CONFÉRENCE DE PRESSE DE JASON STEARNS, COORDONNATEUR DU GROUPE D’EXPERTS SUR LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (RDC)
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE JASON STEARNS, COORDONNATEUR DU GROUPE D’EXPERTS SUR LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (RDC)
Dans son rapport final*, rendu public aujourd’hui, le Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo (RDC) conclut que les autorités rwandaises ont apporté leur soutien au Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et que l’armée congolaise a collaboré avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les « Patriotes résistants congolais de la PARECO », a révélé ce soir Jason Stearns, le Coordonnateur du Groupe.
Ce rapport a été transmis le 25 novembre 2008 au Comité des sanctions applicables à la RDC en vertu de la résolution 1807 du Conseil de sécurité. Le Groupe d’experts avait été créé en 2004 par la résolution 1533 du Conseil de sécurité pour surveiller les violations de l’embargo sur les armes imposé à la RDC. Une des annexes au rapport est confidentielle: elle contient la liste des personnes et entités contre lesquelles le Groupe recommande l’imposition de sanctions.
S’appuyant sur des enquêtes de terrain conduites au cours des huit derniers mois, principalement en Afrique centrale, les auteurs du rapport affirment que des unités des forces de défense rwandaises ont été déployées sur le territoire congolais à l’appui du CNDP. En outre, le Gouvernement rwandais est complice d’actes de recrutement de soldats, parmi lesquels des enfants, et il a facilité la fourniture d’uniformes militaires aux miliciens du CNDP, a précisé Jason Stearns.
Le Groupe d’experts, a poursuivi son Coordonnateur, a établi que le CNDP a utilisé le territoire rwandais comme base arrière pour la mobilisation de fonds et l’ouverture de comptes bancaires. Le Rwanda a fourni un soutien logistique au CNDP, y compris en offrant à ses membres un accès à son territoire, ceci en particulier lors de l’offensive lancée en octobre 2008 par le général Laurent Nkunda, leader du CNDP, contre la ville de Goma.
Le Groupe d’experts, a en outre, pu collecter des reçus de transferts bancaires et des copies de courriers électroniques qui prouvent le soutien financier prêté par un membre éminent de l’opposition congolaise, qui est aussi un conseiller du Président rwandais, Paul Kagamé, au CNDP. Il a aussi identifié des comptes bancaires contrôlés par le CNDP au Rwanda, dont un a été ouvert au nom de la femme de Laurent Nkunda.
Mais le Groupe a aussi collecté des témoignages oculaires et des enregistrements téléphoniques qui révèlent une collaboration intensive entre l’Armée nationale congolaise, les Forces démocratiques de libération du Rwanda et la PARECO. M. Stearns a indiqué que trois commandants des Forces armées de la République démocratique du Congo se sont rendus coupables de soutien à ces deux groupes, en particulier en leur fournissant des munitions.
Si les experts n’ont pas été en mesure de prouver le degré d’implication du commandement de l’armée congolaise dans ces transactions, ils ont, en revanche, établi qu’il était indiscutablement au courant de telles pratiques et n’a rien fait pour y mettre fin. L’armée a apporté un soutien militaire à des groupes dont certains sont des ennemis de l’armée congolaise, a fait observer le Coordonnateur du Groupe d’experts. Aucun des exportateurs de munitions concernés ne s’est conformé aux obligations de notifier le Comité des sanctions, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, d’après les conclusions des experts, le FDLR s’est enrichi à hauteur de plusieurs millions de dollars par an, principalement en imposant des taxes sur les activités minières et sur le transport des produits tout au long des itinéraires de transit de la région. De nombreux Congolais et négociants régionaux se sont rendus coupables d’acquérir de l’or, du colombo-tantalite (coltan) ou de la cassitérite en provenance des zones sous contrôle du FDLR, a relevé Jason Stearns.
Interrogé sur les méthodes de travail du Groupe d’experts, le Coordonnateur a indiqué qu’il avait, à chaque fois que possible, basé ses conclusions sur des preuves matérielles et des documents. Toutefois, compte tenu de la nature du conflit qui affecte l’est de la RDC, les arrangements financiers, logistiques, et militaires, étaient le plus souvent conclus de manière informelle. Aussi les experts ont-ils recouru à des centaines de témoignages oculaires donnés par des officiers et des soldats, des enfants et des adultes, des habitants des villages et diverses catégories de travailleurs de part et d’autre de la frontière entre le Rwanda et la RDC, a souligné Jason Stearns.
Répondant à une question, M. Stearns a répondu qu’en ce qui concerne l’implication des autorités rwandaises, le Groupe n’était pas en mesure de dire si le Président Kagamé était directement concerné ou informé de ce qui se passait. Questionné aussi sur le niveau de coopération des autorités rwandaises, le Coordonnateur a indiqué que la coopération des pays de la région avait été, d’une façon générale, insatisfaisante.
* Rapport paru sous la cote S/2008/773
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