QUATRIÈME COMMISSION: DE NOMBREUSES DÉLÉGATIONS PLAIDENT POUR UNE MEILLEURE REPRÉSENTATION FÉMININE DANS LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
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Quatrième Commission
18e séance – matin
QUATRIÈME COMMISSION: DE NOMBREUSES DÉLÉGATIONS PLAIDENT POUR UNE MEILLEURE REPRÉSENTATION FÉMININE DANS LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Elles demandent une meilleure indemnisation, par les Nations Unies, des familles des personnels tués ou blessés alors qu’ils servaient sous le drapeau de l’ONU
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a achevé ce matin son débat général sur les opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, en soulignant la nécessité d’accroître le recrutement et la participation des femmes aux missions de maintien de la paix.
La délégation sud-africaine, notamment, a estimé qu’il était nécessaire d’augmenter le nombre de femmes opérant à tous les niveaux dans les opérations de maintien de la paix. La représentante de la Namibie a souligné, pour sa part, que les femmes possédaient des qualités « différentes » de celles des hommes: « Elles représentent une source de force et de sagesse que nous ne pouvons plus ignorer », a-t-elle dit. Par ailleurs, nombre de délégations ont appelé à l’établissement et à l’application de règles de discipline plus strictes au sein des missions afin d’en finir avec les cas d’abus ou d’exploitation sexuels commis contre des femmes et des enfants par des éléments des troupes ou du personnel d’appui civil travaillant sous le drapeau de l’ONU.
Plusieurs délégations ont soulevé la question des indemnisations qui devraient, en cas de blessure ou de décès de membres du personnel en mission, leur être versées ou être accordées à leur famille. Le Pérou a ainsi souligné l’urgence de lancer le débat sur la révision de « certaines politiques régissant les compensations » destinées aux membres du personnel opérant sur le terrain et qui tombent victimes du devoir. La délégation du Zimbabwe a demandé une plus grande transparence dans le versement des indemnités aux familles en cas de décès d’un Casque bleu ou d’un membre du personnel civil, et a qualifié d’« injustes » les refus opposés par le Secrétariat à certaines familles sur la foi d’arguments que la délégation a qualifiés de « discutables et spécieux ». Le représentant de la Zambie a souhaité que le Secrétariat simplifie les procédures relatives à ces compensations et qu’il règle, dès que possible, les demandes d’indemnisation en souffrance. Concernant les causes des attaques lancées contre les Casques bleus, la délégation de la Malaisie a demandé au Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) de faire une enquête approfondie sur leurs causes afin que les missions soient mieux préparées dans les efforts qu’elles déploient pour éviter tout incident et toute victime dans leurs rangs.
Outre les pays cités, se sont aussi exprimées les délégations suivantes: Costa Rica, Inde, Égypte, Yémen, Ghana, Swaziland, Burkina Faso, Cameroun, Éthiopie, Iran, Singapour, Ouganda, Côte d’Ivoire, République dominicaine et Koweït.
Demain, mercredi 29 octobre, dans la matinée, la Quatrième Commission entamera l’examen de la question relative à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Débat général
M. JORGE URBINA (Costa Rica) a déploré l’augmentation du nombre d’opérations de maintien de la paix et leur complexité croissante. Il faut relever les nouveaux défis qui se posent et pour cela, encourager et appuyer le dialogue politique dans les pays à risque, a-t-il poursuivi. Le représentant a rappelé l’importance de la protection des civils dans les différentes opérations de maintien de la paix. Nous devons contribuer activement à la reconstruction des zones dévastées par les conflits, y respecter les droits de l’homme, et y permettre la mise en place d’un processus électoral, a ajouté le représentant. M. Urbina a lancé un appel aux Nations Unies pour qu’elles ne deviennent pas la « baby sitter » des conflits, le « tampon » que l’on interpose systématiquement entre les parties à tous les conflits. Les Nations Unies ne doivent pas jouer un rôle de création de statu quo dans ces régions instables, mais plutôt favoriser un règlement des conflits, a préconisé M. Urbina. Le représentant du Costa Rica a conclu son propos en déplorant les cas de mauvaise conduite de la part du personnel qui exerce sous la bannière onusienne et a appelé à la tolérance zéro contre les soldats ou travailleurs reconnus coupables d’abus sexuels.
M. SUDARSANA NATCHIAPPAN (Inde) a rappelé que son pays était l’un des plus anciens contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. Concernant la création de deux entités chargées de ces opérations -le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Département de l’appui aux missions (DAM)-, le représentant de l’Inde a souligné la nécessité toujours pendante d’établir des structures de commandement claires, une politique et une stratégie cohérentes et une coordination et une intégration effectives, tout en s’assurant de l’unité de commandement sur le terrain.
Par ailleurs, concernant les mesures de sécurité prises en faveur des Casques bleus, l’orateur a appelé le Secrétariat de l’ONU à donner la priorité à leur renforcement. L’Inde réitère sa demande en faveur du renforcement du mécanisme de consultations triangulaires entre pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Les consultations se produisent en effet à la veille des renouvellements de mandat, ce qui laisse peu d’espace à des discussions « sérieuses et significatives », a estimé le représentant de l’Inde. Il a estimé nécessaire de faire un effort de formation des personnels envoyés sur le terrain. Il a enfin appelé le Secrétariat à faire le nécessaire pour que les États Membres qui sont débiteurs envers les pays contributeurs de troupes respectent leurs engagements, les retards de paiements atteignant des montants considérables.
M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) s’est associé à la déclaration faite par le Maroc au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM). Il a regretté l’augmentation du budget des Nations Unies consacré aux opérations de maintien de la paix, qui s’élève à environ 7 milliards de dollars par an, alors que le budget biannuel régulier de l’Organisation des Nations Unies est lui-même de l’ordre de 4,2 milliards de dollars. Il a souligné la difficulté qu’ont de plus en plus les Nations Unies à fournir, à temps, des troupes ou des équipements aux missions dont le déploiement est pourtant déjà autorisé par le Conseil de sécurité. Depuis l’éclatement de la crise économique et financière, l’Égypte estime que les financements énormes consacrés aux opérations de maintien de la paix devraient plutôt servir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a déclaré le représentant égyptien. Il a, par ailleurs, mis l’accent sur la nécessité d’assurer la sûreté et la sécurité des forces onusiennes déployées sur le terrain. La meilleure assurance contre le risque reste le déploiement d’une mission bien planifiée et bien équipée et la mise en place d’un meilleur processus d’analyse permettant de comprendre les risques et les enjeux politiques qui se posent dans les zones de conflit, a poursuivi M. Abdelaziz.
M. MOHAMMED ALI AL-OTMI (Yémen), qui a rappelé que son pays participait à une dizaine de missions de maintien de la paix, a appelé le DOMP à effectuer un recrutement réellement universel en respectant une représentation géographique équitable. Il a souligné la nécessité d’accentuer les efforts de recrutement en direction des pays les moins avancés. L’orateur a mentionné le rôle clef joué, à cet égard, par la Commission de consolidation de la paix et par le fonds éponyme. Il s’est félicité des actions accomplies par ces deux institutions, compte tenu de leur création récente.
Le représentant du Yémen a évoqué les crises graves que subit actuellement le monde, en particulier sur les plans alimentaire et énergétique, soulignant la nécessité d’une action collective de la communauté internationale pour y faire face. Il a cité le dicton suivant: « S’il ne pleut pas aujourd’hui, avec patience et espoir, peut-être aurons-nous la pluie demain ». Les ambitions des peuples épris de paix et de sécurité sont plus grandes que les défis qu’ils doivent affronter, a-t-il conclu.
M. GEORGE AYI-BONTE (Ghana) a estimé qu’à moins de mettre en œuvre des réformes appropriées, il sera difficile pour l’ONU de faire face aux défis inhérents à l’augmentation quantitative des opérations de maintien de la paix dans le monde. La résolution 61/279 est particulièrement idoine à cette fin, a-t-il indiqué. Il a également insisté sur l’importance d’établir des mandats « réalistes, viables et bien définis » qui laissent une place importante à la composante policière et légale, ajoutant que les missions devaient, d’autre part, bénéficier d’un appui logistique adéquat. Le représentant a également estimé qu’il importe de rehausser les capacités de déploiement rapide des opérations de maintien de la paix, soulignant que leur succès dépend largement de la rapidité du déploiement des Casques bleus. Il a ensuite déclaré que le DOMP devait examiner de nouveaux moyens d’augmenter la sûreté et la sécurité des Casques bleus. M. Ayi-Bonte a également attiré l’attention de la Commission sur l’importance de la coopération régionale, et a engagé le DOMP à remplacer les actuels dispositifs « ad hoc » par des mécanismes de coordination effectifs. Il a salué les efforts tendant à renforcer les capacités en maintien de la paix de l’Afrique, signalant ensuite qu’il importe de combler les écarts qui existent au sein de la Division de la police. Avant de conclure, le représentant ghanéen a rendu hommage aux hommes et aux femmes qui ont trouvé la mort au cours des opérations de maintien de la paix de l’ONU.
M. JOEL MUSA NHLEKO (Swaziland) a mis l’accent sur les opérations de maintien de la paix qui sont de plus en plus complexes et difficiles et prennent un caractère multidimensionnel. Il a souhaité que chaque mission de maintien de la paix prenne en compte la dynamique du pays concerné. Il a demandé que les opérations de maintien de la paix déployées en Afrique soient renforcées, et a souhaité que les opérations menées par les missions le soient de manière plus rapide et plus efficace.
M. SAÏDOU ZONGO (Burkina Faso) a souligné que le succès de toutes les initiatives des Nations Unies ne pourrait être une réalité que par le « respect de principes chers » à tous les États Membres: « la souveraineté et l’intégrité territoriale ». Par ailleurs, « des structures de commandement mieux définies et des financements prévisibles contribueront certainement à répondre, de manière plus efficiente, aux diverses sollicitations en matière de maintien de la paix », a dit M. Zongo.
M. Zongo a rappelé qu’une opération de maintien de la paix exigeait des moyens « qui ne sont pas toujours à la portée de tous les pays ». « Que faire donc lorsqu’un pays manifeste sa volonté de prendre part à une mission de maintien de la paix mais ne dispose pas des moyens nécessaires », a-t-il demandé, avant d’ajouter: « Les Nations Unies doivent travailler à répondre davantage à de telles préoccupations par l’établissement de chaînes de solidarité ». Le représentant du Burkina Faso, qui a rappelé que son pays participait aux opérations de maintien de la paix depuis 1993, a ajouté que celui-ci entendait « renforcer sa contribution en dépit de ses moyens modestes, en prenant part à l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) ».
Mme JULIE KAMTO (Cameroun) a mis l’accent sur l’exigence du respect de préalables qui, selon elle, doivent guider toute opération de maintien de la paix. Ce sont notamment le respect de l’intégrité territoriale des États, le respect du principe de la non-ingérence dans les affaires intérieurs des pays et la nécessaire coopération étroite entre le DOMP et les pays fournisseurs de troupes, a souligné Mme Kamto. La démobilisation et la réintégration des ex-combattants doivent absolument être des composantes essentielles de toute opération de maintien de la paix, a-t-elle dit. Elle a signalé que les incidences financières des opérations de maintien de la paix étaient particulièrement lourdes pour les pays en développement fournisseurs de troupes, et a estimé que les dépenses engagés par ces derniers devaient être remboursées dans des délais courts. Ayant à l’esprit le besoin en formation du personnel de maintien de la paix, la représentante a ensuite expliqué que le Cameroun avait créé, avec le soutien de donateurs, une École internationale des forces de sécurité (EIFORCES), qui est basée près de Yaoundé, et dont le but est de former les cadres camerounais aux opérations de maintien de la paix et de renforcer la coopération du Cameroun avec l’ONU et l’Union africaine en matière de formation de gendarmes et de policiers. Les ressortissants de tout État africain qui le désire peuvent être formés dans ce cadre à l’EIFORCES, a précisé Mme Kamto. Après avoir passé en revue les différentes opérations de maintien de la paix auxquelles avait participé le Cameroun, Mme Kamto a expliqué que son pays était également impliqué dans la logistique du déploiement de la Force de maintien de la paix de l'Union européenne (EUFOR) aux frontières du Tchad, de la République centrafricaine et du Soudan.
M. NEGASH KEBRET (Éthiopie) a déploré l’augmentation du nombre d’opérations de maintien de la paix. Il a noté que les Nations Unies se doivent de relever les défis posés par la conduite de ces opérations. L’ONU est le représentant et le symbole de la paix et de la sécurité à travers le monde, a-t-il ajouté. M. Kebret a ensuite regretté que les forces déployées sous la bannière onusienne soient les cibles d’attaques « insensées et sauvages » alors que ces forces sont déployées pour assurer la paix et la sécurité. Il faut veiller à ce que les attaques contre les personnels onusiens ne deviennent routinières, a-t-il dit. Dans l’avenir, a poursuivi le représentant, les Nations Unies doivent, de façon prioritaire, mettre en place un mécanisme efficace qui assure la sécurité des agents de la paix. Les pratiques du maintien de la paix doivent être adaptées aux environnements changeants, et les forces doivent être déployées avant qu’il ne soit trop tard, a indiqué le représentant de l’Éthiopie. Il a conclu son propos en mettant l’accent sur le rôle de l’Union africaine qui travaille à la stabilisation de la paix en Afrique. Elle intègre dans ses missions les peuples africains et donne pour responsabilité, aux gouvernements du continent, d’œuvrer pour la paix, a-t-il ajouté.
M. LEE CHEE LEONG (Malaisie) a rappelé que son pays avait participé à une vingtaine de missions de maintien de la paix depuis 1960 et qu’environ 750 de ses ressortissants travaillaient dans huit missions déployées à l’heure actuelle. Parmi les orientations que la Malaisie souhaiterait voir mises en œuvre, son représentant a mentionné la création de meilleures synergies au sein du système de l’ONU, ainsi qu’entre les entités intergouvernementales et non gouvernementales.
Par ailleurs, il a souligné la nécessité, pour le Secrétariat, de faire circuler l’information en direction des pays fournissant des contingents. Ces pays doivent, en effet, être non seulement informés, mais tenus au fait de tout développement, spécialement lorsque les pays concernés ont des personnels engagés sur le terrain. À l’instar d’autres délégations de pays contributeurs de troupes, celle de la Malaisie estime qu’une représentation géographique équitable doit être respectée, particulièrement au niveau des organes de commandement des opérations de maintien de la paix, a dit M. Lee Chee-Leong. Concernant les attaques commises contre les personnels des Nations Unies, qui ont fait plus de 2 500 morts au total, la Malaisie demande au DOMP de mener une enquête approfondie sur les raisons qui sont à l’origine de ces agressions afin que les missions soient mieux préparées dans les efforts qu’elles font et évitent tout incident et des pertes inutiles.
M. AMIR HOSSEIN HOSSEINI (République islamique d’Iran) s’est associé à la déclaration faite par le Maroc au nom du NAM. Concernant la conduite des opérations de maintien de la paix, il a mis l’accent sur le respect des principes de la Charte des Nations Unies, notamment les principes de souveraineté, d’indépendance politique et d’intégrité territoriale auxquels ont droit tous les États. Il a poursuivi son propos en soulignant l’importance de la non-ingérence dans les affaires des États, ainsi que le non-usage de la force par les forces déployées sous drapeau onusien, sauf en cas de légitime défense. Le respect de ces grands principes demeure essentiel dans la conduite des opérations de maintien de la paix, a souligné M. Hosseini. Les opérations doivent être menées par les Nations Unies avec l’accord du pays concerné et sous son contrôle, a indiqué M. Hosseini. Les Nations Unies, guidées par la Charte, doivent ensuite être le seul et principal organe de réponse aux conflits, a insisté le représentant. Il a souhaité que des mesures soient prises à l’encontre des personnels reconnus coupables d’abus sexuels pendant le déroulement des missions. Il ne doit pas y avoir d’impunité pour ces personnes, a-t-il dit. La capacité de maintien de la paix doit être renforcée, a conclu le représentant iranien.
M. SIM TIONG KIAN (Singapour) a estimé que la réforme du DOMP, qui a vu la création du DAM, constituait un bon début de renforcement de l’efficacité dans la gestion et la conduite des opérations de maintien de la paix. Mais le but, a-t-il constaté, n’est pas d’avoir des structures plus importantes mais plutôt d’atteindre les objectifs visés par ces restructurations. Sinon, nous n’aurons assisté qu’à un exercice de création de postes, a souligné le représentant. Il convient en conséquence de procéder à une évaluation pour savoir si les capacités du DOMP se sont améliorées en termes de suivi des situations, d’analyse et de réponse, a-t-il estimé. Il convient aussi de déterminer si le bénéfice d’avoir une structure en binôme « DOMP-DAM » est supérieur aux coûts induits par les ressources supplémentaires nécessaires pour maintenir l’unité de commandement et supérieur à l’augmentation des retards bureaucratiques auxquels sont soumis les États Membres.
M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) a indiqué la préoccupation de son pays par les questions de maintien de la paix et de la sécurité internationale. Il s’est félicité des progrès réalisés par le DAM dans les processus de recrutement. Il a rappelé les principes de la Charte des Nations Unies et l’importance du principe de transparence. M. Butagira s’est dit préoccupé par les attaques de plus en plus fréquentes lancées à l’encontre des personnels de maintien de la paix. Il a conclu son propos en souhaitant que le DOMP et le DAM travaillent ensemble afin d’assurer la sécurité des agents de la paix sur le terrain.
Mme KORY HARRIS (Côte d’Ivoire) a d’abord rappelé qu’en 2004 avait été invoqué le Chapitre sept de la Charte de l’ONU concernant la situation dans son pays et la menace à la paix et à la sécurité qu’elle constituait aux yeux du Conseil de sécurité. Le Conseil avait alors créé l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), a rappelé Mme Harris. Elle a souligné « le courage et le dévouement, sans faille, des troupes onusiennes sur le terrain ». Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a renoué avec la paix et la stabilité, a dit Mme Harris, en remerciant notamment l’ONUCI et le Président du Burkina Faso, M. Blaise Compaoré, pour leur rôle dans le processus de paix en Côte d’Ivoire. Hier, devant le Conseil de sécurité, M. Choi Young Jin, Sous-Secrétaire général et chef de l’ONUCI, a relevé les progrès importants réalisés dans le processus de paix, a-t-elle ajouté, en indiquant que M. Choi avait qualifié des progrès de « solides ». Malgré la crise qu’elle a connue, la Côte d’Ivoire est revenue « dans le club des pays contributeurs de troupes », a noté Mme Harris. « Notre pays attache une grande importance aux opérations de maintien de la paix car elles représentent pour notre continent, qui abrite six des opérations en cours de l’ONU, une chance de redressement pour les pays victimes de déstabilisation interne comme externe ».
M. ENRIQUILLO A. DEL ROSARIO CEBALLOS (République dominicaine) a rappelé qu’au cours de ces dernières années, le nombre de missions de maintien de la paix n’a cessé d’augmenter et que, dans le même temps, des résultats positifs ont été enregistrés. Les opérations de maintien de la paix sont aujourd’hui multidimensionnelles et de plus en plus complexes, a indiqué M. Del Rosario Ceballos. Elles font face à de nouveaux défis, a poursuivi le représentant qui a salué le travail et le courage des hommes et des femmes qui assurent la paix et la sécurité au nom des Nations Unies. Le représentant a indiqué que l’augmentation du nombre de missions de maintien de la paix dans le monde est un indicateur de l’état actuel du monde. Nous ne portons pas suffisamment notre attention à la prévention des conflits et à la promotion du développement durable, a poursuivi le représentant. Il a attiré l’attention des États Membres sur l’extension de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Le travail de la MINUSTAH a permis la stabilisation des pays frontaliers et a été l’une des expressions les plus concrètes de l’assistance internationale à Haïti, a conclu le représentant dominicain.
M. HAMAD AL MEKRAD (Koweït) a souligné la nécessité de définir très précisément les mandats confiés aux opérations de maintien de la paix ainsi que les buts qu’elles doivent atteindre, par le déploiement de leurs forces, pour qu’ils soient réalisables. Il a souligné la nécessité d’assurer une coopération et des consultations permanentes entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes, tout en créant de nouvelles méthodes et mécanismes afin de fortifier de telles consultations pour pouvoir couvrir toutes les phases des opérations de maintien de la paix. Il s’agit aussi de tirer les enseignements de l’expérience acquise et des pratiques optimales dans la planification de la mise en œuvre des missions, a recommandé M. Al Mekrad.
M. SIPHO SEAKAMELA (Afrique du Sud) a souligné que son pays accordait une grande importance à la réforme du secteur de la sécurité et qu’il encourageait les Nations Unies à persévérer dans cette voie. Par ailleurs, la délégation sud-africaine estime nécessaire d’augmenter le nombre de femmes à tous les niveaux dans les opérations de maintien de la paix, afin de parvenir à l’objectif fixé de représentation féminine au sein des missions. L’Afrique du Sud engage les Nations Unies à développer des partenariats plus étroits avec les organisations régionales, l’Union africaine en particulier, a poursuivi le représentant. « Nous croyons que les organisations régionales, telles que l’Union africaine, ont une souplesse plus grande que l’ONU pour pouvoir intervenir de par leur proximité, et grâce à la meilleure compréhension qu’elles ont des situations conflictuelles locales. L’orateur a cité l’exemple du Burundi où l’Union africaine est intervenue à un moment où l’ONU n’était « pas prête ». L’Union africaine l’a fait de surcroît alors même qu’il n’y avait pas de cessez-le-feu permanent sur le terrain, a rappelé M. Seakamela.
M. BOB D KULIMA (Zambie) a rendu hommage aux soldats de la paix tués dans l’exercice de leurs fonctions. Nous devons condamner les violences à l’encontre du personnel de l’ONU qui assure pourtant la paix et la sécurité sous la bannière de notre Organisation, a-t-il indiqué. La Zambie considère que la sécurité des personnels onusiens est essentielle, a dit M. Kulima. Il a demandé aux Nations Unies de développer une politique de sécurité plus robuste afin de « protéger tous les représentants de la paix ». Dans l’accomplissement de leur mission, ces derniers véhiculent l’image des Nations Unies et doivent respecter les principes d’impartialité et d’intégrité inscrits dans la Charte des Nations Unies, a ajouté le représentant. Il s’est inquiété de la mauvaise conduite de certains membres des forces de maintien de la paix. Cela a une image négative et néfaste sur l’opération en cours, a-t-il estimé. La Zambie apprécie néanmoins la manière dont les opérations de maintien de la paix sont menées, a-t-il ajouté. Le représentant de la Zambie a conclu son propos en rappelant les retards d’indemnisation constatés dans le versement de réparations aux familles des Casques bleus tués en mission, ou encore les pensions d’invalidité qui ne sont toujours versées à ceux qui les ont méritées en mettant leur vie au service de l’ONU. Il a souhaité que le Secrétariat simplifie les procédures actuelles et règle dès que possible ces demandes.
M. SIMON NYOWANI (Zimbabwe) a souligné que les pays fournissant des contingents devaient être impliqués d’emblée, et à toutes les étapes du déploiement des opérations de maintien de la paix, dans leur gestion. Il a souligné, par ailleurs, la nécessité absolue que les agents de la paix puissent travailler en toute sécurité afin qu’ils puissent eux-mêmes protéger les populations dont ils ont la charge. Concernant la représentation féminine au sein du DOMP, l’orateur s’est félicité de l’effort accompli à ce jour, tout en relevant que celui-ci devait être poursuivi et accru. Enfin, le représentant a demandé une plus grande transparence dans le versement des compensations aux familles des Casques bleus tombés au service de la paix. La délégation zimbabwéenne considère qu’il est particulièrement injuste que des indemnités soient refusées à des familles à la suite du décès de certains agents, l’ONU mettant alors en avant des arguments qui sont discutables et sans fondement, a souligné M. Nyowani.
Mme FRIEDA NANGULA ITHETE (Namibie) a réaffirmé l’engagement de la Namibie envers les missions de maintien de la paix. La Namibie continue de penser que la paix et la sécurité sont la pierre angulaire du développement durable et que les conflits qui durent trop longtemps jouent un rôle dans le sous-développement, notamment sur le continent africain. La conduite et la mise en œuvre des opérations de maintien de la paix sont de plus en plus chères et de plus en plus complexes à gérer, alors que le nombre de conflits continue d’augmenter, a ajouté la représentante. Elle a appelé la communauté internationale à mettre l’accent sur la prévention des conflits. L’Afrique est l’une des régions les plus touchées par les conflits, a-t-elle noté.
La représentante de la Namibie a mis l’accent sur la volonté de son pays de contribuer aux efforts des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Elle a indiqué, qu’à cet égard, un bataillon d’infanterie de 870 hommes était prêt à intervenir au Darfour dans le cadre de la MINUAD. Elle a poursuivi son propos en rappelant que son pays restait concerné par les cas de mauvaise conduite du personnel de maintien de la paix. Elle a conclu en soulignant l’importance d’une plus grande parité entres les hommes et les femmes dans les opérations de maintien de la paix. Les femmes possèdent des qualités différentes et non négligeables, puisqu’elles sont une source de force et de sagesse, a indiqué la représentante namibienne.
M. VITALIANO GALLARDO (Pérou) a évoqué la participation actuelle de son pays à six opérations de maintien de la paix, et a constaté d’une manière générale le rôle grandissant joué par des organisations régionales dans ces opérations. Mettant en garde contre les retraits prématurés de certaines missions, il a estimé souhaitable que le Conseil de sécurité continue de suivre au plus près l’évolution des situations qui prévalent dans les pays concernés par les conflits, et cela pendant le temps nécessaire. L’orateur a ensuite évoqué le cas d’Haïti, un pays où le Pérou est présent au sein de la MINUSTAH. Le représentant Péruvien a souligné la nécessité du maintien d’une stricte discipline au sein des missions pour régler le problème des cas d’abus et d’exploitation sexuels. Enfin, le Pérou estime qu’il est temps de lancer le débat sur la révision de certaines politiques et sur les compensations dues au personnel opérant sur le terrain, en particulier en cas de blessures ou de décès, a dit M. Gallardo.
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