CONFÉRENCE DE PRESSE DU REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA GÉORGIE SUR LA SITUATION DANS SON PAYS
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CONFÉRENCE DE PRESSE DU REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA GÉORGIE SUR LA SITUATION DANS SON PAYS
Le Représentant permanent de la Géorgie auprès des Nations, M. Irakli Alasania, a demandé aujourd’hui l’adoption « aussitôt que possible » d’une résolution confirmant les principes du plan en six points proposé par le Président français, M. Nicolas Sarkozy, et signé, le 12 août, par les Gouvernements géorgien et russe. « L’ONU étant la seule organisation légitime », le Conseil de sécurité doit jouer un rôle déterminant pour le retour à la paix et à la sécurité en Géorgie, a insisté M. Alasania, au cours d’une conférence de presse donnée aujourd’hui au Siège de l’ONU, à New York.
M. Alasania a indiqué que la France est déjà en consultation avec les autres membres du Conseil de sécurité sur un projet de résolution qui intègre un plan prévoyant le non-recours à la force, la cessation définitive des hostilités, l’accès libre à l’aide humanitaire, le retour des Forces armées géorgiennes dans leur lieu habituel de cantonnement et le retrait des forces russes sur les lignes antérieures au déclenchement des hostilités. Enfin, le plan prévoit l’ouverture de discussions internationales sur les modalités de sécurité durable en Abkhazie et en Ossétie du Sud.
Le Représentant permanent de la Géorgie a espéré que la future résolution lèvera l’ambiguïté sur les « discussions internationales ». Qui les convoquera et en vertu de quel mécanisme? s’est-il interrogé, en souhaitant tout de même que le plan en six points soit la base des négociations « qui doivent être menées sous les auspices des Nations Unies ». Le Représentant permanent de la Géorgie a donc salué la proposition du Secrétaire général de l’ONU d’user de ses bons offices, en se félicitant particulièrement qu’il ait mentionné le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Géorgie.
Il a admis qu’aucun texte ne sera mis sur la table dans les jours à venir d’abord parce que l’« agresseur » de la Géorgie est un membre permanent du Conseil de sécurité et ensuite parce que le Conseil voudra sûrement attendre l’issue des efforts de médiation entrepris par la communauté internationale dont la rencontre intervenue aujourd’hui entre le Président français et la Secrétaire d’État américaine, Mme Condoleezza Rice. La communauté internationale, a-t-il insisté, doit arrêter « l’attaque barbare » menée par les Forces armées russes contre la Géorgie et la seule manière de procéder est de dépêcher « dès maintenant » des observateurs internationaux, dont des spécialistes des droits de l’homme, pour y mettre un terme et évaluer les dégâts causés.
Car, a réaffirmé le représentant, les visées de la Fédération de Russie sont claires. « Il s’agit de détruire la démocratie, d’anéantir l’État géorgien et de compromettre son adhésion à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ». M. Alasania a, une nouvelle fois, dénoncé l’« invasion militaire » de la Géorgie qui se poursuit malgré l’accord du 12 août. Il a fait état de la destruction des infrastructures militaires et portuaires géorgiennes, des actes de pillage, d’assassinats ciblés d’opposants en Ossétie du Sud ou encore d’attaques contre les civils. Le représentant géorgien a aussi confirmé une attaque manquée contre les pipelines.
Faisant part d’une situation humanitaire « grave », M. Alasania a souligné que le Coordonnateur humanitaire des Nations Unies vient de lancer un appel urgent à l’accès humanitaire que « les troupes russes continuent de bloquer ». Il a remercié la France, les pays baltes ou encore les États-Unis pour leur aide humanitaire.
Invité à revenir à la genèse de la situation actuelle, le Représentant permanent de la Géorgie a souligné que la décision de son gouvernement d’intervenir en Ossétie du Sud a été prise après les provocations répétées et les attaques de « groupes armés » contre la population civile. Les allégations de la Fédération de Russie sur le prétendu génocide des Ossètes n’ont pour seul et unique but que de justifier son « agression barbare » contre la Géorgie, a soutenu le représentant.
Il a refusé tout parallèle entre le Kosovo et l’Ossétie du Sud ou l’Abkhazie. La seule chose commune, c’est le degré de violence. Il s’est énervé devant la suggestion de la Fédération de Russie selon laquelle il est devenu inutile de parler de l’intégrité territoriale de la Géorgie. « Tout d’abord, a-t-il répondu, je n’accorde aucun crédit aux dires d’un " agresseur " et ensuite je me demande comment on peut déterminer l’indépendance de ces deux régions sans les populations géorgiennes qui y ont été tuées ou chassées ».
Le Représentant permanent de la Géorgie a rejeté toute idée de coalition militaire « car ce que nous voulons c’est de mettre fin à la violence ». Il a opposé un démenti catégorique aux allégations selon lesquelles l’aide humanitaire des États-Unis fournie sous la protection du Département américain de la défense servirait de couverture à une assistance militaire. Après avoir déclaré que la Fédération de Russie ne pouvait exercer aucun contrôle sur les cargaisons d’aide humanitaire à destination de son pays, il s’est réjoui que la présence du Département américain de la défense soit un « outil de dissuasion efficace » contre les velléités russes. Le représentant a aussi démenti catégoriquement une aide militaire quelconque fournie par Israël.
Il a en revanche indiqué que son pays a saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) pour lui remettre des « preuves du nettoyage ethnique » auquel se sont livré, de 1992 à 2008, les séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud contre les populations géorgiennes, avec l’appui politique et militaire de la Fédération de Russie. Il n’a pas écarté l’idée de demander réparation à la Fédération de Russie.
Les Géorgiens, a-t-il conclu, restent fidèles à leur Gouvernement « démocratiquement élu ». Il a dit craindre pour les relations futures entre la Géorgie et la Fédération de Russie, compte tenu du « très grave impact » de l’« invasion russe ». « Mais, a-t-il rassuré, nous sommes prêts à nous engager, sur le plan diplomatique, pour régler nos différends car nous devons surmonter le passé ».
M. Alasania a insisté sur le fait que les négociations avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud ne peuvent réussir que si elles sont fondées sur la proposition que son gouvernement a avancée visant l’octroi d’une large autonomie, dans le respect de l’intégrité territoriale de la Géorgie. « Nous sommes naturellement prêts à tenir compte du point de vue de l’autre partie », a ajouté le représentant.
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