CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, ET DE MAUDE BARLOW, SA CONSEILLÈRE PRINCIPALE SUR LES QUESTIONS DE L’EAU
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, ET DE MAUDE BARLOW, SA CONSEILLÈRE PRINCIPALE SUR LES QUESTIONS DE L’EAU
À la veille de la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Président de l’Assemblée générale, Miguel d’Escoto Brockmann, et sa Conseillère principale en matière d’eau, Maude Barlow, ont aujourd’hui au cours d’une conférence de presse tenue au Siège, vigoureusement plaidé en faveur de l’accès sans entraves que devraient avoir toutes les populations du monde à l’eau; un accès qui doit, selon eux, être consacré comme un droit humain universel.
Miguel d’Escoto Brockmann a rappelé qu’en dépit du fait que nous sommes entrés dans la troisième Décennie de l’eau (2005-2015), près de deux personnes sur dix au monde sont toujours privées d’eau potable. La Banque mondiale a pourtant prévenu que si rien n’était fait pour inverser la dynamique actuelle, deux personnes sur trois seraient concernées par cette situation en 2025, a rappelé le Président de l’Assemblée. « Je n’ai pas encore entendu parler du lancement de tentatives pour privatiser l’oxygène, mais certaines sont déjà à l’œuvre pour privatiser l’eau », a-t-il déploré.
Maude Barlow, qui sera l’une des panélistes des tables rondes organisées demain par l’Assemblée générale dans le cadre de la commémoration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a précisé que la crise qui se pose aujourd’hui est à la fois humaine et écologique. La gestion de l’eau est insuffisamment prise en compte dans l’analyse des causes des changements climatiques, a-t-elle déclaré.
Cofondatrice de The Blue Planet Project, une initiative mondiale qui vise à réaliser le droit universel à l’eau, Mme Barlow a expliqué que lorsque l’on détourne l’eau des écosystèmes dont elle assure l’équilibre des cycles hydrologiques, ces écosystèmes ne sont plus en mesure de jouer leur rôle dans l’atténuation des changements climatiques. « Notre mauvaise gestion de l’eau est une des causes profondes des changements climatiques », a-t-elle affirmé.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), a-t-elle poursuivi, est parvenue à la conclusion que 80% des maladies sont liées directement ou indirectement à une eau de mauvaise qualité. Chaque jour, a-t-elle expliqué, les enfants qui meurent de maladies d'origine hydrique sont plus nombreux que l’ensemble de tous ceux qui décèdent du VIH/sida et des accidents de la route. « Si nous pouvions arrêter de polluer l’eau et la gérer de manière plus rationnelle, les gains seraient spectaculaires, que ce soit sur les plans sanitaire, écologique ou économique. »
Pour Maude Barlow, l’accès à l’eau constitue « la plus grande inégalité au monde ». Aussi a-t-elle saisi l’occasion du soixantièmeanniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme pour plaider en faveur de l’adoption d’un « pacte international pour le droit à l’eau ». Avec le déclin des sources d’approvisionnement et une demande en hausse, nous nous trouvons dans une situation où déterminer qui possède et contrôle les accès à l’eau revêt de plus en plus une importance vitale, a-t-elle relevé.
Pour que le « pacte » soit un instrument juridiquement contraignant, certains principes devront être discutés le plus rapidement possible, a proposé Mme Barlow. Ainsi, l’accès à l’eau est-il un droit humain ou un besoin? L’eau est-elle un bien commun comme l’air ou une marchandise comme le Coca-Cola? Qui détient le droit de tourner le robinet? Le gouvernement ou la main invisible du marché? Qui fixe le prix de l’eau, que ce soit à Manille, à La Paz ou ailleurs? S’agit-il des autorités locales ou du PDG d’une multinationale située à l’autre bout du monde? S’est-elle encore demandé, ajoutant que toutes ces questions révèlent à quel point les enjeux sont cruciaux.
La Conseillère principale et le Président de l’Assemblée générale ont émis le souhait de relayer au niveau des Nations Unies le mouvement mondial en faveur de l’adoption d’un instrument qui garantisse que l’accès à l’eau soit inscrit comme étant un droit de l’homme, l’eau étant elle-même un bien commun. Si le Conseil des droits de l’homme, qui examine actuellement avec un groupe d’experts cette possibilité, menait à son terme un tel processus, l’instrument qui en serait issu constituerait un outil de premier plan pour les communautés du monde entier, qui pourraient exiger de leur gouvernement le respect de ce droit inconditionnel.
Répondant à une question, Mme Barlow a estimé que si le secteur privé pouvait jouer un rôle important dans la mise en place d’infrastructures adéquates en matière de distribution et d’assainissement, il ne devrait pas, en revanche, déterminer les politiques de gestion de l’eau. Elle a contesté le fait que des compagnies comme Coca-Cola, Pepsi-Cola ou Nestlé prétendent respecter le principe de « neutralité de l’eau », dans la mesure où ces compagnies exploitent l’eau dont dépendent les communautés locales comme s’il s’agissait d’un minerai, « sans laisser aux sources le temps de se régénérer ».
Pour cette raison, la Conseillère s’est déclarée opposée à la commercialisation de l’eau dans les pays occidentaux où l’eau du robinet répond à des normes sanitaires élevées. À une journaliste qui notait que la présence de chlore dans l’eau du robinet entraine parfois des problèmes dentaires chez les enfants, elle a répondu que les bouteilles en plastique utilisées pour vendre l’eau contiennent des produits toxiques, sans compter qu’une majorité des 200 milliards de bouteilles en circulation l’an dernier n’ont pas été recyclées et deviennent une menace pour l’environnement.
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