DÉCISIONS DE L’ECOSOC SUR L’OCTROI DU STATUT CONSULTATIF À UNE ONG CONTESTÉE, AINSI QUE SUR L’INFORMATIQUE, LES COMMISSIONS RÉGIONALES, LE TABAGISME ET LA GÉNÉTIQUE
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Conseil économique et social
Session de fond 2008
38e & 39e séances – matin & après-midi
DÉCISIONS DE L’ECOSOC SUR L’OCTROI DU STATUT CONSULTATIF À UNE ONG CONTESTÉE, AINSI QUE SUR L’INFORMATIQUE, LES COMMISSIONS RÉGIONALES, LE TABAGISME ET LA GÉNÉTIQUE
Le Conseil entend le Ministre du plan et de la coopération de la Guinée et tient une table ronde sur ses relations avec la Commission de consolidation de la paix
Le Conseil économique et social (ECOSOC) qui, après d’âpres débats, a décidé de ne pas suivre la recommandation de son Comité des organisations non gouvernementales, a octroyé aujourd’hui, par 22 voix pour, 19 voix contre et 10 abstentions, le statut consultatif à la « « Federacion Estatal de Lesbianas, Gays, Transexuales, y Bisexuales »1.
Examinant huit points différents à l’ordre du jour de sa session de fond de 2008, l’ECOSOC a aussi décidé de reconduire, pour un an, le mandat du Groupe de travail à composition non limitée sur l’informatique, en le priant de persévérer dans ses efforts pour assurer le relais entre les besoins en évolution des États Membres et les activités du Secrétariat. Le Conseil invite aussi le Groupe à se pencher sur ce que pourraient être son rôle, son statut et son mandat dans le futur2.
Le Conseil économique et social a, par ailleurs, approuvé la résolution de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) sur la restructuration de son appareil de conférence, l’admission du Soudan en tant que membre de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), et la décision de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CESALP) de tenir sa trente-troisième session au Brésil en 20103.
L’ECOSOC a également prié l’Assemblée générale d’examiner, à sa soixante-troisième session, les recommandations énoncées dans la résolution 2006/42 du 27 juillet 2006 sur l’interdiction de fumer dans les locaux des Nations Unies4. La décision a été adoptée après un débat auquel ont participé les représentants de l’Argentine, de l’Uruguay, de la Suisse et de la Norvège, qui commentaient le rapport des travaux de l’Équipe spéciale interorganisations de lutte contre le tabac, présenté par le Directeur de l’Initiative pour un monde sans tabac de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les membres du Conseil ont enfin demandé au Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) de consulter les entités compétentes des Nations Unies au sujet de l’application et du suivi des textes adoptés sur la confidentialité des données génétiques, la non-discrimination et l’éventualité de créer un dispositif de coordination interinstitutions5. Le rapport pertinent a été présenté par le Directeur du Bureau d’appui à l’ECOSOC, avant que le représentant de l’UNESCO ne fasse une déclaration.
S’agissant de la suite à donner à la Conférence internationale sur le financement du développement, tenue à Monterrey au Mexique, en juin 2002, le Conseil a entendu une déclaration du Ministre du plan et de la coopération de la Guinée, venu présenter la « feuille de route » dont s’est doté son pays pour assurer la présidence, de mai à décembre 2008, du Groupe pilote sur les contributions de solidarité en faveur du développement. Intervenant sur la même question, le représentant du Mexique a présenté un projet de résolution sur le rôle joué par le Conseil dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey6.
Le Conseil a été saisi d’autres projets de texte. Il a ouvert le point relatif au Programme à long terme d’aide à Haïti pour permettre au Canada de présenter un projet de résolution sur le Groupe consultatif ad hoc sur Haïti7. Le rapport du Groupe, qui a suscité une déclaration de la France, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a été présenté par son Président. Un autre projet de résolution portant sur l’appui des institutions spécialisées et des organisations internationales à l’accession à l’indépendance a été présenté par la représentante de Cuba, qui a aussi fait une déclaration, au nom du Comité spécial sur la décolonisation8.
Pendant que le Conseil de sécurité tenait un débat sur le processus de paix au Moyen-Orient, l’ECOSOC s’est penché sur les répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien. Le Conseil a, à cet égard, entendu les déclarations de la République arabe syrienne, de la Mission d’observation de la Palestine, de la Malaisie, de l’Indonésie, du Soudan, de l’Algérie et d’Israël, qui se sont exprimés après que le Chef du Bureau des commissions régionales à New York et la Chef de Cabinet du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient ont présenté les rapports pertinents.
L’ECOSOC a aussi entendu la Chef de Bureau de l’Institut de recherche et de formation (UNITAR) présenter le rapport sur l’application de la résolution 62/210 de l’Assemblée générale. La table ronde sur « le Conseil économique et social et la Commission de consolidation de la paix (CCP) » a été ouverte par la présentation du rapport sur les « Groupes consultatifs spéciaux pour les pays africains qui sortent d’un conflit ».
Après avoir rendu compte du rapport, le Président du Groupe consultatif ad hoc sur la Guinée-Bissau et Représentant permanent de l’Afrique du Sud a, dans le cadre de la table ronde, appelé l’ECOSOC, compte tenu de son poids politique, à ne pas abandonner ses prérogatives dans l’aide aux pays sortant d’un conflit. La CCP a davantage de fonds et de publicité, a-t-il reconnu, tout en craignant qu’elle se concentre plus sur le poids de certains de ses membres au lieu de donner toute son attention à la contribution qu’elle doit apporter au relèvement des pays sortant de période de conflits.
La Commission de consolidation de la paix, a-t-il concédé, deviendra sans doute une grande institution, mais elle a perdu trop d’énergie à « réinventer la roue ». À ce jour, a conclu le représentant sud-africain avant de céder la parole à la représentante du Brésil et membre de la CCP, l’ECOSOC est l’organe le mieux placé pour s’occuper des pays émergeant de conflits.
(1) E/2008/L.13 et Communiqué de presse (ECOSOC/6366)
(2) E/2008/L.18
(3) E/2008/15/Add.1 et Add.2
(4) E/2008/L.19
(5) E/2008/L.20
(6) E/2008/L.16
(7) E/2008/L.15
(8) E/2008/L.17
DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DIVERSES
Organisations non gouvernementales (E/2008/32 (Part I))
Décisions sur les projets de décision et explications de position
L’ECOSOC a rejeté par 22 voix contre, 20 voix pour et 8 abstentions le projet de décision E/2800/L.13 du Comité des ONG de ne pas octroyer le statut consultatif à l’ONG « Federacion Estatal de Lesbianas, Gays, Transexuales, y Bisexuales ». Le Conseil a ensuite adopté par 22 voix pour, 19 voix contre et 10 abstentions le projet de décision présenté par la France visant à accorder le statut consultatif à l’ONG.
Commentant le travail de l’ECOSOC hier, M. RAJANUSHIRWAN (Malaisie) s’est dit favorable à la motion proposée par l’Arabie saoudite car la crédibilité de l’ECOSOC exige qu’il tienne compte des préoccupations exprimées par toutes les délégations. Il a dit comprendre les préoccupations de la Nouvelle-Zélande touchant les conséquences d’une telle décision sur l’action future de l’ECOSOC. Il a donc encouragé le Bureau à se pencher sur les moyens de faire en sorte que la décision prise hier n’affecte pas le travail du Conseil.
M. FRANÇOIS VANDEVILLE (France) s’est dit profondément étonné de l’application, qui a été faite hier, de l’article 57 du Règlement intérieur, qui prévoit un recomptage des voix et non une réouverture de l’examen du point contesté. Nous ouvrons un précédent qui peut être dommageable pour l’avenir des travaux de l’ECOSOC, a-t-il prévenu.
Tenons-nous aux indications données par le Président, qui sont d’expliquer notre vote sur le projet de décision du Comité des ONG, a insisté M. IDRESS SAEED(Soudan).
Reprenant la parole pour expliquer son vote, Le représentant de la France a annoncé qu’il avait voté contre le projet de décision du Comité des ONG car il s’agit d’un texte discriminatoire. Ce n’est pas la première fois, a-t-il rappelé, que l’ECOSOC revient sur une décision du Comité.
Mme SALIMA ABDELHAK (Algérie) a annoncé son vote en faveur du projet de décision du Comité des ONG, en rappelant que les décisions de ce Comité sont prises après un examen minutieux mené par 19 États Membres élus par l’ECOSOC. Les procédures ont été respectées et c’est un processus transparent et démocratique qui a été suivi, a-t-elle souligné. Révoquer la décision du Comité équivaudrait à défier un organe subsidiaire qui a pourtant rempli son mandat. La position de l’Algérie, a-t-elle précisé, n’a rien à voir avec la nature de l’ONG concernée.
Après le rejet du projet de décision du Comité des ONG, M. IÑIGO DE PALACIO ESPAÑA (Espagne) a remercié les membres du Comité qui ont voté contre, ce qui permet d’examiner la requête présentée par l’ONG concernée, qui est espagnole. Il s’est dit surpris de la réaction qu’a provoquée cette requête. Je n’ai entendu, a-t-il dit, aucune raison valable évoquée face au dossier d’une ONG dont le travail est bien connu et respecté par d’autres ONG à travers le monde. Tout ce qu’elle veut, c’est continuer à défendre des personnes qui sont égales aux autres êtres humains. Le représentant a donc appelé les membres du Conseil à comprendre que l’ONG a présenté une réponse appropriée à toutes les questions posées et qu’elle est donc habilitée à obtenir le statut consultatif auprès de l’ECOSOC.
Le représentant du Soudan s’est dit perplexe de voir le Conseil refuser de totalement réexaminer une décision prise par un de ses organes subsidiaires, en disant craindre qu’il ne soit réduit à un rôle de caisse d’enregistrement.
Au nom de l’Union européenne, M. DELACROIX (France) a jugé important que les ONG dotées du statut consultatif auprès de l’ECOSOC reflètent la gamme d’opinions la plus large possible. Il s’est dit convaincu que l’ONG à l’examen remplit tous les critères prévus par la résolution 96/31. La majeure partie du travail accompli par cette ONG appuie les activités des Nations Unies, a-t-il insisté. Les décisions du Comité des ONG ne sauraient être fondées sur la discrimination, a-t-il ajouté, avant d’appeler les membres de l’ECOSOC à se prononcer en faveur du projet présenté par son pays.
Contraint de retirer le projet de décision E/2008/L.14, qu’il avait présenté hier sur la réouverture de l’examen de la demande de statut consultatif soumise par l’ONG « Human Rights Foundation », M. ROBERT HAGEN (États-Unis) a estimé que ce qui s’est produit hier « est un subterfuge bien organisé qui avait déjà été utilisé dans les années 1960 contre une personne qui avait tout simplement refusé de se laisser bâillonner ». Il a déploré que le Comité des ONG et l’ECOSOC n’aient pas eu la possibilité de voir la vérité de cet homme et le travail qu’il mène. Ce travail représentant une vérité que de nombreuses personnes respectent de par le monde. C’est avec un grand regret que les États-Unis retirent le texte de leur projet de décision, a conclu le représentant.
Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies
Coopération régionale
Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et de la population arabe du Golan syrien occupé
Au nom du Comité des Vingt-Quatre, Mme CLAUDIA PÉREZÁLVAREZ (Cuba) a souligné que les territoires non autonomes peuvent tirer de réels avantages de l’appui que les Nations Unies leur apportent dans leurs efforts pour parvenir à l’indépendance. S’agissant de l’application de la Déclaration d’indépendance (A/63/61), elle a dit que le Comité des Vingt-Quatre s’efforce de favoriser le bien-être des populations et de contribuer aux progrès socioéconomiques afin d’accélérer le processus de décolonisation. Pour ces raisons, Cuba présente un projet de résolution, a-t-elle indiqué. La représentante a ensuite attiré l’attention sur les rapports dont est saisi l’ECOSOC.
M. AMR NOUR, Chef du Bureau des commissions régionales à New York, a présenté le rapport sur la coopération régionale E/2008/15. Ce document donne une vue des progrès accomplis et des lacunes existant dans la mise en œuvre d’un certain nombre de projets dont le but final est de gommer les disparités dans la région. Le rapport fait état des questions relatives au financement du développement. Un certain nombre d’insuffisances ont là aussi été signalées, a dit M. Nour. Les commissions ont tenu des consultations régionales entre avril et juin 2008, dont le résultat a été communiqué au Président de l’Assemblée générale afin d’être transmis à tous les États Membres, a-t-il indiqué. La seconde partie du rapport fait état des efforts déployés par les commissions pour renforcer les efforts interagences en vertu de ce mécanisme. Au cours de la période en question, trois commissions régionales ont tenu des réunions, dont l’une a été présidée par le Secrétaire général pour renforcer la mise en œuvre des mécanismes. Le rapport contient enfin trois résolutions qui exigent une action de l’ECOSOC.
M. MARAT BERDYEV (Fédération de Russie) a estimé que les commissions régionales sont un mécanisme essentiel de coopération économique entre les États dans des domaines essentiels. Comme ces commissions ont beaucoup de compétences et d’expérience, elles jouent un rôle irremplaçable pour déterminer les règles à respecter, notamment dans le domaine des transports, des normes de qualité en matière agricole, et dans celui de l’harmonisation des procédures commerciales. Il faut continuer à fournir à ces commissions les ressources nécessaires à leur travail, a insisté le représentant, en insistant sur le fait que la Commission économique pour l’Europe (CEE) doit pouvoir poursuivre l’activité utile et indispensable qu’elle mène et qui apporte une aide technique aux pays qui en ont besoin. Il s’est félicité du dialogue que l’ECOSOC a tenu avec les chefs des commissions, ces dernières devant rester des lieux de décisions neutres et non politisées. Il a annoncé une contribution de financement volontaire que la Fédération fera pour un montant de 1,2 million de dollars.
M. ALEKSANDR STRIGELSKY (Bélarus) a expliqué que l’un des facteurs les plus importants de la coopération régionale était l’énergie, et que son pays était impliqué dans la recherche de nouvelles technologies énergétiques respectueuses de l’environnement. Pour le Bélarus, dont le territoire est enclavé et privé d’accès à la mer, le développement des communications terrestres eurasiatiques est crucial, a dit le représentant. Il a donc encouragé les commissions régionales à relever ces défis.
Le représentant des États-Unis a demandé une harmonisation des termes employés par les commissions régionales.
M. AMR NOUR, Chef du Bureau des commissions régionales à New York, a également présenté le rapport A/63/74-E/2008/13 portant sur la question mentionnée plus haut. Il a notamment indiqué que 25% des Palestiniens qui vivent à Jérusalem-Est sont coupés des services de santé. Les clôtures imposées par Israël leur posent de graves problèmes et rendent le commerce d’exportation impossible. Environ 15% de la population de Gaza ne reçoivent de l’eau qu’une ou deux heures par jour, et les services de base sont insuffisants. Les indicateurs socioéconomiques continuent de dénoter des problèmes dans les territoires, où le taux de pauvreté atteint 56,8%. M. Nour a notamment fait état de la situation des nombreuses femmes enceintes qui n’ont pu avoir accès aux soins nécessaires. La population arabe du Golan syrien occupé connaît également des restrictions de plus en plus importantes dans l’utilisation des terres et l’accès aux ressources naturelles en raison de l’occupation israélienne, a-t-il souligné. Selon le Secrétaire général, seul un règlement politique peut mettre fin à cette situation, a conclu le responsable.
Mme LYNN HASTINGS, Chef de Cabinet du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix, a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’assistance au peuple palestinien (A/63/75-E/2008/52). D’après ce document, l’occupation israélienne du territoire palestinien ne cesse d’aggraver la situation socioéconomique des peuples palestinien et syrien. Les attaques des activistes palestiniens et les tirs de roquettes sur les villes israéliennes depuis la bande de Gaza se poursuivent, tout comme les opérations militaires israéliennes, qui ont lieu de concert avec l’imposition de mesures de détention arbitraire, l’usage disproportionné de la force, la démolition des habitations, les considérables restrictions à la liberté de circulation et la politique de bouclage du Territoire palestinien occupé, a fait observer Mme Hastings.
Toutefois, la violence entre Palestiniens et Israéliens a diminué en 2007 tandis que s’intensifiait la violence entre Palestiniens, qui a abouti à la prise du pouvoir dans la bande de Gaza par le Hamas en juin 2007, a rappelé Mme Hastings. Par ailleurs, le conflit interne dans le Territoire palestinien occupé a exacerbé les difficultés, est-il indiqué dans le rapport. Après la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, Israël a imposé de nouvelles restrictions sur la circulation des biens et des personnes dans la bande de Gaza, d’où la détérioration de la situation et les pénuries de produits de base, dont les denrées alimentaires, l’électricité et le carburant. Les restrictions accrues concernant le déroulement des opérations des organismes humanitaires ont entravé la fourniture de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.
Le rapport met aussi en exergue le fait que la politique de bouclage pratiquée par Israël, qui limite l’accès des Palestiniens aux services de santé et d’éducation, à l’emploi, aux marchés et aux réseaux d’organisations sociales et religieuses, a pour effet d’accroître la pauvreté et les besoins humanitaires dans le Territoire palestinien occupé. L’implantation de colonies de peuplement israéliennes, la confiscation des terres et la construction d’une barrière en Cisjordanie, ceci en violation de la Convention de Genève et d’autres normes du droit international, isolent Jérusalem-Est occupée, divisent en deux la Cisjordanie et compromettent toute vie économique et sociale normale. En violation des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, Israël continue d’occuper le Golan syrien, d’y étendre des colonies de peuplement et d’imposer des restrictions aux citoyens syriens qui y habitent, souligne le rapport.
Dans son message du 19 février 2008 au Séminaire de l’Organisation des Nations Unies sur l’assistance au peuple palestinien, le Secrétaire général a réaffirmé la position des Nations Unies selon laquelle seul un règlement politique permanent, qui mette fin à l’occupation et qui donne aux Palestiniens leur indépendance, pourra fondamentalement régler les problèmes économiques et humanitaires du peuple palestinien. Mme Hastings a rappelé que les principaux ingrédients d’une ouverture étaient en place, signalant les négociations bilatérales et l’appui des donateurs. Enfin, le Secrétaire général a estimé qu’en faisant montre de sagesse, de réalisme et de courage politique savamment dosés, des progrès historiques sur la voie de la vision de deux États, Israël et Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, pourraient être accomplis.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a attiré l’attention sur le fait que les souffrances du peuple palestinien continuent de croître alors que se multiplient les textes en faveur de leurs droits aux Nations Unies. Israël doit réaliser, a-t-il dit, que l’occupation est appelée tôt ou tard à cesser parce qu’elle est condamnée par tous les pays du monde. Accusant les Forces de défense israéliennes de commettre des crimes contre l’humanité, il a espéré que les instances pertinentes se saisiront de cette question dans un avenir proche. Le siège qui est imposé par Israël aux populations palestiniennes a des conséquences humanitaires graves, a-t-il poursuivi, en dénonçant la poursuite de la politique illégale d’implantation de colonies de peuplement qui engloutit plus de 38% de la superficie de la Cisjordanie.
Israël continue de construire des colonies dans le Golan syrien occupé, et de refuser que les organisations internationales rendent visite aux prisonniers syriens dans ses prisons. Les mines antipersonnel posées par Israël ont entraîné la mort de 17 enfants syriens, a encore dit le représentant, en accusant aussi Israël de déposer des déchets radioactifs dans le Golan syrien occupé. L’ECOSOC doit veiller à ce que les discussions ne se limitent pas à un simple exercice oratoire, a demandé le représentant. Il a appelé la Présidence du Conseil à exhorter le Secrétariat de l’ONU à tirer parti de ce rapport annuel. Il a jugé inacceptable que certains pays s’opposent à la mise à jour de ces faits alors que dans le même temps, ils font des déclarations « de pure façade » dans les instances internationales des droits de l’homme.
Mme NADYA RIFAAT RASHEED, Observatrice de la Palestine, a voulu que l’on examine l’effet cumulé des pratiques israéliennes sur la jeunesse palestinienne et sur l’avenir des Palestiniens. Cela fait 41 ans que ces pratiques sont menées en toute impunité, a-t-elle dénoncé. La construction du mur et le démantèlement de tous les lieux de population environnants sont menés en violation de l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ). Aujourd’hui 79% de la population sont directement touchés par un mur qui les isole et transforme leur habitat en ghetto. La puissance occupante occupe les terres illégalement et accapare toutes les ressources, dont les nappes phréatiques, qui ne sont réservées qu’aux Israéliens. Ce « régime d’apartheid », a encore dénoncé l’observatrice, empêche les Palestiniens de se rendre dans leurs lieux de travail ou dans un centre de santé. La Banque mondiale n’a d’ailleurs pas hésité à dire que la politique israélienne est la première cause des mauvaises performances du produit intérieur brut (PIB) palestinien, le niveau duquel a baissé de 40%. La communauté internationale se doit de défendre les principes d’humanité, a exhorté l’observatrice de la Palestine. L’occupation est un véritable affront à ces principes, a-t-elle conclu.
Le représentant de la Malaisie a reconnu l’importance des faits récents, qui pourraient contribuer au processus de paix au Moyen-Orient. Il n’a toutefois constaté aucun progrès dans d’autres domaines. La poursuite de la construction du mur est un des faits inquiétants à relever, a-t-il noté. Le régime de fermeture interne et externe imposé au Territoire palestinien occupé entrave les activités normales de la population, a-t-il souligné. Le nombre croissant de colons israéliens est aussi un obstacle au développement socioéconomique des Palestiniens. L’ECOSOC, a invité le représentant, doit faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses pratiques illégales. La seule façon de réaliser des progrès, c’est d’arriver à un règlement global qui mettrait un terme à l’occupation illégale, en se fondant sur les principes de la terre contre la paix et sur les accords passés entre Israël et l’Autorité palestinienne. L’ECOSOC doit tout faire pour réaliser la vision de deux États vivant côte à côte, a insisté le représentant.
Mme ARTAULI TOBING (Indonésie) s’est déclarée préoccupée par le fait qu’Israël continue à ignorer les résolutions des Nations Unies. Pendant ce temps, les conditions de vie des Palestiniens continuent de se détériorer alors que l’acheminement de l’aide humanitaire continue d’être compromis. Les restrictions imposées par Israël ont créé les conditions d’une véritable famine. Dénonçant aussi l’impact négatif des tensions entre les Palestiniens, la représentante a souligné l’engagement profond des pays d’Asie-Pacifique en faveur du peuple palestinien. Elle a aussi déploré la situation dans le Golan syrien occupé, qui subit une occupation illégale dénoncée par toutes les résolutions de l’ONU. Israël doit renoncer à ses politiques s’il veut faire naître la confiance, car la paix au Moyen-Orient n’aura une chance que si elle se fait sur la base d’un changement radical des politiques israéliennes et sur le strict respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.
Le représentant du Soudan a pris note du rapport du Secrétaire général sur les répercussions de l’occupation israélienne sur les conditions de vie des Palestiniens dans les territoires occupés. L’ECOSOC se réunit dans un contexte marqué par la détérioration de la situation dans les territoires occupés. L’occupation israélienne recourt à des pratiques qui sont des violations des Conventions de Genève et du droit international, a-t-il lancé. En outre, des restrictions empêchent les civils de se déplacer librement. Le mur de séparation, dont la construction se poursuit, est un véritable drame pour le peuple palestinien. Malgré les protestations de la communauté internationale, c’est un véritable châtiment collectif qui est imposé au peuple palestinien par Israël, a accusé le représentant. Cette occupation est la seule raison de la souffrance du peuple palestinien, a-t-il conclu.
M. NOR-EDDINE BENFREHA (Algérie) a exprimé ses préoccupations devant la poursuite de l’occupation israélienne, qui continue d’aggraver la situation économique du peuple palestinien dans les territoires arabes occupés. Dans ce contexte, le rapport appelle notre attention sur l’expansion des colonies israéliennes au Golan syrien occupé. Outre ses effets humanitaires majeurs, l’occupation participe de la destruction des infrastructures palestiniennes, a poursuivi le représentant. Israël persiste aussi dans ses politiques de restriction de la liberté de mouvements des populations civiles et dans l’exploitation des ressources naturelles au profit des colonies de peuplement. Au-delà de son impact sur l’intégrité territoriale des territoires arabes, le mur de séparation est contraire à toutes les normes du droit international, a souligné le représentant. L’empêchement, par la puissance occupante, pour les populations syriennes de jouir de leurs droits fondamentaux est une violation du droit international, a-t-il ajouté.
M. ILAN FLUSS (Israël) a regretté les éléments de certaines des déclarations faites aujourd’hui. Il a dit sa déception quant au fait que ce point à l’ordre du jour est examiné à l’ECOSOC pour des raisons manifestement politiques, alors que d’autres situations comparables ne le sont pas dans cette enceinte. En faisant porter à Israël tous les torts, on ne pourra pas avancer, a-t-il prévenu. Les attaques perpétrées par les militants palestiniens, ainsi que la situation interne à Gaza, sont autant de facteurs importants qui doivent être pris en compte. Ce matin encore, un palestinien a essayé d’attaquer des civils israéliens en leur rentrant dedans aux commandes d’un bulldozer. Israël espère voir une situation économique florissante dans les territoires occupés, a dit le représentant. Nous essayons d’œuvrer avec les autorités palestiniennes pour trouver une solution susceptible de résoudre les situations économiques et humanitaires prévalant dans les territoires, a affirmé le représentant d’Israël.
Application et suivi des recommandations issues des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies: Suite donnée à la Conférence internationale sur le financement du développement (A/63/80-E/2008/67)
M. DJIGUI CAMARA, Ministre du plan et de la coopération de la Guinée, a rappelé que son pays présidera le Groupe pilote sur les contributions de solidarité en faveur du développement, de mai à décembre 2008. Cette présidence visera d’une part à consolider les actions entreprises par la présidence sénégalaise sortante, et à poursuivre, d’autre part, la mise en œuvre de l’Agenda politique de Doha, grâce à une plate-forme commune démontrant la pertinence, la faisabilité et la viabilité des financements innovants comme alternative complémentaire à l’aide publique au développement, a dit le Ministre. Ainsi, durant son mandat, la présidence guinéenne portera sur les axes suivants: l’examen et l’adoption de la convention de création du fonds mondial de solidarité numérique prévue en novembre 2008 en France, l’élargissement du Groupe pilote de haut niveau de la sous-région au niveau de l’Afrique au sud du Sahara et des autres régions du monde, l’adhésion définitive des pays observateurs, l’inscription de la question des financements innovants et des travaux du Groupe pilote dans les négociations bilatérales de la Guinée avec les pays et institutions d’aide au développement.
Quant à la poursuite de la mise en œuvre de l’Agenda politique de Doha, la présidence guinéenne œuvrera en faveur de la finalisation de la plate-forme commune du Groupe pilote en menant une campagne de sensibilisation sur les activités du Groupe pilote et sur les financements innovants pour porter le message du Groupe aux différentes enceintes de l’Agenda politique de Doha. Elle s’attellera également à intégrer, dans la plate-forme, les éléments pertinents de l’Agenda politique de Doha en vue d’en faire un document percutant, complet et crédible. Elle développera à cet égard des relations étroites avec le Bureau du Conseiller du Secrétaire général des Nations Unies chargé des financements innovants et le Département des affaires économiques et sociales (DESA), a poursuivi le Ministre. Il a également indiqué que la Guinée encouragerait la mise en place de partenariats pour la réalisation des activités du Groupe pilote concernant en particulier les flux illicites et les envois de fonds migrants, respectivement avec la Norvège, l’Espagne, le Maroc et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions
-- Coopération internationale dans le domaine de l’informatique (E/2008/65)
-- Le tabac et la santé
M. DOUGLAS WILLIAM BETTCHER, Directeur de l’Initiative pour un monde sans tabac de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a présenté le rapport du Secrétaire général sur les travaux de l’Équipe spéciale interorganisations de lutte contre le tabac (E/2008/59). Ce rapport propose une analyse des problèmes posés par le tabagisme, fondée sur des données récentes figurant dans le rapport que l’Organisation mondiale de la santé a consacré à l’épidémie mondiale de tabagisme, à paraître en 2008. M. Bettecher a recommandé à l’ECOSOC de réglementer très strictement l’exposition à la fumée secondaire afin de protéger la santé des travailleurs. L’Équipe spéciale recommande que l’ensemble des Nations Unies s’engage fermement sur cette question et adopte une résolution sur l’interdiction de fumer dans les locaux de l’ONU, comme l’a recommandé le Conseil économique et social dans sa résolution 2006/42.
Elle propose donc que les États qui sont membres de celui-ci renouvellent sa recommandation à l’Assemblée générale, à sa prochaine session de fond de 2008, d’envisager d’interdire totalement de fumer dans tous les locaux de l’ONU et d’y proscrire la vente de produits du tabac. L’Équipe spéciale préconise en outre que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et les institutions spécialisées, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), collaborent à l’élaboration par l’OMS d’une stratégie à recommander pour inclure la lutte antitabac dans les plans de développement.
Enfin, a ajouté M. Bettecher, l’activité de l’industrie du tabac étant totalement incompatible avec le principe de la responsabilité sociale des entreprises, il est regrettable que des fabricants de tabac soient parvenus à adhérer au Pacte mondial, qui est une importante initiative de promotion de l’entreprise citoyenne, car cela risque d’être perçu comme une latitude donnée aux fabricants de promouvoir leurs activités et de se présenter comme des entreprises socialement responsables. C’est pourquoi l’Équipe spéciale recommande donc que l’OMS et le Pacte mondial collaborent plus étroitement pour que l’OMS continue de surveiller les activités de l’industrie. Cela pourrait influencer l’examen des conditions de participation des entreprises au Pacte.
M. GUSTAVO ALVAREZ (Uruguay) a déclaré qu’il est fondamental que l’Assemblée générale se prononce sur cette question lors de sa prochaine session « afin que nous ayons une Organisation totalement libérée du tabac ».
M. DIEGO LIMERES (Argentine) a déclaré que le Gouvernement argentin appuyait la fin de la consommation de tabac dans les locaux des Nations Unies. Nous devons donner l’exemple en interdisant la consommation de tabac au sein du Secrétariat, a-t-il dit.
Mme NADA ISLER (Suisse) a espéré que l’Assemblée générale saurait prendre des mesures pour interdire que l’on fume dans les locaux des Nations Unies.
M. DANIEL HIRSCH (Norvège) a soutenu les recommandations qui figurent dans le projet de décision dont est saisi l’ECOSOC et s’est réjoui d’apprendre que ce point figurerait à l’ordre du jour de l’Assemblée générale au cours de sa prochaine session.
Le représentant du Groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) a rappelé qu’il y avait un consensus très large sur la nécessité d’interdire la consommation de tabac et de cigarettes à l’ONU. Il ne s’agit pas d’interdire de fumer aux fonctionnaires qui le souhaitent, mais seulement de veiller à ce que les bâtiments des Nations Unies soient libérés des effets néfastes du tabac, a-t-il précisé.
Questions sociales et questions relatives aux droits de l’homme: confidentialité des données génétiques et non-discrimination
M. NIKHIL SETH, Directeur du Bureau de l’appui au Conseil économique et social et de la coordination au Département des affaires économiques et sociales, a présenté le rapport sur la confidentialité des données génétiques et la non-discrimination (E/2008/51). Ce document contient les observations des États Membres et des organismes des Nations Unies sur la question de savoir quelles seraient les instances les plus qualifiées pour examiner la question de la confidentialité des données génétiques et de la non-discrimination.
La question de la confidentialité des données génétiques et de la non-discrimination a été inscrite à l’ordre du jour du Conseil économique et social tous les trois ans depuis 2001, a rappelé M. Seth. Au cours de ces années, les organismes des Nations Unies, en particulier l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), ont mené une action importante dans ce domaine. Il ressort des réponses des États Membres que plusieurs organismes des Nations Unies plutôt qu’un seul devraient continuer à s’occuper de cette importante question. Bien que l’UNESCO joue un rôle crucial à cet égard, d’autres organismes des Nations Unies, comme l’Organisation mondiale de la santé et le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, devraient eux aussi apporter leur contribution à l’action internationale menée dans ce domaine, a dit M. Seth. En conséquence, a souligné le Directeur, l’ECOSOC pourrait inviter le Directeur général de l’UNESCO à consulter les autres organismes des Nations Unies sur le suivi et la mise en œuvre des résolutions 2001/39 et 2004/9 du Conseil et sur celui des déclarations adoptées par l’UNESCO; et à créer un dispositif de coordination interinstitutions qui pourrait être un groupe de travail spécial interinstitutions sur les données génétiques et la non-discrimination.
M. BORIS FALATAR, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, a réitéré l’intérêt de l’UNESCO pour la question. Toute révolution scientifique, a-t-il dit, entraîne des questions sociales et éthiques. La révolution génétique a suscité un débat visant à concilier les progrès et les valeurs humaines fondamentales. Dans le cadre de sa fonction normative, a rappelé le représentant, l’UNESCO a adopté La Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme, la Déclaration internationale sur les données génétiques humaines et la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme. Ces Déclarations, a-t-il souligné, sont les seuls cadres de référence reconnus et approuvés par les États Membres. Compte tenu du fait que la génétique et ses applications ont des incidences dans bien des domaines, un forum unique ne pourra pas, à lui seul, traiter de toutes les questions. Les rôles revenant à chacune des organisations du système de l’ONU restent donc pertinents dans leur domaine de compétence. Toutefois, toutes les activités doivent se fonder sur les principes éthiques énoncés dans les trois Déclarations adoptées par l’UNESCO.
Institut de recherche et de formation des Nations Unies
Mme COLLEEN THOUEZ, Chef du Bureau de l’Institut de recherche et de formation des Nations Unies (UNITAR) à New York, a présenté le rapport du Secrétaire général (E/2008/72) sur cet Institut. Il porte essentiellement sur les incidences financières des prévisions de dépenses des activités de formation de base de l’UNITAR, c’est-à-dire ses activités de formation de base dans le domaine de la diplomatie, par opposition aux activités de formation et de renforcement des capacités menées par l’Institut dans d’autres domaines. Grâce à cette formation, les diplomates en poste dans les principaux lieux d’implantation de l’ONU apprennent à assurer leurs fonctions avec efficacité dans un contexte multilatéral, a souligné Mme Thouez.
Il ressort de ce rapport, a-t-elle résumé, que la formation multilatérale à la diplomatie peut et doit continuer à être offerte par l’UNITAR. C’est un aspect essentiel de la réforme souhaitée par l’Assemblée générale. La formation diplomatique de base étant un service universel, les dépenses encourues à ce titre doivent être supportées par l’ensemble des États Membres de l’ONU, a estimé Mme Thouez. Selon elle, leur inscription au budget ordinaire de l’ONU serait une preuve de solidarité avec les efforts de perfectionnement continu et de réforme déployés pour faire de l’ONU une organisation à même de prendre des décisions efficaces et éclairées.
L’élimination des activités de formation de base à la diplomatie réduirait l’efficacité avec laquelle les diplomates, notamment ceux des pays en développement et des pays les moins avancés, assument leurs fonctions multilatérales. C’est pourquoi le Secrétaire général recommande à la Cinquième Commission, comme il l’a fait dans son rapport précédent, d’accorder la priorité au réexamen de la question du financement des activités de formation de base de l’UNITAR au titre du budget ordinaire de l’ONU, a souligné Colleen Thouez. Parallèlement, les États Membres devraient s’engager à accroître leurs contributions à l’Institut, ou à y contribuer à nouveau. En particulier, compte tenu des informations financières fournies dans le présent rapport, M. Ban Ki-moon recommande de verser à l’Institut une subvention annuelle de 600 000 dollars, soit la moitié des dépenses consacrées à la formation de base à la diplomatie, au titre du budget ordinaire de l’ONU.
Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions: programme à long terme d’aide à Haïti
M. JOHN MCNEE, Président du Groupe consultatif ad hoc sur Haïti, a présenté le rapport du Groupe (E/2008/90), qui rend compte des questions clefs touchant au développement à long terme d’Haïti, à savoir la planification du développement et la coordination de l’aide, le renforcement des capacités institutionnelles, et les moteurs du développement économique et social. Il fournit également des informations sur la crise alimentaire que vit Haïti depuis plusieurs mois et qui a provoqué la destitution du Gouvernement et un vide politique, ainsi que sur les mesures à prendre pour venir à bout de cette crise, a indiqué M. McNee. À cet égard, le Groupe souligne la nécessité de mettre rapidement en place un gouvernement à Haïti afin d’asseoir la stabilité et de tirer parti des acquis réalisés depuis 2004. En conclusion, indique M. McNee, le Groupe adresse aux autorités haïtiennes, au système des Nations Unies et aux donateurs, des recommandations visant à améliorer la situation économique et sociale du pays et à renforcer l’impact de l’aide au développement, objectifs qui sont plus que jamais d’actualité.
La représentante de l’Union européenne a remercié le Groupe de travail qui permettra d’associer tous les acteurs pertinents dans une stratégie de développement à long terme en faveur d’Haïti. Après avoir déploré les pertes en vies humaines pendant les émeutes d’avril 2008, elle a renouvelé le soutien de l’Union européenne au Président haïtien et a souhaité que la Mission de l’ONU soit maintenue en place sans réduction d’effectifs. Les troubles d’avril dernier ont montré l’importance de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), a insisté la représentante, avant de noter les progrès accomplis en matière de sécurité et s’agissant des réformes de l’Armée et de la Police. Il faut leur ajouter la réforme du système pénitentiaire, a-t-elle estimé, en arguant qu’il s’agit là d’une étape essentielle pour permettre l’émergence d’un État de droit à Haïti. Elle a conclu en se félicitant que le Plan stratégique permettra de transférer les responsabilités internationales aux Haïtiens. En étroite collaboration avec les autres bailleurs de fonds, l’Union européenne continuera de fournir l’aide nécessaire à Haïti, a-t-elle ajouté, en appuyant la prorogation du mandat du Groupe de travail Groupe ad hoc.
Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions: groupes consultatifs spéciaux pour les pays africains qui sortent d’un conflit
M. DUMISANI KUMALO, Président du Groupe consultatif spécial pour la Guinée-Bissau, a présenté le rapport du Groupe consultatif spécial pour la Guinée-Bissau (E/2008/55), qui donne un aperçu général des travaux menés par le Groupe depuis sa création en 2002, en mettant l’accent sur ses principales réalisations et recommandations, et s’achève par des observations relatives à la Guinée-Bissau qui, de l’avis du Groupe, pourraient être utiles à la Commission de consolidation de la paix. Le Groupe recommande qu’il soit mis fin à son mandat à la session de fond du Conseil, indique son Président.
La Guinée-Bissau continue d’être en proie à de graves problèmes, le dernier étant que ces dernières années elle est devenue un point de transit important pour le trafic de stupéfiants, a fait observer M. Kumalo. Ce faisant, a-t-il dit, il est important que la communauté internationale reconnaisse que la crise est révélatrice de l’impuissance à traiter les causes structurelles du conflit, qui ont leur origine dans une grande mesure dans la pauvreté largement répandue dans le pays. À court terme, la communauté internationale peut apporter son soutien au pays en lui fournissant un montant prévisible et suffisant de ressources qui lui permette d’assurer les services de base et le fonctionnement minimal de l’État, a plaidé M. Kumalo. Le versement des sommes annoncées à la Conférence des donateurs pour la Guinée-Bissau en novembre 2006 aiderait le Gouvernement à mettre en œuvre son programme de réformes économiques et à briser le cercle vicieux de l’inefficacité des pouvoirs publics et du désintérêt des bailleurs de fonds, a estimé M. Kumalo.
La Commission de consolidation de la paix voudra peut-être examiner les travaux du Groupe consultatif spécial pour la Guinée-Bissau et tirer parti des enseignements que l’on peut tirer de son expérience. Le Groupe est d’avis qu’il a joué un rôle important, car il a montré comment le développement pouvait renforcer la paix et la sécurité, complétant ainsi l’action menée à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité en faveur de la promotion de l’idée d’une approche intégrée de la consolidation de la paix. Pour M. Kumalo, le Groupe estime que le Conseil économique et social a encore un rôle important à assumer et, pour cette raison, recommande, une fois qu’il aura été mis fin au mandat du Groupe, que le Conseil et la Commission de consolidation de la paix envisagent un dispositif institutionnel approprié pour assurer la cohérence et la synergie de leurs activités respectives en faveur du relèvement, de l’intégration et de la reconstruction dans les pays sortant d’un conflit, particulièrement en Afrique.
Table ronde sur le thème « Le Conseil économique et social et la Commission de consolidation de la paix »
Au cours de cette table ronde dont le thème portait sur la nécessité de renforcer les liens entre l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix (CCP), les participants se sont tout particulièrement penchés sur le cas de la Guinée-Bissau. Ce pays en effet fait l’objet, depuis 2002, d’un suivi par un Groupe de consultation ad hoc établi par l’ECOSOC. Le mandat du Groupe consultatif est sur le point d’expirer, mettant fin ainsi à une « importante expérience avant-gardiste », selon les mots du Vice-Président de l’ECOSOC, expérience qui avait été lancée par le Conseil pour appuyer les pays d’Afrique sortant d’un conflit.
Le Groupe consultatif sur la Guinée-Bissau, tout comme celui créé sur la situation au Burundi, et qui a été dissous en 2006, ont joué un rôle pionnier en promouvant la notion d’approche intégrée de la paix et du développement, et un rôle moteur en comblant une lacune existant dans la structure de l’ONU pour ce qui est de l’aide à apporter aux pays qui sortent d’un conflit. C’est pour combler ce vide qu’a en effet été établie la Commission de consolidation de la paix. Depuis la création de la CCP, un certain flou entoure le rôle dévolu au Conseil, a souligné le Vice-Président de l’ECOSOC, et ce malgré les décisions prises par les organes délibérants, dont les résolutions de l’Assemblée générale, dont la 60/180, qui définit la relation institutionnelle entre le Conseil et la Commission, et la 61/16, qui est relative à la réforme du Conseil.
Ce qui apparaît clairement, en revanche, c’est que les pays qui sortent d’un conflit disposent désormais de plusieurs options, y compris à la CCP et au Conseil, lorsqu’ils s’adressent à la communauté internationale pour qu’elle appuie leurs efforts de consolidation de la paix. Cependant, a rappelé M. Hoscheit, notre objectif commun doit être de mobiliser l’ensemble de la structure institutionnelle de l’ONU pour promouvoir le plus large éventail possible de méthodes d’actions et de pratiques de référence en vue de répondre aux besoins complexes et difficiles de ces pays et d’empêcher qu’ils ne retombent dans un conflit. La question qui a été posée aujourd’hui est de savoir comment faire entrer la « dimension développement » dans les travaux de la Commission et prendre en compte les aspects « paix et sécurité » de la consolidation de la paix dans les travaux du Conseil.
Intervenant en premier à l’ouverture de la table ronde, le Président du Groupe consultatif ad hoc sur la Guinée-Bissau et Représentant permanent de l’Afrique du Sud, DUMISANI SHADRACK KUMALO, a appelé l’ECOSOC à ne pas baisser les bras et abandonner ses prérogatives dans la question de l’aide aux pays sortant d’un conflit. En tant qu’organe et institution, a-t-il insisté, l’ECOSOC a un certain poids politique pour pouvoir protéger les pays qui s’efforcent de se relever d’un conflit. Il est très facile, a-t-il dit, dans une critique à la Commission de consolidation de la paix, de parler de la réforme des institutions. Mais la question que pose la situation des pays en période postconflit est bien plus complexe, et l’expertise de l’ECOSOC doit être à cet effet maintenue.
Il est vrai, a reconnu le représentant, que la CCP a davantage de fonds, de visibilité et de publicité, mais on peut craindre qu’elle ne se concentre plus sur le poids de ses propres membres plutôt que sur sa contribution réelle au relèvement des pays. À ce stade, il faut rappeler que les priorités que la CCP établit pour des pays comme la Guinée-Bissau avait déjà été relevées par le Groupe consultatif. Il aurait suffi de lire deux ou trois des nombreux rapports que le Groupe a présentés à l’ECOSOC, a ironisé M. Kumalo.
Ce qu’il faut aujourd’hui à la Guinée-Bissau, c’est un soutien budgétaire et financier et non pas seulement les élections réclamées à cor et à cri par la CCP, lesquelles, loin d’être la panacée que l’on prétend, sont d’ailleurs devenues à bien des égards des « éléments perturbateurs ». La Guinée-Bissau a une population active très bien formée, dont certains membres n’ont pas reçu de salaires depuis deux ans. C’est là le vrai problème. Sans soutien et assistance financière, la Guinée-Bissau ne pourra pas se relever, a poursuivi le représentant, en fustigeant la priorité donnée à des projets dont les financements restent bien souvent bloqués au niveau des Nations Unies sans jamais parvenir dans les pays concernés où sont les vrais besoins.
Des problèmes comme ceux-ci, qui sont bien réels, sont difficiles à aborder au sein de la CCP, a estimé le représentant. Mais, a-t-il insisté, on peut en discuter librement au sein de l’ECOSOC. Il a donc suggéré qu’au moins une fois par an, l’ECOSOC joue son rôle de contrôle des activités lancées en faveur des pays émergeant d’un conflit.
Le Conseil de sécurité lui, se contente de donner des ordres. Alors à qui un pays en situation de postconflit peut-il s’adresser pour une vraie résolution de ses difficultés, sinon à l’ECOSOC? s’est interrogé le représentant, avant de revenir sur la question de l’appui budgétaire.
Les financements sont beaucoup trop imprévisibles. La bureaucratie est trop lourde, a-t-il dénoncé. Quelque chose ne va pas, s’est-il expliqué, lorsqu’on demande à un pays d’atteindre d’abord la stabilité avant de recevoir des financements alors que la stabilité dépend précisément du relèvement socioéconomique.
Le représentant s’est dit convaincu qu’avec le temps, la CCP deviendra une grande institution. Mais en attendant, elle a perdu beaucoup d’énergie à vouloir « réinventer la roue », a estimé M. Kumalo. À ce jour, l’ECOSOC est l’organe le mieux placé pour s’occuper des pays émergeant des conflits, a insisté le représentant en concluant son intervention.
Intervenant après M. Kumalo, M. NIKHIL SETH, Directeur du Bureau de l’appui au Conseil économique et social et de la coordination, a fait une intervention en sa qualité de Chef du service qui assure le secrétariat technique des groupes consultatifs spéciaux du Conseil. Il a notamment préconisé que les différentes commissions de l’ECOSOC apportent une contribution aux travaux du Conseil, comme celle par exemple, chargée du développement social, qui pourrait recommander l’intégration d’une perspective sexospécifique dans les travaux du Conseil. Il a également recommandé de définir les questions lors de consultations officieuses préalables et de mettre en place un mécanisme de coordination.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Présidente du Groupe de la Commission de consolidation de la paix sur la Guinée-Bissau, a déclaré que le Groupe de travail sur la Guinée-Bissau avait largement dépassé ce que l’on attendait de lui, en définissant le concept de pacte, qui est à la base des travaux de la CCP. La consolidation de la paix dans les pays en situation de postconflit dépend avant tout du développement économique et social, ce que le Groupe a souligné dans son rôle de pionnier, a noté Mme Viotti. Elle a affirmé que la Guinée-Bissau devait établir des fondements budgétaires stables de manière à permettre à ce pays de s’autosuffire budgétairement et d’entamer un processus de redressement économique. Si le pays peut bénéficier d’une aide au développement adéquate, il pourrait redevenir l’exportateur de riz qu’il était avant de sombrer dans les conflits. En outre, il faut résoudre d’énormes problèmes d’infrastructures, la capacité électrique totale du pays étant de 2,5 mégawatts, soit moins que ce que la quantité d’énergie électrique consommée par le bâtiment du Secrétariat de l’ONU. Mme Viotti a également souligné que le fardeau de la dette était énorme pour le Gouvernement de Guinée-Bissau. Dans le cadre du plan opérationnel de lutte contre les stupéfiants, des efforts ont été déployés pour protéger les frontières, a-t-elle ajouté. Il faut créer des emplois, à destination des jeunes en particulier, pour éviter qu’ils soient trop nombreux à s’adonner au trafic de stupéfiants. La réintégration des anciens combattants doit également faire l’objet d’un plan à part entière, assorti d’un régime de retraites, a poursuivi la Présidente. Nous sommes d’accord avec le fait que l’ECOSOC doit jouer un rôle très important de supervision. Aussi devrions-nous réfléchir à l’établissement d’un mécanisme pour coordonner les actions que pourraient prendre, conjointement, le Conseil et la CCP, a dit la représentante.
M. JOÃO MANUEL GUERRA SALGUEIRO (Portugal) a pour sa part salué M. Kumalo pour la façon dont il a dirigé les travaux du Groupe consultatif sur la Guinée-Bissau, estimant que le Groupe avait atteint son objectif. Il s’est dit ravi de constater que la Guinée-Bissau était à l’ordre du jour de la CCP. En lisant les conclusions du rapport du Groupe, on constatera que celles-ci sont déjà intégrées au programme de travail de la Commission, a-t-il relevé.
Pour sa part, le représentant de l’Angola a souligné que, s’agissant du problème du trafic des stupéfiants, si la communauté internationale avait pris la mesure du problème à l’époque où le Groupe Ad hoc l’avait signalé, peut-être n’en serions-nous pas là aujourd’hui. Il a encouragé l’ECOSOC à poursuivre l’examen de la situation en Guinée-Bissau.
La représentante du Bénin a déclaré qu’il serait souhaitable à l’avenir que le comportement de certains pays à l’égard d’autres se fasse sur un pied d’égalité.
Le représentant de l’Indonésie a souligné la nécessité de mettre en place une coopération active entre l’ECOSOC et la CCP. Le secteur privé doit, lui aussi, participer à l’élaboration de stratégies et de synergies pour répondre aux défis socioéconomiques auxquels fait face la Guinée-Bissau.
Le représentant du Cap-Vert a expliqué que l’exemple de la Guinée-Bissau avait montré que l’absence d’assistance en amont peut précipiter une situation sur le terrain. Aussi, a-t-il recommandé de mettre l’accent à l’avenir sur la prévention, en prenant en compte de la dimension régionale des conflits potentiels. Il a souligné l’importance de prêter attention à ce que pensent les pays voisins. Il faut comprendre enfin que les financements doivent arriver à temps dans chaque étape du processus, a ajouté le représentant.
Celui d’El Salvador s’est fait l’écho des appels de M. Kumalo à l’ECOSOC pour que le Conseil ne renonce pas à son mandat de supervision. Pour la première fois, la coopération entre la CCP et l’ECOSOC fait l’objet d’un examen, s’est-il félicité. Toutefois, il reste beaucoup à faire, a-t-il cependant estimé. Il faut établir un mécanisme pour coordonner le dialogue entre ces deux organes, comme l’ont préconisé plusieurs orateurs, a-t-il préconisé.
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