LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION ADOPTE DIX PROJETS DE RÉSOLUTION SUR LES QUESTIONS DE DÉCOLONISATION
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Quatrième Commission
7e séance – matin
LA COMMISSION DES QUESTIONS POLITIQUES SPÉCIALES ET DE LA DÉCOLONISATION ADOPTE DIX PROJETS DE RÉSOLUTION SUR LES QUESTIONS DE DÉCOLONISATION
Elle entame ses travaux sur l’utilisation pacifique de l’espace par une table ronde et ses retombées possibles en matière de promotion de la sécurité alimentaire
La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a adopté ce matin 10 projets de résolution concernant la situation des territoires non autonomes et l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. La Commission a ensuite ouvert un nouveau chapitre dans ses travaux en organisant une table ronde sur la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace et ses retombées possibles dans la recherche de la sécurité alimentaire.
Parmi les projets de résolution adoptés par la Quatrième Commission et qu’elle soumettra pour décision en fin d’année à l’Assemblée générale, figure un projet de résolutionportant surGibraltar (A/C.4/63/L.4). Adopté sans vote, ce texte propose à l’Assemblée générale de demander « instamment » aux Gouvernements britannique et espagnol d’apporter « une solution définitive » au statut de ce territoire.
Quant au vote sur le projet de résolution VI qui avait trait à la situation d’une dizaine d’autres territoires non autonomes répertoriés par l’ONU et qui sont tous soit des îles, soit des archipels, il a été reporté sine die à la suite d’une demande faite en ce sens par le Pakistan. La délégation de ce pays a en effet souhaité avoir des éclaircissements sur l’ajout, dans le libellé du texte, d’une mention concernant les conflits de souveraineté et qui ne figurait pas dans les résolutions similaires adoptées par la Quatrième Commission dans le passé sur la même question.
Enfin, par un projet de décision adopté ce matin par la Commission (A/63/23/Add.1), l’Assemblée déciderait que le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux voit le nombre de ses membres porté à 27 avec l’admission de l’Équateur.
Le Président de la Commission, M. Jorge Argüello, de l’Argentine, a ensuite ouvert la table ronde sur l’utilisation de l’espace en tant que moyen susceptible d’aider à résoudre la crise alimentaire. Il a rappelé que les Nations Unies estimaient que 75 millions de personnes supplémentaires souffraient désormais de la faim en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires récemment survenue, ce qui porte à 900 millions le nombre estimé de personnes mal nourries. Il est clair, a souligné M. Argüello, que les technologies spatiales peuvent contribuer à la recherche de solutions pour résoudre cette question dans le contexte des changements climatiques. M. Sten Nilsson, de l’International Institute for Applied Systems Analysis (IIASA), l’un des trois experts conviés à la table ronde, a renchéri en estimant qu’il était possible d’accroître la production alimentaire mondiale à condition de disposer d’un bon système d’observation de la Terre à partir de l’espace.
Pour David O’Connor, du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, il convient, face à la situation actuelle, de donner la priorité à l’agriculture, car on ne peut s’attendre à une baisse continue des prix des denrées agricoles qui irait dans le prolongement de la courbe de prix déclinante que le monde a connue depuis une quarantaine d’années. Il a estimé que la technologie spatiale pouvait être une précieuse auxiliaire de la promotion de l’agriculture, en particulier sur le plan météorologique.
Concrètement, a relevé Ciro Arevalo Yepes, Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, les technologies spatiales peuvent aider à prévoir à l’avance le volume de production agricole qui sera tiré d’une zone géographique donnée et les besoins alimentaires des populations qui la peuplent. Par ailleurs, les systèmes mondiaux de navigation par satellites permettent de surveiller l’évolution de certaines productions et ainsi de déterminer les besoins des populations.
Toutefois, le représentant du Chili, M. Raimundo Gonzalez, dont la délégation était à l’origine de l’organisation de la table ronde, a souligné que la téléobservation de la Terre ne répondait pas toujours aux besoins des pays en développement. Il a demandé l’inclusion rapide dans les débats de la Commission sur l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques, de la question de la téléobservation, vue sous l’angle de la sécurité alimentaire.
Demain, mardi 14 octobre, en matinée, la Quatrième Commission, qui entamera son débat général sur l’utilisation de l’espace, a aussi prévu de mettre aux voix un projet de texte concernant la question du Sahara occidental.
Déclaration
Le représentant du Congo a tenu ce matin à souligner que, vendredi dernier, plusieurs délégations africaines, indiquant qu’elles s’exprimaient au nom du Groupe des États d’Afrique, ont fait des « déclarations communes » sur les 16 territoires non autonomes qui figurent sur la liste de décolonisation des Nations Unies. La délégation du Congo ne s’associe pas à cette déclaration, a souligné le représentant.
DÉCISIONS SUR DES PROJETS DE RÉSOLUTION ET UN PROJET DE DÉCISION SUR LES POINTS RELATIFS AUX QUESTIONS DE DÉCOLONISATION
Les projets de résolution I, II, III, IV, V, VI, VII et VIII figurent dans le rapport du Comité spécial A/63/23, chap. XII).
Aux termes du projet de résolution I, ayant trait aux Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en vertu de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte de l’ONU, adopté par 147 voix pour, 0 contre, et 4 abstentions (États-Unis, France, Israël et Royaume-Uni), l’Assemblée générale soulignerait que « la puissance administrante concernée devrait continuer de communiquer des renseignements au sujet de ce territoire ».
Elle prierait les puissances administrantes de communiquer régulièrement au Secrétaire général, à titre d’information, « des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables, ainsi que des renseignements aussi complets que possible sur l’évolution politique et constitutionnelle des territoires en question ». Elle les prierait notamment de fournir des renseignements « sur la constitution, la loi ou le décret régissant le gouvernement du territoire et les relations constitutionnelles entre celui-ci et la puissance administrante, dans les six mois suivant l’expiration de l’exercice administratif dans ces territoires ».
Aux termes du projet de résolution II, relatif aux Activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes, adopté par la Commission par 149 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël), et 2 abstentions (France et Royaume-Uni), l’Assemblée générale réaffirmerait « l’obligation solennelle qui incombe aux puissances administrantes, en vertu de la Charte des Nations Unies, d’assurer le progrès politique, économique et social, ainsi que le développement de l’instruction des habitants des territoires qu’elles administrent, et de protéger des abus des ressources humaines et naturelles de ces territoires ».
Par ce texte l’Assemblée réaffirmerait en outre le droit de ces peuples à l’autodétermination, ainsi que « leur droit de tirer parti de leurs ressources naturelles et d’en disposer au mieux de leurs intérêts ». Elle réaffirmerait en outre « qu’il incombe aux puissances administrantes, en vertu de la Charte, d’assurer le progrès politique, économique et social ainsi que le développement de l’instruction dans les territoires non autonomes ». Elle réaffirmerait « les droits légitimes des peuples de ces territoires sur leurs ressources naturelles ». Elle réaffirmerait enfin « la préoccupation que lui inspirent toutes les activités visant à exploiter les ressources naturelles qui sont le patrimoine des peuples des territoires non autonomes ».
Elle demanderait de nouveau aux gouvernements ne l’ayant pas fait de prendre des mesures « à l’égard de ceux de leurs ressortissants et des personnes morales relevant de leur juridiction qui possèdent ou exploitent dans les territoires non autonomes des entreprises préjudiciables aux intérêts des habitants de ces territoires, afin de mettre fin aux activités de ces entreprises ».
L’Assemblée prierait instamment les puissances administrantes de prendre des mesures efficaces pour protéger et garantir le droit inaliénable des peuples des territoires non autonomes sur leurs ressources naturelles. Elle leur demanderait de veiller à ce que les conditions de travail ne soient pas discriminatoires dans les territoires placés sous leur administration et de favoriser, dans chaque territoire, un régime salarial équitable applicable à tous les habitants, sans aucune discrimination.
Enfin, elle lancerait un appel aux syndicats et aux organisations non gouvernementales, ainsi qu’aux particuliers, pour qu’ils poursuivent leur action en faveur du progrès économique des peuples des territoires non autonomes, et demanderait aux médias de diffuser des informations sur les faits nouveaux dans ce domaine.
Aux termes du projet de résolution III, relatif à l’Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies, qui a été adopté par les délégations de la Quatrième Commission par 105 voix pour, 0 contre, et 54 abstentions, l’Assemblée générale rappellerait que la grande majorité des territoires non encore autonomes sont des petits territoires insulaires. Elle prierait les institutions spécialisées des Nations Unies de fournir des informations, notamment sur les « problèmes environnementaux auxquels se heurtent ces territoires », les effets sur eux des catastrophes naturelles, les moyens de les aider à lutter contre le trafic de stupéfiants, et l’exploitation illégale des ressources marines.
Par ce texte, l’Assemblée générale recommanderait que les chefs de secrétariat des institutions spécialisées de l’ONU élaborent, en coopération avec les organisations régionales, des propositions concrètes en vue de l’application intégrale des résolutions pertinentes des Nations Unies. Elle encouragerait les territoires non autonomes à renforcer les institutions et les politiques permettant de planifier la gestion des opérations en cas de catastrophe. Elle recommanderait enfin à tous les gouvernements de redoubler d’efforts, au sein de l’ONU, pour que la priorité soit accordée à la question de l’aide aux peuples des territoires non autonomes.
Aux termes du projet de résolution A/C.4/63/L.3, relatif aux moyens d’études et de formation offerts par les États Membres aux habitants des territoires non autonomes, adopté sans vote, l’Assemblée générale prierait instamment les puissances administrantes de prendre des mesures efficaces afin de diffuser largement et régulièrement des renseignements sur les moyens d’étude et de formation offerts par des États dans les territoires qu’elles administrent et d’accorder toutes les facilités nécessaires aux étudiants qui voudraient se prévaloir de ces offres. Elle inviterait les États à offrir ou à continuer d’offrir généreusement des moyens d’études et de formation aux habitants des territoires qui n’ont pas encore accédé à l’autonomie ou à l’indépendance » et, lorsque c’est possible, à fournir des fonds pour les frais de voyage des futurs étudiants.
Aux termes du projet de résolution A/C.4/63/L.4, relatif à la Question de Gibraltar, adopté sans vote par la Commission, l’Assemblée générale demanderait instamment aux gouvernements britannique et espagnol d’apporter une solution définitive à la question de Gibraltar à la lumière des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et des principes applicables et dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, tout en tenant compte des intérêts et des aspirations de Gibraltar.
Aux termes du projet de résolution IV, relatif àla Question de la Nouvelle-Calédonie, adopté sans vote par la Quatrième Commission, l’Assemblée générale, engagerait toutes les parties concernées, dans l’intérêt de tous les Néo-Calédoniens, dans le cadre de l’Accord de Nouméa « dans un esprit d’harmonie ». Elle prendrait note des dispositions de l’Accord de Nouméa qui visent à mieux prendre en compte l’identité kanake dans l’organisation sociale et politique de la Nouvelle-Calédonie. L’Assemblée prendrait note également des dispositions de l’Accord de Nouméa qui ont trait au contrôle de l’immigration et à la protection de l’emploi local, et constaterait que le chômage reste élevé parmi les Kanaks et que le recrutement de mineurs étrangers se poursuit.
Par ce texte, l’Assemblée demanderait à la Puissance administrante de continuer à fournir au Secrétaire général les renseignements prévus à l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies. Elle inviterait toutes les parties concernées à « continuer de promouvoir un environnement propice à l’évolution pacifique du territoire vers un acte d’autodétermination » n’excluant aucune option et qui garantirait les droits de tous les secteurs de la société conformément à la lettre et à l’esprit de l’Accord de Nouméa, qui part du principe que c’est aux populations de Nouvelle-Calédonie qu’il appartient de décider comment elles entendent prendre en main leur destin.
Aux termes du projet de résolution V, relatif àla Question des Tokélaou, adopté sans vote par la Commission, l’Assemblée générale noterait que les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande demeurent résolues à assurer le développement constant des Tokélaou dans l’intérêt à long terme du peuple tokélaouan, en accordant une importance particulière à la poursuite de l’aménagement de chacun des atolls de façon à répondre à leurs besoins actuels.
Par ce texte l’Assemblée noterait également que la Nouvelle-Zélande reconnaît constamment au peule tokélaouan le droit d’entreprendre un acte d’autodétermination au moment où il le juge approprié. Elle rappellerait la décision qu’a prise le Fono général en novembre 2003, à l’issue de consultations approfondies avec les trois villages et d’une réunion du Comité constitutionnel spécial des Tokélaou, d’examiner officiellement, avec la Nouvelle-Zélande, l’option de l’autonomie en libre association, ainsi que les pourparlers engagés par les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande en application de cette décision. L’Assemblée constaterait que les Tokélaou ont pris l’initiative d’élaborer un plan stratégique de développement économique pour la période 2007-2010. Elle constaterait également que les Tokélaou ont besoin du soutien continu de la communauté internationale.
Aux termes du projet de résolution VII, relatif àla Diffusion d’informations sur la décolonisation, que les États Membres de la Quatrième Commission ont adopté par 153 voix pour, 3 contre (États-Unis, Israël et Royaume-Uni), et 1 abstention (France), l’Assemblée générale approuverait les activités exécutées par le Département de l’information et par le Département des affaires politiques du Secrétariat de l’ONU dans le domaine de la diffusion d’informations sur la décolonisation. Elle jugerait important de poursuivre et d’accroître ces efforts pour diffuser le plus largement possible des informations sur la décolonisation en mettant l’accent sur les différentes options qui s’offrent aux peuples des territoires non autonomes en matière d’autodétermination, et à cette fin prierait le Département de l’information de donner aux centres d’information des Nations Unies dans les régions concernées les moyens de diffuser des documents dans les territoires non autonomes. Par ce texte, l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de développer davantage l’information fournie sur le site Web de l’ONU sur la décolonisation en y incluant la série complète de rapports des séminaires régionaux, les déclarations faites et les documents spécialisés présentés lors de ces séminaires.
Aux termes du projet de résolution VIII, relatif àl’Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, adopté aujourd’hui par la Commission par 156 voix pour, 3 contre (États-Unis, Israël et Royaume-Uni), et 2 abstentions (Belgique et France), l’Assemblée générale demanderait aux puissances administrantes de prendre toutes les mesures voulues pour permettre aux peuples des territoires non autonomes concernés d’exercer pleinement et au plus tôt leur droit à l’autodétermination, y compris l’indépendance.
Elle prierait notamment le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux de formuler des mesures précises pour mettre fin au colonialisme et de lui en rendre compte à sa Soixante-quatrième session. Elle prierait aussi le Comité spécial d’achever, avant la fin de la deuxième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, l’élaboration d’un programme de travail constructif répondant au cas particulier de chaque territoire non autonome.
Dans son projet de décision A/63/23/Add.1 du 4 septembre 2008, intitulé Rapport du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux sur ses travaux de 2008, le Comité spécial recommande à l’Assemblée générale d’augmenter le nombre de ses membres en le portant de 27 à 28 par l’admission de l’Équateur en son sein. Ce projet de décision a été adopté sans vote.
Explication de vote
Projet de résolution I
Le représentant du Royaume-Uni, dont la délégation s’est abstenue lors du vote du projet de résolution I, a tenu à préciser que le Royaume-Uni n’avait pas de problèmes particuliers avec le projet de texte. Le Royaume-Uni continue d’honorer pleinement ses obligations concernant la fourniture des renseignements communiqués par les territoires non autonomes en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies, a dit le représentant. Il a estimé que la décision de savoir si un territoire était arrivé à un degré d’autonomie suffisant dépendait uniquement de la population de ce territoire et de la puissance administrante.
La représentante du Bélarus a demandé la parole et a dit que sa délégation aurait voté en faveur du texte si elle avait été présente dans la salle au moment du scrutin.
Projet de résolution II
Le représentant de l’Argentine a noté que dans certains cas, il a été souligné qu’une négociation sur le différend de souveraineté pouvait remplacer un processus d’autodétermination. Une solution à travers un processus de négociation devrait s’appliquer au cas des trois territoires argentins que sont les Malvinas, les îles Sandwich du Sud et l’île de Géorgie du Sud, occupés par le Royaume-Uni qui en exploite les ressources naturelles, a dit le représentant argentin.
Les représentants du Monténégro et de l’Ouganda étant arrivés en retard ont signalé que leurs délégations auraient voté en faveur des deux résolutions déjà adoptées par la Commission.
Projet de résolution III
La représentante de la France qui s’est exprimée au nom de l’Union européenne, a indiqué que cette dernière réaffirmait son appui aux institutions spécialisées pour qu’elles apportent plus de soutien aux territoires non autonomes, notamment en ce qui concerne les aspects humanitaires et le soutien technique. Le statut de ces institutions doit être respecté, a estimé la représentante, en précisant que c’est la raison pour laquelle l’Union européenne avait choisi de s’abstenir lors du vote sur cette résolution portant sur les moyens d’étude et de formation offerts par les États Membres aux habitants des territoires non autonomes.
Le représentant de l’Argentine a estimé que cette résolution devait être cohérente avec les précédentes résolutions et décisions de l’Assemblée générale et du Comité spécial des Vingt-Quatre, chargé de la décolonisation.
Explications avant le vote du projet de résolution VI
Le représentant du Pakistan a signalé un « libellé additionnel » au paragraphe II concernant l’absence de conflit de souveraineté qui ne figurait pas dans les résolutions votées les années précédentes. Il a demandé de quelle façon cet ajout pourrait affecter l’ensemble du paragraphe. Le Pakistan aimerait avoir à cet égard un éclaircissement de la part des délégations qui sont les coauteurs de ce texte. Par conséquent, la délégation du Pakistan souhaiterait que le vote de ce texte soit repoussé, a dit le représentant.
Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que sa délégation n’était pas opposée à la demande de report fait par le Pakistan. Le Président de la Commission, M. Jorge Arguëllo, ayant constaté une absence d’opposition des autres États Membres au report demandé par la délégation du Pakistan, a demandé au représentant de ce pays jusqu’à quand il souhaiterait reporter la mise aux voix du texte.
Le représentant du Pakistan a estimé que la durée de temps nécessaire à la fourniture des renseignements dont son pays avait besoin serait « de deux à trois jours », des consultations étant aussi nécessaires pour rédiger une nouvelle mouture du paragraphe concerné.
Projet de résolution VII
Le représentant de l’Argentine a rappelé que son pays soutenait le droit à l’autodétermination des territoires non autonomes dont les populations continuent d’être soumises à des puissances étrangères. Concernant le projet de résolution VII, il a jugé qu’il fallait tenir compte de la situation spécifique et particulière des îles Falkland (Malvinas). Il a souhaité qu’une solution juste et pacifique soit donc trouvée entre le Royaume-Uni et l’Argentine au sujet des îles Falkland (Malvinas) et Sandwich.
La représentante du Royaume-Uni a déclaré que sa délégation avait voté contre le projet de résolution VII car son pays continue de penser que l’examen de cette question, notamment en ce qui concerne les îles Falkland (Malvinas), est un fardeau inutile imposé à l’Organisation des Nations Unies.
Projet de résolution VIII
Le représentant de l’Argentine a fait remarquer que les missions de visite que doit accomplir le Comité spécial des Vingt-Quatre ne se produisaient que dans les territoires où il n’y a pas de différend de souveraineté et que, dans le cas contraire, de telles visites supposaient un mandat spécial de l'Assemblée générale.
Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que son pays considérait toujours certains points de ce projet de résolution comme inacceptables.
COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE
Table ronde sur le thème « Applications spatiales et sécurité alimentaire »
Le Président de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) et représentant de l’Argentine, M. JORGE ARGÜELLO, a ouvert la Table ronde sur l’utilisation de l’espace dans la résolution de la crise alimentaire en rappelant que les Nations Unies estimaient que 75 millions de personnes supplémentaires souffraient désormais de la faim en raison de la crise alimentaire qui a éclaté en ce début d’année, ce qui porte le chiffre mondial à 900 millions de personnes mal nourries. Or, la population mondiale va augmenter d’un tiers dans les 40 prochaines années et la demande mondiale de produits alimentaires va doubler au cours de la même période. Alors que dans trois jours, le 16 octobre, sera célébrée la Journée mondiale de l’alimentation, il est clair que les technologies spatiales peuvent contribuer à la recherche de solutions pour résoudre cette question dans le contexte créé par les changements climatiques, a déclaré M. Argüello.
M. CIRO ARÉVALO YEPES, Président du Groupe de l’utilisation pacifique de l’espace, a introduit son propos en jugeant que pour faire face aux crises globales et notamment à la crise alimentaire actuelle, les Nations Unies doivent en faire un diagnostic « articulé ». Ce diagnostic permettra de trouver des solutions d’ordre pratique pour voir comment utiliser au mieux la technologie spatiale afin de trouver des solutions à l’état déficient du secteur agricole, a dit M. Yepes. Selon lui, les défis actuels sont trop importants en taille et les nations ne peuvent pas se protéger de manière individuelle sans la collaboration des autres États.
Il a expliqué que le Groupe qu’il préside sur l’utilisation pacifique de l’espace s’est réuni en 1998 dans le cadre des Nations Unies afin de déterminer comment utiliser au mieux l’espace. La conclusion obtenue était que les technologies spatiales pouvaient servir à fournir des informations sur les catastrophes naturelles afin d’en atténuer les effets. Il est inéluctable qu’il nous faudra mieux comprendre les systèmes de notre planète Terre, ses sols, ses climats, son écosystème, pour comprendre les changements qui surviennent et leurs conséquences et pour en réduire les effets négatifs.
Pourquoi est-il nécessaire d’utiliser la science et la technologie spatiale, s’est interrogé M. Yepes. Il a répondu à cette question en mettant en avant l’analyse des données recueillies et leur utilisation dans le cadre de la lutte menée pour assurer la sécurité alimentaire des populations. Les technologies spatiales peuvent aider à prévoir à l’avance le volume de production agricole et les besoins alimentaires d’une zone déterminée, a-t-il indiqué. Par ailleurs, les systèmes de navigation mondiaux par satellites permettent de surveiller l’évolution de certaines productions agricoles et ainsi de déterminer les besoins des populations d’une zone donnée, a-t-il poursuivi. Ce sont des instruments importants et efficaces qui permettent de prendre des décisions salutaires. Les données obtenues sont utilisées pour établir des cartes et dresser des images plus précises de certaines régions, par l’intermédiaire des images satellites, a-t-il précisé. M. Yepes a conclu son propos en mettant en avant les travaux réalisés par la Commission. Il a souhaité que de nouvelles propositions soient faites par les États Membres.
M. DAVID O’CONNOR, Division pour le développement durable au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a souligné qu’en termes réels, le prix des denrées alimentaires avait diminué depuis les années 70, ce qui a permis une amélioration de la sécurité alimentaire. On est ainsi passé de 57% de la population mondiale ayant moins de 2 200 calories par jour en 1964-66 à 10% actuellement. Toutefois, cela signifie que près d’un milliard de personnes ne mangent toujours pas à leur faim, a souligné l’orateur en indiquant que ce fait était vérifiable principalement dans une cinquantaine de pays situés en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Il a rappelé que, selon le Fonds monétaire international (FMI), le prix des carburants et autres produits combustibles pesait cependant quatre fois plus que le prix des denrées alimentaires sur la balance de paiement des pays concernés. Pour que la population puisse se nourrir, de nombreux gouvernements (92 au total) ont diminué les taxes sur les produits alimentaires, ce qui risque d’avoir des conséquences budgétaires délicates, a noté le panéliste. M. O’Connor a constaté que les pauvres vivant en milieu urbain avaient été fortement affectés, ce qui n’est pas nécessairement le cas des pauvres en milieu rural ne possédant pas de terres et qui ont parfois trouvé à mieux s’employer à la suite de la hausse des prix des carburants. Comment les pauvres peuvent-ils faire face à la situation actuelle? s’est-il interrogé. Ils peuvent se nourrir moins, ce qui aggravera leur état de malnutrition, mais ils peuvent aussi vendre certains de leurs biens, les conséquences étant alors différentes.
Évoquant ensuite les questions macroéconomiques, l’orateur a rappelé qu’en vertu du Consensus de Washington, il avait été demandé aux États, et notamment à ceux sous ajustement, de cesser de soutenir leur agriculture. M. O’Connor a ensuite évoqué les réactions à court terme puis celles à long terme. Il convient de s’assurer, a-t-il dit, que les paysans peuvent se procurer les intrants dont ils ont besoin pour améliorer leur production agricole. Il convient aussi de permettre que les agriculteurs soient sûrs qu’ils disposent d’un marché où écouler leur production, alors même qu’ils ne reçoivent plus de subventions. Ceci n’est pas un problème tant que les prix sont élevés, mais il pourrait en aller différemment si les prix s’orientaient à nouveau à la baisse, a relevé M. O’Connor. L’orateur a ensuite évoqué la question du changement climatique. Il faut favoriser une agriculture et des récoltes moins sensibles à l’augmentation des températures, ce qui prendra du temps, a-t-il noté.
Il s’est demandé si le développement des agro-carburants avait des conséquences néfastes sur la sécurité alimentaire, estimant que les deux types d’agriculture –vivrière et productrice de carburant– ne devaient pas entrer en concurrence. Il a évoqué aussi le problème de la propriété foncière notant, par exemple, que bien souvent en Afrique les femmes étaient les principales productrices de denrées sans cependant jouir pour autant du droit à la propriété de la terre qu’elles cultivent. En conclusion, il a estimé qu’il fallait donner la priorité à l’agriculture, car on ne peut s’attendre à la baisse continue des prix des denrées agricoles dans le prolongement de la courbe connue depuis une quarantaine d’années. Il a estimé que la technologie spatiale pouvait être une auxiliaire de la promotion de l’agriculture, en particulier sur le plan météorologique.
M. STEN NILSSON, International Institute for Applied Systems Analysis (IIASA), a débuté son exposé en expliquant les problèmes rencontrés par l’agriculture et notamment l’importante baisse d’activités agricoles survenue pendant deux décennies en Inde, en Chine et en Amérique du Sud. Selon la Banque mondiale, lorsque les stocks baissent, les prix augmentent, a-t-il ajouté. Actuellement, la crise alimentaire frappe le monde, et l’augmentation des prix des denrées alimentaires entraîne une augmentation de la malnutrition.
M. Nilsson a exposé les difficultés rencontrées dans le monde agricole aujourd’hui. Tout d’abord, les dépenses des donateurs ont baissé dans certains pays du monde, y provoquant une baisse des investissements dans les secteurs agricoles. Cependant, certaines grandes régions du monde ont des terres agricoles très bonnes et pourraient obtenir une meilleure productivité si la gestion était différente. L’un des autres facteurs à prendre en considération est que plus de 70% des surfaces cultivées en terres agricoles ont une superficie inférieure à un hectare, comme en Inde, et il est donc difficile pour ces pays d’avoir des activités économiques efficaces. Enfin, les principaux obstacles rencontrés sont l’absence d’accès à la terre, un accès limité aux technologies, ou encore, un manque d’accès aux marchés internationaux, a déploré le panéliste.
M. Nilsson s’est ensuite exprimé sur les biocombustibles qui ont été l’un des principaux moteurs de l’augmentation des prix des produits alimentaires dès 2007. D’autre part, la crise financière actuelle accentue les effets de la crise alimentaire, a-t-il regretté. Il a envisagé deux hypothèses pour faire face à cette crise. Dans le cadre d’une crise à court terme, la question est de savoir quels sont les groupes de population qui vont souffrir d’une crise alimentaire et pour combien de temps? s’est-il interrogé. Il a répondu que des systèmes d’alerte rapide couvraient l’Afrique et l’Amérique du Sud, permettant d’y connaître l’état de la situation alimentaire. Ces systèmes peuvent encore être améliorés, notamment pour faire face aux fossés numériques et à l’insuffisance des structures d’analyses géo-spatiales dont souffrent les pays pauvres. Dans le cadre d’une crise à long terme, il faudra envisager des innovations en tenant compte de la taille des propriétés agricoles, des tarifs douaniers et fiscaux, du développement des nouvelles technologies et de leur impact sur la production future, a prévenu M. Nilsson. Il a conclu son exposé en précisant qu’il était possible d’accroître la production alimentaire dans l’avenir à condition de disposer d’un bon système d’observation de la terre à partir de l’espace. La technologie peut nous permettre de ne pas vivre constamment au bord du précipice, a-t-il précisé.
M. TOSHIHIKO MURATA, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé la tenue du Sommet alimentaire mondial en juin dernier à Rome. Il a évoqué l’intense mobilisation de la FAO depuis l’explosion des prix des denrées alimentaires, survenue ces derniers mois. Évoquant les possibilités offertes par l’espace, l’orateur a indiqué que certains satellites permettaient de radiographier la végétation planétaire avec une résolution de 10 à 15 mètres. Mais cela n’est pas contradictoire avec des recoupements sur le terrain, recueillis in situ, par les populations autochtones en particulier. Cela permet d’améliorer la qualité de l’information disponible sur les sols et les cultures, a-t-il noté. En outre, aujourd’hui, avec les systèmes d’information géographiques combinant informatique et techniques numériques, il est désormais possible d’avoir des vues en trois dimensions, a-t-il dit. La FAO, qui a constitué une équipe spéciale sur la crise alimentaire, continue de travailler en étroite collaboration avec le Secrétaire général, a conclu M. Murata.
Concluant les interventions des experts, M. RAIMUNDO GONZALEZ (Chili) a souligné l’extrême importance de l’utilisation de l’espace dans la quête d’un développement durable. La téléobservation de la Terre en est l’une des clefs mais celle-ci ne répond pas toujours aux besoins des pays en développement, a-t-il noté. Il a demandé l’inclusion rapide, dans les débats de la Commission sur l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques, de la question de la téléobservation vue sous l’angle de la sécurité alimentaire.
La représentante de la Colombie a pris la parole pour évoquer l’expérience de son pays en matière d’utilisation de l’information spatiale, soulignant que ladite expérience montrait que la technologie n’était pas suffisante. La gestion des connaissances est en effet fondamentale pour pouvoir ensuite orienter les politiques concernant la production en toute connaissance de cause, a-t-elle dit.
La représentante du Togo a évoqué les inondations survenues en Afrique de l’Ouest et demandé les origines du phénomène, ainsi que sa durée, en souhaitant savoir s’il existait des solutions à ce fléau. En réponse, M. O’CONNOR a renvoyé la délégation togolaise à un ouvrage intitulé « Six Degrees », publié par les éditions du National Geographic. M. NILSON a évoqué la télédétection en tant que système d’alerte pour les inondations, rappelant que les rivières et les fleuves avaient un espace naturel de débordement de leur trop-plein et que l’action de l’homme visant à contrôler les crues pouvait aggraver les choses dans certains cas.
Le représentant de l’Autriche a suggéré d’envisager d’inviter, tous les ans, des experts de la technologie spatiale pour traiter de sujets qui ne le sont pas, habituellement, dans le cadre strict des questions spatiales.
Le Président du Groupe de l’utilisation pacifique de l’espace a souligné la nécessité de la coopération, rappelant que de nombreux pays en développement n’avaient pas les moyens d’avoir une politique autonome en matière spatiale. Il convient donc d’appuyer les initiatives d’ordre régional, a-t-il dit. Et sans rejeter la coopération Nord-Sud, la coopération Sud-Sud est aussi très importante à cet égard -la coopération plus que la compétition-, a-t-il ajouté. Répondant à la délégation de l’Autriche, il a estimé qu’il s’agissait d’une initiative très pertinente dans le cadre d’une nouvelle perception de la politique spatiale des Nations Unies qui est en train de voir le jour.
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