesburg qui en est issue.  Le représentant a encore cité d’autres conférences internationales sur la population auxquelles son pays a participé et les documents finaux auxquels il adhère, comme le Cadre de mise en œuvre du développement urbain amélioré de 2005.  L’Afrique du Sud est aussi engagée dans les activités régionales et sous-régionales en matière de population et de développement, collaborant à ce titre avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  En outre, le pays est devenu le vingt-troisième membre des « Partenaires en matière de population et de développement: une initiative Sud-Sud ».


La migration et la gestion de ce phénomène sont au cœur du développement humain, a poursuivi M. Dangor.  Il a cité les dispositions de la Constitution sud-africaine qui affirment les valeurs démocratiques de dignité humaine, d’égalité et de liberté.  Le Gouvernement est particulièrement attentif à la discrimination, entre les sexes et les races, pour que le développement reste accessible à tous.  Le représentant a parlé de la politique en matière de population adoptée en 1998, qui comprend une Stratégie sur les migrations et l’urbanisation.  Cette Stratégie cherche à augmenter les choix alternatifs à la migration des zones rurales vers les zones urbaines.  M. Dangor a indiqué que le taux d’urbanisation est passé de 53,7% en 1996 à 61% en 2001, précisant que la population urbaine étant davantage composée de jeunes adultes et autres personnes actives sur le plan économique.  Pour ce qui est de l’épidémie de VIH/sida, elle est plus présente dans les villes.  Les femmes dans les zones rurales ont un niveau d’éducation beaucoup plus bas que dans les villes, a-t-il ajouté, en mentionnant aussi que l’écart d’éducation est aussi plus grand dans les campagnes entre les hommes et les femmes.  Le Gouvernement essaie aussi d’améliorer la fourniture des services de base, notamment l’assainissement et la sécurité.  À ce jour, plus de 31 millions de personnes ont accès à l’eau gratuitement.  Les cinq plus grandes villes du pays fournissent 44% des emplois nationaux.  Enfin, M. Dangor a évoqué le Plan global pour les établissements humains viables adopté en 2004, qui ne se contente pas de fournir des logements, mais tente de faire face à l’évolution démographique.


Mme HAO LINNA (Chine) a affirmé que son pays avait fait des progrès remarquables dans les domaines de la population et de la planification familiale, en réduisant le taux de fertilité de 5,8 au début des années 70 à 1,8 aujourd’hui.  Elle a indiqué que cela avait permis de soutenir la croissance économique, d’améliorer la santé et l’éducation de la population et de réduire la pauvreté en Chine.  Toutefois, elle a reconnu que la Chine connaîtrait un développement futur de sa population très complexe et que la population chinoise atteindra 1,5 milliard de personne en 2033.  Elle a noté que la population en âge de travailler serait de taille très importante ce qui posera un défi en matière d’emploi.  De plus, elle a fait remarquer que le vieillissement de la population s’accélérait, générant une pression sur les services de sécurité sociale.  Par ailleurs, elle a fait valoir que la Chine, pays en développement le plus peuplé du monde, connaissait des migrations et une mobilité démographique sans précédent.  Elle a précisé que les migrations des campagnes vers les villes étaient le principal facteur de la croissance de la population urbaine.  Selon les estimations, a-t-elle poursuivi, 300 millions de personnes migreront vers les villes dans les 20 prochaines années, ce qui portera le taux d’urbanisation du pays à 53% en 2020.


Elle a déclaré que la Chine intégrait les stratégies de développement de la population au programme d’ensemble de développement socioéconomique, mettant l’accent sur les conditions de vie et l’innovation institutionnelle notamment.  De plus, elle a assuré que son pays stabiliserait le bas niveau de fertilité, améliorerait la structure de la population, la santé, et l’éducation pour garantir un développement équilibré de la population.  La Chine va s’atteler à se transformer d’un pays très peuplé à une puissance en terme de capital humain en faveur d’un développement durable coordonné, a-t-elle insisté.  Elle a déclaré que son pays s’employait à guider ses migrations internes, à répondre aux défis du vieillissement de sa population, y compris en améliorant le système de soutien pour les personnes âgées et en facilitant les services communautaires en leur faveur.


M. V. F. KOLBANOV (Fédération de Russie) a expliqué que les prévisions concernant la population russe montrent qu’elle sera plus réduite d’ici à 2025 et encore plus d’ici à 2050, ce qui n’est pas acceptable.  Le pays a en effet un énorme territoire et connaît une bonne croissance économique.  La Fédération de Russie s’est donc fixée comme objectif de maintenir cette croissance et d’augmenter le nombre de sa population.  La politique démographique est devenue le centre de toute la politique sociale, intégrant les questions de santé, de famille, de logement, de migration, a indiqué le représentant.  Nous avons l’intention de réduire de deux fois la mortalité infantile et maternelle par exemple, a-t-il précisé.  En 2007, des mesures spéciales ont permis d’augmenter de façon significative les allocations familiales en cas de naissance.  Les femmes qui ont plus d’un enfant reçoivent un capital qui représente 18 mois du revenu en Russie.  À partir de 2010, cette somme pourra être utilisée quand l’enfant a trois ans, pour son éducation par exemple, et ce qui reste pourra être mis sur la pension de retraite de la mère.  Ces mesures ont eu des conséquences positives sur l’augmentation de la natalité, a assuré le représentant.  Il a aussi parlé des mesures de lutte contre la mortalité, notamment pour réduire les décès liés aux accidents de la route qui sont fréquents.  La vie dans les campagnes doit être améliorée, a-t-il encore signalé.  Le représentant a enfin appelé à partager les compétences pour assurer un développement urbain adéquat.


M. CHRISTIAN EBNER (Autriche) a mis en avant les politiques de coopération prises par son pays en matière d’urbanisation, de répartition démographique et de migrations internes.  Il a estimé que l’urbanisation pouvait apporter de nombreux avantages, notamment en facilitant les changements sociaux et en offrant un meilleur accès aux services d’éducation, de santé ou de transport.  Toutefois, il a admis que l’urbanisation rapide posait certains défis et a, à cet égard, noté que la coopération en faveur du développement menée par l’Autriche appuyait les efforts d’ONU-Habitat.  Notre coopération bilatérale se centre sur l’eau et l’assainissement ainsi que sur la décentralisation, a-t-il fait valoir.  Le représentant a aussi indiqué que l’urbanisation posait certains problèmes dans les pays industrialisés, citant entre autres les soins à apporter aux personnes âgées, la réconciliation du travail et de la famille, ou encore, l’accès aux services de santé.  Il a de plus indiqué que l’urbanisation exerçait une pression sur l’environnement et que les schémas de production et de consommation devaient être modifiés.


M. MUHAMMAD SHARIF (Pakistan) a salué le rôle joué par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) qui concourt à faire avancer les objectifs de la Commission.  Le Fonds soutient en effet des activités clefs en matière de développement durable, de population et d’urbanisation, tout en assurant les principales ressources financières et une aide technique aux programmes de population du Pakistan.  Le Pakistan est le sixième pays le plus peuplé dans le monde.  Il abrite 1,8% de la population urbaine mondiale, sur une population actuelle de 160 millions d’habitants, a indiqué M. Sharif.  Les migrations rurales vers les villes augmentent, et la population urbaine a doublé entre 1951 et 2005, atteignant alors 34% du total.  Le représentant a indiqué que, pour ralentir le rythme de cette urbanisation, davantage d’emplois sont créés en régions rurales.  Le Gouvernement pakistanais a créé des zones exonérées d’impôts pour le secteur industriel, et des mesures incitatives soutiennent le secteur agricole.  En 2006, 67,2% d’emplois ont été créés en régions rurales, contre 32,8% dans les régions urbaines.  Dans les villes, la population croissante augmente les pressions sur la fourniture de services, a noté M. Sharif.  Le rôle positif de l’urbanisation est atténué par la détérioration de l’environnement et l’écart constaté entre la demande et la fourniture des services essentiels.  Le représentant a enfin cité les politiques menées par le Pakistan dans les domaines de la population, de la santé, de l’environnement et de l’éducation, qui intègrent des considérations en matière de développement dans les stratégies.


M. STEPHEN WAINAINA (Kenya) a fait part de l’expérience de son pays, affirmant que la population de son pays avait triplé depuis l’indépendance en 1964.  Il a souligné que la population du pays était encore jeune, alors que seuls 4% des citoyens ont plus de 65 ans.  Dans ce contexte, il a indiqué que le Gouvernement devait fournir des services en faveur des jeunes, notamment en matière d’éducation, de santé, de logement mais aussi d’opportunités d’emplois.  Il a d’ailleurs insisté sur l’importance des ressources humaines pour la tranche des 14-49 ans, élément vital pour assurer le développement économique futur du pays.  Il a affirmé qu’il fallait transformer les personnes en atouts économiques afin de briser le cycle de la pauvreté.  Rappelant que la majorité de la population du pays, soit 59%, vivait dans les campagnes, il a jugé essentiel de promouvoir une répartition équilibrée de la population.  Il a indiqué que l’urbanisation était influencée par les migrations dues aux disparités économiques entre villes et campagnes, et que le Gouvernement s’employait à les réduire, notamment par des stratégies de développement des districts ruraux, la construction de routes, ou par des politiques équilibrées entre régions rurales et urbaines.  Le représentant a cependant précisé que le processus d’urbanisation était concentré sur la capitale, Nairobi, ville quatre fois plus grande que Mombassa, deuxième localité du pays.  Il a fait valoir que les villes représentaient des agents de croissance et que Nairobi contribuait environ à hauteur de 50% au PIB national.  Toutefois, il a constaté les conséquences négatives de cette urbanisation, et particulièrement les établissements non planifiés et les bidonvilles.  Le représentant a noté que ceux-ci n’avaient pas d’infrastructures suffisantes, étaient surpeuplés, et que leurs résidents constituaient des groupes à risques.  Il a signalé que le Gouvernement essayait d’améliorer les conditions de vie des habitants des bidonvilles par un programme national visant à fournir des logements décents dans un environnement durable.


M. OLIVIER BELLE (Belgique) a indiqué que les villes belges allaient aussi devoir faire face à des enjeux fondamentaux ces prochaines années.  Il a souligné que la politique fédérale belge s’appliquant aux grandes villes visait à améliorer les conditions de vie de ceux qui en ont le plus besoin dans les quartiers en difficulté.  Cette politique, a-t-il précisé, mise avant tout sur une approche intégrée qui allie les questions liées au logement et les dispositifs d’inclusion sociale.  Il a en outre affirmé que l’originalité de cette politique se caractérisait par la collaboration et le partenariat avec les autorités locales et les acteurs sur le terrain.  Il a par exemple noté que depuis 2000, une quinzaine de « contrats de ville » ou de « contrats logement » avaient été signés avec les autorités locales pour améliorer les conditions de vie des citadins les plus démunis.  Par ailleurs, M. Belle a déclaré que le développement urbain durable exigeait une approche holistique faisant appel à de multiples acteurs et secteurs –ministères, municipalités, comités de citoyens- dans plusieurs domaines, dont le transport, l’environnement, le logement.  Il a aussi insisté sur la participation des populations dans les décisions publiques.  S’agissant de la coopération belge, le représentant a noté que celle-ci visait à créer des conditions adaptées aux populations vulnérables en milieu urbain.  À titre d’exemple, il a expliqué que la coopération technique belge mettait en place des solutions alternatives pour l’accès à l’eau à Kinshasa, en République démocratique du Congo, où deux tiers de la population recourent encore aux eaux souillées des puits.  Il a fait remarquer que la coopération de son pays œuvrait pour le renforcement des acteurs institutionnels afin de leur fournir un appui et non de dicter des solutions. 


M. EDUARDO RIOS-NETO (Brésil) a souligné la particularité de son pays qui connaît une urbanisation très forte depuis 70 ans.  Rien qu’entre 1960 et 1990, la migration des zones rurales vers les villes a avoisiné les 42 millions de personnes.  Au cours de la même période, 8,1 millions de personnes ont quitté la région du Nordeste, et 3,8 millions l’État de Minas Gerais, pour aller vivre dans des États tels que celui de Sao Paulo et Rio de Janeiro, ou encore des régions frontalières comme Paraná.  Entre 1940 et 1970, le taux d’urbanisation au Brésil est passé de 30% à 55%, pour atteindre 80% en 2000.  On constate aussi une tendance selon laquelle les habitants passent du centre des villes à leur périphérie, a relevé M. Rios-Neto.  Le représentant a évoqué certaines conséquences positives de ces migrations, comme la mobilité sociale et l’intégration des marchés régionaux du travail.  Il a signalé que l’augmentation des travailleurs du secteur informel ne s’explique pas par la migration, et que celle-ci n’est pas non plus la cause principale des fortes inégalités en matière de revenus.


Le processus d’urbanisation rapide du Brésil ne s’est pas accompagné de politiques sociales et de fourniture d’infrastructures adéquates, a poursuivi M. Rios-Neto.  De façon générale, les services sont insuffisants, a-t-il reconnu.  Le découpage urbain des centres villes qui abritent des logements classiques est sans doute responsable de la ségrégation spatiale et du manque de services aux périphéries urbaines, a-t-il expliqué.  Il s’avère que de bonnes politiques sociales et des infrastructures urbaines basées sur la promotion d’un accès égal peuvent renverser cette tendance.  Le représentant a aussi indiqué que le nombre de logements précaires au Brésil, construits avec des matériaux non permanents, a baissé, passant de 13% en 1992 à 5% en 2004.  Le Gouvernement brésilien a beaucoup investit récemment dans le domaine urbain, pour faire face à tous les problèmes qui se sont accumulés au cours des dernières années, et un ministère des villes a été créé, a aussi signalé le représentant.


M. SISWANTO AGUS WILOPO (Indonésie) a rappelé que son pays était le quatrième État le plus peuplé au monde, avec 232 millions d’habitants.  Selon les estimations, d’ici à 2025, 68% des Indonésiens vivront en milieu urbain, et d’ici à 2020, le pays comptera cinq mégapoles et 23 villes de plus d’un million d’habitants.  Il a admis que la capitale, Djakarta, n’offrait pas le meilleur modèle d’urbanisation, en raison notamment de la pression qui s’y exerce sur les infrastructures et de l’augmentation du nombre de bidonvilles.  Pour répondre à ces défis, il a indiqué que le Gouvernement avait mis en place des incitations économiques mais aussi des politiques démographiques et sociales pour traiter du développement urbain et rural.  Il a mis l’accent sur les partenariats public/privé ainsi que sur le rôle des femmes dans la réduction de la pauvreté.  Par ailleurs, il a indiqué que l’Indonésie avait établi des programmes transmigratoires, par lesquelles 15 000 familles de zones urbaines densément peuplées avaient été relocalisées vers des zones rurales.  Il a aussi insisté sur la coordination entre autorités centrales et régionales afin d’assurer le développement complémentaire des zones rurales et urbaines.  M. Agus Wilopo a de plus noté qu’il fallait innover pour renforcer la productivité des campagnes afin qu’elles puissent se transformer en communautés urbaines en y réduisant la négativité des changements sociaux.  Il a aussi mis l’accent sur l’importance de fournir des services bancaires dans les zones rurales afin d’optimiser les opportunités d’envois de fonds par les travailleurs migrants.  Enfin, il a estimé que les zones rurales, en tant que centres de production agricole, ne devaient pas être négligées, car cela pouvait menacer la sécurité alimentaire mondiale.


Mme DATUK FAIZAH MOHD TAHIR (Malaisie) a indiqué que son pays voit actuellement la mobilité de sa population augmenter, principalement à cause de l’industrialisation et de l’urbanisation.  Entre 1970 et 2006, la part de la population qui vit dans des grandes villes a doublé essentiellement du fait de la migration interne.  La représentante a précisé que cette migration est sélective, en ce qu’elle concerne surtout les hommes entre 15 et 34 ans.  En 1980, le niveau d’urbanisation n’était que de 34,2% alors qu’il était de 61,8% en 2000.  La Malaisie a lancé de nouveaux programmes de développement économique pour cinq régions, qui devraient réduire la migration interrégionale, a dit Datuk Faizah Mohd Tahir.  Le Gouvernement s’attache à ce que le développement urbain contribue à protéger les ressources naturelles, avec un impact négatif limité pour l’environnement.


La représentante a ensuite indiqué que les autorités locales ont des ressources limitées et ne peuvent relever tous les défis qui se posent en matière d’urbanisme.  Une politique nationale d’urbanisation a été élaborée en 2006, a-t-elle signalé, notamment pour gérer l’augmentation de la population urbaine.  Cette politique est le principal pilier des stratégies de développement, a-t-elle précisé.  Datuk Faizah Mohd Tahir a aussi parlé de l’augmentation de la pauvreté urbaine, qui fait l’objet d’un Plan de lutte adopté en 2004.  Le Gouvernement a élaboré un autre Plan en la matière pour la période 2006-2010.  La représentante a aussi évoqué les conséquences de l’urbanisation sur les jeunes et les besoins en services, notamment en matière de santé procréative.  On a mis en place des centres pour la santé sexuelle, a-t-elle indiqué, qui visent les adolescents.


Mme LENA TERZIKIAN (Arménie) a indiqué qu’au cours des cinq dernières années, son pays avait connu une croissance économique moyenne de 12,9%.  Cela a contribué grandement à la réduction de la pauvreté dans le pays mais a aussi exacerbé les disparités de développement entre les zones rurales et urbaines, a-t-elle reconnu.  Elle a expliqué qu’alors que la capitale de l’Arménie s’était transformée en une cité vibrante, le niveau de pauvreté dans les campagnes était 1,2 fois plus important que dans les villes.  La représentante a dit que le développement rural, considéré comme un outil de la réduction de la pauvreté, était une priorité de son gouvernement.  Elle a mis en avant le Programme de développement rural de l’Arménie, qui insiste sur l’appropriation locale et la participation de tous les acteurs afin notamment d’établir des marchés et des institutions financières dans l’agriculture ainsi que des activités non agricoles.  Elle a souligné que ce Programme visait à renforcer les perspectives économiques régionales afin de revitaliser les communautés rurales et de renverser les tendances à l’urbanisation rapide.  Elle a estimé que si les tendances actuelles persistaient cela pourrait générer une répartition inégale de la population et le dépeuplement de communautés villageoises, ce qui à son tour aurait un impact négatif sur le développement et la sécurité du pays. 


M. EASTON WILLIAMS (Jamaïque) a noté qu’on a beaucoup mis l’accent, au cours des 20 dernières années, sur les questions de santé procréative, de pauvreté, de VIH/sida et de migration internationale.  Il a donc apprécié qu’au cours de cette session, on accorde aux questions de l’urbanisation l’importance qu’elles méritent.  Récemment, en Jamaïque, l’intérêt porté à ces questions s’est accru, a-t-il confirmé.  Les experts ont en effet prévu que la tendance de croissance de la population va se concentrer dans les zones urbaines, plus précisément dans les zones de petite taille et de taille moyenne.  Le Gouvernement a lancé un plan de développement sur le long terme qui prévoit de faire de la Jamaïque un pays développé d’ici à l’année 2030, a rappelé le représentant.  Il a parlé du Modèle d’équilibre général à long terme, connu sous le nom de « T 21 », qui fournit des orientations politiques sur le chemin vers le développement, et où les facteurs de population sont centraux.  M. Williams a ensuite constaté que, comme indiqué dans le rapport, le processus d’urbanisation est inévitable.  Il a remarqué que les politiques et programmes urbains et ruraux étaient autrefois opposés, mais qu’on commence à voir des politiques plus cohérentes.


M. Williams a indiqué que l’événement que représentait le lancement du rapport 2007 du FNUAP a eu lieu près de la capitale jamaïcaine, Kingston.  Cette décision était stratégique, pour permettre ce lancement dans la ville de Old Harbour, qui se développe rapidement et qui présente un grand potentiel de croissance.  Mais les infrastructures de cette ville sont encore insuffisantes, et les autorités locales n’agissent pas de façon concertée en matière de fourniture de services, a-t-il noté.  Il a poursuivi en signalant que l’Institut de la planification de la Jamaïque a créé un groupe de travail multiinstitutions, chargé d’élaborer une stratégie pour une approche intégrée de la planification.  Le représentant a ajouté que la croissance démographique en Jamaïque devrait se concentrer dans les régions urbaines où le taux de fécondité est sensiblement inférieur à ce qu’il est dans les régions rurales.  Dans sa conclusion, M. Williams a assuré la Commission que la Jamaïque était constamment engagée dans la résolution des questions de répartition de la population et d’urbanisation, afin d’éviter une répétition des erreurs du passé.


M. ALHAJI AHMED AWUDU YIRIMEA, Vice-Ministre au Ministère du Gouvernement local, du développement rural et de l’environnement du Ghana, a noté que la population ghanéenne s’urbanise de plus en plus.  Il a évoqué les conséquences bénéfiques de ce phénomène, comme le fait que les villes représentent des lieux de marché pour les produits ruraux et permettent un accès plus facile aux services sociaux.  Il a aussi parlé de ses effets négatifs, que sont notamment la surpopulation, le manque de services d’assainissement, la pollution de l’air et de l’eau, l’abus de drogues et le chômage.  Au Ghana, l’urbanisation était de 23% en 1960, et de 44% en 2000, et les prévisions sont de 52% d’ici 2010.  Aujourd’hui, on constate souvent que les adolescents, mal préparés à la vie dans les villes, se retrouvent dans la rue.  Les plus vulnérables sont les jeunes filles qui se voient offrir des emplois indignes et sont infectées par le VIH/sida.


Au vu de ces difficultés, a poursuivi le représentant ghanéen, le Gouvernement du Ghana a pris des mesures, grâce au soutien technique et financier de ses partenaires au développement, afin de relever les défis majeurs de l’urbanisation.  M. Yirimea a expliqué que des programmes nationaux relatifs à l’urbanisme tiennent compte des besoins en infrastructures des communautés urbaines.  Il a aussi parlé des problèmes de transport dans les villes et de la fourniture en eau, qui font l’objet de politiques particulières.  La politique de décentralisation doit être plus efficace, a-t-il ensuite estimé.  Il a annoncé que le Conseil de la population nationale, en collaboration avec la Commission de planification du développement national notamment, organise un forum sur la répartition de la population qui aura lieu en août, avec pour objectif de sensibiliser les décideurs politiques et les acteurs de la société civile.


SUITE DONNÉE AUX RECOMMANDATIONS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT


Discours inaugural de M. Mark Montgomery, Associé principal, Division de la recherche en matière de politiques du Conseil de la population, et Professeur au Département d’économie de l’Université de l’État de New York à Stony Brook


M. MARK MONTGOMERY, s’est penché sur la relation entre l’état de santé de certains résidents et le fait qu’ils habitent des zones urbaines dans les pays à revenu faible et à revenu intermédiaire.  Il a affirmé que, dans le cadre de l’examen des transformations démographiques des villes, deux éléments avaient été négligés.  D’une part, il a rappelé que la croissance urbaine dans les pays à revenu intermédiaire et bas était avant tout influencée par l’augmentation naturelle de la population, c’est-à-dire à des naissances plus élevées que les décès.  De l’autre, il a insisté sur le besoin de faire une différence entre les villes selon qu’elles sont grandes, moyennes ou petites, affirmant qu’il existait une conception erronée dans ce domaine selon laquelle les citadins des pays en développement habitaient uniquement des mégapoles.  


Le panéliste a de plus déclaré qu’il fallait reconnaitre la diversité qui existe au sein même des populations des villes et des zones rurales.  Constatant les progrès accomplis dans la réduction de l’extrême pauvreté dans les campagnes, il a toutefois noté que ce phénomène avait augmenté dans les villes.  Soulignant le lien entre les indicateurs de santé et la pauvreté, il a indiqué que la concentration de population dans les zones urbaines augmentait certains risques sanitaires encourus par ces groupes, à moins qu’ils ne soient protégés par des infrastructures de santé publique suffisantes.  Il a aussi indiqué que le secteur privé était plus présent dans le système de santé des villes, ce qui en excluait les pauvres.  De plus, il a averti qu’il ne fallait pas considérer automatiquement que les services de santé, publics ou privés, situés dans les villes soient astreints à des critères minimaux de qualité. 


M. Montgomery a illustré ces propos en faisant part d’études sur la santé menées dans les pays en développement.  Il a ainsi mis en avant l’exemple de la qualité des soins prénataux dispensés dans les zones urbaines en Inde et aux Philippines, notant que les femmes pauvres recevaient moins d’informations au cours de cette période.  S’agissant notamment des services de santé à Delhi, il a constaté qu’alors que le personnel de santé dans les secteurs public et privé, est disponible, les personnes travaillant dans les taudis en matière de santé souffrent d’une insuffisance de connaissances cliniques.  Il a aussi donné l’exemple de la mortalité infantile que l’on observe dans les bidonvilles de Nairobi, et qui dépasse largement les taux de mortalité infantile des zones rurales du Kenya.


L’intervenant a ensuite estimé qu’en milieu urbain, une attention insuffisante est accordée à certaines questions de santé.  Ainsi, il a particulièrement insisté sur la santé mentale des femmes, qui sont plus affectées par le stress et la dépression que les hommes.  Il a mis en avant le lien entre cette santé et la violence domestique tout en soulignant le fardeau qui incombe aux femmes en ce qui concerne les soins à prodiguer à la famille et le maintien des liens communautaires.  Dans ce contexte, il a affirmé que des interventions simples et ciblées, telle qu’une aide psychologique de la part de personnes de la communauté ayant reçu une formation, pouvaient jouer un rôle décisif.


M. Montgomery a également indiqué que les risques sanitaires liés aux changements climatiques augmenteraient pour les populations urbaines et qu’une plus grande attention devait être accordée à cette question.  Il a notamment soutenu qu’il fallait mettre en place de bonnes politiques d’adaptation dans les villes, notamment en investissant d’urgence dans des meilleurs systèmes de drainage et d’assainissement.  Il a aussi recommandé que les différents échelons gouvernementaux et les organisations non gouvernementales (ONG) travaillent ensemble sur la préparation aux situations d’urgence.


En conclusion, M. Montgomery a déclaré que les nombreuses priorités liées aux questions de santé urbaine exigeaient des mesures que le secteur public ne pouvait lancer seul.  Il faut une action concertée faisant intervenir tout un éventail d’organismes, a-t-il ajouté.  Il a affirmé que pour mieux préparer l’avenir en matière de santé dans les villes, il était indispensable de mieux connaître la nature de la pauvreté urbaine et aussi d’effectuer des études sur les localités de petite taille et de taille moyenne.


Échange interactif


Après l’intervention de l’expert, le représentant de la Norvège a indiqué que, dans son pays, les institutions gouvernementales ont été déplacées d’Oslo, la capitale, vers des villes plus petites.  Il a demandé des précisions sur les incidences de la décentralisation en matière de coût, ainsi que dans le domaine de la santé.  Il a dit que les hôpitaux n’avaient pas la même qualité dans les petites villes.  La représentante du Mexique a elle aussi soulevé le problème de la santé, indiquant qu’au Mexique, les flux migratoires vont plutôt vers les villes de taille moyenne où les jeunes ne trouvent pas les services de santé procréative dont ils ont besoin.


M. MONTGOMERY a répondu à ces remarques en reconnaissant les contraintes et les lacunes de la décentralisation.  La période de transition fait que les autorités sont transférées sans disposer au début de toutes les ressources dont elles ont besoin.  En matière de santé, il s’est demandé s’il ne fallait pas qu’il y ait des degrés de décentralisation différents pour chaque secteur.  Il n’y a pas encore beaucoup d’études disponibles sur ce sujet, a-t-il indiqué.  Au Mexique, comme dans d’autres pays, le comportement sexuel et la santé procréative ne sont pas maîtrisés par les jeunes femmes des villes, et on constate des taux d’avortement étonnamment élevés.  Pourtant les services de santé procréative y sont disponibles, a-t-il constaté.


Pour sa part, le représentant de la Belgique a relevé que la santé de la population urbaine n’est pas forcément meilleure que celle de la population rurale.  Toutefois, la mauvaise santé des personnes vivant dans des bidonvilles peut peut-être s’expliquer par le fait que la plupart des citadins ont été coupés de leurs familles.  Sans conseils et sans informations, les personnes ayant migré dans les villes ne savent pas où s’adresser pour accéder aux services de santé, a-t-il avancé.  L’expert a reconnu que la période de perturbation dure de un à trois ans, pour le migrant qui arrive dans une zone qu’il ne connaît pas.  Mais les citadins de longue date ont parfois l’état de santé le plus désastreux, ce qui prouve qu’ils ne sont pas mieux informés.  Il se peut aussi que les pauvres soient tellement exclus sur le plan social qu’ils n’ont pas accès aux informations utiles.


Discours inaugural de Mme Helen Zille, Mairesse de Cape Town et ancienne Ministre de l’éducation de la Province du Cap Ouest (Afrique de l’Ouest)


Mme HELEN ZILLE a rappelé que depuis le début des années 1990, il y avait en Afrique du Sud plus de citadins que de résidents en zones rurales.  Estimant que l’urbanisation pouvait réduire la pauvreté et promouvoir le développement, elle a toutefois précisé que cela était le cas dans des circonstances spécifiques.  Dans ce contexte, elle a mis l’accent sur la gouvernance urbaine et affirmé que les villes devaient lier leurs populations à l’économie nationale alors que celle-ci est, à son tour, liée à l’économie mondiale.


Pour saisir les opportunités qu’offre l’urbanisation, l’action des autorités municipales doit englober toutes les populations, a-t-elle déclaré.  Elle a précisé que ces autorités devaient assurer les services urbains et les infrastructures à tous les habitants pour attirer les compétences et éviter toute fuite des capitaux.  Elle a expliqué que les compétences et les ressources étaient essentielles pour le développement d’une ville et a indiqué qu’il fallait maintenir celles-ci, malgré leur grande mobilité.  Elle a notamment indiqué que la criminalité et le manque de sécurité pouvaient faire disparaître les flux d’argent et de compétences.  À cet égard, elle a noté que les réseaux criminels s’étaient adaptés à l’économie mondiale et avaient un impact dévastateur.  À Cape Town, a-t-elle fait remarquer, 80% de la criminalité est liée à la toxicomanie. 


Après une décennie d’optimisme et de croissance, de nombreuses villes sud-africaines font maintenant face à de nouveaux défis: la perception d’instabilité, une pauvreté accrue, et une criminalité et une corruption qui sont à la hausse, a-t-elle poursuivi.  Elle a affirmé que les autorités, surtout celles locales, avaient un rôle déterminant à jouer pour inverser ces tendances.  Toutefois, a-t-elle estimé, ni l’État ni le secteur privé ne peuvent seuls effectuer cette tâche.  Le défi est de trouver la bonne ampleur à donner à l’intervention étatique et le bon dosage de partenariats, a-t-elle ajouté.


La Mairesse de Cape Town a indiqué que la ville qu’elle dirige compte 3,3 millions d’habitants.  Elle a expliqué que depuis 1985, la ville avait arrêté de tenter de lutter contre l’urbanisation galopante et avait plutôt choisi de mieux s’y préparer.  Elle a indiqué que la population de Cape Town continuait à croitre de 80 000 personnes par année et a fait valoir que les infrastructures souffraient de cette pression.  Toutefois, elle a insisté sur les efforts menés par la ville pour maintenir ses infrastructures.  Dans les villes ou cela échoue, les compétences et les capitaux vont ailleurs, a-t-elle averti.  Elle a indiqué que pour y faire face, Cape Town  avait adopté un plan de développement intégré quinquennal qui est axé sur une croissance économique fondée sur l’infrastructure.  La ville vient de connaître un cycle positif de 10 ans au cours duquel les compétences et les capitaux ont choisi de rester et d’investir, a-t-elle indiqué.


Faisant part des réalisations de la ville, elle a cité la bonne gestion de l’environnement pour le tourisme, la présence d’universités et d’écoles de bon niveau, ou encore, la croissance économique, de 5% par an.  Toutefois, parmi les problèmes, elle a noté que le chômage se situait à 25% et qu’il existait 222 établissements humains informels autour de la ville, soit 150 000 taudis, comparés à 28 000 en 1994, qui ne reçoivent aucun service.  De plus, elle a souligné les problèmes créés par la hausse de la criminalité tout en indiquant que les municipalités n’avaient pas de pouvoirs sur la police ou le système judiciaire.


Elle a d’ailleurs déclaré que selon une étude faite à Cape Town sur l’investissement et la croissance, le crime a été identifié comme le plus grand obstacle.  Elle a indiqué qu’un partenariat public/privé avait permis de réduire les taux de criminalité.  Elle a aussi fait valoir que la ville investissait pour faire face à d’autres défis, dont le coût élevé des télécommunications, la faible qualité des transports publics ou encore l’approvisionnement irrégulier en électricité.  La Mairesse de Cape Town a rappelé que pour que l’urbanisation soit un moteur de réduction de la pauvreté, les autorités municipales devaient inciter à une croissance économique basée sur le développement des infrastructures.  Dans cette perspective, elle a affirmé qu’il fallait, entre autres, renforcer l’administration locale, définir le niveau approprié de services fourni par l’État, simplifier le cadre réglementaire, éliminer les contraintes à l’investissement du secteur privé, subventionner la prestation de services aux pauvres et soutenir leur indépendance économique.


Échange interactif


Les représentants de la Suisse et du Mexique ont demandé des précisions sur les relations entre la ville du Cap –Cape Town- et les autres villes d’Afrique du Sud.  Pour préciser ces relations, Mme ZILLE a expliqué qu’il existe un réseau national des villes qui discute des grands problèmes urbains.  Pour répondre a une autre interrogation du Mexique sur les relations entres zones rurales et urbaines, elle a précisé que si la province du Cap est fortement urbanisée, l’agriculture reste importante pour l’économie et que les travailleurs des villes envoient de l’argent dans les campagnes.  Elle a aussi évoqué une tradition qui veut que les gens s’arrêtent de travailler au début du mois de décembre, pour une durée de six semaines, pour rentrer chez eux à la campagne.


Le représentant de la France s’est, pour sa part, interrogé sur la légitimité de donner des pouvoirs de police aux maires, cette question restant controversée selon lui.  Mme ZILLE a assuré qu’elle voulait disposer d’une force de police efficace qui puisse établir des unités spécialisées et appliquer des stratégies particulières de maintien de la sécurité.  Répondant à d’autres questions, Mme ZILLE a indiqué que Cap Town a instauré 23 sous-conseils auxquels la population peut participer directement.  Certains de ces conseils sont implantés dans des zones où les gens vivent dans la pauvreté extrême et d’autres dans des zones résidentielles opulentes, a-t-elle reconnu.  Avec l’argent dont la ville dispose, elle a estimé qu’il valait mieux faire peu pour beaucoup de gens plutôt que faire beaucoup au profit d’une minorité.  Le souci de la Mairesse est donc de s’assurer que les 222 bidonvilles soient dotés d’un l’accès à l’eau et que l’accès aux services y soit amélioré.  Le représentant des États-Unis a tenu à remercier la Mairesse du Cap pour tous ses efforts en vue d’améliorer les conditions de vie dans sa ville.


DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION: RÉPARTITION DE LA POPULATION, URBANISATION, MIGRATIONS INTERNES ET DÉVELOPPEMENT


Suite du Débat général


Mme ALINA POTRYKOWSKA (Pologne) a indiqué que son pays connaissait un taux élevé d’émigrations, notamment temporaires, qui ont des conséquences sociales et économiques importantes pour le pays.  Elle a estimé que l’analyse des volumes de migrations internes et internationales était essentielle afin de permettre à la Pologne d’évaluer les changements démographiques.  Elle a aussi constaté que la structure des villes avait été modifiée par l’industrialisation du pays, et qu’elle est caractérisée par un haut degré de polycentrisme et une distribution spatiale relativement régulière.  Toutefois, elle a reconnu que les villes avaient un niveau peu élevé de mobilisation de capitaux.  Dans l’ensemble du pays, elle a souligné que l’intégration, en mai 2004, de la Pologne à l’Union européenne avait aidé le développement économique du pays.  Elle a entre autres précisé que cela avait eu des effets positifs sur la croissance des entreprises et sur les investissements étrangers grâce à la libéralisation des échanges commerciaux.  Pour illustrer ce renouveau économique, elle a fait valoir que le PIB avait progressé de 6,5% en 2007 et que la consommation était en augmentation grâce à l’amélioration du marché du travail.  Elle a, à cet égard, estimé que les ressources humaines seraient l’avantage le plus important dont disposerait le pays au cours des 30 prochaines années et que leur distribution spatiale serait décisive.


Mme ALICIA MELGAR (Uruguay) a fait remarquer le caractère atypique de son pays qui comporte une population peu nombreuse (3,4 millions d’habitants), avec un faible taux de natalité, qui se situe à la limite du taux de renouvellement des générations.  Le taux de mortalité diminuant dans le même temps, il en résulte un vieillissement de la population et des conséquences en termes économique et social.  À cela s’ajoute une forte émigration internationale qui limite d’autant plus la croissance de la population, actuellement au-dessous du seuil de 0,5%; et environ 12% de la population uruguayenne vit à l’étranger.  Mme Melgar a ensuite expliqué comment a commencé cette émigration dans les années 1960, à cause des mauvaises conditions économiques qui prévalaient alors dans le pays, en particulier durant la dictature militaire des années 1970.  Dans ce contexte de vieillissement, la répartition de la population a connu des changements influencés largement par les circonstances économiques et géopolitiques, a expliqué la représentante.


Mme Melgar a souligné que l’Uruguay étant un petit pays voisin des deux plus grands pays de l’Amérique du Sud, le Brésil et l’Argentine, il dépend nécessairement de la situation économique de ceux-ci.  Elle a également indiqué que la capitale du pays, Montevideo, a connu une croissance importante au siècle dernier, étant donné que la ville est aussi le port principal du pays par où transite la plus grande partie du commerce extérieur.  Montevideo est aussi la ville où sont installées les institutions gouvernementales centrales, ainsi que les banques et les principales usines.  Mais cette concentration ne s’est pas accentuée car, après la baisse des salaires due à la crise économique, il s’est avéré plus facile de s’établir dans des villes situées aux alentours de la capitale.  Mme Melgar a en outre noté l’augmentation de la pauvreté dans certaines zones de taudis de la capitale.  En dépit de ces constats, l’Uruguay n’a à ce jour adopté aucune politique en matière de population, a reconnu Mme Melgar qui a dit qu’il n’y avait pas de volonté ferme à cet égard.  Or, les déséquilibres qui résultent de la situation démographique, notamment dans les dépenses de santé publique et la fourniture de services de base, mériteraient de figurer parmi les priorités, a-t-elle estimé.


M. HENRI-PAUL NORMANDIN (Canada) a fait remarquer que le phénomène mondial de l’urbanisation et des migrations internes fait jouer des rapports entre États souverains, mais résulte essentiellement de décisions prises par des particuliers et des familles.  Il a estimé que les principes et les objectifs soigneusement négociés par la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) et adoptés par consensus en 1994 n’ont rien perdu de leur pertinence.  Le Canada continue d’appuyer les initiatives qui renforcent et privilégient les engagements pris lors de cette conférence, ainsi que lors de celle de Beijing et au cours des conférences de suivi: il en est de même des objectifs contenus dans la Déclaration d’engagement de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/sida.  Ces 10 dernières années, a poursuivi le représentant, le Gouvernement canadien a accompli des progrès en vue de la suppression des barrières socioéconomiques auxquelles se heurte la population autochtone en milieu urbain, ceci grâce aux partenariats établis avec les communautés autochtones.  Le représentant a expliqué que le Canada travaille en concertation étroite avec ONU-Habitat et avec l’Instance permanente des Nations Unies pour les populations autochtones.  Il a indiqué que le Canada a appuyé la réunion du Groupe d’experts sur les autochtones en milieu urbain et sur les migrations, qui s’est tenue à Santiago du Chili en 2007.


Le représentant du Canada a aussi considéré que les initiatives qui améliorent les services et les soins d’hygiène sexuelle et de santé génésique sont des conditions préalables essentielles à la réalisation des objectifs internationaux de lutte contre la pauvreté et de promotion du développement.  Le Canada reconnaît que l’on ne pourra réaliser les trois Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) liés à la santé sans établir des régimes de santé forts et viables dans les pays en développement.  L’Agence canadienne de développement international (ACDI) travaille en concertation avec ces pays et avec les organisations internationales pour renforcer les systèmes de santé, a précisé le représentant qui a cité comme exemple « l’Initiative catalytique visant à sauver un million de vies » qui est centrée sur le renforcement et l’augmentation des compétences et du nombre des travailleurs de la santé.


M. PEDRO ABECASIS COSTA PEREIRA (Portugal) a indiqué que son pays avait connu une urbanisation accrue, notant que Lisbonne et Porto comptaient plus de 1,5 million d’habitants.  Il a souligné que la répartition de la population était une source d’inquiétude pour le Gouvernement portugais avec, d’un côté, une croissance démographique le long des côtes, et de l’autre côté, un déclin de population dans les zones rurales.  Il a particulièrement mis l’accent sur la question du logement pour les pauvres dans les zones urbaines.  Il a aussi insisté sur l’importance des jeunes et sur la nécessité d’améliorer les compétences en termes de ressources humaines en appuyant les politiques d’éducation et de formation.  La progression de la pauvreté et de l’exclusion sociale sont indéniablement liées au chômage et à l’instabilité des marchés du travail, a-t-il ajouté, en soulignant l’importance des politiques d’emploi.  Enfin, il a affirmé que l’urbanisation rapide dans les pays développés et en développement pouvaient avoir des conséquences négatives en exerçant une pression sur les services et les infrastructures existants.  Cela peut générer des taux de pauvreté urbaine plus élevés, des problèmes d’accès à l’éducation, aux services de santé ou d’approvisionnement en eau, ainsi qu’une dégradation environnementale, a-t-il estimé.  Le représentant a ainsi affirmé qu’il fallait éviter ces scénarios et que le défi à relever était de saisir les avantages de l’urbanisation.


M. SAMUEL O. OUTLULE (Botswana) a indiqué que depuis les 40 dernières années, le Botswana est devenu une société essentiellement urbaine, le pays passant de cinq centres urbains en 1971 à huit en 1981 et 34 en 2001.  En 1966, seulement 2% de la population vivaient en zone urbaine, tandis qu’en 2001 c’était le cas de 54% de la population.  Pour 2011, la part de la population urbaine devrait être de 65%.  On définit au Botswana la zone urbaine comme celle qui regroupe plus de 5 000 personnes dont au moins 75% travaillent dans des activités non agricoles.  Les défis que pose cette urbanisation rapide sont ceux de la réponse à apporter aux demandes croissantes en services comme l’eau et le logement, l’assainissement et la santé, a dit M. Outlule.  Le représentant a aussi expliqué que du fait que la majeure partie du pays connaît des conditions semi-désertiques ou désertiques, la densité humaine est faible dans ces régions, et que la majorité de la population vit dans l’est du pays où l’accès à l’eau et l’agriculture est plus facile.


En 1998, le Botswana a adopté une politique pour les établissements humains qui fournit des directives pour la planification physique de l’implantation des villes et localités.  Cette politique vise à réduire le taux de migration vers les villes en fournissant aux villages les mêmes services que ceux dont bénéficient les villes, a expliqué M. Outlule.  Le Botswana met également en œuvre une politique qui vise à coordonner les mesures prises pour le développement des zones rurales.  Le pays continue aussi de faire des efforts considérables pour faire face à l’épidémie de VIH/sida, grâce à l’aide importante des partenaires au développement.  Le représentant a enfin constaté que son pays est en bonne voie pour parvenir à réaliser les objectifs fixés lors de la Conférence internationale sur la population et le développement.


M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) a déclaré que son pays avait mené des politiques de développement visant à améliorer les conditions de vie de ses citoyens, et qui intègrent les questions de population dans les plans de développement économique et social du Maroc.  Il a souligné les réformes fondamentales entreprises ces deux dernières décennies pour atteindre une croissance économique durable.  Le représentant a indiqué que depuis 1960, la population du Maroc avait augmenté de plus de 18 millions d’habitants, mais que le rythme de progression annuel moyen avait été en déclin au cours de cette période.  S’agissant de la répartition spatiale de la population, il a constaté que la croissance démographique était plus importante en milieu urbain et que l’exode rural était très important, même s’il avait connu une baisse notable depuis 1994.  Le nombre de villes est passé de 250 en 1982 à 370 à 1994 et 391 en 2004, a-t-il noté.  Il a indiqué que les causes principales des migrations étaient économiques.  Il a en outre déclaré que la population du Maroc se caractérisait par sa jeunesse, même si la part des moins de 15 ans était passée de 44,4% en 1960 à 31,3% en 2004.  De plus, il a noté que la tranche de la population représentant des gens d’un certain âge augmentait depuis 1982.  Face à ces changements, il a fait valoir que le Maroc s’était mobilisé pour mettre en œuvre des programmes socioéconomiques, tels que ceux destinés à lutter contre les habitats insalubres.  Il a déclaré que l’État avait entrepris une action intégrée en matière de planification et de gestion visant à réduire la pauvreté dans les milieux urbains et ruraux, à préserver l’environnement, et à développer des habitats décents.


M. WERNER HAUG (Suisse) a donné des informations sur les tendances observées dans la distribution de la population et l’urbanisation en Suisse.  Il a indiqué que les conditions de vie ont beaucoup changé en Suisse au cours des 10 dernières années, changements qui ont eu un impact sur le lieu de vie des habitants.  Les trois quarts de la population suisse vivent maintenant dans des agglomérations urbaines qui s’étendent loin des centres, dans d’anciennes zones rurales.  Cette urbanisation trouve surtout son origine dans le développement de la société de services et dans la multiplication des moyens de transport entre les lieux d’habitation et de travail.  Le développement des transports publics en Suisse a permis notamment l’extension des lignes de banlieue, a précisé M. Haug.  Depuis la fin des années 90, la croissance démographique est en recul dans les campagnes; à tel point que certaines municipalités ne savent pas si elles survivront, eu égard à leur dépopulation, a poursuivi le représentant.


M. Haug a déclaré que sous sa forme actuelle, le développement spatial n’est pas durable.  Parmi les raisons, il a expliqué notamment que la décentralisation des structures institutionnelles d’aménagement du territoire, avec ses trois niveaux de pouvoir, ne facilite pas la coordination du développement urbain et rural.  En outre, les terrains les plus constructibles ne se trouvent pas aux endroits les plus propices à la croissance urbaine.  Il a aussi noté que la surface urbanisée croît beaucoup plus rapidement que la proportion de la population urbaine, sans que la campagne gagne en qualité urbaine.  M. Haug a assuré que la Suisse met en place une nouvelle politique de développement spatial qui doit déboucher sur un plan d’action qui se traduira par un aménagement équilibré et durable du territoire.  Il a cité les différentes stratégies adoptées à cet égard, comme une meilleure coordination entre développement urbain et transports.  Il a aussi mentionné le rôle positif joué par les zones rurales dans une perspective intégrée.  Enfin, le représentant a indiqué que la Suisse s’appuie sur l’expérience accumulée aux niveaux national, cantonal et communal, pour contribuer à la coopération internationale pour le développement urbain durable.


Mme MARIA DEL CARMEN ALCAIDE (Espagne) a souligné que les migrations internationales étaient une source d’inquiétude pour de nombreux pays.  Elle a estimé que cette question nécessitait des informations statistiques pour en comprendre les caractéristiques et la dimension.  Elle a indiqué que l’Espagne s’était transformée de pays d’émigration en pays de destination de migrants.  Dans les 10 dernières années, le pays a reçu plus de 4 millions d’immigrants, a-t-elle précisé, tout en soulignant que les étrangers composaient 10% de la population nationale.  Elle a fait valoir que le cas de l’Espagne était particulier, car le pays attirait à la fois des migrants économiques de pays moins développés et une migration du centre et du nord de l’Europe, dont des retraités.  Elle a fait part des activités que mène l’Institut national des statistiques afin d’obtenir des données récentes et mises à jour sur la population espagnole.  Elle a notamment mis en exergue les études lancées par l’Institut, qui se concentrent uniquement sur les migrants.  L’Enquête nationale sur l’immigration traite des citoyens résidant en Espagne mais qui sont nés dans d’autres pays, a précisé Mme Alcaide.  Elle a argué que cette enquête permettrait de mieux comprendre les processus migratoires, les raisons du choix de l’Espagne, et les différentes caractéristiques démographiques des populations migrantes.  Enfin, elle a mis l’accent sur l’importance de la coopération internationale dans l’examen des migrations et a affirmé que les efforts des organisations internationales pour établir des méthodologies harmonisées devaient être soutenus. 


M. TOMAS M. OSIAS (Philippines) a indiqué qu’en 2000, 48% de la population philippine étaient en milieu urbain contre 37% il y a 20 ans.  On constate aux Philippines des courants migratoires relativement élevés vers la région de la capitale et d’autres régions importantes.  Mais les villes plus petites commencent à connaître une migration plus élevée que les grandes.  Les Philippines considèrent les migrations comme un phénomène qui crée des opportunités, et chaque administration s’attache à traiter de cette question.  Parmi les 10 points du Plan sur la population, il a cité les élections informatisées, la fin des hostilités avec les groupes armés, l’électricité et l’eau pour tous, ainsi que la décongestion de la capitale Manille.  Les administrations locales doivent mener à bien les programmes démographiques, en gérant les problèmes causés par l’urbanisation.  La loi sur l’urbanisme et le logement exige que les administrations locales adoptent des mesures pour réduire les écarts entre les populations urbaine et rurale.  L’objectif est de parvenir à un équilibre entre ces populations et d’assurer la croissance nationale.


Le représentant a aussi précisé que les questions de développement sont traitées de façon globale avec celles concernant la population, notamment pour lutter contre la pauvreté, qui fait l’objet d’un Programme de lutte intégrée spécifique.  Ce Programme met l’action sur le renforcement des capacités des parents, notamment en élargissant leurs choix en matière de planification des familles.  Un environnement durable est aussi une condition pour assurer la bonne qualité du développement humain, a poursuivi le représentant.  Dans ces différents secteurs, le pays fait tout ce qu’il peut pour relever les défis, a assuré le représentant qui a toutefois demandé à la communauté internationale de répondre aux appels lancés afin de renforcer ces actions et celles menées dans les autres pays en développement.


M. RODRIGO MALMIERCA (Cuba) a déclaré que la population de son pays avait atteint 11 millions de personnes avec des variables démographiques similaires à celles observées dans les pays développés.  Toutefois, il a souligné que la population cubaine était dans son ensemble en déclin en raison d’un taux de reproduction faible.  Il a aussi noté que l’espérance de vie à la naissance était de plus de 77 ans et que les taux de mortalité infantile et maternelle étaient bas.  Il a noté que le volume des migrations avait été réduit, conformément à la recommandation de la Conférence du Caire de 1994.  Il a précisé que le volume de migrations internes s’était réduit constamment depuis le milieu des années 1990 et avait atteint son niveau le plus bas en 2007, avec 66 000 migrants internes. 

Il a de plus indiqué que les villes de petite et moyenne taille continuaient à s’accroître.  Selon lui, le principal défi à relever par son pays en matière de population est le vieillissement.  Il a souligné que 16,6% de la population avaient plus de 60 ans et que cette tendance était plus marquée dans les zones rurales.  Elle exige donc une attention particulière en raison de ses implications pour le développement durable du pays, a-t-il déclaré. 


Mme ELENA ZUÑIGA HERRERA (Mexique) a indiqué que depuis 1974, son pays encourage la distribution territoriale de la population d’une façon qui assure le développement régional durable.  Elle a parlé de la rapide urbanisation qu’a connue le pays, avec une forte concentration dans ses trois plus grandes villes.  Mais, du fait de la diversification des activités de production, on a constaté plus récemment une nouvelle géographie des migrations internes.  Aujourd'hui, la plupart de ces flux vont vers les villes de taille moyenne, ce qui a permis d’améliorer la distribution de la population urbaine dans les différentes régions du pays.  Il existe 363 villes de plus de 15 000 habitants au Mexique, a poursuivi Mme Zuñiga, précisant que 72,1% de la population vivent en milieu urbain.  Cependant, elle a indiqué que plus de la moitié de cette population vit dans seulement 11 de ces villes.  Elle a donc parlé des problèmes de pollution et de congestion urbaine qui en résultent.


La représentante mexicaine a mentionné le fait que la population rurale continue à vivre de façon dispersée dans des milliers de petites localités, avec un accès aux services sociaux qui reste limité.  La population rurale est donc souvent très pauvre, a constaté la représentante.  Nous travaillons avec les zones rurales pour y renforcer les prestations de services et y faciliter la construction de logements.  Le pays s’attache à développer les moyens de transport et les structures administratives, a aussi indiqué Mme Zuñiga.  Enfin, elle a demandé à la communauté internationale d’aider les pays à réduire les déséquilibres territoriaux dont ils souffrent.


M. NIRUPAM SEN (Inde) a énuméré les problèmes liés à une urbanisation rapide, dont les lacunes en infrastructures, les logements précaires, la pollution, la criminalité ou encore les risques de santé.  Il a aussi noté l’apparition rapide de bidonvilles, une des manifestations les plus déplaisantes de cette urbanisation.  M. Sen  a rappelé que selon les estimations, un tiers des citadins des pays en développement vivaient dans des bidonvilles.  En outre, il a fait valoir que les conditions de vie dans ces taudis étaient aussi difficiles que dans certaines des zones rurales les plus pauvres et que la pauvreté augmentait dans les centres urbains.  S’agissant spécifiquement de l’Inde, il a constaté que 28% de sa population vivaient en zone urbaine, mais que ce pourcentage passerait à 40% en 2021.  Dans ce contexte, il a mis en avant l’interdépendance entre régions rurales et urbaines et l’engagement de son pays d’œuvrer pour le développement de tous.  Le Gouvernement indien fait des efforts considérables pour créer des infrastructures rurales et éradiquer la pauvreté par le biais du Schéma de garantie d’emploi rural, a-t-il notamment déclaré.  Il a aussi souligné que le pays s’employait à améliorer les services urbains et à attaquer la pauvreté dans les villes par une intervention étatique directe et la participation de la société civile.  Par ailleurs, il a indiqué que les « Panchayati Raj » -les conseils locaux- constituaient le plus important effort de décentralisation de la gouvernance au monde, conformément à la recommandation du Caire de traiter des questions de population et de développement de manière participative.  Enfin, le représentant a appelé à la mobilisation des ressources, notamment pour lutter contre la pandémie du VIH/sida et en faveur de la santé reproductive et de la planification familiale. 


Mme DARLENE WILLIAMS (États-Unis) a indiqué que la Constitution américaine donne la priorité aux États pour les questions d’intérêt local.  En 2007, il y avait aux États-Unis plus de 89 000 gouvernements locaux, dont plus de 3 000 au niveau des comtés et 1 100 municipalités comptant des populations de plus de 25 000 habitants.  Les gouvernements locaux s’assurent que les règlementations de l’État fédéral ne pèsent pas sur la créativité locale et sur la capacité des municipalités à traiter des problèmes locaux.  Une priorité principale du Gouvernement fédéral en matière de développement urbain est d’encourager la coordination de la planification entre l’État et les gouvernements locaux.  Mme Williams a aussi parlé des programmes pour le développement des communautés et indiqué que les ressources fédérales pouvaient être utilisées de façon souple, afin d’être le plus efficaces possible.  Mme Williams a mentionné en particulier  le Community Development Block Grant Program, administré par le Département du développement urbain et du logement.  Ce programme a permis l’année dernière de créer plus de 50 000 emplois et a fourni une aide à 175 000 foyers.  La représentante a aussi souligné l’importance de la participation citoyenne.


Les États-Unis partagent l’avis présenté dans le rapport du Secrétaire général selon lequel l’urbanisation est un élément crucial du développement, a signalé Mme Williams.  Elle a indiqué que les fonds fédéraux viennent compléter les financements nécessaires là où les ressources sont insuffisantes, citant un programme qui donne des subventions pour l’acquisition de logements et les prêts immobiliers.  Des crédits d’impôt encouragent aussi les entreprises à investir dans des secteurs particuliers.  La représentante a encore précisé que le Gouvernement fédéral cède aux gouvernements locaux les questions relatives à la planification et à la croissance urbaine.  Dans l’élaboration des outils politiques, nous encourageons en outre les partenariats avec la société civile et le secteur privé, a assuré Mme Williams.


M. ANTONIO GOLINI (Italie) a estimé que les villes pouvaient devenir des centres de dynamisme économique renouvelé dans le monde développé.  Il a fait valoir que selon une étude récente menée sur 310 villes européennes,  on pouvait voir que sur 11 des plus grandes villes italiennes, cinq connaissaient un processus de revitalisation et six avaient une croissance constante.  Il a cependant affirmé que l’analyse de ces transformations était approximative en raison des lacunes des statistiques de base.  Par ailleurs, il a noté que selon les estimations des Nations Unies, la population urbaine italienne représentait 68% de la population et pourrait atteindre 81% d’ici à 2050.  Il a expliqué que cela était principalement dû à une augmentation de la population dans les agglomérations urbaines de moins de 500 000 habitants.  Outre la population qui vit dans les zones urbaines, il a mis l’accent sur les zones urbaines informelles, telles que celles qui existent le long de la côte adriatique ou celles constituées par la région sud-est du Veneto.  De plus, il a rappelé qu’il fallait aussi prendre en compte la part importante de la population qui se rendait souvent dans les villes sans y avoir résidence.  Il a estimé qu’il fallait mieux se préparer à cette nouvelle phase et à ces changements de l’urbanisation.


M. HASSAN AL-MOHOMMADI (Qatar) a indiqué que la population urbaine qatarienne est passée de 50% de la population totale dans les années 50 à 82% aujourd’hui.  L’urbanisation rapide est sans doute un exemple de l’ouverture de notre pays aux autres cultures, a-t-il estimé.  Mais ce phénomène de métropolisation est devenu une difficulté pour Doha qui s’est transformée en une espèce de ville-État, ce qui prive en outre les autres villes de développement.  C’est pourquoi le Qatar a mis au point un plan de développement des autres régions pour limiter les migrations vers sa capitale.  Le représentant a noté que les modes de vie et les valeurs sociales ne se sont pas transformées progressivement, en suivant la croissance urbaine dans tout le pays qui reste régie par trois modes de vie principaux.  Mais pour Doha, il a mentionné la variété considérable des schémas de comportements.  En 2004, le Qatar a mis en place une commission qui a pour mandat de mettre fin à l’hégémonie absolue de Doha dont la population représentera 55% de la population totale du Qatar sous peu.  Nous encourageons les personnes à s’installer ailleurs que dans cette ville, a-t-il indiqué.  Enfin, le représentant a précisé que le Qatar s’emploie à rationaliser l’utilisation de ses ressources naturelles.


Constatant la croissance de l’urbanisation au niveau mondial, M. PRASAD KARIYAWASAM (Sri Lanka) a toutefois noté les rythmes et les schémas différents de ce phénomène selon les pays.  Il a fait valoir qu’au Sri Lanka, plus de 10% de la population immigraient à l’étranger pour travailler et que les limites entre migrations internes et migrations internationales étaient floues.  Il a aussi insisté sur l’importance de mieux comprendre ces mouvements et admis qu’il n’y avait pas encore eu d’étude sur ce phénomène dans le pays pour en comprendre notamment les flux et les raisons.  Le représentant a rappelé que son pays avait atteint le groupe des États à revenu moyen récemment et qu’en conséquence, le rythme de l’urbanisation avait été lent ces deux dernières décennies.  Il a affirmé que le Gouvernement avait mis en place des initiatives de développement rural et de développement d’infrastructures nationales.  Il a aussi indiqué qu’on s’attendait à ce que l’urbanisation s’accélère dans le pays dans les années à venir en raison d’une croissance économique soutenue.  La population urbaine sri-lankaise pourrait atteindre 42% en 2030, a-t-il précisé.  Il a  déclaré que le défi pour les pays en développement était de trouver les ressources suffisantes pour traiter des priorités urgentes découlant de l’urbanisation rapide et des tendances migratoires tout en soutenant adéquatement les besoins en matière de développement.  Il a par exemple expliqué que dans son pays les régions connaissaient une mobilisation des ressources inégale, qui avait résulté en un développement disproportionné des infrastructures, des investissements et des opportunités d’emplois dans certains endroits. 


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.