LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION POURSUIT SON DÉBAT SUR L’UTILISATION PACIFIQUE DE L’ESPACE
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Quatrième Commission
8e séance – matin
LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION POURSUIT SON DÉBAT SUR L’UTILISATION PACIFIQUE DE L’ESPACE
De nombreuses délégations demandent que l’espace extra-atmosphérique demeure une zone exempte de tout déploiement d’armes
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi ce matin son débat sur l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique, plusieurs États Membres mettant en garde contre un risque de militarisation de ce « patrimoine commun de toute l’humanité », comme l’a qualifié le Représentant de la Jamaïque.
La délégation des États-Unis a estimé que le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique jouait un rôle essentiel dans la promotion de la coopération internationale. Elle a rappelé que la résolution 1962 de l'Assemblée générale, votée en 1963 et concernant les principes devant gouverner les activités menées par les États dans l’espace, avait été inspirée par l’idée que la gestion de ce nouveau domaine supposait une approche juridique spécifique qui devait être abordée de manière progressive et pragmatique. Il ne s’agissait alors que d’un premier pas, mais cette amorce de cadre légal a bien résisté à l’épreuve du temps, a estimé le représentant des États-Unis.
La délégation de la Chine a pour sa part indiqué qu’il convient maintenant d’aller plus loin. Afin de combler le vide juridique existant sur la question de la militarisation de l’espace extra-atmospérique, la Chine estime qu’il est devenu indispensable pour la communauté internationale de négocier un instrument international sur cette question sensible, a souligné le représentant chinois.
Dans son intervention, le représentant de la République islamique d’Iran a attiré l’attention des membres de la Commission sur les progrès accomplis par son pays dans le domaine spatial. Il a déclaré que l’espace « devrait être une province » de toute l’humanité et que, par conséquent, il devrait rester ouvert à tous les États Membres, le placement de tout armement y étant banni. À l’instar de son homologue de la Colombie, le représentant iranien a mis en garde contre la saturation de l’orbite géostationnaire, qui est une « ressource naturelle limitée ». Celle-ci, a-t-il dit, devrait être accessible de manière « juste et équitable » à tous les membres de la communauté internationale.
Sur le plan des applications concrètes, le représentant de la Syrie a estimé que les Nations Unies devraient mettre en œuvre un programme permettant de faciliter l’accès aux données spatiales. Le Président du Comité pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmospérique, M. Ciro Arévalo Yepes, de la Colombie, a évoqué les derniers ouragans qui ont récemment frappé les Caraïbes. Il a souligné que la surveillance par satellite pouvait permettre la mise en place de systèmes d’alerte rapide contre les catastrophes naturelles. Plusieurs délégations dont les pays sont particulièrement vulnérables à ces phénomènes sont allées dans le même sens.
La Quatrième Commission poursuivra demain, mercredi, le 15 octobre, en matinée, son débat général sur cette question. Le Président de la Commission, M. Jorge Argüello, de l’Argentine, a d’autre part annoncé qu’un amendement avait été proposé par le Royaume-Uni au texte du projet de résolution VI (A/63/23) qui est relatif à la situation d’une dizaine de territoires insulaires non autonomes. Le Pakistan avait demandé hier le report du vote prévu sur ce texte. Par ailleurs, le vote sur le projet de résolution relatif à la question du Sahara occidental a été repoussé à jeudi.
Outre les pays cités, se sont aussi exprimés ce matin les délégations suivantes: Brésil, Thaïlande, France (au nom de l’Union européenne), Kazakhstan, Inde, Cuba, Jamaïque, et Australie. Les délégations du Chili et du Brésil ont présenté, chacune à leur tour, une motion d’ordre.
COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE
Débat général
M. CIRO ARÉVALO YEPES (Colombie), Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, a dressé le bilan de l’activité de cette instance. Il a rappelé les derniers ouragans qui ont récemment frappé les Caraïbes et a souligné que la surveillance par satellite avait un grand rôle à jouer dans la prévention des effets négatifs causés par ces phénomènes, en permettant notamment la mise en place de systèmes d’alerte rapide. Citant des exemples concrets parmi les efforts entrepris par le Comité qu’il préside, M. Yepes a souligné qu’une question touchant à l’espace et aux changements climatiques avait été ajoutée à l’ordre du jour de ses travaux. Cette année, seront examinés le problème posé par les débris spatiaux ainsi que la question du positionnement géographique mondial par satellite. Il a souligné que le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique avait joué un rôle décisif dans la création d’un régime juridique international régissant les activités des États. Ce régime se base sur cinq traités et cinq déclarations de principe. Évoquant les nouveaux défis qu’il faudra relever au cours des années à venir dans le domaine du développement, M. Yepes a indiqué qu’il était nécessaire d’accroître, de manière constante, les efforts déployés en commun par les États Membres pour promouvoir une utilisation au service de toute l’humanité d’instruments « non traditionnels » tels que ceux offerts par les technologies spatiales et l’espace lui-même.
M. PIRAGIBE DOS SANTOS TARRAGÔ (Brésil), qui s’est exprimé au nom du Marché commun du sud (Mercosur), a réitéré l’engagement des pays de ce groupe régional envers la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace. La technologie spatiale est un instrument qui permet d’apporter des réponses rapides et appropriées aux effets des changements climatiques et de prévenir les crises de l’alimentation et de l’énergie ainsi que les catastrophes naturelles, a-t-il souligné. Il a mis en avant la plateforme créée par les Nations Unies dans le cadre du Programme des Nations Unies pour l'exploitation de l'information d'origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence (ONU-SPIDER). Ce programme a montré ses capacités de réaction lors du tremblement de terre qui s’est produit en Chine, au printemps dernier, ou encore lors des catastrophes survenues en Namibie, a noté M. Tarragô. Il a indiqué que le Brésil et le Mercosur soutenaient le renforcement du système ONU-SPIDER afin d’améliorer son efficacité et sa rentabilité.
Par ailleurs, a ajouté le représentant du Brésil, le maintien de l’espace comme zone à utiliser de manière pacifique exige un dialogue soutenu au niveau international ainsi que le renforcement du cadre juridique régissant les activités spatiales. Il a mis en avant l’initiative de la Chine et de la Fédération de Russie qui, lors des travaux de la Conférence du désarmement, ont présenté un projet de traité sur la prévention du placement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique et contre le recours à la force dans l’atmosphère terrestre. L’utilisation de l’espace devrait se faire au profit de la promotion du développement durable, a-t-il conclu.
M. MANAR TALEB (République arabe syrienne) a indiqué que sa délégation était satisfaite du lien fait entre UNISPACE III et la Commission du développement durable. Elle se félicite aussi de l’organisation d’un symposium sur les activités spatiales et la sécurité alimentaire. La délégation syrienne estime que l’augmentation de la transparence dans les activités spatiales est de nature à renforcer leur aspect pacifique. M. Taleb a noté que le rapport soulignait l’importance de permettre aux pays un accès ouvert, et à des coûts abordables, aux données obtenues par la télédétection.
Évoquant la coopération internationale existant sur cette question, l’organisme syrien chargé des activités spatiales a renforcé ses liens et a échangé des expériences avec plusieurs pays dont l’Égypte, l’Algérie, l’Iran et la Fédération de Russie, a indiqué le représentant. Concrètement, des projets sur le recensement des plantations d’oliviers, sur la sécheresse ou sur les nappes phréatiques ont été entrepris, a souligné M. Taleb. La Syrie estime que les Nations Unies doivent mettre en œuvre un programme permettant de faciliter l’accès aux données spatiales. En revanche, la militarisation de l’espace contredit par sa nature le principe de son utilisation pacifique, a souligné l’orateur.
M. ESHAGH AL-HABIB (République islamique d’Iran) a souligné que l’espace devrait être « une province » de toute l’humanité et rester ouvert à tous les États Membres. Concrètement, le fait par exemple que l’orbite géostationnaire est une ressource naturelle limitée devrait avoir pour conséquence qu’elle soit accessible à tous de manière juste et équitable, a dit M. Al-Habib. Il a déclaré l’opposition de son pays à l’utilisation militaire de l’espace. Si cette militarisation devait avoir lieu, elle constituerait une menace pour toute l’humanité, a-t-il ajouté.
L’Iran a fait d’importants progrès dans le domaine des sciences spatiales, a-t-il noté, en rappelant les divers traités signés par son pays dans ce domaine. M. Al Habib a évoqué les utilisations concrètes de l’espace pour le développement de l’agriculture et particulièrement, dans le domaine de la prévention des catastrophes avec la mise en place de systèmes d’alerte rapide lorsque cela est possible. L’espace est notre bien commun, a-t-il conclu, appelant tous les États Membres, et particulièrement les grandes puissances, à n’épargner aucun effort pour promouvoir une utilisation pacifique de l’espace, en empêchant sa militarisation.
Motion d’ordre
Interrompant le débat général, le représentant du Chili a demandé à présenter une motion d’ordre. Il a déploré que des informations transmises par le Gouvernement du Chili au représentant du Mercosur, en l’occurrence la délégation du Brésil, ne figurent pas dans la déclaration qui venait d’être lue ce mardi matin devant la Quatrième Commission par le Brésil, en ouverture du débat général. Il a tenu à souligner les relations très étroites existant entre le Chili et le Brésil et s’est étonné que ces informations n’aient pas été reprises par son homologue brésilien. Nous avons été sollicités pour apporter notre contribution et nous l’avons apportée, a-t-il ajouté, et nous souhaiterions que nos propositions figurent dans la déclaration faite par le Brésil au nom du Mercosur, a-t-il insisté. Il a conclu en précisant que cette omission était probablement due à un simple oubli ou à un manque de pratique de la chose diplomatique.
Le représentant du Brésil a répondu en regrettant que les discussions bilatérales entre son pays et le Chili soient évoquées devant la Quatrième Commission. Nous aurions pu avoir ce genre de discussion autour d’une tasse de café et non devant cette Commission en séance plénière, a-t-il poursuivi. Nous avons fourni à la délégation du Chili le temps nécessaire pour qu’elle nous fournisse ses déclarations. Ces dernières ne nous sont parvenues que durant le week-end, ne nous laissant pas suffisamment de temps pour contacter les autres membres du Mercosur, a-t-il conclu.
Mme PEIJIE CHEN (Chine) a souligné que les activités spatiales étant destinées à s’accroître dans l’avenir, elles devraient être régies par une coopération pacifique entre États en veillant à exclure toute militarisation de cette zone. Il est donc de la responsabilité des États de ne pas contribuer à une nouvelle course aux armements, a préconisé Mme Chen. L’utilisation « harmonieuse » de l’espace doit reposer sur le consensus et l’esprit de coopération internationale, a-t-elle souligné. Égalité, avantages mutuels et développement commun devraient être les fondements de la conquête spatiale, a ajouté la représentante. Concrètement, la Chine appuie la coopération régionale dans la zone Asie-Pacifique et elle fournit un appui solide au projet ONU-SPIDER qui aura un bureau à Beijing. La mise sur pied de ce bureau est en cours, a-t-elle indiqué. Elle a rappelé certaines activités spatiales menées par son pays, notamment dans le domaine de la météorologie, ainsi que dans le domaine de la cartographie. Rappelant le récent tremblement de terre survenu dans la province du Sichuan, il a remercié les pays qui ont fourni des images satellites de la région affectée.
Mme Chen a conclu en soulignant que l’exploration spatiale devrait être soumise à une règlementation et à un cadre juridique. Afin de combler le vide juridique concernant la militarisation de l’espace, la Chine estime indispensable que soit négocié un instrument juridique international contraignant sur cette question, a poursuivi la représentante. En conclusion, elle a rappelé la récente première sortie dans l’espace effectuée par un cosmonaute chinois, ce qui illustre, a-t-elle dit, l’ancienne vision chinoise de « l’harmonie entre l’homme et l’univers ».
M. CHIRACHAI PUNKRASIN (Thaïlande), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), a souligné qu’au cours du demi-siècle qui vient de s’écouler, l’humanité avait grandement bénéficié de la technologie spatiale et de ses applications. Mais, les développements positifs se sont également accompagnés de défis énormes, et tous les pays n’ont toujours pas accès à l’espace, a-t-il regretté. À cet égard, nous devons veiller à ce que l’espace extra-atmosphérique soit partagé par tous les pays et à ce que les données scientifiques recueillies soient mises à la disposition des nations qui n’y ont pas accès, a dit M. Punkrasin. Il a ajouté qu’il fallait encourager le développement de nouvelles connaissances et en faire profiter toute l’humanité.
Par ailleurs, s’exprimant au nom de l’ANASE, le représentant a rappelé l’importance de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques. Car si la science spatiale peut servir le monde, elle peut également infliger des dommages dévastateurs à l’humanité, a-t-il averti. Il a réaffirmé l’appui de l’ANASE au Programme ONU-SPIDER, et a rappelé l’utilisation salutaire des technologies satellitaires lors du désastre causé par le cyclone Nargis, qui s’est abattu sur le Myanmar. Ces technologies ont alors permis de sauver des vies, a-t-il relevé. L’ANASE est convaincue que, grâce à la coopération internationale, l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique est l’un des outils les plus efficaces pour parvenir au développement durable à travers le monde et pour répondre aux besoins spécifiques du monde en développement, a conclu le représentant.
Mme MARIE-ANNA LEBOVITS(France), qui s’est s’exprimée au nom de l’Union européenne, a mis en avant l’importance accordée par l’Union européenne à l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique pour faire de celui-ci un espace de progrès scientifique et technologique et non un lieu d’affrontements. L’Europe défend une conception pacifique et coopérative de l’espace mise au service des peuples de la Terre. L’Europe perçoit l’espace comme un outil permettant de promouvoir la prévision et la prévention des catastrophes au service des populations, a-t-elle poursuivi. La représentante a mis en lumière le rôle du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique qui constitue l’enceinte privilégiée de la coopération internationale dans ce domaine. Elle s’est félicitée de l’approbation des lignes directrices relatives à la réduction du nombre de débris spatiaux, adoptées par l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 2007. En fonction des changements qui surviennent dans certaines pratiques et ceux concernant les mises en orbite, il nous faudrait être prêt à actualiser ces lignes directrices qui restent suivies par le Comité de coordination interagences sur les débris spatiaux (IADC), a-t-elle ajouté.
La représentante a ensuite souhaité que soit mieux valorisée la contribution des technologies spatiales dans la lutte contre les changements climatiques. Ces technologies permettent de mesurer plus précisément et de mieux comprendre l’amplitude des phénomènes liés aux changements climatiques, a-t-elle indiqué. Par ailleurs, elle a rappelé l’importance de travailler à l’élaboration de mesures de transparence, de confiance et de sécurité dans la conduite des activités spatiales. L’Europe poursuit son engagement sur la prévention de la course aux armements dans l’espace, a souligne la représentante. Elle a conclu son propos en soulignant que l’Europe s’était engagée à mettre en place un code de conduite international concernant les activités spatiales. L’objectif de ce code est d’établir des règles fondamentales qui seront respectées par les États menant des activités spatiales et qui viseraient à y réduire les risques de collision et donc de propagation de débris, ainsi qu’à renforcer la compréhension mutuelle entre les nations et les différents acteurs spatiaux, a ajouté la représentante.
Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a évoqué les nombreux domaines, dont celui de la santé, dans lesquels les sciences et les technologies spatiales présentaient une utilité fondamentale. Elle a souligné le rôle que joue le Kazakhstan dans le domaine spatial grâce au cosmodrome de Baïkonour. Elle a rappelé que son pays avait ratifié les principaux traités régissant l’utilisation de l’espace. Elle a aussi rappelé que le Kazakhstan allait rejoindre prochainement le groupe des 25 pays ayant au moins deux satellites en orbite autour de la Terre. Par ailleurs, le Kazakhstan accorde des bourses à des étudiants qui se consacrent à des disciplines liées à l’exploration spatiale, a ajouté Mme Aitimova.
Concernant les problèmes causés par la détérioration de l’environnement, la représentante du Kazakhstan a noté que son pays était particulièrement concerné. Elle a évoqué la situation qui prévaut sur les lieux de l’ancien site d’essais nucléaires de Semipalatinsk et le problème posé par l’assèchement de la mer d’Aral, qui est un désastre écologique aux conséquences planétaires. Pour faire face à ces problèmes, l’utilisation de l’espace est d’une grande importance, a souligné la représentante kazakhe. Concernant Semipalatinsk, elle a remercié les pays qui ont apporté une assistance au Kazakhstan, en particulier les États-Unis et le Japon, pour lui permettre de réhabiliter la zone. Cependant, la difficile situation à laquelle nous faisons face à Semipalatinsk aurait nécessité une coopération multilatérale plus vigoureuse, a-t-elle regretté.
M. TARIQ ANWAR (Inde) a déclaré que le Comité pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique avait grandement contribué à renforcer la coopération spatiale internationale et à développer des capacités pour le renforcement durable. Il a rappelé le rôle qu’a joué l’Inde, après le cyclone Nargis qui a frappé le Myanmar et lors du tremblement de terre qui a affecté la Chine. L’Inde a alors fourni des données satellitaires et un appui scientifique aux pays concernés, a précisé le représentant.
M. Anwar a rappelé que le programme spatial indien continuait à mettre l’accent sur une utilisation des technologies spatiales en vue de favoriser le développement économique et social. Il a, par ailleurs, précisé que son pays accorde une importance particulière à la coopération internationale sur ces questions. L’agence spatiale indienne (ISRO) travaille actuellement, en coopération avec la France, à la mise au point d’un satellite qui devrait être lancé en 2009, a annoncé le représentant. Les données fournies par ce satellite permettront à l’Inde de jouer un rôle significatif et important dans la recherche de solutions aux questions relatives au climat et aux changements climatiques. L’ISRO souhaite renforcer son aide aux pays en développement dans le domaine de l’application des techniques spatiales, a conclu le représentant.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a souligné que son pays avait accentué ses réformes dans le domaine de la recherche et de la formation, et notamment dans le secteur des applications des technologies géospatiales. La Commission colombienne de l’espace, créée en 2006, est susceptible de jouer un rôle clef dans la quête du développement durable, a-t-elle souligné. La création d’entités nationales opérant dans le domaine des sciences et des technologies spatiales est susceptible de mener à la mise sur pied d’une instance régionale pour l’Amérique latine, a annoncé Mme Blum. La Colombie attache une grande importance à un tel projet, a-t-elle souligné. Concernant la question de la militarisation de l’espace, la Colombie estime que le Comité pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique devrait travailler main dans la main avec la Commission du désarmement, a-t-elle indiqué. Elle a conclu son intervention en mettant en garde contre le risque de saturation de l’espace au niveau de l’orbite géostationnaire en soulignant, à cet égard, qu’aucun monopole ne devrait y être établi et en avertissant que l’utilisation commerciale effrénée de cette zone spatiale pouvait poser des risques.
M. KENNETH HODGKINS (États-Unis) a estimé que le Comité pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique jouait un grand rôle pour promouvoir la coopération internationale. Le 50ème anniversaire de la création de cette instance est un jalon important, a-t-il noté, alors que cette année marque le 45ème anniversaire de l’adoption de la résolution 1962. Ses auteurs avaient noté que l’espace supposait une approche juridique spécifique qui devait être abordée de manière progressive et pragmatique, a rappelé le représentant. Il s’agissait d’un premier pas, a-t-il noté. L’année 2008 marque également le 40ème anniversaire de l’Accord sur le retour et le sauvetage des astronautes, a-t-il rappelé. Dans l’esprit des inspirateurs de ce texte, les astronautes devaient être considérés comme des « ambassadeurs » du genre humain.
Concernant le droit spatial, le représentant s’est félicité des avancées effectuées au cours de la période récente. Le nouveau point relatif aux débris spatiaux, dont s’est saisi le Comité, est particulièrement important, a-t-il souligné. Les États-Unis sont d’autre part satisfaits de l’inclusion à l’ordre du jour du point relatif à la navigation mondiale par satellite, l’objectif étant de rendre compatibles les différents systèmes existants. Ils sont encouragés par les progrès enregistrés au sein du Comité sur le plan de la coopération internationale. Les retombées de l’exploration spatiale concernent l’amélioration de notre vie quotidienne, a conclu le représentant des États-Unis.
M. CAMILO GARCĺA LÓPEZ-TRIGO (Cuba) a constaté qu’à travers le monde, 1 339 milliards de dollars étaient dépensés dans le domaine militaire et que certains pays allouaient des milliards de dollars en ressources pour une course à l’armement dans l’espace. D’autres États s’attachent, pour leur part, à garantir que l’espace extra-atmosphérique soit utilisé pour des objectifs plus nobles tels que le développement durable et la prévention des catastrophes naturelles, a-t-il poursuivi. Il a estimé que le statut légal qui s’applique à l’espace extra-atmosphérique n’était pas suffisant pour y prévenir une course aux armements et a souhaité que la Commission du désarmement joue un rôle central lors des négociations à mener sur ce sujet. Il a de plus souligné l’importance du Comité des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique à cet égard. Le représentant a indiqué qu’en dépit de ses ressources limitées, Cuba développait des activités de recherche spatiale et des applications visant une utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique, notamment dans le secteur de la météorologie. Il a précisé que les prévisions météorologiques basées sur des images satellite de haute résolution avaient récemment permis de réduire les pertes de vies quand surviennent des ouragans. Il a ajouté que les images satellites étaient utilisées pour détecter les feux de forêts, pour promouvoir l’agriculture ou pour observer les courants marins. M. López-Trigo a, par ailleurs, insisté sur la nécessité d’une coopération bilatérale et multilatérale dans les activités spatiales, entre autres, par l’échange de savoirs et de technologies dans les domaines intéressant les pays en développement. Il a plaidé pour que les liens entre le Comité des utilisations pacifiques et la Commission du développement durable soient renforcés afin de faciliter l’application des technologies spatiales aux programmes qui sont mis en œuvre en faveur du développement.
M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a mis l’accent sur le travail effectué par le Comité pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique. Il faut que nous arrivions à résoudre les problèmes qui se posent au niveau international et assurer la préservation des biens publics mondiaux et dans ce domaine, la technologie spatiale joue un rôle important, a souligné le représentant. La crise alimentaire, qui est l’un des grands défis à relever ces derniers temps, nécessite la mise à la disposition des États de tous les moyens nécessaires et notamment de la technologie spatiale, a-t-il ajouté. M. Wolfe a poursuivi son propos en rappelant les catastrophes naturelles et les changements climatiques qui affectent de plus en plus le monde. Les Caraïbes subissent les impacts profonds des changements climatiques et l’utilisation des technologies spatiales doit aider les pays de la région à lutter contre ces catastrophes naturelles, a poursuivi le représentant. La Jamaïque soutient le Programme ONU-SPIDER, a indiqué M. Wolfe. Il a conclu son propos en précisant que les progrès à accomplir à travers l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique ne peuvent être réalisés que si l’espace est préservé comme une zone pacifique et démilitarisée. L’espace est le patrimoine commun de l’humanité, a-t-il rappelé. Il faut profiter de ce potentiel afin d’améliorer de manière positive les vies de tous les citoyens du monde, et ce faisant, ne pas exclure de ses bénéfices les populations des pays en développement, a-t-il ajouté.
Mme JOANNA GASH (Australie) a attiré l’attention de la Commission sur le rôle que peut jouer l’observation depuis l’espace pour trouver des solutions aux questions liées à la crise alimentaire. Les technologies spatiales peuvent aider à promouvoir le renforcement de la productivité agricole et une meilleure utilisation des ressources naturelles. Les activités d’observation peuvent également servir à surveiller la production de nourriture et à assurer une alerte précoce en cas de pénurie, a-t-elle ajouté. Elle a expliqué que l’Australie mène toute une série d’activités de recherche grâce aux technologies spatiales. Ainsi, l’observation des conditions atmosphériques, des sols et des océans vient contribuer à l’amélioration des outils de prévision météorologique. L’utilisation de systèmes d’analyse spectrale permet de surveiller les récoltes et la croissance des plantes. Et les mesures et analyses effectuées par satellite permettent d’évaluer la dégradation des terres et de la couverture végétale, afin de comprendre si ces changements peuvent être imputables aux activités humaines ou aux effets des changements climatiques.
Mme Gash a également expliqué que son pays cherche à maintenir, voire accroître, la productivité de son secteur agricole de sorte à contribuer à l’offre mondiale de denrées alimentaires. Alors que l’Australie doit affronter des défis sérieux liés aux changements climatiques, à la mise en place de systèmes d’irrigation et à la diminution des émissions de gaz à effet de serre, les départements de recherche et développement du secteur agricole utilisent les outils d’observation à distance pour assurer une gestion plus durable des sols, a précisé la représentante. Rappelant qu’une augmentation de la productivité agricole est, à long terme, nécessaire pour assurer la sécurité alimentaire, Mme Gash a assuré que son pays entend poursuivre les recherches engagées en la matière. Ces technologies, essentielles pour une gestion efficace des ressources naturelles, devraient être rendues accessibles aux pays en développement, a-t-elle précisé.
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