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Conférence de presse

CONFÉRENCE DE PRESSE DE MME MADELEINE ALBRIGHT ET M. WILLIAM COHEN SUR LA PRÉVENTION ET LA RÉPRESSION DU CRIME DE GÉNOCIDE

09/12/2008
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DE MME MADELEINE ALBRIGHT ET M. WILLIAM COHEN SUR LA PRÉVENTION ET LA RÉPRESSION DU CRIME DE GÉNOCIDE


Empêcher les génocides est possible, ont déclaré, ce matin, lors d’une conférence de presse, les deux éminents Coprésidents de l’Équipe spéciale des États-Unis pour la prévention du génocide*, Mme Madeleine Albright, ancienne Secrétaire d’État américaine, et M. William Cohen, ancien Secrétaire américain à la défense.  Présentant le rapport de l’Équipe spéciale qu’ils président, et qui vient couronner les 13 mois de travaux qui ont été menés sur le sujet, ils ont enjoint le Gouvernement des États-Unis à faire de la prévention du génocide une priorité et à créer un mécanisme pour répondre à toutes menaces de génocide.


Le génocide est inacceptable, et davantage peut, et doit être fait, pour empêcher qu’il survienne, a souligné Mme Albright.  Elle a expliqué que l’Équipe spéciale des États-Unis pour la prévention du génocide a élaboré un rapport contenant des recommandations sur les moyens de détecter, de prévenir et de faire face aux génocides.  Un large éventail de politiques et différentes alternatives d’action sont possibles entre les deux extrêmes que sont l’inaction et l’envoi de troupes militaires, a-t-elle fait remarquer.  Elle a également indiqué que le rapport prévoit un budget de 250 millions de dollars par an pour financer des projets spécifiques dans des pays à risques, afin d’éviter une éventuelle catastrophe.  Pour l’ancienne Secrétaire d’État américaine, les États-Unis doivent faire de la prévention du génocide une priorité et jouer le rôle de chef de file dans ce domaine.  Il s’agit d’un impératif moral et stratégique, a-t-elle précisé.


C’est dans l’intérêt de la sécurité nationale, a affirmé M. William Cohen.  En effet, des pratiques génocidaires peuvent affaiblir l’État et le transformer en terreau fertile pour le terrorisme, a-t-il expliqué, relevant ainsi la nécessité de prévenir l’émergence de telles pratiques.  Alors que les États-Unis sont capables de mener des activités de consolidation de la paix et des opérations humanitaires, l’ancien Secrétaire américain à la défense a souhaité qu’il en soit de même pour les situations de génocide.  Il a espéré que le futur Président des États-Unis considérera les questions et les stratégies de sécurité nationale dans leurs plus larges dimensions.


Dans cette perspective, les Coprésidents de l’Équipe spéciale ont plaidé pour la création d’un mécanisme interagences de haut niveau destiné à analyser les menaces de génocide et prendre des mesures d’actions préventives.  Il s’agit de détecter les cas de génocide en mettant au point un système d’alerte précoce, ont-ils précisé.  L’objectif consiste également à formuler des politiques sur la prévention des actes de génocide et d’atrocités de masse.  Conscients que les États-Unis ne peuvent relever ce défi seuls, les deux anciens officiels de haut rang du Gouvernement des États-Unis ont relevé l’importance de lancer des initiatives diplomatiques, notamment avec les alliés, pour renforcer les efforts déployés au niveau international. 


Un journaliste s’enquérant des leçons tirées du génocide commis au Rwanda en 1994, Mme Albright, qui était Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies à cette période, a reconnu que cette tragédie est encore inscrite dans les esprits et qu’elle a, de fait, pesé dans la rédaction du rapport de l’Équipe spéciale.  Elle a également tenu à souligner qu’« il est facile de critiquer le passé à la lumière du présent ».  Les informations manquaient et étaient inadéquates, a-t-elle souligné.  Les gouvernements n’étaient pas préparés à gérer ce genre de situation.  Et quand bien même des troupes auraient été envoyées, elles ne seraient pas arrivées à temps, a-t-elle fait valoir, arguant que le génocide au Rwanda avait été commis de manière fulgurante.  Mme Albright a précisé qu’un Comité de prévention des atrocités -dont le rapport de l’Équipe spéciale préconise la création- viendrait pallier ces lacunes.  Elle a également fait observer qu’une meilleure formation en matière de prévention des génocides revêt une importance cruciale à cet égard.  Le système d’information des Nations Unies et la qualité des renseignements recueillis au niveau international doivent également être améliorés, a-t-elle ajouté, lançant un appel pour qu’un « regard avisé » soit posé sur les menaces de génocide.


Interrogée sur le Darfour, Mme Albright a reconnu que des actions plus fermes devraient être lancées.  Les Nations Unies ont une grande responsabilité à cet égard, a-t-elle fait valoir, avant de faire référence à la responsabilité de protéger qui, a-t-elle précisé, n’est en l’occurrence, pas respectée.


En réponse à une question relative à la définition de génocide, Mme Albright a expliqué que l’Équipe spéciale a décidé de parler de génocide et d’atrocités de masse pour signifier toute situation où des civils innocents sont visés parce qu’ils appartiennent à un groupe particulier.  L’objectif est de ne pas être limité par des questions de définition, a-t-elle précisé, soulignant que l’emploi de ces deux termes permet de prendre en considération la totalité de ce phénomène.


* L’Équipe spéciale a été créée conjointement par l’Académie américaine de la diplomatie, le Musée américain de l’Holocauste, et l’Institut américain pour la paix.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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